Hehe, je suis assez contente de voir que vous ne vous attendiez pas à la fuite d'Hermione. Comme prévu, l'histoire se détache complètement du livre de Kiera Cass, j'espère ne pas vous perdre en route !


Je ne suis là que depuis environ une heure, mais j'ai déjà décidé que je déteste cette maison. Après m'avoir claqué la porte au nez, Ginny est partie chercher sa mère, Molly, et cette dernière a au moins daigné me faire entrer tout en réitérant sa surprise de me voir ici. Elles ont toutes les deux l'air gêné de ma présence, malgré mes explications confuses. Résultat, je me retrouve enfermée dans une chambre au premier étage, avec interdiction d'en sortir jusqu'à nouvel ordre. Je boue sur place. J'ai l'impression d'être passée d'une prison à une autre. Je n'ai pu entrapercevoir que le hall et l'escalier, la pièce où je suis se trouvant au premier étage. Toute la maison a l'air cependant décrépie et effrayante. J'ai presque l'impression d'être dans la maison d'un mangemort, les anciens sbires de Voldemort.

Qu'est-ce que tout cela signifie ? Où sommes-nous ? Pourquoi les Weasley sont-ils dans cette étrange demeure et plus au Terrier ? Je fais les cents pas. La chambre est meublée de seulement deux lits et une commode. La décoration est très sommaire, son examen ne m'occupe donc que quelques minutes. Ce qui m'énerve le plus est le comportement étrange de Ginny. Moi qui croyait que notre séjour commun au manoir, nous avait rapproché je me suis lourdement trompée. Je n'ai droit qu'à des coups d'oeil sibyllins de sa part, comme Harry et Ron. Qu'est-ce qu'ils me cachent tous ? Est-ce qu'ils font partie d'une espèce de réseau de résistance ?

Je dois attendre encore une bonne heure avant que la porte ne s'ouvre sur un Ron en mauvais état. Sa robe de sorcier est déchirée à plusieurs endroits et il a des traces bizarres sur le visage. Je me jette dans ses bras avec soulagement mais, à mon grand étonnement, il ne me gratifie que d'une accolade brève et s'écarte bien vite de moi. Il est accompagné de son père, d'une vieille femme au chignon strict et du sorcier le plus effrayant qu'il m'ait été donné de voir. Ce dernier est doté d'un oeil magique, d'une jambe de bois et son visage est affreusement marqué, comme s'il avait combattu une meute de loups-garous enragés. Il me pointe sans ménagement de sa baguette :

- C'est elle ? Un bon véritaserum et le problème est réglé.

La vieille sorcière lui jette un regard outré par dessus ses lunettes :

- Alastor, par la barbe de Merlin, vous avez perdu la tête ? Pourquoi pas un imperium tant que vous y êtes ? C'est une enfant enfin !

Elle se tourne ensuite vers moi, tandis que le-dit Alastor grommelle qu'un « bon Impero n'a jamais fait de mal à personne » :

- Jeune fille, vous allez devoir nous dire toute la vérité. Comment êtes vous arrivée jusque ici ? Qui vous a donné notre adresse ?

Je jette un regard en coin à Ron, qui a sa tête des mauvais jours. Avant que je n'ai pu dire le moindre mot, il s'exclame à ma place :

- C'est moi qui lui ai donné l'adresse ! Je l'ai trouvé qui errait à proximité du manoir. Hermione est une amie de classe de St-Brutus. Je n'allais pas la laisser toute seule dans la nature.

Qu'est-ce qu'il raconte ? Je commence à comprendre que Ron a dû manigancer mon évasion sans le dire à personne. Il poursuit en me regardant avec insistance :

- N'est-ce pas Hermione ?

- Euh, oui tout à fait. Je me suis enfuie à cause de l'explosion, j'avais peur, je ne savais pas du tout où j'allais et je suis tombée sur Ron. C'était vraiment un pur hasard.

Alastor nous scanne de son oeil magique. Je n'ai pas l'impression qu'il nous croit.

- Mouais, on ferait mieux de l'enfermer à double tour, si vous voulez mon avis.

