Bonne année ! En espérant ne pas avoir perdu trop de monde en route suite à cette longue pause, voici la deuxième partie de cette fic, qui n'a plus grand chose à voir avec le roman original de Kiera Cass (mais c'est plus rigolo). Ce chapitre est une sorte de transition, les choses intéressanes commenceront ensuite ;)
De tout ce qui s'est produit depuis que j'ai été sélectionnée, c'est l'instant le plus étrange. Le ministre de la Magie vient très sérieusement de me proposer de devenir reine afin de l'aider dans sa croisade politique. Il y aurait beaucoup de chose à dire sur le sujet mais je parviens seulement à articuler d'une voix peu assurée :
- Pourquoi moi ?
Hopkins me répond avec un enthousiasme presque excessif :
- Qui d'autre ? Le peuple est déjà persuadé que vous êtes fous amoureux, il a vu votre histoire éclore via la Gazette du Sorcier. Il suit votre fuite avec passion. Votre mariage serait un évènement incroyable, l'acte fondateur de la nouvelle monarchie magique britannique.
Minerva tousse ostensiblement pour calmer les ardeurs du jeune conseiller du ministre. De mon côté, je plante mes yeux dans ceux de Rufus Scrimgeour, qui brillent d'un éclat jaune derrière ses lunettes cerclées de fer.
- Vous êtes complètement fou. Je ne vais certainement pas épouser le prince.
Le sorcier aux cheveux flamboyants prend un air faussement embêté :
- Dans ce cas nous allons avoir un léger problème Hermione. Tout le pays est persuadé que vous êtes en fuite avec Drago Malefoy, pourchassés par nos meilleurs aurors. D'une manière ou d'une autre, il faudra que cette petite histoire trouve un dénouement.
Il se retourne vers Hopkins sans cesser de me regarder :
- Qu'est-ce qu'on peut imaginer ? Une noyade malencontreuse dans un loch, un suicide façon Roméo et Juliette, une fuite en Amérique ? À moins que vous ayez une meilleure idée, Mademoiselle Granger. Je suis tout ouïe.
Je commence à avoir vraiment peur. Rufus Scrimgeour a totalement perdu l'amabilité du début de notre entretien. Devant mon absence de réponse, il reprend d'une voix froide :
- Quoi que nous décidions, il vous sera impossible de reparaître en public. Quand à Drago Malefoy, il finira sa vie là où il est actuellement, dans les geôles du ministère.
Le piège est en train de se refermer sur moi.
- Est-ce que je peux le voir ?
- Bien sûr, vous le verrez demain lors de votre soirée de fiançailles. Ce sera un évènement incroyable avec plus de cinq cents invités. Une fête somptueuse.
Le ministre claque dans ses doigts sans me laisser le temps de répliquer :
- Hopkins, vous organiserez ça avec votre équipe, je veux toute la presse sur le coup.
Je sens la pièce commencer à tourner. Est-ce que je dois réagir ? Crier ? M'énerver ? À quoi bon... Ils ont bien manigancé leur coup, je ne vois pas comment m'en sortir sans condamner Drago. J'essaye de capter le regard d'Arthur Weasley et de James Potter, sans succès. Ils s'obstinent à regarder le sol. J'ose espérer qu'ils ne cautionnent pas totalement le comportement du ministre mais je n'aurais pas le moindre soutien de leur part. De son côté, le conseiller du ministre m'adresse un sourire compréhensif :
- C'est beaucoup de nouvelles d'un coup Hermione, mais rassurez vous, nous vous avons alloué une équipe personnelle pour vous aider dans tous les préparatifs.
Je lui jette un regard vide. Quel idiot. Qu'est-ce que cela peut bien me faire cette histoire d'équipe personnelle ? Comme si c'était une bonne nouvelle dont je devrais me réjouir. Je décide de ne rien dire pour l'instant, le temps de trouver une solution. C'est ainsi que je me retrouve embarquée dans les appartements privés du ministère, accompagné par un auror à la peau mate qui me dépasse de deux têtes. J'apprends en chemin qu'il s'appelle Dean Thomas et qu'il est de sang-mêlé. L'appartement qu'on m'a alloué est meublé de manière simple mais confortable. Dean me laisse reprendre mes esprits quelques instants mais mon équipe personnelle arrive rapidement après son départ. Elle est composée de l'inamovible Madame Guipure et d'une personne que je connais bien.
