Ccassandre24 : Oui, je comprends que le changement radical de Poudlard vers l'hôpital soit assez brutal et qu'il faille un temps d'adaptation, c'était ma crainte justement ! ^^ J'espère que la création de ce nouvel univers continuera à te plaire ! ^^ Ah super ! Je suis contente que leur POV te plaise ! Je n'ai pas réussi à garder régulièrement Hannah (ça faisait trop de trucs à gérer ! ^^) Mais je vais vraiment développer Cho ! ^^ C'est déjà le chapitre 40... Moi qui te disais, dans les premiers chapitres, que ça tiendrait sur une quarantaine... X) Là, j'ose même plus faire de pronostics. X) Merci encore pour tous tes retours ! Bonne lecture ! ^^

40-«Ami prends garde à l'eau qui noie. Sois prudent, reste sur le bord.» («sauve-toi de lui...», Maupassant)

Ça faisait maintenant deux semaines qu'ils avaient commencé leur études à l'hôpital et maintenant Cho s'était bien familiarisée avec les lieux et ceux qui y travaillaient. Elle avait déterminé grossièrement qui semblait fiable et qui ne l'était pas, à qui on pouvait se confier et qui il fallait éviter à tous prix. Alexander Joyce avait été très présent. Il lui avait montré les recoins secrets de l'établissement et l'attendait toujours pour manger. Il était gentil.

Et puis son titulaire était un véritable amour. Très pédagogue et patient, elle avait l'impression de beaucoup apprendre à son contact. Enfin, Sarah, sa marraine, était vraiment aux petits soins avec elle. Elle se sentait infiniment chanceuse. Le système de plage horaire défini avec Malfoy fonctionnait bien : à 7h40, elle le trouvait toujours dans la même posture, adossé au mur, patientant sagement. Quand elle ouvrait la porte, il tournait son visage vers elle avec un petit sourire discret et la saluait. Et finalement, même ça, ça commençait à faire partie des choses qui la rassurait.

Cho finit de se changer. Elle se frotta les bras pour réchauffer son corps habillé de cet uniforme froid d'être resté la nuit ici. Elle avait encore deux minutes alors elle prit le temps de refaire sa queue de cheval à l'aide d'un petit miroir fixé à l'intérieur de la porte de son casier.

Soudain des voix venant de l'extérieur. Elle resserra sa couette d'un geste sec et ferma son casier. Elle sortit sans attendre.

-Écoute, il faut juste patienter encore... deux minutes. Juste deux minutes.

-Je m'en fous Malfoy. J'ai une intervention dans un quart d'heure. J'ai pas le temps de prendre en compte les humeurs de Chang. Laisse-moi passer !

Le blond consulta sa montre, interdisant toujours l'accès à Joseph Andersen.

-Une minute !

-Mais tu te prends pour qui pour bloquer la porte à un des tes supérieurs ?

Cho devina le sourire narquois se dessinant sur les lèvres du blond lorsqu'il recadra le petit homme trapu, tout en muscle et en nerf devant lui.

-T'es en troisième année de stage, Andersen, répliqua-t-il sèchement, alors redescends sur terre. Et quand bien même tu serais titulaire, mon seul supérieur, c'est Wood.

-Et elle va dire quoi en apprenant que tu joues au videur ?

-C'est une excellente question, ça ! Je suis curieux ! Alors va te plaindre, je t'en prie !

-C'est libre, réussit à placer Cho d'une voix timide.

Les deux hommes se tournèrent vers elle d'un même mouvement. Centre de l'attention, elle prit instinctivement le tissu ample de son uniforme pour le resserrer contre elle, comme s'il s'agissait des pans d'une veste que l'on ferme étroitement pour cacher son corps.

-Enfin ! S'exclama Andersen en levant les yeux au ciel et, tandis que Malfoy s'écartait, il fut violemment bousculé de l'épaule par son précédent interlocuteur.

Malfoy pouffa en dodelinant de la tête, l'air de trouver absurde la brusquerie de son camarade. Ça n'avait pas l'air de le toucher plus que ça.

