Mélancolie au clair de lune.
Titre du 28/12/2022 : Mélancolie au clair de lune
Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)
N : Neal Cassidy
Créature 38 : Sorcière
Prénom 41 : Neal
Quatre aspects de… Peter Pan (Peter Pan de J.M. Barrie) : Sentiment d'appartenance : Écrire sur un personnage capable de tuer quelqu'un qui quitte son groupe d'amis ou écrire sur un personnage qui a de gros troubles relationnels
137) 100 façons d'écrire du drama
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
Neal voulait et ne voulait pas dormir.
En un sens, ce paradoxe ne lui était ni nouveau, ni étranger, il datait de bien longtemps.
Pas du Pays Imaginaire, pas même de Londres quand il vivait seul dans la rue en tentant désespérément de survivre, ni même du temps de la guerre des ogres où chaque jour le rapprochait un peu plus du moment où il devrait être envoyé au combat.
Non, en réalité, tout avait commencé le soir où sa mère avait disparu.
Où elle était partie, pour toujours, sans se retourner, sans un regard en arrière et où son père lui avait dit qu'elle était morte, tuée par un pirate.
C'était à partir de là que le simple fait de dormir était devenu douloureux pour lui et qu'il avait tenté, vainement, d'y échapper, malgré la fatigue.
À cause des cauchemars.
La nuit, il voyait sa mère se faire tuer, encore et encore, sans jamais pouvoir la sauver, sans qu'une seule de ses actions puisse changer quoi que ce soit à l'issue terrible qui lui avait volé sa mère.
Plus tard, les cauchemars avaient changé, son père lâchant sa main, les pirates le trahissant, l'enfer au Pays Imaginaire, sa mère qui partait sans un regret et sans la moindre hésitation parce qu'il n'avait jamais été suffisant pour elle.
Ils n'étaient pas toujours systématiques et certaines nuits en étaient même entièrement dépourvus, mais ils étaient fréquents.
Bien trop à son goût en réalité.
Ce ne fut qu'en arrivant dans le monde sans magie pour la deuxième fois, en rencontrant Emma puis en réalisant que c'était fini, terminé, qu'il était libre, qu'il avait commencé à moins en faire.
Ils n'avaient pas disparu, loin de là, mais dormir était devenu beaucoup plus facile maintenant que les ombres du passé étaient loin de lui, qu'il savait qu'il pouvait aller de l'avant dans ce nouveau monde qu'il commençait à peine à découvrir.
Et qu'un jour, peut-être il pourrait presque oublier ce qu'il avait vécu quand il s'appelait encore Baelfire.
Presque.
D'autres étaient apparus, lui abandonnant Emma, l'envoyant en prison, lui faisant subir exactement la même chose que lui-même avait été forcé de vivre par le passé et à plusieurs reprises.
Et même s'il n'avait pas réellement eu d'autre choix à l'époque, il avait fini par devenir exactement comme tous ceux qui lui avaient fait du mal par le passé.
Trouver Storybrooke, Henry, son père, Emma, lui avait permis de les laisser de côté, pour de bon, de se réconcilier avec son passé, de commencer à guérir de vieilles blessures qui n'avaient jamais réellement cicatrisé.
Les cauchemars s'étaient fait moins fréquents, et puis…
Et puis Henry avait été enlevé.
Il avait peu et mal dormi durant leur première nuit sur l'île, et peu de cauchemars avaient hanté son sommeil.
Mais ici et maintenant, après avoir passé des heures à marcher et alors que tout ce qu'il voulait c'était fermer les yeux et enfin se reposer, il avait surtout le sentiment que les mauvais rêves allaient le tourmenter à nouveau.
Surtout maintenant, pas seulement parce qu'il était de retour sur l'île qui lui avait volé le peu qu'il lui restait de son enfance et de son innocence, mais à cause de ce que son grand-père lui avait révélé.
Et honnêtement, la perspective de rêver malgré lui d'être incapable de quitter cette maudite île, de poursuivre cette quête impossible en sachant que s'ils échouaient, son fils subirait exactement la même chose que ce qu'il avait vécu dans le passé, rester piégé au Pays Imaginaire sans espoir de s'en échapper, ne le réjouissait définitivement pas.
Aussi, en constatant que Killian, toujours réveillé lui aussi (contrairement aux autres, et tout comme Rumplestiltskin qui montait une fois de plus la garde à quelques mètres d'eux) venait dans sa direction, vraisemblablement pour lui parler, il se sentit presque soulagé.
Parce que au moins, il avait un prétexte pour repousser un peu plus longtemps le moment où il allait devoir dormir et voir ses pires craintes prendre vie sous ses yeux sans rien pouvoir faire contre ça.
Même si ça impliquait de parler avec le pirate qui voulait toujours tuer son père et qu'il n'avait définitivement pas pardonné pour ça et pour tout le reste.
