Avec un peu de retard, le nouveau chapitre est enfin là ! Je pense qu'il va vous plaire ;)


Je suis assise en tailleur les yeux fermés, les mains à plat sur mes cuisses. Cette position n'a rien de naturelle : j'ai mal en bas du dos, dans les jambes, partout ! Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ces cours ?

- Hermione ! Arrêtez de réfléchir !

La voix de Liu résonne fortement dans le centre d'entraînement quasi désert. Arrêter de réfléchir, c'est malheureusement impossible pour moi, mon cerveau en est totalement incapable. Et puis c'est idiot comme injonction !

- Bon, ouvrez les yeux.

J'entrouvre les paupières pour voir le visage déçu de l'interprète. Je grimace :

- Je ne suis pas une très bonne élève, c'est ça ?

- Disons que vous manquez de concentration, sourit Liu.

Je me lève péniblement, les muscles endoloris à force d'être restée immobile. Je voudrais lui dire que ce n'est pas facile de se concentrer quand la seule image qui s'impose à vous est celle de votre mari en train de batifoler avec une de ses anciennes prétendantes, mais je ne suis pas folle au point de parler de mes problèmes de couple-pas-en-couple avec Liu. Après la pénible scène de la serre, j'ai passé le reste de ma journée à fuir tout le monde. Je me suis également éclipsée discrètement aujourd'hui pour retourner au centre d'entraînement et y trouver un Liu Jin ravi de mettre à exécution sa promesse. Je commence à être assez douée pour semer les aurors de la délégation britannique.

- Nous allons faire un premier exercice de perception. Vous allez vous tenir au milieu de la pièce et fermer les yeux. Prenez une position stable, les pieds ancrés dans le sol.

Liu m'attrape délicatement par les bras afin d'ajuster ma position. Ses mains sont étonnamment douces. Je devrais me sentir coupable d'avoir de telles pensées mais, après le comportement de Drago, je ne ressens plus aucune culpabilité à l'idée que mon attitude puisse n'être pas convenable.

- Je vais me déplacer autour de vous et vous allez essayer de percevoir ma présence en gardant les yeux fermés.

J'essaye de me concentrer. Les sens en éveil, j'écoute avec attention mais je ne perçois pas le moindre bruit : mon professeur est vraiment très discret. Comment suis-je censée sentir son flux magique ? Soudain, il y a comme un frémissement dans l'air et je me retrouve déséquilibrée. La sensation est très étrange.

- Concentrez vous ! répète Liu.

Il commence à me vexer. Après quelques minutes de cet exercice, je parviens à comprendre ce qu'il attend de moi. Je ne tombe pas toujours juste mais mes intuitions se révèlent souvent bonne.

- Ce n'est pas mal Hermione ! Essayez de vous entraîner toute seule, vous allez faire des progrès rapides.

Ces compliments me font plaisir et me revigorent. Enfin un domaine où j'ai l'impression de progresser et d'apprendre ! Le soir venu, je réalise que ce simple exercice m'a mise dans un état d'intense fatigue. Je suis totalement épuisée. Je décline la proposition de jeu de cartes de Parvati et file dans ma chambre. Drago me rejoint quelques minutes plus tard. Il a l'air d'être dans un de ses bons jours.

- La réunion diplomatique d'aujourd'hui s'est très bien passée. J'ai bon espoir que le fils de l'empereur lui-même puisse venir faire une visite au Royaume-Uni. Ce serait une telle victoire ! N'est-ce pas ?

- Certainement.

Le peu d'enthousiasme de ma réponse provoque un air déçu chez mon nouveau mari, mais pourquoi attend-il mon approbation ? Tantôt il souhaite m'associer aux discussions diplomatiques, tantôt m'en évincer. Ces revirements commencent à me lasser. Drago insiste :

- Et vous Hermione, qu'avez-vous fait aujourd'hui ?

Prise d'une soudaine inspiration, je réplique d'un ton froid :

- J'ai visité la serre du palais. Un endroit merveilleux. Vous devriez aller y faire un tour si votre emploi du temps le permet.