- Parvati ?
- Hermione ! Je suis tellement contente de te voir.
Elle est rayonnante dans sa robe rose framboise. La jeune femme me sert dans ses bras puis se met à parler sans discontinuer en agitant ses mains.
- Oh là là, j'ai tellement de choses à te raconter !
Au bout de sa deuxième phrase, je ne l'écoute déjà plus, j'ai l'impression d'avoir subi un puissant sortilège de Têtenbulle. Je laisse Madame Guipure et Parvati me présenter une série de robes toutes plus magnifiques que les autres en prévision de la soirée du lendemain. Je n'ai pas la force d'émettre le moindre avis mais, heureusement, cela n'est pas nécessaire : les deux sorcières n'ont besoin de personne pour se lancer dans un long débat sur chacune des pièces. Elles finissent par se mettre d'accord sur une robe lilas, taille empire, composée de plusieurs couches d'un tulle aérien. « Tout à fait féérique », selon les mots de Madame Guipure.
Quand je me retrouve enfin seule, je m'écroule comme une masse sur le canapé du petit salon de mon nouvel appartement. Encore un endroit, où je n'ai pas choisi d'être, encore une nouvelle prison. La seule personne que je voudrais voir en ce moment est Drago et le programme minuté du lendemain ne semble pas comprendre une rencontre. Allons nous vraiment nous fiancer sans avoir pu échanger un seul mot ? Dans quelle histoire de fou me suis-je embarquée... Je ne vois aucune solution à ma situation et je n'ai même plus la force de réfléchir.
Je suis dans un tel état d'apathie que j'entends à peine qu'on toque à ma porte. Au bout d'un moment assez long, elle s'ouvre sur la silhouette bien connue de Ron Weasley. Je me lève d'un bond à sa vue. Pourquoi n'ai je pas demandé à Dean Thomas de ne laisser entrer personne ? Quoique il ne m'aurait sûrement pas obéi, Ron et lui doivent se connaître, étant aurors tous les deux.
- Hermione...
Sa voix est nouée par l'émotion. Il s'avance doucement vers moi puis reste planté au milieu du salon. Il est mieux apprêté qu'à son habitude : ses vêtements ont l'air neufs et son visage est soigneusement rasé. Mon coeur se met à battre plus rapidement, tout à fait réveillé à présent.
- Ron.
Je ne sais absolument pas quelle attitude prendre. Notre dernière rencontre remonte à ce qui me semble une éternité : lorsque j'ai découvert Drago enfermé dans cet horrible grenier. On ne peut pas dire que l'attitude de Ron est alors été des plus aimables.
- Je suis venu dès que j'ai appris... la nouvelle. Cela me semblait tellement fou. Ce... ce mariage.
- Pourquoi ? Tu t'es bien fiancé à Lavande Brown à ce que je sache.
Cette réponse n'est destinée qu'à le provoquer. Il me regarde avec des grands yeux interloqués.
- Alors c'est vrai ce que disait mon père ? Tu es... d'accord avec tout ça. Tu vas vraiment l'épouser de ton plein gré ? Je n'arrive pas à le croire...
Je commence déjà à me sentir énervée. Ron et moi sommes décidément devenus incapables d'avoir une conversation normale.
- De mon plein gré ? C'est ça ou finir ma vie enfermée. Tu appelles ça une décision ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ?
- Qu'est-ce que tu racontes, ils n'oseront pas te faire du mal. Mon père... Monsieur Potter... Je vais leur parler, il y a forcément une autre solution.
Je repense au regard dur de Rufus Scrimgeour et à l'apathie de l'ordre tandis que le ministre proférait ses menaces à peine voilée. Je n'en suis pas aussi sûre que lui. Il y a bien longtemps que j'ai abandonné tout espoir d'avoir un quelconque soutien de leur part.
- Et à Drago ? Ils n'oseront pas lui faire de mal à lui peut-être ?
La bouche de Ron se tord en une grimace de dégoût.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ce qui va lui arriver ? À moins que tu sois vraiment tomber amoureuse de lui...
Je décide d'ignorer sa dernière pique.
