Réveil douloureux

La lumière perçait à travers ses paupières fermées, une lueur douce et persistante qui le tirait doucement de l'obscurité.

Buck sentit un poids lourd et douloureux dans son corps, chaque respiration était une lutte, chaque pensée une bataille contre le brouillard qui l'enveloppait. Lentement, il émergea de l'inconscience, se rendant compte de son environnement par des sensations fragmentées et douloureuses.

Il ouvrit les yeux, le plafond blanc de l'hôpital apparaissant progressivement net.

La douleur était omniprésente, sourde et lancinante, se diffusant de ses côtes à sa tête, jusqu'à sa main.

Il tenta de bouger, mais son corps le trahit, le clouant au lit.

Sa gorge était sèche et irritée, et il réalisa qu'il avait un tube respiratoire dans la bouche. Instinctivement, il porta la main à son visage pour tenter de l'enlever.

Aussitôt, des médecins et des infirmières accoururent dans la chambre, leurs visages graves mais déterminés. Ils le maîtrisèrent doucement mais fermement, leurs voix un mélange d'encouragements et de réprimandes.

– Monsieur Buckley, restez calme, vous devez garder le respirateur en place ! dit l'un des médecins en le tenant.

Buck se débattait, ses yeux écarquillés par la panique.

Les souvenirs de l'agression et du cauchemar qu'il venait de vivre étaient encore vifs dans son esprit. Il essaya de parler, mais les mots sortaient en grognements étouffés.

Il était désespéré, la terreur s'emparant de lui.

– Eddie… Christopher…, souffla-t-il faiblement entre deux respirations forcées.

Les médecins continuèrent de le maintenir en place, essayant de le calmer. Une infirmière ajusta doucement le respirateur, murmurant des paroles apaisantes.

– Monsieur Buckley, nous allons vous donner quelque chose pour vous aider à vous détendre, d'accord ? dit-elle en lui administrant un calmant par intraveineuse.

Buck sentit le médicament agir rapidement, son corps se relâchant malgré lui.

Mais son esprit restait en ébullition. Il devait protéger Eddie et Christopher. Il ne pouvait pas les perdre. Les larmes coulèrent sur ses joues alors qu'il luttait contre la somnolence.

– Eddie… en danger… ils… visaient… Eddie…, murmura-t-il, ses paroles incompréhensibles à cause de ce maudit tube, se perdant dans l'épuisement.

Il perdit connaissance, ses dernières pensées pour ceux qu'il aimait et qu'il devait protéger.

Quand il se réveilla de nouveau, la douleur était toujours présente mais plus supportable. Sa bouche n'était plus entravée par le respirateur ce qui était un soulagement. Il ouvrit les yeux lentement, reconnaissant immédiatement le visage familier de sa sœur à son chevet.

Maddie était là, ses yeux rougis par les larmes mais remplis de soulagement.

– Maddie ? murmura-t-il, sa voix rauque et faible. Où est… Maddie ?

Elle posa une main réconfortante sur la sienne, son visage marqué par l'inquiétude et la fatigue.

– Buck, je suis là, dit-elle doucement. Tout va bien, tu es à l'hôpital. Tu es en sécurité maintenant.

– Christopher ? demanda-t-il, l'angoisse montant en lui. Où est Christopher ? Eddie… ?

– Calme-toi, Buck, s'il te plaît, supplia Maddie. Tu dois te reposer. Eddie et Christopher vont bien. Ils sont en sécurité.

Les mots de Maddie n'atteignaient pas vraiment Buck.

Il sentait son cœur s'emballer, une panique sourde le saisir. Les souvenirs de l'agression lui revenaient par bribes : la douleur, les cris, le visage terrifié de Christopher.

Il devait savoir s'ils étaient vraiment en sécurité.

– Non, Maddie…, tu ne comprends pas, dit-il, sa voix devenant plus désespérée alors que sa respiration s'accélérait. Ils... ils n'étaient pas… après moi. Ils ont dit des choses... des choses horribles. Où est Eddie ? Il est… en danger.

Maddie resserra sa prise sur sa main, ses yeux remplis de larmes.

– Buck, écoute-moi, tenta-t-elle de le calmer. Eddie est quelque part dans la salle d'attente avec Christopher. Ils vont bien. C'est toi qui es ici, qui as besoin de repos. S'il te plaît, essaie de rester calme.

