ccassandre24 : Salut ! Je suis heureuse de te retrouver et contente que ça continue à te plaire ! Oui, une quarantaine minimum. Actuellement, je termine le 34e chapitre. :) Je vais bientôt attaquer le "post-Poudlard". Merci encore pour ton soutien ! Ça me fait plaisir de voir que l'histoire intéresse toujours les lecteurs au bout du 16e (déjà!) chapitre. A très vite !
drou : merci à toi ! ^^
Jules des Bois : Ahaha je voyais distinctement le presse papier essayer de forcer pour s'échapper ^^ Concernant la confrontation, je ne compte plus les réécritures et relectures de ce passage pour justement essayer d'arriver à quelque chose de vraisemblable ! Il est sans doute dans le top trois des passages qui m'ont fait le plus m'arracher les cheveux, je pense, avec le premier et le quatrième chapitre. Du coup, si c'est l'effet donné, je suis contente ! ^^ Pour Théodore, je me suis dit qu'il fallait bien un peu de douceur dans ce chapitre badant au possible ^^ Merci encore pour ton soutien, à bientôt ! :)
16 - «Je suis un vieux boudoir, plein de roses fanées» («J'ai plus de souvenirs...», Baudelaire)
Salut Théodore !
J'espère que tu passes de bonnes fêtes ! Je suis contente que tu m'écrives ! (J'avais peur que mon écriture soit illisible !)
C'est un livre que j'étudie à la fac ! Je suis en lettres modernes : j'espère enseigner à l'université un jour ! C'est intéressant, c'est vrai mais je ne te cache pas que je lui ai trouvé quelques longueurs. Tu as lu Tchekov ?
Tu étudies aussi à l'université ?
A bientôt,
Abigail.
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-Tu as très bien réagi ! Non mais pour qui elle se prend celle-là ! S'exclama Zabini en se resservant du thé.
-En fait, elle est incapable d'assumer quoi que ce soit. Trancha Pansy après avoir avalé un scone aux petites de chocolat.
Nott interrompit la conversation après avoir consulté sa montre.
-C'est l'heure, dépêchons nous.
En un rien de temps, nous avions englouti le reste de notre petit-déjeuner et rangé la table avant de transplaner ensemble au tribunal. C'était l'ouverture du procès des Mangemorts et j'avais la boule au ventre. Je gardai un fond de douceur après avoir découvert les photos de ma mère et moi sur la commode de mon père. Je ne savais pas à quel point mon témoignage pouvait être décisif ou non, si je pouvais atténuer les choses pour mes parents ou si c'était peine perdue.
D'un autre côté, je savais pertinemment quelles horreurs ils avaient commises et à quel point leur éducation avait été rude et vide de sens. D'ailleurs, leur avocat n'avait même pas pris la peine de faire appel à moi. Ils devaient savoir que je m'étais révolté contre tout cela. Ainsi, j'étais exclu, je n'appartenais plus à aucune famille. Quelque soit la sentence au bout de ce procès, j'étais de toute façon déjà orphelin.
Nous arrivâmes dans les couloirs sombres du ministère de la magie. Nous avancions collés les uns aux autres pour faire corps contre l'agitation qui y régnait. Nous descendîmes à l'étage du tribunal. Dans la grande salle circulaire, le Magenmagot était déjà prêt.
-Ça va le faire... Tu... Écoute, ça va le faire, me chuchota Nott en saisissant une de mes épaules.
J'acquiesçais en silence.
-Courage, m'exhorta-t-il en m'administrant une dernière tape sur le bras.
Il me regardait avec un air inquiet en rejoignant les autres qui s'étaient déjà installés dans l'assemblée spectatrice. Je m'assis sur le banc des témoins de l'accusation.
Lorsque tout le monde se fut assis et tu, on fit venir les accusés. Tous les Mangemorts étaient là. Je reconnus immédiatement mes parents qui me fusillaient du regard. Ils avaient pris le parti de dédaigner l'assemblée entière alors que bon nombre des accusés faisaient profil bas.
Pas la bonne attitude, me dis-je, impuissant. Leur orgueil, le même que le mien, leur rigidité, leur manque de remords, allaient les mener droit dans le mur. C'en était pitoyable. Et je ne pouvais rien pour eux : ils avaient choisi leur voie.