- C'est vrai, j'oubliais que toi tu es dans le camp des gentils. Qu'importe si des vies innocentes sont sacrifiées.
Mon ton est volontairement insolent mais je m'en fiche. Même si je vois une peine immense dans son regard, je réalise que les sentiments de Ron ne me touchent plus.
- Je ne mettrais pas le prince Malefoy et « innocent » dans la même phrase. Tu es tellement... naïve Hermione. Une guerre implique des sacrifices, cela ne peut pas être parfaitement propre. Qu'est-ce que tu croyais ? Que la famille Malefoy se laisserait destituer sans se battre ?
- Bien sûr, moi je suis naïve et toi tu es tellement intelligent. Trop intelligent pour daigner me tenir au courant de quoi que ce soit. Mais tu n'étais pas là avec moi dans le bureau du ministre ! Ce sont des manipulateurs et des menteurs. Est-ce qu'ils valent vraiment mieux que ce qu'on a connu ? Est-ce que l'ordre m'a mieux traité que la famille royale ?
- Il ne s'agit pas de toi Hermione ! Il s'agit du pays tout entier ! Si cela permet d'abolir le système des castes oui, cela vaut le coup. Comment peux tu mettre sur le même plan les Malefoy et le ministre ?
- Le ministre qui m'encense parce que je suis une Sang-de-Bourbe et que cela colle bien dans son petit scénario ? Ah oui, on oublie vraiment la pureté du sang dans votre système !
À quoi bon discuter... Je connais Ron, il est inutile de débattre avec lui, il est borné comme un hippogriffe mal bouché.
- Tu ne comprends rien Ron, tu n'étais pas là, tu ne sais pas tout ce que j'ai vécu. Je t'interdis de me juger.
Je décide tout à coup que cette conversation ne m'intéresse plus et je me dirige vers la porte.
- Je ne te retiens pas, je crois qu'on s'est tout dit.
- Non ! Nous n'avons pas fini ! Ne l'épouse pas. Je t'en supplie ne l'épouse pas. Pas lui.
- Je t'ai déjà dit que je n'avais pas le choix.
La main sur la poignée de la porte d'entrée, je me retourne et voit Ron en larme.
- Qu'est-ce qui nous est arrivé Hermione ? Je n'ai pas rêvé, tu étais vraiment amoureuse de moi, on parlait de se marier tous les deux. Quelle que soit la situation, comment peux tu en épouser un autre quand je t'implore de ne pas le faire ?
- Il s'est passé trop de chose depuis que je ne peux pas oublier. Nous avons pris des chemins différents, Ron. Désormais, je m'occupe de moi même toute seule.
- Moi ! Moi ! Regarde comme tu es devenue égoïste ! Est-ce que tu m'as seulement déjà aimé ? Tu ne penses qu'à toi !
Ses yeux bleus emplis de larme me fixent avec désespoir. Il y a quelques semaine, j'aurais sans aucun doute flanché à cette vue. Mais depuis il y a eu ces longues journées au 12 square Grimmaurd sans aucune visite de Ron. Ces semaines sans aucune explication. Pourquoi a-t-il attendu qu'on annonce mes fiançailles avec Drago pour venir me voir ? Il n' a que son amour propre qui est blessé.
- Adieu Ron.
Le roux sort de l'appartement en me lançant un dernier regard douloureux. Malgré mes bonnes résolutions, je titube jusqu'à ma chambre et m'effondre en pleurs sur mon lit. Cette discussion a achevé le peu d'énergie qui me restait. Bien sûr que j'ai vraiment aimé Ron. Bien sûr que j'ai longtemps cru qu'il était l'homme de ma vie et que nous nous marierons un jour. Des sentiments aussi forts ne peuvent pas s'oublier si vite.
Le lendemain, je me réveille pâteuse allongée sur le ventre sur mon lit. Je crois que je me suis endormie dans cette position. La voix reconnaissable de Parvati emplit l'appartement. Elle est visiblement en train de donner toute une série d'instructions à un tas de gens. Formidable. Je passe dans la salle de bain pour une toilette rapide, peu enthousiaste à l'idée d'affronter ce qui m'attend.