Mais les paroles réconfortantes de sa sœur n'avaient que peu d'effet.

Le sentiment de vulnérabilité et de peur continuait de le submerger. Buck se débattait avec ses propres pensées, les images de l'agression se mélangeant à la terreur de ce qui aurait pu arriver à Eddie et Christopher.

L'image de son oncle lui revint avec ses paroles menaçantes…

Buck ne voulait pas, il ne pouvait pas perdre Eddie et Christopher, sa vie et sa famille à Los Angeles. Il ne voulait pas retourner à Hershey et être le prisonnier de son oncle.

Il ne pourrait pas y survivre.

– Je suis vivant, Maddie, pleura-t-il sans pouvoir s'en empêcher.

– Bien sûr que tu es vivant, Buck. Tu es là avec nous. Et Eddie et Christopher vont bien aussi.

– Maddie, je dois savoir..., murmura-t-il faiblement. Je dois être sûr...

Sa sœur hocha la tête, comprenant que seule la vérité pourrait apaiser son frère. Elle prit une profonde inspiration avant de parler, ses yeux cherchant les siens.

– D'accord, je vais chercher Eddie, d'accord ? Il te parlera et te rassurera. Mais seulement si tu promets de rester calme et de ne pas te fatiguer.

Buck acquiesça légèrement, ses yeux fixés sur sa sœur, espérant que voir Eddie pourrait apaiser son cœur tourmenté.

Maddie sortit de la pièce après avoir déposé un baiser sur son front.

Buck ferma les yeux et se força à respirer calmement. La peur le tenaillait mais il devait surmonter ça et il savait que son cauchemar, plus vrai que nature, était en partie responsable de sa terreur.

– Alors, c'est ça ton petit monde ? se moqua la voix de Matt le faisant rouvrir les yeux brusquement. Tu t'es créé toute une petite vie pour quoi ? Me fuir ? Tu ne peux pas me fuir, Evan.

– Tu n'es pas réel.

– Je suis très réel, ce sont eux qui ne le sont pas. Tu veux que je te dise la vérité. Tes parents n'ont jamais pardonné à Maddie de t'avoir donné cette fichue voiture qui a causé l'accident dans lequel ils pensent que tu es mort. Ils l'ont reniée et elle a épousé son mec de l'époque, un certain Doug. Il l'a tuée, tu sais ? Battue à mort.

– C'est faux, Maddie s'est sauvée et je l'ai gardée en sécurité.

– Ah ouais ? railla-t-il. C'est bizarre parce que je me souviens du moment précis où ta mère m'a appelé pour m'annoncer sa mort. Je venais tout juste de te baiser dans la cuisine.

– Va te faire foutre ! hurla-t-il les larmes dévalant ses joues.

Matt se pencha soudain sur lui et Buck était tétanisé, tant pas la douleur que lui causait ses blessures que par la peur que lui inspirait ce monstre qui lui avait volé son enfance.

– Oh dès que tu sors d'ici, je te montrerai comment je compte m'y prendre.

– Tu n'es pas réel, tenta-t-il de se convaincre.

– ILS ne sont pas réel, toi tu ne m'as jamais quitté, tu n'es pas sortit de la maison depuis quinze ans.

– Je suis l'hôpital parce que des connards m'ont agressé.

– Tu es à l'hôpital parce que tu as trouvé malin de te poignarder toi-même. Et tu seras puni pour ça une fois rentré à la maison.

Buck déglutit.

Il commençait à douter. Il ne savait plus où était la réalité, si son oncle était réel, s'il s'était vraiment inventé une vie à Los Angeles pour fuir son quotidien avec ce monstre. Il attrapa soudain un stylo qui trainait sur la table de chevet à ses côtés avec le carnet de Maddie et il le planta dans le cou de son oncle qui se redressa, nullement impressionné.

Matt retira doucement le stylo ensanglanté et le reposa à sa place alors que le sang s'échappait abondement de la blessure.

– Tu en as du courage maintenant, se moqua-t-il. Mais ne te fais pas d'illusion. Je suis de retour dans tes songes et je ne les quitterai plus jamais.

Puis, il se mit à rire et Buck sût qu'il rêvait.

Quand il se réveilla à nouveau, il était toujours à l'hôpital, mais cette fois, Christopher était allongé contre lui et il resserra son étreinte sur l'enfant, se laissant pleurer en silence.