Merci beaucoup à Maria Aria pour le follow! J'en profite aussi pour te remercier pour ta review finale de DSeDP ^^ J'espère que tu trouveras aussi ton bonheur ici !
CHAPITRE 2 – TU SERAS BIENVENUE CHEZ MOI
Gayle observa Silesta un long moment tandis qu'elle attendait sa réaction avec angoisse. Lui en demandait-elle trop ?
« Permettre à Astarion de marcher sous la lumière du jour... répéta-t-il en réfléchissant. Ce que vous désirez est compréhensible mais tient beaucoup de la chimère.
_ Je veux croire qu'un magicien aussi doué que vous puisse accomplir ce miracle, insista Silesta, les prunelles emplies d'espoir. J'userai de tous les moyens à ma disposition, quel qu'en soit le prix. »
Le magicien se passa la main dans sa barbe d'un air indécis. Savoir que son amie avait parcouru tant de chemin pour courir après un rêve lui faisait mal. En dépit de tout son prodigieux savoir, il n'était pas certain que cette gageure soit réalisable.
« Silesta. Mon poste de professeur m'occupe beaucoup. Si je ne dois que vous donner des cours du soir pour vous former en plus de faire des recherches pour Astarion, cela risque de nous prendre beaucoup de temps.
_ Je prendrai tout le temps du monde. »
Elle ignorait si Astarion était encore vivant. S'il l'était, elle ne savait pas s'il voulait la revoir. Ne demeurait que cette vérité qu'elle avait gravé dans son âme au fer rouge : Astarion avait fui par crainte. Si elle revenait à lui avec la clé de sa libération, il n'aurait plus de raison de la tenir à l'écart. Ils se retrouveraient et tout recommencerait comme avant. C'était ça. Ce ne pouvait être que ça. Qu'importe le temps que cela prendrait, elle reviendrait à lui pour le libérer.
Tout comme ses anciens compagnons d'infortune, Gayle avait souvent été le témoin de la détermination de Silesta. Toutefois, peut-être faisait-il ici face à une véritable démonstration de foi. Savoir que cette dévotion infrangible se dirigeait vers ce vampire inconstant le rendait un peu amer. Astarion ne méritait pas Silesta.
L'homme soupira et tendit un index inquisiteur sur la jeune femme.
« Le professeur Gayle sera intraitable et vous n'aurez aucun passe-droit. Amie ou pas, imposa-t-il avec gravité.
_ Tant que vous m'épaulerez dans ma quête », compléta-t-elle sur le même ton.
Ils se serrèrent la main afin de sceller ce pacte qui était bien plus plaisant que celui proposé par Gortash ou - grands dieux ! - Raphaël. Ils se sourirent enfin l'un l'autre, tous deux enchantés de ne pas avoir à se séparer tout de suite.
« Oh, Monsieur Dekarios. J'ignorais que vous aviez de la visite. »
Silesta se tourna vers cette voix de gouvernante un peu snob qu'elle connaissait déjà. Posée sur le balcon d'une petite terrasse attenante au salon, Tara sauta avec souplesse et entra.
« Bonjour Tara, la salua Silesta avec enthousiasme. Je suis heureuse de te revoir. Tu reviens de la chasse ?
_ Pas forcément, se permit Gayle. Depuis que j'ai quitté le nid, Tara reste la plupart du temps auprès de ma mère pour lui tenir compagnie. Quand elle n'a pas à rapporter des artefacts magiques à un magicien orgueilleux en manque de Trame... »
La tressym jaugea rapidement l'invitée qui pouffait de rire.
« Oh. C'est vous, lâcha-elle sur un ton traînant. Silena, c'est ça ? Que nous vaut votre visite ?
_ Silesta va rester pour un temps indéterminé », exposa son maître avec énergie.
Court silence figé.
« Ici ? siffla la chatte en arquant un peu dos.
_ Ici ? répéta Silesta en se tournant vers son hôte, les yeux écarquillés.
_ Quelles sont vos intentions envers mon maître ?
_ Tout à fait louables.
_ C'est fort heureux.
_ Et bien normal. »
Gayle faisait ping-pong entre sa tressym et l'humaine, un peu perdu par la véhémence de cet échange qui n'était pas loin de générer de l'électricité. Il eut un petit rire nerveux et se massa la nuque.
