Ce fut en explorant les marchés locaux, en parlant avec les producteurs, qu'elle entendit pour la première fois le nom d'Emma Swan. Une agricultrice, disaient-ils, une femme qui cultivait la terre comme autrefois, avec respect et passion, produisant des légumes et des herbes d'une qualité exceptionnelle. On la disait distante, un peu farouche, mais incontestablement la meilleure dans son domaine.

Regina savait qu'elle devait établir des relations authentiques avec ceux qui produisaient les ingrédients qui seraient au cœur de son nouveau restaurant.

Le matin, Regina se levait tôt, une habitude qu'elle avait conservée de sa vie de cheffe. Elle sortait de la maison pour respirer l'air frais, observer le lever du soleil qui baignait les collines d'une lumière dorée. Ces moments de solitude, loin des cuisines surchauffées et des clients exigeants, lui offraient un espace pour réfléchir, pour s'interroger sur le sens de ce nouveau chapitre de sa vie. Elle réalisait peu à peu que, pour la première fois, elle n'avait plus besoin de courir après quelque chose. Elle était là pour se retrouver, pour comprendre ce qu'elle désirait réellement, au-delà des attentes imposées par sa mère, au-delà de la pression du succès.

Toutefois, Regina ne pouvait pas simplement abandonner son besoin de contrôle et de perfection du jour au lendemain. Elle continuait à organiser ses journées avec une rigueur implacable, explorant les marchés locaux, visitant les producteurs, établissant des contacts pour son futur restaurant. Elle restait exigeante, presque intransigeante dans ses choix, s'assurant que tout ce qu'elle achetait était d'une qualité irréprochable. Cependant, dans ce processus, elle commença à remarquer quelque chose qu'elle n'avait jamais vraiment pris le temps d'observer auparavant : les gens.

Les Toscans qu'elle rencontrait étaient bien différents des Californiens. Ils vivaient avec une certaine lenteur, une appréciation pour les plaisirs simples de la vie. Les marchands prenaient le temps de discuter, de partager des histoires, de parler de leurs familles et de leurs traditions. Ils étaient fiers de leurs produits, non pas pour la reconnaissance qu'ils pouvaient en tirer, mais pour le lien profond qu'ils avaient avec la terre. Regina se rendit compte que ce lien était ce qui manquait dans sa propre vie. Elle avait passé des années à perfectionner ses techniques, à rechercher l'innovation, mais elle avait oublié la base même de la cuisine : l'amour et le respect des ingrédients.

Un jour, alors qu'elle se promenait dans un marché en plein air à Greve in Chianti, Regina entendit à nouveau parler d'Emma Swan. Le nom revenait souvent dans les conversations des producteurs. On disait que ses légumes étaient les meilleurs de la région, que ses herbes étaient cultivées avec une précision presque scientifique. Mais on parlait aussi de son caractère, de sa réserve, de sa méfiance envers les étrangers. Regina, toujours à la recherche de la perfection, se sentit immédiatement intriguée par cette femme. Il y avait quelque chose de familier dans cette description : une personne qui travaillait avec un tel dévouement, une telle précision, devait forcément partager certains traits de caractère avec elle.

Le jour où elle décida de se rendre à la ferme Swan, elle se permit une nouvelle fois d'observer, de ressentir. Elle sentait l'air chaud et parfumé de la Toscane glisser sur sa peau tandis qu'elle s'aventurait dans les collines verdoyantes de la région. Les paysages étaient d'une beauté à couper le souffle, empreints d'une sérénité qui contrastait violemment avec la frénésie de San Francisco. Ici, tout semblait exister dans un équilibre parfait, en harmonie avec la nature.

La ferme se trouvait à l'écart, loin des routes principales, entourée de collines ondulantes et de champs de blé doré. La maison principale, une bâtisse en pierre avec des volets verts, dégageait une simplicité rustique. Regina se gara devant une petite grange et prit un moment pour observer les lieux. Tout ici respirait la sérénité, la stabilité, des concepts qui lui étaient encore étrangers.

Emma apparut peu après. Elle était une femme de taille moyenne, avec de longs cheveux blonds, attachés négligemment en un chignon, et des yeux d'un vert profond, perçants, mais méfiants. Ses vêtements étaient simples, tachés de terre, révélant qu'elle n'était pas du genre à déléguer le travail à d'autres. Elle faisait tout elle-même, et cela se voyait dans chaque geste, chaque mot qu'elle prononçait avec une économie de paroles.

La première rencontre entre les deux femmes fut marquée par une tension palpable. Regina, habituée à prendre le contrôle de chaque situation, se retrouva face à une Emma qui n'était ni impressionnée par son succès, ni désireuse de lui faire des courbettes. Emma était polie, mais distante, clairement sur la défensive. Regina, pourtant, n'était pas du genre à se laisser décourager. Elle avait un objectif précis en tête : obtenir les meilleurs produits pour son futur restaurant. Mais plus elle parlait avec Emma, plus elle se rendait compte que quelque chose d'autre la troublait.

