Prêt pour le défi ?
Titre du 09/04/2022 : Prêt pour le défi ?
Pangolin : Hadès - écrire une scène drama
H : Henry Mills
Créature 38 : Sorcière
Prénom 72 : Henry
Quatre aspects de… Kagami & Kuroko : Basket : Écrire sur un sport ou écrire sur le point de vue d'une paire de chaussure
137) 100 façons d'écrire du drama
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
Courir, découvrit rapidement Henry Mills, était une activité fortement fatigante.
Non pas qu'il ne pratiquait jamais la course à pied, il faisait du sport assez régulièrement à l'école (enfin quand il avait le temps d'y aller ce qui ces derniers temps n'avait pas trop été le cas entre sa disparition, l'attaque de Cora et Crochet et maintenant son enlèvement), aussi ça lui arrivait de courir assez souvent.
Sauf que cette fois-ci, les circonstances n'étaient pas du tout les mêmes.
Avant cela, quand il était encore dans l'enceinte de Storybrooke, en sécurité, protégé, loin du danger, jamais il n'avait été obligé de fuir pour sa vie.
Même dans la Forêt Enchantée il ne se souvenait pas avoir autant été en danger qu'à cet instant précis alors que cet autre monde était lui aussi très périlleux, mais à ce moment-là, il n'était pas seul.
Il avait été accompagné, aidé, par Robin des bois, par son père, par les habitants de la Forêt Enchantée.
Et personne ne le poursuivait, personne n'en voulait à sa vie, il n'avait pas été enlevé, il s'y était rendu de lui-même, de son plein gré.
Ici et maintenant, rien n'était plus pareil.
Désormais, il était livré à lui-même, et il devait fuir, courir le plus loin possible, parvenir à fuir ses poursuivants le plus longtemps possible, à tenir jusqu'à ce que sa famille finisse par le retrouver et l'emmener loin de cette île de malheur, lui et Wendy.
Et, alors qu'il continuait de courir et que sa respiration devenait de plus en plus laborieuse, il finit par réaliser qu'il n'y parviendrait sans doute pas.
D'abord parce qu'il ne pourrait pas réussir à tenir un tel rythme éternellement, il faudrait bien qu'il s'arrête à un moment donné pour s'arrêter, pour respirer, et surtout…
Il n'avait aucun plan à part celui de courir sans être rattrapé par Félix et les autres garçons perdus, et à cette simple pensée, il sentit la panique l'envahir.
Il ne connaissait pas cette île, de même qu'il connaissait mal le monde de naissance du reste de sa famille à son arrivée, alors que ceux qui tenaient à le capturer et à le ramener à Peter Pan y vivaient depuis bien avant sa naissance, depuis sans doute même des siècles pour ce qu'il en savait.
Il avait bien conscience que cette chasse ne durerait pas bien longtemps et que lui, la proie, cesserait bientôt de courir.
C'était presque un miracle qu'il ait déjà tenu aussi longtemps.
À bout de souffle, il finit par s'arrêter, espérant s'être suffisamment éloigné d'eux pour pouvoir respirer quelques minutes avant de devoir repartir et de reprendre cette course folle qu'il tentait vainement de rendre interminable tout en sachant que c'était parfaitement illusoire.
Son espoir fut de courte durée quand il entendit des bruits de pas résonner non loin de lui, et s'il avait encore eu assez de voix pour ça, il aurait sans doute laissé échappé un soupir de rage.
« Hé, par ici, lui chuchota alors une voix non loin de lui.
Prenant une nouvelle inspiration, Henry tourna la tête dans la direction où se trouvait celui qui l'avait interpellé et il fronça les sourcils.
Qu'est-ce qu'un garçon perdu faisait là, tout seul, loin des autres ?
Était-il en train de le chercher lui aussi, est-ce que c'était un piège ?
Du peu qu'il savait de Peter Pan, ça ne l'aurait pas étonné.
Reprenant son souffle, il regarda derrière lui avec méfiance pour vérifier que les autres ne l'avaient pas encore rattrapé, avant de se diriger vers le garçon inconnu.
