Parasites
Théo Nott s'approcha d'Hermione Granger alors qu'elle discutait avec ses meilleurs amis dans la Grande Salle, à la fin du dîner.
-Bonsoir Théo, salua Hermione.
-Bonsoir, sourit Théo. Puis-je te parler quelques instants … en privé?
Les discussions baissèrent en volume à la demande inédite. Généralement, les contacts entre Gryffondor et Serpentard ne se faisaient pas à la vue de tous. Alors la meilleure amie du Survivant? Elle était pourtant intouchable.
-Qu'est-ce que tu lui veux? cracha une voix dans le dos de Théo
L'adolescent ne retint pas son soupir d'agacement en se tournant vers Ronald Weasley.
-Je ne savais pas que tu t'appelais Hermione Granger, lâcha Théo. Cette affaire ne te concerne pas, Weasley, donc tu peux retourner à ta place.
-Hermione n'ira pas avec toi, décréta Ronald.
-Hermione a une bouche et elle peut répondre elle-même, rétorqua Théo. De plus, ce n'est pas l'imbécile qui la harcèle depuis des mois qui est le mieux placé pour parler pour elle.
-Nous nous aimons! assura Ronald
-Je crois que tu es le seul à y croire, ricana Théo. Retourne jouer plus loin, je dois parler de choses d'adultes avec Hermione.
Ronald s'apprêtait à répondre quand Hermione se leva et se plaça entre les deux sorciers.
-Je pense que je peux me défendre toute seule mais merci de l'intention, sourit Hermione en s'adressant à Théo. Nous nous retrouvons à l'endroit habituel?
-Avec grand plaisir, s'inclina Théo avant de lui offrir un baise-main.
Le Serpentard quitta la Grande Salle et la brune se tourna vers le roux.
-Nous nous aimons? grinça Hermione
-Tu es la seule à ne pas t'en rendre compte, sourit follement Ronald.
-Tu es surtout le seul à y croire, renifla Hermione. Je ne t'aime pas, Weasley, et comme l'a si gentiment souligné Théo, tu ne fais que me harceler alors que je refuse tes avances encore et encore. Au cas où tu l'aurais oublié, je ne t'appartiens pas et je ne t'appartiendrais jamais. Je parle avec qui je veux et tu n'as certainement pas ton mot à dire.
-Mais… protesta Ronald.
-Mais quoi? s'irrita Hermione. Tu n'es ni mon père, ni mon mec, à peine un ami. La prochaine fois que tu te mêles de mes affaires sans que je ne te le demande, tu vas le regretter amèrement.
-Je le fais pour te protéger! argua Ronald. Les Serpentard sont tous mauvais, tu devrais le savoir depuis le temps!
-Est-ce qu'un jour, tu penseras à grandir? fit Hermione en levant les yeux au ciel. Est-ce que tu as une raison valable de détester les Serpentard, à part le fait qu'ils te prouvent tous les jours que tu as tort, qu'importe le sujet? Maintenant, laisse-moi tranquille, j'ai autre chose à faire que de t'écouter geindre.
La brune lui tourna le dos et sourit à Harry et Neville.
-On se retrouve tout à l'heure? fit Hermione
-D'accord, fit Neville.
-Tu ne vas pas le rejoindre ! ordonna Ronald
Hermione le regarda de bas en haut d'un air hautain.
-Si tu savais à quel point je me fous de ce que tu veux, grinça Hermione en quittant la salle.
La jeune femme prit la direction du parc, surtout pour vérifier que personne n'allait la suivre. Ce n'était pas la première fois que Ronald s'interposait entre les garçons qui voulaient la courtiser et elle, proclamant à tort qu'elle était avec lui. Or, le roux et sa famille n'ignoraient pas qu'Hermione n'était pas prête de devenir une Weasley parce qu'un autre avait réussi à la leur rafler sans qu'ils ne le sachent. Personne ne le prenait au sérieux, notamment à cause des refus successifs de la brune, mais ce n'était pas autant qu'il ne tentait pas sa chance … ni auprès des autres jeunes filles de l'école. La raison pour laquelle le directeur Snape avait gracieusement enlevé plus de deux cents points à Gryffondor avait fait le tour de l'école et désormais, dès que le roux s'approchait un peu trop près de filles, les élèves aux alentours faisaient bloc pour éviter toute agression. Seule Hermione l'affrontait directement et à chaque fois, il en ressortait grand perdant.
