12 Septembre : Attendre

Il n'y avait, dans tout l'Empire, pas meilleure moitié qu'un membre de JingYun. D'abord parce que le sexe comme le genre ou l'origine n'avaient que peu d'importance.

Chasseurs comme Chasseuses choisissaient leur partenaire comme leur cœur les guidait, sans se soucier une seule seconde de considération de respectabilité, de clan, de succession, d'origine ou de naissance.

Ca n'avait pas toujours été comme ça, bien sur. Avant que l'actuel Zongzhu soit au pouvoir, les mariages y étaient arrangés, surveillés et rentabilisés jusqu'à la dernière rognure de bronze. Mais ca, c'était avant. Avant que l'actuel Zongzhu n'obéisse à son cœur à défaut de toutes de toutes les règles sociales et épouse celui qui faisait battre son cœur.

C'était il y avait longtemps.

Si longtemps que plus personne à JingYun, et encore moins au Palais, ne se souvenait de cette époque lointaine.

Le couple qui régnait sur JingYun avait sut adoucir la rigidité sociale et structurelle du temple pour en faire leur maison, leur havre de paix et dans la foulée celui de bien d'autres couples.

Il n'avait pas fallut longtemps pour que les autres disciples apprécient celle liberté nouvelle d'aimer et d'être qui ils voulaient et en profitent.

Maintenant, "aimer comme un Chasseur", était synonyme de grands respect entre les partenaires, de bonheur conjugal et surtout, d'avoir un référent neutre pour aider si un couple ne s'entendait plus. Les divorces étaient affreusement rares au sein du Temple. Sans doute parce qu'on laissait toute latitude aux couples de travailler sur leur relation sans s'en mêler à part pour les protéger l'un de l'autre s'il le fallait. Personne à JingYun n'allait cancaner sur un couple qui se faisait la gueule et personne n'empêcherait une épouse de hurler sur son mari. Et inversement. Tant qu'ils n'en venaient ni aux mains, ni aux insultes, et encore moins au mépris et aux blessures orales. On pouvait se crier dessus. Ca arrivait. Mais il fallait que ca reste bon enfant. Dur à comprendre, encore plus à réaliser, mais même quand on ne supportait plus l'autre, il ne fallait pas se comporter comme un imbécile.

Ca restait une utopie bien sur. Tout ne se passait pas aussi bien dans les fait que dans l'image populaire qu'avaient maintenant les Chasseurs de démons. Mais ils essayaient. C'était plus que bien des couples.
Surtout, ca n'avait été qu'un début d'un changement profond qui s'était fait à JingYun bien des décennies plus tôt. Ca avait été le début d'un âge d'or que d'aucun jalousait autant qu'ils l'observaient avec fascination et plaisir.

Yuan Furen avait prit sur lui de gérer la vie en communauté du Temple comme c'était son devoir pendant que son époux et chef du temple s'occupait des disciples.

Yuan Furen, connu comme Anbei QingMing dans le Nord et ancien Prêtre Impérial pendant presque une quarantaine d'années avant d'épouser enfin la moitié de son âme après une seconde chasse au Serpent, avait finit par se laver les mains du Yin Yang pour se consacrer au Temple de son époux.

Depuis le couple régnait sur leur petit royaume en haut de leur montagne avec suffisamment de respect et de bienveillance pour que l'Empereur lui-même les respecte autant qu'il les craignait et était jaloux d'eux.

Comme tous ceux de la lignée, il savait que le chef de JingYun était un Prince.

Comme tous ceux de la lignée, l'Empereur savait qu'il n'aurait aucun problème à le chasser du trône à coups d'épée s'il le fallait.

Il l'avait déjà fait une fois.

Certes, l'Empereur de l'époque était fou et dangereux aussi bien pour l'Empire que ses sujets, les habitants du palais ou la lignée elle-même.

Mais aucun membre de la lignée ne pouvait oublier que quelqu'un, un véritable Phénix observait depuis son temple de pierres, tout là haut dans la montagne.
Aucun membre de la lignée ne pouvait oublier que Zhuque vivait dans ses veines et que jamais aucune statue du Dieu-Gardien ne survivait plus de quelques heures là où elle aurait du être, avant de se désagréger en poussière.

Alors ils observaient tous avec un respect prudent le Temple croitre en force et en renommée, en dignité et en excellence.

Ils finiraient bien par choir.

Comme tous les autres.

Alors, on leur donnerait le respect qu'on donnait à tous ceux qui s'étaient cru au pinacle et s'étaient écroulés.

On danserait sur leurs os et on chanterait leur chute.

Mais en attendant la chute de ce nouvel Empire ?

Plier l'échine n'était pas bien compliqué.

Alors, on souriait et on retenait son souffle tout en murmurant l'Après et en fourbissant les lames qu'on utiliserait pour se tailler une part sur le cadavre encore chaud des déchus.