corrections du 14/08/24:

La première publication a été remplacée par celle-ci, des éléments narratifs ont été rajouté pour une meilleure compréhension de la suite.

À ce jour, 6 chapitres sont écrits et en cours de correction.

Chapitre 1

Dans cette ruelle londonienne, les ombres dansaient avec une intensité presque palpable, projetées par les réverbères vacillants qui parsemaient le chemin de leur lueur ténue. Leurs faisceaux jaunâtres découpaient des motifs irréguliers sur les murs de briques délabrés, créant un dédale d'ombres mouvantes d'où le danger pouvait surgir à chaque tournant. Le froid de la nuit s'infiltrait dans les os, une morsure insidieuse qui semblait imprégner chaque pierre de la ruelle. Une fine bruine glaciale tombait du ciel, transformant les pavés en un miroir sombre et glissant, reflétant les éclats fugaces de lumière des réverbères. Les gouttes de pluie tombaient des toits avec une régularité monotone, comme le tic-tac d'une horloge, ajoutant une tension palpable à l'atmosphère déjà chargée de suspense.

Les pavés humides étouffaient les pas précipités de Harry Potter, désormais adulte et Auror renommé. Sa baguette magique était prête, luisante dans la lueur faible des réverbères vacillants. Il avait reçu des informations concernant une activité suspecte dans cette zone et avait été dépêché pour enquêter. Harry sentait le froid s'infiltrer à travers ses vêtements, une sensation qui semblait se mêler à l'adrénaline grandissante dans son cœur. Chaque expiration formait un nuage de vapeur dans l'air frisquet, témoignant de la lutte incessante entre la chaleur de sa propre vie et les ténèbres menaçantes.

Au loin, le grondement sourd de la ville en pleine activité résonnait faiblement, un rappel constant du monde extérieur qui continuait de tourner, ignorant les dangers qui rôdaient dans les ruelles sombres de Londres. Mais ici, dans ce coin oublié de la métropole, seuls le murmure de la pluie et le cliquetis lointain des réverbères brisaient le silence oppressant, soulignant l'isolement dans lequel Harry se trouvait face à son adversaire introuvable. On avait signalé au service des Aurors plusieurs attaques mortelles, laissant des cadavres déchiquetés. La presse moldue parlait d'une guerre de gangs, mais dans les couloirs du Ministère on chuchotait qu'une créature magique ou un sorcier maléfique pouvait être à l'origine de ces meurtres.

Harry avança dans une ruelle sordide, baguette à la main. Soudain, une silhouette sombre émergea des ténèbres, se mouvant avec une agilité déconcertante. Avant qu'Harry ne puisse réagir, l'assaillant était sur lui, sa vitesse et sa force écrasant les défenses de l'Auror. Il sentit une première douleur, telle une forte brûlure sur son épaule. Avec un effort surhumain, Harry réussit à se dégager. Des sortilèges fusèrent dans l'air, éclairant brièvement la ruelle de leurs éclats colorés, mais l'ennemi les esquivait avec une facilité déconcertante. Alors qu'Harry luttait vaillamment, il réalisa trop tard la nature de son adversaire. Les dents acérées du Vampire s'enfoncèrent dans sa chair, arrachant un cri de douleur à l'Auror. Malgré ses efforts pour se débattre, la morsure était profonde, son propre sang était aspiré avec avidité. La bataille fit rage dans l'obscurité, mais Harry se sentit faiblir, sa vision se brouillant tandis que la vie le quittait peu à peu. L'agresseur, satisfait de sa victoire, se recula et le toisa de toute sa hauteur avant de s'accroupir devant sa victime. Harry tenta de bouger mais son corps lui semblait beaucoup trop lourd… Il entendit le ricanement du Vampire avant de sentir quelque chose de chaud et poisseux avec un goût de fer être placé sur ses lèvres. L'Auror toussa alors que le liquide se répandait dans sa bouche… Cela ne dura que quelques secondes avant que le Vampire ne se retire dans les ténèbres, laissant Harry agonisant sur le sol froid de la ruelle.

