45- «Autour de nous tout menace, Tout s'émeut, luit et grimace» («Sur le pays des chimères», Gérard de Nerval)

La première chose qui marqua Hermione en arrivant dans le hall du théâtre, ce fut la lumière. Les multiples et immenses lustres aux milliers de chandelles diffusaient un vif éclat réverbéré par les innombrables dorures qui recouvraient stucs et ferronneries. Les murs, les colonnes, les myriades de statues, le sol... Tout, absolument tout, était de marbre, blanc, rose ou noir. C'était trop. Et en même temps, c'était merveilleux. C'était... un autre univers... Après quelques secondes où elle parcourait avec des yeux avides le vaste espace déjà bondé, elle se reprit. Il ne devait y avoir qu'une roturière pour se comporter ainsi !

Déjà de nombreux regards se tournaient vers eux pour les épier. L'héritier le plus en vue et la Sang-de-Bourbe. Joyeux mélange ! Tandis qu'on était tout sourire devant lui et qu'on le saluait en lui adressant des politesses mielleuses, elle, se voyait au mieux ignorée, au pire dévisagée avec mépris. Alors, il apparaissait à Hermione que c'était le monde à l'envers. Elle, révérée à Poudlard et dans le monde magique commun était détestée ici. Et lui, haï dans ces lieux, se retrouvait désormais porté aux nues. Pansy lui avait parlé de l'hypocrisie du milieu, alors, Hermione avait au moins espéré qu'ils feraient semblant de la considérer. Mais visiblement, ils ne se donnaient même pas cette peine. Mépriser les Sang-de-Bourbe devait être tellement admis, accepté par tous, que personne ne se sentait obligé de lui accorder un quelconque respect. Charmant.

Cela la crispa plus encore, si cela était possible, et une sombre rage bouillonna en elle.

Soudain, elle sentit un bras enserrer sa taille avec force et elle releva son visage vers son cavalier. Alors qu'il répondait brièvement aux sollicitations, il avait revêtu son fameux masque de marbre. Son léger sourire affable digne du parfait petit Serpentard ne réussissait pourtant pas à tempérer son regard féroce qui semblait pouvoir changer en pierre n'importe qui. Sa stature droite et rigide l'avait de nouveau métamorphosé en cette statue de saint que l'on trouve à l'entrée d'une cathédrale gothique, imposant, forçant le respect de l'assemblé en la surplombant de sa grande taille. Et ce bras, reposant dans son dos semblait aussi protecteur que les immenses et épais murs d'une Église.

-Drago ! Entendirent-ils appeler soudain.

A une dizaine de mètres d'eux se trouvaient le trio infernal qui leur souriait. Pansy leur faisait un discret signe de la main. Ils étaient accompagnés d'un couple entre deux âges et d'une femme plus jeune, eux aussi tournés en leur direction.

Cette dernière était le portrait craché de Blaise dont elle tenait le bras. Sa robe claire sublimait son teint mat et ses cheveux crépus avaient été tirés, lissés en arrière et arrangés en un chignon simple mais élégant. Ses yeux délicats en amande semblaient pétiller d'intelligence.

Quant à l'autre couple, Hermione devinait qu'il devait s'agir des parents de Pansy. Le visage de cette dernière était un heureux mélange de ceux de ses parents : la bouche fine et le nez droit de sa mère d'une part, la dureté des traits de son père dont les rides accentuaient encore cet effet d'autre part. Elle avait également hérité de ses cheveux lisses et sombres, qui chez lui, commençaient à grisonner. Dès qu'elle les aperçut, la mère de Pansy leur sourit tandis que son père avait préféré les détailler de bas en haut, mais sans hostilité. La femme portait une robe couleur olive très simple, de la même couleur que le veston de son mari. Ainsi, c'était cela, s'accorder.

Elle porta de nouveau son regard vers Drago qui lui présentait son bras en la couvant du regard. Elle remarqua alors qu'il avait sa cravate et son mouchoir de poche assortis à sa robe. Jusque là, elle n'avait pas fait attention. Dieu merci, il y avait pensé ! Il était bon pour sauver les apparences. Elle saisit son bras et ainsi, elle eut l'impression de former avec lui un bloc inaltérable.