« Tara est un peu... territoriale, expliqua-t-il en se tournant vers sa future élève. Bien sûr que vous restez ici. Comment comptiez-vous procéder autrement ?
_ C'est très simple. Prendre une chambre à l'auberge et compter sur mes talents de saltimbanque pour payer. »
Le magicien roula des yeux avec dépit. Tébur et Ulryn avaient raison. Cette demoiselle pouvait émettre des plans stupides et se convaincre de leur bien-fondé sans regarder plus loin.
« Sottises. Cette tour est assez grande pour deux en plus d'avoir besoin de s'animer un peu plus. Vous êtes mon invitée et je rajoute cette clause dans notre marché », ajouta-t-il dès qu'il devina Silesta prête à répliquer.
Cette dernière jeta les armes et rendit à son ami un sourire touché. Bien qu'elle connaissait la noblesse de cœur et la générosité de Gayle, elle n'en aurait jamais espéré tant ; n'en déplaise à Tara qui émit un étrange son à cheval entre le claquement de langue irrité et un miaulement guttural.
Maintenant que les choses étaient décidées, le magicien proposa à sa jeune amie de le suivre afin de faire un petit tour du propriétaire. Avant de pouvoir profiter de son merveilleux sortilège de raccourcis magiques, il fallait bien que la nouvelle résidente de la tour connaisse les pièces qu'elle pourrait visiter à loisir.
« Si vous voulez bien me suivre... »
La tour de Gayle cachait bien son jeu. Qui aurait cru que cet édifice longiligne – quoique imposant – possédait autant de pièces ? Cuisine privée, bureau d'études, salle à manger, salle de réception, salle d'eau avec baignoire de cuivre et vasque... c'était à se demander comment cela était possible, si ce n'était grâce à d'habiles sortilèges semblables à ceux qu'employait Ulryn pour agrandir ou rétrécir les roulottes du Pas Nocturne.
Chaque pièce était raffinée et chaque élément était à sa place en accord avec les autres. Une fois encore, tout correspondait à l'image de Gayle qui prit plaisir à garder le meilleur pour la fin.
La dernière porte que le magicien ouvrit dévoila la pièce qui devait se trouver le plus au sommet de la tour. Sa coupole de verre laissait le jour éclairer naturellement l'espace tandis que la nuit s'offrirait à la contemplation du rêveur des étoiles ou pour offrir une délicate clarté au lecteur affamé. Cette magnifique pièce était la bibliothèque, le sanctuaire de Gayle. Les étagères faisaient tout le tour de la salle et montaient si haut qu'une échelle coulissante sur rails avait été installée pour y accéder. Une cheminée trônait à l'opposé de la porte pour les soirées d'hiver et une grande table agrémentée d'un fauteuil confortable appelait l'érudit à une lecture sereine.
Les yeux de pluie de Silesta s'émerveillèrent face aux lieux.
« J'aime déjà cet endroit...
_ J'ai toujours su que vous étiez une femme de goût, la complimenta son guide avec malice. Vous êtes ici chez vous. Aucun de ces ouvrages ne vous sera interdit. Vous ne trouverez rien de répréhensible. »
La jeune femme s'imprégnait déjà de l'atmosphère en laissant courir sa main le long des couvertures. Combien y avait-il de livres ? Elle n'aurait pas assez d'une vie pour tout lire. Elle avait hâte de commencer.
Gayle étira un sourire satisfait face à ce plaisir qu'il devinait chez la jeune ensorceleuse. Si on lui avait dit un jour qu'un autre mage que lui viendrait ici...
« Dois-je faire installer vos effets directement ici ou souhaitez-vous voir votre chambre ?
_ Une chambre à moi ? se ravit-elle avec impatience. Vraiment ? »
Pour toute réponse, son hôte exécuta un élégant geste des bras pour l'inviter à revenir à la porte, chose qu'elle fit sans attendre. Un nouveau passage magique plus tard, la porte s'ouvrit sur une confortable chambre aux murs framboise ornés de petits motifs semblables à des feuilles. Un lit à baldaquin trônait en face d'une fenêtre agrémentée d'un balcon et un petit cabinet de toilette composé d'une coiffeuse, d'une vasque et d'un miroir complétait la seconde moitié de l'espace. Une penderie du même bois brillant que ses homologues attendait aux côtés d'un miroir sur pied devant lequel des tapis étaient déposés.