- Bien sûr.

Je n'arrive pas à savoir s'il a un air gêné à cause de l'évocation de la serre ou si c'est mon imagination qui me joue des tours. Devant ma froideur, Drago renonce à faire la conversation et nous nous couchons sans échanger un mot de plus.

Le lendemain, je suis prise d'un regain d'enthousiasme, ravie de pouvoir bénéficier de cours particuliers d'art martial. Ce voyage en Chine s'avère plus intéressant qu'attendu. Comme personne ne semble se soucier d'améliorer mes capacités magiques, il était temps que je m'occupe moi-même du problème.

- Concentrez vous Hermione ! me houspille Liu.

Après un échauffement intense, nous avons commencé un combat singulier et en à peine cinq minutes je suis déjà essoufflée et échevelée. Qu'importe que j'ai pensé à mettre une tenue un peu plus pratique, j'ai l'impression d'avoir la grâce et l'agilité d'un veracrasse.

- Remettez vous en position !

Sous le regard attentif de mon professeur, je reprend la position de combat qu'il m'a enseigné. À peine mes mains sont-elles en place que dans un moulinet de jambe de Liu, je me retrouve encore une fois au sol, mon amour-propre également à terre. Le regard de l'interprète se fait pensif.

- Je comprends le problème. Vous n'êtes pas assez en colère.

- Pardon ?

Je me relève péniblement tandis qu'il poursuit :

- L'art martial demande de canaliser ses émotions. L'énergie doit venir du sol et traverser tout votre corps avant de jaillir par vos pieds ou vos mains. Mais si vous n'avez pas l'étincelle primitive, il ne peut rien se passer.

- Je ne suis pas sûre de bien comprendre...

- Énervez vous contre moi.

Je le regarde interloquée. Ses yeux sont rieurs derrière ses lunettes rondes : je n'arrive pas à savoir s'il est sérieux. Maladroitement, je me remets en position, puis tentant d'être en colère, je lui décoche un coup de poing rapidement bloqué par un simple mouvement de sa part. Je réessaye plusieurs fois sans aucun succès. La situation commence à sérieusement me frustrer : j'ai l'impression qu'il n'y a aucune faille dans la défense de mon adversaire. Plus je m'agace, plus je suis maladroite et plus Liu pare avec facilité mes coups sans se départir de son sourire.

- Allez faites un effort !

Je pince les lèvres et redouble d'énergie, enchaînant les tentatives.

- Non Hermione, énervez vous comme une sorcière pas comme une moldue.

Étrangement, c'est cette dernière phrase qui me met le plus hors de moi. Drago. Cho. Le ministère. Tout se mélange dans ma tête et je finis par véritablement exploser mais pas de la manière dont Liu l'attendait. Tendant un bras décidé vers ma baguette, celle ci s'envole du côté du tatami et vient atterrir dans ma main tendue. Je gratifie alors Liu Jin et ses insupportables yeux rieurs d'un Expelliarmus de toute beauté. Il ne se passe strictement rien.

Mon professeur du jour explose de rire.

- Vous êtes pleines de surprises Hermione ! Malheureusement, votre baguette ne vous sera d'aucune utilité ici.

Je regarde ma baguette avec stupéfaction, aussi surprise d'avoir réussi à la faire venir jusqu'à moi de cette manière que par son inefficacité soudaine.

- Il y a trop de magie ancestrale dans cette pièce, m'explique Liu, les baguettes ne fonctionnent pas pour cette raison. Mais votre pouvoir télékinésique était très impressionnant pour une première ! Nous tenons une bonne piste.

Je regarde, pensive, ma baguette. Savoir que la magie sans baguette existe et l'expérimenter sont deux choses tout à fait différentes. J'avoue que je suis impressionnée mais aussi intriguée.

- Que voulez-vous dire par « trop de magie ancestrale » ? Est-ce que les différents types de magie peuvent... entrer en compétition ? Je ne savais pas que c'était possible... C'est la première fois que j'entends parler d'endroits où les baguettes pourraient ne pas fonctionner. C'est assez effrayant.