Le reste de la journée se déroule comme un rêve. J'enchaîne les soins en tout genre et passe dans les mains expertes de coiffeurs, maquilleurs, stylistes qui me transforment en une future princesse digne de ce nom. Armée d'un calepin et d'une plume, Parvati me donne une série de consignes et de protocoles à respecter tout au long du déroulement de la soirée. Je n'en écoute pas un mot. Même si nous nous entendions bien lors de la Sélection, son ton déférent et son souci extrême du détail commencent à m'agacer profondément. c'est moins pire que les cours de Rogue mais tout de même. Quand enfin ils en ont fini avec moi, je me retrouve affublée d'une robe blanche somptueuse brodée de fleurs roses et d'un délicat feuillage vert. Rien à voir avec la robe « féérique » d'hier.
- Parvati ?
- Oui Hermione ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?
- Euh... Ce n'est pas la robe qu'on a choisi hier. C'est normal ?
Parvati agite sa plume d'un air gêné.
- Il y a eu un petit changement de programme.
Je hausse les épaules. Comme si ces histoires de tenue avait une quelconque importance. Je n'ai surtout pas envie qu'elle se lance dans une nouvelle description minutée de ma soirée. Sur le moment, je ne réalise pas l'ampleur de mon erreur. Sous l'escorte de Dean Thomas, nous retraversons le ministère jusqu'à arriver aux salons d'apparat du ministre. Rufus Scrimgeour lui même m'accueille avec un grand sourire. Il est magnifiquement vêtu et ses cheveux flamboyant ont été soigneusement coiffés en arrière.
- Parfait, pile à l'heure.
Il me tend galamment son bras.
- Êtes-vous prête Hermione ?
J'attrape son bras sans répondre. Comme je ne sais absolument pas ce qui m'attend, je ne vois pas comment j'aurais pu y être préparée. La porte s'ouvre sur une immense salle qui semble avoir été agrandie magiquement. Elle est somptueusement décorée et une myriade de minuscules bougies flotte dans les airs illuminant l'assemblée d'une lueur féérique. Je réalise que les convives ont formé une sorte d'allée qui mène jusqu'à une petite estrade où se tiennent un vieux mage et Drago Malefoy. Une musique venue de nul part emplie la pièce et Rufus Scrimgeour m'entraine le long de l'allée. Je n'arrive pas à réfléchir, mes yeux sont seulement fixés sur le prince, ignorant la foule qui m'observe. Il est vivant. C'est la seule chose qui compte pour moi à cet instant.
En m'approchant, je réalise que son visage est tout de même fatigué et marqué même s'il semble avoir été recouvert d'un fond de teint magique. Il a l'air cependant en relativement bonne santé. Un soulagement immense coule dans mes veines. Ce soulagement s'amplifie quand je réalise qu'il me regarde avec un sourire lumineux que j'essaye maladroitement de lui rendre. Le ministre de la Magie m'abandonne au côté de Drago et va se placer avec les invités. Le vieux mage s'éclaircit la voix :
- Nous voici aujourd'hui réunis pour célébrer l'union du prince Drago Lucius Malefoy et de Hermione Jean Granger.
Pardon ? Mon étonnement est tel que je reste figée tandis que le mage poursuit son discours. Je croyais qu'il ne s'agissait que de fiançailles. Cette robe blanche... Mais quelle idiote j'ai été ! Je jette un regarde paniqué à Drago mais il a les yeux fixés sur le vieux sorcier comme s'il écoutait avec attention chacun de ses mots. Qu'est-ce que je suis censée faire ? Je parcours mentalement toutes mes options : hurler, partir en courant, me rouler par terre ? Aucun de ces scénarios ne me semble satisfaisant, ils ne résoudraient en rien ma situation.
Tandis que je cogite, le mage avance dans son rite et prend nos deux mains à Drago et à moi afin de les unir. Comme à son habitude, la main du prince est douce et rassurante. Je m'accroche à ce contact comme à une bouée au milieu de l'océan. Le calme du prince semble infuser petit à petit en moi à travers nos mains réunies. Le vieux sorcier agite désormais sa baguette et des étoiles argentées viennent virevolter avec grâce autour de nous. La foule applaudit bruyamment, ce qui m'indique que le rite est fini. Je viens d'épouser Drago sans avoir aucune certitude que ce soit une bonne idée.
