« Alors, comment tu te sens ? » demanda Markus, venant s'asseoir à son chevet.
« J'ai l'impression d'être passée sous un tank... non, sous tout un bataillon de blindés. Mais à part ça, ça va. Et toi ? » soupira-t-elle, posant son carnet de croquis sur ses jambes.

« Je suis content de voir que tu vas mieux. » répondit-il, lui effleurant la joue avec tendresse.

« Mieux est un bien grand mot... Mais je ne suis pas en manque d'enzyme, donc c'est une victoire, je suppose ? Par contre, oh mon Dieu, qu'est ce que je rêve d'une douche ! J'ai dû transpirer trois fois mon poids en flotte ! »
« Une douche doit être envisageable. Je vais voir avec Silmalyn. »
« Merci ! Tu sais que je t'aime, toi ? »
Il sourit.

« Moi aussi, je t'aime, ma lumineuse humaine . »

C'était étrange. Indubitablement, toutes les petites douleurs qu'elle pouvait avoir avant, du haut de ses à peine quarante ans physiologiques, avaient disparu, remplacées par une gigantesque et totale courbature. C'est accrochée au bras de Markus qu'elle avait péniblement clopiné jusqu'à la salle de bain commune la plus proche, quelques centaines de mètres plus loin.

L'endroit était désert. Rien d'étonnant. Aucun doute que Markus avait pris des dispositions dans ce sens. Être nue devant des wraiths ne la dérangeait pas particulièrement, mais se montrer dans son état actuel de faiblesse était une autre histoire.
« Malheureusement, il n'y a pas d'eau chaude. » nota le traqueur, alors qu'elle s'appuyait contre le mur du vestiaire.

« Pas grave. Je veux juste me laver. »
« Tu veux que je t'aide ? »
Elle allait dire non, mais le simple geste d'enlever sa tunique collante de sueur lui arracha un gémissement de douleur.

« Oui, je veux bien. »

Une fois ses habits retirés, il lui tendit une serviette pour s'enrouler dedans, et la faisant asseoir, entreprit de démêler la tresse qu'elle portait depuis une bonne semaine.

La pénible tâche effectuée, elle put clopiner sous la douche délicieusement glaciale, et se débarrasser du film collant de sueur séchée qui la recouvrait. C'était tellement bon de se sentir propre !
Un linge enroulé autour de la tête, elle passa une tunique lavée de frais, puis s'approcha d'un des rares miroirs émaillant le vestiaire.

« Wooooh... »

L'exclamation lui avait échappé, alors que de l'autre côté du reflet, une très jeune femme lui rendait son regard.

Markus la rejoignit, posant une main réconfortante sur son épaule. Elle se détailla de plus près.

« J'ai l'air d'avoir l'âge d'Ilinka... »

Il opina.

« Je ne peux pas te rajeunir davantage. C'est ton pic physiologique naturel. »
Elle pouffa.

« Tu m'étonnes que tu peux pas me rajeunir davantage. Je dois avoir vingt ans, à tout casser ! »
« C'est toi qui me l'a demandé. »
« Oui, je sais, c'est juste bizarre... »

« Tu es très belle. Tu l'as toujours été. »

Elle rit, se triturant la joue.

« T'es adorable, mais c'est pas ça le problème... C'est juste que... je m'étais habituée à avoir entre trente et quarante ans... Là, ça fait bizarre... ça fait littéralement trente ans que j'ai plus vingt ans ! »

« Ça ne te plaît pas ? » demanda-t-il, inquiet.

« Mais non, faut juste que je m'y habitue... Ne t'en fais pas. » répondit-elle en lui serrant le bras.

Elle soupira, se forçant à décoller son regard du reflet.

« Bon, rentrons, avant que Silmalyn ne se fasse un ulcère. » suggéra-t-elle.

Il opina, lui offrant son bras en guise de support. Support qu'elle accepta volontiers. Pic physiologique ou pas, elle n'était, en cet instant, pas plus mobile qu'une petite mamie.

.

S'étirant en baillant, Ilinka sortit de la hutte. Le soleil commençait à grimper dans le ciel, et pourtant un silence étrange régnait sur le camp. Quelque chose clochait.

Tous ses sens aux aguets, elle étudia les alentours. Il ne semblait y avoir aucun danger. Alors pourquoi cette impression de malaise ? Et pourquoi tout était si silencieux ?