Il posa sa deuxième main sur la sienne.

-Est-ce que tu cherches à me sectionner le bras ? Se moqua-t-il à son oreille.

-Et ta langue est la prochaine sur la liste, s'entendit-elle rétorquer sèchement, à cran.

Elle se sentait déjà coupable de sa rudesse mais elle n'était pas d'humeur à plaisanter. Pourquoi fallait-il qu'il la titille à un moment comme celui-là ? Et elle ? Pourquoi la stress la faisait toujours sur-réagir ?

Lui, pouffa, jamais atteint par ses réparties, et cela la rassura. Puis, il l'entraîna vers le groupe alors qu'elle convoquait tout son sang froid, prête à tout essuyer et à riposter. Ils se saluèrent brièvement, beaucoup plus simplement que ne l'avait imaginé Hermione. Point de baisemain ou de révérence. Vraiment, elle débarquait, avec ses préjugés ! Drago, en homme du monde accompli, fit immédiatement les présentations. Comme si c'était nécessaire !

-Hermione, je te présente M. et Mme Parkinson et Mme Zabini ; M. et Mme Parkinson, Mme Zabini, je vous présente Hermione Granger.

Ils la saluèrent d'un bref signe de tête et elle y répondit en les imitant.

La mère de Blaise amorça tout de suite la conversation :

-Allez-vous souvent au théâtre Miss Granger ?

-C'est la première fois, avoua-t-elle en feignant l'assurance.

Évidemment, le théâtre de campagne où l'emmenaient ses parents pour voir des adaptations de contes quand elle était petite, ça ne comptait pas. Ces derniers, plus à l'aise à l'extérieur qu'à l'intérieur, n'était pas des gens de culture et dès que l'occasion se présentait, ils fuyaient Londres, où ils avaient leur cabinet dentaire, pour partir faire de la randonnée.

La mère de Pansy tenta de cacher sa surprise par un sourire bienveillant mais cela n'empêcha pas malgré tout Hermione de sentir le petit vent coulis de la honte s'immiscer insidieusement en elle malgré sa résolution de se montrer forte et inatteignable.

-Dans ce cas, ce sera une excellente première fois ! Avez-vous lu les critiques, Drago ?

-Rapidement. Elles sont bonnes, je crois.

-Excellentes ! Théodore nous disait à l'instant que la metteuse en scène commençait aussi à se faire un nom dans le monde moldu.

-C'est vrai ! Enchaîna ce dernier. Elle travaille actuellement sur une pièce d'Ibsen, il me semble.

-Elle s'inspire du travail de Max Reinhardt, je crois, compléta Pansy.

Reinhardt, Ibsen... Autant de choses, de noms qu'elle ne connaissait pas ! Cela faisait bien longtemps que ce sentiment d'ignorance et d'infériorité ne l'avait pas prise. Même en arrivant à Poudlard, elle ne l'avait pas ressenti, ayant dévoré une dizaine de livres relatifs à l'histoire de la magie, L'Histoire de Poudlard en tête, pendant l'été précédent sa première année. A l'époque, elle connaissait mieux le monde magique que certains Sang-Purs de son âge. Dès les premiers cours, elle avait prouvé à tous ses très bonnes aptitudes tant théoriques que pratiques. Aussi, cette hiérarchie du sang, elle n'y avait pas cru une seconde et elle pouvait passer outre les jugements et les insultes qui l'attaquaient sur ses origines...

En revanche, elle ne supportait pas l'idée qu'on puisse la trouver médiocre, bête, inculte. Son intelligence, son savoir, c'était sa fierté, ce par quoi elle s'était habituée à briller, à recevoir des compliments. Car derrière, c'étaient des années et des année de travail acharné. En fière héroïne de guerre qui avait vaincu leurs idéaux racistes, elle s'était crue capable de se moquer de leur affronts, mais, touchée à son point sensible, son orgueil de puits de science ébranlé, elle se rendit compte qu'elle n'était en réalité qu'un vulgaire château de carte.