N'était pas l'apprentie de Severus Snape qui veut.
Quand elle fut sûre que personne ne la suivait, la brune retourna dans le château par une porte dérobée et se rendit dans une salle où l'attendait Théo Nott.
-As-tu réussi à te débarrasser de ton prétendant encombrant ? rit Théo
-Maître Snape m'a proposé de s'en débarrasser jusqu'à ce que je passe les ASPIC mais un abus de pouvoir ferait mauvais genre, grogna Hermione.
Même si elle savait qu'elle pouvait avoir confiance en Théo Nott, Hermione avait été contaminée par la paranoïa de Severus Snape et vérifiait tout et tous. Avant même d'être entrée dans la pièce, elle avait vérifié qu'elle n'avait pas été altérée et une fois à l'intérieur, elle avait recommencé, testant tout ce qui lui tombait sous les yeux, y compris les murs, le sol et le plafond. Son interlocuteur l'observa sans bruit, un peu impressionné.
-C'est dans ces moments-là que je me demande pourquoi je n'ai pas posé ma candidature pour un apprentissage avec Snape, soupira Théo en observant les manières similaires de la sorcière avec son ancien directeur de maison.
-Les circonstances faisaient qu'il y avait plus de chance que mon nom soit accepté que celui de toute autre personne, sourit Hermione.
C'était une question récurrente quand on avait appris la mise en place de cet apprentissage. Si elle voulait être totalement honnête, c'était son accès privilégié à Harry Potter qui lui avait permis d'être acceptée à la fois par Dumbledore et par Voldemort.
Ils finirent par s'installer dans le petit salon que Théo avait invoqué et un elfe de maison eut l'amabilité de leur apporter un service de thé.
-Visiblement, le directeur t'a à la bonne pour te permettre d'utiliser les elfes de maison de l'école, siffla Théo.
-En fait, ce sont des privilèges ouverts à tous les élèves de septième année, avoua Hermione. A condition d'être poli avec eux, bien entendu. Que puis-je pour toi, Théo ?
-Directement, rien, avoua Théo. Ce serait une requête à ton maître d'apprentissage.
La brune n'eut pas l'affront de le rediriger directement vers celui-ci. Au-delà du savoir échangé, apprenti et maître avaient des obligations l'un envers l'autre. Dans ce cas-là, ils devenaient le représentant de l'autre quand il s'agissait de recueillir des requêtes officielles car tant que l'apprentissage n'était pas terminé, tout affaire de l'un pouvait impacter l'autre et vice-versa.
-J'écoute, fit Hermione.
-Ma famille est une grande spécialiste des malédictions mais cela s'est perdu avec quelques croyances … malavisées, dirons-nous, de la société, fit Théo. Je requiers donc l'aide de maître Snape pour trouver un apprentissage dans la matière et rendre ses lettres d'or à ma famille.
-Je prends note et je lui ferai part de la requête, répondit solennellement Hermione. Maintenant, de manière plus personnelle, pourquoi passer par lui ?
-Tu as dû te rendre compte quand tu as accepté mais les apprentissages sont de plus en plus rares dans le pays, expliqua Théo. Je ne t'en parle même pas quand on parle de magie «noire» … Bref, cela vient du fait que Dumbledore a établi une liste précise de tout ce qu'un apprenti doit savoir, ce qui allait à l'encontre de la liberté d'enseignement, et l'a fait voter au Magenmagot. La plupart des maîtres ont voulu se rebeller, parce que ce n'était pas son travail mais celui des guildes, et il a fait jouer ses relations pour envoyer les plus virulents à Azkaban. En retour, ils se sont exilés avec leurs biens et leurs familles, ce qui a quand même porté un coup dur à la société.
Hermione grommela dans sa barbe. Dumbledore était vraiment un empêcheur de tourner en rond et elle pesait ses mots!
-Uniquement les malédictions? demanda Hermione
-Ce serait l'idéal, sourit Théo. Sinon, les enchantements seraient une alternative utile.
-Je le signalerai, fit Hermione.
-Je pense qu'il est temps que nous retournions vers les autres, proposa Théo. Il y en a encore pour croire que les Serpentard sont nés uniquement pour torturer les autres.