- Nous allons nous arrêtez là, vous devez être fatiguée et il faut vous préparer pour ce soir.

Ce soir. J'en oublie ma question, à laquelle il n'a pas répondu, et regarde Liu, horrifiée :

- Par la barbe de Merlin, le bal ! J'avais complètement oublié !

- Vous êtes bien la seule, tout le monde ne parle que de cela depuis ce matin.

- Je vais me faire tuer par Winky ?

- Winky ? répète Liu en haussant un sourcil.

Sans lui répondre, je ramasse mes affaires avec précipitation et file du centre d'entraînement en petites foulées. L'empereur a en effet organisé un bal en notre honneur et il ne me reste plus beaucoup de temps pour passer de ma tenue transpirante de combat à quelque chose de plus élégant. Heureusement, Winky ne me tient pas rigueur de mon retard et s'applique à me transformer, comme elle sait si bien le faire. Elle m'a choisi une magnifique robe jaune, serrée à la taille puis délicatement évasée.

- La couleur royale ! me souffle l'elfe en me passant le vêtement.

Ma tenue se complète d'un collier assez simple. J'insiste auprès de Winky pour que ma coiffure le soit aussi, ce qu'elle accepte à contre coeur tant elle adore se lancer dans des créations compliquées, qui sont certes magnifiques mais peu pratiques pour danser.

Quand je pénètre dans le salon de nos appartements, Drago est en train de papoter avec Cho, vêtue d'un sublime fourreau rouge qui lui donne des airs de femme fatale. Je sens l'aiguillon familier de la jalousie me titiller. Pourtant le roi se retourne vers moi et semble un instant oublier le monde qui l'entoure :

- Vous êtes... magnifique.

Est-ce que je suis en train de rougir bêtement devant l'ensemble de la délégation ? Je baisse les yeux pour cacher ma gêne. Je n'ai heureusement pas le temps de répondre car Severus Rogue donne le départ pour la salle de bal.

La pièce, qui m'avait déjà ébloui lors de notre présentation au couple impérial, est encore plus belle que dans mon souvenir. De minuscules bougies et des fleurs de lotus flottent au dessus de nous. Des serveurs nous présentent des mets tous plus délicieux les uns que les autres sur des plateaux en or. Tout est absolument luxueux. L'empereur et l'impératrice ouvrent le bal et, heureusement pour moi, le protocole veut apparemment qu'ils soient seuls pour cette première danse.

Drago m'invite ensuite à danser mais je le sens stressé par cette soirée : il reste mutique et semble plus occupé à regarder les autres invités qu'à faire attention à moi. Il me donne les noms des personnalités qu'il reconnait, ce qui ne m'avance pas à grand chose. Toutes ces histoires diplomatiques dont je suis désespérément exclue m'agacent de plus en plus. Est-ce de cela dont il parle avec Cho ? Je me souviens qu'elle connait toute l'aristocratie du palais : à n'en pas douter elle aurait fait une reine bien plus convenable que moi. Et une épouse, au vu de leur complicité. J'essaye de ne pas avoir ce genre de pensée mais c'est peine perdue.

Après notre danse, j'erre au milieu des invités en distribuant des sourires hypocrites : je commence déjà à en avoir marre. Ayant trouvé refuge près du buffet, je sirote avec plaisir une boisson fruitée au goût exotique quand mon regard tombe sur une scène très désagréable. Drago et Cho sont en train de papoter avec beaucoup d'entrain au bord de la piste de danse. Soudain, le blond pose une main sur sa taille et l'entraîne au milieu des danseurs. Il a l'air beaucoup plus enjoué et beaucoup plus attentif à sa partenaire que tout à l'heure. Mon estomac se serre, ce qui me passe toute envie de grignoter.

