Bonne lecture

merci de me donner vos avis ;)


La jeune barmaid chantonnait frénétiquement en essuyant les verres derrière son bar. La journée avait été longue. Elle ne s'attendait pas à autant de visiteurs malgré ce froid glacial, sans compter les mages de la guilde qui avaient défilé sans relâche, soit pour demander une mission, soit de retour de mission, ou simplement désireux de se réchauffer avec une bonne tasse de café.

Elle s'occupait maintenant de la fermeture, épuisée. Bien sûr, elle était ravie d'avoir pu servir tout ce beau monde — c'était son travail après tout, et Dieu seul sait combien elle l'aimait ; mais parfois, elle regrettait de ne pas pouvoir rentrer plus tôt pour retrouver son frère et sa sœur, et dîner ensemble comme une vraie... famille. Elle poussa un soupir en rangeant les tasses sur l'étagère. Son humeur s'assombrit un instant, mais elle se ressaisit aussitôt. Il ne fallait pas qu'elle se laisse aller à ce genre de pensées.

Chassant ces idées moroses avec un léger sourire, elle se consola en se disant qu'après la fermeture, elle pourrait encore passer un moment avec eux avant de dormir. C'était le genre de soirée parfaite pour s'installer devant la cheminée avec les siens.

Elle finit de ranger les tasses, perchée sur un tabouret, quand soudain, l'obscurité complète l'entoura. Prise de panique, elle se mit à gigoter maladroitement sur le petit tabouret qui, n'étant pas fait pour supporter autant de mouvements, bascula en arrière. Elle chuta lourdement dans un fracas assourdissant, ses bras et jambes nus heurtant le sol froid.

Une coupure d'électricité...

Elle ouvrit péniblement les yeux pour constater que, oui, c'était bien une panne de courant. La guilde était entièrement plongée dans le noir. Elle tenta de se relever, mais une douleur dans le dos l'en empêcha. Grimaçant, elle se massa le bas du dos. Elle ne voyait absolument rien. Heureusement, dans sa chute, elle n'avait pas entraîné l'étagère avec elle, sinon cela aurait été, disons, problématique.

Le vent soufflait violemment à l'extérieur, et elle frissonna légèrement. Il ne manquait plus que ça... Elle ignorait où se trouvait le générateur pour rétablir le courant. Alors qu'elle cherchait une solution à ce pétrin, elle entendit la porte de la guilde s'ouvrir doucement. Elle sursauta. Qui pouvait bien entrer à cette heure-ci ? Elle décida de rester assise par terre. Aucune raison de paniquer, pensa-t-elle.

« La guilde est fermée... » lança-t-elle d'une voix assurée.

Aucune réponse. Le plancher craqua sous les pas de l'intrus.

« Qui est là ? » demanda-t-elle, la voix tremblante malgré elle.

Les pas s'avancèrent lentement, sans qu'aucune réponse ne vienne. Il serait peut-être temps de paniquer ! Elle tenta de se relever, mais c'était trop tard : elle sentit la présence de l'intrus juste devant elle. Mince !

Ridicule, Mirajane... tu es la démonne de Fairy Tail !

Elle se prépara à réagir, mais une lumière jaillit soudainement de nulle part, flottant dans les airs, et éclaira toute la pièce. D'abord surprise, elle se frotta les yeux pour s'habituer à ce changement brusque.

De la foudre ?

« Moi qui pensais qu'il suffisait d'acheter ce fichu magazine pour te voir allongée, les jambes écartées », dit une voix masculine, irritée mais légèrement moqueuse.

Elle écarquilla les yeux.

« Luxus ? » articula-t-elle, sous le choc.

Le mage blond se tenait debout, arborant un rictus. Une main tendue en avant, entourée d'éclairs, illuminait son visage. Dans l'autre, il tenait un magazine. La barmaid se détendit avec un soupir de soulagement.

« Tu m'as fait peur », avoua-t-elle.

« Pourquoi tu ne fermes pas la porte ? » demanda-t-il, en éclairant ses jambes exposées.

« J'ai oublié. »

Il recula de quelques pas.

« Bien sûr, tu étais occupée à prendre la pose pour ton prochain numéro », constata le dragon de foudre. « Mais pourquoi dans le noir ? »

Elle leva les yeux au ciel. Parfois, il était vraiment épuisant.

