Hello à tous, merci pour vos reviews, j'aime bien vos suppositions ^^ Je pense que ce chapitre va vous surprendre...
Je n'avais pas exagéré le premier jour de mon arrivée au 12 square Grimmaurd : j'ai véritablement troqué une prison pour une autre. Et je commence presque à trouver que la première était plus agréable. J'ai l'impression d'être surveillée à toute heure, y compris par des personnes que je pensais être mes amis, et je n'arrive pas à trouver un instant de solitude. En comparaison, hormis les repas et les leçons avec Rogue, la vie au manoir me laissait plusieurs heures de tranquillité. Le salon comporte bien quelques livres mais ils ne décrivent que des sortilèges de magie noire, tous plus effrayants les uns que les autres, ce n'est pas une lecture très agréable.
Évidemment, je n'ai pas le droit de sortir de la maison, Alastor Maugrey m'ayant bien expliqué que tout le royaume est à ma recherche, ce qui me semble un peu excessif. Certes je me suis enfuie en stupéfixant un auror, mais la Sélection a dû se poursuivre sans moi et il doit être assez facile d'expliquer que je me suis faite éliminer. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi ma fuite est un tel scandale pour le royaume. Comme il est impossible pour moi d'avoir accès aux journaux, qui disparaissent mystérieusement quand je suis dans les parages, j'en suis réduite à fouiller discrètement les poubelles. J'arrive à dégoter dans celle de la chambre des jumeaux, sous le prétexte de récupérer un livre que Georges m'a promis, un ancien exemplaire de la Gazette du sorcier.
Ma tête s'étale en plein milieu de la une. En lisant rapidement, je comprends que le journal date de la sélection de l'Élite. L'article s'intitule : « Hermione Granger, future princesse ? ». Je vais directement à la page indiquée, passant le test du jour « Connaissez-vous bien les centaures ? » et plusieurs publicités pour des chaudrons. L'article est assez long et signé de la plume si reconnaissable de Rita Skeeter. Comme je le craignais suite aux révélations de Tonks, il donne un nombre considérable de détails sur mes conversations avec Drago et sur nos activités, c'en est presque effrayant. Est-ce que c'est le prince qui a raconté tout cela ? Est-ce que quelqu'un nous espionnait ? À ma grande surprise, l'article est plutôt élogieux à mon égard :
« De sang-de-bourbe à sorcière, Hermione Jean Granger a connu une ascension déjà fulgurante grâce à la Sélection. Ses liens avec le prince Drago la place en bonne position pour devenir princesse, au grand bonheur de la majorité du peuple britannique magique. Alpheus Pyxis, spécialiste de la famille royale et auteur de La Saga des Malefoy, nous confie ainsi que le choix d'Hermione permettrait de réconcilier toute une frange de la population, qui n'est plus satisfaite du système actuel, avec la royauté. Cela enverrait également un signal fort à tous nos concitoyens sang-de-bourbe ou sang-mêlé qui s'identifient à la jeune femme, issue d'un milieu simple. Pyxis conclue ainsi : « Ce serait un gros coup pour la famille royale. » Apparemment, le prince Drago a l'air convaincu, reste à faire accepter l'idée à Lucius et Narcissa Malefoy, moins avant-gardistes. Mais la grogne qui monte pourrait ne pas leur laisser le choix »
J'ai du mal à absorber ces informations, je ne m'attendais pas à ce type d'article, assez politique. Sur la page d'à côté, un sondage réalisé auprès de mille sorciers et sorcières m'apprend que je suis largement favorite devant Daphné qui ne recueille que 15 % des suffrages. Je ne sais pas ce qui me surprend le plus : ce résultat ou le fait que la Gazette parle beaucoup plus ouvertement qu'avant des troubles qui agitent le royaume. Je relis le dernier paragraphe. Est-ce que Drago m'a gardé pour cette raison ? Par calcul politique ? Je repense à son petit discours, la dernière fois que nous nous sommes parlés. Il avait l'air tellement sincère... Après tout, je me suis bien faite bernée par Harry, Ron et Ginny. Je ne dois pas être très douée pour détecter le mensonge chez ceux qui m'entourent.
- Hermione, qu'est-ce que tu fais ?