Je décide de m'épargner ce spectacle et m'enfuie par une baie vitrée sur une vaste terrasse qui surplombe les jardins du palais. À l'abri dans une relative obscurité, je peux enfin laisser court à ma jalousie. Elle me serre la gorge d'une manière très désagréable. J'attrape la rambarde du balcon et la serre avec force pour tenter de reprendre mes esprits.

- Vous allez bien, Hermione ?

Je sursaute et me retourne sur un Liu au regard de sphinx. Il est vêtu d'une robe sombre qui le rend quasi invisible dans l'obscurité de la terrasse.

- Vous m'avez fait peur !

- Pardon, c'était involontaire. Mais je dois vous déranger, vous vouliez sans doute être seule.

Sa voix est douce et ses yeux noirs imperceptibles dans la nuit. Est-ce qu'il m'a suivi ? Je réponds d'un ton badin :

- Oh non, je voulais juste prendre un peu l'air, il fait si chaud dans cette salle.

L'air froid de la nuit me fait frissonner. Je sais que mon excuse n'est pas très crédible car la salle de bal est loin d'être surchauffée. Je ne peux pas lui avouer pourquoi j'ai fui la soirée.

- Moi non plus je n'aime pas ces évènements mondains. Personne ne s'y amuse et tout n'est que faux-semblant. Vous voyez, nous nous ressemblons plus que vous le pensez Hermione.

- Vraiment ? Comment le savez-vous ?

Liu Jin poursuit en se rapprochant légèrement de moi :

- On peut lire en vous comme dans un livre ouvert, c'est fascinant.

Mon cerveau ne trouve pas tout de suite une réplique spirituelle. Je commence à trouver son comportement un peu déplacé. Malheureusement, je dois avouer que ses yeux sombres et son physique loin d'être désagréable me troublent un peu plus que je ne le voudrais. Oui, je l'avoue, il me fascine et, malgré le danger, je n'ai pas envie de rompre cet échange. Après un silence, je réponds :

- Et que lisez vous ?

- Que votre mari n'est pas amoureux de vous et que cela vous rend triste.

Je sens une pierre tomber au fond de ma poitrine et détourne le regard vers les jardins. Il commence à être vraiment trop perspicace pour que je ne me méfie pas. Certes, sans sa rencontre mon séjour ici aurait été plus ennuyeux mais je ne suis pas idiote au point de trop me dévoiler à un quasi-inconnu.

- Voilà une remarque osée. Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?

Liu n'a pas le temps de répondre, Drago vient de débarquer à son tour sur la terrasse. Je prie tous les dieux pour qu'il n'ait pas entendu la fin de notre échange. Malgré moi, je me sens terriblement gênée qu'il puisse me trouver là, seule avec Liu.

- Ma chérie, vous êtes là !

Son ton enjoué sonne très faux.

- Je... Oui, je ne me sentais pas très bien. Je suis un peu souffrante.

Théâtralement, je pose une main sur mon front, espérant rendre mon malaise plus crédible.

- Laissez moi vous raccompagner à nos appartements, dans ce cas. Il fait froid dehors, vous devriez plutôt aller vous reposer.

Cela sonne comme une menace. Il m'empoigne par le bras d'une manière pas très délicate pour un mari censé être soucieux de mon étant de santé et surtout sans jeter un coup d'oeil à Liu qu'il ignore totalement. Une fois dans la salle, je réalise que, malgré son sourire de façade, sa mâchoire est serrée de crispation. Après m'avoir excusé auprès du couple impérial, Drago m'entraîne à sa suite vers nos appartements. Sitôt hors de la salle de bal, son visage perd sa bonne humeur feinte.

- Dite moi que c'est une plaisanterie Hermione ! Vous n'étiez pas sérieusement en train de vous isoler sur un balcon sombre en tête à tête avec un homme ! Mais à quoi pensez vous ?

Est-ce qu'il est... jaloux ? Non, ce serait trop beau pour être vrai... La suite de ses paroles douche rapidement cet espoir :

- Avez-vous oublié pourquoi nous sommes ici ? Ce genre de comportement met en péril tout l'intérêt de notre voyage ! Quel égoïsme !

