Ccassandre24 : Merci pour ta review ! Oui, j'ai bien pensé à toi en publiant et je suis contente que ça t'ait plu ! Et Je pense que ce chapitre (j'espère !) devrait te plaire tout autant x) Des épreuves, ils vont en avoir : j'espère que tu ne me détesteras pas trop car je ne compte pas les épargner ! Mais 100% happy end garanti : Je déteste écrire des histoires qui finissent mal ou même douces-amères. x)
Guest : C'est toujours un plaisir ! Merci pour ta review ! J'espère que la suite te plaira ! :)
32- «Et que mon cœur, ardent et lourd, est cette poire
Qui mûrit doucement sa pelure au soleil» («Le verger», Anna de Noailles)
Théodore était rentré tard. Au manoir, tout le monde était couché. Il était rompu par la fatigue d'avoir erré dans les rues de Londres avec Abigail. Cette journée avait été bien remplie. D'abord, il lui avait prêté son manteau pour la journée et s'était lancé un sort informulé qui lui permettait de se réchauffer. Perdue dans le grand vêtement, elle l'avait touché. Ils s'étaient promenés au hasard jusqu'à midi. Galant, il l'avait invité dans un restaurant choisi au hasard. Alors, à charge de revanche, elle leur avait payé le cinéma.
A vrai dire, ils n'avaient pas suivi grand chose du film. Les us et coutumes des moldus décrits par Malfoy dans ce lieu n'étaient pas faux. C'était comme s'ils devaient rattraper le temps perdu entre les mails. D'abord fasciné par les images et le son prodigieux, il fut bien vite déconcentré par la main qui avait fini par trouver la sienne et la tête qui avait élu domicile sur son épaule. Approche classique. Son cœur se mit à battre à une vitesse folle. C'est à dire qu'il avait bien trop rêvé de ce moment. Alors, il se délecta de son émoi, de cette douce chaleur qui inondait son cœur. Il était décidément bien doux de savoir que son désir allait trouver satisfaction bientôt.
Ainsi, riant intérieurement du stratagème, de cette sorte de rituel d'introduction qui ne trompait personne, il laissa reposer sa tête légèrement contre celle de la jeune femme. Alors, bien sûr, elle caressa sa main qu'elle tenait précieusement entre les deux siennes. Et évidement, il se réinstalla pour pouvoir lui caresser la joue plus commodément. Enfin, sans surprise, elle releva la tête pour le regarder dans les yeux et l'embrassa. Il lui répondit, tantôt avec légèreté, tantôt avec passion. Lorsqu'elle fit errer sa main jusqu'à ses cheveux, Théodore osa poser délicatement une main sur un des genoux d'Abigail en le caressant de son pouce.
C'est vrai qu'elle était jolie, dans cette robe.
Ils ne se séparèrent que lorsque les lumières se rallumèrent.
Ensuite, ils avaient battu le pavé en discutant de tout et de rien. Avec elle, il se découvrait plus bavard qu'une pie, plus expansif qu'un ramier et plus enjoué et enthousiaste qu'un merle. Sa spontanéité à elle y était pour beaucoup. On ne pouvait décidément pas rester indifférent face à elle. Elle était quelqu'un de passionné qui défendait ses points de vue avec chaleur. Mais ce qui avait achevé de séduire Nott était cette incroyable positivité qui l'animait. Toujours souriante, tout lui semblait facile, non pas parce que ça l'était, mais parce qu'elle avait cette prodigieuse capacité de résilience et cette confiance en l'avenir qui lui apportait la bulle d'oxygène dont il manquait avec les Serpentards.
Elle était cette lumière au bout du tunnel dont il avait besoin. Il savait déjà hélas, qu'il ne pourrait plus s'en passer. Aussi, alors qu'ils attendaient le dernier train d'Abigail, ce fut lui qui demanda en premier s'ils pouvaient se revoir. Il n'avait pas ressenti une seule parcelle de gêne. Tout lui paraissait évident. Elle accepta en rougissant légèrement. Ils fixèrent leur prochain rendez-vous au samedi prochain. Il l'avertit qu'étant en pensionnat, ils ne pourraient pas se voir tous les samedis et qu'à la fin des vacances, ils devraient alors attendre fin juin pour se revoir. Elle acquiesça alors en souriant. Elle prit ses mains et s'élança pour embrasser sa joue. Il commençait à se faire à ces accès d'affection qui l'avaient tant surpris au début de la journée. Comme Malfoy, il avait été élevé dans la retenue et jamais il n'avait reçu ni vu de marques de tendresse. Il ne leur restait que cinq minutes alors il entreprit de les occuper de la manière la plus amoureuse qui soit en l'embrassant longuement, jusqu'à ce que les portes du wagon s'ouvrent.
