Réponse aux reviews :

drou : Merci !

Phyladelphia : Tu auras la réponse très vite dans ce chapitre ;)

Et comme d'habitude les illustrations de cette fic sont sur mon site (lien dans mon profil).


Le lendemain, je me réveille un peu pâteuse. Je n'ai pas vu Drago hier soir car nous avons diné entre Sélectionnées. Je me demande à quel point il est énervé contre moi. À ma grande joie, un plateau garni de fruits, de pancakes et d'un bon café m'attend à côté de mon lit. Après l'avoir dévoré, je me lève et appelle Winky qui transplane aussitôt dans ma chambre.

- Co... Comment as-tu fait ça ?

L'anti-transplanage est l'un des sorts de base de la protection magique d'une maison et je ne doute pas que le manoir soit équipé du nec plus ultra dans cette catégorie. Une telle démonstration de magie est donc extrêmement impressionnante.

- Les elfes ne sont pas comme les sorciers, Miss Granger, nous avons notre propre pouvoir.

Je reste soufflée de la révélation. Personne ne m'avait jamais dit ça !

- Mais alors... pourquoi restez vous ici ? Vous pourriez faire bien plus avec de tels pouvoirs !

- Servir la famille Malefoy est un grand honneur Miss Granger, couine Winky en dévoilant encore plus ses yeux globuleux, les elfes sont fait pour obéir aux sorciers.

Je comprends assez vite qu'il ne sert à rien d'insister et que la pauvre Winky a dû subir un lavage de cerveau en règle. Mais l'esclavage des elfes me révolte et je l'ajoute à la longue liste des choses que je rêverais de changer au royaume si j'en avais l'occasion.

- Tenez, Miss Granger, il y a un paquet pour vous.

L'elfe me tend une longue boite en carton ficelée par un ruban vert brillant. Je l'ouvre avec fébrilité et dévoile ma baguette magique, sagement posée sur un socle en bois. Drago. Le cadeau est accompagné d'un petit mot que j'ouvre précipitamment :

La prochaine fois, contentez vous de me le dire.

À demain,

Drago

Je sens un flux d'émotion me traverser. Non seulement, il ne semble pas disposé à me virer, mais en plus il s'excuse - à sa manière - pour son geste déplacé. Je crois qu'il ne cessera jamais de me surprendre. Je bute pourtant sur la signature : « À demain ». Drago est-il absent aujourd'hui ? A-t-il des affaires à régler ? En plein milieu de la Sélection, cela me parait étrange.

Je me lève, beaucoup plus légère qu'au réveil, et passe une tenue simple et confortable. J'erre un peu au hasard dans l'aile des Sélectionnées et rencontre seulement deux filles qui papotent dans le Boudoir. La plupart ont dû rester dans leur chambre. L'une d'elle est d'origine asiatique et ses longs cheveux noirs parfaitement lisses me rendent tout à coup très jalouse. Ce n'est pas ma tignasse qui donnera un jour cet effet là. J'apprends qu'elle s'appelle Cho Chang. L'autre Sélectionnée se présente comme Romilda Vane, elle a un menton proéminent et des yeux très sombres. J'en profite pour leur demander :

- Vous savez où est le Prince ?

- Tu n'es pas au courant ? me réponds Romilda en écarquillant les yeux.

Cho se charge de m'éclairer :

- Il est parti pour toute la journée avec Ginny Weasley. On pensait qu'elle te l'aurait dit puisque vous êtes plutôt proches.

En quittant l'aile, je rumine encore le sourire un peu narquois de Romilda et l'air impassible de Cho. Elles ont essayé de me narguer cela ne fait aucun doute et espèrent sans doute me rendre jalouse. Si elles savaient que c'est moi qui est poussé Drago dans les bras de la rousse... Je suis ravie de cette évolution, car s'il y a bien une fille que j'espère voir devenir princesse, c'est bien Ginny. Mais je ne peux pourtant m'empêcher de ressentir une pointe de déception en réalisant que je ne verrais pas Drago aujourd'hui : j'aurais tellement aimé m'expliquer avec lui.