Je tente de cacher le journal. Ce n'est pas Georges ou Fred, c'est Ron qui vient d'entrer dans la chambre. Je ne cherche même pas à m'inventer une excuse, il a déjà reconnu la une de l'exemplaire que je tiens. J'imagine qu'il a dû passer pas mal de temps à éplucher ces pages afin d'avoir des nouvelles de moi. À cette vue, son visage devient plus sombre :
- Pourquoi tu lis ça ? Tu sais très bien ce qu'il y a dedans puisque tu l'as vécu. Est-ce que cela te plaît ?
- Quoi ?
- Toute cette célébrité, toute cette attention. C'est ce que tu voulais.
- Pardon ? Tu oublies que c'est toi qui m'a demandé de m'inscrire à cette fichue Sélection !
Je n'arrive pas à croire les mots qu'il prononce. Le regard de Ron devient plus dur :
- Hermione, j'essaye de faire la part des choses, je te le promets. Je sais que tu n'as pas choisi cette situation, que tout cela est très compliqué mais tu n'étais pas obligée d'aller aussi loin.
- La part des choses ? Comment oses-tu me dire cela ? Depuis que je suis arrivée, tu ne m'adresses plus la parole, tu ne me demandes même pas comment je vais ou comment j'ai vécu ces dernières semaines, tu préfères croire un tissu d'ânerie dans un journal connu pour raconter des idioties plutôt que moi.
Ma voix est montée en volume au fur et à mesure de ma diatribe. Ron reprend sur un ton encore au dessus :
- J'ai besoin que tu me prouves que tu m'aimes encore !
Il a lâché ces mots comme malgré lui. Je lui réponds, amère :
- Comment pourrais-je encore te prouver quoi que ce soit, il n'y a plus de confiance entre nous. Car moi non plus je ne te fais plus confiance ! Tu m'as caché trop de choses.
Comment avons-nous pu en arriver là ? Je n'ai pourtant pas rêvé, c'est lui qui m'a fait sortir du manoir, c'est lui qui m'a réconforté lors de mon arrivée ici. Ron est sur le point de me répondre quand il est interrompu par Georges qui déboule dans la pièce sans la moindre gêne.
- Dis donc vous deux, vous pourriez trouver un autre droit pour laver votre linge sale, ici c'est ma chambre.
J'espère qu'il n'a pas entendu notre conversation...
- On y va, marmonne Ron, on avait fini de discuter.
J'aimerais lui dire que cette discussion est loin d'être finie et que je ne vais pas abandonner aussi facilement mais Georges reprend :
- Et tant qu'on y est, Hermione, tu es convoquée par les grands chefs dans la cuisine.
- Convoquée ?
La discussion avec Ron m'a laissé les larmes aux yeux et la gorge nouée, je ne me sens pas du tout prête pour ce genre de chose.
- Ouaip et si tu savais le degré de patience de Maugrey et McGonagall, tu serais déjà en train d'y aller. Spoiler : c'est zéro.
Ron a déjà quitté la pièce. Le coeur lourd, j'entame le même chemin. Quand j'arrive dans la cuisine, je la trouve étrangement vide, loin du fourmillement habituel. Je découvre Minerva McGonagall, Alastor Maugrey et Arthur Weasley, assis à un bout de la longue table. Lily Potter, la seule encore debout, m'invite à m'asseoir puis Minerva prend la parole :
- Mademoiselle Granger, nous vous avons demandé de venir, eu égard à votre connaissance du manoir Malefoy, puisque vous y avez passé quelques temps. Sans rentrer dans les détails, nous faisons face à une énigme concernant les protections de cette bâtisse. Nous sollicitons... votre aide.
Je réprime un sourire. Voilà qu'ils ont besoin de moi à présent, quel paradoxe ! La sorcière poursuit en réajustant machinalement ses lunettes :
- Le soir de la première attaque, nous avons eu toutes les peines du monde à percer leurs défenses, malgré l'aide de Harry Potter et Ron Weasley, qui se trouvaient à l'intérieur du périmètre de sécurité. Comme vous le savez peut-être, ce temps précieux nous a été fatal et nous avons dû battre en retraite.
Alastor Maugrey a l'air d'avoir avalé un citron entier. Voir Minerva me déballer autant d'informations secrètes doit être une torture. Je lui fais un grand sourire tandis qu'elle continue :
- À la deuxième attaque, cela a été ridiculement simple, alors que, d'une part, nous pensions qu'ils auraient renforcés leurs protections et que, d'autre part, nous ne disposions plus d'alliés à l'intérieur. Malheureusement, nous n'avons pas trouvé ce que nous cherchions.