« Je sais que la vue te plaît », commença-t-elle en ajustant sa robe pour couvrir ses jambes, « mais j'aimerais bien me relever, si ça ne te dérange pas. »

Elle lui tendit la main.

« Cette vue n'a rien d'original. La moitié de la ville t'a déjà reluquée », répliqua-t-il en saisissant sa main pour la relever sans effort. Ne s'attendant pas à une telle force, elle se retrouva projetée contre son torse, manquant de peu d'effleurer les éclairs de sa main. Il murmura à son oreille : « Et moi, je ne partage pas ! »

Un frisson la parcourut. Elle sursauta aussitôt lorsqu'il referma sa main, éteignant les éclairs. L'obscurité retomba d'un coup. Rouge d'embarras, elle s'écarta rapidement. Luxus éclata de rire, ce qui lui valut une gifle sur l'épaule.

Le courant rétabli grâce à lui, ils se retrouvèrent tous deux autour d'une tasse de café, enveloppés dans un silence confortable. Par habitude, Mirajane se tenait derrière son comptoir, tandis que Luxus s'était installé sur un tabouret en face. Il buvait son café, fixant un point dans le vide. La démonne ne savait jamais à quoi s'attendre avec lui, mais il y avait une chose dont elle était certaine : dans n'importe quelle situation, il était son sauveur.

Il brisa le silence.

« Pourquoi te caches-tu toujours derrière ce comptoir ? » demanda-t-il en posant sa tasse. « As-tu peur de te révéler au monde ? »

Elle sourit face à son sous-entendu. Il parlait d'une voix basse, créant une atmosphère presque intime.

« C'est à moi de te demander pourquoi tu poses des questions dont tu donnes toi-même la réponse juste après », répliqua-t-elle en se penchant légèrement en avant.

« Pour éviter que les gens éludent, mais toi, c'est mal te connaître. »

« Le monde me découvre chaque semaine... plus que nécessaire », répondit-elle en désignant le magazine "Sorcerer" sur le comptoir, dont elle faisait la couverture.

Il grogna, ce qui la fit rire doucement.

« J'ignorais que tu lisais ce genre de magazines... »

« Je ne lis pas ces débilités », s'empressa-t-il de nier. « Je l'ai arraché à un vieux pervers qui bavait dessus. »

Elle se pencha un peu plus près.

« Serais-tu jaloux, Luxus ? » demanda-t-elle d'un air taquin, tout en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille d'un geste sensuel.

Il soupira d'exaspération.

« Pas du tout... »

Elle connaissait bien l'orgueil de Luxus. Avec le temps, une certaine complicité s'était installée entre eux. Leur relation était étrange ; quelque part entre amis et amants. Ils flirtaient parfois verbalement, mais connaissaient toujours leurs limites.

« Tu appartiens à tout le monde, Mira... »

Elle leva les yeux vers lui, sortant de ses pensées. Il semblait nostalgique, mais derrière ses mots, elle perçut un reproche. Il la regardait d'une manière inhabituelle. Elle soupira doucement.

« Nous appartenons tous les uns aux autres, nous sommes une guilde... une famille », déclara-t-elle solennellement.

« Je ne parle pas de ça... », répondit-il, irrité.

Elle dissimula un sourire. Elle savait très bien de quoi il parlait. Cette conversation revenait toujours, sous une forme ou une autre.

« C'est un truc de Dragon ? » demanda-t-elle.

« D'homme », rétorqua-t-il.

Elle fronça les sourcils, l'invitant à s'expliquer. Il passa une main dans ses cheveux.

« Je n'ai même pas le quart du caractère d'un Dragon. Tu sais pourquoi. »

« C'est suffisant. »

Il leva les yeux au ciel. Elle ne comprenait pas où il voulait en venir.

« Les Dragons réagissent à l'instinct. Moi, je raisonne... », commença-t-il en se levant. « Je ne sais pas ce qui est le plus destructeur... »

Elle l'observa attentivement, fascinée par cette fragilité mêlée à son aura sauvage. Elle frissonna.

Il ricana.

« Au lieu de fantasmer sur mes magnifiques muscles... », se vanta-t-il, « tu devrais aller chercher ta veste. Je te raccompagne. »

Son ton ne laissait aucune place à la négociation. Elle grimaça légèrement. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui trouver, à cet égocentrique ? Il se baladait avec un manteau en fourrure... Par Mavis, quel mégalo !