Hermione éclata de rire et d'un coup de baguette, Théo rendit à la salle son aspect habituel. Ils engagèrent une discussion légère tout en se rendant vers le hall de l'école.
Pendant qu'Hermione retournait dans des lieux plus fréquentés, Harry et Neville délaissèrent enfin la carte des Maraudeurs. Depuis que leur petite famille avait découvert les contrats de mariage – rendus depuis caduques – les deux bruns avaient convenu de surveiller les arrières de l'autre. Ils étaient bien aidés dans cette entreprise par la plupart de leurs amis qui n'appréciaient guère les deux derniers Weasley et encore moins leurs manières ou leurs projets dont ils ne se cachaient pas. Quand Hermione avait quitté la Grande Salle sur les pas de Théo Nott, si Ron devait s'expliquer encore une fois devant les professeurs, Harry et Neville avaient bien noté que leur amie avait été suivie par Ginny Weasley. Certes, la rousse avait rapidement fini par perdre sa piste mais elle l'avait retrouvée plusieurs fois bien trop rapidement pour leur tranquillité d'esprit. Une fois qu'elle eut retrouvé Théo – et puisqu'il ne jouait clairement pas dans la même catégorie au niveau des protections – ils analysèrent ce qu'ils venaient de voir.
-Ce serait fou mais je pense qu'elle possède un artefact calibré sur la signature magique d'Hermione, proposa Neville.
-Elle serait … suivie magiquement? Ce ne serait pas quelque chose de trop … sophistiqué pour elle? hésita Harry
-Sûrement, concéda Neville. Mais l'idée est là. Ce ne serait pas impossible et encore moins à notre niveau.
-Personnellement, je serais plus rassuré si elle n'avait plus ce moyen de la retrouver, fit Harry. Qui sait si elle ne peut pas le programmer sur l'un d'entre nous.
-Je ne sais pas si c'est possible, précisa Neville, mais si elle le peut ou qu'elle en possède d'autres avec nos signatures, je serais d'avis de les lui retirer ou de faire en sorte qu'elle ne puisse plus les utiliser.
-Un cambriolage ? proposa Harry en souriant
-Ce serait descendre à leur niveau, ricana Neville. Je sais que c'est pas bien mais demander à quelqu'un de vérifier ses affaires?
-Quand Hermione apprendra ce qui s'est passé, elle voudra le faire elle-même, pronostiqua Harry.
-Il y a des grandes chances, sourit Neville. En attendant, on doit bien avoir quelques grimoires qui pourraient nous permettre de ne plus être localisables, non?
-Tu as raison … fit Harry.
§§§§§
Severus sortit de la cheminée de son bureau à Poudlard en tremblant de tous ses membres.
Ça y est, l'attaque de Poudlard était enfin programmée.
Certes, Voldemort ne lui avait pas annoncé tout de go, il le lui avait même soigneusement caché pour garder l'effet de surprise – il ne fallait pas oublier qu'avec ses casquettes de maître de potions, professeur de défense, maître d'apprentissage et directeur de Poudlard, il était également mangemort mais surtout agent double dans l'Ordre du Phénix donc qu'il était tenu à dévoiler certaines informations pour justifier son utilité – mais il pratiquait les mangemorts depuis assez longtemps pour savoir où trouver les informations qu'on ne lui aurait pas directement fournies.
Grâce à ses accès privilégiés, Severus avait une bonne idée des forces de tous les camps et il se doutait que la bataille serait rude, d'autant plus que contrairement à Dumbledore, il n'avait pas l'intention d'intégrer les élèves dans ce combat. Comme Malcolm l'avait rappelé, ils devaient être sa priorité et heureusement que l'homme le lui avait rappelé ou sinon, la maison de repli n'aurait jamais été prête dans les temps. Les elfes de maison avaient également reçu leurs consignes et veilleraient à ce que les plus jeunes soient bien installés avant de revenir pour protéger le château. Le directeur se souvint de la manière dont il avait reçu cette proposition.