-Merci, souffla-t-elle à son gardien en passant près de lui dans l'exiguïté du couloir.

Toujours ce sourire discret et cette odeur de cèdre.

-J'espère... chuchota-t-elle.

-A plus tard, coupa-t-il sans le savoir car elle avait parlé trop doucement.

Et il s'engouffra dans les vestiaires.

Elle reprit sa route, troublée. Elle le soupçonnait déjà et ce qui venait de se passer le confirmait : Drago Malfoy valait peut-être un peu plus qu'un troll. Elle dépassa les toilettes sans s'en rendre compte. Elle ne pensa même pas à pleurer.

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Alors qu'elle arrivait à 12h15 en salle de pause, elle trouva les autres déjà en train de manger efficacement. Les autres, c'est à dire : Alexander, Zabini et Malfoy. Elle avait vu Hannah brièvement dans les couloirs : elle devait arriver plus tard car un cas préoccupant de morsure de sombral venait tout juste d'arriver dans son service. C'était le jour où ils devaient se positionner pour leurs gardes de l'année : exemptés le premier mois, ç'allait être une toute autre chanson à partir du mois d'octobre. Hannah l'avait chargée de l'inscrire en veillant à ce que les deux Serpentards n'en profitent pas pour tout lui mettre sur le dos.

Cho prit son courage à deux mains et se rapprocha de leur table. Heureusement, Alexander était présent et l'aperçut de loin. Il lui fit signe en lui souriant gentiment. Quant à Zabini et Malfoy, ils levèrent les yeux vers elle alors qu'elle n'était plus qu'à deux ou trois mètres d'eux. L'expression sur leur visage était toujours égale, pour ne pas dire froide. Il était difficile de lire en eux.

-C'est la fiche d'inscription pour les garde, renseigna Zabini en plongeant ses yeux sombres dans les siens. Malfoy veut se tuer à la tache.

Ladite feuille d'inscription était posée sur la table et effectivement, un binôme devant s'inscrire chaque vendredi, il avait inscrit son nom chaque semaine. Il avait fait de même pour toutes veilles de jours fériés, excepté Noël. Il devait sans doute avoir quelque chose de prévu...?

-Tu vas mourir, Malfoy, confirma Alexander. Commence doucement et tu augmenteras le rythme quand tu te connaîtras mieux.

-Écoute-le ! renchérit Zabini.

-Je n'ai pas le choix ! J'ai une dette à payer !

-On s'en fout de la dette ! reprit son acolyte. On parle de ta santé !

-Et moi je te parle du manoir !

-C'est quoi cette histoire de dette ? Demanda Alexander.

-C'est une dette que la famille Malfoy doit rembourser à l'issue du procès de mes parents.

-Et tu n'aurais pas quelqu'un qui pourrait t'aider, de la famille...

Malfoy haussa les sourcils, lançant un regard désabusé à son parrain qui se mit à rougir, mal à l'aise.

-Un oncle ou une tante...

Le regard de Malfoy s'intensifiait alors qu'Alexander commençait à transpirer à grosses gouttes.

-Ou... plutôt...des cousins...

Malfoy durcit encore son regard mais Cho eut cette sensation étrange que la situation en réalité l'amusait et qu'il faisait tout cela pour tourmenter son aîné.

-Éloignés... en... Alaska...

-Il ne me reste qu'une tante, qui doit sans doute me haïr et son petit fils... Il avoir un an et demi aujourd'hui... Mais la famille Malfoy, stricto sensu, aujourd'hui, ne compte plus qu'un membre, trancha son héritier d'un ton qui suggérait qu'il fallait changer de sujet.

Il reprit d'une manière plus légère, sans doute pour détourner l'attention et détendre l'atmosphère. Il avait une sorte de petit sourire gêné et il avait rosi très légèrement.

-De toute façon, il me faut de quoi amortir une jolie dépense que j'aurais à faire pour la fin du mois.

Zabini pouffa.

-Il se passe quoi, à la fin du mois ? questionna Alexander, exprimant ainsi toute la curiosité que pouvait ressentir Cho.