-A samedi, souffla-t-elle dans une sourire. J'ai hâte !
-A samedi, répondit-il en lui rendant son sourire. Et moi aussi, j'ai hâte.
Dans la seconde qui suivit, les portes du métro se fermèrent sur elle et elle fut emportée dans les tréfonds de la terre.
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-On est sûrs au moins qu'il est rentré ? demanda Pansy vingt-quatre heures après le départ de Nott pour son rendez-vous.
-Son manteau est dans l'entrée et ses chaussures aussi, répondis-je en trempant un sucre dans mon thé au citron.
Elle fit une moue peu convaincue.
-Crois-moi, tu ne veux pas prendre le risque de le réveiller, souriais-je.
-Mais quand-même...
-Laisse-le Pansy, répondit Blaise.
Soudain, une porte à l'étage qui grince. Je devais vraiment renouveler le sort anti-grincement de tous les gonds du premier étage.
-Ah ! S'exclama Pansy, surexcitée.
-Pansy, laisse-le, répéta Blaise. S'il a peu dormi il sera d'une humeur massacrante. Pitié pour nous !
Le grand brun arriva frais comme un gardon et souriant.
-Bonjour !
Jamais de ma vie, il ne m'avait salué de manière aussi enthousiaste. C'était troublant. Nous répondîmes en cœur :
-Bonjour !
-Alors ? Attaqua Pansy sans subtilité.
-J'ai très bien dormi, répondit-il en feignant malicieusement de ne pas comprendre la portée de la question. Et vous ?
-Parfaitement bien, je te remercie, ces huit heures de sommeil m'ont parfaitement requinqué, rebondis-je pour faire enrager Pansy.
-Pas de cauchemar ? S'enquit-il.
-Je ne sais pas : est-ce que réviser l'histoire de la magie avec Binns, ça compte ou pas ?
-Sans aucun doute, oui !
Hermione souriait, amusée.
-Oh allez ! Tu sais très bien que je parle de ton rendez-vous avec Abigail ! Nous interrompit Pansy.
-Ah oui ! ça ! S'exclama-t-il un surjouant celui qui venait de se souvenir de quelque chose qu'il aurait malencontreusement oublié. Bah... C'était très bien !
-Tu es rentré à quelle heure ?
-Vers deux heures je crois.
Il gardait ce sourire énigmatique qui, j'en étais sûr, brûlait la curiosité de la petite fouineuse. Hélas pour elle, il savait se taire, contrairement à moi.
-Vous êtes ensemble alors ? C'était bien ?
Il opina du chef en se servant du thé.
-Et... risqua-t-elle.
Il la regarda en biais et cela la découragea totalement. Elle engouffra les restes de son scone. Ce n'est que lorsqu'elle l'eut avalé qu'elle repartit à l'attaque :
-On pourra la voir un jour ?
-Je suppose. En moldu, prévint-il.
Elle acquiesça en silence, sentant qu'il s'agissait d'un sujet sensible. Elle savait pertinemment qu'elle n'en saurait pas plus et battit en retraite.
J'en profitais alors pour sortir le document d'orientation à remplir. J'avais eu une dérogation exceptionnelle de la directrice qui me laissait les vacances encore pour réfléchir à mon deuxième et troisième vœu. J'avais besoin de conseils.
-Tu ne l'as pas rendue, malheureux ?! S'exclama Blaise.
-On m'a laissé jusqu'au lundi de la rentrée.
-Mé...dicomage ?! Lut-il à l'envers. Moi aussi ! S'exclama-t-il.
-C'est vrai ? Répondis-je sur le même ton avec une sorte de soulagement au fond de moi : on allait pouvoir se serrer les coudes car je savais d'avance que cette filière était parmi les plus difficiles.
-Dites adieu à votre vie sociale, commenta Nott.
