Réponses aux reviews :
drou : merci !
elowars : oh ça me fait super plaisir :)
Thaabil : oui c'est vrai, il faut dire aussi que Drago n'a pas du tout la même histoire que dans les livres
Qu'est-ce que je fais là ? Je me répète cette question pour la millième fois tout en attrapant un petit four à la citrouille du plateau d'argent que me tend un elfe au nez tombant. Les flash des photographes crépitent et je vois déjà le prochain article de Reeta Skeeter : « Entre deux petits fours, la mystérieuse Hermione Granger nous a avoué pudiquement qu'elle était follement éprise du prince. » Ou une autre absurdité du même genre. Nous sommes trois Sélectionnées à être assise dans l'un des petits salons du manoir : Ginny, Daphné et moi, sans qu'on nous ait le moins du monde expliqué la raison de notre présence. Je croise le regard de la rousse : elle a l'air aussi stressée que moi et seule Daphné semble faire comme si tout était normal, ce qui a l'air d'être une seconde nature chez elle.
Soudain Drago déboule dans la pièce, l'air particulièrement agité. Il nous scanne toutes les trois et hoche la tête avec approbation.
- Parfait, lance-t-il à Rogue qui le suit comme à son habitude. Pensez également à rafraichir l'air de la pièce, Mère déteste avoir trop chaud.
Le majordome claque des doigts et la fenêtre du salon s'ouvre aussitôt. Pour ma part, je reste bloquée sur ce que vient de dire Drago : « Mère » ? Allons nous rencontrer la reine ? Ces craintes sont aussitôt confirmées par le jeune homme qui se tourne enfin vers nous.
- Mesdemoiselles, veuillez excuser cette précipitation mais mes parents ont décidé de venir nous rendre une petite visite et souhaitaient vous rencontrer plus particulièrement toutes les trois.
C'est encore pire que ce que j'imaginais. En plus de la reine, voilà que je vais devoir faire bonne impression devant le roi. Je comprends mieux l'excitation de Winky en m'habillant et son opiniâtreté à que tout soit parfait. Je porte une sage robe de satin bleu foncé accrochée au cou par un large ruban. Le col est orné de perles et d'une très belle pierre bleue. Je pourrais presque m'habituer à avoir une styliste. Le seul bémol est que mes cheveux ayant été plaqués en arrière par un gel magique, je ne peux entortiller une mèche pour me détendre.
Réalisant que Drago me regarde, je lui adresse un grand sourire qui se veut rassurant mais doit plutôt être crispé. Nous ne nous sommes pas reparlés depuis son présent et j'ai hâte de le remercier. Heureusement, il prend place sur le fauteuil à côté de moi et je peux discrètement me pencher vers lui.
- Merci beaucoup pour le livre, il est passionnant.
Il esquisse un sourire en coin.
- Ravi qu'il vous plaise, même si je ne vois pas ce que vous trouvez d'intéressant à ce ramassis d'anecdotes historiques à la véracité douteuse.
Renonçant à me battre contre ses préjugés, je préfère poser la question qui me brûle les lèvres :
- Pourquoi le Roi et la Reine ont-ils tenus à nous rencontrer toutes les trois ?
Entendant mon chuchotement, Rogue, droit comme un piquet à côté de la porte, me fusille du regard. Je l'ignore royalement – c'est le cas de le dire. Tout en fixant la porte, le prince me répond à voix basse :
- Parce que vous êtes les trois favorites du peuple, selon le dernier sondage de la Gazette du Sorcier.
J'en reste totalement bouche bée et c'est donc avec une expression idiote que j'accueille Lucius et Narcissa Malefoy qui viennent de pénétrer dans le salon. Tout le monde se lève et, dans ce grand mouvement, je reprend contenance et réalise ma plus belle révérence. La Reine a sa perpétuelle expression de dégoût mais c'est surtout le regard implacable du Roi qui me fige. Ses yeux croisant les miens, je me sens alors la valeur d'une Veracrasse. Merveilleux.
- Père, Mère, prononce Drago en s'avançant.