Malfoy ne répondit pas, les yeux baissés. Regrettant peut-être d'en avoir trop dit. Cependant, on ne pouvait pas contester que sa tentative de diversion était une franche réussite.

-C'est l'anniversaire d'une certaine personne, répondit Zabini avec un sourire moqueur.

-Ah Malfoy ! S'exclama Alexander, hilare, malgré ce masque mortuaire qui te sert de visage, tu as tout de même un cœur qui bat !

-Parle plus fort, marmonna ironiquement Malfoy en regardant furtivement autour de lui.

-SOUS CE MASQU...

Mais il n'eut pas le temps d'en dire plus car il se fit bâillonner rapidement et peut-être un peu brusquement par le blond.

-Tester mon self-control ne fait pas partie de tes fonctions, Joyce.

-Z'est zelle de Hugues et O'Brien, articula Alexander derrière la main de son filleul.

On devinait son sourire malicieux. Cho sursauta en entendant ces deux noms. Alors eux aussi en avaient fait les frais ? Hannah s'était déjà plainte plusieurs fois d'eux. Elle, jusqu'à présent, avait été épargnée, elle ne savait par quel miracle.

-Et ils sont bons pour ça, sourit Zabini. N'empêche, qu'est-ce que tu leur as envoyé hier midi !

-Oh oui, rétorqua Alexander malgré son bâillon en levant les yeux au ciel. Ils vont au moins le laisser tranquille jusqu'à...

Il fit mine de compter sur ses doigts :

-La prochaine fois qu'il le verront ! Félicitation !

Zabini pouffa tandis que Malfoy libérait la bouche de son parrain.

-Tu vas forcément tomber dans leurs services un jour ou l'autre alors, comme je te le dis à chaque fois, Malfoy, laisse tomber et fais profile bas.

-Hors de question qu'ils m'imposent leur régime de terreur.

Un silence contemplatif s'abattit sur le groupe. Tout le monde devinait l'origine de cette prise de position. Aussi, personne n'insista davantage.

- Bon alors, tu vas lui offrir quoi ? Reprit leur aîné, soucieux peut-être de changer de sujet.

Malfoy sourit à son tour, de son éternel rictus.

-Tu es bien curieux, Joyce.

-Un livre, suggéra Zabini. Elle adore lire !

Malfoy leva les yeux au ciel en soupirant et s'exclama :

-Mais tout le monde lui offre des livres ! Elle en a plein ! Elle en a trop ! On a plus de place !

Sa fausse exaspération ne réussit pas à contenir l'expression douce qui se peignait sur son visage. Une expression que Cho ne lui connaissait pas... Et qui lui allait bien.

-Vous habitez ensemble ? reprit son parrain sur le ton de la confidence.

-Depuis juillet, répartit succinctement Malfoy.

-Bon, alors quoi Malfoy ? Insista Zabini, certain sans doute que l'autre Serpentard avait déjà une idée précise sur le sujet.

-On a qu'à demander Cho ! Elle a peut-être une idée de cadeau, sourit Alexander en se tournant vers elle.

Elle ne put s'empêcher de se crisper sous les six yeux braqués sur elle.

-Eh bien...

-J'ai déjà mon idée, de toute façon, interrompit le blond.

Zabini pouffa, content d'avoir eu raison.

-Mais quoi ? S'obstina Alexander et Malfoy pouffa pour cacher sa gêne.

-Un truc qu'elle n'oserait jamais s'offrir.

-Roh Malfoy, petite crapule ! S'exclama Alexander en le gratifiant d'une bourrade dans l'épaule.

-Je peux savoir pourquoi tu penses tout de suite à un truc de crapuleux ?!

-Je te l'affirme, Malfoy, de la lingerie en dentelle noire, avec des nœuds rouges et qui révèle juste ce qu'il faut, c'est tout à fait crapuleux.

-Mais j'ai jamais parlé de ça !... Et... cette description est bien trop précise pour être honnête !