Les témoins et les experts se succédèrent pendant de longues heures... Puis des journées entières. Pendant tout ce temps, mes parents n'avaient pas quitté leur posture de mépris qui n'affectait personne. Dans les couloirs, j'évitais tout contact hors celui des Serpentard et de même, tout le monde prenait bien soin de m'éviter. Seul Harry nous rejoignait de temps en temps lors des repas et je fuyais Hermione comme la peste.
Elle avait l'air abattue, triste et la voir ainsi ne réussissait qu'à raviver ma colère contre elle. Harry essayait de nous rabibocher mais je coupais rapidement court à chacune de ses tentatives. Ce sentiment explosif me fit comprendre que je n'avais pas progressé d'un iota depuis le marasme du cinéma : j'étais toujours très amoureux d'elle et je désespérais de réussir un jour à trancher les liens. Elle s'était si insidieusement immiscée en moi, comme du sable dont on ne se débarrasse jamais vraiment ou une tumeur incurable, si bien accrochée et mélangée à mon corps et à mon être que nous en étions indissociable.
Vint finalement mon tour de parole : je me levais, les jambes tremblantes dans un silence de mort. Je me plaçai à la barre des témoins sous le regard pesant et accusateur de tous, les uns pour être un ancien Mangemort, les autres pour les avoir trahis. Ce fut l'avocat de l'accusation qui commença son interrogatoire. Comme nous l'avions convenu, il me fit aborder mon enfance et les maltraitances qui l'accompagnaient. J'étais très mal à l'aise : je me mettais à nu devant toutes ces personnes que je méprisais en secret. Ces uns qui se disaient émues de mon histoire mais qui me gardaient soigneusement loin d'eux, ces autres qui refusaient toutes les circonstances atténuantes et les demandes de pardon que je pouvais présenter. Cette hypocrisie latente et ce manichéisme policé.
Enfin, nous abordâmes mon adolescence, ma rencontre avec le Seigneur des Ténèbres et comment j'avais évolué depuis la fin de ma quatrième année. J'exprimais clairement mes remords et ma haine de l'idéologie parentale. Face aux regards suspicieux, je sentais finalement que ce procès était aussi le mien et que toujours, j'aurais à me justifier pour tout sans repos ni sérénité. Je n'en finirais jamais. Je lançais des regards discrets à Nott qui me sourit. Alors je me répétais notre mantra : ensemble et c'est tout.
Ensuite, vint le tour de l'avocat de la défense. Il avait un petit sourire satisfait de carnassier encadré de larges commissures. Ses yeux vifs et d'un noir profond papillonnaient sans arrêt entre les différents membres du Magenmagot et moi.
-M. Malfoy, il me semble que lors de votre enfance et adolescence vous étiez très attaché à votre père...?
-Je le craignais surtout.
-Mais vous faisiez souvent référence à lui lorsque vous étiez en difficulté... Racontez-nous par exemple cette histoire d'hippogriffe.
Alors je narrais malgré moi cette histoire qui désormais me faisait honte.
-Et votre père était là pour vous sauver la mise... Et en effet, quel parent ne volerait pas au secours de son enfant lorsqu'ils est en danger ? N'est-ce pas, M. Malfoy ?
Un silence de plomb régnait sur la salle.
-Certainement.
-Et cette histoire de Nimbus 2021, reprit-il, que votre père a acheté à toute votre équipe de Quidditch ? Et lorsqu'il s'est impliqué pour vous nommer attrapeur de l'équipe... Tout cela démontre pourtant un dévouement sans faille pour vous... Le niez-vous ?
-Non, répondis-je en me souvenant des photos dans la chambre de mon père.
-Voyez-vous, votre père est lui aussi très attaché à vous. Tant et si bien qu'il n'a pas voulu vous mêler à ce procès, soucieux de votre image... Il ne voulait pas vous jeter en appât aux journalistes et à toutes ces personnes qui n'oublient pas, elles, que vous portez, bien caché sous votre chemise, la marque des Mangemorts. Il ne voulait pas vous voir traîner dans la boue une fois de plus... Une délicatesse que visiblement, l'accusation n'a pas eu...