Des heures passèrent avant qu'une équipe de secours ne découvre Harry, gisant dans une mare, mélange de la pluie et de son propre sang. A la découverte des deux trous sur sa gorge et des veines noires sur son cou et son visage, ses collègues décidèrent de ne pas l'emmener à l'hôpital et de le transporter le plus rapidement possible, directement dans leur propre infirmerie. L'un d'eux transplana pour alerter leur medicomage et quelques secondes plus tard le jeune guérisseur apparut près de son patient. Il se pencha immédiatement sur le corps allongé et se jeta sans hésitation dans la lutte pour la survie de l'Auror. Harry, victime d'une violente fièvre, sentait la présence du Vampire dans son esprit, son sang maudit menaçant de le consumer de l'intérieur.

"Face-de-Serpent ne t'a pas tué, c'est pas une chauve-souris enragée qui va y parvenir, Potter", gronda le guérisseur.

Le guérisseur passa plus d'une heure à tenter de sauver Harry, utilisant toutes ses compétences et ses connaissances pour contrer les effets dévastateurs de la malédiction vampirique. Il administra des potions puissantes, prononça des incantations complexes et tenta même des sortilèges de guérison avancés, mais chaque tentative se heurtait à la force implacable du "venin". Le temps était compté, il le savait. Les autres Aurors l'observaient faire en silence, impuissants face à la fatalité de la situation. À mesure que les minutes s'écoulaient, la lueur d'espoir dans les yeux du guérisseur commençait à s'estomper, remplacée par une sombre résignation. Malgré tous ses efforts, il devait faire face à une terrible réalité : le don des Ténèbres était plus fort que tout ce qu'il pouvait lui opposer.

Épuisé et désemparé, le guérisseur se retrouva confronté à un choix déchirant. Il savait que le temps pressait, que chaque instant comptait dans la lutte pour la vie de Harry. Mais face à la puissance du sang vampirique, il ne voyait que deux options désespérées. Il soupira avant de lever les yeux du corps interne sur sa table pour regarder ses collègues. Il leur dit alors d'une voix neutre qu'ils pouvaient laisser Harry ainsi et le regarder mourir dès le lever du jour, consumé par les rayons du soleil. Ou il pouvait l'emporter et l'enterrer, laissant ainsi la malédiction vampirique finir son œuvre. Le plus ancien des Aurors souffla, rappelant dans un murmure qu'il parlait d'Harry Potter. Ils ne pouvaient pas le laisser mourir comme ça. Finalement, la décision fut prise dans le tumulte de l'urgence. Avec une détermination résolue, le guérisseur prit Harry dans ses bras et transplana loin de son bureau, loin des regards indiscrets et des jugements inévitables.

Arrivant devant un vieux château enveloppé de mystère, le guérisseur franchit les portes avec un lourd fardeau dans les bras. À l'intérieur, les murs résonnaient des murmures du passé, tandis que l'ombre de sa famille semblait flotter dans les couloirs sombres. Avec précaution, le guérisseur déposa Harry sur le vieux canapé d'un des grands salons du rez-de-chaussée, où la lumière pâle de la lune filtrait à travers les rideaux défraîchis. Le souffle faible de l'Auror semblait à peine audible dans le silence oppressant de la pièce, tandis que le guérisseur contemplait sa décision avec une solennité grave. C'était un acte de désespoir, le dernier recours face à l'inexorable marche de la mort. Mais c'était aussi un acte de foi, une tentative audacieuse de défier le destin et de lutter contre les forces de l'obscurité. Un crac sonore se fit mais le guérisseur ne réagit pas.

"Le jeune maître a un invité," fit la voix criarde de son elfe de maison.

"Va dans la crypte et ouvre la tombe la plus profondément enterrée que tu trouveras," ordonna le guérisseur.

- Il s'agit de la tombe de Dame Miranda Nott, maître.

- Parfait, elle doit être vide depuis le temps.

"Oui, maître."

L'elfe disparut dans le même son qu'il était apparu. Ainsi, dans l'ombre du château familial des Nott, la bataille pour la survie de Harry continua, alors que le guérisseur se préparait à affronter les ténèbres qui menaçaient de les engloutir tous les deux. Cette fois, le guérisseur fit léviter le corps inerte de son patient et le conduisit jusqu'à l'entrée de la crypte, sous les regards des tableaux de ses ancêtres. Il le déposa soigneusement dans la tombe ouverte puis ordonna à son elfe d'apporter un mouton du cheptel voisin. Lorsque cela fut fait, le guérisseur scella magiquement l'entrée de la crypte. Personne ne devait ni entrer ni sortir tant que Harry Potter ne serait pas sous contrôle.