- Si vous m'expliquez ce que vous cherchiez, ce serait plus simple.
Maugrey se racle la gorge ostensiblement. McGonagall, loin de se préoccuper des avertissements de son bras droit, me transperce de son regard, comme pour jauger ce qu'elle peut me révéler :
- Et bien, disons que nous ne le savons pas nous même.
- Pardon ? Vous prenez tous ces risques pour rechercher... quelque chose, sans savoir exactement de quoi il s'agit ?
- Savez-vous ce que sont les horcruxes Miss Granger ?
Je reste muette. Je n'ai pas l'habitude de ne pas avoir la réponse à ce genre de question, surtout de la part d'un professeur, mais là cela dépasse mes connaissances. Rapidement et avec toute la pédagogie qui la caractérise, McGonagall m'expose les grands principes de cette magie puissante mais diabolique. Je ne suis pas longue à comprendre :
- Vous pensez que... Voldemort aurait utilisé des... horcruxes ? Et donc, qu'il n'a pas véritablement disparu ? Je croyais que c'était une sorte de légende.
- Elle a l'esprit vif, renifle Maugrey comme si cette phrase lui coûtait.
- Nous ne pensons pas, répond Minerva, nous en sommes sûrs. Albus Dumbledore nous a laissé des instructions précises sur le nombre d'horcruxes créés par Voldemort et sur leur localisation, mais nous ne savons pas quelles formes ils prennent.
J'en reste soufflée. Depuis la disparition de leur mentor, ils cherchent des objets, sans savoir à quoi ils ressemblent, avec comme unique indication des lieux aussi précis que « le manoir Malefoy » ? Dumbledore devait être une espèce de gourou pour provoquer autant d'enthousiasme de ses adeptes face à des instructions aussi vagues. Minerva conclue :
- Ces horcruxes peuvent être n'importe quel objet, mais plus probablement quelque chose de précieux et de rare.
- Jedusor n'est pas du genre à mettre son âme dans un balai à chiotte, lâche Maugrey.
- Alastor ! le réprimande Minerva.
De mon côté, c'est un autre terme qui a attiré mon attention :
- Vous avez dit quoi ? Jedusor ?
- C'est le véritable nom de Voldemort, se charge de me renseigner Lily Potter.
J'ai la tête qui tourne. Je me doutais que Voldemort était une sorte de surnom mais je ne me suis jamais demandé quel était sa véritable identité. Et quand bien même j'avais essayé de trouver cette information, c'est typiquement le genre de détail historique qui doit être impossible à dénicher désormais avec la censure. Est-ce que je suis en possession d'un carnet ayant appartenu au plus grand mage noir de tous les temps ? Cela ne me semble pas être le moment propice pour le révéler. Déjà que l'Ordre ne me fait pas du tout confiance, s'ils apprennent que j'ai ramené un bout d'âme de leur ennemi juré au sein de leur quartier général, je suis cuite comme le ragout de Molly Weasley. À la place, je demande d'une voix neutre :
- Comment puis-je vous aider ?
- Nous pensons que l'objet que nous cherchons a été déplacé, sinon comment expliquer cette étrange stratégie de nos adversaires. Cela n'a pas de sens d'affaiblir leurs défenses ainsi. Avez-vous vu quelque chose ? Le prince Drago vous a-t-il confié quoi que ce soit qui pourrait nous être utile ?
Elle me regarde avec espoir, Maugrey avec suspicion et Lily avec bonté. Étrange atmosphère. Je prends mon temps pour répondre :
- Non, cela ne me dit rien, je vais y réfléchir.
Minerva fait une moue déçue tandis qu'Alastor marmonne :
- Je vous l'avais bien dit !
