Ccassandre24 : Salut ! Ahaha je suis pas assez sûre de ce que je publie pour me dire que ça va te plaire mais en tout cas je l'espère toujours très fort ! (Mais oui, en soi, je commence à cerner ce qui te plaît ^^) Et recevoir une confirmation fait toujours énormément plaisir ! ^^ Merci encore pour ton soutien : j'espère que la suite de cette soirée chaotique te plaira également ^^ Bonn lecture !

43-Se voir le plus possible et s'aimer seulement, Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge

(«Se voir le plus possible...», Alfred de Musset)

-Mince ! S'exclama Abigail, faisant ainsi sursauter Hermione et Théodore.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda ce dernier avec ce regard inquiet qui ne l'avait pas quitté de tout le repas.

Alors, elle s'en voulut de rajouter à cet inconfort qu'elle n'expliquait pas vraiment.

-C'est juste que... J'ai oublié de donner la recette à Blaise !

Les épaules du grand brun se détendirent.

-Tu lui donneras la prochaine fois, répondit-il de sa voix douce en caressant légèrement ses bras.

Elle avait commencé à faire couler l'eau dans l'évier et elle se contenta d'hocher la tête en guise de réponse affirmative. Il embrassa furtivement sa joue et se saisit d'un torchon pour essuyer la vaisselle qu'Hermione venait de rincer.

Abigail avait passé une très bonne soirée. Les amis de Théodore étaient vraiment très sympathiques. Tout s'était parfaitement bien déroulé et elle ne comprenait pas les réticences qu'avait pu avoir le jeune homme à les présenter. Bon, ils avaient l'air étranges de temps en temps et il y avait parfois dans leurs conversations des flottements à des moments parfaitement inattendus... Mais ce devait être la fatigue ! Après tout, trois d'entre eux avaient veillé la nuit dernière et ils avaient effectivement l'air exténués.

Pansy avait un franc-parler qui lui plaisait et qui l'avait vite mise à l'aise. Blaise, quant à lui, transpirait une sorte de générosité qu'elle aurait du mal à décrire. Expressif, on pouvait facilement deviner ses mouvements d'humeur. Drago-Prénom étrange ! Et cette couleur de cheveux...!- était plus effacé mais ne manquait aucune occasion de lancer un trait d'humour ironique auquel les autres répondaient avec vivacité. Parlant peu de lui, elle avait compris que ses parents étaient morts, comme ceux de Théodore et que c'était un point commun qui les avait rapprochés. Mais ce ne devait pas être leur seule ressemblance car Abigail devinait un même esprit tourmenté bien caché derrière un sourire de façade, un même esprit brillant et une pudeur qui les faisait trop souvent taire.

Quant à Hermione, elle était profondément gentille et attentionnée et sa conversation était tellement intéressante ! Aussi vive que Théodore, elle avait la tête sur les épaules et un vrai sens des réalités. Elle ne lui avait pas encore montré, mais Abigail sentait aussi chez elle un caractère aussi passionné que le sien et son choix de faire des études dans le droit laissait présager des valeurs qu'Abigail pensait partager. Peut-être, par la force des choses, finiraient-elles par devenir véritablement amies ?

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Hermione appréciait réellement la compagnie d'Abigail et les deux jeunes femmes avaient repris leurs joyeux bavardages ponctués par Nott, plongeant leurs mains délicates dans l'eau brûlante, usant leurs ongles roses contre le fond des plats et des casseroles, comme si de rien n'était.

Drago avait fini par s'endormir profondément sur son bras.

-Le pauvre, sourit tendrement Abigail en le voyant. Ça doit être tellement dur !

Hermione concéda pour la première fois de la soirée à poser son regard sur lui. C'est vrai qu'il avait l'air mal en point. Ils s'étaient dit qu'ils se coucheraient tôt... Et il était déjà minuit et demie... Il risquait de ne pas récupérer assez pour la semaine qui arrivait.

L'image de Mme Weasley dans sa cuisine s'imposa à l'esprit d'Hermione : "Une vie de tracas, lui avait-elle confié en parlant d'Arthur. Cet homme aura passé sa vie, de ses douze à ses quarante-neuf ans, à me causer du souci." Et elle sentait bien que Drago lui réserverait le même sort.

Elle avait peut-être réagi un peu fort, tout à l'heure.