Le jeune guérisseur se tenait devant les lourdes portes de chêne qui menaient au sous-sol de son château ancestral, là où chaque membre de sa famille reposait pour l'éternité. Il sentit un frisson lui parcourir l'échine alors que les hurlements et les coups sur le bois massif troublaient le silence funèbre qui régnait dans cette partie de la bâtisse, vieille de plusieurs siècles. La créature enfermée à l'intérieur se déchaîna avec une fureur sauvage pendant de longues minutes avant que le silence ne reprenne ses droits, laissant seulement résonner l'écho de ses propres pas dans le corridor. Théodore Nott enfila le long manteau en peaux de bêtes qui avait été transmis de génération en génération dans sa famille, puis il ouvrit lentement les portes de la crypte. Un voile trouble marquait l'entrée qu'il avait scellée la veille par un puissant sortilège, un mélange de magie, de poussière et de désespoir, qui semblait annoncer les ténèbres qui régnaient à l'intérieur. Il passa à travers ce voile avec une hésitation palpable, jetant immédiatement une poche rouge sur le sol de pierre humide. Une ombre s'abattit sur elle avec avidité, s'emparant du contenu avec une voracité insatiable.

"Bonsoir Harry," fit le guérisseur d'une voix calme, tandis qu'il enjambait le cadavre du pauvre mouton qui gisait à ses pieds "Je me suis dit que le mouton avait un goût particulier.

- Que s'est-il passé ?" questionna une voix rauque, teintée d'inquiétude... "Quelle est cette potion ?

- Il y a eu… Un accident. Tu as été attaqué.

- Qu'est-ce que je fais ici ?

- Tu pourras sortir lorsque tu ne seras plus un danger," répondit le guérisseur.

"Théodore, dis-moi ce qu'il s'est passé."

Le jeune homme soupira avant d'allumer une torche accrochée au mur près de lui. Les flammes ronronnèrent avant d'éclairer les alentours. L'Auror se tenait accroupi au pied d'une colonne, la moitié basse du visage et le cou tachés par le sang de l'animal sacrifié. Son teint était devenu plus pâle, ses yeux d'émeraude autrefois cachés derrière d'affreux verres étaient d'un rouge vif. Théo distingua les lunettes abandonnées sur le sol poussiéreux.

La malédiction vampirique avait accompli ce qu'elle faisait toujours : elle avait voilé sa nature terrifiante derrière le charme enivrant d'une beauté sensuelle. Harry Potter n'avait jamais été réellement laid. Même dans ses premières années à Poudlard, malgré ses vêtements d'occasion et ses lunettes peu flatteuses, son regard d'émeraude et sa crinière rebelle lui conféraient un charme indéniable. Les épreuves du Quidditch et les tourments qui semblaient le poursuivre année après année avaient sculpté son corps, lui donnant une allure athlétique et dynamique. Et le temps n'avait en rien altéré la splendeur de ce jeune homme, autrefois un fier Gryffondor. Pourtant, depuis qu'il avait été marqué par la malédiction vampirique, quelque chose avait changé en lui. Une aura envoûtante s'était emparée de ses traits, amplifiant leur magnétisme naturel. Sa peau semblait plus pâle, presque luminescente, contrastant avec ses cheveux sombres comme la nuit. Ses yeux, jadis vifs, brillaient désormais d'une lueur mystérieuse, captivant quiconque croisait son regard malgré leur teinte écarlate. La transformation avait sublimé sa beauté déjà remarquable, lui conférant une allure surnaturelle, à la fois envoûtante et troublante.

Théodore Nott déglutit avant de s'avancer d'un pas et de se baisser pour être à la hauteur de son collègue et ancien camarade de classe. Il sentait son cœur battre étrangement vite contre sa poitrine. Le jeune Vampire tressaillit, son regard se baissa comme pour observer le torse de Théodore. Celui-ci sortit de son lourd manteau une autre poche qu'il jeta à nouveau en direction de l'Auror. Celui-ci l'attrapa au vol et déchira de ses dents le plastique pour en boire le contenu.

