Bonjour, bonsoir,

Eternelle insatisfaite que je suis... En relisant mon chapitre 6, je me suis rendue compte qu'il ne me plaisait plus. Alors je l'ai réécrit. Et ça m'a pris du temps... Et maintenant je suis en retard.

Pour me faire pardonner, je publie aujourd'hui deux nouveaux chapitres, dont le fameux chapitre 6 qui est assez long au final.

Enjoy

Likocham.


Granger

— Est ce que tout le monde est prêt ?

Arthur Weasley regardait chaque personne présente dans la cuisine, comme s'il menait un groupe de colonie de vacances. Molly tentait en vain de remettre droit le nœud papillon de Ron. Harry essayait d'aplatir sa mèche de cheveux rebelle et Hermione tripotait sa manche en tulle d'un air absent.

— Où est Ginny ? GINNY !

— J'arrive, j'arrive ! Pas besoin de crier, papa !

Ginny descendait l'escalier avec précaution, ses talons hauts l'empêchant d'aller plus vite, au risque d'y perdre une cheville.

— Bien, dépêchons-nous, la voiture nous attend.

Arthur tapa dans ses mains, fit volte face et ouvrit la porte en grand. Devant la maison était déjà garée une petite citadine noire, sans prétention, un M ministériel apposé sur les portes avant.

Hermione ne se demanda pas comment six personnes pouvaient entrer dans une si petite voiture, car elle avait déjà eu l'occasion de voyager dans ce genre de véhicule officiel et savait que la magie permettait d'augmenter l'espace intérieur.

C'est donc sans surprise qu'elle s'installa sur une banquette digne d'une limousine, entre Ron et Ginny. La portière claqua et la voiture s'ébranla. L'instant d'après, ils volaient.

— J'espère qu'on pourra s'asseoir là-bas, j'ai déjà mal aux pieds, se plaignit la rousse.

— Quelle idée de mettre des échasses pareilles, aussi, intervint son frère.

— J'ai pas besoin de l'avis d'un gars qui ne sait même pas faire un nœud correctement, s'insurgea-t-elle.

— Je sais très bien le faire d'habitude ! Ce truc doit être ensorcelé, je sais pas.

Hermione pouffa. Ils ne s'arrêtaient jamais ces deux-là. Étant fille unique, elle admirait la façon dont se comportait des frères et sœurs, avec leur drôle de relation en perpétuelle conflit mais qui transpirait l'amour par tous les pores.

— Quelle habitude ? continua Ginny. Tu ne sors jamais.

Harry, qui était en face d'eux, se pencha pour parler à Hermione.

— Mione ?

Interpellée, la brune se pencha à son tour, échappant à la querelle fraternelle.

— Oui ?

— Comment tu vas ?

Hermione fronça les sourcils.

— Je vais… bien, pourquoi ?

Harry remonta ses lunettes.

— Euh, tu sais, par rapport à la nouvelle de ce matin, dans le journal, je me demandais comment tu la prenais… On n'a pas trop eu le temps d'en parler.

— Oh. Ça.

— Oui, ça.

Hermione ne put se retenir de sourire devant l'air soucieux de son ami.

— Tout va bien, Harry, vraiment. Je… Je me sens soulagée.

Et c'était le cas de le dire, elle se sentait enfin libérée d'un poids. Apprendre la capture de Bellatrix Lestrange à la Une du journal était comme retirer l'épée de Damoclès au-dessus de la tête d'Hermione. Inconsciemment, elle avait toujours eu cette peur que la sorcière revienne pour finir ce qu'elle avait commencé au manoir des Malefoy. Mais désormais, elle ne pourrait plus lui faire de mal, et surtout, elle allait payer pour ses crimes. Son soulagement fut communicatif car Harry se réinstalla sur son siège, rassuré.

Une heure plus tard, ils arrivèrent au Ministère de la magie, puis au deuxième étage où ils pénétrèrent dans une somptueuse salle de réception.

Les murs étaient drapés de voiles noires où le M doré du ministère de la magie brillait fièrement au centre de chaque tenture. Sur la gauche, un banquet était érigé. Au fond, se trouvait une estrade et au centre de la pièce, se dressait une centaine de tables rondes, drappées de noir et d'or. Bon nombre des invités étaient déjà présents, tous sur leur trente-et-un. Ils reconnurent notamment Hagrid, dans son costume de velours marron, qu'ils saluèrent chaleureusement. Il était accompagné de la directrice de Beauxbâtons, Madame Olympe Maxime, et ils étaient placés à la table la plus au fond. Sans doute pour ne pas gêner la vue des autres sorciers avec leur grande taille.