Mal coiffée, mal maquillée et inculte.

Elle se sentit rougir et si d'aventure on l'interrogeait de nouveau, elle savait qu'elle ne serait bonne qu'à bafouiller. Pourtant, les Parkinson n'étaient même pas hostile ! Heureusement, le supplice s'arrêta lorsqu'une sonnerie retentit et que tous les groupes se dirigèrent vers les portes que l'on venait d'ouvrir.

-Vous permettez ? demanda le père de Pansy à Drago en proposant son bras à Hermione.

Mais avant que ce dernier ne puisse répondre quoi que ce soit, elle prit le taureau par les cornes. Elle était peut-être une ignorante, une idiote même, mais elle allait apprendre, exactement comme à chaque fois qu'elle se trouvait devant une situation inédite. La Sang-de-Bourbe s'était mieux approprié Poudlard que les Sangs-Purs ; la roturière connaîtrait mieux le théâtre que ces nobles. Un regain de rage de vaincre inonda son être. Cette vague bouillante, elle la connaissait bien, c'était elle qui l'avait faite se relever après chaque insulte, chaque échec.

Demain, elle irait chez Fleury et Bott.

Elle laissa dans un coin de sa tête ses nouvelles résolutions pour le moment, rassurée d'avoir trouvé une solution à ce problème. Pour l'heure, il fallait qu'elle s'intègre.

-Oui, il permet, sourit-elle en saisissant le bras ainsi tendu, ce qui décocha un sourire à son interlocuteur.

-Je vous abandonnerai au premier étage avertit-il, vous êtes au deuxième.

Un silence s'installa alors qu'ils se dirigèrent à pas lents vers les portes où se pressaient tous les sorciers.

Elle sentait peser sur elle les regards lourds de curiosité mesquine. On pouffa une ou deux fois derrière des mains gantées de soie tout en la dévisageant.

-Ne faites attention à rien. Le théâtre, ici, ce n'est pas tant sur scène qu'il se passe que dans les loges. Tout n'est qu'apparences et représentation. Ne vous laissez pas affecter.

-Et ce monde vous convient ?

Hermione avait du mal à concevoir comment on pouvait sciemment choisir de se plonger dans cette atmosphère aussi lourde et épaisse que de la crème pâtissière.

-On s'y fait. Et, à notre âge, nous ne sommes plus les protagonistes des intrigues les plus croustillantes, sourit-il. On a enfin l'occasion de se rendre au théâtre pour lui-même. Mais vous... vous venez d'entrer dans la tourmente.

-Une tourmente ? pouffa sardoniquement la Gryffondor. Pour Drago peut-être, mais pour moi, c'est une impasse : j'ai l'impression que mon sang n'attirera toujours que le mépris, quoi que je fasse, répondit-elle et, à chaque fois qu'elle levait les yeux, elle en rencontrait d'autres en train de la scruter sans pudeur.

-Comme je le répète souvent à Pansy, le respect ne se gagne pas, il s'impose. Vous saurez trouver une brèche pour vous faire accepter à votre manière et les gens finiront par oublier vos origines. Faites-vous confiance. Pour l'instant, contentez-vous de sourire et de faire bonne figure. Votre apparition a été remarquée par tous et tout le monde est au courant du scandale qui entoure votre relation avec un jeune homme déjà promis. L'opinion de la majorité est en faveur des Greengrass. Ces derniers n'ont pas été avares en médisances à votre sujet. Mais cela ne durera pas. Attendez que tout cela se tasse : un nouveau scandale de pacotille aura tôt fait de recouvrir le votre. Et puis... faites les mentir : prouvez que vous êtes digne du statu d'une Mme Malfoy.

Ces mots piquèrent au vif Hermione : justement non ! Elle ne le serait ja-mais !

-Mais ce n'est pas moi. Je ne peux pas ! Je peux faire semblant de sourire mais je ne peux pas devenir quelqu'un d'autre !

-Il ne s'agit pas vraiment de l'être, mais de faire illusion. Faites comme les autres : jouez un rôle.