"Tu as été attaqué par un Vampire. Les autres m'ont prévenu dans la journée : tes collègues ont fini par le retrouver, carbonisé par le soleil. D'après les dernières constatations, il était enragé, infecté par la folie de l'Éternité.

- Ca n'explique pas ce que je fais là," gronda l'Auror. "Et quelle est cette puanteur ?

- Pour l'odeur, un mélange entre mon odeur naturelle et celle du manteau, peau de lycanthropes. Les Vampires détestent cette odeur.

- Je ne comprends rien, et pour le reste ?

- Le Vampire t'a mordu et contaminé, Harry," annonça d'un ton neutre Théodore. "On ne pouvait pas te laisser mourir.

- Oh, par la barbe de Merlin," jura le brun en comprenant les paroles du guérisseur.

Harry fut pris de vertiges devant cette révélation. La réalité de sa condition commença à s'abattre sur lui comme un couperet. Il comprenait maintenant pourquoi il s'était réveillé dans cette crypte lugubre, couvert de sang et enfermé dans les ténèbres de la mort. Le sang vampirique avait changé sa vie à jamais, le condamnant à une existence de prédateur dans les ténèbres de la nuit. Pour la troisième fois de son existence, il venait de vaincre la mort. Ses jambes cédèrent sous lui et il tomba sur les fesses. Il jura de manière plus vulgaire, se tirant les cheveux en répétant sans cesse le mot "non". Théodore fit un autre pas vers lui mais Harry se redressa subitement et se mit alors à faire les cent pas. Le guérisseur se releva à son tour. Il finit par lui intimer l'ordre de se calmer. L'Auror se tourna vers lui.

"Tu ne comprends pas : je ne peux pas être un Vampire. Comment je vais faire avec Teddy à garder et élever ? Oh par Godric, où est-il ?" questionna subitement le brun.

"Le chef de service l'a envoyé chez Mme Weasley, on leur fait croire que tu as été affecté à une mission secrète.

- Je dois les voir ! Je dois parler à Ron et Hermione…

- Hors de question," fit Théodore. "Si je suis ici, c'est uniquement parce que je suis sûr que mon sang contaminé n'intéresse pas le prédateur que tu es devenu. Mais je me méfie assez pour porter également une peau de garou," indiqua Théodore. "Tu ne pourras pas les voir tant que tu ne seras pas sous contrôle.

- Mais ça prendra des semaines !" s'exclama Harry. "Attends, tu as dit sang contaminé ?

- Longue histoire.

- J'ai techniquement toute l'éternité grâce à toi," fit le Vampire, pince-sans-rire.

- Je te fais la version courte : Mon père était stérile, il ne voulait pas adopter un orphelin ou un bâtard. Il a joué avec la magie noire, il a gagné tout en sacrifiant une vie innocente : je suis né, ma mère est morte.

- Tu es né grâce à la magie noire ?" s'étonna Harry.

"Pourquoi tu crois que je suis si doué pour la manipuler lorsque vous m'en apportez des échantillons ? Bref, on est censé parler de toi.

- As-tu au moins un plan ?" demanda le Vampire.

"T'enfermer ici, te nourrir de moutons et potions de sang dans un premier temps.

- Donc tu improvises," comprit Harry.

"J'assume la décision que j'ai prise de ne pas te laisser crever.

- Fais que ça en vaille la peine," soupira le jeune Vampire.

"Je sais que c'est difficile à accepter, Harry," dit-il d'une voix calme. "Mais tu n'es pas seul. Nous trouverons un moyen de t'aider à contrôler cette nouvelle réalité.

- J'ai encore soif," fit l'Auror devenu Vampire.

Le guérisseur soupira, promettant de revenir avec d'autres poches. La magie pouvait imiter le sang humain mais cela demandait du temps et ne calmait pas entièrement les instincts des Vampires. Et voler de véritables poches de sang aux hôpitaux moldus était totalement illégal. Théodore savait qu'il devait trouver rapidement une solution pour maintenir la bête, le prédateur que son collègue était devenu.