Un homme habillé en serveur se présenta devant le groupe que composait les Weasley, Harry et Hermione, et les invita à le suivre. On les plaça sur une des tables, à quelques mètres de la scène. Ils regardèrent autour d'eux, ébahi. Hermione s'attarda sur les fresques du plafond, représentant plusieurs moments historiques du monde magique. Elle chercha à taton, le bras de son petit-ami.

— Ron, regarde ! C'est le duel qui a opposé Grindelwald et Dumbledore, autrefois. On peut même reconnaître la baguette de sureau.

Ron se pencha pour mieux voir ce qu'elle désignait.

— Ah oui.

Et il se remit droit, reprenant sa conversation avec Harry. Hermione resta dans sa contemplation, s'amusant à reconnaître chaque scénette jusqu'à ce que Kingsley Shacklebolt monte sur l'estrade, se plaçant devant le pupitre en son centre.

— Très chers sorciers, très chères sorcières, je vous souhaite la bienvenue à la cérémonie de remise des médailles.

Kingsley écarta les bras, et l'assemblée l'applaudit.

— La haute instance du ministère de la magie et moi-même avons décrété que certains d'entre vous ayant activement participé à l'effort de guerre méritaient une récompense, ou au moins, une distinction. Car le courage, le dévouement, ou l'ingéniosité doivent être reconnus à leur juste valeur. Sans vous, nous n'aurions pas réussi. Sans vous, Voldemort (un frisson parcourut la foule) n'aurait pas été terrassé. Sans vous, le monde comme nous le connaissions aurait péri. Sans vous, nous n'aurions pas gagné cette guerre. Alors, au nom du ministère et de la communauté magique, je vous dis merci !

Kingsley sourit, ses dents blanches éclatantes en contraste avec sa peau noire tandis qu'un nouveau tonnerre d'applaudissements éclatait dans la salle. Le ministre de la magie par intérim s'écarta doucement du pupitre pour laisser la place à une femme, tout en rondeur.

Les lumières se tamisèrent et tout le monde fut comme hypnotisé par cette sorcière. Ses lèvres rouges écarlates s'ouvrirent, prirent une grande inspiration et commencèrent à chanter. A capella, la femme récita l'hymne des sorciers avec force et émotion. Hermione était subjuguée.

Quand vint la dernière note puis que la femme se tut, il y eut un moment de flottement avant que les sifflements, les applaudissements et les cris ne fassent trembler les murs. La sorcière salua l'assemblée et s'éclipsa dans la pénombre.

— Elle a du coffre cette bonne femme, s'étonna Ron.

— C'était vraiment magnifique, renifla Molly.

La matriarche avait les larmes aux yeux, et s'essuyait les joues avec la serviette de table. Kingsley reprit sa place derrière le pupitre.

— Je vais maintenant appeler les héros et les héroïnes de guerre. Vous pourrez monter sur scène et je vous remettrez votre médaille. Valeria Abbott…

Une jeune femme, quelques tables plus loin se leva et alla rejoindre le ministre de la magie. Il lui épingla un petit rectangle doré sur la robe, et la salle l'applaudit.

— …Hermione Granger…

— …Ron Weasley…

Quand ce dernier reprit sa place à table, la petite médaille dorée accrochée à sa veste, Kingsley annonça la fin de sa liste. Ron et Hermione se tournèrent vers Harry, stupéfaits. Il n'avait pas été appelé. Mais ils n'eurent pas le temps d'en discuter car Kingsley enchaînait.

— Je crois maintenant qu'il est temps de remettre un prix un peu particulier. J'aimerais que Monsieur Harry Potter me rejoigne sur scène.

Mal à l'aise, Harry se leva de sa chaise. Arthur lui tapota le dos, un grand sourire aux lèvres et Molly se remit à pleurer. Le jeune sorcier monta sur les planches aux côtés du Ministre.

— Pour avoir mis fin à la guerre, pour avoir vaincu Lord Voldemort et pour votre bravoure…

Une tierce personne s'approcha avec un plateau en velours, Kingsley souleva alors une médaille, un cercle doré et gravé, auquelle pendait un ruban vert. Hermione plaqua sa main sur sa bouche. À son tour, les larmes lui montèrent aux yeux.

— … Je vous remets, à vous, Monsieur Harry Potter, l'Ordre de Merlin, première classe.