Les évènements s'enchaînent ensuite rapidement puisque les invités s'écartent en cercle, laissant la place à une piste de danse improvisée. Drago m'entraîne à sa suite au centre de la piste. Nous avons déjà dansé en public mais cette fois là est particulière. Notre première danse de couple marié... Il m'attrape avec assurance par la taille et nous commençons à tournoyer au rythme de la musique. J'essaye de capter son regard mais il a l'air très concentré sur ses mouvements, quoique le même sourire que celui qu'il m'a adressé tout à l'heure soit gravé sur son visage. De près, le maquillage qui recouvre sa peau cache mal sa maigreur.
Je me sens pourtant étrangement bien dans ses bras. Je ne suis pas seule, il est là avec moi et à nous deux nous aurons la force d'affronter le ministère. Je repense malgré moi à notre dernière discussion au manoir lorsqu'il ma proposé d'être sa femme. « À nous deux nous formerions une belle équipe. » Ces mots m'avaient alors plus touchés que je voulais bien le reconnaître. Peut-être que ce mariage pourra réussir, avec le temps. L'avenir semble légèrement s'éclaircir pour la première fois de la journée alors que je valse entre ses bras rassurants.
Après notre danse, c'est un flux ininterrompu d'invités qui vient nous féliciter. Ma tête me tourne et je continue à m'agripper au bras de Drago pour conserver un semblant de raison. Ce dernier se montre aimable avec tout le monde, trouvant à chaque fois le mot juste, la bonne formule. De mon côté, il me faut sourire à chaque invité, sachant que je n'ai jamais croisé la plupart d'entre eux à quelques exceptions près.
- Félicitatioooons vous étiez magnifiques tous les deux ! Votre robe est sublime Hermine. Enfin, devrais-je dire Lady Malefoy.
- C'est toujours Hermione...
Célestina Moldubec est vêtue d'une tenue encore plus tape à l'oeil que lors de notre première rencontre, ce que je ne croyais pas possible. Je lui lance un sourire crispé dans l'espoir qu'elle s'éloigne rapidement. Apparemment, le nouveau régime a la mémoire courte pour que les vedettes d'hier ait gardé leur place au soleil. Mais en suis-je vraiment surprise ? Alors que Célestina s'éloigne enfin, elle est remplacée par Ginny et Harry tous deux vêtus de robes émeraudes. Ils sont merveilleusement bien assortis.
- Hermione ! Je suis tellement soulagé que tu ailles bien.
Harry a les yeux brillants. Enfin une parole amicale et authentique dans ce flot d'hypocrisie. Je lui réponds à voix basse :
- Ne t'inquiètes pas, ça va.
- Prends soin de toi.
Il attrape ma main et la serre afin de me transmettre un peu de sa force et son affection. Nous n'avons pas l'occasion d'échanger un mot de plus : une Parvati affolée vient nous interrompre.
- Votre altesse, Milady, dépêchez vous, c'est l'heure des photographies officielles. Nous avons deux minutes de retard sur le planning !
Je jette un regard désabusé à Harry qui me fait un sourire compréhensif. Drago m'entraîne à la suite de Parvati sans un mot d'une main douce mais ferme. Son comportement d'automate commence à me sembler étrange. Nous n'avons pas échangé un mot depuis le début de la soirée. En chemin, j'ose lui souffler à l'oreille :
- Vous allez bien ?
Je ne sais pas si le mariage me permet désormais de le tutoyer, dans le doute je préfère m'en tenir au vouvoiement habituel. Il me répond dans un sourire mécanique :
- Bien entendu, comment pourrait-il en être autrement ?
Que signifie cette réponse ? Je me sens de plus en plus en mal à l'aise. J'ai hâte que nous soyons seul à seul, nous avons tant de choses à nous dire. La séance de photographie me semble interminable, même si, une fois encore, Drago est remarquablement à l'aise dans cet exercice, enchaînant les poses sans discontinuer. Je me calque sur ses attitudes mais j'ai mal aux muscles de mon visage à force de sourire bêtement.
Enfin, le calvaire des photographies officielles se termine et Rufus Scrimgeour entame un dernier discours, juché sur l'estrade de la salle :
- Chers amis, ce soir nous n'avons pas seulement célébré l'union de deux être qui s'aiment mais aussi la victoire de l'amour sur le chaos.