Il ménagea un temps de silence. J'aurais pu me laisser attendrir par ce plaidoyer si je n'avais pas croisé le regard haineux de ma mère. Tout cela était faux : ils me craignaient et c'étaient eux qui allaient rappeler tous les motifs de mon déshonneur : ils avaient déjà bien commencé en évoquant l'hippogriffe et la marque sur mon bras. Je compris alors que sous couvert de montrer le côté "papa poule" de mon père, ils cherchaient à me discréditer... Et il fallait que je réagisse.
-C'est pourtant vous qui rappelez ces moments de disgrâce, ce dont s'est bien gardé de faire l'accusation.
L'avocat sourit et poursuivit sans prêter attention à ce que je disais.
-Vous vous plaisez dans votre manoir ?
Je ne voyais pas le rapport mais sentais l'entourloupe. Je pris le parti de répondre prudemment.
-J'y suis attaché.
-Attaché au point de le rénover et de changer la décoration...
-Il était très abîmé. Il avait de nombreuses fuites au niveau des toits et prenait l'humidité.
Il fit une moue pas très convaincue.
-Ça doit-être agréable, non ? Un manoir rien qu'à soi...
-Aller là-bas, c'est accepter une vie assez solitaire... contrai-je.
-Oh, dit-il d'un air faussement peiné, mais il me semble que vous savez très bien vous entourer. N'hébergez-vous pas cette semaine vos amis Serpentards ?
-Après avoir passé la semaine de Noël seul, précisai-je.
Encore une fois, il ne fit pas grand cas de ce qui ne servait pas son propos. Il prit un air faussement pensif puis reprit :
-Donc, vous avez à votre disposition un manoir mais aussi, corrigez-moi si je me trompe, toutes les fermes alentours ? Dont les fermiers vous paient un loyer...
-Oui.
-Vous disposez donc d'un beau capital... Dont vous seul pouvez disposer... La vie est belle, non, M. Malfoy ?
Je commençais à comprendre les piliers de sa stratégie : après avoir attendri le jury avec l'image du père de famille exemplaire et dévoué, il s'agissait désormais de faire passer le fils pour un opportuniste sans cœur et sans honneur.
-Aussi, reprit-il, nous pourrions être en droit de nous demander les véritables raisons qui vous ont poussé à témoigner contre vos parents : l'appât du gain ? L'indépendance ?
-J'ai déjà répondu à la question concernant mes motivations.
Il fut prit d'un petit rire... Quant à moi, je commençais à trouver le temps long et les accusations dirigées sur la mauvaise personne. J'attendais une réaction du président de séance mais son air méfiant me fit comprendre que le harcèlement à mon encontre était le cadet de ses soucis.
-Oh oui, vous avez parfaitement joué votre rôle de repenti. En bon élève, vous avez appris votre leçon et l'avez récité par cœur. Vous avez recraché ce que les victimes, les familles des victimes, les magistrats avaient envie d'entendre, mais je n'arrive pas à être convaincu par votre histoire. En fait il y a quelque chose que je n'ai pas compris : expliquez vous, racontez comment vous avez eu cette, euh... illumination ? Cette soudaine envie de faire le bien... Comment vous est-elle venue ? Quel déclencheur ?
Je me raidis : il commençait à aller trop loin et je commençais à m'échauffer malgré moi.
-Je n'étais qu'un sale gamin ignorant et soumis. Je m'en suis rendu compte et j'ai changé.
-Oh, «vous vous en êtes rendu compte et vous avez changé.» Mais alors dites-nous, si vous avez «changé», maintenant, qui êtes-vous ? Un héros de guerre ? ...A moins que, et c'est mon opinion, vous ne soyez devenu qu'un habile manipulateur ?
-Ni l'un ni l'autre, répondis-je, le souffle coupé.
-Ou peut-être l'apparence de l'un et les intentions de l'autre ?
Il fit une pause, content de sa volte destinée aux jurés, bien conscient d'avoir ébranlé mes défenses. Son petit sourire satisfait ne l'avait pas quitté et il se mit à faire les cents pas dans la salle. Il reprit de plus belle.