Il s'agissait de la plus haute distinction pour un sorcier. Il récompensait les sorciers ayant fait preuve d'acte de bravoure ou de distinctions exceptionnelles. Albus Dumbledore, lui-même, s'en était vu attribuer. Le Ministre accrocha alors l'épingle à la veste de Harry. Et tout le monde se leva dans un tonnerre d'applaudissements ! Hermione commençait à en avoir mal aux mains mais y mis quand même toute son énergie.

Quand Harry revint à leur table, Hermione et Ron le serrèrent dans leur bras.

— Bravo mon vieux !

— Tu le mérites tellement Harry !

Ils le lâchèrent et le sorcier pivota vers Ginny. Les amoureux s'embrassèrent alors, heureux.

— Félicitations mon amour !

Quand ils se séparèrent, se fut au tour de Molly et d'Arthur de le féliciter. Molly ne put s'empêcher de le serrer à l'en étouffer.

— Oh, Harry chéri, je suis si fière de toi ! Je suis fière de vous tous, sanglota-t-elle en s'adressant à tous les enfants.

Hermione essuya ses yeux d'un revers de la main, le sourire aux lèvres. Elle regarda alors Ron qui partageait sa joie. Leurs mains se cherchèrent et leurs doigts s'entrelacèrent.

Le reste de la soirée se passa dans la même effervescence. Un groupe de musique vint l'animer et le repas fut excellent. Tout le monde parlait avec tout le monde. Hermione et Harry discutaient avec une femme âgée, ancienne auror à la retraite, quand Ron vint les interrompre.

— Vous ne devinerez jamais ce qu'il m'est arrivé ! En fait, non ! Je ne vous dis rien, vous l'apprendrez en même temps que les autres !

Les deux amis échangèrent un regard perplexe mais ne se firent pas de soucis car, au vu du sourire béat qu'affichait Ron, c'était plutôt une bonne nouvelle.

Ils prirent congé de la sorcière âgée et rejoignirent les parents de Ron, en grande discussion avec Hagrid et Madame Maxime.

— Vraiment, ça nous ferait plaisir !

— C'est très gentil Arthur, mais je dois rejoindre mon école. La rentrée de Beauxbatons ne se préparera pas sans moi.

— La rentrée est dans un mois, Olympe… insista Arthur.

— Et je reviendrais voir mon Rubeus d'ici là, mais pour demain, le devoir m'appelle.

— Bon, bon… Et vous Hagrid ?

— Je ferais de mon mieux pour venir. Un peu de repos ne me ferait pas de mal.

— Comment se passe la rénovation du château ? s'enquit Molly.

— Ça avance, lentement. Il y a beaucoup de travail et la main d'œuvre rechigne un peu.

— Vous ne devez pas hésiter à les dénoncer si c'est le cas. Ce travail, c'est leur pénitence, ils doivent le réaliser.

— Oui, je sais, je sais. Mais certains d'entre eux étaient mes élèves…

— Il a bien trop grand cœur, mon Rubeus.

Hermione, qui écoutait jusque-là, ne put s'empêcher d'intervenir.

— Élèves ou pas, ce sont des mangemorts, des lâches et des assassins. S'ils ne vous écoutent pas, Hagrid, ils mériteront ce qui leur arrive.

Les visages se tournèrent vers elle tandis qu'elle serrait les dents. Hagrid devait veiller à la bonne application de la peine infligée aux pénitents sinon, la justice, déjà légère de l'avis de la sorcière, n'aura pas été rendue.

Hermione imaginait très bien Drago Malefoy, se prélassant dans l'herbe du parc, et envoyant valser Hagrid dès que celui-ci lui demander de l'aider un peu.

Le demi-géant adressa un air désolé à la sorcière:

— Je dis pas qu'ils font rien, je dis qu'ils le font pas avec assez d'entrain. T'en fais pas, Hermione, ils ont déjà ce qu'ils méritent. (Puis, se tournant vers les autres, il annonça:) Et Poudlard sera prêt à accueillir tous les élèves dès le mois prochain !

La sorcière hocha la tête, les lèvres pincées. Malefoy ne se prélassait peut-être pas dans l'herbe dans ce cas…

Ding, ding! Ron se leva, son verre à la main. Tous les sorciers autour de la table se turent.

