Réponse aux reviews :
louiselds : merci !
drou : haha oui l'arrivée de Ron apporte un peu de piment
jane9699 : olala merci beaucoup
Je me réveille avec le souvenir de Ron sur ma peau et toujours ce sentiment diffus de culpabilité. Notre rencontre de la veille me semble floue, presque irréelle, comme si c'était un simple rêve. Me levant, je réalise que la cape d'invisibilité, que j'avais laissée sur un fauteuil a disparu.
- Ne vous inquiétez pas Miss, je l'ai rapporté à Monsieur Potter.
Je me retourne et dévisage stupéfaite Winky, qui se tient, comme à son habitude, dans ma chambre.
- Winky ? Comment as-tu fait ?
- Monsieur Potter a sauvé la vie de Dobby, m'explique Winky en écarquillant encore plus ses grands yeux globuleux, les elfes ont une grande dette envers lui.
C'est tout Harry cela... Il est assez doué pour se faire rapidement des alliés. Et apparemment des alliés puissants puisqu'ils peuvent faire voyager des objets en toute impunité d'un bout à l'autre du manoir. Soulagée, je laisse l'elfe m'habiller et je rejoins avec déplaisir le cours quasi quotidien de Severus Rogue.
- Mesdemoiselles, explique le majordome, nous allons aujourd'hui apprendre l'art si subtil et délicat du plan de table. En effet, la future souveraine devra savoir accueillir ses invités et les placer en respectant le protocole et le bon goût.
Je jette un regard à Ginny et me retient de ne pas éclater de rire. Daphné, de son côté, prend frénétiquement des notes sur son carnet. Cela va encore être une longue journée... Délaissant le sorcier qui s'agite en exposant avec délectation les arcanes du protocole, je regarde par la fenêtre et me laisse absorber par le spectacle d'un essaim de billywigs. Il y en avait de nombreux dans le jardin de ma mère, aller arroser les plantes était toujours une aventure. Heureusement, j'ai fini par apprendre à St-Brutus des sortilèges basiques pour m'en débarrasser.
- Miss Granger, m'interrompt la voix traînante de Rogue.
- Euh... Oui ?
- Pourriez-vous venir ici et me dire où vous placeriez le président du Magenmagot sur ce plan de table ?
J'avance avec hésitation vers une sorte de grand tableau noir, où le sorcier a tracé un schéma de table et dessiné plusieurs personnages. Rogue me regarde comme si j'étais une bombabouse particulièrement malodorante. Je pointe, pas du tout sûre de moi, une place à côté de celle occupée par un dessin qui semble figurer la reine Narcissa.
- Mais non petite idiote ! râle le croquis qui représente le président. C'est évident enfin !
- Miss Granger, assène Rogue, je sais que vous vous croyez plus maligne que tout le monde étant donné les élucubrations de la Gazette à votre compte, mais tentez au moins de vous concentrer cinq minutes. Il ne suffit pas de se pavaner en robe pour faire une princesse digne de ce nom.
Il a parlé assez fort pour que tout le monde entende. Pansy laisse échapper un gloussement réjoui et je rejoins ma place, la mort dans l'âme. Comme je le déteste ! Heureusement, ce malheureux incident est vite oublié par l'arrivée impromptue du prince Drago, ce qui provoque un bruissement parmi les Sélectionnées. Il est vêtu impeccablement, comme à son habitude, et ses cheveux sont plaqués en arrière.
- Mesdemoiselles, ne vous levez pas, je ne fais que passer. Je tenais a vous annoncer une bonne nouvelle. À la fin de la semaine, nous aurons l'occasion de nous détendre lors d'un bal qui sera donné à l'occasion de l'anniversaire de Miss Chang.
Tous les yeux se tournent vers Cho, qui en rougit violemment. Si ceux de Pansy étaient des Avada Kedavra, elle se serait effondrée sur le coup... Le prince s'éclipse après cette annonce mais Severus Rogue est bien incapable de reprendre son cours normalement. Tout le monde ne parle plus que de cette nouvelle, à commencer par la question qui obsède chaque Sélectionnée : comment s'habiller pour cette occasion ?