-On vous enverra des paniers de provision de temps en temps, renchérit Pansy.
Nott surjoua le dédain :
-Parce que tu penses sérieusement qu'ils auront le temps de manger ?!
-Mais si tu sais quoi faire, pourquoi tu traînes tant à la rendre ? Enchaîna Blaise pour couper court à ces plaisanteries sur un sujet qui l'angoissait déjà.
-Parce que je ne sais vraiment pas quoi mettre en deuxième et troisième vœu. Il n'y a que ça qui m'intéresse et j'ai l'impression que je ne pourrais être bon qu'à ça.
-Pharmamage, proposa Pansy.
-Mage en potion aussi... continua Hermione qui m'enlaça en posant son menton sur mon bras pour pouvoir lire la fiche. Par réflexe, je posais ma main gauche sur les siennes.
-Bon... de toute façon, je dois bien mettre quelque chose, répondis-je sans emballement. Et au pire... je ne sais pas...
Je remplissais le parchemin avec ces deux propositions, indifféremment en vœu deux ou trois en caressant ses mains de mon pouce.
-Mais tu l'auras, ton premier vœu : tu es troisième de la classe ! Pouffa Pansy, se moquant gentiment de mon anxiété.
J'acquiesçais en souriant. Elle n'avait sans doute pas tort mais je ne pouvais pas m'empêcher de craindre le pire.
-Vous avez mis quoi, vous ? Demanda Pansy à Hermione et Nott.
-Droit en premier, psychomage en deuxième et mage en sortilège en troisième répondit automatiquement Hermione, sûre d'elle.
J'aimerais tant avoir sa confiance ! Nott, quant à lui, ménagea son effet en baissant les yeux, l'air peut-être un peu gêné.
-Je ne reste pas, finit-il par dire.
-Quoi ? Comment ça ?! S'inquiéta Pansy pour qui l'intégrité du groupe comptait énormément.
-Je vais dans le Londres moldu. Je me suis inscrit à l'université.
-Oh seulement ça ! s'écria la Serpentard.
Je ne pus m'empêcher de sourire car je me demandais bien alors ce qu'elle avait pu imaginer de si terrible.
-Quelle faculté ? demanda Hermione intéressée.
-Une sorte de double parcours histoire et littérature.
-Ça à l'air trop dur ! On a jamais eu de cours sur l'histoire et la littérature moldue ! Comment tu vas faire ?! S'inquiéta Blaise.
-Je commence déjà à me renseigner. Abigail m'a conseillé.
-C'est pour elle que tu pars ? Risqua Pansy, suspicieuse.
-Non, sourit-il, j'y pensais déjà avant mais discuter avec elle, il est vrai, a fini de me convaincre.
-"Discuter", ouais ! Répéta Pansy d'un air goguenard en mimant des guillemets avec ses doigts.
Nott leva les yeux au ciel mais ne put contraindre un sourire qui en disait plus qu'il n'avouerait jamais.
-Tu vas faire quoi comme métier avec ça ? Rebondit Blaise.
-Je pensais... je ne sais pas... être consultant en étude du monde moldu... Ou rester dans leur monde...
-Tu reviendras quand même ? Demanda Pansy que l'inquiétude avait de nouveau saisi.
-Mais oui ! J'ai toujours mon père et... même si ça m'écorche la bouche de le dire... il y a vous aussi.
Pansy pouffa de soulagement.
-Il nous faudra un rendez-vous ! Tous les vendredi ou samedi soir, on se voit ! C'est obligatoire. Et on prendra des vacances ensemble !
-Il faudra voir avec nos gardes modéra Blaise avec un sourire déjà désolé sur le visage.
-On se débrouillera ! Tu ne vas quand-même pas délaisser ta femme avant même d'être marié !
Hermione sursauta légèrement mais cacha sa surprise. C'est vrai, dans le feu de l'action j'avais oublié de la prévenir. Blaise sourit une nouvelle fois gêné, craignant sans doute que sa fiancée ne mesure pas le degré d'implication que nous allions devoir avoir dans nos études.
-Et toi Pansy ? Demanda Hermione.
-Commerce en premier, communication en deuxième et mode en dernier.
-Je ne pensais pas qu'on avait ce genre d'école !
-C'est en partenariat avec les écoles moldues.