Trop ébahie par l'élégance et le douillet de ses futurs appartements, Silesta n'entendit pas Gayle tout de suite.
« Je peux agencer la décoration selon vos goûts, lui proposa-t-il avec amabilité. Que préférez-vous ? Un bleu paon royal ? »
La jeune femme sursauta quand les murs et les draperies se foncèrent tout à coup dans une nuance de bleu profond semblable à la tête d'un paon.
« Ou peut-être un vert plus apaisant ? » D'un nouveau geste de la main, Gayle transforma le bleu en vert mousse plus discret. « Ou les deux ? »
Le vert devint turquoise délicat. Silesta secoua la tête en roulant un peu des yeux. Gayle était toujours aussi aux petits soins pour elle.
« Je préférerais une teinte crépuscule divin », minauda-t-elle en haussant un sourcil faussement hautain.
Silence.
« Certainement. »
Loin de se démonter, Gayle esquissa un nouveau geste des mains et tout changea. Le bois orangé des meubles avait pris une teinte grise presque argentée qui rappelait celle du bouleau blanc et l'ancien bleu turquoise se nuança d'une douce couleur pastelle entre le parme et le dragée.
La jeune femme manqua de s'écrouler d'effarement. Il l'avait vraiment prise au sérieux ?
« Gayle, je vous faisais marcher, voyons.
_ Oh. Alors...
_ Non. Je vous sais gré de garder vos mains où elles sont, l'interrompit-elle aussitôt pour l'empêcher de faire encore un changement. Cette chambre est parfaite et vous êtes un hôte parfait, Gayle. Je n'ai nul besoin d'être impressionnée. »
Bon perdant, l'homme lui retourna une œillade empreinte d'une espièglerie de velours.
« Dommage. J'étais pourtant prêt à vous époustoufler. »
Son interlocutrice laissa fuir un sourire dans son soupir d'abandon. Elle était sûre et certaine que Gayle prenait sa revanche par rapport à l'épisode de la tunique qu'elle lui avait offerte chez Figaro Lacouture.
« Vous en faites trop, lui dit-elle. C'est déjà bien plus que je n'en demande. Vous n'allez tout de même pas aussi remplir ma penderie, tant que nous y sommes ? » Ses yeux s'écarquillèrent à mesure que le visage du magicien s'éclairait.« N... ! N'y songez même... ! »
Trop tard, Gayle avait déjà tourné les talons avec un grand sourire vainqueur en annonçant à sa challengeuse qu'il la laissait s'installer tranquillement et qu'il la retrouverait pour le souper.
« Si vous vous perdez, sait-on jamais, appelez. À ce soir, Silesta. »
Et il disparut de l'autre côté de la porte, abandonnant une Silesta pantoise qui finit par étouffer une interjection plus proche du gentil dépit que de la colère. Lui alors...
La jeune femme fouilla dans le petit sac qu'elle portait avec elle en bandoulière et en tira un minuscule coffret de bois grand comme une boîte à bijoux. Il s'agissait en réalité d'un coffre de voyage dans lequel ses quelques affaires – de ville et de scène – tenaient toutes et avait été rendu transportable grâce à un sort d'Ulryn. Toute sa vie tenait dans le creux de ses mains. La visualisation du contenu de ce coffre fit naître une moue sur son visage.
Quand elle voyait le luxe dans lequel vivait Gayle en plus de son quartier, Silesta trouvait que ses vêtements détonnaient beaucoup. Non pas qu'elle craignait que son ami la prenne de haut – impossible – mais une part d'elle n'avait pas envie de lui faire honte. Si le magicien venait un jour à recevoir quelque invité, pour quoi passerait-elle avec ses habits de coton aux multiples raccords de couture ?
Elle soupira et déposa le coffret dans un coin afin d'éviter tout incident s'il venait à retrouver sa taille normale de façon inopinée. Son regard accrocha celui de son reflet dans le miroir. Elle prit le temps de se détailler ; voilà un moment qu'elle ne s'était pas admirée.