Puis, marquant une pose et se ressaisissant :

-Tu prêches le faux pour avoir le vrai n'est-ce pas ?

Cho, de plus en plus mal à l'aise, feignait de remplir la fiche d'inscription pour elle et Hannah, ne perdant pas une miette pourtant de la conversation.

-Peut-être, répondit Joyce, se mordant la lèvre pour ne pas rire.

Malfoy soupira en levant une énième fois les yeux au ciel.

-Bon, c'est un collier avec une perle de nacre en pendentif et ses boucles d'oreilles assorties.

-Tu m'étonnes que tu aies besoin d'autant de gardes ! Prends-en deux-trois en plus ! S'exclama Alexander.

-Très drôle.

-Et puis... c'est pas un truc de vieux, ça ? Il y a des bijoux qui pourraient faire plus jeune.

-Ça fait pas vieux, ça fait classe, mon pauvre ! S'exclama Zabini, qui devait avoir reçu la même éducation en matière de goût que Malfoy.

-Ah ! Tu vois ! Répondit Malfoy avec une mine de satisfaction insolente.

Entre temps, Cho avait fini de remplir la feuille. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Zabini avait raison.

-Ça te convient ? Demanda-t-on d'une voix toujours un peu froide par défaut.

Elle leva les yeux pour rencontrer deux orbes grises qui, d'un mouvement, désignaient la fiche d'inscription.

-Oui, répondit-elle sur le même ton, raidie par ces manières, parfaitement polies mais glaciales.

Elle se demandait alors si elle n'avait imaginé le sourire chaleureux qui avait percé quelques minutes auparavant sa carapace. Ce devait être ce genre de choses auxquelles seule Hermione Granger devait avoir accès. Alors, Malfoy devait être une sorte de pièce a deux faces, radicalement différentes, exposant l'une ou l'autre selon avec qui il était.

-Zabini, je crois que ton parrain essaie de communiquer avec toi... remarqua Alexander.

Ils se tournèrent tous vers Andersen qui les fixait. Dès que le regard du filleul croisa celui de son parrain, ce dernier lui fit signe de monter.

-A ce soir, souffla Zabini.

-On y va aussi, de toute façon répondit Alexander en buvant d'une traite le reste de son verre d'eau. A plus tard, Cho, ajouta-t-il en se levant.

-A plus tard, sourit-elle.

-Salut, reprit Malfoy sans lui jeter un regard.

Elle ne le prit pas mal. Peut-être était-il tout simplement ailleurs ?

000

Nous avions rendez-vous au Chaudron Baveur avec Nott et Pansy à vingt-heures et sans doute serions-nous rejoints plus tard par Hermione, Harry et Ron. Lorsque nous arrivâmes, les deux étaient déjà installés et bavardaient tranquillement. Dès qu'ils nous virent, ils nous sourirent. Nous n'avions pas pu nous retrouver la première semaine car ils avaient été accaparés par leurs parents. Je savais de Zabini que Pansy se sentait dans son élément dans son immense amphithéâtre et Nott et moi nous étions échangés quelques hiboux pour nous donner des nouvelles.

-Par Merlin, Drago, tu as l'air épuisé ! S'exclama Pansy avec sa délicatesse habituelle.

-Et encore, attends qu'on commence les gardes ! Il s'est inscrit à toutes ! Renchérit Zabini et je levais les yeux au ciel.

-Comment allez-vous ? enchaînais-je, soucieux de ne pas reprendre une conversation qui m'avait lassé quelques heures plus tôt dans la journée.

-Ça va ! s'exclama Pansy.

-Et les cours ?

-On apprend plein de choses utiles ! Reprit-elle. D'autres un peu moins, mais ça laisse du temps pour travailler celles qui le sont !

-Tu n'écoutes déjà plus en cours, souriais-je, désabusé.

-J'ai une écoute sélective, corrigea-t-elle.

Alors elle développa en détail ses matières tout en justifiant si oui ou non, elles étaient dignes d'intérêt.