Pour me changer les idées, j'entreprends de visiter le manoir, étrangement vide à part quelques aurors qui gardent les entrées. Mais pas de Harry parmi eux. Je me mets en quête d'une bibliothèque, sans succès. Il faudra que je demande son emplacement à Drago car cela m'étonnerait fort que le manoir n'en possède pas. En dehors de l'aile réservée aux Sélectionnées, la décoration est austère et imposante mais je découvre quelques pièces plus chaleureuses dont une étrange salle de bain entièrement en marbre. Je doute avoir vraiment le droit de me balader ainsi dans le manoir mais si Drago peut me pardonner de l'avoir frappé, il ne m'en voudra pas d'explorer.

Finalement, je finis aux cuisines où les elfes sont absolument ravis de me voir et me traitent comme une reine malgré mes protestations. Apparemment, Winky m'a décrite comme « la meilleure des maitresses » et tous les elfes tiennent à me remercier en me couvrant de gâteaux.

- Hermione !

Je me retourne et aperçoit avec joie le visage radieux de mon meilleur ami.

- Harry !

Alors évidemment tout ça devient une grande fête de retrouvaille. On se jette dans les bras, on rit, on parle en même temps. Le brun m'explique qu'un enchantement puissant empêche les gardes d'aller dans l'aile des Sélectionnées mais qu'il a espéré m'apercevoir depuis le début. Puis nous abordons les sujets qui fâchent :

- Et Ron ?

Je lève les yeux au ciel et demande deux bouteilles de Bièraubeurre à Winky. Si on aborde le cas Ron Weasley, je vais avoir besoin d'un remontant. Rien que le fait d'entendre son prénom me donne l'impression qu'un hippogriffe me lacère le cœur.

- On est plus ensemble.

Harry fronce les sourcils, il n'a pas l'air au courant.

- C'est une plaisanterie ! Mais pourquoi ?

- Oh je ne sais pas, le fait qu'il en épouse une autre a dû un peu jouer dans la détérioration de notre relation.

- Mais... C'est impossible, qui épouse-t-il ?

J'attrape une Bièraubeurre et en tends une à Harry.

- D'après Ginny, une certaine Lavande Trucmuche.

- Brown ?

Je manque d'en recracher ma bièraubeurre.

- Tu la connais !

Harry prend le temps de boire une bonne lampée avant de me répondre avec un air un peu gêné :

- Disons que j'ai dû la voir au Terrier une fois ou deux. Je sais que Percy manœuvrait pour les caser ensemble mais, pour moi, il n'en a jamais été question du côté de Ron.

Je me sens tout à coup doublement trahie par mes deux meilleurs amis. Alors comme cela ,Ron la connaissait depuis un bout de temps ? Je ne suis pas sûre de vouloir en apprendre plus.

- Enfin Mione, s'énerve tout à coup Harry, c'est quand même toi qui t'es inscrite à cette stupide Sélection !

- Parce que Ron me l'avait demandé ! Je ne pensais pas être Sélectionnée figure toi, je l'ai fait pour lui faire plaisir.

- Toute cette histoire n'a aucun sens, soupire le brun. Je suis sûr que tout cela n'est qu'un gros malentendu.

On reste un instant silencieux jusqu'à ce qu'il reprenne avec une voix un peu bourru :

- Enfin si le prince Drago te fait quoi que ce soit, tu n'auras qu'à venir me voir et je lui lancerai un maléfice de Pousseboutons dont il me dira des nouvelles.

- Ne t'inquiètes pas pour moi, je gère la situation.

- Ce n'est pas la chose qui m'inquiète le plus, Hermione... La situation politique est très tendue et les effectifs d'aurors ont doublé depuis que la Sélection a commencé.

- Qu'est-ce que tu veux dire par très tendue ?

- Les rebelles. Il y a pas mal d'agitation dans le pays et ils pourraient profiter de l'évènement pour attirer l'attention sur eux et pourquoi pas s'en prendre au manoir.

Je digère ces nouvelles. Les rebelles ? Je ne savais pas qu'une révolte concrète subsistait contre le royaume.

- Ne crois pas ce que la Gazette raconte, poursuit Harry, ils essayent de cacher à tout le monde la situation mais ça commence vraiment à devenir dangereux et bientôt ils n'y arriveront plus. Tu es devenu une cible en t'associant à la famille royale, honnêtement je m'inquiète beaucoup pour toi.