Dehors, la neige tombait sans interruption depuis une demi-heure, de petits flocons fondaient aussitôt en touchant le corps du chasseur de dragons. Le froid glacial avait découragé les quelques curieux qui s'étaient aventurés à l'extérieur pour admirer le spectacle que la nouvelle saison offrait en déployant son manteau blanc sur Magnolia.

Lorsqu'il arriva enfin devant sa maison, il poussa un soupir bas. La température n'avait pas un réel impact sur lui, mais ce n'était pas le cas de la personne maladroitement positionnée sur son dos. Elle tremblait.

Il ouvrit la porte avec difficulté. Après avoir fait fondre la neige qui s'accrochait à ses semelles, il entra dans la maison. Il se dirigea directement vers le canapé à l'extrémité de la pièce. Il allongea la blonde, toujours inconsciente, et la couvrit d'un plaid.

Il alluma la lumière et remarqua qu'elle tremblait encore malgré la couverture. Il se précipita vers le placard pour chercher une deuxième couverture au milieu de ses affaires en désordre. Il finit par la trouver après avoir retourné tout ce qui s'y trouvait. À cause de son élément magique, il n'avait pas besoin de cheminée ni de couvertures supplémentaires, mais il en avait caché une par précaution, en se disant que ça pourrait toujours servir à Happy.

Il la plaça soigneusement sur la première couverture, et la blonde sembla enfin se détendre un peu. Les tremblements cessèrent graduellement. Il la fixa, ses yeux emplis d'inquiétude. Le froid n'avait aucun effet sur lui, si bien qu'il en oubliait parfois les inconvénients qu'il causait aux autres.

(Deylie : En vrai, il s'en fout. Natsu : En vrai, qui t'as sonné ?)

Les fenêtres et la porte étant mal isolées, le froid s'infiltrait de l'extérieur. Il ne pouvait rien faire de plus pour elle, à part attendre que son corps se réchauffe grâce aux couvertures. Il s'agenouilla devant le canapé, sa main se posant instinctivement sur son front brûlant. Il détestait la voir ainsi, d'autant plus qu'il savait que c'était de sa faute. Il se laissa tomber au sol, impuissant.

Il ne voulait pas la voir souffrir. Le regard qu'elle lui avait lancé dans la ruelle l'avait glacé jusqu'aux os. Son cauchemar le rattrapait. Elle l'avait supplié… dans le vide. Pourquoi les choses devaient-elles tourner ainsi ? Il était parti en mission pour se débarrasser de ses idées noires, pour prendre du recul par rapport aux événements… et par rapport à ce qu'il ressentait. Il avait fait tout ça pour elle, pour préserver leur amitié. Et maintenant, il la faisait encore plus souffrir.

Tu mens...

Il sursauta. Cette voix dans sa tête, encore...

Il prit une profonde inspiration. Lucy remua légèrement, et aussitôt, il fut à ses côtés, assis sur ses genoux. Il observa son visage crispé par une grimace. Sa respiration était rapide, et son souffle brûlant. Les couvertures faisaient leur travail, ou alors elle tombait malade. Pas étonnant, avec si peu de vêtements... Comment avait-elle pu sortir ainsi ?

Ses cheveux blonds étaient éparpillés autour d'elle, et malgré son teint pâle, il la trouva magnifique. Il leva doucement une main pour replacer une mèche derrière son oreille.

"Et si..." murmura-t-il en posant une main sur son front, tentant de canaliser son pouvoir.

Il ferma les yeux, se concentrant, mais rien ne se produisit. Pas de lumière blanche. Il baissa la tête, déçu.

À quoi je m'attendais... Ce n'est pas comme si elle était blessée...

Hahaha !

Quoi…

Tu croyais vraiment que ça marcherait ?

Il se redressa brusquement, scrutant la pièce. Elle était plongée dans le silence. Mais cette voix… elle venait de l'intérieur.

Qui es-tu ?

Non, la question est : que puis-je faire pour toi ?

" Laisse-moi tranquille !" s'écria le chasseur de dragons, ses poings serrés. Il était peut-être fatigué, mais pas au point de se parler à lui-même. Cependant, cette voix… elle semblait tellement réelle.