Mon sourire ne me quitta pas de tout son exposé. Elle n'avait pas changé. Ce n'est pas que je craignais réellement qu'elle change. C'était plus que je me réjouissais de la retrouver aussi fidèle à elle-même que dans mon souvenir.

Elle avait rencontré deux filles, avec qui elle s'entendait bien. Zabini les trouvait superficielles et futiles. Il s'était ouvert à moi les concernant pas plus tard qu'hier. Pansy avait toujours eu un léger penchant comme cela mais elle savait être fiable et elle était redoutablement intelligente. Zabini regrettait qu'elle s'attache à ce genre de personnes qui, selon lui, ne la méritaient pas. Il avait peur, je crois, qu'elle change et que cette part d'elle prenne le dessus. J'essayais de le réconforter comme je pouvais, lui rappelant que la sournoise et manipulatrice Daphné Greengrass n'avais pas réussi à l'influencer lorsqu'elles avaient pris l'habitude de se fréquenter à Poudlard.

-Oh, à propos ! S'exclama Pansy au milieu d'une phrase. Est-ce que vous serez à la première du théâtre Shaftesbury ?

Ce théâtre était le seul à proposer des représentations accessibles seulement pour les sorciers, une fois par semaine, le jour de fermeture aux moldus. Bien que sur le principe tous les sorciers avaient la possibilité d'acheter des places, le prix se faisait suffisamment dissuasif pour le commun des mortels. Aussi, ce théâtre était un de ces lieux privilégiés par les sorciers de la noblesse et de la haute bourgeoisie, très largement Sang-Pur, au moins Sang-Mêlé, pour se rencontrer. C'est que Maccius Peverell, le directeur du théâtre, lui aussi Sang-Pur, tenait à cette tradition, laissant les sorciers moins aisés se contenter des séances tout public.

-Ils jouent quoi ? demandais-je, peu motivé par ce genre d'événement.

-Othello !

-Encore ?!

-Mais Drago, c'est mis en scène par la célèbre Viviane Davies! Ça n'aura rien à voir avec celle de la dernière fois !

-Tout le gratin sorcier sera là je suppose... suggéra Nott avec un air ennuyé.

-Bien sûr ! C'est pour ça qu'on doit y être !

-Tu as des places ? Demandais-je sans conviction.

-Oui ! Et j'ai même réussi à en avoir pour vous ! Et elle sortit de son sac à main trois places. Vous voyez, je pense bien à vous ! S'exclama-t-elle, la voix un peu cassée.

Elle en tendit d'abord une à Nott.

-Nous aussi on pense bien à toi, répondit Nott en frottant énergiquement les bras de son amie qu'il sentait émue.

Elle lui sourit puis elle m'en présenta deux.

-Pour Hermione, expliqua-t-elle.

-Merci, c'est gentil, répondis-je en lui rendant son sourire, mais je ne sais pas...

-Allez Malfoy ! Ce sera l'occasion de saluer les Greegrass, fit remarquer Zabini.

Je soupirais : Blaise n'avait pas tort... J'essayai de contenir mon aversion profonde pour ce genre d'événements mondains, où il fallait faire bonne figure, paraître sociable et bien sous tous rapports. Cette soirée pouvait être l'occasion d'à la fois renouer un semblant de relation avec les Greengrass, contre-carrant leur plan de me faire venir directement chez eux, mais aussi d'introduire Hermione en douceur... Il serait bon aussi de créer de nouveaux liens qui nous seraient plus favorables. Et puis... j'avais une sorte de certitude concernant le fait qu'aller voir une pièce de théâtre, quelque soit le contexte, plairait à ma Gryffondor.

-Bon, d'accord, répondis-en me retenant de lever les yeux au ciel.

-Tu viens aussi Théodore !

Ce dernier soupira à son tour, facilement vaincu :

-Si je vois les Bullstrode, ce sera l'occasion de leur rendre mes devoirs plus brièvement qu'ailleurs. Comme ça mon père me laissera tranquille pour les deux prochains mois.

-C'est samedi 7 décembre ! Ça va être super ! S'enthousiasma Pansy.