Les jours et les nuits passèrent. Théodore était exténué entre ses heures de travail au Ministère et celles passées devant son chaudron à tenter d'améliorer la potion de sang. Malgré ses efforts acharnés, Théodore se rendit compte avec un sentiment de désespoir croissant que ses talents de potionniste et de guérisseur, l'un n'allant pas sans l'autre, ne suffisaient pas à contenir les instincts primaires de Potter, devenu Vampire. Chaque nuit, le jeune Auror se nourrissait de plus en plus voracement, dévorant non seulement des moutons sacrifiés, mais aussi des poches de sang synthétique en quantités alarmantes. La faim insatiable et l'impulsion de chasser ne faiblissaient pas, malgré toutes les potions et les sortilèges qu'il avait essayés.

Face à cette réalité brutale, Théodore comprit qu'il n'avait d'autre choix que de fournir à son collègue Auror des proies humaines pour satisfaire son appétit grandissant. Pourtant, cette décision allait à l'encontre de tout ce en quoi il croyait, sur le plan éthique. Cependant, il savait qu'il devait trouver une solution pour maintenir Harry sous contrôle et protéger la société magique de la menace qu'il représentait désormais. De plus, il savait que l'Auror se languissait du petit Teddy, dont il avait normalement la charge à mi-temps depuis que l'état de santé de Mme Tonks s'était détérioré.

Ainsi, dans l'ombre de son château ancestral, Théodore se lança dans une quête sombre et troublante. Il choisit de partir à la recherche de criminels moldus, des individus dont la disparition ne serait pas remarquée, pour les amener chaque soir dans sa crypte et les offrir en sacrifice à Harry. C'était une décision qu'il prenait avec un cœur lourd, mais il n'avait d'autre choix que de se plier aux nécessités sombres de la situation. Les Vampires étaient des prédateurs, le sang humain était leur principale source de nourriture et l'origine même de leurs pouvoirs. Ils pouvaient combler parfois avec des animaux et des potions mais en faisant cela, Théodore ne retardait que l'inévitable. Il ne fallait surtout pas que l'ancien Gryffondor s'attaque accidentellement à un humain.

Les cris étouffés des victimes résonnaient dans la crypte, mêlés au son des grognements de Potter alors qu'il cédait à ses instincts prédateurs. Théodore écoutait avec un mélange de dégoût et de fascination, sachant qu'il avait choisi ce chemin pour sauver la vie de son ancien camarade de classe, mais réalisant aussi que cela le plongeait dans les ténèbres d'une moralité compromise. Pourtant, malgré les sacrifices, Théodore continuait ses recherches, déterminé à trouver une solution permanente et plus humaine pour aider l'Auror à retrouver une certaine forme de contrôle sur sa nouvelle nature vampirique. Il passait de longues heures à lire des ouvrages sur les Vampires, parfois dans l'ancienne bibliothèque, véritable trésor en matière de grimoires relatifs à la magie noire, parfois dans la crypte en compagnie du jeune Vampire.

Dans la pénombre étouffante de la crypte, Théodore se plongeait dans les pages jaunies des grimoires anciens, cherchant avidement la moindre parcelle de connaissance sur les Vampires. Les lueurs vacillantes des chandelles dansaient sur les murs de pierre, créant une ambiance mystique qui enveloppait les deux hommes dans un halo de secrets et de mystères. Il était pourtant déconcertant de se rendre compte que beaucoup de ces ouvrages démontraient seulement que les sorciers ne s'étaient jamais réellement intéressés aux Vampires. Aucun auteur n'avait vraiment la même version des autres, lorsque l'un affirmait une chose, un autre affirmait le contraire…

Alors que Théodore tournait fébrilement une page, le bout de son doigt glissa sur le bord tranchant du papier, lui entaillant la pulpe. Un frisson de douleur le traversa, mais avant même qu'il ne puisse réagir, une présence furtive se glissa à ses côtés. C'était Potter, les sens aiguisés du jeune Vampire avaient capté ce signe de faiblesse et la couleur rouge de sa nourriture. Sans un mot, Harry saisit délicatement le poignet de Théodore, ses gestes empreints d'une étrange tendresse mêlée à une urgence fébrile. D'une pression ferme mais douce, il porta le doigt blessé à ses lèvres, suçant doucement le sang qui perlait.

Le goût du sang, altéré par une sorte de malédiction invisible, était une expérience déconcertante. Loin de l'essence métallique habituelle, il était empreint d'une amertume écœurante, comme si chaque goutte de sang dans les veines de Nott était chargée d'une corruption sourde et nauséabonde. C'était comme boire un breuvage empoisonné, une sensation qui glaçait les sens et qui s'accrochait à la gorge comme un venin insidieux. Mais malgré la sensation désagréable qui imprégnait sa langue, Harry ressentit une étrange excitation l'envahir, faisant battre son cœur avec une intensité nouvelle.