C'était le lendemain de la cérémonie, Arthur et Molly avaient invité famille et amis à partager un repas et célébrer les honneurs que chacun avait reçu la veille. Ils avaient dressé la table à l'extérieur, dans le jardin. Le soleil se couchait doucement derrière la colline, diffusant une agréable lumière orangée et l'air gardait sa chaleur de la journée d'été.

— Je suis très content que vous soyez tous là car j'ai une annonce à vous partager.

Ron laissa une seconde de suspense et se racla la gorge. Hermione essuya ses paumes de main sur sa jupe. Pour une raison qu'elle ignorait, elle était stressée. Et si ce qu'il allait dire changeait leur vie ?

— J'ai été embauché pour travailler au ministère !

Hermione serra les poings, froissant le tissu de sa jupe.

— Comment ? Quand ?

Les questions fusèrent autour de la table. Arthur et Ginny étaient les plus enthousiastes à en apprendre plus.

Ron raconta alors comment il avait rencontré Phidigus Greenhall lors de la soirée de la veille. C'était un proche de Kingsley Shacklebolt et il faisait partie du ministère de la défense magique internationale (M.D.M.I). Ron expliqua que Monsieur Greenhall avait beaucoup entendu parler de lui et de ses amis (comme bon nombre de sorciers d'ailleurs), qu'il avait un poste de libre au sein de son service et qu'il pensait que le jeune sorcier, désormais héro de guerre, serait parfait pour celui-ci. Ron n'avait pas hésité une seule seconde avant de serrer la main de son interlocuteur pour lui signifier son accord.

Alors, Molly se mit à pleurer. Elle se leva et alla serrer son garçon dans ses bras.

— C'est merveilleux, je suis très fière de toi mon Ronald ! Oh, par Merlin ! Je pleure beaucoup trop ces derniers temps, si ça continue ainsi, je serais bientôt aussi sèche qu'un rat-bougri !

Hermione gloussa. Elle était heureuse pour son petit-ami mais le pincement qui serrait son cœur persistait. Si Ron travaillait au ministère, cela voulait dire qu'il ne finirait pas ses études à Poudlard, et donc, Hermione et lui ne passeront pas l'année ensemble.

Car Hermione, elle, comptait bien retourner à Poudlard. Elle n'avait pas obtenu ses ASPIC et il était impensable pour elle d'entrer dans le monde du travail sans avoir réalisé des études convenables. Elle aspirait même à quelques projets plus ambitieux que de réussir ses examens.

Harry aussi retournerait à l'école. Il souhaitait toujours devenir auror et voulait passer par les mêmes étapes que tout le monde pour obtenir son diplôme. Car ce n'était pas faute d'avoir eu des propositions d'emploi, mais le sorcier n'avait jamais eu l'impression de mériter de traitement de faveur. Une aberration pour Ron, qui avait toujours détesté aller en cours.

Par Merlin, elle ne pouvait empêcher la peur d'étreindre sa poitrine à l'idée d'une année de séparation.

Soudain, le bruit d'un moteur se fit entendre au-dessus d'eux. Hermione leva la tête pour voir atterrir une vieille moto. Au moment de l'impact, les roues s'enfoncèrent dans la terre meule sous le poids du motard. Arthur Weasley contourna la table pour accueillir le nouveau venu.

–– Hagrid ! Vous avez pu venir finalement ! Quel plaisir !

Harry, Ron et Hermione sortirent de table pour saluer chaleureusement leur ami.

— Désolé pour le retard, je n'arrivais pas à faire décoller cet engin, il doit y avoir un problème quelque part…

— Je peux jeter un œil si vous voulez, s'exclama tout de suite Arthur.

Il amorçait déjà un demi-tour pour retourner vers la moto mais Molly l'en empêcha :

— Arthur ! Nous allons passer à table, reviens t'asseoir ! (Puis, sur un ton plus doux:) Bienvenue Hagrid, je suis contente de vous voir.

Tout le monde se réinstalla à sa place. Hagrid prit le bout de table où une rondelle de tronc d'arbre avait été placée spécialement pour lui.

— Vous avez manqué la grande annonce, l'informa Bill, le frère de Ron.

— Vraiment ? Qu'est ce que c'est ?

— Ron a été embauché au ministère ! compléta Ginny.

— Tu aurais pu me laisser le dire, bougonna le principal concerné.

Ginny haussa les épaules.

— Bravo Ron, tu ne reviens pas à Poudlard alors cette année ?

— Non et c'est tant mieux ! Je préfère travailler qu'étudier.

Hermione observa son petit-ami à ses côtés: son grand sourire et ses joues rouges démontraient sa sincérité et son excitation.