La femme au chignon frappe dans ses mains comme pour signifier la fin du débat sur mon sort :

- Bon, voilà qui règle la question. Même si ce n'était pas prévu au programme, Hermione est avec nous qu'on le veuille ou non. Ronald vous allez lui montrer où s'installer et lui expliquer le fonctionnement du quartier général. Quand à moi, je retourne à Poudlard, une absence plus longue serait remarquée.

Apparemment, c'est elle qui est aux commandes. Les trois adultes quittent la pièce me laissant seule avec Ron. J'attends que la porte se soit refermée pour m'exclamer :

- Qui sont ces gens avec ton père ? De quel quartier général parlait cette femme ?

- Celui de l'ordre du phénix. La femme, c'est Minerva McGonagall, qui dirige l'ordre. L'homme c'est Alastor Maugrey dit Fol Oeil, le commandant en chef.

- Quoi ?

Je m'assois sur l'un des lits pour me remettre de mes émotions et Ron m'explique tout ce que j'ai besoin de savoir. Apparemment, suite à la mort de Dumbledore, une sorte d'ordre secret lui a subsisté dans sa lutte contre les Mangemorts. J'apprends avec surprise que les familles de Ron et Harry font partie de l'organisation depuis plusieurs années, sans que je n'en ai jamais rien su. C'est l'ordre qui attise depuis plusieurs mois un mouvement de rébellion dans la communauté magique et qui a commandité les différentes attaques du manoir. La première n'a pas très bien tourné, entrainant la fuite précipitée de Harry et Ron. De plus, le Terrier a été fouillé, ce qui explique que les Weasley aient préféré se réfugier ici.

J'apprends aussi que cette maison appartient à Sirius Black, le parrain de Harry. Je ne l'ai vu que quelques fois, mais je sais qu'il a été banni de sa famille, très proche des Malefoy, car il ne partageait pas leurs idées sur la pureté du sang et avait tendance à le dire un peu trop fort. À la mort de ses parents, il a pourtant hérité de cette maison et n'a visiblement pas eu le temps de refaire l'horrible décoration.

- Je me suis tellement inquiété pour toi Hermione, me dit Ron en serrant ma main, je n'ai pas arrêté de penser à toi. Chaque minute. Je devenais fou à l'idée de te savoir seule dans ce manoir avec ces tarés.

Il se penche vers moi et m'embrasse avec tendresse. Je ne réponds pas tout de suite à ces paroles. J'aimerais lui dire que c'est pareil pour moi mais il faut se rendre à l'évidence : ce serait un mensonge. Je note qu'il a l'air épuisé mais j'ai encore pleins de questions à lui poser.

- C'est pour cela que vous avez fait en sorte de vous faire nommer au sein des aurors du manoir avec Harry. Vous étiez des espions. Comment avez-vous réussi à faire sauter les protections magiques ?

Moi qui croyait que Ron avait agit par jalousie... J'ai été bien idiote. Ron se met assez vite à éluder mes questions :

- Je ne peux rien te dire de plus Hermione. J'ai déjà pris des gros risques en montant ce plan avec Winky, les autres n'étaient pas du tout au courant.

Il me caresse le dos avec douceur. J'ai déjà beaucoup d'information à assimiler, autant ne pas être trop gourmande, je sens qu'il ne me dira rien de plus aujourd'hui. Ron décide de me laisser me reposer avant le dîner. Juste avant de passer la porte, il me dit très vite, sans se retourner :

- Au fait, ma famille n'est pas au courant pour nous deux. Je te fais confiance.

Puis, il quitte la pièce, me laissant une impression amère. Pour me changer les idées, j'installe mes maigres affaires. Le carnet de Tom Jedusor se retrouve planqué sous mon matelas. Je décide de ne pas leur parler de cet objet. Étant donné la tonne d'information que l'on me cache depuis plusieurs années, ce n'est que justice ! Ginny, qui partage la chambre avec moi, me rejoint bien vite et me prête une robe propre. On papote quelques instants de nos aventures respectives mais je sens rapidement qu'elle non plus, ne me dit pas toute la vérité. Formidable. Je commence à me demander à qui je peux faire vraiment confiance.