« Ilinka, ça va ? »
Concentrée sur l'extérieur, elle n'avait pas entendu Noodh'al sortir à sa suite.

« Pourquoi c'est silencieux ? »
Le jeune mâle tendit l'oreille quelques instants.

« C'est pas silencieux. » nota-t-il avec un grondement interrogatif. « Viens m'aider, les petits frères ont faim. »

Jetant un dernier regard à la ronde, elle opina, et le suivit. Les quatre larves étaient effectivement réveillées, et affamées.

Elle ramassa Tudan juste à temps pour l'empêcher de se brûler sur les pierres du foyer et, le petit dans les bras, elle s'assit à côté de Jitik – qui tenait Hul'ma et Grach simultanément.
Pendant qu'elles tâchaient de contenir les bambins, Nood'hal se chargea de réchauffer le reste de soupe de la veille.

Ce fut lorsque Iri'kel entra, berçant le chétif Nibod qui pleurnichait, une fois de plus malade, qu'elle fut certaine que quelque chose clochait. Où étaient Tikan, Brel'om ou Zalinn ?

« Les grands, ils sont où ? » demanda-t-elle, faute de terme plus approprié.

« A la chasse. » répondit Jitik, comme si c'était la chose la plus évidente du monde.

Pourquoi quasiment tout le village serait-il parti à la chasse en même temps ? Le gibier abondait alentour, et ils capturaient largement de quoi couvrir leurs besoins en viande en posant pièges et collets.

Les sourcils froncés, elle réfléchit sous le regard perplexe des autres, puis elle blêmit. Ils ne parlaient pas de ce genre de chasse...
« Faut pas avoir peur. Ils seront de retour dans deux ou trois jours, et on sait se défendre. » plastronna Jitik, désignant du bras ses sagaies, posées dans un coin de la hutte.

Comment lui expliquer que ce n'était absolument pas ce qui l'inquiétait ?

Sa paume gauche se mit à pulser douloureusement. Grinçant des dents, elle serra le poing. Saleté de schiitar !
« Ça va ? » demanda Noodh'al, après qu'elle ait ignoré le bol de soupe qu'il lui tendait depuis de longs instants.

Elle se ressaisit.

« Oui. » répondit-elle, prenant enfin le repas que Tudan attendait avec tant d'impatience.

L'empressement de l'enfant à engloutir son déjeuner la força à ne se concentrer sur rien d'autre afin de l'empêcher de s'étrangler avec et, une chose en entraînant une autre, ce ne fut que quand Jitik annonça partir pêcher du poisson pour le repas du soir qu'elle réalisa que la matinée s'était déjà presque complètement écoulée.

Zalinn et les siens avaient été tellement gentils et bienveillants envers elle qu'elle en avait oublié leur vraie nature. Elle peinait à imaginer sa famille d'accueil comme des assassins sans pitié – et pourtant, c'était ce qu'ils étaient. Des meurtriers, qui allaient semer la désolation parmi d'innocentes familles humaines.
Elle eut envie de vomir.

Une fois encore, Noodh'al se méprit sur ses inquiétudes et, s'accroupissant à côté d'elle, il la poussa doucement du coude.

« N'aie pas peur. Mère et Pères sont de bons chasseurs. Ils savent se battre. Personne n'est jamais mort à la chasse dans la famille. Les humains ne leur feront rien. » lui offrit-il en même temps qu'une onde rassurante.
Oh, elle n'avait pas peur pour eux !
« Attends, y a des morts à la chasse ?! » réalisa-t-elle soudain.
« Bien sûr ! C'est pour ça que les anciens, ils ne laissent pas aller tous les manges-vies aux grandes chasses. Seulement ceux qui sont assez forts pour vaincre au moins deux humains en même temps. Sinon, c'est trop dangereux. »

Les humains se défendaient ? Elle aurait dû s'en sentir réconfortée, mais ce n'était pas le cas.

« Ça veut dire quoi, une grande chasse ? »
« Une grande chasse, c'est quand tous les chasseurs vont ensemble chercher une tribu d'humains. On capture tout le monde, et après on trie. Pas les petits, pas les mamans, pas les bons mâles. Eux, ils repartent. Les autres, ils sont à nous. » expliqua-t-il.