En le regardant furtivement, il lui trouva quelque chose de familier, sans réussir précisément à déterminer quoi exactement.
- Qui es-tu ? Lui murmura-t-il, sur la défensive.
- Je m'appelle James, lui confia-t-il, et toi ?
- Henry, lui répondit-il.
Ce n'était pas comme si son prénom était un secret ou comme s'il était ignoré des enfants perdus et tout le monde devait déjà savoir à quoi il ressemblait.
Mentir ne lui servirait absolument à rien.
James lui sourit avec ce qui se voulait être un sourire rassurant.
- Enchanté Henry. D'après ce que je vois et ce que j'entends, dit-il en tournant la tête en direction des voix et des bruits de pas qui se rapprochaient de plus en plus d'eux, tu as l'air d'être dans la même situation que moi.
Henry fronça les sourcils, perplexe.
- C'est-à-dire ?
- Toi aussi tu fuis les garçons perdus, pas vrai ?
Il y avait de l'espoir dans sa voix, l'espoir de celui qui a été seul pendant trop longtemps et qui, enfin, ne l'est plus et trouve un allié pour l'épauler et lui permettre de continuer à se battre.
Un garçon de l'île qui fuyait les autres enfants perdus ?
C'était plutôt plausible, songea Henry, ce qu'on lui avait dit du Pays Imaginaire et de Peter Pan ne donnait pas franchement envie de rester, et son père avait voulu fuir loin des enfants perdus autrefois, ne plus être leur prisonnier ni celui de cette île maudite.
Peut-être ce garçon était-il dans le même cas que lui.
- Je… Oui, reconnut Henry.
Sans doute n'était-ce pas très prudent de lui faire confiance et de demander son aide, mais il était à deux doigts de se faire attraper par les autres et il était le seul à pouvoir l'aider.
Ce n'était pas comme s'il avait un quelconque autre choix possible.
Les bruits se firent encore plus proches et, sur le qui-vive, le garçon se tourna vers eux, avant de tourner à nouveau la tête vers Henry, une lueur de peur dans les yeux.
- On doit partir, maintenant, si on ne veut pas qu'ils nous trouvent… Et crois-moi, si jamais ça arrive, tu… tu n'as pas envie de savoir ce qui se passera, ce qui nous arrivera à tous les deux. Tout ça parce que nous avons osé nous enfuir, parce que nous n'avons pas voulu rester.
Sa voix se brisa, emplie de peur, et Henry frissonna.
Il savait déjà.
Son père lui en avait parlé, pas beaucoup, et il ne connaissait pas les détails mais il en savait assez pour avoir conscience du fait que ceux qui osaient tenter de fuir et se faisaient prendre étaient tout sauf bien traités une fois retrouvés.
- D'accord, approuva-t-il, est-ce que tu sais… est-ce que tu sais où est-ce qu'on pourrait aller pour leur échapper ?
- Je connais bien l'île, ça fait un moment que je suis là. Et toi ?
- Je viens d'arriver, avoua Henry, sans développer la raison de sa présence, ne voulant pas que James soit tenté de le livrer à Peter Pan en échange d'une potentielle liberté.
- Et dès le premier jour tu as réussi à t'enfuir ? Lui dit l'autre garçon, l'air clairement impressionné. Félicitations. Moi ça fait des mois que je prépare mon évasion. Enfin je crois, grimaça-t-il, c'est difficile de vraiment tenir le compte des jours qui passent ici.
C'était une des choses qui terrifiait le plus Henry depuis son arrivée dans ce monde situé hors du temps.
Depuis combien de temps se trouvait-il ici au juste, combien de temps s'était écoulé depuis qu'il avait été enlevé par Michel et Jean ?
Pour lui, il avait l'impression que cela ne faisait pas très longtemps, mais peut-être se trompait-il.
Impossible de savoir.
- Je comprends.
Nouveaux bruits de pas et James étouffa un juron avant de prendre la main de Henry dans la sienne.
- Suis-moi, je sais où on peut aller, avec un peu de chance, ils ne penseront pas tout de suite à aller nous chercher là-bas. »
Alors Henry Mills se saisit de cette main tendue inespérée qui se trouvait devant lui et se mit à courir le plus vite possible.