- C'est l'heure du dîner, tu viens ?

Je suis la rousse dans l'escalier jusqu'à la cuisine, qui se trouve au sous-sol. La pièce est étonnamment grande et chaleureuse, comparé au reste de la maison. Des poêles et des marmites sont accrochées au plafond, l'ensemble est assez hétéroclite et désordonné. Une grande table en bois trône au milieu et je réalise que pas mal de personnes sont déjà là et papotent en petits groupes. Harry se trouve dans un coin avec ses parents. Quand il me voit, il a un large sourire et se précipite vers moi :

- Hermione ! Tu es là !

Il me serre dans ses bras.

- C'est incroyable, je suis tellement heureux que tu sois sortie de ce fichu manoir.

Je pense intérieurement « menteur ». Ron m'a bien dit que les autres n'étaient pas d'accord avec ma petite évasion et Winky, lors de ma fuite, a précisé que mon meilleur ami n'en savait rien. Elle avait presque l'air effrayé à cette idée. Puis, sans aucun signe avant coureur, Harry se penche vers Ginny et lui fait un rapide baiser sur les lèvres. J'en reste bouche bée. De son côté, le jeune homme s'est tourné vers ses parents :

- Papa, Maman, vous vous souvenez d'Hermione Granger ?

- Comment oublier la dernière pièce du trio infernal... rigole James Potter.

- Bienvenue Hermione, sourit Lily Potter.

Je ne connais pas très bien les parents de Harry mais les rares fois où j'ai rencontré sa mère m'ont laissé une très bonne impression, qui se confirme aujourd'hui. Ses yeux verts sont lumineux et apaisants. Elle m'indique une place où m'asseoir et m'associe tout de suite à leur conversation. Apparemment, ils sont en grande discussion concernant l'attaque du manoir :

- Je ne comprends pas comment leurs défenses ont cédé aussi facilement cette fois-ci, reprend James, c'est vraiment étrange. Il y a quelque chose qui cloche. C'était beaucoup plus difficile la première fois.

Je tends l'oreille avec attention grappillant chaque miette d'information. Malheureusement, c'est le moment que choisit Maugrey pour débouler, le cliquetis de sa jambe de bois le précédant.

- Dis-donc, parlez plus fort les cocos, il se peut que quelqu'un dans Londres ne vous ait pas entendu.

Sa boutade est dirigée assez clairement contre moi. À ma grande surprise, Harry prend ma défense :

- Alastor, Hermione est une personne de confiance !

- Personne n'est de confiance, réplique Fol Oeil, VIGILANCE CONSTANTE jeune Potter ! VIGILANCE ! Tu veux savoir comment j'ai perdu cette jambe de bois ?

- Par pitié Al', arrêtez de hurler.

La supplique vient d'une jeune femme aux cheveux roses, assises de l'autre côté de la table. De son côté, Harry reste campé sur ses positions :

- Vous dites ça simplement parce qu'elle sort de la Sélection, mais ce n'est pas de sa faute si ces tarés l'ont choisi pour intégrer ce truc.

Le débat est interrompu par l'arrivée de Molly Weasley qui se met à houspiller tout le monde, les plats menaçant de refroidir. Tout le monde se tait un instant, le temps de s'installer autour de la large table de bois et Molly commence à déposer de grands plats de ragoût au milieu.

- Ça sent hyper bon ! s'exclame Georges, l'un des frères de Ron.

- Les jumeaux, le reprend sa mère, vous attendez que tout le monde soit servi avant de vous jeter sur la nourriture comme des trolls des montagnes.

Fred émet aussitôt un grognement par le nez, au grand amusement de Charlie, Ron et Bill, assis en face d'eux. Mon petit-ami étant arrivé en retard, nous nous retrouvons à distance mais ce n'est pas plus mal. J'ai un peu de mal à digérer le fait qu'il continue à cacher notre relation à sa famille. Qu'importe ses grandes déclarations de tout à l'heure, je n'ai pas eu droit à un regard de sa part depuis le début du repas. De mon côté, je suis assise entre Harry et Lily Potter et en face de la jeune femme au cheveux rose, qui ne tarde pas à se présenter :

- Nymphadora Tonks. Maintenant que je t'ai dis ça tu peux tout de suite oublier mon prénom. Tonks ira très bien.