Une cible ? Il ne manquerait plus que ça ! Je suis une Sang-de-Bourbe après tout, l'une des premières victimes du système de caste fondé sur le sang. Mais je sais que si une guerre civile se déclarait dans le monde sorcier, le simple fait d'avoir participé à la Sélection me rendrait vulnérable. Quelle que soit l'évolution de la situation politique, pas sûr que celle-ci tourne à mon avantage.

- Je ne pense pas que Drago me gardera très longtemps de toute façon, je ne devrais pas trop attirer l'attention.

- Pas attirer l'attention ! Regarde plutôt ça.

Harry me balance alors le dernier exemplaire de la Gazette du Sorcier, où je retrouve avec horreur l'interview de Rita Skeeter et une photo de moi dans ma robe rose saumon. J'apprends alors avec étonnement que je suis « l'une des favorite du prince » et que nous avons été vu en train « de nous éclipser pour une balade en balai où Miss Granger a sans doute su user de ses charmes ». Je balance le journal le plus loin possible.

- Quel poison cette femme !

J'essaye de ne pas penser à la réaction qu'a dû avoir Ron en lisant ces lignes. Il doit me prendre pour la pire des manipulatrices. Étant donné ce qu'il m'a fait, j'estime que ce n'est qu'un juste retour des choses. Harry, pour sa part, est écroulé de rire et a récupéré le journal dont il me lit avec délectation les meilleurs passages :

- « Hermione nous a confié avec pudeur que le prince et elle avaient déjà une belle complicité. »

- Tais toi ! C'est un tissu de mensonge !

Harry en rit encore en me disant au revoir. Je suis désolée de le quitter mais une trop longue absence de son poste provoquerait la suspicion de ses supérieurs. De mon côté, je passe la fin de ma journée à jouer aux cartes avec Winky et Parvati Patil, une autre Sélectionnée dont la chambre est juste à côté de la mienne et qui se révèle être plutôt sympathique.

Le soir venu, Ginny me retrouve dans ma chambre et à l'air au comble du bonheur.

- On a fait une balade à dos d'hippogriffe ! Tu te rends compte !

De mon côté, je lui raconte ma journée et notamment ma rencontre avec Cho, Romilda et Parvati.

- Pourquoi tu t'intéresses aux autres Sélectionnées ? Je ne te comprends pas... Alors que tout le monde te déteste depuis ta balade avec Drago.

Je ne voudrais pas que Ginny se doute de mon pacte avec l'héritier Malefoy et j'enchaine donc sur mon après-midi avec Harry, ce qui a l'air de lui faire immensément plaisir.

- Harry est ici ! Il va bien ? Oh, j'aimerais tellement le voir moi aussi mais ça m'a l'air risqué. Imagine que tu tombes sur Rogue, ce mec me fait super peur et sans ma baguette magique je me sens vulnérable. J'adorerais lui balancer un bon vieux maléfice de Chauve-Furie.

- Je ne sais même pas si j'arriverais à revoir Harry, aujourd'hui c'était particulier parce que Drago n'était pas là.

Le soir, je reste allongé sur mon lit à penser aux nouvelles données par Harry. Comment ai-je pu ne pas me rendre compte que la situation politique était aussi mauvaise ? Pas étonnant que la Gazette se concentre sur la Sélection et répande de faux mensonges à mon sujet : ils ont tout intérêt à cacher les vrais problèmes. J'aimerais avoir un livre pour me changer les idées car la lecture me manque beaucoup mais un léger bruit à la porte m'apporte une distraction bienvenue.

- Entrez !

C'est Drago. Je me lève aussitôt et essaye tant bien que mal de lisser ma tenue tout en effectuant une révérence. En relevant la tête, je note qu'il a les cheveux un peu plus ébouriffés que d'habitude, contrairement à son éternelle coiffure plaquée en arrière. Je le préfère comme cela. Il me fait, à son tour, une légère révérence et me dit sur un ton courtois :

- Miss Granger, m'accorderez vous une balade dans les jardins où dois-je m'attendre à une nouvelle riposte violente ?