-Depuis quand méditez-vous ce retournement de veste ? Il faut dire que vous avez trouvé le timing parfait en tout cas. Je dirais lorsque vous avez feint de ne pas reconnaître M. Potter dans le manoir de vos parents. Est-ce que je me trompe ?
-Je n'ai pas retourné ma veste, je voulais qu'ils gagnent.
-Vous sentiez qu'ils pouvaient gagner grâce à un petit coup de pouce de votre part alors vous avez menti : vous vous débarrassez de vos parents tout en vous taillant une place de choix lors de l'après-guerre et ça, M. Malfoy, c'est bel et bien un retournement de veste, corrigea-t-il.
-Sauf que ce n'est pas cela qui s'est passé. Ce n'est pas pour ça que j'ai menti.
-Mais alors, M. Malfoy, nous en revenons toujours à la même question : pourquoi ? Après-tout, la torture d'une Sang-de-Bourbe n'aurait pas dû vous déplaire...
-Si, répondis-je plus farouchement que je ne l'aurais voulu, ce qui surprit l'avocat.
-Ah si ? Pourtant, fut un temps où vous les méprisiez... L'héroïne Hermione Granger en a d'ailleurs plusieurs fois fait les frais...
-C'est parce que...
Je n'arrivais pas à terminer ma phrase. Cet élément déclencheur qu'il voulait, celui qui restaurerait ma dignité, il existait mais il était bien trop humiliant à avouer. Cet élément, qui me poursuivait depuis ma première année à Poudlard et qui avait grignoté toutes mes convictions jusqu'à les ébranler. Cet élément qui m'avait rendu meilleur et m'avait sauvé, cet élément qui avait fait qu'aujourd'hui j'étais du bon côté de la barrière, en témoin et pas en accusé. Cet élément qu'aujourd'hui pourtant je haïssais plus que tout et dont je voulais désormais me défaire. Cet élément, peut-être que je devais le dire pour m'en libérer ?
-Parce que ? Parce que ? Finissez votre phrase M. Malfoy. Allez-y, je sens qu'on y est presque ! Avouez au monde sorcier que vous n'êtes qu'un opportuniste et que votre témoignage ne vaut rien !
-ParcequejaimeHermioneGranger.
-Pardon ?
-Parce j'aime Hermione Granger !... Depuis la première année...
Dans la salle, une exclamation de surprise et de dégoût monta. Je n'osais pas me retourner.
-Silence ! tonna le président de séance. Maître avez-vous terminé ? Vous en avez assez fait comme cela je pense.
L'avocat, sous le choc, opina du chef et retourna s'asseoir. Quant à moi, dès qu'on me libéra, je sortis de la salle comme sonné, incapable de savoir où aller, ne réalisant même pas ce que j'avais pu dire et les conséquences qu'il pouvait y avoir.
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Le nœud qui tenait le ventre d'Hermione en voyant Drago se faire malmener se détendit d'un coup et son cœur manqua un battement. Son être se souleva comme à la descente d'une montagne russe. Il l'avait dit : il l'aimait ! Euphorique, soulagée, elle se sentait pousser des ailes. Elle avait enfin une certitude et il fallait qu'elle s'en saisisse. C'était décidé, elle lui avouerait tout à la pause. Il allait mal la recevoir, être désagréable sans doute au début mais elle allait réussir à se faire entendre parce que cette fois-ci elle allait trouver un moyen de se faire comprendre.
Tous ses voisins la regardaient avec curiosité. Elle baissa les yeux mal à l'aise. Elle devait cacher ce qu'elle avait au plus profond d'elle-même.
-Je le savais, ponctua Ron.
-Il a bien caché son jeu le petit salopard, renchérit Dean.
-Du bluff, suggéra Neville.
-Tu as de la concurrence, Ron, taquina Georges.
Ce dernier répondit, gêné :
-Mais arrête ! T'es vraiment lourd !
-Il faut bien que je charrie pour deux maintenant, ironisa-t-il.
-Chut ! Souffla Harry en voyant le trouble d'Hermione. La séance continue je vous rappelle !