De mon côté, c'est une autre préoccupation qui m'habite : Drago ne m'a pas adressé un seul regard. Je pensais qu'après la danse d'hier, il y aurait une certaine connexion entre nous, mais j'ai dû me tromper. Je me morigène d'avoir de telles pensées, surtout après mon escapade avec Ron, mais je n'arrive pas à m'empêcher d'espérer croiser Drago. Cependant, les jours suivants ne me rassurent pas car le prince continue à m'ignorer, que ce soit lors des repas ou des réunions qui ponctuent notre semaine. Aurait-il eu vent de ma rencontre avec mon petit-ami ? Non impossible, je serais déjà au fond des geôles du manoir !
Le jour de l'anniversaire de Cho, la tension monte d'un cran parmi les Sélectionnées. Les rumeurs les plus folles commencent à courir, la plus tenace étant que Cho Chang portera une robe en plume de phoenix. Si elles avaient leurs baguettes, nul doute que plusieurs Sélectionnées n'hésiteraient pas à s'en servir... J'arrive presque à comprendre pourquoi on nous les a confisquées. Heureusement, dans cet atmosphère électrique, je peux compter sur Ginny avec qui je passe l'après-midi à papoter de tout et de rien.
- Romilda Vane raconte à tout le monde qu'elle a embrassé Drago, lance la rousse en feuilletant distraitement mon Histoire de l'Empire Magique Chinois.
- Et c'est vrai ?
- Hermione, pourquoi tu t'embêtes à lire cet énorme pavé ?
Elle n'a pas répondu à ma question et pointe désormais l'énorme ouvrage avec un air interrogatif.
- J'ai besoin de lire pour le bien de ma santé mentale, il se trouve que je n'ai que ça sous la main. Mais il est passionnant, je t'assure.
- Tu ne fais pas tout ça pour marquer des points ce soir, j'espère ? me demande Ginny en haussant les sourcils.
Je reste interloquée. Pardon ?
- Bien sûr que non !
- Ok, ok, je ne faisais que demander.
Lorsqu'elle s'en va pour se préparer de son côté, je me sens étrangement agacée de notre conversation. Est-ce que Ginny pense sérieusement que je suis amoureuse du prince ? C'est ridicule.
Je me dirige vers mon dressing. En hommage aux origines de Cho, le thème de la soirée est le rouge, couleur de l'Empire Magique Chinois. Malheureusement pour moi, la seule robe rouge de ma garde-robe se trouve être très tape à l'oeil. Le tissu est une soie rouge magnifique aux reflets roses. Winky m'habille et je réalise avec horreur que la robe est assez courte et décolletée et possède en outre une traîne. Moi qui souhaitait passer plutôt inaperçue, c'est raté...
Visiblement très inspirée, Winky me passe des escarpins écarlates et me pose un vernis du même ton. Elle se lance dans un maquillage compliqué et je me retrouve avec les yeux soulignés d'un trait noir, me donnant l'air très sophistiqué. J'arrive à la convaincre de laisser mes cheveux lâchés mais sa magie elfique les lisse tout de même dans un brushing souple. Je me regarde dans le miroir et essaye de reconnaitre dans la femme fatale qu'il me renvoie la petite Hermione de St-Brutus. Est-ce que je ne suis pas en train de laisser la Sélection me transformer ?
En entrant dans la salle de réception, je reste bouche bée : la décoration est tout simplement magnifique. Des bougies flottent dans les airs et illuminent la pièce d'une lueur douce. Des tentures de soie brodée d'or ornent les murs et d'imposant bouquets odorants encadrent chaque porte. Tout est majestueux, délicat et raffiné. La salle est déjà bondée : outre les Sélectionnées, plusieurs invités de marque, notamment de l'Empire Chinois sont présents. Malgré la foule, je croise le regard de Drago et il me gratifie d'une petit mouvement de tête appréciateur. Je tente une mini révérence qui le fait sourire.
Au bout de quelques minutes, alors que je papote avec Parvati, un orchestre de chambre débute une musique qui ressemble fort à une valse. La piste de danse se vide et Drago et Cho entament le bal. Cette dernière est vêtue d'un sublime fourreau rouge scintillant. Elle est à couper le souffle. Le couple glisse avec grâce sur le parquet et je sens comme un pincement. Ils sont vraiment magnifiques et si bien assortis... Est-ce que Drago et moi avons fait le même effet lors de la dernière réception ? J'en doute.