Je souris bien malgré moi.

- Avec plaisir ! Je vais essayer de contrôler ma force physique mais je ne vous promet rien.

- Il faut vivre dangereusement, me réponds Drago en me proposant son bras.

Nous sortons dans le couloir et croisons Romilda Vane qui ne prend même pas la peine de cacher son air atrocement envieux. Assez réjouissant. Une fois arrivés dans le jardin, nous nous asseyons sur un banc pas loin de l'endroit où nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Je ne sais pas s'il l'a fait exprès.

- Mon cadeau vous a plu ? commence Drago avec son sourire en coin.

- Oui ! Merci beaucoup ! Je ne le méritais pas après vous avoir frappé... Je ne sais vraiment pas ce qui m'a prit.

- Mon père m'a toujours dit que la pire des réactions était l'indifférence, je vais donc prendre ça pour un compliment. Mais la prochaine fois que vous lèverez la main sur moi, je vous renverrais. Cela vaut aussi si vous racontez à quiconque ce malheureux incident.

J'en reste muette. Comment peut-il se montrer si courtois puis si effrayant ?

- Comment s'est passée votre journée ? poursuit-il sur un ton plus léger. Mon elfe, Dobby, m'a indiqué que vous vous étiez rendu aux cuisines.

Le ton de sa voix est devenu légèrement soupçonneux. Je tente de garder contenance en priant pour que l'elfe n'ait pas mentionné Harry.

- Euh... Oui, j'avais faim.

- Vous n'avez pas besoin de vous déplacer pour cela, il vous suffit de demander à votre elfe. Elle ne vous sert pas assez bien.

Je proteste aussitôt avec véhémence :

- Oh non, Winky est vraiment parfaite, c'est moi qui est décidé d'y aller, j'avais besoin de bouger un peu.

- Vous vous ennuyez ici, commente Drago avec un ton froid.

- Et bien sans vous, un peu.

Je m'arrête net. Qu'est-ce que je viens de dire ? Ce genre de phrase à double sens ne peut que rendre notre relation un peu plus bizarre et je n'ai vraiment pas envie de ça. Mais Drago se contente de sourire et réplique :

- Dites moi ce dont vous avez besoin pour vous distraire.

- De livres !

Je croit que j'ai quasiment hurlé la réponse ce qui provoque son hilarité.

- Çe n'est pas une grande requête, je peux même vous montrer la bibliothèque tout de suite !

Il se lève alors et me tend sa main. Je comprends après un instant de flottement qu'il s'attend à ce que je la prenne, ce que je fais, ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre sur le moment. Nous partons donc main dans la main vers le manoir. Pourquoi rien ne se passe comme je l'avais prévu ? Sa main est douce et ferme, je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose que ce contact.

Nous traversons ensemble le Salon et la salle de réception et arrivons dans un couloir où trône un immense tableau représentant une forêt sombre et angoissante. Au milieu, une licorne lape doucement l'eau d'une rivière. Le tableau ressemble un peu à l'endroit que Drago m'a montré dans la forêt du domaine.

- Sang-Pur, prononce Drago d'une voix claire.

La licorne relève la tête et semble l'incliner en signe d'assentiment. Le tableau s'écarte alors et dévoile une porte en bois richement sculptée de fleurs et de feuilles. En effet, je n'aurais pas pu la trouver toute seule. Le prince pousse la porte et dévoile la plus belle bibliothèque que j'ai vue de ma vie. La pièce est octogonale, assez petite mais d'une immense hauteur de plafond. L'un des murs est percé d'une fenêtre à montants mais les autres sont couverts d'étagères qui montent jusqu'en haut. Une longue échelle en bois sombre permet d'atteindre les rayonnages les plus élevés.

Je parcoure la pièce et effleure du doigt les nombreuses reliures des livres. L'endroit est calme et une douce odeur de parchemin flotte dans l'air. J'aime définitivement cette pièce ! Je lis quelques titres de livres au hasard : traité sur les potions, anthologie des animaux magiques, livre de sorts,... La tête me tourne devant une telle masse de connaissance. Ayant presque fini le tour, j'arrive devant une étagère dont les reliures sont vierges. Je tente d'attraper un petit livre en cuir, à la couverture sombre, mais il semble collé au bois et me résiste. Drago émet un petit rire devant mes vaines tentatives pour déloger l'ouvrage. Je me retourne vers lui et réalise qu'il s'est assis sur le rebord de la fenêtre.