Elle allait de nouveau protester mais il ne lui en laissa pas l'occasion :

-Viendra un temps, pas si éloigné, où les Greengrass réclameront leur dû à Drago. Il n'y a que trois issues possibles : soit la famille de la jeune fille plie, soit il accepte le mariage, soit les deux restent campés sur leur position mais Drago se retrouve ruiné. Il m'a écrit une lettre le mois dernier. La situation est on ne peut plus claire.

-La ruine, est-ce que c'est si grave ? Il a un travail, il pourrait... vendre le manoir, nous pourrions trouver un appartement ou...

Il pouffa.

-Miss Granger, c'est ce que nous, roturiers, ne pouvons pas comprendre. Ma femme est pareille : il y a un attachement viscéral des châtelains à leur domaine, si bien qu'après deux jours de villégiature à peine, elle se languit déjà de Ramshaw Park... Drago a déjà perdu ses parents et leur estime : il ne renoncera jamais à la fierté de ses aïeux. Et puis... qui voudrait d'un manoir aussi hanté qu'Oaksey House ?!

-Les faire plier alors ?

-Les faire renoncer à ce mariage ? Ça n'arrivera pas sans une lourde contre-partie. Ce contrat vaut de l'or, croyez-moi.

-Mais Drago a déjà engagé toutes ses économies et celles de ses parents dans le remboursement de la dette... Les loyers qu'il perçoit y sont également entièrement destinés. Dans les faits, il n'a plus rien à part ce manoir. Pourquoi insister ? Ils n'y gagneront rien ! Avec ou sans mariage !

-Souvenez-vous que vous êtes dans une société d'apparences. Porter le nom des Malfoy ouvre beaucoup de portes. Il a de l'influence et beaucoup de familles rêvent d'inclure ce nom dans leur arbre généalogique. Leurs origines sont claires et leur sang est plus pur que de l'eau de roche. Peu de personnes se réjouissent de votre union car elle marque la fin d'une lignée de Sang-Purs et restreint davantage encore le nombre de familles du registre. Seulement du gâchis pour certains tandis que d'autres comprennent déjà le risque couru à ne se marier qu'entre soi, parmi un groupe de plus en plus limité...

-Alors, c'est vraiment lui qu'ils veulent...

Il acquiesça en silence puis poursuivit :

-Contrairement à ce que le commun des mortels pense, la vraie richesse des Malfoy n'est pas à Gringotts mais dans leurs veines... Les Sang-Purs, eux, le savent très bien.

-Et ils seront prêts à tout, réalisa Hermione, le souffle coupé.

Elle avait beau monter des marches, il lui semblait tomber.

-C'est pour cela, Miss Granger, que pour faire plier les Greengrass, vous devrez jouer avec leurs codes car c'est avec ça qu'ils le tiennent, montrez que vous savez vous adapter. Gagnez des alliés : vous en avez trop peu à ce jour. Cette histoire risque de se jouer jusqu'à l'usure d'un des deux partis. La bataille sera longue et il aura besoin de soutien... N'oubliez pas que c'est aussi pour vous qu'il se bat.

La tête d'Hermione commençait à tourner. Ils ne le lâcheraient pas ! il y a quelques minutes encore, elle pensait que cette histoire pourrait se régler à l'amiable, plus ou moins agréablement, à coup de pot-de-vins et d'arrangements purement financiers, aidés par Arthur et peut-être les Parkinson... Mais il ne s'agissait pas de cela !

Elle s'était imaginé que se poser et réfléchir aurait suffit à dénouer la situation : après tout, c'était bien comme cela qu'avec Harry et Ron, ils s'étaient débarrassés de Quirell, du basilisque, ou détruit des horcruxes ! Mais cette fois-ci, tout était différent. D'abord, elle ne maîtrisait rien de ce monde et rien dans les livres ne pouvait vraiment l'aider. Connaître le théâtre sur le bout des doigts lui éviterait de passer pour un troll des montagnes analphabète de temps à autre mais elle comprenait que le problème était bien plus vaste. Elle ne pourrait apprendre que sur le tas, par un jeu d'observations et d'essais-erreurs. Et alors la somme de savoirs à appréhender lui semblait vertigineuse, astronomique. Et surtout, il allait falloir être patiente, accepter de se tromper et de sentir cette honte lui mordiller régulièrement les entrailles.