Elle a l'air plutôt sympathique jusqu'à ce qu'elle se penche vers moi en soufflant :

- Et donc, c'est comment le harem Malefoy ?

- Nymphadora ! s'indigne Lily, qui a tout entendu. Qu'est-ce que c'est que ce genre de remarques ?

Tonks a la décence de prendre un air gêné en réalisant qu'elle est allée un peu trop loin. De mon côté, je plonge dans mon assiette de ragoût, mortifiée.

- Excusez ma cousine, intervient Sirius, elle a autant de tact qu'un scroutt à pétard mal-luné.

Je ne connais pas bien le parrain de Harry, mais il a l'air assez proche de la jeune femme pour se permettre de lui faire ce genre de remarque. Cela n'empêche pas Tonks de lui jeter un regard noir. Inspectant les convives, je retrouve l'intégralité de la famille Weasley mais aussi quelques sorciers et sorcières que je ne connais pas. Arthur Weasley est en grande conversation avec un homme qui arbore des cernes impressionnantes sous ses yeux dorés. Il porte un manteau très élimé et des vêtements pas du tout assortis.

La conversation reprend sur les défenses du manoir, James Potter se lançant dans une grande théorie sur les sortilèges de protection. Malheureusement, à chaque fois que la discussion devient un tout petit peu intéressante, Alastor Maugrey est pris d'une étrange quinte de toux qui rappelle tout le monde à l'ordre. La suspicion qui m'entoure commence à devenir vraiment pénible. Le ragoût étant fini, on débarrasse la table et Molly apporte un plat énorme couvert de minuscules tartelettes à la citrouille. Je ne compte plus le nombre de fois où j'en ai mangé ces dernières semaines, c'est le plat préféré du prince Drago.

Soudain, sans aucun signe avant coureur, je suis prise d'une angoisse terrible. Ce repas me rappelle mes diners au manoir, cette sorte de routine qui s'était installée. Je pense à Drago, je le vois comme s'il était assis en face de moi à la place de Tonks. Je l'imagine, en ce même instant, dans la salle à manger du manoir en compagnie des autres Sélectionnées. À moins qu'il est déjà choisi Daphné. Oui, cette seconde attaque a dû précipiter son choix, comme la première avait entraîné le départ de la majorité des Sélectionnées. Les conversations se transforment en un brouhaha. J'ai la tête qui tourne et l'estomac noué. Je me lève, balbutie quelques excuses et retourne dans ma chambre. Je suis à peine assise sur mon lit que Harry m'a déjà rejoint.

- Tu me surveilles ? Toi non plus tu ne me fais pas confiance ?

- Hermione, s'indigne-t-il, je t'ai défendu au cas où tu ne l'auras pas remarqué.

- Oh oui merci bien, après avoir passé des années à me mentir sur ton appartenance à un ordre secret ! Vous avez dû bien vous amuser sans moi avec Ron ! Sans parler de ces semaines au manoir à manigancer des attaques surprises sans daigner me tenir au courant.

On ne pouvait pas ! Ce n'est pas un jeu !

Cela me rappelle les propos de Drago : « tout cela n'a rien d'un jeu pour moi ». J'ai envie de pleurer. Harry se tient au milieu de la chambre les mains écartées en signe de désespoir. Je sens de la sincérité dans sa voix, ce qui m'empêche de trop lui en vouloir. Ou alors est ce la fatigue qui annihile mes émotions ?

- Hermione, ils ne te font pas confiance. On ne pouvait rien dire, je te promets. Et ne croit pas que Ron ou moi décidions de quoi que ce soit. On se contente d'obéir aux ordres.

Je garde le silence pendant quelques instants.

- Et désormais, vous ne me faites toujours pas confiance ? Je me suis enfuie du manoir tout de même. J'ai combattu un auror pour ça. Je suis probablement hors la loi à présent.