Flash-Back
Même s'ils concédaient que les mesures prises par Severus pour protéger Poudlard pendant une éventuelle attaque de Voldemort étaient cohérentes et vraiment sûres, ni Gemna ni Malcolm n'aimaient l'idée de laisser les élèves livrés à eux-mêmes pendant les combats, même s'ils en étaient à des kilomètres. Effectivement, tous les professeurs avaient exigé pouvoir défendre leurs convictions donc seraient sur le champ de bataille et Irma Pince, la bibliothécaire, et Argus Rusard, le restaurateur d'art devenu concierge contre son gré, avaient tous les deux une formation médicale assez poussée pour soutenir Poppy Pomfrey à l'infirmerie.
Un elfe de maison apparut soudainement devant Severus qui, après être revenu de sa surprise, se leva et s'inclina respectueusement. En reprenant la tête de l'école, il en avait découvert la véritable organisation, notamment celle des elfes de maison. S'ils avaient bien la charge de l'entretien des lieux et des cuisines, ils pouvaient parfaitement assister les adultes et surveiller les élèves dans certains cas précis. Mais pour cela, il fallait respecter un certain protocole centenaire qu'Albus avait plus souvent qu'à son tour bafoué. Oh, il ne disait pas que les autres directeurs avaient respecté les elfes de maison mais eux, au moins, ne leur avait pas retiré arbitrairement leur appartenance à Poudlard, permettant ainsi la dégradation rapide des barrières magiques autour du domaine.
-Directeur Snape, seigneur Prince, je suis Kerouel, premier gardien de Poudlard, se présenta l'elfe de maison. Je vais être bref, dans l'ombre, les miens ont compris que vous étiez en train de vous efforcer de protéger tous les habitants du domaine de la venue prochaine d'un être qui n'a jamais respecté Magia. Mais votre frustration est grande. Pourquoi?
-Kerouel, déglutit Severus. Les vôtres m'ont fait part de leur intention de défendre eux aussi le château en cas d'attaques, comme tous les adultes sorciers. Or, une fois les élèves mis en sécurité, je doute que les préfets pourront faire régner l'ordre dans la maison de repli sans soutien.
-Vous voulez que les élèves soient surveillés pendant la bataille à venir? demanda Kerouel. Ou … vous craignez que les soutiens à ces indignes de Magia ne s'en prennent aux innocents.
La gorge de Severus se serra. En effet, c'était sa plus grande peur et s'il devait y penser pendant les combats, lui comme les autres professeurs pourraient en perdre la vie.
-Je vais ensorceler la maison de repli, annonça Kerouel après quelques instants de silence. Selon ce que la magie découvrira à l'entrée, les élèves seront séparés en trois groupes distincts: s'ils comprennent et croient de tout cœur ce que les ennemis de Poudlard prônent, s'ils suivent les ordres sans pour autant y croire réellement et s'ils sont favorables à Magia. Des mesures seront ensuite prises pour qu'ils ne puissent pas se porter préjudice.
Quelque chose interpella Severus dans la séparation des élèves et il lui fallut quelques minutes pour comprendre.
-Quand vous parlez de suivre les ordres sans y croire … les ordres de qui? demanda Severus
Kerouel eut un sourire fier.
-Il n'y a pas que celui qui se prétend héritier de Salazar qui soit contre Magia, déclara Kerouel. D'autres sorciers veulent sa chute et ces enfants ne doivent pas faire leur choix sans avoir toutes les informations disponibles. Ils apprendront, de gré ou de force.
-Comment? s'inquiéta Severus
-Ce n'est pas la première fois que le monde sorcier se déchire autour de Poudlard, ricana Kerouel. Poudlard a toujours fait face, Poudlard a été créé pour Magia, pas contre elle. Elle agira, puisque les sorciers se montrent de moins en moins dignes de son don.
Severus commençait à prendre peur. A mots couverts, lorsque leur petit groupe se détendait en refaisant le monde, Gemna les avait prévenus que les sorciers étaient de plus en plus mal vu par les autres peuples magiques, plus particulièrement en Grande Bretagne où ils faisaient littéralement n'importe quoi sous les ordres de Voldemort, du ministère ou de Dumbledore. Elle leur avait d'ailleurs signalés que leur prétendue supériorité magique ne reposait sur strictement rien et que si les autres peuples ne leur donnaient pas la raclée dont ils avaient besoin, c'était uniquement parce qu'ils finalisaient leur plan pour que rien ne puisse filtrer dans le monde non magique. Kerouel était le deuxième à lui transmettre cette mise en garde et même s'il avait l'intention de la prendre au sérieux depuis le début … c'était vraiment inquiétant.
