Réponse aux reviews :
Phyladelphia : héhé j'aime bien les cliffhangers
diane decarvalho : Merci pour les encouragements et pas d'inquiétude, les premiers chapitres vont suivre l'histoire de "La Sélection" et ensuite ça partira dans une direction complètement différente.
Crisalidedange : merci!
Étrangement, ma première pensée est qu'il a un pyjama complètement ridicule. Le prince est en fait vêtu d'une longue robe de chambre en soie verte brodée des armoiries de la famille royale. Je réalise alors que je suis, de mon côté, vêtue d'une simple chemise de nuit légère, que mes cheveux sont probablement hirsutes et que je suis aplatie dans l'herbe. Mais, pour l'instant, mon apparence est bien le dernier de mes soucis. Je me relève d'un bond.
- Vous allez bien ? répète le prince avec un air préoccupé.
Il a une voix légèrement traînante, assez étrange, qui colle bien avec son air froid et arrogant mais pas du tout avec son ton inquiet.
- Euh... oui. J'avais un peu chaud, je voulais aller me balader dans la forêt.
Le visage impassible du prince se tord d'un sourire narquois.
- J'avais plutôt l'impression que vous étiez en train de fuguer.
À la lueur des lampes du jardin, je remarque que ses yeux gris sont plus clairs que ce que je pensais.
- Personne ne vous a pourtant obliger à participer, à ce que je sache !
Je ricane :
- Un malheureuse erreur, vous pouvez me croire. Je préfère largement m'en aller que de jouer la Sang-de-Bourbe de service en attendant que vous me viriez à la première occasion !
- Ah, c'est cela qui vous inquiète alors ! réponds Drago avec un air soulagé. Mais rassurez vous, vous avez toutes vos chances, après tout c'est tout l'intérêt de la Sélection.
Que croit-il ? Que je m'inquiète juste de mes chances de finir à son bras ? Je réplique :
- N'importe quoi ! Vous pouvez garder vos réponses toutes faites. L'intérêt de la Sélection est de vous mettre en scène, mais je ne participerais pas à ce jeu débile !
- Un jeu ! s'indigne le jeune homme. Vous croyez que ce n'est qu'un jeu ? Mais pour moi, c'est tout de même l'occasion de choisir ma future femme. N'oubliez pas à qui vous vous adressez.
Je hausse les sourcils devant l'air suffisant du prince, prend-il vraiment la compétition au sérieux ?
- Vous devez être bien malheureux pour avoir besoin de ça pour trouver une femme...
- C'est très difficile pour moi de rencontrer des jeunes filles, réplique-t-il d'une voix cassante.
- Alors vous pensez vraiment pouvoir tomber amoureux ?
Je remarque que notre dispute s'est muée en une conversation bien plus sérieuse. Le prince à l'air de prendre la Sélection à cœur, ce que je n'avais pas pu imaginer au départ. Je dois être son premier contact avec le monde réel, loin des ambassadeurs et des courtisans qu'il fréquente d'habitude.
- Et pourquoi pas. Vous êtes déjà tombé amoureuse, vous ?
- Oui. Et ce n'est pas une bonne idée, si vous voulez mon avis.
Je le regarde avec un air de défi. C'est probablement stupide de lui avouer cela. Mais au point où j'en suis...
- Alors vous êtes ici pour fuir une peine de cœur.
Ce n'est pas très flatteur pour lui mais je préfère qu'il croit cette version de l'histoire. Au moins, il n'essayera pas de me faire des avances s'il sait que mon cœur est pris. Le risque est bien entendu qu'il le rapporte à ses parents et que je finisse au fond d'une prison pour avoir outrepassé le règlement.
Le prince me toise avec l'air de quelqu'un qui a enfin compris la situation.
- Vous vous appelez ?
- Hermione.
- Et bien, Hermione, je vais demander à mes gardes de vous laisser dehors aussi longtemps que vous le souhaiterez. Vous retournerez ensuite dans votre chambre et ne parlerez à personne de notre entrevue. Vous m'avez compris ?