Emma Swan était tout ce que Regina n'était pas. Élevée au cœur de la campagne toscane, Emma était une femme de la terre, simple et ancrée dans ses traditions. Elle connaissait chaque recoin de ses terres, chaque saison, chaque caprice du climat. Son mode de vie était profondément enraciné dans la simplicité et la régularité, deux concepts qui échappaient à la Californienne habituée au changement constant et à la recherche de perfection.

Lors de leur première rencontre, il était évident que le courant ne passait pas. Regina, avec sa posture droite et son regard perçant, paraissait presque sévère face à la douceur d'Emma. Cette dernière, bien que polie, restait distante, peu impressionnée par cette Américaine venue avec des idées modernes et des exigences précises.

La conversation fut brève et tendue. Regina, malgré sa maîtrise raisonnable de l'italien, butait sur certains mots, ce qui ne faisait qu'accentuer son irritation. Elle s'attendait à ce qu'Emma soit plus conciliante, plus désireuse de coopérer, mais la fermière ne semblait pas pressée de plier face à l'attitude froide de Regina. De son côté, Emma était agacée par le ton direct et l'impatience de Regina, qu'elle percevait comme une arrogance déplacée.

Regina quitta la ferme avec un sentiment d'échec et de frustration. Elle avait besoin de travailler avec cette ferme pour garantir le succès de son restaurant, mais elle ne pouvait pas supporter cette femme qui semblait incarner tout ce qu'elle trouvait agaçant dans cette région. La Toscane, pour elle, semblait encore plus étrangère et insaisissable.

Les rencontres suivantes ne firent que confirmer ce premier malaise. Regina revenait à la ferme, essayant de négocier avec Emma pour obtenir les produits dont elle avait besoin, mais chaque conversation se transformait en un bras de fer silencieux. Les discussions tournaient souvent autour de détails techniques – les quantités, les délais de livraison, les spécificités des produits – mais la tension sous-jacente était palpable.

Emma, de son côté, ne pouvait s'empêcher de ressentir une forme de fascination pour Regina. Cette femme froide et déterminée, qui semblait toujours sur le point de percer à travers chaque barrière pour atteindre ses objectifs, l'intriguait. Il y avait quelque chose dans le regard de Regina, dans la manière dont elle articulait certains mots en italien avec son accent américain, qui capturait l'attention d'Emma. Mais cette fascination était teintée d'irritation. Pourquoi cette femme refusait-elle de s'adapter, de comprendre la lenteur et la subtilité de la vie toscane ?

Regina, quant à elle, restait implacable. Elle voyait en Emma une sorte de défi personnel. Chaque visite à la ferme devenait une épreuve, un test de sa propre patience. Malgré son irritation croissante, Regina ne pouvait se permettre d'échouer. Elle savait qu'elle devait persévérer, même si cela signifiait supporter Emma.

Peu à peu, il devint évident que le problème ne résidait pas seulement dans leurs différences de personnalité, mais aussi dans un choc culturel plus profond. Regina avait toujours abordé les relations professionnelles avec une certaine rigueur, cherchant à maximiser l'efficacité et à minimiser les distractions. Emma, en revanche, privilégiait les relations humaines, l'importance de la confiance et du respect mutuel, des éléments qui ne se bâtissaient pas en un jour.

Regina se trouvait face à un dilemme. Elle savait qu'elle devait apprendre à naviguer dans cet environnement, à comprendre les non-dits et à lire entre les lignes des interactions sociales toscanes. Mais ce processus d'adaptation était difficile, et chaque rencontre avec Emma semblait lui rappeler à quel point elle était étrangère à cette terre. Pour la première fois depuis longtemps, Regina se sentait vulnérable, comme si elle avait perdu la maîtrise de la situation.

Emma, de son côté, observait Regina avec un mélange d'amusement et de curiosité. Bien qu'elle fût agacée par l'attitude de la cheffe, elle ne pouvait s'empêcher d'être intriguée par cette femme qui, malgré son apparence glaciale, semblait cacher une passion brûlante. Il y avait quelque chose dans l'intelligence vive de Regina, dans sa manière de se battre pour ce qu'elle voulait, qui éveillait une curiosité chez Emma. Plus Regina essayait de la repousser, plus Emma se sentait attirée par ce mystère.

Le soleil commençait à se lever au-dessus des collines toscanes, répandant une lumière dorée sur les champs luxuriants de la ferme Swan. Regina Mills, déterminée et légèrement agacée, s'approchait de la ferme pour une nouvelle visite, armée de sa liste de courses et d'une impatience croissante. Elle avait besoin de produits frais pour sa cuisine, et malgré les tensions avec Emma, elle n'avait d'autre choix que de maintenir cette collaboration.