Hermione acquiesça en silence en souriant, l'air songeuse.
-Bon, on s'y met ? Interrompit Blaise au sujet des révisions, plus anxieux que jamais.
Alors nous sortîmes docilement nos affaires et nous mîmes au travail.
La semaine fut studieuse. Sous l'impulsion d'Hermione et de Blaise, nous fîmes preuve de plus de rigueur et de discipline que je ne pouvais en soupçonner chez chacun de nous. Face à tant de bonne volonté, Harry, Ginny et Ron n'eurent pas d'autre choix que de plier lorsqu'ils arrivèrent le lundi. Il fallait dire aussi que le regard sévère d'Hermione laissait peu de place à la discussion. Nous prîmes quand même le temps de faire visiter le manoir et le parc à Ron qui se montrait curieux. Je pense que la grandeur des pièces et leur décorations raffinées l'ahurissaient, contrairement à Ginny qui s'était montrée peu impressionnable. Pour lui qui vivait avec huit autres personnes dans moins de deux cent mètres carrés, les mille cinq cents pour trois devaient lui paraître absurdes.
La cohabitation avec lui se passa à merveille et les quelques parties de Quidditch organisées à la diable se déroulèrent dans un fairplay à peu près serein. Et même si je sentais parfois passer sur moi son regard chargé d'envie, notre relation restait au beau fixe. Nous nous taquinions comme nous en avions pris l'habitude, Nott et Harry en prenant pour leur grade également. Mais la plus virulente était sans doute Ginny qui ne ménageait absolument personne tout en sachant rester très drôle.
Aussi, vint bien vite le samedi où devait avoir lieu le repas chez les Weasley. J'avais fini par me laisser convaincre par la lettre de Severus et Hermione. Je ne devais décidément avoir aucun instinct de conservation.
La veille, nous avions fait une excursion sur le chemin de traverse car nous étions nombreux à devoir faire des achats. Les Gryffondors partirent chez Fleury et Bott acheter de nouvelles fournitures scolaires, Blaise et Pansy avaient rendez-vous chez un prestataire pour leur mariage. Quant à Nott et moi, nous partîmes discrètement en quête d'un cadeau de remerciement à ramener chez les Weasley. Bien vite, nous nous décidâmes pour des chocolats.
Par réflexe, nous nous rendîmes chez le chocolatier le plus luxueux du quartier. Je pris un assortiment divers tandis que Nott lorgnait discrètement sur la boîte de cœurs fourrés au caramel. Il se moquait de moi en me disant sensible, mais moi, au moins, j'étais pas un canard !
-Prends-la, ça te fait plaisir ! Lui soufflais-je avec un sourire malicieux.
Il hésita un instant :
-Tu... tu crois ? Je veux dire, est-ce que ça ne fait pas trop ?
-Oh non, surtout avec ce ruban rose autour, c'est la sobriété incarnée !
Une envie de violence traversa son regard.
Je m'y étais fait, à la longue et cela faisait un bout de temps que je ne craignais plus pour ma vie lorsqu'il me regardait comme ça. Ma confiance en son self-control était telle que je lui apportais plus de crédit qu'à n'importe quelle autre. Aussi, je le taquinais sans vergogne.
-Malfoy, je veux pas plaisanter avec ça !
Il se figea un instant puis reprit :
-Donc c'est trop, c'est ça ?
-Oui, c'est trop ! C'est tellement mièvre que ça t'écœure avant même d'en avoir mangé un seul ! Mais est-ce que c'est si grave ? Si elle aime ça ! Et au moins, le message est clair ! Le plus important, c'est que tu puisses lui faire comprendre que tu... enfin tu sais bien !
-C'est à dire qu'on ne va pas se voir avant trois mois... renchérit-il.
-Oui, très bien alors !
-Donc j'y vais ?
-Oui !
-Sûr ?
-Non ! Bien sûr que non ! Je la connais pas ! Mais il faut tenter ! Et au pire, si tu n'oses pas l'offrir sur le moment, on les mangera, nous !
-Ton opportunisme est d'une telle trivialité !
-Je m'en fiche ! Allez, vas-y !
-Je serais mortifié, si je n'arrivais pas à lui offrir !
-Heureusement, manger du chocolat remonte le moral !