On allait clairement pas vivre la même soirée.

La conversation dériva progressivement vers le mariage. Pansy avait des exigences millimétrées et Zabini stressait. Avec Nott nous tentions de tempérer l'un et l'autre, sans grand succès.

-A ce propos, reprit Zabini, gêné. Nous voulions vous demander quelque chose.

Il fut encouragé d'un coup de coude par Pansy. Je souris : elle ne le ménageait pas, le pauvre !

-Bon ! Poursuivit-il, est-ce que... Vous voudriez bien être nos témoins ? Et s'il faut choisir... Comme Drago, tu connais Pansy depuis plus longtemps, tu pourrais être le sien et Théodore le mien ?

-C'est d'accord, répondit le brun et j'acquiesçais à mon tour, touché par l'intention.

La réserve légendaire des Serpentards fit que nous ne nous appesantîmes pas sur cette bonne nouvelle, bien qu'elle nous émouvait tous, à notre manière. La conversation s'intéressa de nouveau quelques instants aux préparatifs et plus précisément à la question de la couleur des serviettes et des nappes. Des considérations qui, clairement me dépassaient.

Lors que le débat s'essouffla, Nott nous interrogea sur notre vie à l'hôpital. Zabini prit alors la parole et leur raconta tout sans omettre aucun détail, qu'il s'agisse de nos cadres ou de nos parrains respectifs. Nott se souvenait parfaitement de Joyce et Andersen. Les deux avaient été à Serdaigle, maison majoritaire dans la profession.

Mon compagnon d'infortune reprit en développant notre relation un peu incertaine avec Chang et Abbot et bien sûr, le chagrin de cette première nous occupa bien dix minutes. Puis, nous prîmes un temps nécessaire pour baver notre ressentiment concernant Hugues et O'Brien, largement encouragés par Pansy à qui son fiancé relatait nos joutes chaque soir, sans une seule once de mauvaise foi. Enfin, Zabini parla de nos services et de ma petite aventure qui avait failli me coûter ma place. Nott rit de mon audace et Pansy me houspilla gentiment.

Nott aborda de lui-même le sujet «Hermione». Je me doutais qu'il devait être sincèrement intéressé de savoir comment elle allait mais je sentais aussi le soin qu'il déployait pour éviter de parler de lui. Alors j'entrais dans son jeu : dix minutes plus tôt ou plus tard, il serait de toute façon pressé comme un citron par Pansy qui ne lâcherait rien.

Je racontais alors qu'Hermione s'était inscrite à toutes les options possibles imaginables et qu'elle croulait sous le travail. Elle semblait déjà avoir pris ses habitudes à la bibliothèque où elle restait tous les jours jusqu'à tard. Jusqu'à présent, nous avions toujours réussi à nous retrouver le soir mais je craignais que cet équilibre ne soit fragile... Ils acquiescèrent en silence, un peu désolés.

-On le savait, qu'elle était comme ça, commenta Pansy.

-Elle finira par trouver son rythme et ça ira mieux, renchérit Nott.

Je priais pour que cela soit le cas. Je m'étais inscrit tous les vendredi soir à des gardes et je savais qu'hélas c'était ce soir-là qu'elle devait être le plus libre, n'ayant pas cours le week-end. Je sentais une petite boule d'inquiétude se former dans mon estomac à mesure que je faisais état de la situation à mes amis. Dans la routine de la semaine, je n'avais pas encore mesuré la situation. Mais... ça irait quand même, n'est-ce pas ? Car après tout, il n'était pas obligé que la situation s'empire...?

Après que mes amis aient fini de me donner tous les arguments utiles pour me faire relativiser, un silence contemplatif s'abattit sur nous.

-Bon, et toi Nott ? Lança vaillamment Blaise pour nous désenliser de notre mélancolie.

-Ça va. Répondit-il succinctement.

Quelle erreur ! C'était mal connaître Pansy que de croire qu'elle se contenterait d'un simple «ça va».

-Les cours ? insista Pansy.