Une heure après sonna la pause. Elle se leva comme si de rien n'était en se demandant quelle était cette force qui lui permettait de cacher la nervosité qui l'habitait. Elle passa en revue la foule tassée dans les couloirs du tribunal mais il n'y était pas. Soudain, on lui prit le bras.
-Il s'est caché dans les toilettes les plus éloignées, tout au bout de ce couloir, chuchota Pansy en lui désignant un petit espace sombre... Je crois que c'est les locaux des agents d'entretien...
-Merci ! S'exclama Hermione à voix basse.
Elle croisa le regard de Nott. Il l'observait avec un air sévère qui la fit se sentir honteuse.
-Et mettez-vous d'accord, par Merlin ! Qu'on en finisse ! Continua la sorcière.
Hermione acquiesça en silence et la quitta pour suivre ce fameux couloir.
-Hermione ! S'écria Ron. Où tu vas ?
-Aux toilettes !
-Mais c'est pas par là.
-Je sais, j'ai... besoin d'être seule.
Et elle s'enfuit sans attendre de réponse. Elle parcourut le couloir avec le cœur au bord des lèvres. Elle enclencha la poignée et la porte s'ouvrit sur l'obscurité. Elle franchit le seuil et le lourd panneau de bois se referma sur elle. Elle chercha instinctivement sa baguette pour s'éclairer mais elle se rappela bien vite qu'elles avait toutes été récupérées à l'entrée du tribunal pour éviter tout débordement.
-Tu viens ici pour triompher ? Demanda la voix de Drago tout près.
Il ne devait être qu'à un ou deux pas d'elle sur la droite. Elle se tourna vers sa direction.
-Non... Je...
-Il y a de quoi pourtant, coupa-t-il avec la voix traînante qu'elle connaissait bien.
Ses yeux habitués, elle repérait désormais sa silhouette longiligne adossée contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine. Un pas seulement les séparait.
-C'est sans doute Weasley qui doit exulter. Il avait raison, et ça doit bien...
N'en pouvant plus, laissant enfin éclater tout ce que ses craintes avaient tenté d'étouffer depuis des mois, elle se jeta contre lui et de ses mains, elle le bâillonna.
-Je sais que je t'ai fait souffrir. Et je me déteste pour ça. Écoute... Non, on ne se comportait pas comme des amis, au cinéma ou dans les toilettes pour filles...
Après avoir dépassé sa sidération, il se redressa, intrigué. Elle décala sa main pour le laisser parler et lui caressa la joue le plus tendrement possible. Contre elle, le corps de Drago diffusait une douce chaleur dans laquelle elle voulait se réfugier. Elle avait été folle de s'interdire pareil délice.
-Est-ce que... quoi ? Balbutia-t-il, les sourcils légèrement froncés par l'incrédulité.
-En clair, réussit-elle à articuler, j'aimerais qu'on soit plus... qu'amis... et qu'on ne se quitte plus. Ensemble et c'est tout.
Il se figea une nouvelle fois : oui-oui, il avait bel et bien compris ce qu'elle lui disait, et ce qu'elle venait de répéter. Plus de doute possible ! Et tout cela ne ressemblait pas un rêve ! Ces maudits rêves qui le hantaient depuis trop longtemps.
Alors, à son tour, il approcha une de ses mains tremblantes d'émotion pour caresser la joue de la jeune femme de ses doigts fins. Il la contempla avec intensité un long moment, comme s'il avait du mal à comprendre ou à réaliser. Lui aussi grisé par ce contact, il réussit finalement à reprendre contenance. Il ferma brièvement mes yeux puis força un sourire en coin.
-Ça veut dire que si je t'embrasse, tu ne vas plus t'enfuir ? Demanda-t-il sur un ton qui se voulait ironique mais où transparaissait l'émotion.
-Non, sourit-elle. Mais vérifie toujours.