Devant son visage endormi encore marqué par la fatigue, elle sentait la culpabilité la ronger. Elle ne cautionnait toujours pas la manière dont tout cela était en train d'être mené mais elle avait été tellement dure ! Elle avait refusé de le regarder, de le toucher et qu'il la touche... Il ne méritait sans doute pas ça. Trop passionnée, elle s'emportait vite dès qu'une situation lui paraissait injuste. Lui restait si calme ! Elle devait définitivement mettre de l'eau dans son vin. Parler en adulte... Elle n'avait pas complètement disparue, l'adolescente qui envoyait un escadron punitif de canaris sur Ron et Lavande !

Et Théodore ? Peut-être pas un connard. Juste un paumé. Et conseillé par trois autres inadaptés sociaux. Il fallait qu'elle lui parle.

Le bref silence contemplatif fut rompu :

-Il s'oublie beaucoup dans son travail... fit remarquer Théodore en s'adressant à la Gryffondor. Il se donne beaucoup je crois, insista-t-il. Et il tient beaucoup à toi. S'il fait des erreurs, c'est sans penser à mal.

Hermione sourit. Théodore, ce fidèle allié qui essaye de redorer le blason de son ami. Ils faisaient bien la paire tous les deux. Solidaires dans leurs difficultés.

Ça avait dû se voir, le froid qu'il y avait entre son amoureux et elle. En même temps, elle ne s'était cachée de rien, et elle avait récolté ce qu'elle semait. D'abord, le regard plein de reproche de Pansy qui lui en voulait de malmener son protégé malgré leur discussion du week-end dernier. Blaise, craignant trop les orages, avait adopté un ton mielleux en s'adressant à Drago pour le réconforter tout en évitant soigneusement d'avoir affaire à elle de quelque manière que ce soit. Aussi, il avait passé la soirée à lorgner sur la bouteille d'eau, sans oser lui demander qu'elle la lui passe. Nott, quant à lui, se sentant peut-être un peu coupable de les entraîner dans ce plan foireux tentait maintenant de sauver la mise du blond... Comme il pouvait.

-Ça semble lui tenir à cœur, son travail, enchaîna gentiment Abigail.

-Oui, avoua Hermione, attendrie. Mais peut-être un peu trop...

-C'est le temps de prendre vos marques. Ca va finir par se tasser... encouragea Théodore.

-Je n'en suis pas sûre... A partir de maintenant, il aura une garde par semaine. Tous nos week-end vont être conditionnés par ça. On rentre tard tous les soirs de semaine. On ne va plus se voir...

-Tu lui en a parlé ? S'enquit le Serpentard.

Et elle pouffa d'un rire sans joie.

-Et quand ? On s'est à peine vus cette semaine et je n'avais pas envie d'aborder ce sujet qui fâche le peu de temps où on est ensemble.

Soudain, elle se figea : finalement, elle se rendait compte qu'elle faisait exactement ce qu'elle lui reprochait : ne rien dire de désagréable pendant le peu temps qu'ils avaient ensemble.

-En tout cas, quand on vous regarde tous les deux, ça semble tellement être une évidence... sourit doucement Abigail. Vous vous aimez tellement que vous trouverez bien une solution.

-Merci, répondit Hermione, surprise de la franchise de la jeune femme.

-Rentrez Hermione, reprit cette dernière.

-Je ne vais pas vous laisser finir alors que vous avez tout préparé...

-Hermione, coupa Théodore, il en a besoin.

-En plus, on a presque fini, sourit Abigail, sans doute pour adoucir les paroles de son cher et tendre.

Hermione savait bien que ses réticences n'étaient pas tant dûes au fait de laisser le couple se dépatouiller avec les quelques assiettes à rincer mais plutôt à sa crainte de se retrouver seule avec Drago. Elle allait sans doute devoir s'excuser de s'être emportée, elle allait devoir reconnaître ses torts et elle n'aimait pas ça. Et lui, allait-il reconnaître les siens ? Car il ne semblait pas vouloir comprendre son besoin de transparence. Même si elle sentait bien qu'elle aussi aurait des efforts à faire dans ce domaine.

Mais, parce qu'elle était une Gryffondor, elle prit la situation en main. Alors, armée de son courage, elle s'essuya au torchon que lui tendait Théodore et se dirigea vers son amoureux.

-Drago, souffla-t-elle à son oreille en caressant doucement ses cheveux.

Elle dut s'y prendre plusieurs fois avant qu'il n'émerge. Il inspira d'abord une grande goulée d'air puis ouvrit les yeux, ses paupières papillonnant à cause de la lumière blafarde de la pièce. Elle se mit à sa hauteur :

-On y va ? sourit-elle.

Il se redressa et sans crier gare l'enlaça avec force alors qu'elle était encore accroupie devant lui. Elle faillit perdre l'équilibre mais il semblait ne pas l'avoir remarqué, perdu encore dans les brumes du sommeil.