C'était ce qu'elle appelait une sélection. Avec, ironiquement, bien plus de soin mis au choix des proies que ce qui était pratiqué dans le reste de la galaxie.
Une pensée horrible la traversa.

« Ils vont les ramener ici ? »
« Pas tous. Juste ceux qu'il faut pour les manges-vies qui sont restés ici. »
« Vous en faites quoi... après ? »

« On les libère. »

Les libérer ? De quoi parlait-il ? Ils ne tuaient pas leurs proies ? Elle ne comprenait plus rien.

« Ils sont pas morts ? »
« Si, bien sûr. »

« Alors, comment on les libère ? »
« On les brûle. Comme ça, leurs esprits peuvent retourner dans le vent, jusqu'à leur tribu et leurs ancêtres. »
Elle ne put retenir un petit gloussement cynique. Qu'ils aient le droit à un genre de cérémonie devait leur faire une belle jambe, après avoir été transformés en momies toutes sèches ! Enfin, c'était probablement mieux qu'être laissé à pourrir dans un coin...
Cela jetait toutefois un tout nouvel éclairage sur les quantités de bois absurdes qu'elle avait aidé à récolter dans les jours précédents...

« Tu es triste. » lâcha Noodh'al.

Cette fois, c'était un simple constat. Elle opina, se tripotant la paume sans s'en rendre compte.

« Je ne veux faire de mal à personne. »

Le jeune mâle sourit.

« Moi non plus. Mais c'est comme ça. Le samuk mange l'herbe, l'homme mange le samuk, et nous on mange les hommes. Ce n'est pas différent. »
« Si, c'est différent ! Les hommes, ils sont comme nous, pas comme les samuks, ils ont des tribus, et heu... (Elle ignorait les mots pour religion ou culture.) ...des huttes, et des habits... et des enfants... et des... comme la Grande Mère ? » s'énerva-t-elle.
« Les samuks n'ont pas d'habits, c'est vrai, mais ils ont des terriers et des enfants, et peut-être qu'ils ont une déesse aussi, je ne sais pas. » nota Noodh'al d'un ton doux. « Ce que je sais, c'est que quand on en trouve dans les pièges, ils se battent de toutes leurs forces pour leur vie. Ils ne veulent pas mourir. Les hommes non plus ne veulent pas mourir, et nous non plus. Je sais que si un jour, un drakal essaie de me manger, je me battrai de toutes mes forces, mais peut-être qu'il me mangera... s'il est plus fort que moi... »
Elle frissonna. L'idée que des bêtes capables de tuer et dévorer un wraith rodent dans ces bois était terrifiante.

Se mâchouillant la lèvre, elle hésita un moment. La Reine-sans-nom lui avait interdit de parler de ce qui était au-delà de la Porte, mais poser des questions, ce n'était pas en parler, n'est-ce pas ?
« Et si c'était possible de faire autrement ? »
« Comment ça, autrement ? »
« De ne pas tuer d'humains. »
Le mâle rit.

« Ce serait sûrement plus facile ! Et beaucoup moins dangereux ! Moi, j'aimerais bien. »
« Et si je te disais que... »

Les mots se bloquèrent dans sa gorge. Elle voulait les prononcer, mais ne pouvait pas. C'était interdit.
Elle jura intérieurement. Maudite prêtresse !

« ...Que moi aussi. » cracha-t-elle finalement.

Ils n'eurent pas le loisir d'en discuter davantage, Iri'kel ayant fait irruption dans la tente avec la main en sang. Le jeune mâle s'était coupé en travaillant un bout de cuir pour se confectionner un gri-gri.

Tandis que Noodh'al courait chercher de quoi faire un pansement, elle s'occupa de nettoyer la plaie à l'eau claire, tout en l'empêchant de tirer sur les bords pour voir l'os qu'on devinait au fond.

.

Le hurlement strident de l'alarme lui écorchait les oreilles.

Ils étaient attaqués par une flotte ennemie. Seuls contre plusieurs croiseurs. Le moindre sas, la moindre faiblesse dans la coque prise d'assaut pas un essaim de Darts ennemis bien décidés à ouvrir une voie pour les troupes d'abordage.
« Tout le monde à son poste de combat. »

Malgré les circonstances, l'ordre télépathique du commandant Bibkal'mar n'aurait pas pu être plus serein. Zen'kan tourna son attention vers Kizu'kan, le chef de la garde personnelle du commandant, attendant ses ordres.