Son ton est froid et impérieux. Je réalise tout à coup que je viens de balancer les pires horreurs au prince du royaume magique de Grande-Bretagne.
- À demain, Hermione.
Puis il tourne les talons et je me retrouve comme une imbécile toute seule au milieu du jardin.
Qu'est-ce qui vient de se passer ?
Le lendemain, je me réveille étonnement reposée et revigorée avant de me souvenir de mon entrevue de la veille. Je sens alors la honte et la peur m'envahir en me souvenant petit à petit des évènements. Non seulement le prince Drago m'a vu dans une tenue inappropriée mais en plus il me prend maintenant pour une folle mal élevée et grossière. Si mes chances étaient déjà faibles, elles sont maintenant inexistantes. Même si je ne me faisais pas beaucoup d'illusion, je ne m'attendais pas à ce que la situation dérape aussi vite. L'horrible Severus Rogue va probablement débouler d'un instant à l'autre pour m'annoncer de sa voix pleine de morgue que je suis virée.
L'arrivé de Winky me distrait de l'idée de mon prochain renvoi et elle s'affaire avec enthousiasme autour de moi, me coiffant d'un bandeau noir tout simple et m'habillant d'une robe rose saumon en flanelle qui s'attache au cou par un nœud noir. Je ressemble à une petite fille sage et pas du tout à quelqu'un qui pourrait provoquer le prince Drago en l'accusant de manipuler l'opinion du peuple. Tout ce qu'il me faut.
Au petit déjeuner, je suis souriante et de bonne humeur. D'autant que je suis placée entre Luna et Ginny, avec qui je commence à vraiment bien m'entendre. Nous nous moquons sans vergogne de Pansy, qui donne des ordres aux elfes de maison comme si elle était déjà la reine du royaume. Son regard méfiant balaie la table et je me surprends à penser que, sans son air mauvais et son nez écrasé, elle pourrait presque être jolie.
Puis, tout à coup, un grand silence se fait dans la Salle à Manger jusque la remplie des conversations des Sélectionnées. Je suis le regard effaré de Luna et réalise que le prince Drago vient de rentrer dans la pièce. Je ne pensais pas le revoir aussi vite. Je réalise aussi que je suis la seule fille à lui avoir parlé ce qui explique que les autres Sélectionnées soient aussi surprises. On devrait peut-être se lever, faire une révérence ou ce genre de truc, mais tout le monde est tellement choqué que personne ne sait bien quel est le protocole.
- Bonjour Mesdemoiselles, nous sauve Drago avec un sourire, restez assises, je ne fais que passer.
Il porte une élégante robe de sorcier verte et je songe qu'il a l'air aussi sûr de lui en robe de chambre que comme ça. Rogue et son nez crochu passent alors la porte et ce qui doit servir de majordome au prince prends la parole :
- Après le petit déjeuner, nous nous retrouverons au salon où le prince aura le plaisir de s'entretenir avec chacune d'entre vous pendant un bref moment.
La salle s'emplit de bruissements et de chuchotements. Je crois que personne ne s'attendait à ce que ça commence de cette manière. Drago s'incline et sors de la pièce, Rogue sur ses talons.
- J'ai failli m'évanouir, couine une Sélectionnée aux longs cheveux bruns.
J'imagine que ce petit entretien sera celui où Drago va m'annoncer que je suis éliminée. Il va me falloir un plan et vite, car je me suis vite rendu compte, suite à ma petite crise de panique, qu'un retour à la maison serait horrible pour moi : comment pourrais-je retourner travailler aux archives après cela ? Et comment pourrais-je seulement retrouver ma maison et mon quartier quand chaque endroit me rappellera Ron ?
Le salon est en fait une immense pièce en longueur organisée autour d'une cheminée de marbre sculptée. Drago est à l'autre bout de la pièce, devant une tapisserie représentant l'arbre généalogique de la famille royale et, quand je pénètre dans la pièce à la suite de Ginny, il s'entretient déjà avec une Sélectionnée que j'identifie comme Pansy. Elle a l'air de merveilleusement bien s'entendre avec lui et lui touche déjà le bras en riant comme s'il venait de dire une très bonne blague. De son côté, Drago reste courtois et impassible.