- Ces livres là sont interdits et par conséquent protégés par un sortilège très puissant.

Je ne réponds rien et lève la tête jusqu'au plafond. Une peinture de couleur pastel représente les différents arts et sciences. Je repose mon regard sur Drago : il a l'air pensif et étrangement mélancolique.

- Merci.

Le blond relève la tête, l'air surpris.

- De quoi ?

- De m'avoir montré cet endroit. J'aime beaucoup ce lieu.

- Heureux que cela vous plaise, c'est aussi mon endroit préféré.

- Vraiment ? Vous aimez les livres ?

Drago m'adresse un regard amusé en coin.

- Cela semble vous surprendre. Je n'avais pas beaucoup de camarade d'école étant jeune, disons que plusieurs de ces ouvrages sont comme de vieux amis. Mais désormais, je n'ai plus trop de temps à y consacrer.

- C'est dommage. Quels que soient les problèmes qui vous tourmentent en ce moment, la réponse se trouve sûrement ici.

- Je ne suis pas sûr que ces livres m'apprennent la géopolitique...

- Mais il y a peut être déjà eu un royaume qui a eu à affronter le même problème que vous ! dis-je avec passion. Savoir comment il s'en sont sortis vous aiderait. L'histoire a beaucoup a nous apprendre.

- Il existe très peu d'autres royaumes sorciers dans le monde et sûrement aucun qui est eu à faire face à ce genre de problème.

- C'est à cause des rebelles ?

En voyant l'air figé de Drago, je réalise immédiatement que je viens de faire une belle erreur : je ne suis pas sensée savoir ça. Le prince se lève aussitôt et me dit d'une voix froide :

- Qui vous en a parlé ?

Je me gifle intérieurement. Pourquoi n'ai je pas gardé mes commentaires pour moi ? Mais voir Drago si tourmenté m'a donné l'irrépressible envie de comprendre ce qui le préoccupait. Ca m'apprendra. Je balbutie :

- Je... je ne sais plus. Une Sélectionnée je crois... Mais je serais incapable de dire laquelle.

Je vois à ses yeux gris devenus sombres qu'il ne me croit pas.

- Ce ne sont que des mensonges créés pour déstabiliser le royaume, les colporter est un acte de haute trahison ! N'en parlez à personne.

Il sort alors en trombe de la bibliothèque et je le suis avec peine. Une fois dans le couloir, le prince effectue un salut en règle et s'éloigne d'un pas rapide sans un mot de plus. Je me demande si j'arrêterais un jour d'être surprise par ses changements d'humeur aussi brusques qu'imprévisibles.

La semaine s'écoule dans ce qui commence fort à ressembler à une routine. Drago essaye de passer un moment avec chaque Sélectionnée et enchaîne les rendez-vous. La nouveauté est que nous avons désormais des cours de protocole avec Severus Rogue, ce qui représente une torture de chaque instant. La meilleure est bien entendu Daphné Greengrass, qui est la seule à avoir le droit à des regards énamourés du majordome. De mon côté, j'ai bien sûr droit aux remarques les plus acerbes du majordome qui me traite comme une idiote. J'en viens à regretter St Brutus, où j'étais tout de même la meilleure de notre année.

Nous nous voyons très peu avec Drago et nous croisons seulement pendant le dîner mais je ne suis jamais assise à côté de lui. Pourtant, la froideur sur laquelle s'est terminé l'entretien de la bibliothèque a totalement disparu et Drago s'arrange à chaque fois pour échanger un regard ou un sourire avec moi, même si je suis à l'autre bout de la table. Le protocole est en effet très strict et, chaque soir, Severus Rogue surveille que nous nous mettions bien à la place qui nous est assignée. Ces règles commencent sérieusement à me fatiguer : j'ai l'impression que chaque moment de ma journée est codifié.