Un gémissement plaintif fit soudain tourner toutes les têtes. Molly, qui se levait au même moment, se pencha vers le sol. Quand elle se releva, elle tenait dans ses bras un petit garçon aux cheveux bleus. Ted Lupin, à tout juste un an, commençait à pleurnicher. Molly et Andromeda, sa grand-mère, se penchèrent vers lui, un pli soucieux barrant leur front.

— Les enfants, allez chercher les plats dans la cuisine, lança Molly par-dessus son épaule.

Sans attendre, et parce qu'ils commençaient à avoir faim, Harry, Ron et Ginny, enjambèrent leur banc et se précipitèrent à l'intérieur. Hermione les suivit plus doucement. Quand elle entra dans la cuisine encombrée, ils se répartissaient déjà les plats. Chargé d'un saladier, Ron passa sous une guirlande d'ustensiles qui se rangeaient tout seuls.

— Vous imaginez ? Moi, travaillant au MDMI ? s'exclama le roux. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance.

— Ouais mon vieux, c'est vraiment cool, hocha Harry en évitant de justesse une casserole en lévitation.

Il avait pris deux bols de sauce dans ses mains.

— On est très content pour toi mais… hésita Hermione qui était restée sur le pas de la porte. Tu vas nous manquer à Poudlard.

Elle croisa le regard de Ron qui rougit.

— Parles pour toi, Hermione. Personnellement, j'aurais enfin des vacances. Une année entière sans aucun frère, le rêve !

— Eh !

Ron se libéra une main, attrapa une spatule en bois et la lança sur sa sœur qui s'enfuit en courant avec les assiettes de viandes.

— Quelle sale petite… marmonna Ron.

Hermione se décida à approcher du plan de travail et repéra une salade. Ron secoua la tête, s'approcha d'elle et posa sa main libre sur le dos de la sorcière.

— Vous allez me manquer aussi…

Les yeux larmoyants, Hermione se retourna sans prendre son plat et se jeta dans les bras de son petit-ami. D'abord surpris, Ron se débarrassa également de son saladier avant de l'étreindre.

Harry, resté en retrait, s'éclipsa sans rien dire.

Hermione laissa échapper un sanglot et Ron lui caressa doucement les cheveux.

— Ce n'est que pour une année… murmura-t-il.

— Oui… Mais tes ASPICS… tenta-t-elle.

— Tu sais que l'école c'est pas mon truc. C'est le tien.

Hermione souffla contre le torse du roux.

— Je sais… Je t'aime Ron.

— Je t'aime aussi.

Alors, elle le serra un peu plus fort avant de se détacher du sorcier. Hermione essuya ses yeux, reprenant contenance.

— Ça va bien se passer, assura Ron.

Hermione hocha la tête. Puis en se souriant, ils se saisirent des plats et quittèrent la cuisine.

— Santé !

— À Harry !

— Et à Ron !

Les verres tintèrent les uns contre les autres. D'un côté de la table, Percy et Arthur bombardaient de conseils le nouvel employé ministériel. Ron les écoutait avec une concentration fluctuante. Car à ses côtés, Harry, Hagrid, Bill et George chantaient des chansons paillardes. Ceux-là avaient bu un verre de trop.

De l'autre côté de la table, Fleur, Andromeda et Molly parlaient ménage sous l'œil ennuyé de Ginny, qui dodelinait de la tête. Hermione qui contemplait tout ce beau monde avec le sourire sentait également ses paupières s'alourdir. Alors elle se pencha vers son amie et lui tapota l'épaule.

— Je vais monter me coucher, tu viens Gin ?

— Hein ? Ah oui, oui.

Hochant la tête plus que nécessaire, Ginny se leva avec Hermione. Les deux jeunes filles souhaitèrent bonne nuit au reste de la famille et montèrent à l'étage. Mais avant qu'elle n'est pu rentrer dans la chambre de son amie rousse, une main attrapa la manche d'Hermione. Elle se retourna pour voir Ron, une marche en dessous d'elle. Elle jeta un œil par la porte et vit Ginny déjà affalé sur son lit. Discrètement, Hermione referma la porte.

Ron monta la dernière marche et le couple se retrouva face à face sur l'étroit palier.

— Je… Je voulais simplement te dire bonne nuit, rougit le rouquin.

Le visage levé vers lui, Hermione lui sourit.

— Eh bien, vas-y.

Ron se pencha et quand leur bouche ne fut plus qu'à un centimètre de distance, il murmura.