Il leva les yeux au ciel, agacé, mais toujours hésitant.
-Bon, si non, tu peux aussi prendre un truc plus... commun. La boîte que j'ai prise, elle est très bien !
-Plus impersonnelle, tu meurs !
-Mais c'est moins risqué !
-Bon, d'accord, tu as raison : je prends ça. Il vaut mieux jouer la sécurité.
Il avait enfin le visage fermé que présente une personne décidée. Nous nous rapprochâmes du comptoir :
-Messieurs ? Demanda la replète petite vendeuse.
-Bonjour, Une boîte... decœursaucaramel ! S'il vous plaît, répondit Nott précipitamment, ses joues gagnant une certaine couleur rouge que je ne lui connaissais pas.
Je luttais de toutes mes forces pour rester sérieux.
-Pas. De. Commentaires. Articula-t-il entre ses dents.
Puis il finit par s'effondrer mentalement sur lui-même.
-Je suis un misérable ! S'exclama-t-il défait.
-Mais non... réussis-je à répondre d'une voix chevrotante de rire.
Il reprit une expression polie lorsque la vendeuse revint vers lui pour lui demander s'il désirait autre chose.
-Et... une boite de truffes au chocolat noir... répondit-il.
-Pour mon père, m'expliqua-t-il ensuite à mi-voix. Il ne lui reste bien que ça.
Il paya et nous sortîmes aussitôt. Après quelques minutes de marche, nous croisâmes enfin les autres qui avaient fini par se retrouver au hasard de leurs errances.
-Où étiez-vous ? Demanda Pansy qui s'avançait vers nous.
-Chez le chocolatier pour... acheter du chocolat... à offrir demain. Expliquais-je un peu gêné, prenant soin d'occulter la déperdition de Nott.
-Ce n'était pas la peine, s'exclama Ron, gêné à son tour.
-Ça me fait plaisir, répliquais-je, obligé.
Je ne pouvais songer à ce repas sans frissonner : je ne m'y faisais pas ! Personne n'avait pensé à me prévenir que ce qui était prévu au menu, c'était moi ! Mais si j'arrivais d'abord à les gaver de sucreries, j'avais peut-être encore une chance de m'en sortir !
-Oh ! Des cœurs au caramel ! S'exclama Pansy en désignant une infime parcelle de ruban rose qui dépassait de la poche de Nott.
Quel... débutant.
-Elle a toujours tout deviné pour moi, y a pas de raison que tu y échappes ! Marmonnais-je a l'oreille de mon acolyte.
-Vous dites quoi ? Reprit-elle. C'est pour Abigail ?
-Tais-toi Malfoy. Pitié, tais-toi et laisse-moi encaisser sereinement.
-Mais oui c'est pour elle ! J'en suis sûre ! C'est tellement mignon ! Continua Pansy.
Je vis au sourire d'Hermione qu'elle approuvait. Je prenais note. Je trouvais ça mignon, qu'elle trouve ça mignon.
-Quelle horreur ! Commenta Ginny en faisant mine d'être prise de vomissements sous le regard un peu triste d'Harry.
Le pauvre. Une pensée émue pour lui et son romantisme.
Après un passage efficace à la boutique Weasley pour acheter de quoi rendre Nott malade la semaine suivante, nous rentrâmes tranquillement à Oaksey House. La journée fut paisible.
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Elle dormait encore, le visage perdu dans ses boucles. J'avais pris l'habitude de ses grasses matinées et, confortablement installé dans le lit à ses côtés, j'avais entrepris, pendant ces temps de calme, de me plonger dans les livres de comptes de la famille. Mon père n'avait jamais pris le temps de me mettre au fait de ses affaires. Il ne s'en entretenait qu'avec notre vieux régisseur qui avait été embauché par mon grand-père. Au retour du Seigneur-des-Ténèbres, il avait été licencié et avait pris la liberté de mourir de vieillesse six mois après. J'étais donc seul à devoir gérer ces affaires et tout ce que je peux dire, c'est que je n'étais absolument pas compétent.