(Deylie : Natsu pète un câble LOL. Natsu : Tu parles trop pour quelqu'un qui devrait normalement être invisible. Deylie : Au moins moi, je sais à qui je parle ! Natsu : Pas faux… Deylie : Moi : 1, le schizophrène : 0)

Lucy remua sur le canapé avant d'ouvrir brusquement les yeux, qu'elle referma aussitôt sous l'effet d'une migraine. Elle avait chaud, mais un frisson la parcourut. Elle entendit un bruit à côté et se redressa tant bien que mal. Sa bouche était pâteuse et ses membres douloureux. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle réalisa avec effroi qu'elle n'était pas chez elle. Perdue, elle balaya la pièce du regard jusqu'à ce qu'un tableau sur pieds attire son attention.

" Natsu..."

" Luce, tu vas bien ?" demanda Natsu, qui sortait de ses pensées. Il s'était agenouillé devant elle, l'air inquiet. Sur le coup, elle sursauta en entendant sa voix.

" J'ai mal à la tête..." gémit-elle en essayant de se relever, mais il l'en empêcha.

" Reste couchée, tu as de la fièvre," lui ordonna-t-il doucement.

Leurs regards se croisèrent. Natsu rougit et lâcha soudainement prise, reculant précipitamment. Lucy détourna les yeux, furieuse, tandis que les souvenirs de leur rencontre dans la ruelle lui revenaient en mémoire.

" Qu'est-ce que je fais ici ?" demanda-t-elle froidement.

" Tu as perdu connaissance, alors je t'ai ramenée."

" Pourquoi ?"

Il fronça les sourcils, manifestement confus par sa question. Elle le fixait, attendant une réponse. Elle n'était pas prête à lui pardonner si facilement. Il soupira.

" Tu voulais que je te laisse mourir dehors, dans le froid ?"

Ce mot résonna dans l'esprit de Natsu : mourir...

Il fronça les sourcils, signe qu'il ne comprenait pas sa question. Elle le fixa ostensiblement, attendant sa réponse. Elle n'était pas prête à lui pardonner. Il lâcha un souffle bas.

« Tu aurais préféré que je te laisse mourir dehors dans le froid ? »

Mourir.

Morte.

Sacrifice.

Son corps se glaça. L'image de la blonde, gisant sur le sol, enveloppée dans sa cape noire, le corps sans vie, lui apparut devant les yeux. Il eut un haut-le-cœur. La blonde le fixait toujours, alors il chassa l'image sans rien laisser paraître. Il ne devait pas y penser. Cette histoire était terminée.

Elle hocha la tête tristement à sa réponse. Il la fusilla du regard.

« Excuse-moi, mais j'ai pas pour habitude d'abandonner mes amis ! » cracha-t-il, irrité.

« Ah, parce que tu me considères encore comme une amie ? La belle affaire... »

« Bien sûr que tu es mon amie. Ma meilleure amie, » affirma-t-il dans un murmure.

Ce dragon était un idiot complet. Elle glissa une main dans ses cheveux pour tenter de se calmer.

« Pourquoi tu es parti en mission sans me prévenir ? »

« J-je ne sais pas... j'étais pressé. »

« Ne me prends pas pour une idiote ! » cria-t-elle, énervée. Son corps tremblait, elle avait chaud, et sa vision devenait floue. « Tu ne veux plus de moi comme partenaire ? »

Elle osa lui poser la question, mais n'était pas prête à entendre la réponse. S'il répondait par l'affirmative, elle en mourrait sûrement.

Le dragon reçut la question comme un poignard dans le ventre. C'était la deuxième fois. Comment pouvait-elle lui demander ça alors qu'il faisait tout pour préserver leur amitié, même au-delà de ce qu'il pouvait supporter ? Tout à coup, il prit conscience que ses décisions n'étaient peut-être pas les bonnes. À force de l'éviter, il ne faisait qu'attiser la flamme dans son cœur un peu plus chaque jour. En plus, il se faisait souffrir, et Lucy aussi, par la même occasion. Elle ne méritait pas ça, elle n'y était pour rien. Elle avait toujours été fidèle à la guilde, à leurs amis, et à lui.

Ses poings se serrèrent. Cela ne concernait que lui, uniquement lui. Avec le temps, il finirait bien par se défaire de ces sentiments passagers. C'était une certitude, pour le bien de tous...

La blonde, qui attendait une réponse qui ne venait toujours pas, commença à paniquer. Ainsi, elle avait raison, pensa-t-elle. Natsu ne voulait plus d'elle. Peut-être que Cana avait raison après tout, et qu'il avait fini par réaliser qu'il éprouvait des sentiments pour Lissana. Son cœur se brisa. Des larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux. Elle se redressa pour quitter ce foutu canapé qui portait l'odeur du chasseur. Elle voulait s'éloigner, partir loin, pleurer pour soulager sa peine.