Emma Swan, comme à son habitude, était en train de ranger les produits du marché dans une petite pièce attenante à la ferme. Son regard se posa sur Regina avec un mélange de divertissement et de curiosité alors que cette dernière entra, visiblement stressée.

« I can't believe this. It's always something with these people. Can't they understand that I need things done quickly? » Regina se plaignait, son ton trahissant une frustration contenue.

Emma, occupée à organiser des sacs de légumes, ne fit aucun effort pour masquer son amusement. Elle se contenta de jeter un coup d'œil furtif vers Regina, un sourire en coin. L'entendre râler dans une langue qu'elle ne comprenait pas tout à fait était un spectacle qu'elle trouvait plutôt divertissant.

Regina continuait de parler à elle-même, ne remarquant pas immédiatement la présence d'Emma. « Why does everything have to be so complicated? I just need some fresh vegetables and they act like I'm asking for the moon. »

Lorsque Regina se tourna enfin vers elle, Emma était en train de se redresser, un sourire malicieux aux lèvres. « Buongiorno, Regina, » dit Emma, sa voix empreinte de chaleur. « Toujours aussi en colère ? »

Regina, surprise, essaya de reprendre contenance, malgré le fait que son visage ait rougi d'embarras. « Oh, bonjour, Emma. Je… Je suis juste un peu frustrée par certains aspects de la mise en place de mon restaurant, mais rien que je ne puisse gérer. »

Emma se dirigea vers Regina, lui tendant une boîte contenant des légumes frais. « Voilà ce que vous m'avez demandé. Je vois que vos visites se font de plus en plus fréquentes. Est-ce que la Toscane vous plaît vraiment ou est-ce simplement la qualité de mes légumes qui vous attire ? »

Regina, sentant l'ironie dans les mots d'Emma, se força à sourire. « Je dois admettre que vos légumes sont excellents, mais je suis ici surtout pour les ingrédients. Les travaux avancent bien, et je suis impatiente de finaliser les préparatifs pour l'ouverture. Je reviendrai probablement bientôt pour plus de produits. »

Emma, amusée par la réponse de Regina, ne pouvait s'empêcher de continuer à taquiner. « Vous savez, Regina, vous êtes toujours la bienvenue ici, même si ce n'est pas seulement pour acheter des légumes. Peut-être qu'une visite de courtoisie de temps en temps ne serait pas de trop ? »

Regina, sentant le sous-entendu, tenta de détourner la conversation avec empressement. « Oh, je suis sûre que je serai de retour rapidement. Je dois juste faire en sorte que la carte de mon restaurant soit parfaite. C'est un travail complexe, vous savez. J'ai besoin de ces ingrédients pour expérimenter et affiner mes recettes. »

Emma laissa échapper un rire léger, se réjouissant de la gêne visible de Regina. « Je comprends. Je suis certaine que vous allez réussir à créer un menu magnifique. Mais je dois avouer que c'est un plaisir de vous voir vous battre avec la langue et les us locaux. »

Regina, bien que piquée par le commentaire, décida de ne pas réagir. Elle se contenta de prendre les légumes de la boîte avec un sourire forcé. « Je suppose que chaque jour est une nouvelle aventure ici. Je suis impatiente de voir où cela me mènera. »

En prenant congé, Regina se rendit compte qu'elle était loin de maîtriser la situation. Les visites chez Emma, bien que nécessaires, étaient toujours teintées de cette tension particulière qui lui semblait presque inévitable. Mais chaque fois qu'elle partait, il y avait quelque chose dans la façon dont Emma la regardait, ou dans la façon dont elle parlait, qui restait dans son esprit.

De retour à sa villa, Regina se précipita dans sa cuisine, prête à se plonger dans ses expérimentations culinaires. Le travail sur le menu de son restaurant était essentiel, et chaque légume, chaque produit qu'elle obtenait était une pièce du puzzle qu'elle essayait de compléter. Malgré les défis, Regina savait que chaque étape, même les plus inconfortables, l'aidait à se rapprocher de son rêve.

La conversation avec Emma avait, comme toujours, laissé Regina avec un sentiment mitigé. Si Emma parvenait à éveiller chez elle une curiosité mêlée de frustration, Regina était également consciente que ces rencontres étaient essentielles pour son projet. La Toscane était un monde étrange et complexe, et chaque interaction avec Emma, aussi difficile soit-elle, était un pas de plus vers la compréhension de cette nouvelle réalité.

Alors que Regina s'attaquait à ses recettes, elle ne pouvait s'empêcher de penser aux jeux subtils de leurs échanges. Il était clair que la relation entre elle et Emma était loin d'être simple, mais elle sentait que derrière cette façade de conflit se cachait quelque chose de plus profond.