Je vois du coin de l'oeil Célestina Moldubec s'éponger les yeux avec son mouchoir tandis que le ministre poursuit d'une vois emphatique :
- Ce mariage est le début d'une nouvelle monarchie, une nouvelle union entre la famille royale et le peuple britannique. Cette union se doit d'être matérialisée par un symbole, par un acte fondateur fort, et quoi de plus beau que de profiter de ce jour solennel pour officiellement couronner notre couple royal !
Des applaudissements et des vivats nourris s'élèvent de la foule. Je jette un regard à Drago. Il n'a absolument pas l'air surpris de cette annonce. Soit il en savait beaucoup plus que moi sur cette soirée dès le début, soit c'est un excellent comédien. Je me sens agacée de ces cachotteries. Nous avançons solennellement vers l'estrade et y grimpons au côté de Rufus Scrimgeour. Le même vieux mage qui nous a marié apparaît, portant sur un coussin deux magnifiques couronnes en or, composées de multiples entrelacs imitant le motif des plumes. Les couronnes placées sur nos têtes, l'ensemble de l'assemblée lève sa baguette et des centaines de petites lumières dorées s'en échappent et volent jusqu'à nous. Elle semblent ensuite se fondre dans nos couronnes comme si, par cet acte, les personnes présentes nous choisissaient. Malgré moi, je me sens envahie d'une certaine émotion devant la beauté du processus.
- Vive le roi ! Vive la reine !
Ce moment est totalement surréaliste. Après quelques instants de célébration, Rufus Scrimgeour claque dans ses mains et les pierres d'un des murs de la salle s'écartent et viennent former une sorte de ponton ouvert sur le vide. La vue nocturne de Londres est absolument magnifique. L'ensemble de la foule pousse des cris d'émerveillement. C'est vraiment de la très belle magie. Le ministère est censé se trouver sous terre, comment un tel prodige est-il possible ? Mais le spectacle n'est pas fini. Un magnifique carrosse tiré par des chevaux ailés vient se poser sur le ponton de pierre. Je reconnais aux armoiries et à la couleur doré, l'attelage qui m'avait amené au Manoir Malefoy au tout début de la Sélection. Tellement de choses ont changé depuis...
Une fois encore, Drago m'entraîne avec assurance à sa suite et nous grimpons dans le carrosse sous les vivats de la foule. Très à l'aise, le prince salue avec enthousiasme par la fenêtre tandis que je secoue la main dans un geste beaucoup plus timide. Ma robe me serre beaucoup trop pour que la position assise soit confortable. Les chevaux ailés s'ébrouent et s'élancent dans la nuit étoilé. La foule s'éloigne jusqu'à devenir un point. La nuit étoilée nous offre un superbe écrin. Je pourrais profiter de la vue mais j'ai milles choses à demander à Drago.
- Où allons nous ?
- Au manoir, me répond le blond sans me regarder.
Je réalise que pour la première fois de la soirée nous sommes véritablement seuls mais je me sens tout à coup intimidée par la sécheresse de sa réponse. Le prince, désormais roi, a posé sa tête sur le tissu rembourré de son siège et semble rêveur. Au bout d'un certain temps, j'ose enfin m'adresser à lui :
- Je suis tellement soulagée que vous alliez bien, je me suis... inquiétée pour vous.
À ces mots, Drago relève la tête et me darde de son regard acier. Il n'y a plus la moindre once de chaleur dans ses yeux.
- Nous sommes seuls Hermione, vous pouvez arrêter de faire semblant.
- De... faire semblant ?
- Vous et moi savons très bien de quoi il retourne et que ce mariage n'est qu'une façade. Par pitié, épargnez moi en privé votre petit couplet sur votre inquiétude.
Je me décompose et articule d'une petite voix :
- Certes, nous n'avons pas eu le choix. Mais nous sommes dans le même bateau, nous pouvons au moins... nous serrer les coudes. Cela vous semble au dessus de vos forces ?
Il assène en me jetant un dernier regard :
- Voyons Hermione, vous êtes la dernière personne que j'aurais souhaité épouser sur cette terre.
Son ton n'est même pas particulièrement méchant mais cette phrase me fait l'effet d'être écrasé par une énorme pierre. Je viens d'épouser un homme qui me déteste visiblement de tout son être.
à suivre...