Natsu sortit de ses pensées en la voyant se lever. Il la saisit par les épaules.

« Où est-ce que tu comptes... »

« Lâche-moi, Natsu, » l'interrompit-elle en tentant de se dégager de son emprise. « Tu n'as pas besoin de me répondre... j'ai tout compris. »

Son nez capta l'odeur des larmes.

« Non, attends... » dit-il, paniqué. Il raffermit son emprise sur elle. « Tu as mal compris. »

La blonde ne l'écoutait pas, elle se débattait. Elle se sentait faiblir mais n'abandonnait pas. Leurs jambes s'entremêlèrent, et Natsu finit par se retrouver plaqué au-dessus d'elle, tous deux allongés sur le canapé. Dans le processus, Lucy avait cessé de bouger et fermé les yeux. Cet idiot allait le payer cher. Elle sentit quelque chose sur son front crispé, alors elle ouvrit les yeux pour tomber sur le visage de Natsu. Elle sursauta. Leur front était littéralement collé. Son visage s'empourpra. Les yeux de Natsu étaient clos, et il semblait troublé. Il prit une profonde inspiration.

« Tu es calmée ? » murmura-t-il, plus pour lui que pour elle. Son souffle effleura les lèvres de la blonde. Elle fut électrisée. Elle ne pouvait pas prononcer le moindre mot. Elle se contenta de hocher la tête bêtement. Elle était coincée dans cette position, incapable de se dégager. Il recula un peu mais ne se releva pas. Ses joues étaient aussi rouges que les siennes. Il semblait mal à l'aise.

« Natsu, espèce d'idiot... »

Il se gratta la tête, gêné. Elle détourna le visage pour cacher ses rougeurs.

« Désolé... » commença-t-il maladroitement. « Je ne partirai plus en mission sans toi... »

Surprise, elle tourna la tête pour le regarder. Ses yeux débordaient de sincérité et aussi de culpabilité. Son cœur se réchauffa. La colère accumulée pendant une semaine diminua d'un coup. Bon sang, elle se maudissait pour l'influence qu'il avait sur elle, tout ça à cause de ce foutu visage presque trop innocent.

« Tu m'as ignorée dans la ruelle, » dit-elle en boudant.

Elle ne voulait pas le laisser s'en tirer aussi facilement.

Il se crispa.

« Je ne t'avais pas vue... »

« Menteur, tu peux me voir à des kilomètres ! »

Te sentir aussi...

Il sourit à cette pensée. Elle boudait vraiment. Il n'existait qu'un moyen pour lui redonner le sourire. Il se frotta les mains sous l'excitation en se penchant en avant. Les yeux de la blonde s'écarquillèrent lorsque les mains du dragon entrèrent en contact avec son ventre. Elle ne pouvait contrôler les rires qui jaillissaient de ses lèvres.

« Dis que tu me pardonnes ! » ordonna le chasseur en accentuant les chatouilles.

« A-arrête... N-natsu... » Elle était morte de rire.

« Tu connais la condition. »

Elle tenta de se défaire de son emprise, mais sans succès. Elle décida alors de céder à ses caprices, sans quoi elle allait se pisser dessus.

« D-d'accord... je te... pardonne... » souffla-t-elle entre deux rires.

« Je n'ai rien entendu. »

« N-natsuuu ! »

Il parut satisfait, souriant de toutes ses dents. Qu'est-ce qu'il aimait cette emprise qu'il avait sur elle ! Juste en la chatouillant, il pouvait lui faire dire n'importe quoi. Elle se calma peu à peu, son visage illuminé d'un sourire radieux, ses joues rosies, et sa poitrine montant et descendant. Elle était magnifique. Le cœur du dragon se réchauffa, tout comme son corps. Il reprit ses chatouilles.

« Dis-moi que je suis ton roi... »

Dis moi que tu es à moi !

Il sursauta et se releva d'un bond en arrêtant ses assauts sur la blonde.

« Tu n'es pas un roi, mais un sale dragon » elle se redressa sur ses avant bras. Son sourire se fana lorsque elle s'aperçut que le dragon tremblait.