L'orchestre enchaîne les morceaux mais je reste sagement sur le côté : je ne tiens pas à me ridiculiser et j'ai trop peur de me prendre les pieds dans cette stupide traine. Inconsciemment, je m'attend à ce que Drago vienne m'inviter, comme à la dernière soirée, mais il n'en fait rien. Je me sens déçue, mais encore pire, je suis énervée d'être déçue. Ce n'est pas un mélange très agréable. Je voudrais que la soirée finisse rapidement. Ce sentiment se renforce lorsque Pansy et Romilda passent à côté de moi en disant très distinctement :
- Il n'y en a qui ne savent plus quoi faire pour se faire remarquer.
Formidable.
Alors que la nuit est déjà tombée depuis longtemps, Severus Rogue, aidé d'un Sonorus, annonce qu'une surprise attend les invités dans le jardin. Nous sortons tous, assez curieux de voir ce qui nous est réservé. La foule se masse, compacte, à la lueur des lampions. Drago et Cho sont à l'avant, impériaux. Je remarque qu'il lui tient la taille et je décide que je m'en fiche complètement. Soudain, une fusée s'envole dans un sifflement puis explose dans une magnifique gerbe d'or. Tous les sorciers présents s'exclament des « oh » ou des « ah » d'émerveillement.
- Hermione ?
Une main a attrapé mon bras avec autorité. Je me retourne et découvre le visage décidé de Ron.
- Ron ! Tu es fou !
Heureusement pour moi, mes voisins sont tellement absorbés par le feu d'artifice qu'ils ne remarquent rien. Mon roux m'embarque un peu plus loin, dans l'obscurité protectrice.
- Non mais tu as vu cette robe ? Et ce maquillage ? Tu te moques de moi !
- Quoi ? Mais tu délires !
J'essaye de ne pas parler trop fort mais ces paroles me mettent hors de moi : cela fait une semaine que nous ne nous sommes pas vus et il prend tous ces risques pour me dire cela ? J'attendais mieux de sa part.
- Et tu oses me dire que tu n'essayes pas de séduire le prince ? enchaîne-t-il. Tu es habillé comme... comme une gourgandine.
- Je n'ai pas eu le choix, figure toi.
J'espère que le bruit du feu d'artifice couvre notre dispute. Ron a un ricanement assez peu naturel.
- Bien sûr et quand il te mettra dans son lit, tu n'auras pas le choix non plus ! Pauvre Hermione, tellement dévouée à la royauté.
- Tu es ridicule. Et insultant.
Nous nous fusillons encore du regard quand Harry déboule, l'air agité.
- Qu'est-ce que vous faites là tous les deux ?
- On discute, répond Ron d'un ton énervé.
Harry lui jette un regard interloqué, comme s'il était fou, puis se tourne vers moi :
- Hermione, c'est beaucoup trop dangereux, retourne avec les invités. Et surtout, ne t'attarde pas, rentre tout de suite dans ta chambre après le final.
- Hein ? Mais pourquoi ?
Mais il ne m'écoute déjà plus et entame une discussion à voix basse avec Ron. Je me sens exclue. Non seulement mon petit-ami me traite de traînée mais en plus mon meilleur ami m'ignore. J'ai vraiment hâte que la soirée se termine. Dans le jardin, le feu d'artifice se poursuit, toujours plus flamboyant. Plusieurs fusées se rejoignent et explosent en prenant la forme d'un dragon qui s'envole et s'évanouit dans l'air dans un sifflement. Les invités ont l'air de bien s'amuser. Je cherche Ginny du regard mais ne la trouve pas. Je réalise alors que je ne l'ai pas vu depuis le début de la soirée. Est-elle souffrante ? C'est étrange...
Après le feu d'artifice, qui se termine en apothéose, Severus Rogue annonce la fin de la soirée. Même si par pur esprit de contradiction, je n'ai aucune envie de suivre les conseils de Harry, je décide de rentrer sans tarder dans ma chambre. Une fois arrivée, Winky m'aide à enlever ma longue robe rouge et à passer une robe de chambre. J'ai un sentiment amer en travers de la gorge. L'elfe s'éclipse et je me dirige vers la salle de bain pour me démaquiller, quand les choses tournent mal.