-Pardon, implora-t-il à mi-voix. Je vais me rattraper !

-Viens, on rentre, répondit-elle dans un sourire gêné adressé à l'autre couple, dont les membres, surpris de la scène, n'avaient pas eu le temps de détourner le regard par pudeur.

Drago finit par relâcher sa prise et passa une main sur ses yeux pour se réveiller complètement. Il sursauta presque en remarquant la présence d'Abigail et Nott à quelques mètres de lui.

-Pardon, répéta-t-il en revêtant son masque de marbre. J'étais vraiment fatigué et... Ce n'est pas que c'était une mauvaise soirée...

-On comprend, sourit Abigail en lui pressant le bras. Ce n'est pas facile. Rentrez vite vous coucher.

-Blaise et Pansy ?

-Partis il y a une heure.

Drago leva les yeux au ciel, maugréant contre lui même.

-Je vous prie encore de bien vouloir m'excuser !

-On te dit qu'on comprend, pouffa Nott en fouettant la cuisse du blond avec son torchon. Allez mon grand, va te coucher !

Drago sourit malgré la honte qu'il pouvait ressentir. Effectivement, s'endormir devait fort peu ressembler au protocole d'un dîner, se moqua intérieurement Hermione.

-D'accord. Bon... bonne nuit. Merci encore.

-Bonne nuit, répondit Abigail. Mais... vous voulez qu'on vous appelle un taxi ? Il n'y a plus de métro à cette heure.

-On va marcher, sourit Hermione. L'air frais nous fera du bien.

Abigail n'insista pas. Drago tendit sa main vers la Gryffondor en regardant celle qu'il aimait d'un air tendu et Hermione la saisit en la caressant légèrement de son pouce.

Ils transplanèrent dès que la porte se referma sur eux.

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Abigail retourna à sa vaisselle et elle sentit deux mains se poser sur sa taille et une tête reposer sur la sienne. Elle adorait quand il se faisait tendre. Ce n'était pas si souvent. Très cérébral, c'était souvent à elle d'initier ces moments de tendresse. Elle avait compris, avec le temps, qu'il n'avait pas reçu beaucoup d'amour jusque là et que tout cela lui était parfaitement étranger. Il apprenait lentement à s'ouvrir et elle aurait la patience nécessaire.

Avare en paroles, il ne l'était pas dans ses petites attentions du quotidien. C'était des fleurs, de temps en temps, la cuisine et le ménage faits, ses affaires repassées lorsqu'il rentrait avant elle à son appartement. C'était comme vivre à l'hôtel ! Et elle avait peur de ne pas en faire assez par rapport à lui. Il fallait dire aussi qu'absorbée par ses études, elle négligeait largement les tâches ménagères et n'osait pas imaginer l'état de son appartement sans l'intervention quasi divine de Théodore qui faisait place nette en une heure ou deux. Quand elle lui faisait part de ses craintes, il souriait d'un air énigmatique en disant que ce n'était rien. Aussi, Abigail ne redoutait absolument pas le moment où il emménageraient tous les deux.

Très indépendante, elle acceptait parfaitement ses propres besoins de solitude et son côté taciturne. Dans les faits, ils ne passaient pas énormément de temps ensemble mais lorsqu'ils l'étaient chaque minute était parfaite.

-Tu ne veux pas qu'on s'en occupe demain ? L'entendit-elle suggérer d'une voix plaintive.

Elle sourit : c'était bien la première fois qu'elle le voyait faire preuve de flemme.

-On a bientôt fini ! On sera débarrassés comme ça !

Un grognement réprobateur et il lâchait ses hanches pour de nouveau s'atteler à l'essuyage des verres.

-Tu as passé une bonne soirée ? Demanda-t-il, concentré sur les verres, qu'il essuyait consciencieusement avec lenteur.

-Super ! Ils sont tous très sympas ! sourit-elle. On sent que vous êtes très soudés. Vous avez une sorte de lien... L'internat sans doute ! Ils ne sont pas aussi bizarres que tu pouvais me le faire croire ! Fatigués sans doute... Et...

Un soupir cette fois-ci et il avait suspendu son geste. il la regarda avec un air si tourmenté qu'elle avait l'impression de découvrir un nouveau visage.

-Ecoute, je n'ai pas été tout à fait franc avec toi.