« Tout va bien, Natsu ? »

Il eut pas le temps de lui répondre que la fenêtre s'ouvra dans un grand fracas laissant entrer un vent glacial et une boule de poile bleu qui arriva à toute vitesse en direction des mages.

« Natsu, Lushi a disparu.. » s'écria le chat alarmé en survolant la pièce mais lorsqu'il vit la blonde assise sur le canapé il freina net « oh, salut Lushi »

« Happy ? »

Il se précipita dans ses bras. Le dragon était debout, visiblement perdu.

« Tu m'as manquée, » dit l'Exceed en sanglotant. « Je suis allé chez toi, mais il n'y avait personne, alors j'ai cru que… » Sa voix s'étrangla.

La blonde le serra dans ses bras, attendrie. Le chat avait le don de lui taper sur les nerfs, mais une semaine sans lui avait été d'un ennui total. Elle le consola en lui caressant la tête. Lui aussi lui avait manqué, et il s'inquiétait pour elle au point d'en pleurer. C'était tellement adorable.

« Calme-toi, Happy, je suis en sécurité, » le rassura-t-elle, mais sans succès. « Ne pleure plus, je suis là… »

Les sanglots se calmèrent. Il se renifla en s'essuyant sur la veste de la blonde.

« Tu es bizarre, Lushi, je ne pleure pas à cause de toi… »

« Hein ? »

Il se libéra de ses bras et alla se poser sur les épaules de Natsu.

« Tu es toute collante, » dit-il d'un air dégoûté en essuyant ses bras. Les poings de la blonde se crispèrent ; en à peine une minute, elle avait déjà envie de le massacrer. « Je pleure parce que Carla m'a rejeté. »

« Bien fait pour toi, sale matou ! » siffla-t-elle entre ses dents.

Les pleurs repartirent de plus belle.

« Natsu, en plus de sentir le poisson pas frais, la grosse Lucy est horriblement méchante avec moi. »

« Q-quoi ? » articula-t-elle.

Le chasseur de dragon, qui avait retrouvé son humeur, se mit à ricaner.

« Tu peux dire à ton chat que ce sont ses mains qui sentent le poisson. »

« Moi, j'aime bien l'odeur du poisson, » dit Natsu rêveusement. Son estomac se mit à grogner.

La blonde était dépitée.

« J'aurais dû offrir un poisson au lieu de ce bracelet à Carla, » dit-il en montrant le bijou à Lucy.

« Je le trouve très joli, ce bracelet… »

« Pas Carla ! » Il renifla. « Elle m'a dit de l'offrir à mon amoureuse. Elle et moi, on était de simples camarades de guilde. »

Le silence tomba dans la pièce. Les deux mages baissèrent la tête simultanément. Les choses étaient vraiment mal faites. La blonde aurait voulu dire à Happy qu'elle comprenait parfaitement sa situation. Même trop bien…

« Pourquoi vous faites cette tête ? » demanda le chat, perplexe.

C'était lui qu'on avait rejeté.

« Ne t'inquiète pas, Happy, » commença la blonde avec un sourire. « Tu trouveras bientôt une personne qui te chérira et acceptera ton présent. »

« Je veux Carla ! » se lamenta l'Exceed.

« Parfois, il arrive que les sentiments ne soient pas réciproques… »

La blonde en savait quelque chose.

« Pourquoi ? » demanda le chat.

« Euh… »

« Oui, pourquoi ? » Cette fois, c'est le dragon qui parla. Sa voix laissait paraître une certaine curiosité. La conversation ne l'intéressait pas jusqu'à présent, mais il voulait vraiment connaître la réponse de la blonde.

« Je ne sais pas pourquoi, » dit-elle en semblant hésitante. « Mais dans ton cas, Carla ressent de l'amitié pour toi, c'est un sentiment totalement différent de l'amour. Mais en amitié comme en amour, on ne peut pas se forcer à aimer une personne. »

Le dragon sentit la colère monter en lui. Bien sûr qu'il était au courant qu'on ne pouvait pas forcer une personne à nous aimer ; sinon… il prit sur lui.

« On peut toujours essayer de faire en sorte que cette personne nous aime, » dit-il en détournant le visage.

Si la blonde ne compatissait pas au sort de Happy, elle en aurait ri à gorge déployée. Natsu qui parle d'amour ? Cet idiot, qu'est-ce qu'il connaît de l'amour à part ses phrases mythiques sur le pouvoir de l'amitié et le tralala qui allait avec ? Elle était tellement amère. Assise en face de lui, elle crevait littéralement d'amour pour lui, mais il ne remarquait rien. Il avait intérêt à ne pas reparler de l'idée d'essayer, sinon elle pourrait l'étrangler sans remords.