Je ne saurais décrire la sensation exacte mais c'est comme une onde de choc qui se propage à travers tout le manoir et me fait tomber à la renverse. Heureusement, le tapis moelleux de ma chambre amorti l'impact. Il y a un moment de silence absolu. Puis quelques cris, des bruits de pas qui courent et des ordres donnés. Je sens la peur monter en moi. Après quelques instants à rester figée, je me précipite à la fenêtre et aperçois plusieurs aurors courir vers la forêt, illuminant leur chemin avec leurs baguettes. Qu'est-ce qu'il se passe ? Soudain, on toque à ma porte. C'est Harry.
- Hermione, tout va bien ?
Il a l'air plus agité que jamais et jette des coups d'oeil de tout côté.
- Harry, qu'est-ce qui vient de se passer ?
- Je ne peux pas t'expliquer. Reste ici, fais moi confiance.
- Quoi ? Et comment tu peux être là d'abord, je croyais qu'un enchantement vous empêchait de passer.
Le brun me regarde d'un air grave.
- Hermione, le manoir est attaqué. Les enchantements de protection ont été brisés. Reste à l'abri. C'est vraiment dangereux.
Puis il file, sans dire un mot de plus. Je réfléchis à toute vitesse. Est-ce qu'Harry était au courant de cette attaque ? Après tout, il m'a prévenu tout à l'heure que quelque chose allait se passer. Est-ce que ce sont les rebelles ? Le silence règne désormais dans le manoir. Prenant une grande respiration, je décide de sortir voir ce qu'il se passe. Hors de question que je reste enfermée, l'incertitude me rend folle ! Je me glisse d'abord jusqu'au hall, qui est vide, puis parcoure les couloirs. Il n'y a absolument personne. Soudain, je reconnais au mur le tableau qui représente une licorne et marque l'entrée de la bibliothèque, sauf que l'animal est désormais parfaitement immobile. Inspectant les autres tableaux, je réalise qu'ils sont tous figés. C'est probablement la magie du manoir qui les maintient en vie et elle doit être à l'arrêt. J'hésite à peine une seconde et pousse la porte de la bibliothèque.
La pièce est exactement comme dans mon souvenir, rien n'a bougé. Je me dirige vers le rayonnage qui comprend les livres interdits. Je me sens tellement excitée et effrayée à la fois. Les titres sont cependant peu évocateurs : principalement des livres d'histoire ou de sortilèges. J'aperçois alors la tranche du petit livre en cuir à la couverture sombre, celui que j'avais essayé d'attraper lors de ma visite avec Drago. Je vais enfin pouvoir assouvir ma curiosité. A ma grande surprise, les pages en sont entièrement vierges. Est-ce qu'il y a un autre sortilège, plus puissant, qui protège son contenu ? C'est surprenant. Soudain, un frémissement traverse l'air. Je tente de prendre un autre ouvrage mais il me résiste. Après avoir essayé avec d'autres livres, je dois me rendre à l'évidence : les protections magiques ont été rétablies. Je dois me dépêcher de rentrer dans ma chambre.
Je glisse le carnet en cuir dans la poche de ma robe de chambre - maigre butin - et me précipite dans le couloir. Je n'ai fait que quelques mètres quand une voix me cloue sur place :
- Hermione ? Qu'est-ce que vous faites là ?
Je me retourne et découvre avec horreur la silhouette de Drago Malefoy qui s'avance vers moi. Il a toujours sa tenue de bal mais tient sa baguette fermement à la main. Vite, une excuse !
- Je... Je vous cherchais. Je... Je m'inquiétais pour vous.
Quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette excuse pourrie ? Le prince ne semble pas m'en tenir rigueur et me répond avec un air étonné :
- Vraiment ? Et bien rassurez vous Hermione, nous sommes en parfaite sécurité, la situation est sous contrôle.
J'ai du mal à réfléchir, j'ai l'impression que la poche où se trouve le carnet me brûle. Je suis dans un tel trouble, qu'il va forcément s'en rendre compte.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? dis-je d'une voix chevrotante. Le manoir a été attaqué ?