Gayle avait raison. Elle avait une mine épouvantable ; chose qu'elle attribua à la fatigue accumulée suite à des mois et des mois d'insomnies cauchemardesques. Avec un nouvel objectif de vie à contempler et des appartements si confortables, elle se remettrait vite sur pied.
La jeune femme ouvrit la grande porte-fenêtre pour aller s'accouder au balcon. Elle eut le souffle coupé face au panorama qui s'étalait sous ses yeux. Le vent du large portait à ses narines un air vivifiant plein d'iode revigorante et l'étendue bleue infinie de la Mer des Épées était un large ruban de soie brillant d'écume. Le cri des mouettes lui parvenait, loin du tumulte de la ville pourtant immense et les silhouettes des bateaux étaient autant d'étranges créatures des eaux dont les formes se cachaient sous leurs voiles. Tel serait ainsi le décor qui serait le sien pour les temps à venir. Pour combien de temps ?
« Attendez-moi, Astarion. Où que vous soyez. »
Silesta se laissa happer par le paysage jusqu'à en perdre la notion du temps. Cette vue lui rappelait un peu celle de la terrasse de la taverne du Chant de l'Elfe où elle y avait vécu beaucoup de choses. Chacun de ses fragments de pensées la ramenaient à cet elfe pâle aux yeux grenat et au sourire enjôleur qui habitait son cœur. Ce spectacle sensuel à la barre. L'aveu de son marché avec Raphaël. Sa terreur face à son nouveau statut d'ensorceleuse...
Ce dernier souvenir dessina un autre visage à son esprit. Celui de ce mage humain brun respirant la confiance et la bienveillance qui avait su l'apaiser en premier. C'était grâce à Gayle qu'elle avait pu faire ses vrais adieux à son fils, Livius.
L'ébauche de sourire qui avait commencé à naître sur les traits fatigués de Silesta s'évanouit lorsqu'un étrange son provenant de sa chambre l'interpella. On aurait dit un bruissement.
Une fois à l'intérieur, la jeune femme ne vit d'abord rien jusqu'à que ce que le bruissement recommence. En tendant l'oreille, elle découvrit que cela venait de l'armoire à vêtements.
D'une main un peu hésitante, elle attrapa la petite poignée de métal et tira d'un coup.
« Mais... »
Le danger s'avéra être en réalité des petites piles de vêtements qui apparaissaient les unes après les autres afin de garnir les étagères et la penderie de diverses tenues aux tissus moirés et iridescents. Des robes, des corsets, des vêtements de nuit, des manteaux, des capelines, des gants, des chemisiers, des châles, des chaussures et des bottes. Toute la palette de couleurs de la plume de paon finit par se décliner dans toutes les matières possibles en quelques secondes. L'atelier de Figaro Lacouture n'était à présent plus qu'un lointain souvenir de pauvre facture face à ce qui se tenait sous ses yeux.
Silesta referma l'armoire et porta la main à son visage pour couvrir ses yeux qui lui brûlaient.
« Gayle Dekarios... »
Tandis qu'approchait l'heure du dîner, Gayle contemplait Eauprofonde d'un air distrait depuis une fenêtre de la salle à manger. Une bouffée de bonne humeur gonflait sa poitrine depuis que sa jeune invitée avait sonné à sa porte. Revoir Silesta après tout ce temps était un baume qui apaisait enfin l'inquiétude qui le rongeait depuis ces longs mois.
Quand il avait pris la décision de repartir chez lui, il avait eu le sentiment d'abandonner son amie au pire moment. Elle était terrassée par le chagrin, assaillie par ses démons intérieurs et retrouver Astarion n'était qu'un placebo pour nourrir son âme craquelée. Hélas, il connaissait l'entêtement dont pouvait faire preuve Silesta et il savait que rien ne la ferait plier à part peut-être sa famille de cœur. La Compagnie du Pas Nocturne – et surtout Anmoira – était la seule protection permettant à la saltimbanque de ne pas s'effondrer.