-Vos recommandations seront prises au sérieux et transmises à tous, assura Severus en s'inclinant.
-Vous ne croyez pas si bien dire, ricana Kerouel.
Fin Flash-Back
Même si d'un côté, cela le rassurait, d'un autre, Severus n'était pas serein sur les points que les elfes de maison allaient reprendre dans l'éducation des élèves. Il était parfaitement conscient d'avoir des préjugés sur ce peuple enchaîné aux sorciers par un sort semblable à l'esclavage mais quand il prenait le temps de s'arrêter sur cette situation, il était clair que les elfes de maison avaient également leurs intérêts dans ce «partenariat» qui semblait aujourd'hui leur être plus que défavorable et que quand le monde sorcier allait enfin se souvenir des clauses exactes de ce contrat, il allait tomber de haut.
Severus se secoua. Peu importe à qui il avait vendu son âme – il espérait simplement que ce serait à Poudlard – les élèves seraient en sécurité et c'était tout ce qui comptait. Maintenant qu'il avait la date de l'attaque, il lui faudrait tout coordonner pour que tout le monde soit à sa place et de préférence Hermione et Harry hors de portée à la fois de Voldemort mais également de Dumbledore qui, il n'en doutait pas une seule seconde, serait parfaitement au courant de ce qui allait se passer, quand bien même il avait disparu de la surface de la terre.
§§§§§
Fred et Georges Weasley avaient prévenus leurs employés qu'ils reviendraient en fin d'après-midi au plus tard. Conscients que pour leur tranquillité d'esprit, il ne valait mieux pas leur demander les détails, ils décidèrent de ne pas poser de question et de les laisser filer à Pré-au-Lard.
Les jumeaux avaient un commerce florissant et n'avaient laissé personne se mêler de leurs affaires, à commencer par Albus Dumbledore qui avait longuement insisté dès l'instant où ils avaient ouvert la boutique. Mais comme ils n'aimaient pas ses manières comme son comportement vis-à-vis d'Harry, ils avaient toujours décliné ses propositions de suivre ses ordres pour le plus grand Bien.
Si les deux roux avaient délaissé leur boutique en Irlande – qu'ils avaient ouvert avant celle à Londres pour soutenir leurs ventes par correspondance – c'était pour rencontrer leur principal et unique investisseur, un certain Harry Potter. En parallèle à leur commerce, ils développaient leur gamme Cara, destinée à la protection. Outre le chapeau et les vêtements dotés d'un sort d'indifférence, ils avaient amélioré la bague-accumulatrice pour qu'elle puisse être utilisée plus d'une fois. Grâce à leurs contacts, ils avaient également appris que ce n'était pas leur associé qui portait ledit artefact mais sa meilleure amie Hermione Granger et connaissant sa manière d'agir quand ses proches étaient en danger, ils savaient qu'ils ne devaient pas se louper pour le reste de la gamme.
Pour garder leur rencontre discrète, Fred et Georges avaient loué pour la journée un salon privé aux Sentiers de Pré-au-Lard, un salon de thé bien plus haut de gamme que celui de madame Pieddodu ou tout autre établissement généralement favorisé par les élèves. Ils ne craignaient pas d'attaques de mangemorts puisqu'avec Severus Snape à la tête de Poudlard, Voldemort en avait plus ou moins le contrôle. Toutefois, même en relative sécurité, ils ne tenaient pas à se faire voir de d'autres personnages déplaisants, comme leur jeune frère et leur jeune sœur. La correspondance régulière qu'ils entretenaient avec leur associé leur avait révélé les dernières frasques de Ron et le «béguin» de Ginny – à ce rythme, on devait parfait plutôt d'harcèlement – qui étaient un secret de polichinelle.
Pour tester les nouvelles innovations de leur chapeau passe-partout, Georges se promenait dans le village tandis que Fred, dans le salon privé, jetait dans son carnet de nouvelles idées pour la boutique. Il était nostalgique de sa scolarité mais désormais installé en Irlande, il se rendait compte qu'il y avait des irrégularités et des non-sens qui faisaient légion dans son pays d'origine et pire, que rien n'était fait pour les corriger. Enfin, disons que le plus gros, le matraquage systématique des Serpentards, était de l'histoire ancienne avec Severus Snape et il espérait que le reste ne tarderait pas à suivre avec la disparition de Voldemort et celle de Dumbledore du paysage politique. Il avait confiance en Harry pour bouger les troupes et surtout, pour se débarrasser de ses ennemis avec les bons alliés à ses côtés.