— Bonne nuit Hermignonne…

La seconde d'après, ils s'embrassaient. C'était doux, tendre. Ron posa ses mains sur les joues de sa partenaire tandis qu'elle enroulait ses bras autour de lui.

La porte à côté d'eux se rouvrit.

— J'ai oublié de me brosser les… Oups, pardon.

Mais le couple s'était déjà séparé, gêné.

— Dors bien.

Ron descendit les marches à la volée et disparut. Hermione souffla, elle se tourna vers son amie qui affichait un air penaud.

— Ne me regarde pas comme ça Gin, c'est moi qui devrait m'excuser que tu ais à voir ça.

— Oh t'en fais pas ! Je me dis que ça doit être pire pour Ron quand il me voit embrasser Harry !

Les deux sorcières éclatèrent de rire tout en rentrant dans la salle de bain.

Le lendemain, Hermione était en train de lire sur le canapé défoncé du salon quand une petite chouette commune toqua contre la fenêtre. C'était la livraison du journal quotidien. Elle lui donna deux mornilles et alla se réinstaller à la place qu'elle venait de quitter.

Au même moment, Ron entra dans la pièce et se jeta à ses côtés.

— C'est celui d'aujourd'hui ? Tu pourras me faire un résumé ?

Hermione hocha vaguement la tête et commença sa lecture. Elle arrivait au milieu de l'exemplaire quand son cœur loupa un battement.

" Bellatrix Lestrange : rongée par les remords ou les regrets ?

Ce matin, nous annonçons la mort de la plus célèbre des tueuses : Bellatrix Lestrange. Connue pour être une fidèle partisante de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, la sorcière se serait pendue cette nuit, dans sa cellule à Azkaban. Alors est-ce par remord de tout…"

Ne prenant pas la peine de lire le reste, Hermione se leva et déchira le journal en deux. Puis en quatre. Ron se redressa, soucieux.

— Des mauvaises nouvelles ?

— Cette garce ! Même pas capable d'assumer !

Elle déchira encore le journal.

— De qui tu parles ?

— De Bellatrix, Ron ! Elle est morte, elle s'est pendue !

— Et ? Je ne comprends pas pourquoi tu te mets dans un état pareil…

Hermione déchira une nouvelle partie du journal.

— Bien sûr que non tu ne comprends pas, tu ne comprends jamais rien, Ron.

— Eh ! Je te permet pas !

Mais Hermione continuait de déchirer chaque page, une par une, marmonnant dans sa barbe. Alors Ron quitta la pièce, vexé.

— Ce n'est qu'une lâche… Elle était punie et voilà… Si l'enfer existe, j'espère qu'elle y brûle à petit feu…

Le journal était désormais réduit à des confettis entre ses mains et à ses pieds. Elle ramassa le plus gros et balança les restes dans la cheminée éteinte. Elle resta un moment à fixer les minuscules bouts de papier tout en massant son avant-bras gauche. Les boursouflures de sa cicatrice lui paraissaient énormes sous la pulpe de ses doigts. Cette horrible femme n'avait pas su assumer jusqu'au bout tout le mal qu'elle avait causé. Comment Hermione était-elle censée la haïr maintenant qu'elle était morte ?

— Hermione ? Hermione ? Ah ! Tu es là !

La sorcière sortit de ses pensées pour se tourner vers Harry qui venait d'arriver dans le salon.

— Est ce que tu saurais pourquoi Ron est devenu grognon tout à coup ?

Hermione fronça les sourcils, se remémorant la scène quelques minutes plus tôt. Il était de bonne humeur, puis elle avait vu cet article et… Oh ! Par Merlin ! C'était de sa faute. Ni une ni deux, elle partit à la recherche de son petit ami. Elle le retrouva dans le jardin. Il donnait des coups de pieds dans les gnomes pour les envoyer dans le champ d'à côté, les mains enfoncées dans les poches de son bermuda.

— Ron ? demanda Hermione, hésitante.

— Hm, grommela-t-il.

— Je… Je crois que je te dois des excuses. Mes mots ont dépassé ma pensée…

Elle se planta face à lui et afficha la moue d'excuse la plus mignonne qu'elle puisse faire.

— Vraiment ?

— Oui… Excuses-moi.

Alors Ron roula des yeux et l'attira à lui pour la serrer dans ses bras.

— T'es vraiment bizarre des fois.

Hermione tiqua mais ne releva pas. C'était elle qui avait commencé après tout…