« J'ai tout essayé, » dit le chat tristement.

« C'est tout à ton honneur, Happy. Maintenant, il faut passer à autre chose et trouver quelqu'un d'autre… »

« Sûrement pas, Happy, » dit le chasseur en fusillant la blonde du regard. « Tu ne dois jamais abandonner… »

« Ne l'écoute pas, Happy… »

Happy était perdu entre ces deux-là.

« Provoque-la en duel, » proposa le chasseur ravi de son idée. « Et si tu gagnes, elle sera forcée d'accepter ton bracelet. »

Les yeux du chat brillèrent.

« Tu penses vraiment que ça marchera ? »

« Absolument pas ! » coupa la blonde dépitée. Et puis quoi encore ? Depuis quand fallait-il maltraiter une fille pour gagner son affection ? Ça n'existe pas…

(Deylie : Si, mais pour ça, il aurait fallu s'appeler Christian Grey et être milliardaire. Natsu : Bravo pour la référence ! Deylie : Je sais, je sais… trop de culture en moi !)

Le chat s'était déjà envolé pour fermer la fenêtre et jouer avec son bracelet. La blonde lâcha un souffle las. Ces deux idiots…

Elle reporta son attention sur le dragon.

« Comment peux-tu le pousser à faire ce genre de choses ridicules ? » demanda-t-elle, exaspérée.

« Bah, il a retrouvé le sourire, non ? » répondit le chasseur en haussant les épaules.

« Là n'est pas la question… » rétorqua-t-elle, mais s'arrêta car il ne semblait plus intéressé par la conversation. « Bon, je vais prendre une douche… »

Elle se sentait mieux ; la migraine avait disparu ainsi que la fièvre. Une bonne douche ne serait pas de refus. Après les événements de cette journée, elle le méritait. Les paroles de Cana résonnaient dans sa tête, mais elle les chassa aussitôt. Natsu était un idiot de toute manière, et s'il y avait eu un rapprochement entre lui et Lisanna, elle l'aurait su. Enfin, un rapprochement non amical.

Elle s'arrêta devant la porte de la salle de bain en réalisant qu'elle n'était pas chez elle. Mince ! Elle ne pouvait pas prendre de douche, elle n'avait pas de vêtements de rechange. Elle retourna sur ses pas pour trouver le chasseur en train de se balancer sur son hamac.

« Natsu. »

« Hmm ? »

« J'aimerais prendre une douche… » dit-elle en se retournant vers lui. Il arrêta de faire le pitre pour la regarder.

« La salle de bain est libre. »

« O-oui… » commença-t-elle, embarrassée. « Mais je n'ai pas de vêtements de rechange. »

« Tu peux prendre les vêtements de Lisanna dans le placard… »

Elle tomba de haut.

« D-de quoi ? » lâcha la blonde, ahurie.

« Quand elle dort ici, elle oublie toujours de prendre ses affaires le lendemain. Tu peux les emprunter, ça ne la dérangera pas. »

La blonde sourit crispée. Il était hors de question qu'elle porte ses vêtements. Et puis quoi encore ? Son cœur se resserra juste à la pensée qu'elle dormait ici avec Natsu. Il y avait aussi Happy, mais il ne comptait pas. Rien que de les imaginer tous les deux dans cette pièce minuscule, enlacés amoureusement sur ce minuscule canapé, lui donna envie de crier.

Évidemment qu'elle ne voyait pas de rapprochement s'il avait eu lieu chez cet idiot…

Elle préféra l'option de sécher ses affaires et de les remettre ensuite. Elle n'avait rien contre la sœur de Mirajane, mais depuis l'annonce de Cana, elle lui en voulait. Correction, elle était jalouse d'elle.

Cette pensée l'irrita davantage. C'était plus fort qu'elle. Monsieur l'évitait pendant un mois, mais à côté, il passait du bon temps avec Lisanna. Rien que d'y penser, elle avait envie de le secouer très fort. Quel idiot ! Elle entra dans la salle de bain en claquant la porte.

Le chasseur se gratta la tête, perplexe.

Qu'est-ce qu'il lui prend ?


a bientôt

délie.