C'est pourtant lors d'un de ces repas qu'a lieu l'élimination suivante. Je suis en train de papoter avec Ginny qui est malheureusement une place plus loin. Une jeune fille blonde, du nom d'Eloïse Midgen, est assise entre nous. La rousse est en train de me raconter comment elle s'est perdue dans l'aile des Sélectionnées et a découvert par hasard un placard plein de vieux balais de course. Le quidditch est l'une des passions de Ginny.

- Imagine si on organisait un match, ce serait génial !

Je délaisse complètement ma tarte à la rhubarbe et tend l'oreille vers mon amie. Mais Eloïse me lance alors vertement :

- Arrête de me coller sale Sang-de-Bourbe !

Tout le monde utilise ce terme, je devrais m'y être habituée mais je suis comme giflée par le ton avec lequel elle l'a dit. Je m'éloigne aussitôt d'elle et constate avec honte que toute la table a probablement entendu sa remarque cinglante. Pansy Parkinson, en face de moi, m'adresse un grand sourire narquois. Je baisse la tête vers mon assiette en essayant de prendre l'air le plus neutre possible. En temps normal, j'aurais sans doute remis cette pimbêche d'Eloïse à sa place mais, en plein dîner, je ne peux que me taire et encaisser l'insulte. Je me suis rarement sentie aussi peu à ma place dans cette Sélection.

Après le souper, le prince nous invite à le suivre dans le Salon où un concert de musique est organisé. Ce n'est qu'une fois assise que j'entends Parvati Patil souffler à sa voisine :

- Eloïse s'est faite virer ! Une de moins.

Je regarde autour de moi et constate qu'en effet la jeune fille blonde semble avoir disparue de la circulation. Quelques instants plus tard, Severus Rogue nous rejoint dans le salon. Pourquoi est-il resté dans la Salle à Manger ? Ginny, assise à côté de moi me lance un clin d'œil.

- Bien fait pour elle !

Mais je n'arrive pas à me réjouir et j'ai même du mal à y croire. Est-ce que cette élimination est la conséquence directe de son comportement avec moi ? Je cherche Drago du regard et tombe aussitôt sur ses yeux gris. Le prince est assis à l'autre bout de l'arc de cercle. Et il me regarde. Le concert me semble durer une éternité. Je n'arrive pas à me concentrer sur la musique - pourtant magnifique - et ne peut m'empêcher de jeter des coups d'œil à Drago. Plusieurs fois nos regards s'accrochent et je reporte aussitôt mon attention sur les musiciens. Ce manège commence à me troubler et à m'énerver. Je déteste cette sensation.

Le lendemain, une autre Sélectionnée du nom de Millicent Bulstrode est éliminée pour avoir giflé Pansy Parkinson même si tout le monde s'accorde à dire que cette dernière l'avait provoqué. Ginny et moi nous jurons d'éviter la brune comme la peste. Je ne lui fais pas du tout confiance.

À la fin de la semaine, je n'ai toujours pas eu de rendez-vous avec Drago et je commence à sérieusement me poser des questions. Pourquoi m'évite-il ainsi ? Ce n'est pas durant les repas que nous allons pouvoir nous voir car j'ai vite compris que les placements sont faits pour que Drago sympathise avec les Sélectionnées les mieux nées : jamais Severus Rogue ne placera une Sang-de-Bourbe à côté du prince. Le soir même, je suis donc légèrement déprimée quand Winky m'apporte un magnifique paquet recouvert de soie rouge. J'ouvre la boite et récupère un lourd volume intitulé : « Histoire de l'Empire Magique Chinois du IIIème siècle à nos jours ». Le livre est absolument somptueux, la couverture en cuir étant richement gravée d'un dragon majestueux. Le paquet contient aussi un parchemin scellé par le sceau des Malefoy. Je l'ouvre d'une main tremblante :

Chère Hermione,

Un grand sage m'a dit un jour que l'Histoire avait beaucoup à nous apprendre. Puisse ce livre vous inspirer des solutions politiques, cela allègerait bien mes journées !

Affectueusement,

Drago

Je reste un long moment à contempler le mot. Pourquoi ai-je l'impression que la situation m'échappe complètement ?

à suivre...