Je me dégage brutalement de sa main qui enserre toujours mon bras et m'arrête net au milieu du couloir.

- Pardon ? Vous faites exactement la même chose avec Cho !

- Cho ? Miss Chang ? Mais de quoi parlez vous ?

- Vous savez très bien de quoi je veux parler.

Devant son regard interloqué, je me sens tout à coup assez puérile mais ses mots m'ont mise hors de moi. Drago bégaye :

- Vous... Vous pensez que je... flirte avec Cho ? C'est ça ?

Mon silence lui fait comprendre qu'il a touché juste.

- Je rêve... Il faut absolument que vous cessiez vos gamineries Hermione, tout cela n'est pas un jeu : il y a des vies qui dépendent de la réussite de notre mission ! Tout un pays qui est en péril à cause de votre comportement d'adolescente !

- Et vous, il faut que vous cessiez de me prendre pour votre marionnette. Je ne sais quels sont les termes de votre accord avec le ministère mais j'en ai assez d'être prise pour une potiche. Si vous vous voulez que je coopère, il va falloir m'expliquer pourquoi.

Nous nous faisons face comme des duellistes. Drago jette un coup d'oeil nerveux à la ronde et me répond assez bas.

- Très bien. S'il faut cela pour que vous arrêtez vos idioties. Le ministère m'a promis de transformer la peine de prison de mes parents en une détention à domicile plus supportable si nous réussissons a apaiser les tensions avec l'empire magique chinois et surtout à crédibiliser notre mariage.

Il a dit tout cela d'une traite. Je reste muette devant cette soudaine révélation. Drago a tout à coup l'air gêné et marmonne qu'il doit absolument retourner à la soirée avant de me laisser en plan. Comme d'habitude, je n'arrive pas à lui en vouloir, même si son comportement a été rude. Cette dispute m'a laissé étrangement vidée de toute émotion. Je retourne à pas lent jusqu'aux appartements de la délégation.

Je comprends mieux la motivation sans faille du blond à ce que notre mission soit une réussite, tant du point de vue diplomatique que de la crédibilité de notre couple. Mais quelle sont mes motivations à moi ? Je suis incapable de dire ce que j'ai à gagner dans cette histoire, je sais juste que je suis tout aussi incapable de me séparer de Drago à présent. Qu'importe que mon coeur soit bêtement broyé à chaque fois qu'il parle avec Cho, qu'importe que chacune de nos disputes me fasse souffrir. Suis-je condamner à l'aimer à distance tout en sachant que je ne suis qu'un pion dans son plan pour sauver ses parents d'une détention pénible ?

C'est l'humeur particulièrement sombre que je pénètre dans le salon principal pour y découvrir Parvati et Dean Thomas échangeant un baiser pour le moins passionné sur le canapé. Merlin. Qu'est-ce que je suis censée faire ? Complètement à court d'idée, je me racle la gorge bruyamment. Les deux amants se séparent dans un bond presque comique, un air horrifié sur le visage.

- Milady ! s'exclame Dean.

- Je... Nous pouvons vous expliquer... balbutie Parvati.

Elle s'est vite mise debout et lisse sa robe frénétiquement sans se rendre compte que sa chevelure emmêlée demande des soins plus urgents.

- Je n'ai rien vu ! dis-je pour les rassurer avant de m'enfermer dans ma chambre sans demander mon reste.

Cette soirée est décidément trop agitée pour moi mais, étrangement, la scène que je viens de surprendre me fait sourire et améliore un peu mon humeur. Dean et Parvati... Comment ai-je pu être aussi aveugle ? Je ne peux pas m'empêcher d'être curieuse : est-ce que cela dure depuis longtemps ? Pourquoi se cachent-ils ainsi ? Malgré moi, j'ai hâte d'être à demain pour pouvoir analyser leurs comportements. Ce nouveau couple m'apporte une distraction bienvenue. Il y a au moins un peu d'amour dans cette délégation.