Ainsi, pour l'heure, elle était au centre de l'intrigue sans pour autant pouvoir agir. C'était Drago qui tirait les ficelles et elle, devait se contenter de lui faire confiance. Défaite de ses atouts habituels, ses nouvelles armes lui faisaient horreur : jouer un rôle, mentir, dissimuler. Elle détestait ça. Cependant, elle aimait Drago et voulait rester avec lui : ça c'était une certitude. Alors, il ne s'agissait plus de se poser de questions.

Mais alors, cela impliquait de se battre, encore ! Sa vie ne serait-t-elle qu'un vaste champs de bataille où les ennemis divers et variés déferleraient comme les vagues d'une marrée ? Alors, pour la première fois face à un combat, une forme d'abattement la prit. Après tout ce qu'ils avaient traversé, Drago et elle n'avaient-il pas droit à un bonheur simple ?

-Je vous laisse ici, entendit-elle, comme si elle se trouvait à l'autre bout d'un tunnel rempli d'abeilles. Ne perdez pas espoir. Nous trouverons une solution.

Elle allait défaillir mais un bras la saisit de justesse et la supporta presque. Un sort informulé qui la fit légèrement léviter pour épargner ses jambes tremblantes.

-Qu'est-ce qu'il t'a dit ? gronda-t-on à voix basse près de son oreille.

-La vérité, répondit-elle d'une voix éteinte. Théodore, je...

-Tiens bon, coupa-t-il. Encore quelques marches. Ça va aller.

Elle le sentait dans sa voix : il bouillonnait de rage. Mais il se ressaisit vite. Il atteignirent enfin les portes en bois sculpté qui donnaient sur la salle de spectacle. Le marbre des escaliers laissa la place à une moquette carmin.

-Bonjour, adressa-t-il à l'ouvreuse d'une voix enjouée. P25 et 27 s'il vous plaît.

Elle réussit à sourire.

Sourire, sourire, sourire et donner le change. Puisqu'il le faut.

Sourire à l'ouvreuse lorsqu'elle lui tendit le programme de la soirée, sourire à la deuxième ouvreuse qu'il croisèrent alors qu'elle descendait les marches de bois, sourire à la vieille femme qui avait dû se lever pour les laisser passer devant elle. Sourire à Théodore aussi, même si cela ne le tromperait pas.

-Tu vas mieux ? S'enquit-il avec un air inquiet.

-Un peu. Merci.

-De l'eau ou quelque chose à manger ?

-Non, merci, sourit-elle, pour de bon cette fois-ci, devant sa sollicitude.

Alors, il s'installa plus confortablement.

-Que t-a-t-il dit alors pour te mettre dans cet état ? Je ne pensais pas qu'il serait insultant ou...

-Non, M. Parkinson est très bien. D'ailleurs, il m'a dit que lui aussi n'était pas de la noblesse.

-Oui, enfin... issu de la riche bourgeoisie tout de même, sourit-il en coin. Il a très tôt côtoyé les nobles...

Il scruta son visage un instant, comme s'il essayait de deviner la teneur de leur conversation.

-Alors ? finit-il par demander d'une voix adoucie.

-Il m'a tout expliqué. Drago était resté très vague sur ses obligations envers les Greengrass et M. Parkinson m'a révélé les vrais enjeux... Ce n'est pas qu'une question d'argent cette histoire, n'est-ce pas ?

-Non, fut obligé d'avouer le Serpentard, baissant le yeux. Mais je ne crois pas que Drago ait voulu te le cacher, ajouta-t-il précipitamment, comme s'il craignait une explosion. Je crois... que lui-même ne veut pas trop le comprendre.