Il ne put s'empêcher de se demander ce que le pirate lui voulait, depuis le début du voyage, ils s'étaient à peine adressé la parole, uniquement lorsque c'était nécessaire et pendant très peu de temps.
En fait, ils s'étaient très peu côtoyé tout court.
« Qu'est-ce que tu veux ? Lui demanda-t-il immédiatement, n'ayant ni l'envie ni la patience d'être poli ou aimable.
Il était bien trop fatigué pour ça et de plus il s'agissait de Crochet.
Raison de plus pour ne pas avoir envie de faire des efforts.
Le capitaine s'assit à côté de lui.
- Je voulais savoir si tu allais bien.
Neal le regarda comme s'il possédait soudainement une deuxième tête.
- Tu… quoi ? S'exclama-t-il éberlué. Pourquoi ?
- Je ne sais pas, ironisa Killian, agacé et sans doute au moins aussi fatigué que lui voire plus après les avoir guidés pendant si longtemps, peut-être parce qu'il n'y a pas si longtemps tu as failli te faire transpercer par l'épée d'un des garçons perdus. Et j'avoue ne pas savoir de quelle manière tu veux mourir, mais je doute que ce soit en étant empoisonné par de l'ombrève à cause d'une erreur d'inattention. Et je suppose que tu n'as pas franchement envie que ta seule manière de survivre soit en restant ici pour toujours et d'être de nouveau prisonnier du Pays Imaginaire. Surtout vu tout le temps que tu as mis pour t'enfuir.
Est-ce qu'il…
Bon sang, est-ce que Crochet était sérieusement en train de le réprimander pour avoir mis sa vie en danger et ne pas avoir été aussi prudent qu'il aurait dû l'être ?
Et si oui, alors est-ce que ça signifiait qu'il avait réellement et sincèrement eu peur pour lui en le voyant ainsi à deux doigts de la mort ?
Si c'était bien le cas, c'était… étonnamment réconfortant.
Malgré leur conflit, malgré la colère de Neal, malgré la volonté de Killian de tuer Rumplestiltskin, malgré le fait qu'ils étaient encore ennemis malgré cette alliance temporaire, il essayait tout de même de le protéger.
Avant de le retrouver, Neal n'aurait jamais cru que ça puisse être possible.
- Oh… Je vois. En effet, tu as raison.
- Qu'est-ce que qu'il s'est passé au juste pour que tu te figes comme ça, en plein combat ? Pendant aussi longtemps ? Tu n'as pas juste été déconcentré, j'en suis sûr, il y avait autre chose… J'ai posé la question à Emma, mais elle a dit qu'il valait mieux que ce soit plutôt toi qui me le dise plutôt qu'elle.
Il savait qu'elle s'était tue en partie pour que le reste du groupe n'apprenne pas la vérité, mais savoir qu'elle avait gardé son secret et qu'elle lui laissait le choix le toucha.
Il pouvait parler ou se taire.
Avant, il n'aurait rien dit, il le savait pertinemment.
Mais Killian était venu le voir alors qu'il aurait pu ne rien faire, ignorer ce qu'il avait vu et ce qu'il s'était passé, se contenter d'agir comme s'il n'avait rien remarqué, et pourtant de toute évidence il s'inquiétait pour lui, il essayait.
Et c'était bien plus que ce à quoi Baelfire s'attendait venant de lui.
Et surtout, il ne devait pas oublier une chose.
Killian Jones lui avait sauvé la vie.
Sans lui, il aurait probablement été blessé, obligé de faire un choix entre deux options aussi insupportables l'une que l'autre en sachant qu'il mourrait en essayant de sauver son fils ou qu'il le rejoindrait dans sa captivité éternelle.
Voire pire encore, qu'il devrait le regarder partir avec les autres sans avoir d'autre possibilité que de rester sur place, seul, dans un endroit qui ne lui avait jamais rien voulu d'autre que du mal.
Alors il lui devait bien une explication après tout.
- J'ai vu Peter Pan pendant la bataille. Il est venu me voir.
Il vit le pirate se tendre aussitôt et serrer le poing de rage et il ne fut pas vraiment étonné.
S'il y avait bien au moins une chose en ce monde qu'ils avaient tous les deux en commun, c'était leur haine pour l'immortel.
- Et qu'est-ce qu'il t'a fait au juste ? L'interrogea le pirate d'une voix glaciale et emplie de rage, promesse d'une mort lente et douloureuse pour Peter Pan si le sorcier avait été en face de lui.
Enfin si jamais il existait un moyen de le tuer bien sûr.
Mais savoir que le marin comme Emma auraient bravé le danger que représentait son grand-père juste pour lui lui faisait chaud au cœur.
- Il m'a provoqué, principalement. Il s'est moqué de moi, de notre quête en disant que nous ne réussirions jamais, mais surtout… Il m'a révélé la vérité sur mon départ du Pays Imaginaire.