Il a l'air d'une marionnette qui récite un discours bien appris. La famille royale s'embrasse tandis que le photographe qui se trouve derrière moi les mitraille frénétiquement. Tout ce petit monde prend ensuite place sur de confortables sofas recouverts d'un délicat velours rayé bleu et gris. Je me retrouve à côté de la reine Narcissa et tente de faire bonne figure tandis que Ginny est plus pâle que jamais. Des elfes apportent ensuite le thé et nous sirotons nos tasses avec distinction. Daphné discute tranquillement avec Lucius de grands noms du royaume et de leur nombreuse progéniture, je saisis à la volée quelques noms que j'ai déjà lu dans la Gazette. La blonde a l'air merveilleusement à l'aise et même l'impassible masque du roi se réchauffe quelque peu. De son côté, Drago discute avec Ginny qui reprend des couleurs et à moins l'air de quelqu'un prêt à se noyer dans sa tasse de thé. Évidemment, ces petites conversations me laissent seule avec la Mère Dragon qui attaque d'un doucereux :
- Hermione c'est cela ? Drago parle beaucoup de vous. Il m'a dit que vous étiez particulièrement... vive d'esprit.
Dans sa bouche, cela sonne comme une très mauvaise nouvelle.
- Je prends cela comme un compliment.
- Tout dépend des qualités attendues chez une future princesse.
Elle reprend une gorgée de thé et je comprends que mon cas vient d'un peu plus s'aggraver.
- Vous avez néanmoins une très jolie robe, poursuit Narcissa. Peut-être aurez vous le droit de la rapporter quand vous rentrerez chez vous.
Je souris pour toute réponse car il n'y a pas grand chose à ajouter. Notre petit groupe passe ensuite dans la Salle à Manger où un somptueux déjeuner a été dressé. De tout le repas, je ne lâche pas un mot, laissant à Daphné et Ginny le soin d'animer la conversation. Le couple royal prend ensuite congé et nous donne rendez vous pour le soir où une réception avec les autres Sélectionnées et quelques personnalités du royaume est prévue. Je me sens totalement épuisée et prend la décision d'aller me reposer, tant mon confortable lit à baldaquin me semble être ce qui se rapproche le plus du paradis à ce moment là. Et puis autant prendre des forces pour la soirée. Daphné et Ginny s'éloignent en papotant gaiement et les photographes sont reconduits par Rogue. Me retrouvant en arrière avec Drago, ce dernier m'attrape le bras.
- Qu'est ce qu'il se passe Hermione ?
- Tout va bien.
- Vous semblez un fantôme. J'aurais cru que faire bonne impression auprès de mes parents vous importerait un peu plus.
Je soupire.
- Vos parents peuvent être... impressionnants.
Ses yeux aciers scrutent mon visage.
- Je ne savais pas que vous étiez du genre à vous laisser impressionner.
Je serre les lèvres. Que répondre à cela ?
- À ce soir Hermione, en espérant que vous aurez retrouvé votre... allant.
Il s'éloigne avec un fin sourire narquois accroché aux lèvres, me laissant une désagréable impression d'humiliation. Comment pourrait-il savoir que je ne peux résister à un défi ? J'ai passé pas mal d'année à St Brutus à répondre à ceux de Ron et Harry. Et il vient clairement de m'en lancer un. Pleine d'une nouvelle énergie, je regagne ma chambre et fouille mon placard à la recherche d'une tenue un peu moins... ennuyante.
C'est donc parée d'un haut beige serré au cou mais sans manche, brodé de multiples fils dorés que je descend l'escalier. Ma tenue se complète d'un large jupon en tulle d'une délicate couleur champagne et de fines sandales à talon. Pour la coiffure, Winky s'est surpassée en me concoctant un chignon flou aérien et délicat. Je crois ne mettre jamais autant sentie comme une princesse. Le regard mortel de Pansy me conforte dans mon choix et je passe sans lui adresser un regard. Je viens de me rendre compte que la Sélection est un jeu implacable : si je ne me bats pas, je vais me faire écraser et c'est hors de question.
En me voyant arriver, même Drago en oublie de refermer sa bouche et la moue de dégoût de Narcissa s'accentue un peu plus – ce que je ne croyais pas possible. Je les ignore également et attend patiemment l'arrivée des invités. Severus Rogue les annonce un par un. Il y a là des journalistes – l'horrible choucroute blonde de Reeta Skeeter en tête, des écrivains, la célèbre chanteuse Célestina Moldubec et d'autres personnalités que je ne connais pas. Il y aura peut-être des gens intéressant ! Mais à mon grand déplaisir, c'est un espèce de playboy aux cheveux ondulés trop figés pour être naturels et à l'immense sourire d'un blanc éclatant qui fonce sur moi.