C'est à ce moment que choisirent d'arriver Drago puis à sa suite Blaise et Pansy. Alors qu'ils remontaient les marches pour rejoindre leur rang, il ne la quittait pas des yeux, inquiet. Et pendant qu'il longeait les derniers sièges restants, son regard papillonna à plusieurs reprise sur leurs mains. Elle se rendit compte alors que dans son agitation, Théodore et elle s'étaient pris la main et ne s'étaient pas lâchés. Elle retira aussitôt la sienne, non sans rougir tandis que Drago essayait visiblement de faire abstraction. Il s'assit à côté d'elle et les lumières se tamisèrent jusqu'à s'éteindre complètement.

-Je suis désolé, j'ai été retenu par Mme Parkinson et Mme Zabini, une à chaque bras : pas moyen de m'en dépêtrer !... Je t'ai vue de loin...

-Ce n'est pas ta faute, chuchota-t-elle, la voix à moitié couverte par le bruit du bâton de bois que l'on frappait contre les planches de la scène pour marquer le début du spectacle.

-Je crois qu'ils se sont concertés, avant. Ils ont dû nous dire peu ou prou la même chose...

-Chut ! Pesta-t-on derrière eux tandis que le rideau s'ouvrait.

Cela clôtura la discussion. Ils se regardèrent un instant, devinant le visage de l'autre dans l'obscurité. Il embrassa furtivement sa joue puis il se détourna pour joindre ses applaudissements à ceux du public alors que le rideau s'ouvrait.

Lorsque le silence se fit de nouveau, il posa discrètement une main sur son genou découvert pour le caresser de son pouce dans un geste réconfortant.

000

Nott n'arrivait décidément pas à se concentrer et ce pour de multiples raisons.

Déjà, il semblait que la robe blanche ne soit plus le seul problème qui se posait à lui désormais. Car maintenant, il y avait la robe bleue, qui était, décidément, elle aussi très jolie. Malédiction. Il essaya d'imaginer Abigail dans la robe blanche, puis dans la robe bleue. Cela devait parfaitement lui aller aussi. Elle était belle, avec ses yeux clairs au point que l'on croyait voir à travers lorsque le soleil les éclairait et ses cheveux noirs et lisses qui tombaient lourdement sur ses épaules. Souples et soyeux, ils semblaient être une matière mouvante avec leur volonté propre.

Oui mais voilà : ses yeux n'étaient pas noisette, ni mouillés de larmes retenues. Ses cheveux n'étaient pas arrangés artisanalement dans un chignon qui était déjà en train de se défaire et n'avaient pas de reflets roux.

Pourquoi rien n'était simple ?! Abigail était parfaite pourtant ! Et il était certain de l'aimer. Tout lui apparaissait clairement quand il était en moldu, avec elle. Mais le mensonge était une sorte de champ magique invisible qui l'empêchait de se projeter sereinement. Et plus le temps passait, plus il redoutait le moment des révélations. Enfin, ces deux robes qui le transformaient en abjecte girouette. Pourquoi ? Puisqu'il était déjà amoureux... ça n'avait pas de sens. Peut-être parce que les deux jeunes femmes étaient très semblables. Tout comme lui et Malfoy l'étaient. Aussi, peut-être qu'Hermione était son Abigail sorcière, avec qui tout aurait pu être plus simple. Plus simple à la condition d'oublier qu'il existait une véritable Abigail.

000

J'essayais de contenir comme je pouvais l'état nauséeux qui me tenait depuis ma discussion avec Mme Parkinson et Mme Zabini. J'avais une heure devant moi pour me calmer et me recomposer un visage.

A côté de moi, Hermione tordait compulsivement le programme qu'on nous avait distribué. Dans moins d'une heure, il n'en resterait que de la charpie. Je ne l'avais même pas lu.

Je me méfiais de ce que M. Parkinson avait pu lui dire. Lui avait-il parlé de mariage sans détour comme l'avaient fait avec moi sa femme et Mme Zabini ?

Le contrat de promesse qui me liait à Astoria était à la limite du légal... mais, parce qu'il l'était tout de même, il ne pouvait pas être révisé ou annulé. Il était donc impossible de convoquer la justice. Il faudrait alors faire plier les Greengrass à l'amiable... ou par la force.