Intrigué, Killian fronça les sourcils.
- Comment cela ?
- Hé bien, il s'avère qu'en fin de compte, contrairement à ce que j'ai toujours cru, je… Je ne me suis jamais réellement échappé du Pays Imaginaire. En réalité… il m'a laissé partir. En me laissant croire que j'y étais arrivé tout seul alors que c'était faux.
Le regard empli d'horreur du pirate se posa sur lui.
- Il… il a… Oh le salopard.
Puis une lueur apparut dans ses yeux.
- Oh… Alors c'est pour ça que tu… que tu as dit qu'il savait pour Henry… qu'il savait que tu…
- Je pense qu'il le savait déjà quand j'ai suivi l'ombre au Pays Imaginaire, que c'est sans doute pour ça qu'il a ciblé les Darling à l'époque, parce qu'il savait que j'étais là et qui j'étais et que… peut-être m'a-t-il choisi au hasard, parmi bien d'autres enfants perdus, mais j'ai le sentiment que… Quand je suis arrivé sur l'île, qu'il m'a revu, qu'il a su comment je m'appelais, après m'avoir déjà rencontré par le passé, je pense que… Il savait. Évidemment qu'il savait. »
Et ça ne rendait les choses que pires encore qu'elles ne l'étaient déjà et le pirate ne trouva absolument rien à dire.
Qu'y-avait-il de plus à dire d'ailleurs ?
À part énoncer l'évidence que Peter Pan était un monstre prêt à détruire sa propre famille pour avoir ce qu'il voulait.
Il ne dit pas non plus à voix haute ce à quoi ils pensaient actuellement tous les deux, tellement la perspective que ça devienne réel était tout simplement terrifiante, bien trop pour qu'ils aient le courage de prononcer les mots en question qui dansaient dans leurs têtes.
Parce que si jamais Neal ne s'était pas échappé, s'il s'était emparé de l'ombre seulement parce que Peter Pan l'avait voulu, qu'il lui avait laissé l'opportunité de le faire, alors ça ne pouvait signifier qu'une seule chose.
Leurs chances de sortir vivants de cette aventure et de quitter l'île avec Henry sain et sauf avec eux venaient tout juste d'être drastiquement réduites pour devenir quasiment nulles.
Dans d'autres circonstances, s'ils avaient été amis ou même seulement proches, sans doute aurait-il trouvé quoi dire pour le réconforter, pour l'aider à se sentir mieux, pour atténuer l'amertume, la peine, la colère et la peur qu'il devait être probablement en train de ressentir.
Sans doute l'aurait-il même pris dans ses bras en lui disant que tout allait bien se passer, en lui promettant que tout irait bien, qu'ils trouveraient une solution.
Mais Neal le détestait et ils étaient tout sauf amis.
Et Killian se surprit à sincèrement le regretter, une fois de plus, encore plus qu'avant, parce que pour une fois, ce moment qu'ils partageaient était dépourvu de rancœur, il était apaisé.
Ils arrivaient à se parler, à discuter, ils…
Dans d'autres circonstances, ça aurait pu marcher.
Sans les mensonges, sans les trahisons, sans Rumplestiltskin et son crime, sans Milah, sans le sang versé qui ne pouvait pas être ignoré, sans leurs colères respectives, peut-être auraient-ils pu être amis.
Il savait également qu'ils pouvaient encore l'être.
Regina avançait bien sur le chemin de la rédemption après tout, et il savait bien que s'il l'avait voulu il aurait pu faire de même.
Seulement, il n'y avait qu'un seul moyen d'y parvenir et il le savait, il ne le connaissait même que trop bien tellement il était évident.
Abandonner sa vengeance contre Rumplestiltskin.
Et s'il devait être honnête, il n'était pas sûr d'en être capable, pas alors que tout son être hurlait encore vengeance et que sa haine envers le crocodile restait aussi forte que deux cents ans plus tôt.
En réalité, une seule question se posait dans le fond.
Est-ce que pour lui, Neal Cassidy valait la peine qu'il renonce à tuer le Ténébreux ?
Il ne trouva pas la réponse à cette question aussi facilement qu'il l'aurait cru, n'y parvint pas tout court.
Pas pour l'instant en tout cas.
Pour l'instant, il allait devoir tenter de ne pas se décourager maintenant qu'il savait que malgré leur détermination, leur courage, leur magie, leurs connaissances sur ce monde ou même leurs haricots magiques, toutes ces choses ne seraient peut-être pas suffisants pour l'emporter et leur permettre à tous de fuir de ce monde dans lequel il aurait aimé ne plus jamais avoir à remettre les pieds de toute son existence.
Ça et puis éventuellement dormir aussi.
Il allait en avoir besoin s'il voulait pouvoir continuer d'avancer sans être à deux doigts de s'écrouler à cause de la fatigue.
A suivre…