Cette phrase claqua comme un coup de tonnerre dans une nuit paisible. Une porte qui claque sous l'effet d'un courant d'air qu'on n'avait pas senti. Soudain, une sensation de tournis, comme aspirée par le sol. Elle se cramponna à l'évier pour éviter de tomber. Le vertige se dissipa progressivement alors qu'il gardait son regard rivé sur le verre qu'il était en train d'essuyer.

Jamais elle ne l'avait vu aussi sérieux, et pourtant, le garçon était loin d'être un boute-en-train. Il se tourna vers elle et planta ses beaux yeux noirs dans les siens pour la regarder avec intensité.

-Ah non ? Encouragea-t-elle d'une voix tremblante, alors qu'il semblait se perdre dans ses pensées.

-Tu as raison, finit-il par reprendre. Lorsque tu dis qu'il y a un lien en plus.

-Lequel ? chuchota-t-elle comme si les moisissures des murs pouvaient les entendre.

-Je ne vais pas pouvoir te le dire... Pardonne-moi.

-Pourquoi ?

-Parce que... c'est trop compliqué.

-Je peux comprendre.

Il soupira une nouvelle fois et laissa reposer ses mains contre le rebord de l'évier. Il releva la tête, comme si le dessin des lézardes du plafond pouvait l'aider.

-On a... une sorte d'anomalie qui fait qu'on est pas comme les autres.

Le cœur d'Abigail manqua un battement.

-C'est grave ? S'exclama-t-elle malgré elle.

-Non. Mais ça fait seulement de nous des gens... différents.

-Une sorte de handicap ?

-En un sens, répondit-il dans un souffle.

-Tu ne peux pas me dire quoi ?

-Je n'y arrive pas encore. Mais je te promets qu'un jour, je saurais te le dire.

Abigail acquiesça en silence. Si déjà ça n'impactait pas sa santé, c'était une bonne chose. Mais l'incrédulité la prit. Théodore, différent ? Elle avait du mal à le concevoir ! Et, sans vouloir les offenser, ses amis avaient eux aussi tout ce qui était de plus... banal. Elle fut parcourue d'un frisson, tenaillée par la crainte. Malgré ses efforts pour minorer l'importance de la chose, le fait qu'il n'arrive pas à la nommer ne pouvait pas être sans raison. Elle détestait les approximations et les tâtonnements. Or, c'était tout ce qu'il pouvait lui donner sur ce sujet.

Parcourant des yeux son visage en quête d'un signe, il remarqua ses épaules se tendre sous l'effet du frisson et il la prit dans ses bras un peu plus vivement qu'il ne l'aurait voulu.

-Ça ne doit pas te faire peur. Ce n'est rien en soi. Ça n'empêche pas de vivre normalement.

-Mais tout à l'air si... normal, justement ! Et je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter un peu pour toi. Et si cette anomalie ne restait pas anodine ? Si ça changeait ?

-Elle le restera, fais-moi confiance. Et je te promets de tout te dire... Plus tard. Je ne suis pas encore prêt. Mais j'y travaille.

-D'accord, finit-elle pas répondre en saisissant le pull de son amoureux, enfouissant son visage contre son épaule. Il resserra son étreinte.

-Merci, d'y travailler, souffla-t-elle.

C'était bien la seule chose qu'elle pouvait faire. Il eut un pouffement sans joie, presque incrédule. Il se redressa pour plonger de nouveau son regard dans le sien.

-C'est moi, qui te remercie de me faire confiance. J'apprends beaucoup avec toi.

Et sur ses mots, il captura ses lèvres d'abord avec tendresse puis avec passion.

Investigatrice née, elle ne put s'empêcher de parcourir son crâne à la recherche d'une malformation quelconque sous couvert de lui caresser les cheveux, et son dos, qui peut-être comportait une vertèbre insolite ou supplémentaire. Qui sait ? Elle savait pourtant qu'elle ne trouverait rien mais c'était compulsif. Après six mois de relation et de multiples nuits d'amour, son corps, elle le connaissait par cœur et rien, jusque là, n'avait attiré son attention, si ce n'est ce joli grain de beauté dans son cou et la douceur de sa peau presque glabre sur sa musculature fine d'intellectuel. Elle commençait à parcourir consciencieusement son torse lorsqu'il rompit leur baiser.

-Tu ne trouveras rien de ce côté là non plus, sourit-il.

Elle lui rendit son sourire, un peu coupable. Il devinait toujours tout. A croire qu'il était télépathe.

-Ca c'est toi qui le dit ! Un bon journaliste va toujours vérifier ses sources.