§§§§
Ils couraient, sans s'arrêter, et Henry avait l'impression que ce ne serait jamais suffisant pour qu'ils parviennent à semer leurs poursuivants.
C'était un combat perdu d'avance, un jeu tordu dont ils ne connaissaient pas les règles et qu'ils ne pouvaient pas gagner parce que les dés étaient pipés depuis le départ, un divertissement cruel organisé et truqué par Peter Pan en personne.
Évidemment qu'ils n'avaient pas la moindre chance.
Mais malgré tout, Henry continua de courir, bien prêt à se battre même si tout était contre lui.
Parce que Blanche-Neige aussi n'était a priori pas censée gagner face à sa belle-mère.
Parce qu'Emma l'orpheline ne se serait jamais crue l'étoffe d'une Sauveuse avant qu'elle ne découvre de quoi elle pouvait être capable.
Parce que personne n'aurait parié qu'un jour le tisseur lâche qui avait fui la guerre deviendrait le Ténébreux craint de tous.
Il venait d'une famille animée par l'espoir, qui ne renonçait jamais.
Et il avait bien l'intention de leur faire honneur.
Sans même réfléchir, il se rua dans la direction que James lui indiquait, accueillant bien volontiers cette nouvelle cachette qui leur ferait gagner quelques minutes de plus face à leurs poursuivants qui, comme il l'entendit quelques secondes plus tard, venaient de partir dans la mauvaise direction.
Il prit une nouvelle inspiration, sentant la douleur envahir tous ses membres.
Cette course folle ne s'arrêterait-elle donc jamais ?
Étaient-ils condamnés à fuir ainsi jusqu'à la mort ou jusqu'à ce qu'un des sbires de Peter Pan les retrouve tous les deux ?
Non.
Non, ça ne pouvait pas être la seule issue possible, Henry s'y refusait formellement.
Devant lui, James s'écroula, désemparé.
« On ne… haleta-t-il, lui aussi à bout de souffle. On ne va pas pouvoir tenir bien longtemps.
Henry aurait aimé pouvoir le contredire mais il ne trouva pas le moindre argument en leur faveur, bien au contraire.
- Je sais, admit-il.
- Ils font finir par nous retrouver, même si on parvient à se cacher, on ne pourra pas leur échapper éternellement, ils connaissent l'île mieux que nous et il est impossible de quitter ce monde par nos propres moyens, j'ai déjà essayé… On est perdus.
Le désespoir dans sa voix qu'il s'efforçait de cacher était malgré tout très perceptible et Henry sentit son estomac se nouer.
Il fallait absolument qu'il le réconforte, mais comment faire ?
- Ça ne durera pas, lui promit-il, ma famille… Ma famille va venir. Mes mères, mon père, mes grands-parents, quand ils sauront où je suis, ils viendront pour me chercher. Ils nous sauveront. Ils terrasseront Peter Pan, je te le jure, ils savent se battre, ils ont de la magie, je… Je sais que ça semble sans issue et que notre situation paraît désespérée, mais ne t'inquiète pas. Elle ne restera pas toujours ainsi.
- Toi au moins tu as des gens à qui tu tiens, lui dit l'autre garçon avec une lueur de regret dans le regard, moi je n'ai personne qui se soucie de moi, personne ne viendrait me chercher, même si le passage entre ce monde et le mien était possible… Comment est-ce que tu peux être certain à ce point-là que ça va arriver ?
Henry sourit.
- Parce que je crois en eux. Parce qu'ils l'ont déjà fait. Parce que c'est dans ma famille et que dans ma famille on se retrouve toujours. »
Une nouvelle flamme s'alluma dans les yeux de son interlocuteur et Henry se sentit rassuré.
À quoi bon espérer qu'un sauvetage se produirait s'il n'arrivait même pas à faire croire le seul allié dont il disposait actuellement qu'ils avaient une chance de s'en sortir ?
Puis ils entendirent de nouveaux bruits et ils se remirent à courir.
§§§§
Devant eux s'étalait le vide.