Pour Béatrice et Cordélia, c'était d'une évidence toute simple : il suffisait que l'on se marie, Hermione et moi. Un mariage sorcier ne pouvant pas se rompre autrement que par la mort d'un des membres, cela clôturait définitivement le débat et rendait toutes les pressions caduques. Bien sûr, il était impossible d'être marié à plusieurs personnes en même temps. Les Greegrass voudraient donc mettre leur menaces à exécution en me ruinant complètement...

C'est alors que rentrait en scène une petite clause... Clause qui avait sans doute été rédigée pour me protéger des aléas de la vie d'une part et Astoria d'un mariage infructueux sans héritier d'autre part. Ces petites lignes stipulaient que si, avant l'union, l'un de nous deux était rendu dans l'incapacité de remplir ses devoirs conjugaux : comme avoir des enfants par exemple ou assurer le confort de l'autre, suite à une maladie, une blessure ou un sortilège quelconque, alors le contrat se rompait et avec lui, l'obligation de se marier. Celui-ci devenait une simple association entre deux tiers qui me permettait de néanmoins percevoir les bénéfices qui me revenaient de droit. Or, la bonne nouvelle, c'est que le mariage sorcier était un sortilège !... Ainsi mon mariage avec Hermione était la porte de sortie pour sauver et notre histoire et ma situation financière.

Si les Greengrass refusaient l'application de la clause, cela se terminerait devant la justice mais Cordélia et Béatrice étaient confiantes. Le ministère ne pourrait cautionner en aucune façon la création de ce genre de contrat archaïque. Aussi, le Magenmagot, revanchard et se jetant sur l'occasion pour nuire à quelques Sang-Purs, nous acquitterait et obligerait les Greengrass à se plier aux clauses du contrat de la société d'Exeter... D'autant plus que ces honorables gratte-papiers ne sauraient rien refuser à une héroïne de guerre œuvrant pour l'extinction de l'une des plus anciennes lignées de Sang-Purs d'Angleterre. Non, vraiment, les Greegrass avaient tout intérêt à éviter que je leur colle un procès... On allait bien trouver un terrain d'entente...

Dis comme cela, cette manœuvre semblait être simple comme bonjour mais dans les faits, évidement (évidement !), ça ne l'était absolument pas. Parler de mariage à Hermione maintenant, c'était la catastrophe assurée. Dans moins d'un mois, cela ferait un an que nous avions échangé ce premier baiser dans l'obscurité du placard à balais du ministère et pourtant, elle ne savait toujours pas répondre à mes «je t'aime» et encore moins le dire d'elle même. Je ne savais pas trop pourquoi et j'essayais de toutes mes forces de ne pas me sentir blessé à chacun de ses silences. Alors, comme pour me protéger, je sentais que j'évitais de plus en plus de prononcer ces mots qui inondaient pourtant ma bouche.

Hermione délaissa l'équarrissage des feuilles de son programme pour poser sa main sur la mienne et poser sa joue contre mon épaule. Son autre main passa sous mon bras pour agripper ma manche. Bien sûr que si, elle m'aimait. Je ne devais pas m'arrêter à son silence mais plutôt me concentrer sur ses actes. Après tout : n'était-elle pas là, blottie contre moi dans ce théâtre, ma main dans la sienne après avoir affronté avec courage regards hostiles et sourires moqueurs ?

Je réprimais un soupir : mais allait-elle seulement continuer à m'aimer avec tout ce qui se profilait à l'horizon ? J'étais perdant dans tous les cas : lui parler de mariage et elle fuyait ; lui cacher était un sursis risqué et j'étais doublement perdant si elle l'apprenait de quelqu'un d'autre, furieuse de mes secrets. Que faire ? Je devais rapidement me fixer une marche à suivre car je voyais arriver la fin de la première partie de la pièce. D'abord sauvé par le lever de rideau, je ne pourrai pas éluder le sujet pendant l'entracte.