- Gilderoy Lockart, me lance-t-il sans cesser d'exhiber sa parfaite dentition, je suis charmé.
Il se lance dans un baise main compliqué. Apparemment les autres Sélectionnées ont l'air de le trouver très beau, vu les chuchotements, et surtout de le connaître.
- J'ai a-do-ré votre interview dans la dernière Gazette, une telle sensibilité, et quelle belle leçon pour tous les gens... euh... de votre condition. Vous êtes charmante Hermione, vraiment charmante !
Il se lance ensuite dans un grand éclat de rire en me prenant le bras ce que je trouve à la fois peu naturel et assez cavalier. Je balbutie des remerciements tout en me demandant ce que la Plume à Papote est encore aller raconter sur moi. Heureusement, Célestina Moldubec fonce alors sur nous et de longues embrassades commencent.
- Gilderoooy très cher !
- Célestinaaa, ma chérie vous êtes divine ! On pourrait vous prendre pour une Sélectionnée avec ce teint de pêche.
La chanteuse prend un air faussement modeste en secouant une main chargée de bagues mais on sent que le compliment lui fait très plaisir même si elle n'est clairement pas de prime jeunesse. Puis, elle se tourne vers moi :
- Hermine, il faudra me dire où vous avez trouvé cette sublime robe.
Ses yeux soulignés d'un crayon violet électrique parcourent avec admiration les broderies dorées de mon haut.
- C'est Hermione...
Je tente de la corriger mais c'est peine perdue car Gilderoy Lockart vient de se lancer dans une grande description de son périple en Chine. Je dois reconnaître qu'il a le don de se mettre en scène car notre petit groupe s'élargit bien vite de Narcissa, Drago et Pansy, cette dernière buvant littéralement les paroles de l'aventurier. Celui ci se lance alors dans le récit épique de son combat contre un Boutefeu chinois en haut de la muraille de Chine.
- J'étais alors pris au piège et j'ai bien cru ma dernière heure venue. Le Boutefeu se dressait de toute sa hauteur sur la muraille. Il avait déjà rasé pas moins de trois villages moldus. Un carnage.
- Merlin ! Lockart ! souffle Célestina la main sur le cœur. C'est à peine croyable !
- Heureusement ma chère, lui répond l'orateur en posant sa main sur son bras, un Stupéfix puissant a su en venir à bout. Le plus dur a ensuite été de cacher le corps pour que les moldus ne le découvre pas. C'est comme cela que j'ai gagné cette humble médaille.
Il exhibe alors une broche en or représentant un dragon chinois. Je reste circonspecte quand à la véracité de son histoire.
- Remise par l'empereur lui-même, clame Gilderoy. Un honneur très rare !
- Je croyais pourtant que le Boutefeu était une espèce en voie de disparition et qu'il était protégé par le gouvernement magique chinois.
Tout le monde se tourne vers moi et reste muet devant cette remarque. Célestina et la reine ont l'air agacé, Drago amusé et Gilderoy profondément choqué qu'on puisse remettre en question ses propos.
- Mais pas du tout ! Le Boutefeu prolifère sur la Grande Muraille et cause beaucoup de dégâts ! Ils étaient ravis que je les débarrasse d'un dangereux spécimen.
- La Grande Muraille est l'un des plus ancien édifice magique et il est bardé d'enchantements très puissants, je doute qu'un dragon puisse la survoler aisément et encore moins s'y poser.
Un nouveau silence accueille ces paroles. Gilderoy semble maintenant avoir avalé un suçacide.
- Vous êtes... bien impertinente mademoiselle. Un tel étalage d'érudition sied bien peu à une jeune fille.
- Excusez là, lance Narcissa d'une voix sèche, son éducation semble avoir laissé à désirer.
La reine s'éloigne accompagnée de Célestina et Gilderoy tandis que je savoure cette première victoire.