Alors Nott prit le temps de bien détailler chaque matière, plus consciencieusement encore que ne l'avait fait la sorcière. Sa soudaine loquacité ne voulait dire qu'une chose : ce n'était pas là qu'était le problème. D'ailleurs, il trouvait tous les cours intéressant et réussissait à faire de nombreux liens entre l'histoire moldue et celle de la magie. Le monde non-magique continuait d'ailleurs de le fasciner tout autant et il y passait désormais le plus clair de son temps. La seule flemme de vivre réellement en moldu, c'est à dire devoir faire soi-même ses propres tâches ménagères, ses courses et ses déplacements dans les transports en commun, le retenait de s'installer dans leur monde.

Hélas pour lui, le sujet devait bien s'essouffler un jour et Pansy revint à la charge.

-Et Abigail ?

Alors, un sourire un peu crispé s'installa sur son visage. Évidement que c'était ça ! Comment cela aurait-il pu en être autrement ?

-Vous êtes toujours ensemble ? Avança Pansy sans lui laisser le temps de répondre à sa première question.

-Oui, avoua-t-il.

Il sembla se retenir de poursuivre, l'air visiblement embêté.

-Mais...? Encouragea la sorcière.

-Mais... c'est compliqué, sourit-il pour cacher sa gêne.

-Oui, ça on le savait. Mais il y a quelque chose de nouveau ?

-C'est à dire que... Elle voudrait... plus ?

-Plus, c'est à dire !? S'enflamma Pansy.

-Et bien... ça fait plus de six mois qu'on est ensemble et... bon, heureusement, elle me croit orphelin... Mais, elle sait quand même pour vous... Et... elle aimerait bien vous rencontrer.

-Et bien, qu'attends-tu ?!

-Et bien j'attends rien du tout, voilà ! Répondit-il, piqué par le ton sec de son interlocutrice. Il faudrait une soirée sans magie dans le Londres moldu.

-Tu ne nous en crois pas capable ? S'indigna la jeune femme.

-On a qu'à aller dans leurs restaurants : on l'a bien fait plusieurs fois et ça a très bien marché ! Fis-je remarquer.

Il sourit.

-Là où on est allé, ce ne sont pas vraiment des restaurants. Ils ont des restaurants qui ressemblent aux nôtres où... bref. Je pensais plutôt le faire dans un appartement que je louerais pour le week-end... Parce qu'elle insiste aussi pour... découvrir là où j'habite... Mais je ne peux quand-même pas lui montrer Ardwell Park !

-Tout ça est compliqué... soupira Blaise en s'affalant sur son siège.

-Pourquoi pas un restaurant, quel qu'il soit, insistais-je, convaincu que c'était la solution la plus simple.

-Parce que je me dis que vous apporteriez du crédit à l'appartement.

J'acquiesçais en silence. Ça devenait intenable. Et si enfant ou adolescent, le mensonge ne me semblait être qu'une simple formalité, un moyen comme un autre d'arriver à ses fins, aujourd'hui il ne m'apparaissait plus que comme un objet dangereux qu'il fallait manipuler avec précaution et parcimonie...

-Mais attends, tu ne vas pas louer le même appartement à chaque fois qu'elle souhaite venir chez toi ! Et si elle voulait venir toutes les semaines ? Raisonnais-je à voix haute. Enfin... je ne sais pas à quel rythme vous vous fréquentez, ajoutais-je un peu gêné en constatant que je plaquais ma propre histoire sur celle de Nott.

-Elle a un appartement assez spacieux en banlieue... Il suffit juste de trouver un lieu trop petit et un peu miteux, histoire qu'elle comprenne qu'on est mieux chez elle.

-C'est tordu, soupira de nouveau Blaise qui, de son côté, n'avait pas perdu son horreur des faux-semblants.

-Bon, d'accord, valida Pansy avec une mine soucieuse. Quand ?

-Je ne sais pas... Dans deux semaines peut-être. Un samedi soir ?

-Très bien, consentit à son tour Zabini, plus par fidélité que par conviction, tandis que je hochais de la tête pour marquer mon accord.