« Sécurisez le pont principal et ses accès. Exécution ! » ordonna ce dernier, transmettant à chacun la position qui lui était attribuée.
Envoyant d'une pensée une confirmation, Zen'kan se précipita jusqu'au croisement situé à deux-cents mètres de la salle de contrôle, où il retrouva Sil'kym et Nummal'kan déjà à couvert derrière des colonnes.
Alors qu'il prenait position en s'agenouillant devant Nummal'kan qui, plus grand, n'aurait aucun mal à tirer au-dessus de sa tête, ils furent rejoints par Ragot qui l'imita auprès de Sil'kym.

Son blaster d'une lourdeur étrange en main, Zen'kan n'eut plus qu'à attendre, le sang battant à ses tempes comme un insupportable métronome, alors que le gigantesque vaisseau tremblait et frémissait sous les attaques de ses assaillants. De loin en loin, étouffée par les murs de chair, une explosion retentissait, alors que des annonces de brèches se succédaient dans l'Esprit.

Il les entendit avant de les voir. Leur présence comme une maigre trace dans la Toile.

L'escadron de drones tourna au coin, son meutier sur les talons, et ils eurent le temps d'en neutraliser trois avant que ce dernier n'arrive à leur faire adopter une position plus défensive.

L'escarmouche se transforma en guerre de positions. Ils étaient en sous-nombre, l'écart s'agrandissant encore alors qu'une seconde escouade de clones stupides rejoignait la première, mais ils tenaient bon, compensant leur nombre par une bien meilleure précision de tir.

L'équilibre des forces s'inversa lorsque leurs propres renforts arrivèrent, prenant les drones et leurs meutiers en tenaille. Bientôt, les deux alphas furent neutralisés, et les derniers drones eurent tôt fait de se retrouver sous le contrôle télépathique de Sil'kym qui, accompagné de Ragot, partit les enfermer dans une pièce voisine.
Pendant ce temps, quittant momentanément son couvert, Zen'kan partit aider les guerriers qui leur étaient venu en aide à désarmer et entraver les ennemis assommés.

Les ordres étaient clairs. Dans la mesure du possible, ils devaient éviter de tuer leurs adversaires. Afin de pouvoir, après la bataille, leur offrir de devenir Ouman'shiis, ou à défaut d'avoir des sources d'informations, voire des otages à échanger.

Les deux infiltrateurs, profitant de la cohue, leur avaient complètement échappé. Ce fut la brusque et soudaine agonie télépathique de Til'kan qui trahit leur présence.

Le guerrier gardait la porte du poste de contrôle, deux-cents mètres derrière eux. Abandonnant là les guerriers occupés avec leurs prisonniers, Nummal'kan remonta à fond de train la coursive. Zen'kan lui emboîta le pas sans hésiter.

Les portes étaient verrouillées et Dhen'kan, le coéquipier de Til'kan, se battait comme un démon contre deux silhouettes presque invisibles, à peine plus que des frémissements dans l'air. Elles lui évoquèrent le Predator du film éponyme.

« Que... ? » pensa Nummal'kan, son élan brisé par son incompréhension.

« Système de camouflage. » siffla-t-il en retour, attrapant sa dague pour bondir à moitié en aveugle sur la première silhouette.

Le contact fut dur et froid, alors que sa lame ripait avec un bruit métallique sur ce qu'il devina être le plastron d'un genre d'armure. Son attaque n'avait pas porté, mais avait eu le mérite de forcer son adversaire à reconsidérer ses priorités.
Avec un rugissement formidable, Nummal'kan l'imita, fauchant proprement la seconde silhouette de toute sa masse monstrueuse de guerrier de Silla.

Dhen'kan, gravement blessé, tituba mollement contre les battants de la porte, une main serrée sur son ventre pour empêcher ses entrailles de s'en échapper, et une autre sur sa dague, qu'il continuait à brandir, prêt à protéger son commandant jusqu'à la mort.

Avec un grondement furieux, Zen'kan tâcha de raffermir sa prise sur son ennemi, s'accrochant à lui comme un cow-boy à un taureau sauvage, continuant à chercher de sa lame la moindre faiblesse dans la cuirasse.