- Tu ne peux pas t'empêcher de tout ramener à toi Hermione, siffle Pansy, son histoire était passionnante jusqu'à ce que tu la gâches !
- Passionnante et fausse, jamais un simple Stupéfix ne viendrait à bout d'un dragon. On ne vous apprend pas ça à Poudlard ?
- On nous apprend les bonnes manières et le respect de notre rang, ce qui ne semble pas être ton cas.
Drago semble se lasser assez vite de notre dispute.
- Calme toi, Pansy. Hermione a eu raison.
La brune en reste bouche ouverte tandis que le prince poursuit :
- Gilderoy est un horrible prétentieux, qui fait fortune en racontant des absurdités. Il méritait largement d'être remis à sa place.
Il me propose ensuite son bras que je prends avec un goût de triomphe et nous gagnons le centre de la pièce. Pansy semble foudroyée sur place mais je ne la regarde déjà plus.
- Il est d'usage de danser lors de ces petites réceptions, Hermione. M'accorderez vous la première danse ?
Cela a la forme d'une question mais comme d'habitude avec Drago je n'ai pas vraiment le choix.
- Avec plaisir.
Ce n'est qu'au moment où la musique se lance, après un signe du prince que je me rappelle un léger détail : je ne sais absolument pas danser. Le blond me prend pourtant par la taille et attrape ma main droite. Nous commençons à tournoyer mais assez doucement. Finalement, je m'en sors bien.
- Sommes-nous vraiment censés être aussi proches ? Je ne voudrais pas que mes manières soient remises en causes pour la troisième fois de la soirée.
- Rassurez-vous, l'étiquette exige en cet instant que nous soyons aussi proche. Nous ne sommes plus au XIXème siècle.
- Heureusement que vous le dite, j'ai parfois des doutes.
Drago retient avec peine un sourire. Nous dansons pendant quelques minutes sans parler. Je me sens étrangement bien dans ses bras, si on prend en compte le fait qu'une dizaine d'inconnus me fixe.
- Je ne me rappelle pas m'être déjà autant amusé à une réception. D'habitude c'est mortellement ennuyeux.
- Je suis ravie de vous divertir, c'est déjà ça.
- Vous êtes... une amie très précieuse Hermione.
La chanson s'achevant. Drago prend congé et invite d'autres Sélectionnées à danser. Je reste dans mon coin, un peu amère. J'ai mal réussi à cacher ma déception à ces mots, que va-t-il penser de moi maintenant ? Que je me prends au jeu de la Sélection ? Ce serait une catastrophe.
La soirée se finit sur un récital de Celestina Moldubec et ses chansons toutes plus ridicules les unes que les autres. Non seulement sa voix a été altérée par l'âge, mais sa gestuelle n'est pas non plus de prime jeunesse. Avec Ginny nous étouffons avec peine un fou rire alors que la rousse se lance dans une imitation très réussie des mimiques de la chanteuse.
- Alerte scroutt choucrouté, Reeta t'observe, me souffle soudain la jeune fille.
Je hausse les yeux au ciel.
- Je ne comprends pas pourquoi elle est obsédée par moi.
- Parce que tu fais une très belle histoire ! Ça fait vendre son torchon.
Je grommelle. Ginny poursuit sur un ton plus sérieux :
- Hermione... S'il y avait quelque chose entre toi et Drago, tu me le dirais ?
- Absolument rien ! Je ne sais même pas pourquoi je suis encore là, c'est dire.
La rousse me fixe en plissant les yeux.
- Tu ne te rends pas compte de l'effet qu'a produit votre danse.
- Quoi ?
- Vous étiez magnifiques ! De l'extérieur on aurait dit que la Sélection était déjà finie.
- N'importe quoi ! Tu m'étonnes que l'autre doxy enragé me colle aux basques.
- La pétillante et sulfureuse Hermione Granger, mime Ginny, a partagé une danse sensuelle avec le prince. Nul doute qu'elle aura profité de ce moment intime pour l'envoûter encore un peu plus.
J'étouffe un nouveau fou rire. La rousse aurait dû se lancer dans une carrière d'imitatrice. Le récital se finissant, nous applaudissons vigoureusement pour masquer notre hilarité. Malheureusement, Drago s'approche de nous.