Remontée dans ma chambre, je cogite toute la journée dans mon coin. Je suis tellement absorbée dans mes pensées que même Ginny commence à s'inquiéter pour moi. Je n'ose pas sortir tout de suite le carnet mais j'ai l'impression qu'il émet comme des rayonnements à travers le matelas, comme s'il m'appelait. Ou alors c'est mon imagination qui me joue des tours. Mais il m'attire, c'est un fait. Sinon pourquoi l'aurais-je trimballé avec moi comme cela et, surtout, pourquoi aurais-je pris justement ce livre dans le rayonnage de la bibliothèque ? C'est tard dans la nuit que la solution m'apparaît comme un éclair. J'attends cependant la fin de matinée pour débouler à nouveau dans la cuisine, où le conseil de l'Ordre s'est réuni. Tout le monde s'arrête de parler en me voyant débarquer au milieu de leur réunion. C'est Arthur Weasley qui finit par prendre la parole, les sourcils froncés :
- Hermione ? Tu n'as pas le droit d'être ici, retourne dans ta chambr...
Il est interrompu par le bruit sourd du carnet de Tom Jedusor que je viens de lancer au milieu de la table. Outre les participants de la petite réunion de la veille, il y a là James Potter, Sirius Black et Remus Lupin.
- Qu'est-ce que c'est ? demande Sirius en faisant un geste pour s'emparer de l'objet.
Remus l'arrête d'un bras impérieux, ses pupilles dorées dilatées par la peur :
- Ne touche pas à ça, ce carnet pue la magie noire. Où as-tu trouvé cela Hermione ?
Les têtes se tournent vers moi.
- Dans la bibliothèque du manoir. Ce carnet a appartenu à Voldemort et c'est un horcruxe.
- Comment pouvez-vous dire cela avec tant d'assurance ? s'indigne Minerva tandis que les autres membres de l'Ordre poussent des exclamations diverses. Ce ne sont pas des choses à prendre à la légère.
- Je savais bien qu'on aurait pas dû lui raconter tout ça, clame Maugrey, la gamine n'a pas les épaules, l'histoire lui ait monté à la tête.
Je rétorque, bien décidée à ne pas me laisser faire :
- La gamine a un prénom !
- Explique toi Hermione, me presse Sirius.
Ils commencent tous à me taper sur le système avec leurs grands airs. Je me force à reprendre mon calme pour leur exposer mon raisonnement :
- Lorsqu'une maison est protégée par un enchantement, il se forme une sorte de réseau magique qui vient irriguer l'ensemble du bâtiment. Au bout d'un moment, ce réseau se stabilise et s'organise autour d'un noeud. Ce noeud magique se trouve dans ou autour de l'objet le plus puissant de la maison.
- Comment tu sais tout cela Hermione ? me coupe Lily. Ce n'est pas de la magie commune et je doute qu'on apprenne ce genre de chose à St-Brutus.
- On s'en fiche, on veut la suite des explications ! se plaint Sirius bien vite coupé par un regard incendiaire de James.
Je l'ignore et me tourne vers Lily :
- Je l'ai lu dans l'Encyclopédie des enchantements de protection.
La rousse me fixe avec de grands yeux :
- C'est un ouvrage extrêmement rare ! Je crois qu'il n'en existe pas plus de trois exemplaires dans le monde.
- Il y en a un dans la bibliothèque du manoir, j'ai pu le consulter.
La mère de Harry a l'air impressionnée. Je sais qu'elle s'y connait particulièrement bien en enchantement, elle doit rêver de pouvoir feuilleter un tel ouvrage.
- Pardon, intervient Sirius, mais j'ai rien compris. Quel rapport avec la citrouille, cette histoire de noeud magique ?
Remus Lupin se tourne vers lui et lui dit lentement, comme s'il était un peu limité intellectuellement :
- C'est évident, non ? S'il y a un horcruxe dans le manoir Malefoy, le noeud magique se forme forcément autour de lui.
- Ça va, on est pas tous des intellectuels, je suis un homme d'action moi.
Je poursuis mon explication :
- Quand j'ai visité la bibliothèque, j'ai été immédiatement attiré par ce carnet, sans bien savoir pourquoi. Par ailleurs, il se trouvait dans un rayonnage protégé, c'était donc un objet important. Le soir de l'attaque, quand je l'ai volé...
- Tu as quoi ? coupe James.
- Je l'ai... emprunté disons.
- Oui bien entendu ! s'exclame Sirius un peu goguenard. C'est exactement le genre d'excuse que je sortais à Rusard quand j'étais à Poudlard.
- Laissez-la finir, ordonne Minerva.
- Lors de la première attaque, les défenses du manoir ont sauté. J'ai été dans la bibliothèque et j'ai pris le carnet. L'enchantement qui le protégeait ne faisait plus effet.