Alors, avec un dernier reste de crainte dans son regard, il s'approcha lentement, peut-être justement pour lui laisser une dernière occasion de se volatiliser, et enfin, il l'embrassa. Ce fut un baiser très léger, presque chaste, qu'elle aurait presque pu, étrangement, qualifier d'élégant. La tiédeur douce de ses lèvres contre les sienne lui fit complètement perdre pied. L'euphorie semblait disperser son corps comme un nuage. Elle semblait flotter à l'image d'une barque sur une mer agitée, mais qui résistait à la dérive, solidement amarrée à la tendresse de sa bouche. Ça avait le mérite de changer de Ron, ironisa-t-elle en son fort intérieur.
Enfin, il posa son front contre celui d'Hermione et leurs souffles, c'est à dire ce qu'ils pouvaient avoir de plus intime et de plus propre à eux, se mêlèrent, si bien qu'ils s'en asphyxièrent avec bonheur. En une caresse, il perdit ses doigts dans sa chevelure et son autre main continuait à explorer consciencieusement les contours de son visage.
Cette paume dont elle n'avait oublié ni la chaleur ni la douceur et dont elle rêvait en secret depuis novembre. Et ce parfum ! Et cette puissance contenue capable de l'envelopper avec tendresse et la serrer avec force !
Il s'écarta légèrement d'elle pour la regarder dans les yeux.
-C'est si dur à dire pour toi ? Demanda-t-il, avec tout le sérieux du monde.
-Je ne sais pas pourquoi. Un jour, j'y arriverais, je te le promets.
Et pour faire disparaître l'inquiétude dans cet océan gris, elle l'embrassa à son tour. Elle n'eut pas sa délicatesse. Elle approfondit son baiser, agrippant avec tendresse ses cheveux blonds, se suspendant à son cou. Il fallut un petit temps pour qu'il y réponde avec la même fougue. Enfin, il osa enfin pousser plus loin son exploration en parcourant de ses mains ses épaules et son dos. Elle resserra son étreinte et il fit de même. Tout devenait plus intense et ils se séparèrent, le souffle coupé. Tandis qu'elle lui souriait, il l'observait avec air concentré. Finalement, il l'attira à lui et l'enlaça étroitement, la respiration profonde, son visage perdu dans ses boucles. Hermione s'agrippa au pull du sorcier en enfouissant son visage contre lui. Pour la première fois de sa vie, sans qu'elle ne sache dire pourquoi, elle se sentait vraiment aimée pour ce qu'elle était.
Soudain, comme ayant une révélation : il se redressa brusquement.
-Et Ron ?
-Je l'ai quitté il y a une semaine.
Un éclair de soulagement traversa son visage.
-Et maintenant ? Demanda-t-il d'une voix où transparaissait encore une prudence méfiante malgré ses efforts de dissimulation. Il semblait se préparer au pire.
-On peut continuer à se voir si tu veux... peut-être discrètement d'abord... Et on avise ?
-Comme un couple ?
-Oui, sourit-elle.
Son souci d'utiliser des termes clairs et précis à la fois l'amusait et la faisait se sentir coupable : s'il se sentait si inconfortable, c'était peut-être parce que son jeu à elle avait longtemps été trouble. Il acquiesça silencieusement. Un sourire réapparut sur ses lèvres et il s'était remis à caresser son visage. Il la regardait avec un air difficile à décrire. C'était bien la première fois qu'on la regardait comme ça : avec de grands yeux attentifs, comme pour ne rien manquer de ce moment. Avec une sorte... d'adoration à son égard ? Hermione rougit à cette idée : elle ne méritait sans doute pas tant ! Il lui remit consciencieusement une de ses boucles de cheveux rebelles derrière son oreille. Décidément, cette délicatesse !
-On garde ça secret pour l'instant ? Redemanda Hermione dont l'inquiétude venait de se réveiller après ce moment de ravissement.
Son sourire devint plus franc encore :
-On peut, mais je suis certain que les Serpentards savent déjà tout.
Hermione se souvint que c'était Pansy qui lui avait dit où le trouver. Elle repensa également au regard sévère de Nott. Il devait la détester.
-Tu leur a toujours tout dit ?
-Disons qu'ils savent tirer les vers du nez...
-Je suppose qu'ils savent rester discret...
-En tout cas ils essaieront, pouffa-t-il.