Il détourna le regard de la plaie refermée, pour se plonger dans les yeux de Théodore. Les joues de son collègue s'étaient teintées d'un rose délicat, la respiration légèrement hachée par l'émotion et la surprise. Dans cet instant suspendu, Harry réalisa soudainement la nature sensuelle de la scène qui se déroulait entre eux. Le Vampire se recula vivement, s'excusant platement et fuyant soudain le regard étonné du guérisseur.

" Tu as sucé mon doigt…

- Tu as raison," renifla Harry pour faire diversion. "Le goût est abject…"

Le jeune Vampire toussota en retournant près du grimoire qu'il lisait. Il tenta de se concentrer mais le bruit des battements cardiaques du sorcier était comme celui d'un tambour à ses oreilles. Levant le vieil ouvrage pour cacher son visage, il huma l'air et fut surpris de ne pas sentir de peur provenant du guérisseur. Nott aurait dû être effrayé mais son odeur s'était légèrement sucrée, devenant ainsi moins désagréable pour son odorat de Vampire. Celui-ci ne put s'empêcher de sourire, satisfait à l'idée de ne pas être un monstre aux yeux de l'ancien Serpentard.

Après plusieurs nuits à lui fournir des victimes humaines, Théodore vit enfin une amélioration de la situation. Les corps étaient moins dégradés, Potter attaquait moins dans la hâte. Et surtout, il était plus vite rassasié, au point que sa dernière victime était encore vivante lorsque le petit jour se leva. Théodore le trouva agonisant et l'acheva sans hésitation : personne ne devait sortir de son château au risque d'alerter l'opinion publique, surtout lorsqu'il s'agissait d'un moldu appréciant d'un peu trop près les petites filles. Jetant le cadavre dans la vieille forge ronronnante du château, Théodore inspira longuement. Il était temps de faire sortir Potter de la crypte et de lui laisser un peu plus de liberté sur son domaine.

Lorsqu'Harry ouvrit les yeux au crépuscule, la crypte semblait retenir son souffle, attendant avec une anxiété palpable le réveil du prédateur qui reposait à l'intérieur. Les rats, maintenant habitués à l'arrivée du Vampire, se pressaient pour quitter les lieux, leurs couinements ajoutant une note discordante à l'atmosphère déjà chargée de tension. Mais parmi ces bruits familiers, Harry perçut quelque chose d'inhabituel : le battement irrégulier d'un cœur. Nott était toujours très calme quand il était présent à son réveil et il prenait soin d'assommer les proies qu'il lui présentait. Intrigué, il poussa le couvercle de son cercueil, s'attendant à trouver un humain endormi, mais fut surpris de découvrir la petite silhouette tremblante d'un elfe de maison. Il grimaça, révélant ses crocs : ce n'était pas une proie à mettre à son menu. La créature tremblante s'inclina lorsqu'il s'avança.

"Bonsoir, Harry Potter. Le maître a envoyé Vitali guider Harry Potter hors de la crypte.

- Hors de la crypte ?

- Le maître pense qu'Harry Potter sait désormais se contrôler et donne accès à Harry Potter à son domaine. Le maître vit seul ici avec Vitali et les autres elfes. Le maître a prévu un dîner pour Harry Potter."

Harry inclina la tête sur le côté. Il était surpris par l'initiative de son ancien camarade de classe mais se rappela les progrès qu'il avait lui-même notés : il ne se réveillait plus avec une soif incontrôlable, son instinct ne lui criait plus de tuer. Nott avait dû le remarquer et lui offrait sa confiance. Harry renifla en se demandant mentalement qui pouvait faire confiance à un Vampire ? Ses sens de créature de la nuit se mirent alors en alerte : deux cœurs humains battaient à l'étage, l'odeur âcre de Nott se mélangeait à une odeur plus… alléchante. Harry déglutit.

"Si Harry Potter veut bien suivre Vitali," fit l'elfe de maison en reculant vers les portes de la crypte.