L'autre tenta de l'écraser contre le mur. Encaissant le choc, Zen'kan ne s'en accrocha que mieux. Entravé dans ses mouvements par son armure, son ennemi toujours invisible ne pouvait atteindre aucun de ses points vitaux de la longue lame qu'il devinait entre deux scintillements.

Il continua donc à l'écraser contre le mur, lui arrachant quelques exclamations rageuses alors que, dans une succession d'éclairs de douleur, le jeune guerrier sentait d'abord une ou deux côtes, puis une protubérance vertébrale céder sous les chocs répétés.

Enfin, alors que le dernier espoir de trouver une faille dans l'armure menaçait de s'éteindre, sa lame se fraya un chemin entre les plaques jusqu'à de la chair tendre.

Craignant de ne pas avoir de seconde occasion, il tourna violemment la lame, agrandissant le trou duquel bouillonna un sang vert et chaud. Avec un hurlement étouffé, son adversaire rua, parvenant à lui faire lâcher prise, et l'envoyant bouler au sol.

Zen'kan se redressa, découvrant avec satisfaction que la silhouette d'un genre de scaphandre organique se dessinait sous les coulures de sang de son ennemi. Si ça pouvait saigner, il pouvait le tuer !
Avec un rugissement mauvais, il bondit en avant. Maintenant, il savait où frapper ! Sous le choc, son adversaire tomba à la renverse, l'emmenant dans sa chute, et ils entrèrent en lutte au sol.

Il parvint à planter sa lame une nouvelle fois mais, avant qu'il n'ait pu la tourner dans la plaie, son opposant la lui arracha des mains, puisant dans ses réserves pour se retourner avec une force surprenante.

En un instant, les rôles furent inversés, et il se retrouva au sol, tentant en vain de faire lâcher son ennemi qui lui broyait la gorge.

Le monde commençait à se piqueter de noir lorsque, en un effort désespéré, et malgré ses blessures qui avaient à peine commencé à régénérer, Dhen'kan se jeta sur son adversaire, le saisissant à la gorge pour le tirer en arrière.
Sans vraiment se donner le temps de retrouver son souffle, Zen'kan rampa à quatre pattes jusqu'à sa dague qui gisait non loin, avant de sauter sur son adversaire, qui luttait à présent contre le guerrier blessé qui, accroché à son cou, lui plantait de toutes ses forces ses genoux dans le dos.

Zen ficha sa lame au même endroit qu'auparavant, l'enfonçant au plus profond, avant de la tourner d'un geste sec, la sentant riper contre de l'os alors qu'il tranchait muscles et organes. Coulant à gros bouillon, le sang chaud trempa sa main.

Il y eut encore quelques tressauts d'agonie, et son ennemi retomba au sol, silhouette scintillante qui, dans un crépitement, devint un wraith revêtu d'un étrange scaphandre grisâtre.

Avec un grondement mauvais, Nummal'kan acheva le second, lui arrachant presque un bras dans le processus, et le silence revint, malgré les hurlements de l'alarme générale et les bruits lointains d'autres batailles.

Ce fut la douleur aiguë de ses os se ressoudant qui le sortirent de son hébétude.

« Merde... J'l'ai tué... » marmonna-t-il, réalisant avec une certaine répugnance que c'était le sang d'un inconnu qui maculait sa main.

Nummal'kan lui secoua l'épaule.

« Bravo, mon frère. »

Zen'kan le fixa sans comprendre. Pourquoi le félicitait-il ?
« Tu es blessé ? »
« Un peu... des trucs cassés, rien de grave... je crois. »

« Alors debout ! Ce n'est pas fini. » le tança-t-il, l'aidant à se relever.

Il obéit. Le guerrier avait raison.

Ce dernier se tourna vers Dhen'kan, le remettant sur ses pieds sans façon avant de lui rendre son blaster et sa dague, et de l'aider à se mettre en position derrière une colonne, face à la porte.

« Voilà, mon frère. » l'encouragea-t-il, avant de repartir au petit trot en direction du croisement qu'ils étaient censés défendre.

Un peu perdu, un peu hagard, Zen'kan jeta un regard au guerrier blessé, qui l'encouragea d'un geste du menton.

Grinçant à cause de ses côtes cassées, il partit donc sur les traces de son aîné.