Malgré cela, Gayle ne s'était jamais pardonné d'être parti. Si aujourd'hui, il avait la possibilité de prendre soin de celle qui avait fait montre d'un soutien sans faille envers lui, il le ferait. La retrouver avec une once de vie dans les yeux rassérénait son cœur. À lui de la sublimer en permettant à Silesta d'enfin s'épanouir pleinement.
Un léger grincement de porte le fit émerger de ses pensées et il se retourna. Il étira un sourire en coin gorgé de fierté. Silesta avait grand peine à ne pas paraître distinguée même en ayant revêtu la robe la plus simple de sa nouvelle garde-robe. Ce velours moiré vert bouteille transformait l'argile de ses cheveux en feu éclatant.
La jeune femme gonfla les joues, encore dépitée et embarrassée par la débauche de générosité de son hôte.
« Pas un mot, menaça-t-elle d'un air bougon.
_ Tout le plaisir est pour moi, se gargarisa l'homme. Prenez place, je vous en prie. »
Gayle se retint de gratifier son invitée d'une contemplation trop poussée pour ne pas l'accabler davantage. Il tira sa chaise pour l'inviter à s'asseoir puis alla regagner sa place juste en face. Il frappa dans ses mains et la table se couvrit de plats appétissants, de pain, de fromages et de fruits. Silesta prit plaisir à remplir son assiette en dépit de sa fatigue et s'attela à faire honneur au souper.
« Tout cela a l'air délicieux. Vous complimenterez la cuisinière.
_ Merci, c'est très gentil. »
Elle entrouvrit la bouche en lâchant presque sa fourchette. Quoi ? C'était lui qui avait cuisiné tout ça ? Gayle dodelina de la tête avec hésitation.
« Tout dépend de votre point de vue. Enchanter les ustensiles pour le faire à ma place, compte-t-il ? Ou juste mon élaboration de recette ?
_ Euh... Les deux, j'imagine », répondit Silesta, abasourdie.
Le magicien lui expliqua qu'il lui arrivait toutefois de cuisiner comme le plus commun des mortels quand l'envie lui prenait pour se changer les idées. Lors de son année d'isolement, il avait été amené à vivre en complète autarcie et par la force des choses, il avait perfectionné son art de la cuisine autant par nécessité que par besoin de s'occuper. Les journées étaient longues, à cette époque.
« De plus, je trouve qu'un rôti de veau sauce au vin est beaucoup plus savoureux que la Trame du Vase Canope de Bannissement, ajouta-t-il avant de redresser la tête, perdu entre ses pensées. Quoique. Il a fait un très bon bocal à confiture de groseilles après ça. »
Silesta ne put s'empêcher d'éclater de rire à cette anecdote décalée. Un artefact magique qui terminait en bocal à confiture... Quand elle réalisa qu'il était très sérieux, elle se mordit les lèvres d'un air honteux en guettant son hôte qui la regardait. Pour son grand soulagement, ce dernier finit par glousser aussi. Avec du recul, c'était assez drôle, en effet.
« J'avoue être tout de même surprise, Gayle. Avec le train de vie que vous avez, vous auriez de quoi engager une cuisinière.
_ Ne vous moquez pas de moi mais mes habitudes de célibataire sont tenaces, reconnut-il. J'aime avoir ma quiétude et mes repères. »
Son hôtesse pencha la tête sur le côté en courbant un sourcil circonspect.
« Et vous acceptez qu'une ensorceleuse instable s'installe dans votre sanctuaire ?
_ Ce n'est pas pareil avec vous. »
Silesta fit silence et se sentit un peu serrée dans sa robe pourtant fluide et assez cintrée pour ne pas nécessiter de corset. Bien que simple et sans intonation particulière, cette réponse de Gayle lui faisait quelque chose. De son côté Gayle prit conscience que ses mots pouvaient prendre plusieurs sens mais il n'avait su comment s'exprimer autrement.
Le regard qu'ils échangèrent en silence d'un bout à l'autre de la table prit fin quand Silesta tendit son verre vers son hôte avec un sourire encourageant.
« Aux changements qui vont bousculer nos vies ? »
Il l'imita.
« Au changement. Prévu ou imprévu. »
Ouais. Aux changements très prévus par mes soins qui vont vous bousculer. * grand sourire *
Moi aussi, je veux un Gayle pour me chouchouter T.T
Prochain chapitre, début de formation !