- Mais bien sûr ! s'exclame Lily. Lors de la deuxième attaque, le carnet n'était plus au même endroit, ce qui a perturbé les défenses magiques.
Je complète :
- Le noeud magique n'avait pas eu le temps de se reformer, ce qui explique pourquoi il vous a été aussi facile de pénétrer dans les lieux. Le manoir était très mal protégé à ce moment là.
Un silence s'abat sur l'assemblée, tout le monde prenant le temps d'intégrer ma découverte. Sirius est le premier à reprendre la parole :
- Attendez, attendez. Je commence à comprendre. Tu as bougé le carnet de place donc ça a fait disjoncté le champ magique, mais qu'est-ce qui nous prouve que c'est un horcruxe ? Je croyais que Voldemachin ne mettait pas son âme n'importe où. Pardon, mais ce carnet en cuir n'a rien de particulier.
Pour la deuxième fois, Remus jette un regard surpris à son ami :
- Patmol, t'as rien suivi à ce qu'on a dit. Si le carnet est l'objet le plus puissant du manoir, il y a une très grande probabilité que ce soit lui l'horcruxe.
- C'est pas logique cette histoire, insiste Sirius, je serais les Malefoy, je ne laisserais pas traîner un horcruxe n'importe où, il ne devait pas être bien protégé pour être aussi facile à voler.
James Potter propose l'explication suivante :
- Et si... les Malefoy n'étaient pas au courant ? Rien n'indique dans les archives de Dumbledore que Voldemort ait mis ses sbires dans la confidence, il ne devait pas leur faire assez confiance pour cela.
- De toute façon, intervient Minerva, cela va être facile à vérifier. Allons chercher l'épée de Gryffondor.
- Je veux pas faire ma chochotte, dit Sirius, mais je tiens un petit peu à cette table.
Personne ne l'écoute et c'est James Potter qui se dévoue pour aller chercher l'épée. Il revient quelques minutes plus tard avec un fourreau d'assez longue taille. Un silence respectueux s'est fait dans l'assemblée. Le père de Harry en tire une épée de taille impressionnante et de toute beauté. La lame est argentée et le fourreau incrusté de rubis. À mon grand étonnement, il me la tend :
- C'est à toi de le faire, Hermione.
- L'épée de Gryffondor ne peut être maniée que par un élève de sa maison, intervient Minerva.
- Ou par quelqu'un digne de sa maison, réplique James.
Après un court mais intense débat, McGonagall se laisse convaincre. J'attrape l'épée que me tend James, elle est plus légère que ce que je pensais.
- Fais attention, me dit Lily, il est possible que l'âme de Voldemort se débatte.
Remus attrape le carnet en enroulant sa main dans sa veste et le jette par terre comme s'il s'agissait d'un objet empoisonné. Le carnet tombe et s'ouvre sous le choc. Je prend une grande respiration et soulève l'épée. Ce moment est important. J'ai comme l'impression de vivre une espèce de rite d'intronisation au sein de l'Ordre, de gagner enfin ma place dans cette étrange organisation secrète. Mon bras commence à être un peu lourd mais je le suspends pendant encore quelques instants. Le livre semble si petit et si inoffensif, étalé ainsi sur le sol de la cuisine. Au prix d'un grand effort, je parviens enfin à abaisser l'arme dont la pointe vient se ficher en plein milieu d'une page. Des bouillonnements d'encre s'échappent de la fissure et se répandent sur le sol. J'ai l'impression d'entendre comme un cri horrible, sans savoir si c'est le fruit de mon imagination.
Je raffermis ma prise et entaille le carnet à plusieurs reprises, jusqu'à ce que toute l'encre qu'il contenait se soit déversée sur le sol. Les membres de l'Ordre n'ont pas dit un mot pendant tout le processus. C'est Sirius qui rompt le silence :
- Et voilà, je vous l'avais dit, vous avez tout sali.
Cela a le mérite de détendre un peu l'atmosphère. Minerva nettoie le sol d'un mouvement de baguette tandis que Remus, toujours aussi précautionneusement, récupère l'objet détruit et l'emballe avec soin. De leur côté, James et Lily Potter se sont jetés dans les bras, fous de joie.