Harry acquiesça avant de suivre silencieusement l'elfe. Ses pas étaient tels ceux d'un félin, sans bruits sur les dalles en pierre puis sur le vieux parquet centenaire. Le rez-de-chaussée était à l'image du domaine : imprégné de siècles de magie et d'histoire. L'escalier principal, majestueux et usé par le temps, était à lui seul l'emblème de l'ancienne demeure. En entrant dans le vaste salon, Harry fut frappé par l'ambiance à la fois sinistre et grandiose qui régnait dans la pièce. Une immense cheminée crépitait joyeusement, répandant une chaleur réconfortante dans l'air froid de la nuit. Les bougies disposées sur d'imposants lustres illuminaient les murs, révélant des têtes d'animaux empaillés et des tapisseries médiévales qui témoignaient également du passé mouvementé du château. L'elfe de maison s'arrêta à l'entrée, murmurant à Harry de se contenir. Puis il disparut, laissant Harry s'avancer jusqu'aux larges canapés où Nott discutait avec un homme d'une cinquantaine d'années. L'homme pâlit en voyant Harry, son cœur s'emballa. L'ancien Auror plissa le nez, l'odeur de la peur attaquant ses narines.

"Harry, très cher !" salua le guérisseur. "Je me suis permis d'inviter Monsieur Quenns à se joindre à nous pour le dîner. J'ignore si tu as eu le plaisir de faire sa connaissance ?

- Ce monsieur m'est inconnu," répondit Harry en prenant place à côté de l'homme.

"Oh, quel dommage," soupira faussement Nott. "Monsieur Quenns travaille au Ministère, dans le service qui gère la localisation des jeunes nés moldus.

- Oh, un travail fort intéressant et important pour notre communauté," fit Harry, jouant le jeu de son ancien camarade de classe.

"Oui, très important surtout pour les Rafleurs de Voldemort, n'est-ce pas Monsieur Quenns ?

- J'ignore de quoi vous parlez," se défendit l'homme.

Mais son odeur avait empiré et les battements de son cœur trahissaient la panique qui s'installait en lui. Harry serra les dents, sentant ses canines sortir derrière ses lèvres.

"Bon appétit, Potter," souhaita Nott.

C'était le signal qu'Harry attendait. Avec une vitesse fulgurante, il attrapa l'homme et plongea ses crocs dans sa chair, savourant le liquide chaud qui coulait dans sa gorge. L'homme se débattit un peu avant de sombrer dans l'inconscience. Le Vampire but jusqu'à apaiser sa soif. Lorsqu'il retira ses crocs, il pouvait entendre le rythme cardiaque faible de l'homme. Il repoussa le corps inconscient et se tourna vers Nott. Celui-ci affichait un sourire confiant.

"Morsure propre, pas une seule goutte sur mon canapé et victime encore vivante," énuméra le Serpentard. "Je suis fier de toi.

"Fait moi plaisir : brûle le encore vivant.

- Le Balafré de Poudlard n'aurait jamais dit une chose pareille," ricana Nott.

"J'étais encore trop innocent à cette époque. Ose me dire qu'il ne le mérite pas.

- Je tiens trop à ma vie pour te contredire," affirma Nott. "Vitali a dû t'informer que le château et le domaine te sont désormais ouverts.

- C'est gentil de ta part.

- Je suis un homme civilisé, très cher. Une chambre a également été préparée : rideaux occultants et fenêtres enchantées pour ta sécurité lorsque le jour sera levé.

- Quand pourrais-je revoir mes amis et Teddy ?" questionna Harry.

- Quand nous serons tous les deux certains que tu ne représentes aucun danger. Je m'en voudrais si un accident survenait en présence du gamin."

Harry acquiesça, comprenant les préoccupations de Nott pour sa sécurité et celle de son entourage. Il savait que l'ancien Serpentard faisait de son mieux pour l'aider à s'adapter à sa nouvelle condition, mais il comprenait également que c'était à lui-même de faire les efforts nécessaires pour gagner la confiance de Nott et avoir la chancede revoir ses amis et sa famille.

"Je comprends, Théodore," répondit Harry d'une voix calme, mais déterminée. "Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour prouver que je suis digne de leur confiance. Je ne veux pas mettre en danger Teddy, ni aucun de mes amis."

Nott hocha la tête, appréciant la résolution dans les paroles de Harry.