Hermione sourit mais elle n'était pas tranquille. Elle avait progressé mais il lui restait du chemin avant d'accepter de révéler cette situation à tous. Lui n'avait rien à perdre mais elle si. Elle sentait son ventre se tordre et une bouffée de stress l'envahit. Crispée de tous ses membres, elle recula instinctivement. Il comprit rapidement la situation et, bien que blessé, il essaya d'essuyer les plâtres, craignant de voir les portes du Paradis se refermer alors qu'il s'apprêtait à y entrer.
-Écoute, je te promets de tout faire pour garder ça secret.
Il releva doucement le menton d'Hermione dont le regard passa du sol à son interlocuteur.
-J'ai peur de ce que pourraient penser les autres...
-J'ai fini par le comprendre, sourit-il. De mon côté, j'ai fini par me défaire de ça... Et si tu veux que...
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Soudain je me sentis rougir, honteux de montrer que je me projetais déjà, peut être trop, dans notre histoire, déjà trop attaché, trop amoureux. Mais aussi trop sérieux, trop vieux jeu ? Car dans mon milieu, quand on avait la chance d'être écouté et de choisir, on se mariait vite et alors forcément, c'était pour la vie. Or, je savais pertinemment qu'Hermione n'adhérait sans doute pas à cette manière de voir les choses. Lui faire part de toutes mes convictions allaient nécessairement lui faire peur et sans doute la faire fuir en me traitant d'arriéré. Et sur certains points, peut-être aurait-elle raison. " Et si tu veux que... ça soit pour la vie" aurais-je voulu dire...
-Et si tu veux que ça fonctionne, corrigeais-je en restant évasif, peut-être faudrait-il que... tu t'en défasses aussi...?
Elle sourit, ce qui me soulagea.
-Je sais... mais j'ai besoin de temps.
J'acquiesçais en souriant. Après tout, je ne tenais pas non plus spécialement à ce que tous soient au courant tout de suite. Soudain, la sonnerie qui marquait la fin de la pause retentit. Elle me prit la main.
-Tu viens ?
-Je te rappelle que je viens de me prendre un gros râteau et que je suis éploré... Pars devant, je reviendrai cet après-midi, désespéré à souhait.
Elle rit et cela me réchauffa le cœur.
-D'accord. Tu as raison.
-On se revoit dans trois jours à Poudlard ?
Elle acquiesça d'un signe de tête, m'embrassa furtivement en guise d'au revoir et s'enfuit dans le couloir. J'attendis cinq minutes puis sortis à mon tour. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver les Serpentards devant la porte...
-Sérieux, vous abusez...
-On s'inquiète pour toi ! S'exclama Pansy.
-Tout va bien ! Assurais-je avec un sourire.
-On s'en doute ! Vu comment elle sautillait dans le couloir... Commenta Nott en levant yeux au ciel.
Cette description me fit sourire, attendri, mais soudain je réalisais :
-Elle vous a trouvé devant la porte ?!
-On arrivait dans le couloir quand elle est sortie... Répondit Zabini.
-Bon, repris-je déjà ennuyé par cette histoire de secret, il faudrait qu'on reste discret...
-Encore une clause de Miss Granger ? Le beurre et l'argent du beurre, quoi... bougonna encore Nott.
-Mais essaie un peu de voir le positif Théodore ! Certes, c'est pas très classe de sa part mais on peut aussi comprendre que ce soit difficile à assumer ! On est l'ennemi je te rappelle ! Et pour une fois que quelqu'un vient vers nous, on va pas lui cracher dessus, rabroua Pansy.
Nott se renfrogna.
-Excuse-moi de craindre qu'elle le prenne encore pour un con !
-Hé ! Comment-ça "encore pour un con" ?! M'écriai-je.
Zabini perdit patience :
-On va rien régler maintenant de toute façon. Toi, dit-il en s'adressant à Nott, tu es trop pessimiste ! Et toi, dit-il en me regardant, reste attentif. Et n'oublie pas que "trop bon, trop con". Elle a déjà bien abusé de ta patience. On va manger chez les Moldus. Ça nous changera les idées.
Cela sonna comme un ordre et nous nous exécutâmes bien docilement en nous rendant dans le premier fast-food trouvé lors de notre errance. Après tout, ce n'était pas si mal comme truc.