Tandis que nous attendons devant la cheminée. J'observe le blason sculpté des Malefoy sur le rebord de l'âtre. Le fier paon s'y étale, bien entendu, mais je remarque en dessous un serpent dont l'œil est fait d'une émeraude incrustée. Le symbole de Lord Voldemort, sans aucun doute. En dessous, une devise est gravée en lettre gothique : « Plutôt la mort que la souillure ». Charmant.
- Miss Hermione Granger.
Je sursaute. Rogue vient d'appeler mon prénom. Je me fraye un chemin à travers les Sélectionnées et traverse le Salon. Drago a un petit sourire en coin un peu moqueur. Pas très encourageant. En arrivant près de lui, je lui fais la petite révérence que m'a apprise Winky et mon plus beau sourire.
- Hermione, c'est cela ? me demande-t-il avec un air narquois
- Et vous c'est Drago, non ?
Je dois arrêter de me comporter avec autant d'arrogance, alors qu'il peut me demander de quitter le manoir d'une minute à l'autre. Heureusement ma plaisanterie semble l'amuser et il esquisse même ce qui ressemble à un vrai sourire. Cela lui donne un air beaucoup plus jeune et à ce moment là je dois bien reconnaitre, comme l'ensemble des Sélectionnées ne cesse de le soupirer depuis le début, qu'il est vraiment très beau. J'entame la conversation avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit :
- Majesté...
- Appelez moi Drago.
- Très bien, Drago, j'ai un marché à vous proposer.
- Un marché ?
Il hausse les sourcils avec un air encore plus amusé. Il doit me prendre pour une folle mais par rapport à ce que je lui ai dit hier soir, ça ne peut pas être pire.
- Laissons tomber les présentations, nous savons tous les deux que je ne suis pas votre future femme alors autant être honnête.
- Tiens donc ? Et pourquoi cela ?
- Je suis une Sang-de-Bourbe et j'en aime un autre. Deux bonnes raisons.
- En effet, c'est franc, mais comme l'autre en question ne vous aime plus, je peux toujours être un second choix.
Il ponctue sa tirade d'un petit clin d'œil et j'en reste bouche bée. Il joue avec moi comme Pattenrond avec une souris. Et je ne vais pas tarder à perdre. Il faut que je lui expose mes arguments avant qu'il ne soit trop tard.
- Ce n'est pas gentil de se moquer de moi !
- Vous avez fait pire hier.
- Je regrette pour hier. Et je vous prie d'accepter mes plus plates excuses pour ces mots qui ont dépassé ma pensée.
- Tiens, mais il semblerait finalement que vous ayez reçu une éducation, Hermione.
Je serre les poings. Mais je l'ai bien cherché.
- Alors ce marché, reprends-t-il en passant ses mains derrière son dos et en prenant un air faussement grave.
De toute évidence, il ne me prend pas au sérieux.
- Je ne suis donc pas votre future femme, comme je viens de vous le démontrer, or votre objectif est, comme vous avez si bien su me le rappeler hier, de trouver la perle rare. Entreprise difficile.
- En effet.
- De mon côté, et pour des raisons personnelles, je ne souhaite pas rentrer chez moi. Je vous propose donc d'être votre alliée. Gardez moi jusqu'à l'Élite et en échange je vous dirai tout ce que vous voulez savoir sur vos prétendantes.
Je risque gros. Je lui propose ni plus ni moins d'espionner à son compte en échange d'une bonne place dans le monde sorcier. Moi qui me moquais de ces filles prêtes à tout ne suis-je pas en train de devenir pire qu'elle ? Mais je ne compte pas jouer de mes charmes pour cela, simplement révéler la vérité sur chaque Sélectionnée au prince et l'aider à choisir la meilleure reine pour le Royaume. Une action charitable, finalement.
Drago me fixe avec ses yeux gris si particuliers et j'ai du mal à soutenir son regard. Il consent enfin à lâcher :
- Jusqu'à l'Élite, c'est beaucoup me demander.