"Je n'en doute pas, Harry," répondit-il avec un léger sourire. "Je sais que tu feras ce qu'il faut. En attendant, tu restes le bienvenu ici, dans mon domaine. Tu ne pourras pas en sortir pour le moment mais tu pourras chasser le cerf ou le sanglier, ça occupera tes nuits… Prends le temps dont tu as besoin pour te sentir à l'aise et en sécurité."

Harry remercia Nott d'un signe de tête et se leva pour quitter la salle, déterminé à faire tout son possible pour reprendre le contrôle de sa vie. Alors qu'il montait l'escalier menant à sa chambre, guidé par Vitali, il sentit un mélange complexe d'émotions l'envahir : la gratitude envers Nott pour son soutien, mais aussi l'urgence de rétablir les liens avec ses proches. Le rire du petit Teddy lui manquait. Les soirées à écouter les matchs de Quidditch sur la vieille radio des Weasley …

Une fois dans sa chambre, Harry s'installa sur le lit, laissant ses pensées vagabonder. Il savait que le chemin à parcourir serait difficile. Il ferma les yeux et laissa ses nouveaux sens vampiriques contrôler l'endroit. Il entendit Théodore se mettre à table et dîner en compagnie de ses elfes de maison. Chaque petite créature lui racontait sa journée, le jeune homme oubliant l'espace d'un instant qu'il était seul dans cet immense château. Puis vint l'heure de la douche. Harry capta la chaleur de l'eau et devina que leurs chambres étaient séparées par deux autres pièces. Nott alla ensuite se coucher et tout devint calme.

Alors qu'Harry laissait ses sens vampiriques explorer leur nouvel environnement endormi, il ne put s'empêcher de ressentir une pointe de tristesse pour Théodore. Le jeune hommepourtantbeau, riche et doué, semblait vivre dans une solitude étouffante, seulement accompagné de ses serviteurs elfiques. L'image de Théodore dînant seul, écoutant les récits de ses elfes de maison comme pour combler le vide de sa solitude, revenue dans son esprit, suscitait en lui une compassion profonde. Il comprenait que le médicomage se soit éloigné des mondanités et d'une vie socialement riche à cause du lourd fardeau qui coulait dans ses veines, mais il trouvait cela injuste. Théodore méritait d'être heureux et entouré par des êtres aimants sur qui il pouvait compter.

Harry se redressa soudain, chassant ces pensées tristes. Il avait un problème plus important que la solitude volontaire du guérisseur : contrairement à son ancien camarade, il était parfaitement réveillé et ne dormirait qu'au lever du jour. Il quitta le lit à baldaquin et ouvrit l'une des fenêtres. Il ne voulait pas déambuler dans le château sans la permission de Nott, il trouvait cela impoli. La brise légère caressa son visage et lui apporta une multitude d'odeurs nouvelles. Le château était entouré de prairie. Il y avait une écurie où se trouvaient plusieurs chevaux.

"Je ne suis pas sûr que Nott soit d'accord pour mettre du cheval à mon menu," plaisanta Harry pour lui-même.

Il reporta son regard sur les alentours. Une forêt se dessinait au loin et il comprit que cet endroit-là était le terrain de chasse que son hôte lui avait désigné. Harry se pencha alors, une dizaine de mètres le séparait du sol. Il sourit avant d'enjamber la fenêtre. Il atterrit sur la pelouse comme s'il venait de faire un petit saut. Il sourit encore plus, amusé de voir qu'il était si facile pour lui de faire des choses incroyables. Il se mit alors à courir, agréablement étonné du fait qu'il n'était pas essoufflé. Il atteignit rapidement la lisière de la forêt et sauta pour se poser sur une grosse branche. Son rire perça le calme du lieu. Sa soif apaisée, il avait juste envie de se dégourdir les jambes et ses nouvelles facultés l'enthousiasmaient. Il parcourut la forêt jusqu'à ce que ses sens se remettent en alerte, lui indiquant qu'il était l'heure de rentrer. Alors que les premières lueurs du jour perçaient la brume du matin, il referma les fenêtres derrière lui et se faufila dans la baignoire que Vitali lui avait remplie, indiquant que son maître avait deviné qu'il irait "jouer dehors". Une fois propre et frais, il s'allongea sous les draps de soie avant de sombrer naturellement dans son sommeil vampirique.