Harry se pince les lèvres :

- Tu ne peux pas leur en vouloir... Tu as vu ce que la Gazette raconte sur toi... Tout le monde pensait que tu allais devenir la future reine.

- Pardon ? Harry, je suis amoureuse de Ron. On va se marier. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ?

Mon meilleur ami s'approche de moi et tente de me calmer en posant une main sur mon bras :

- Je sais bien Hermione, tu n'as pas à me convaincre. Mais à part nous trois, personne n'est au courant pour toi et Ron.

- Donc tout le monde croit ce que raconte la Gazette ! C'est injuste.

- Il n'y a pas que ça...

Harry a pris un air gêné. Je le pousse à continuer.

- Ginny a dit que tu étais très proche du prince...

Je me lève outrée.

- Pardon ? C'est une plaisanterie ?

Choquée, je me rappelle de mes discussions avec la rousse, de ses insinuations et de ses questions à propos de moi et Drago. Je pensais bêtement qu'elle était jalouse mais, non seulement elle fricotait avec Harry à ce moment là, mais en plus elle allait tout rapporter à l'ordre ! Cela explique aussi pourquoi Ron a honte de notre relation. Je fonce vers la porte :

- Je vais tout de suite rectifier ce tissu de mensonge.

Harry m'arrête d'un bras ferme.

- Ne fais pas cela. C'est inutile. Tout ce que tu pourras dire ne servira à rien. La meilleure solution, c'est de faire profil bas. On arrivera à les faire changer d'avis, je te le promets.

Je le regarde, pas très convaincue. À force de supplications, Harry arrive à me raisonner et m'empêcher d'aller faire un scandale dans la cuisine. Il n'arrive cependant pas à arranger la situation entre Ginny et moi. À partir de cet instant, j'ignore la rousse avec application. Le fait que nous partagions une chambre n'aide pas à améliorer mon séjour dans cette maison. L'ambiance est glaciale. Je suis d'autant plus énervée, que non contente de raconter n'importe quoi à mon sujet, Ginny m'a également caché son histoire d'amour avec Harry, alors qu'ils l'affichent désormais clairement. À part devant leurs parents, les deux amoureux ne cachent pas leurs marques d'attention, ce qui leur vaut pas mal de remarques amusées de Sirius sur les supposés talents de séducteur de Harry :

- Tout à fait moi à son âge !

Cette situation est d'autant plus pénible que Ron, lui, continue à cacher notre lien avec application. Trois jours après mon arrivée, nous n'avons toujours pas pu discuter seul à seul, sans parler du moindre contact physique. J'ai l'impression que je vais devenir folle dans cette horrible maison. Cet endroit est si sinistre... Il y a même une goule dans le grenier ! Pour ne rien arranger, tout le monde semble considérer que j'en ai assez appris le premier soir et s'évertue à me cacher toutes les activités de l'ordre. Je remarque pourtant toutes leurs allées et venues et les entends discuter sans cesse de missions secrètes aux quatre coins du pays. Je comptais sur Ron pour m'éclairer mais c'est raté.

Pour tromper mon énervement, face au comportement de mon petit-ami, je me rapproche de Tonks. J'ai vite compris que la jeune femme n'était pas des plus douées pour tenir sa langue, ce qui me permet de gratter quelques informations supplémentaires. Profitant d'un instant seule avec elle dans la cuisine, je la bombarde de questions sur la situation politique.

- Ça chauffe pas mal, c'est sûr. Ce n'est pas pour rien qu'ils ont lancé la Sélection un peu plus tôt que prévu, c'était censé apaiser les esprits, détourner l'attention mais ça n'a pas fonctionné. On essaye de profiter de cette période d'instabilité pour récupérer des choses au manoir.

Nous sommes en train de siroter une infusion de genévrier. La soirée est déjà bien avancée mais je ne me sens pas du tout fatiguée. Je presse la jeune femme :

- Quelles choses ?

- Secret professionnel, répond Tonks avec un clin d'oeil. De toute façon, ce n'est pas moi le cerveau ici. Tout ça, ce sont les instructions du grand manitou.