- Si mes renseignements ne vous conviennent pas, vous n'aurez qu'à me faire partir à n'importe quel moment. Je m'engage à plier bagage sans esclandre.
- Vous êtes étonnante Hermione. Je dois avouer que c'est la première fois que je rencontre une femme aussi douée en négociation. Vous feriez une bonne ambassadrice pour notre royaume. Je vous enverrais négocier avec l'empire magique chinois, ça nous simplifiera la vie.
Je me rappelle alors que la Gazette du Sorcier avait mentionné ces troubles géopolitiques avec la Chine. Puis il s'incline :
- Très bien. Le marché est clair. Je vais y réfléchir.
Je repars vers la cheminée sans savoir à quoi m'attendre. A-t-il été convaincu ou n'a-t-il fait que se moquer de moi ? Pendant que les autres prétendantes passent, je discute avec Luna qui me parle longuement du Ronflak Cornu, une créature qui hanterait la forêt entourant le manoir. L'attente est très longue. Puis Rogue annonce :
- Les Sélectionnées qui n'ont pas été invitées par le prince à rester dans le Salon sont invitées à me suivre.
Une bonne partie des prétendantes se dirige avec moi à sa suite. Nous pénétrons alors dans une immense salle d'apparat ou a été dressé un buffet débordant de victuailles. Les discussions avec le prince ont duré toute la matinée - pas étonnant avec le nombre de Sélectionnées - et je réalise que je meurs de faim.
Pansy se jette aussitôt sur le buffet mais Ginny me rejoins alors :
- Luna est restée dans la salle.
- Ah oui ? Qu'est-ce que ça signifie à ton avis ?
La rousse me regarde comme si j'étais une idiote :
- Qu'elle est éliminée bien sûr !
La suite semble lui donner raison puisque Drago entre alors dans la pièce sans la dizaine de Sélectionnée retenues. Je regarde Ginny avec effarement :
- Après cinq minutes de discussion !
- C'est plutôt une bonne nouvelle pour nous.
Je reste silencieuse en l'accompagnant au buffet. Drago ne m'a pas éliminée. Ça doit signifier qu'il a accepté mon marché. Je le cherche malgré moi dans la salle. Il est en train de déguster un petit four en compagnie de Pansy Parkinson et Daphné Greengrass. De mon côté, j'opte pour une minuscule tartelette qui se révèle être à la citrouille. Un délice. Je regrette un peu l'absence de Luna mais passe ensuite au rayon confiseries et me régale de Chocogrenouilles. Je dois me contrôler avant de passer pour la gloutonne de service mais j'ai si peu l'habitude d'une telle profusion de nourriture ! Non pas que je vive dans la misère avec ma mère mais on ne peut pas dire que mon salaire des archives soit mirobolant.
Je suis sur le point de déguster une dragée de Bertie Crochue quand une voix légèrement trainante m'arrête :
- Si j'étais vous, je ne ferais pas ça, celle là est à la morve de Troll.
Je me retourne et vois Drago me faire un de ses sourires narquois dont je commence à avoir l'habitude.
- Je sais encore reconnaitre une dragée à la morve de Troll et je vous assure que celle là est à la menthe.
- On parie ?
Je plisse les yeux. Malheureusement pour moi, j'ai un esprit de compétition assez développé et c'est tout à fait le genre de pari débile que Ron, Harry et moi adorions faire autrefois.
- D'accord. Si je gagne, j'aurais le droit d'avoir ma baguette magique.
C'est une grosse demande. Nous avons rendu nos baguettes dès notre arrivée au manoir, ils doivent avoir peur que nous nous battions à coup de maléfices ou que nous ensorcelions le prince. Mais Drago renchérit :
- Très bien ! Et si je gagne vous venez faire une balade en balai avec moi.
Une balade ? Il doit chercher une occasion de me demander des renseignements sur les autres Sélectionnées. Je n'ai pour l'instant pas grand chose à lui dire, une raison de plus de gagner. Pour toute réponse, j'enfourne la dragée dans ma bouche et m'aperçois assez vite qu'elle est à la morve de Troll. Mais je fais bonne figure et dis avec un grand sourire :
- Délicieux. J'adore la menthe.