- Qu'est-ce qui vous fait autant rire ?
- Rien du tout.
Devant son air déçu, je lui avoue la vérité.
- Ginny est une très bonne imitatrice. Fais nous Gilderoy !
La rousse s'exécute en prenant le ton ampoulé et la gestuelle exagérée de l'explorateur.
- Merci, merci, merci mon public. Pas d'autographe.
Drago et moi éclatons de rire tandis que Ginny nous lance un grand sourire édenté. Je réalise que c'est la première fois que je vois le blond aussi souriant, cela lui donne l'air beaucoup plus jeune. Je réalise aussi qu'il n'a pas dû passer souvent de soirées avec des personnes de son âge.
- Je crains malheureusement qu'il nous faille écourter ce jeu, puis-je vous raccompagner à l'aile des Sélectionnées ?
La salle est en effet maintenant quasi vide, nous n'avons pas réalisé le départ des invités, suite à la fin du récital. Acceptant avec joie l'offre de Drago, nous prenons chacune un de ses bras et nous dirigeons vers le jardin, qui permet de rejoindre plus rapidement nos appartements. En chemin, nous devisons gaiement à la lueur des lampions à propos de la soirée et nous moquons allègrement de la voix de Célestina Moldubec.
- Ginny ?
Cette voix... Un poids me tombe aussitôt dans la poitrine et je me fige sur place. L'appel vient d'une silhouette qu'on aperçoit à peine dans l'obscurité qui s'est désormais abattue sur le parc du manoir.
- RON ! hurle de joie la jeune fille en se jetant à son cou.
C'est un cauchemar. Le roux porte l'uniforme des gardes du palais. Il fait tournoyer sa soeur dans ses bras Quand son regard croise le mien je suis parcourue d'un courant électrique et lâche aussitôt le bras de Drago.
- Vous... Vous connaissez? demande Drago.
Mon cœur s'arrête un instant avant de repartir de plus belle en réalisant qu'il parle à Ginny et Ron.
- C'est mon frère ! répond Ginny avec un sourire éblouissant.
- Ron Weasley, pour vous servir, appuie le roux.
Drago lui rend son salut avec courtoisie tandis que j'envisage sérieusement de m'enterrer sous terre. On finit par repartir mais je sens le regard de Ron qui brûle mon dos. C'est un cauchemar. Il me faut tous mes efforts pour garder contenance pendant le reste du chemin.
Je dis à peine au revoir au prince et me rue dans ma chambre. Ron est là... Ron n'est pas avec Lavande ! Mais Ron a dû lire toutes les horreurs de la gazette... J'alterne entre la joie, la tristesse, la honte et la colère au grand déplaisir de Winky qui a du mal à me faire tenir en place pour me passer ma chemise de nuit.
Allongée au milieu de mes énormes coussins, je sais déjà que je ne vais pas pouvoir dormir quand un caillou heurte ma vitre. Qui cela peut bien t-il être ? Je saute hors du lit et écarte le lourd rideau rouge.
C'est Ron. Bien sûr que c'est Ron.
On reste quelques instants à se regarder. Il est fraichement rasé et son uniforme flambant neuf le met particulièrement en valeur. Tous les sentiments qui se battent en moi depuis tout à l'heure me sautent à la gorge, je voudrais le frapper et le serrer dans mes bras en même temps. Mais il y a bien plus urgent : si quelqu'un le découvre ici, il est littéralement mort. Ouvrant la fenêtre, je lui chuchote :
- Rentre au manoir ! T'es malade !
- Hermione, il faut qu'on se parle.
- C'est beaucoup trop dangereux !
J'hésite quelque secondes. Je risque très gros sans compter que ce ne sera pas ma première escapade. Certes, cette fois-ci j'ai ma baguette, mais je ne connais pas de sort assez puissant pour me permettre de sortir discrètement et, surtout, de réintégrer ensuite ma chambre sans que personne ne s'en aperçoive.