- Plus qu'un ! commente Arthur Weasley en levant les bras au ciel tandis que Minerva serre ses mains l'une contre l'autre, dans ce qui doit être chez elle la manifestation d'un intense bonheur.
- Félicitations petite, me gratifie même Maugrey en tapotant mon épaule.
Suite à cet évènement, je participe désormais aux réunions du conseil. La prochaine étape consiste à récupérer le dernier horcruxe, qui se trouve au Département des mystères du ministère de la Magie. L'expédition est préparée avec soin. Il y a beaucoup de repérages à effectuer, l'Ordre a décidé de prendre son temps pour élaborer son plan. La pièce maîtresse en est Maugrey qui, avec son oeil, peut repérer les flux magiques du champ de protection du ministère. Nous espérons que le même phénomène s'est produit et que cela nous permettra d'arriver jusqu'à l'horcruxe.
Si au début je suis exaltée de participer à ces préparatifs, je comprends rapidement que je ne ferais pas partie de l'escouade chargée de l'expédition. Le fait que Ron et Harry soient, eux, dans l'équipe me rend folle de rage et je ne me gêne pas pour leur exposer le fond de ma pensée :
- Comment osez vous me laisser derrière ? C'est grâce à moi que le carnet a été détruit ! Grâce à moi que vous avez pu découvrir comment trouver le dernier horcruxe !
- Personne n'a dit le contraire, réplique Harry, tout le monde sait que tu es brillante Hermione. Mais là, il s'agit d'une mission très dangereuse et nous sommes des aurors, contrairement à toi.
- Je sais me battre !
J'arrive à peu près à assimiler le fait que McGonagall et Maugrey me prennent pour une gamine, mais eux deux ! Harry me regarde d'un air désolé et Ron évite purement et simplement de croiser mon regard. Je suis dans une telle fureur, qu'ils ne cherchent pas à me dissuader de me passer de dîner et descendent seuls à la cuisine. Je reste plantée au milieu de la chambre, les poings serrés. Après quelques instants, j'entends des bruits de pas qui s'arrêtent devant la porte.
- Remus ? Tu nous rejoins ?
C'est la voix de Tonks.
- Oui j'arrive, répond la voix de Lupin, je lui apportais à manger. Il n'a rien avalé d'ailleurs. Cela commence à m'inquiéter.
J'entends les pas de Remus qui descendent l'escalier puis les deux adultes se dirigent en direction de la cuisine. De qui parlait-il ? J'attends qu'ils se soient suffisamment éloignés et sort de ma chambre. Sans hésiter, je grimpe les escaliers. Au deuxième étage se trouve la chambre des jumeaux et l'une des salles de bain mais je ne suis jamais allé plus haut. Je continue à monter et découvre la chambre de Molly et Arthur en face d'une sorte de petit bureau. Puis à l'étage encore au dessus, il y a deux pièces avec des petites plaques sur les portes. L'une d'elle affiche « Chambre de Sirius », l'autre « Défense d'entrer sans l'autorisation express de Regulus Arcturus Black ». Je pousse la deuxième porte mais ne trouve rien d'intéressant. La pièce est entièrement décorée en vert et argent.
Je jette un coup d'oeil dans la chambre de Sirius par acquis de conscience : rien non plus. Le mystère reste entier. À partir du pallier, l'escalier se transforme en une volée de marches en bois minuscules et abruptes. Elles doivent mener au grenier. Ron m'a bien dit de ne pas m'en approcher à cause de la goule mais je décide d'ignorer ses conseils. Malgré tout ce qu'il peut penser, je suis une sorcière, pas une enfant, et j'ai une baguette dont je sais parfaitement me servir. Je prends une grande respiration pour me donner du courage et grimpe l'étroit escalier en bois. La porte grince affreusement quand je la pousse.
La pièce est dans une relative obscurité, seule une petite lucarne poussiéreuse apporte un peu de lumière et mes yeux mettent du temps à s'habituer. Le grenier est une pièce toute simple et à peine meublée par quelques vieux coffres rouillés. Dans un coin, une silhouette accroche rapidement mon attention. Ce n'est pas une goule. C'est un homme prostré sur le plancher. Une épaisse chaîne en métal part d'un anneau au sol et vient s'accrocher à sa cheville. Quand il relève la tête, ses yeux me transpercent et mon coeur manque un battement devant ce regard que je connais trop bien.
Celui de Drago Malefoy.
à suivre...