Drago se renfrogne aussitôt. Il a l'air d'être très mauvais joueur. Enfin, mauvais perdant surtout.
- Severus !
Le sorcier déboule aussitôt :
- Majesté ?
- Miss Granger ici présente prétend avoir mangé une dragée à la menthe. Mais je crois qu'elle ment.
Rogue tourne alors sa baguette vers moi et je commence franchement à avoir peur. Que va-t-il me faire ? Tout ça pour une stupide histoire de dragée ! Mais le sortilège a un effet totalement inattendu puisque je sens alors la présence du majordome dans mon esprit. Il est en train de lire dans mes pensées ! L'intrusion est brève mais éminemment désagréable. J'en reste choquée et troublée. Je savais que ce genre de magie existait mais je ne pensais pas qu'on l'utiliserait un jour contre moi. Le majordome garde un air froid et impassible en disant :
- C'était une dragée à la morve de Troll et miss Granger a trouvé son goût très désagréable.
Un fin sourire victorieux éclaire alors le visage de Drago.
- Dans ce cas, Hermione, je vous donne rendez vous devant le manoir dans une heure.
Prenant alors congé des autres prétendantes, il sort de la pièce. Je prends tout à coup conscience que l'ensemble des Sélectionnées me dévisage. Drago vient de m'inviter à une balade devant tout le monde : pas étonnant que j'attise les jalousies. De mon côté, je suis bien trop perturbée par ce qui vient de se passer pour y prêter attention et je regagne aussitôt ma chambre. L'intrusion de Rogue dans mon esprit m'a laissé une impression extrêmement désagréable. Comment vais-je survivre dans ce manoir si je sais qu'à n'importe quel moment Drago peut demander à son majordome de fouiller ma tête à la recherche de mes secrets les plus intimes ? À ce moment là, je le déteste de toutes mes forces. Quel insupportable petit crétin arrogant ! Monsieur n'a qu'à claquer des doigts pour demander à son sbire au nez gras et crochu de fouiller dans l'esprit de n'importe qui : c'est révoltant.
Winky me console et m'aide à passer une tenue plus appropriée à un tour en balai. Je me retrouve donc à l'heure prévue devant le manoir en compagnie d'un auror à la mine patibulaire. Drago débarque, un magnifique balai à la main, avec un autre auror et les congédie. Les deux sorciers n'ont pas l'air ravi de nous laisser sans surveillance mais le prince les rassure en promettant que nous ne sortirons pas des limites du domaine.
Le début de la balade est froid et guindé. Drago me pose quelques questions sur mon arrivée au manoir et je lui réponds laconiquement.
- Je ne pensais pas qu'une balade en ma compagnie serait une telle épreuve ! dit-il avec humeur.
- La véritable épreuve était de devoir supporter la présence de votre majordome dans ma tête.
Le blond prend un air surpris.
- Allons ce n'était qu'un jeu et puis c'est vous qui avez menti.
Il amorce un virage brusque qui m'oblige à m'agripper un peu plus à lui.
- Mais Drago on ne rentre pas dans l'esprit des gens sans leur demander leur avis, c'est monstrueux !
- Je ne pensais pas que ça vous déplairait autant, j'ai souvent fait ça avant et personne ne s'est jamais plaint.
- Parce que vous êtes le prince mais je peux vous assurer que c'est très désagréable. Je me demande même pourquoi vous avez accepté mon marché puisqu'il vous suffit de demander à Rogue de fouiller l'esprit des autres prétendantes pour savoir ce qu'elles cachent.
- Vous savez bien que je ne peux pas faire ça, ce serait gênant ! Très bien, je vous promets de ne plus jamais utiliser la légilimencie contre vous.
J'aimerais qu'il me promette de ne plus l'utiliser du tout mais je comprends à ses sourcils froncés que je ne peux pas lui en demander trop d'un coup. Nous restons encore un moment silencieux tandis que nous commençons à survoler la forêt. Je repère d'un coup d'œil les limites du manoir : la propriété est vraiment très étendue Drago me demande alors sur un ton beaucoup plus joyeux :
- Parlez moi plutôt de votre famille Hermione ! Vous avez des frères et sœurs ?