Soudain un parchemin apparaît devant moi : « Regarde devant ta porte. Rendez-vous dans le hall. ». Il aurait peut-être pu utiliser ce moyen de communication plus tôt au lieu de jeter des cailloux ! Je trouve en effet un petit paquet sombre devant ma chambre et l'ouvre avec précipitation. Son contenu me coupe le souffle. C'est la cape d'invisibilité de Harry. Quel risque insensé de l'avoir déposée là ! Me couvrant de la cape, la suite est beaucoup plus facile. Je traverse l'aile des Sélectionnées jusqu'au hall principal du manoir. Ron est là mais il n'est pas seul, il y a d'autres aurors avec lui.
- Weasley, qu'est-ce que tu fais là ? Ce n'est pas ton tour de garde.
Ron grommelle qu'il s'est trompé et tourne ostensiblement les talons. Je le suis à petits pas en essayant de faire le moins de bruit possible. Nous traversons plusieurs couloirs jusqu'à une petite aile que je ne connaissais pas et qui contient visiblement les dortoirs des gardes. La chambre de Ron est petite mais comprend deux lits en fer forgé - heureusement son colocataire n'est pas là.
Je retire la cape et referme la porte rapidement, le souffle court. Ce serait une catastrophe que quelqu'un nous découvre ! J'ai à peine le temps de me retourner vers lui que ses lèvres sont déjà sur les miennes. Ron a toujours été comme ça, il n'est pas du genre à demander la permission. Pendant quelques secondes merveilleuses, j'oublie que je suis coincée dans un manoir, cernée par des pimbêches et à la merci d'une famille royale tarée. Je tente de me défaire de son étreinte pour lui poser la question qui me hante mais il me devance en prenant mon visage dans ses mains :
- Est-ce qu'il te plaît ?
- Pardon ?
- Le prince, est ce qu'il te plaît ?
J'ai envie d'éclater de rire mais je vois à son regard qu'il ne plaisante pas du tout. Puis je sens l'énervement monter en moi.
- Comment tu oses me demander ça ?
- Vous vous êtes embrassés ?
Nouvel instant de stupéfaction de ma part. Nouveau regard dur du roux.
- Et Lavande Brown alors !
Je hurle presque avant de me rappeler que personne ne doit nous entendre et d'enchaîner d'un ton tout aussi en colère mais bien plus bas :
- Comment-tu-oses-me-demander-ça-alors-que-tu-es-fiancé !
Je ponctue chaque syllabe d'un coup de poing rageur sur son torse, me défoulant avec plaisir. Ron ne tarde pas à me bloquer les mains, il a beaucoup plus de réflexes que moi.
- C'est rien ça...
- RIEN !
- Hermione, c'est un mariage arrangé, je n'y suis pour rien.
Je pince les lèvres mais me sens déjà beaucoup plus soulagée à l'idée que le troll Lavande n'a pas posé ses sales pattes d'intrigante sur MON Ron Weasley.
- Donc vous n'allez pas vous marier ?
- Dans les rêves de ma famille oui, mais avec ce poste au manoir, je suis tranquille pendant un bout de temps.
Le soulagement se déverse en moi dans une délicieuse sensation de légèreté. Il est là pour moi.
- Et le prince alors ? réattaque-t-il.
- Il ne s'est absolument rien passé, c'est cette Reeta Skeeter qui affabule complètement. On... on a fait un espèce de pacte.
Nous nous asseyons sur son lit et je raconte absolument tout à Ron. Mon arrivée, l'horrible Severus Rogue, les autres prétendantes, ma minable tentative de fuite et le marché que j'ai passé avec le prince Malefoy. Mon roux n'a pas l'air très convaincue par ce contrat tacite et ne fait aucune confiance à Drago mais à force de caresses, d'arguments et de baisers, il finit par accepter de me faire confiance.
Nous nous séparons en nous jurant de nous retrouver rapidement mais je sais au fond de moi que cela n'arrivera pas de si tôt car ce genre de petite escapade est incroyablement dangereuse.
Heureusement pour moi, le retour se passe sans encombre et je réintègre ma chambre sans problème. Allongée dans mon lit, le bien-être que j'ai ressenti dans les bras de Ron m'envahit à nouveau. Il est là… Avec lui dans le manoir, comme tout cela va être plus facile à supporter. Je me sens tout à coup invincible.
Mais au fond de moi, alors que je suis sur le point de sombrer dans le sommeil, un autre sentiment pointe le bout de son nez. Pourquoi ai-je l'impression de trahir Drago ?
À suivre…