Et, sans aucune hésitation, elle releva le pull de son interlocuteur qui pouffait en le lui rabattant sur le visage. Elle parcourut son corps de caresse, amusée par la tournure des événements. Il avait quelques cicatrices, certaines plus profondes que d'autres. Elles avaient toutes une histoire. Le chien du voisin, une chute alors qu'il cabriolait sur le dossier du canapé, un hameçon de pêche mal envoyé ou encore un bâton lancé et mal réceptionné... Et puis... cet accident de voiture où il avait perdu son père, il y a un an et demie, et qui avait fait de lui un orphelin, sa mère étant morte de maladie à ses six ans. C'est à cet âge que l'enfant turbulent s'était assagi. Drôlement assagi. Peut-être trop.

Et tous : lui, Drago et Hermione, Blaise et Pansy... avaient cette même lueur étrange dans le regard. Rien à voir avec cette fameuse bizarrerie que Théodore lui avait annoncée. Non. Cette lueur elle croyait la reconnaître. C'était celle des gens qui avaient souffert.

A tâtons, Théodore releva son pull à elle et lui fit subir le même sort. Elle avait sa vue parfaitement obstruée par le tissu.

-Bah bravo. Comment on termine la vaisselle maintenant ?

-Quelle vaisselle ? Je vois pas de vaisselle, entendit-elle rétorquer d'une voix étouffée par les étoffes.

Et elle devinait son sourire en coin. Elle ne put s'empêcher de pouffer.

Alors, elle sentit deux bras l'enlacer et un baiser se déposer sur ses cheveux. Délicatement, il retira complètement son pull à la jeune femme, toujours sans rien voir et elle en fit de même pour lui. Et, désormais, au vu de la tournure des gestes qu'ils avaient l'un envers l'autre, la fin de cette fameuse vaisselle allait effectivement devoir attendre le lendemain.

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A peine leur transplanage se terminait, qu'il reprit :

-Hermione, je te prie de bien vouloir m'excuser. Je sais que tu tiens à savoir les choses et moi, je repousse toujours le moment de te les dire. Je suis un parfait crétin. Et vraiment, je me déteste d'être comme ça. Je crée des problèmes alors qu'il ne devrait pas y en avoir. Et, je suis d'accord avec toi, Nott déconne vraiment sur le coup et plusieurs fois, j'ai vraiment cru qu'on était cuit. Et peut-être que j'aurais dû prendre mon courage à deux mains pour tout révéler mais je me suis dit que ce droit ne me revenait pas et puis, après tout, je ne suis peut-être aussi qu'un incapable de Serp...

Il ne put pas poursuivre, ses lèvres emprisonnées par celles de la Gryffondor. C'était un baiser passionné et si soudain que d'abord la surprise l'empêcha d'y répondre franchement. Cependant, il se reprit bien vite pour rendre à sa Gryffondor la même ferveur. Ils finirent par se séparer, le cœur battant et essoufflés.

-Je ne me suis pas bien comportée non plus tandis que toi, tu es resté raisonnable, sourit timidement la Gryffondor, honteuse ne pas avoir fait le premier pas. Reconnaissant ses torts immédiatement, il avait été plus intelligent qu'elle.

Il sourit à son tour :

-Ma fougueuse Gryffondor.

-Mon raisonnable Serpentard.

-On rentre ? Proposa-t-il.

Effectivement, ils se trouvaient devant le porche de l'entrée et Pattenrond les regardait à travers la fenêtre éclairée par un reste de feu. Hermione acquiesça silencieusement, trop heureuse de retrouver son amoureux et son chez-elle.

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Lorsqu'Abigail se réveilla à trois heures du matin à cause d'une envie pressante, elle crut voir, en se redressant dans le lit, le torchon essuyer un verre. Tout seul. Elle fronça les sourcils et contourna cette foutue table branlante pour se rapprocher mais une fois devant le plan de travail, plus rien ne bougeait. La vaisselle avait été faite. Théodore avait du se relever pendant la nuit et son imagination ensommeillée avait dû faire le reste. Elle sourit : il n'était vraiment pas possible ! Quelle idée de faire ça la nuit !

Une fois son besoin soulagé, elle retourna prestement sous la couette, frigorifiée, et se blottit contre le corps chaud de son amant, toujours nu de leurs activités de la veille. Vivement qu'elle retrouve son lit douillet de chez elle. S'il y avait bien une chose sur laquelle Théodore n'avait pas exagéré, c'était bien l'état de son appartement. Un vrai taudis ! Elle croyait entendre bouger dans le mur et le voisin du dessus devait sacrément être indisposé au vu de la fréquence à laquelle il tirait la chasse d'eau. Elle se promit que jamais plus elle n'insisterait pour venir chez lui.