- Non, je suis enfant unique.
- Comme moi, commente Drago.
- En fait je n'ai plus que ma mère, mon père est mort d'un cancer il y a quelques années.
- Un cancer ? Qu'est-ce que c'est ?
- Une maladie moldue.
- J'en suis désolé. Vous devez être très proche de votre mère alors, comment est-elle ?
Je suis surprise qu'il s'intéresse autant à ma famille qui est pourtant bien plus banale que la sienne. Je lui fais part de mon étonnement et il me parle alors de ses parents comme des gens tout à fait normaux. J'en doute mais je ne le montre pas : j'ai fait assez de vague pour aujourd'hui.
- Père peut avoir l'air un peu brusque au premier abord mais il a un grand sens des valeurs. Mère vous plaira sans doute, elle est douce et très gentille.
J'essaye de me rappeler la dernière fois que j'ai vu un portrait des Malefoy dans la Gazette du Sorcier. Dans mon souvenir, Lucius Malefoy avait l'air hautain et Narcissa Malefoy éminemment peu avenante. Je doute les voir de si tôt, car ils doivent être dans leur palais à Londres. Je ravale mes commentaires et préfère orienter la conversation sur les autres prétendantes. Je dresse alors un portrait élogieux de Ginny, la décrivant comme une Sang-Pur bourrée de qualité, drôle, honnête, humble... Une princesse parfaite, quoi. Le blond à l'air très étonné d'apprendre que nous nous connaissions déjà, tant la probabilité est faible que deux Sélectionnées viennent du même endroit. Le blond amorce ensuite une descente vers le manoir et nous dépose derrière un immense saule.
Le prince bondit hors du balai et me propose un bras pour m'aider mais je dédaigne son soutien et évidemment glisse en jurant « Nom d'un pet de dragon ». Le jeune homme me rattrape en riant. Je me relève avec son aide, rouge de honte d'avoir laissé échapper une expression aussi stupide. Un effet secondaire de mes années d'amitié avec Ron et Harry.
Puis la situation dérape assez vite. Je suis encore en train de me demander comment je vais pouvoir m'excuser de ma vulgarité quand Drago me met ni plus ni moins sa main autour de ma taille. Ma réaction est aussi rapide qu'incontrôlée puisque je le gifle purement et simplement. Je reste figée en observant avec horreur le prince se frotter la joue d'un air choqué. Je viens de gifler l'héritier du royaume magique de Grande-Bretagne...
- Mais qu'est-ce qui ne va pas avec vous, Hermione ?
Drago a l'air tout simplement stupéfait d'avoir été frappé. J'imagine que ça doit être la première fois que ça lui arrive. Je balbutie des excuses avant de m'enfuir en courant. C'est une réaction ridicule mais assez saine puisque je risque pas mal pour avoir frappé le prince. Heureusement, j'arrive à retrouver assez vite le chemin du manoir et m'enferme dans ma chambre.
Je reste un instant immobile au milieu de la pièce en songeant à ce qui vient de se passer. Ce qui me semble choquant n'est peut être qu'une banalité pour Drago. Il a de toute évidence l'habitude qu'on lui obéisse et a sans doute été élevé en ayant tous ses désirs satisfaits. Je n'arrive pas en lui en vouloir vraiment et en vient à regretter de m'être emportée aussi vite. Lui, de son côté, doit m'en vouloir atrocement. Je doute que j'échapperai à un départ du manoir, cette fois ci.
Puis sans aucun signe avant coureur, je me met à pleurer et m'effondre sur mon lit. C'est la première que fois que ça m'arrive depuis que j'ai appris le mariage de Ron mais il s'est sans doute passé trop de chose en deux jours pour que je retienne plus longtemps cette douleur en moi. Je pleurs longuement et finis par m'assoupir en profitant de cet incroyable lit à baldaquin pour ce qui est sans doute la dernière fois.
à suivre...