Heureusement, tous les livres avaient été soigneusement conservés dans la bibliothèque et ce, depuis la construction puis l'installation de la famille à Oaksey House, au XIIe siècle. Dans les plus vieux, on parlait de dot, d'achat de chevaux et de réparation de heaumes cabossés. De vrais témoignages historiques qui pourraient intéresser Nott. Hélas, je n'avais guère le temps de me perdre là-dedans. J'avais choisi d'éplucher les comptes sur la période des trente dernières années. Mon père devait avoir une vingtaine d'année. Dans le premier livre, une écriture hachée et sûre d'elle, que j'imaginais être celle d'Abraxas. Dans le suivant, cette écriture disparaissait brutalement, quelques mois avant sa mort, pour laisser la place à des lettres écrites en pattes de mouche. Mon père.
Au fil de ma lecture, j'énumérais à voix basse la liste des recettes et des dépenses à ma plume à papote qui prenait tout en note consciencieusement. Nous dépensions bien sûr énormément en frais de personnel. Ces dépenses n'étaient plus désormais. Il y avait aussi l'entretien, la décoration et l'ameublement du manoir. Là non plus, je n'envisageais pas de dépenses supplémentaires à moins de subir des dégâts importants et imprévus. La nourriture. Poudlard, que j'avais enfin pu régler. Des assurances pour tout et n'importe quoi que j'allais devoir passer au peigne fin. C'était le projet de la semaine suivante. Des frais de réception... Mais je ne me voyais pas organiser des fêtes ayant le faste de mon enfance. En tout cas pas tant qu'Hermione et moi ne serions pas mariés : une réception de ce style organisée par un homme célibataire équivalait dans mon milieu à un appel au secours pour mettre un terme à sa solitude.
Et puis, la vie mondaine : le théâtre, l'opéra, les dîners en ville... où j'allais devoir faire acte de présence avec assiduité car c'était essentiellement lors de ces événements que j'allais pouvoir entretenir des liens avec les autres "bonnes familles". C'était une communauté fermée mais solide, sur laquelle je pouvais m'appuyer : les Zabini, Nott, Parkinson, Bullstrode, Greengrass, Flynt, Higgs, Pucey... et j'en passe ! Désormais maître d'un domaine, j'allais nécessairement apprendre beaucoup à leur contact : amis de mes parents, ils étaient pour certains des associés et leurs enfants que je fréquentais allaient un jour devenir les miens. Lors des entractes ou devant un verre de digestif après le repas, on s'échangeait des tuyaux et on savait prendre soin de ceux qui traversaient une mauvaise passe, toute relative bien sûr... En contrepartie, évidemment, l'hypocrisie et la rigidité de l'étiquette régentaient ces soirées, mais cela ne me dérangeaient pas. J'étais né et éduqué pour cela.
Enfin, j'allais devoir ajouter une nouvelle dépense, qui ne figurait pas dans livres jusqu'à ce que j'hérite : le dictat imposé par la communauté magique à l'issu du procès de mes parents. Je devais m'acquitter d'une lourde dette envers la société. Une somme pharaonique, astronomique qui avait été déterminée à l'issu du jugement de mes parents. C'était elle qui m'inquiétait le plus. Les autres dépenses dépendant de notre train de vie, il était toujours possible de se serrer la ceinture mais celle-ci était incompressible. Bien entendu, il y avait toujours la solution de vendre le manoir et les fermes alentours mais c'était la voie de la facilité et surtout ce serait un outrage envers mes ancêtres. Je devais me battre pour garder l'héritage Malfoy intact : je ne m'en considérais pas comme le propriétaire. J'en avais seulement l'usufruit, comme mon père avant moi et mes enfants après moi. Mon objectif était de me débarrasser de cette dette avant que ces derniers n'héritent de tout. Aussi, j'allais devoir jouer des coudes pour augmenter mes revenus.
Déjà, j'allais travailler, une première chez les Malfoy ! Ensuite, il y avait le loyer des fermes et de quelques biens que nous possédions dans le village d'à côté et sur le chemin de traverse. J'hésitais à mettre en location l'appartement de Severus, malgré son conseil de le garder secret. Mon père avait aussi des parts dans une société d'import-export située à Exeter... Je découvrais seulement maintenant qu'il s'était associé aux Greengrass. J'allais devoir les contacter pour qu'ils m'expliquent tout cela... Et après seulement, je leur ferai part de mon souhait de rompre l'engagement qui me liait à leur fille. C'était compliqué. J'allais devoir demander des conseils, aux Parkinson peut-être, pour diversifier mes profits car je sentais que les Greengrass avaient dors et déjà un pouvoir de nuisance dans mes affaires... Je devais en toucher un mot à Nott, lui aussi écrasé par la même sorte de dette.