- Bien sûr que non, répond Drago d'une voix douce, il s'agit simplement d'une perturbation dans le champ magique du manoir. Cela arrive de temps en temps.
Je fais semblant de croire à son explication.
- Très bien. Je vais rentrer dans ma chambre dans ce cas.
- Laissez moi vous raccompagner, répond-il rapidement.
Le trajet du retour se fait en silence. Malgré ses dires, le prince est tendu et à l'affût. Je le vois serrer sa baguette. Nous arrivons rapidement devant ma chambre. Le couloir est vide, on a presque l'impression que rien ne vient de se passer. Je prononce le mot de passe et pénètre dans la pièce. A mon grand désespoir, Drago ne semble pas vouloir partir et prétexte vouloir vérifier que ma chambre n'a pas subi de dommage magique pour tout inspecter. Je sens une goutte de sueur qui me coule dans le dos. Est-ce qu'il se doute de quelque chose ? Est-ce qu'il sait que j'ai volé un livre dans sa bibliothèque ? C'est la seule explication que je vois à son étrange comportement.
Après avoir tout examiné, il vient se poster devant moi. Mais ses yeux regardent avec obstination le sol.
- Est-ce vrai, Hermione, que vous vous inquiétez pour moi ? Que vous êtes sortie pour me chercher ?
- Euh... Oui.
Ses yeux aciers se relèvent et son regard se plante dans le mien. Je sens ma gorge qui se serre. Ça y est, il va me démasquer. Je n'aurais pas tenu longtemps dans cette stupide Sélection.
- Hermione, j'ai dû vous paraître froid ces derniers jours et j'en suis désolé, mais je ressentais le besoin de réfléchir, de m'éloigner de vous. La vérité...
Il marque une pause.
- La vérité, c'est que vous me plaisez
Pardon ? Je reste stupéfixée sur place. La situation est en train de m'échapper complètement. Drago poursuit d'une voix douce :
- En fait, je crois que vous me plaisez depuis la première fois que je vous ai vu en train de descendre de votre fenêtre avec votre drap. Ces derniers temps, j'ai aussi réalisé que j'étais absolument terrifié à l'idée que ce ne soit pas réciproque. Voilà, je vous l'ai dit.
De mon côté, je reste toujours totalement muette. Prenant sans doute mon silence pour un encouragement, le prince rapproche encore son beau visage du mien. Il a un air indéfinissable.
- Est-ce que je peux vous embrasser ?
Merlin. Je laisse échapper une exclamation, qu'il doit prendre pour un oui car ses lèvres se posent délicatement sur les miennes et ses mains viennent se placer de chaque côté de mon visage. Son baiser est incroyablement doux et tendre. Comme le seul garçon que j'ai embrassé jusqu'à présent est Ron Weasley, je n'ai pas beaucoup d'éléments de comparaison. Ron. Merlin. Je repousse Drago, un peu plus brutalement que je ne le souhaiterai.
- Excusez moi, souffle-t-il, je n'aurais pas dû...
Il se mord les lèvres, ce qui me donne envie de recommencer à l'embrasser. Quoi ! Non, non, je suis probablement sous le choc des évènements de la soirée, voilà tout. L'heure tardive ne m'aide pas à réfléchir.
- Non, ne vous excusez pas, je me sens simplement... épuisée et confuse.
- Je comprends, je vous laisse, nous nous reverrons demain.
La lumière douce des lampions qui diffuse à travers les rideaux de ma chambre donne des reflets dorés à ses cheveux. L'obscurité de la chambre de m'aide pas à décoder ses expressions. Le prince me fait un baise-main courtois, quoiqu'un peu plus long que l'exige sans doute l'étiquette et s'éclipse en me souhaitant bonne nuit.
Je reste plantée au milieu de la pièce. Qu'est-ce qui vient de se passer ? Est-ce que le prince du royaume magique d'Angleterre vient vraiment de m'embrasser après avoir avoué que je lui... plaisais ? Merlin, je suis dans les ennuis jusqu'au coup. Pourquoi ne s'en est-il pas tenu à notre accord ? Je pense avec honte à ma robe rouge : Ron avait raison, Drago a dû croire que j'essayais de le séduire.