D'un main, Henry retint James avant qu'il ne s'avance trop loin, ayant aperçu la crevasse le premier.
Il regarda à droite, puis à gauche.
Il n'y avait pas d'autre issue, et derrière eux, les enfants perdus se rapprochaient de plus en plus, épée de Damoclès implacable qui n'allait pas tarder à les faucher en plein vol.
Ce fut à ce moment précis que Henry eut pour la première fois le sentiment qu'ils ne s'en sortiraient pas, qu'il était trop tard.
Leurs seules options étaient un saut dans le vide ou d'accepter leur sort et Henry n'avait pas vraiment envie qu'une des deux se réalise.
Il se força à réfléchir mais rien ne vint.
« On a peut-être une solution, lui dit finalement James quelques secondes plus tard. Je ne t'en ai pas parlé avant parce que je pensais que ça ne pouvait pas marcher, mais…
- Qu'est-ce que c'est ? Lui demanda Henry.
Le garçon sortit une fiole de sa poche qui contenait un sorte de poudre verte.
- De la poudre de fée. Elle permet de voler, on pourrait franchir ce fossé et nous retrouver de l'autre côté, loin des enfants perdus, mais… elle ne marche que si on y croit suffisamment. Et comme tu l'as vu, le Pays Imaginaire n'y est pas vraiment propice.
Sans hésiter une seule seconde, le fils de la Sauveuse lui prit la fiole des mains.
Il avait cru à la malédiction autrefois, sans la moindre preuve, juste en lisant ce qui n'était qu'à première vue un livre de contes tout à fait ordinaire, juste parce que son cœur y croyait de toutes ses forces, il pouvait bien croire au fait que de la poudre de fée lui permettrait de s'envoler.
Et il avait toujours rêvé de savoir voler.
- Tu n'as pas à t'en faire pour ça, lui assura-t-il, parce que j'y crois. »
Il se saisit de la main de l'autre garçon, déboucha la fiole, répandit la poudre et sauta.
Au bout de quelques secondes, il réalisa avec stupéfaction qu'il était bel et bien en train de voler.
Pour de vrai.
C'était réel.
Il avait réussi.
Lorsqu'il atterrit de l'autre côté, tout à son exploit, il ne remarqua pas que James avait déjà lâché sa main et s'était éloigné de lui.
Il ne remarqua pas non plus les bruits qui se rapprochaient à nouveau alors qu'ils étaient censés les avoir fuit.
Il sourit, extatique, euphorique, avant de se tourner vers James.
« James, on a…
Le mot réussi ne franchit jamais la barrière de ses lèvres et son sourire s'effaça brusquement.
Parce que le visage de l'autre garçon était différent désormais, que son sourire n'était plus le même, que la peur et le désespoir ou même l'espoir avaient complètement disparu, remplacés par un sourire cruel et empli d'une sombre satisfaction que Henry n'arrivait pas à comprendre.
Il n'avait même pas envie de le faire, ayant le sentiment que ce qu'il découvrirait ne lui plairait pas.
- James ? Demanda-t-il, perdu.
Le sourire de l'autre enfant s'accentua et un étau se resserra autour de la poitrine de Henry, comme…
Comme la sensation d'être tombé dans un piège et cette fois, il réalisa qu'il y avait du bruit autour d'eux et qu'ils n'étaient plus seuls.
- Qu'est-ce que…
- Vous pouvez sortir les garçons ! Tonna James.
Une nuée de garçons perdus surgit alors du bois, étaient-ils les mêmes que ceux qui les poursuivaient ou bien d'autres ?
Henry n'eut même pas envie de poser de poser la question, pas celle-là en tout cas.
- Tu es de mèche avec lui, pas vrai ? Comprit-il finalement. Avec Peter Pan. Tu travailles pour lui.
Le sourire de James s'agrandit encore plus avant qu'il n'éclate brusquement de rire.
- Oh, Henry… Tu es très loin du compte. En réalité… Je suis Peter Pan. »
Et Henry eut le sentiment abominable que le sol était en train de s'effondrer juste sous ses pieds.
Jamais il n'avait autant eu le sentiment de s'être fait avoir par quelqu'un.
A suivre…