Un grognement peu élégant me sortit de ma rêverie. Hermione entamait son réveil. Je souris, attendri, et délaissais les livres de comptes. Je recouvrais soigneusement de plâtre toutes mes angoisses concernant ce sujet : aujourd'hui, j'aurais décidément d'autres chats à fouetter. Les mains et l'esprit libre, j'entrepris de m'allonger contre son corps toujours chaud et nu, conséquence de nos activités de la veille, à l'image de toutes les autres veilles de cette semaine. Nous étions insatiables. Elle reposait sur le ventre et une telle position me donnait accès à son dos sur lequel je déposais de légers baisers, ponctuant ainsi mes phrases.
-Il est neuf heures trente... On doit être... chez les Weasley... à 11h30... Si on veut... déjeuner une dernière fois... avec les Serpentards... Il faut se lever...
Deuxième grognement et elle se retourna pour me faire face, les yeux encore bouffis de sommeil.
-T'as dit qu'il était quelle heure ? demanda-t-elle d'une voix pâteuse.
-Neuf heures trente, souriais-je.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'adorais quand elle était comme ça.
Troisième grognement, de mécontentement cette fois-ci. Elle se frotta les yeux et finit par réussir à les ouvrir sans cligner. Elle me sourit.
-Ça fait longtemps que tu es réveillé ?
-Depuis une heure et demie.
Elle s'étira bruyamment.
-Oh, je sais vraiment pas comment tu fais.
Dans son mouvement, elle passa ses mains dans mes cheveux. Alors, je l'embrassais tendrement. Elle approfondit le baiser en se pressant contre moi avec une idée on ne peut plus claire derrière la tête et, bien que j'eusse fortement envie d'y adhérer, je m'écartais d'elle.
-On a pas le temps, souriais-je une nouvelle fois.
-Je sais, répondit-elle avec une mine mécontente qui me rappelait Pattenrond.
-Ce soir ? proposais-je.
-Je reste chez les Weasley, tu sais bien !
-Tu pourrais rester une semaine de plus, répondis-je en reprenant les baisers sur la peau douce de ses clavicules. On serait tranquilles... tous les deux...
Je n'avais vraiment pas envie de me séparer d'elle.
-J'ai dit aux Weasley que je restais... C'est important pour moi de les voir.
J'acquiesçais en silence en caressant sa joue de mes lèvres. Cette semaine, de toute façon, je devais aller à Exeter pour mettre tout au clair et défricher toutes les assurances souscrites. Elle défit ses mains autour de mon cou pour les laisser retomber avec vigueur contre le matelas.
-Bon, finit-elle par dire avec une jolie expression décidée sur le visage, il faut y aller.
-Oui.
-Tu ne bouges pas ?
-J'attends que toi, tu bouges.
-Non, toi, tu te lèves d'abord !
Je pouffais de l'immaturité de cette situation. Alors, avec regret, j'amorçais un mouvement mais soudain elle se jeta sur moi pour m'entraver.
-Bah alors, tu te lèves pas ? demanda-t-elle malicieusement en me câlinant.
J'éclatais de rire en levant les yeux au ciel. Vraiment, cette fille...! C'était du grand n'importe quoi !
-Je voudrais bien, mais tu me bloques !
-C'est pas moi ! C'est... le Kraken !
-Allez, Mme le Kraken, il faut nous laisser maintenant, on va être en retard !
J'attendis, mais elle ne bougea pas d'un iota.
-Dans ce cas, je vais devoir user d'un maléfice puissant pour nous libérer.
Un soir, explorant inlassablement son corps, j'avais découvert qu'elle était extrêmement chatouilleuse. Alors, je rapprochais mes mains de ses côtes en manifestant de manière évidente mon attention de l'y chatouiller. Je n'eus même pas à la toucher. Par anticipation, elle se crispa et s'écarta vivement.
-Noooon ! Se plaignit-elle.
Je profitais de l'ouverture pour me lever.
-Allez, allez, on y va ! Essayais-je de la motiver en me dirigeant vers la salle de bain.