- Le... grand manitou ?

- Dumbledore, répond à sa place Sirius qui vient de débouler vêtu d'une très belle robe de chambre en velours matelassé.

- Tu veux une infusion cousin ?

Le sorcier a un reniflement méprisant et sort une bouteille de whisky pur feu du buffet.

- J'ai mieux.

J'essaye de faire revenir la conversation à des considérations plus sérieuses :

- Mais Dumbledore est mort il y a plusieurs années.

Sirius se sert un généreux verre de whisky en répliquant :

- Disons qu'il a laissé un testament.

- Et qu'est ce qu'il y a dedans ?

Tonks ouvre la bouche pour me répondre mais Sirius est plus rapide qu'elle :

- Tutut, tu crois vraiment qu'on va raconter cela à une créature du manoir Malefoy.

- Je ne suis pas une créature du manoir ! Arrêtez de croire tout ce qu'il y a dans la Gazette !

Tonks me regarde d'un air suspect :

- Donc tu n'as pas fait des piques-niques avec Drago Malefoy en tête à tête ?

- Euh si... Mais ce n'est pas ce que vous croyez. Je n'avais pas le choix.

- Et tu ne lui as pas demandé de te rapporter un coeur de dragon ?

Je commence à me sentir légèrement mal. Comment sont-ils au courant de cela ? Comment cette fouine de Rita Skeeter a-t-elle pu espionner nos conversations ?

- C'était du second degré.

Sirius et Tonks échangent un regard puis se mettent à ricaner comme des adolescents. Ils sont interrompus par l'arrivée d'un deuxième homme. Il s'agit du sorcier aux énormes cernes que j'ai repéré le premier soir. Ses cheveux châtains sont parsemés de mèches grises et ses vêtements toujours aussi élimés.

- Lunard, un petit whisky ?

- Qu'est-ce que vous faites encore là ? répond l'homme. Vous croyez que c'est l'heure pour boire de l'alcool en cachette ?

Malgré ses propos, sa voix est plus étonnée qu'énervée. Sirius lève son verre avec détermination, comme pour porter un toast :

- En cachette ? Je suis chez moi ici, monsieur trouble-fête. Et tu devrais essayer, ça te détendrait entre deux expéditions chez les mangemorts.

Le sorcier lui lance un regard amusé. Ses yeux se portent ensuite sur Tonks et son expression devient beaucoup plus douce.

- Nymphadora, il est tard, tu devrais rentrer chez toi. Ce n'est pas raisonnable.

À ma grande surprise, la jeune femme, qui n'a pourtant pas l'air d'avoir sa langue dans sa poche, ne répond rien et se contente de prendre une grande gorgée d'infusion qui la fait tousser. L'homme aux cernes explique qu'il va se coucher, tourne les talons et remonte par l'escalier sans plus attendre. Il est à peine parti que Sirius s'exclame :

- Tiens c'est marrant, lui quand il t'appelle Nymphadora, tu ne lui dis rien. Y aurait-il des privilégiés dans ton petit coeur, ma chère cousine ?

Les cheveux de Tonks prennent une étrange couleur rouge brique. Je m'exclame :

- Tu... Tu es métamorphomage ?

- Yep ! Très pratique pour le camouflage.

La sorcière fait une grimace et prend soudain le visage de Sirius :

- Je suis chez moi ici, monsieur le trouble-fête !

J'éclate de rire. L'imitation est assez réussie. Le parrain de Harry agite son doigt en direction de sa cousine :

- Tu ne changeras pas de sujet aussi facilement. On parlait de ton comportement bien étrange avec Remus Lupin.

La jeune femme se prend la tête entre les mains :

- Arrête de me torturer avec ça, tu sais bien qu'il n'y a aucun espoir.

- Mais si, proteste Sirius, Lunard finira bien par se rendre compte de ses sentiments. Il est juste un peu plus buté que la moyenne.

- L'amour c'est nul, conclue Tonks avec un air désabusé en regardant le fond de sa tasse de thé.

Je n'aurais pas mieux dit.

à suivre...