Je me couche sans arriver à trouver le sommeil. Après un temps infini, Drago entre à son tour dans la chambre et part se changer dans la salle de bain. À son retour, je suis appliquée à faire semblant de dormir. Il se glisse dans le lit et semble tomber assez rapidement dans un sommeil profond à en juger pas sa respiration régulière. De mon coté, c'est toujours l'insomnie. Bien malgré moi, je rejoue en boucle dans ma tête les scènes de la soirée : Cho et Drago dansant, l'échange avec Liu, l'arrivée de Drago, notre dispute, Dean et Parvati s'embrassant sur le canapé. La présence de mon mari juste à côté de moi n'arrange rien.

Alors que je suis enfin dans un demi-sommeil, je perçois tout à coup que Drago est beaucoup plus agité. Il se tourne et se retourne avec violence dans le lit. Il émet des sons un peu étrange, comme des plaintes. Je me redresse et l'observe, un peu inquiète. Est-ce que je dois le réveiller ? Il a l'air de souffrir comme plongé dans un affreux cauchemar.

- Hermione... marmonne le blond.

- Que... oui ?

- Hermione ! hurle-t-il cette fois ci en se redressant comme un ressort.

- Drago, calmez vous !

J'allume une lampe de chevet. Sa poitrine se soulève rapidement, son souffle est anarchique et de la sueur coule de son front. J'aimerais le réconforter mais je n'ose pas le toucher. Il tourne des yeux apeurés vers moi :

- Vous êtes là, vous êtes enfin là, je savais que vous viendriez ! Je savais que vous ne me laisseriez pas !

Est-ce qu'il est en plein délire ? Son état commence à sérieusement m'inquiéter. J'ose enfin poser une main dans son dos et entame un mouvement assez maladroit.

- Tout va bien, Drago, vous êtes en sécurité ici. Calmez vous.

Ses yeux écarquillés me regardent sans comprendre pendant quelques secondes avant de revenir à la raison. Le blond se prend la tête entre les mains.

- Je... Je ne sais pas qui m'arrive... Pardonnez moi... C'était si réaliste.

- Vous n'avez pas à vous excuser.

Je continue à lui caresser le dos d'une manière tellement légère qu'il ne doit pas le sentir. Un temps assez long se passe sans un mot échangé entre nous et je commence à me sentir de plus en plus troublée par la situation. Le blond a l'air si vulnérable en cet instant, si fragile. J'aimerais tellement pouvoir le prendre dans mes bras. Drago semble avoir retrouvé son calme mais je peux sentir que son coeur bat toujours aussi fort, ce qui m'inquiète.

- Drago... Vous... Vous êtes sûr d'aller bien, peut-être devrait-on faire venir un médicomage.

Il se tourne vers moi et plante ses yeux aciers dans les miens.

- Un médicomage ? Pour quoi faire ?

- Votre coeur... Il bat tellement fort, cela ne peut pas être normal.

Je suis quasi sûr qu'il y a un mot moldu pour décrire ce phénomène mais je ne le connais pas. Drago prend un air presque dédaigneux devant ma remarque.

- Voyons Hermione, il n'y a pas besoin de médicomage, c'est vous qui me mettez dans cet état.

Il faut bien quelques secondes avant que cette phrase arrive à mon cerveau et encore quelques unes avant que je comprenne ce qu'il est en train de me dire. Il ne parle pas de son cauchemar. Ses yeux à cet instant ne trompent pas sur la signification de ses paroles. Une vague de chaleur m'envahit. En temps normal, je baisserai les yeux pour cacher mon trouble mais pas là. Je soutiens son regard et l'intensité du moment devient presque insoutenable.

Je ne saurais pas très bien décrire ce qui se passe ensuite, qui initie le mouvement, mais je sais juste qu'enfin, faisant tomber toutes ses barrières, Drago m'embrasse et m'enlace comme si sa vie en dépendait, comme si c'était la dernière nuit alors, qu'au contraire, c'est la première.

à suivre...