Alors qu'il s'apprêtait à retourner aux Sentiers, Georges fut surpris de tomber, dans une ruelle en retrait de la rue principale, sur Ginny et Ron accompagnés de Molly qui s'éloigna quelques instants plus tard. Si la présence de ses frère et sœur ne l'étonnait pas, celle de sa mère l'était beaucoup plus. Il avait entendu ses déboires avec Severus Snape et Sirius Black, et par ricochet avec Hermione et Harry, et ne voyait aucune raison à sa présence au village. Le farceur aurait bien voulu sortir l'une de ses Oreilles à Rallonge mais il savait que le retour du son serait mauvais et honnêtement, il n'avait pas envie d'interpréter ce qu'il entendait. Non, le mieux était de se rapprocher le plus discrètement possible. Or, si les jumeaux étaient de plus en plus doués pour créer des farces et attrapes, leur mère l'avait été tout autant pour les déjouer.
-Pattenrond? s'exclama une voix. Mais qu'est-ce que tu fais ici? Je te croyais au château!
-Il a dû avoir envie de se promener, sourit une autre voix.
Avec horreur, Georges vit Hermione et Harry s'engager dans la ruelle puis commencer à tituber.
-Ron? Ginny? ânonna Harry alors que sa tête tournait de plus en plus. Mais qu'est-ce que vous faites là?
-Nous allons dans un endroit plus tranquille, assura Ginny.
L'instant suivant, les deux bruns étaient évanouis. Ron profita de leur inconscience pour commencer à déshabiller Hermione.
-Tu fais quoi? pesta Ginny
-Tu sais depuis combien de temps j'ai envie de voir ce qu'elle a sous ses vêtements? gloussa Ron en remontant le t-shirt de la jeune femme pour dévoiler un soutien-gorge bleu.
-On n'a pas le temps! s'irrita Ginny. On doit les amener à maman tout de suite!
-Si on ne peut même plus s'amuser, grogna Ron.
Il ne prit même pas la peine de la rhabiller ni même d'utiliser la magie pour la soulever. A la place, il la mit sur son épaule et glissa sa main sous sa jupe pour l'avoir directement sur ses fesses. Sa sœur ne put que lever les yeux au ciel.
Georges serra les poings devant leur absence totale de conscience. Il savait qu'ils convoitaient les deux bruns mais au point de les kidnapper, il pensait qu'ils auraient plus de jugeote que cela. Sachant que sa fenêtre d'action se réduisait de plus en plus, il décida d'agir au plus vite. Il fouilla dans ses poches et sortit un artefact de la gamme Cara qu'il comptait présenter ce jour-là. La paire de lunettes se retrouva sur son nez tandis qu'il débouchait une fiole dont le contenu forma une brume épaisse. Le temps d'envahir la ruelle, il plaça plusieurs barrières pour les bloquer et surtout pour empêcher Molly de leur porter secours.
-Eh! Mais qu'est-ce qui se passe? s'écria Ron
Ce fut le signal pour Georges d'attaquer. Sans les lunettes qui allait avec le pack, toute personne piégée dans la brume ne pouvait rien voir à plus de quelques centimètres. Il fit tomber son jeune frère à terre pour récupérer Hermione puis fit trébucher sa sœur pour lui dérober Harry. Il déposa les deux bruns derrière les barrières magiques puis figea les deux roux. Ensuite, il referma la fiole, ce qui permit à la brume de totalement se dissiper, puis réfléchit à ce qu'il allait faire. Les laisser immobiles serait dangereux pour eux, surtout s'ils venaient à crier sur tous les toits qu'ils étaient avec Hermione et Harry, mais ces derniers n'étaient plus des gentils Gryffondors et n'avaient plus aucun lien avec le frère et la sœur. Georges décida que le plus sûr était de prévenir les aurors qui les prendraient en charge immédiatement. Dès qu'ils arrivèrent sur place, il prit les deux amis et s'enfonça dans les rues du village …