Coupant court à ces pensées peu agréables, je décide de m'attaquer à un problème plus urgent : le carnet en cuir. La couverture est souple et d'une couleur indéfinissable entre le noir, le bleu et le gris foncé. Je le feuillette avec plus d'attention que dans la bibliothèque, mais les pages sont toujours désespérément vierges. Pourquoi un carnet vide se trouvait-il dans les livres interdits ? D'autant que la couverture, cornée et abîmée, semble celle d'un objet qu'on aurait traîné longtemps avec soi et utilisé.
Je renonce à essayer de comprendre tout de suite ce mystère et m'attelle à trouver une cachette pour l'objet. Après réflexion, je me décide à le coller, par un sortilège de glu, sous mon lit. Puis, totalement épuisée par l'ensemble des évènements et émotions de la soirée, je m'écroule dans un sommeil profond et réparateur.
A mon réveil, mon esprit essaye désespérément de faire le point sur la soirée d'hier : je me suis disputée avec Ron, le manoir a été attaqué, Drago m'a embrassé. Formidable. J'essaye de reprendre chaque évènement dans l'ordre mais je suis interrompue dans le fil de mes pensées par un parchemin qui apparaît purement et simplement devant moi : c'est probablement Harry qui m'envoie un message via les elfes de maison ! Le parchemin est étrangement chiffonné et sale. Je l'ouvre avec précipitation.
Hermione,
Si tu lis ce mot, cela signifie que je ne suis plus au manoir. Il est fort probable que Ron n'y soit plus non plus. Tu es donc seule et en danger. Je ne peux rien t'expliquer mais il faut que tu quittes la Sélection au plus vite.
Harry
Le cauchemar continue... Harry est parti ? Et Ron ? « Je ne peux rien t'expliquer » Mais quel toupet ! Non seulement, ils m'abandonnent mais je n'aurais même pas le droit à une explication digne de ce nom. Ce mot obscur est complètement ridicule. Je roule le parchemin pour le jeter de rage à travers ma chambre quand le papier s'embrase dans une flamme verte qui ne laisse que quelques cendres entre mes doigts.
Qu'est-ce que cet avertissement peut bien signifier ? Harry m'a déjà prévenu que la situation politique était tendue et que j'étais devenue une cible. Mais serais-je vraiment plus en sécurité chez moi ? J'en doute. De toute façon, étant donné le peu d'enthousiasme que j'ai eu la veille, lorsque Drago m'a embrassé, je crains que mes jours ici ne soient comptés. Nulle doute que si Daphné avait été dans ma situation, elle n'aurait pas hésité une seule seconde. Ne parlons même pas de Pansy.
C'est sur ces considérations, que je me lève et enfile une tenue simple et confortable. La journée est en effet une journée de repos, dont je vais avoir bien besoin pour me remettre de la soirée de la veille. Peut-être pourrions nous aller faire une balade dans le jardin avec Ginny ? J'espère pouvoir démêler avec elle le mystère Harry Potter et cette étrange attaque.
Mais quand je quitte ma chambre, je comprends rapidement que le programme risque d'être un peu chamboulé : le couloir est encombré d'une quantité impressionnante de malles et valises. Des elfes de maisons courent dans tous les sens en faisant léviter les paquets devant eux. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je vais de chambre en chambre : elles sont toutes vides, y compris celle de Ginny. Est-ce qu'elles sont parties en balade ? Mais dans ce cas, pourquoi toutes ces valises ? Désormais légèrement angoissée, je finis par tomber sur Daphné, occupée à coiffer ses longs cheveux blonds. En m'apercevant, elle est si surprise qu'elle en laisse tomber sa brosse.
- Hermione ? Tu... Tu es encore ici ?
C'est bien la première fois que je vois Daphné-l'impassible avoir une expression sur son visage délicat.
- Comment cela, encore ? Où sont les autres ?
La jeune fille se recompose aussitôt son masque froid :
- Tu n'es pas au courant ? Le prince a sélectionné l'Elite ce matin, nous ne sommes plus que six avec Cho, Pansy, Romilda et Parvati. J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que tu sois la sixième...
à suivre...