Bon. Déjà, sonder ce que M. Parkinson avait bien pu lui dire puis aviser. Voilà. Mais en premier lieu, j'allais devoir m'éclipser pour saluer les Greengrass. Tenir Hermione loin de ces nuisibles pour l'instant me semblait le plus approprié.

Le rideau se ferma et les lumière se rallumèrent.

000

Une douce clameur de bavardage s'éleva dans les airs alors que les gens commençaient tranquillement à se lever pour chercher des rafraîchissements et se saluer les uns les autres. Leurs places à l'avant dernier étage et sur le bras droit de la forme en U du théâtre permettait à Hermione d'embrasser du regard la salle et ses occupants.

Elle voulait rentrer. Elle n'avait pas pu se concentrer sur la pièce et n'avait rien suivi. Une fatigue générale s'était abattue sur elle. Elle n'avait même pas le courage de parler à Drago de sa conversation avec M. Parkinson.

-Je te laisse un instant. Je vais saluer les Greengrass. Je reviens le plus vite possible.

Et ce disant, sans oser lever son regard vers elle, il embrassa sa main avec délicatesse. Ses lèvres s'attardèrent un instant et Hermione se douta qu'il ne s'agissait pas tant d'un geste de tendresse envers elle qu'une manifestation publique. Lui si réservé d'habitude en présence d'étrangers ! Que devait-elle faire alors ? Entrer dans son jeu ? Comment ? Il la quitta avant qu'elle n'ait pu trancher cette question. S'éloignant, il lança un regard lourd de sens à Théodore.

Blaise et Pansy prirent rapidement congés, sollicités de toute part à la suite de l'annonce de leurs fiançailles. Hermione essaya un instant de s'intéresser au livret que lui avait donné l'ouvreuse-ou plutôt ce qu'il en restait, sans succès. Son regard fut immédiatement happé par l'apparition de Drago au balcon du premier étage en face de leurs places. Un couple était assis au premier rang accompagnés de deux jeunes filles qu'Hermione reconnut rapidement. Il s'agissait de Daphné et Astoria Greengrass. Elles n'étaient pas retournées à Poudlard et c'était comme si, en deux ans, elles n'avaient pas changé. Toujours ce chignon serré et ces yeux baissés de petites filles sages. Daphné, qui devait avoir leur âge semblait encore être une enfant. Ou alors, c'était peut-être Hermione qui faisait plus vieille qu'elle n'aurait dû ? Impossible de savoir. Les deux peut-être. Elles se tenaient droites et resplendissaient objectivement dans leurs robes de soirée. Mais on ne pouvait pas autant les remarquer que leur mère qui les dépassait sans nul doute en beauté et en charisme. Hermione ne réussissait pas à détourner son regard de cette femme.

Cette dernière accueillit Drago qui avançait vers eux. Lorsqu'il arriva à leur hauteur, elle tendit sa main et le contraint implicitement à la baiser, ce qu'il fit très sobrement. Elle se tournait désormais vers ses filles, sans doute pour leur réserver le même sort. Astoria était déjà en train de rougir. Celle-ci jeta un regard furtif en la direction d'Hermione qui eut la sensation d'avoir été prise en faute.

-Arrête de regarder. Ça ne sert à rien.

Elle se tourna vivement vers Théodore, qui n'avait pas bougé.

-J'avais oublié que tu étais adepte du «moins on en sait, mieux on se porte», répliqua-t-elle avec plus d'agressivité qu'elle ne l'aurait voulu en pensant à Abigail.

-Qu'est-ce que ça t'apporte de savoir qu'il leur a baisé la main ? Répondit-il sans sembler être touché par sa pique.

-Je n'aime pas rester dans l'ignorance.

-Tu n'entends même pas ce qu'ils se disent. Au mieux tu ne peux... qu'interpréter. Il n'y a rien de pire que l'interprétation. Ça tombe souvent à côté... Ce n'est pas comme si tu pouvais contrôler quoi que ce soit. Fais-lui confiance. En plus, regarder, c'est faire leur jeu. Montre que tu ne te préoccupes pas de ça, que votre couple est suffisamment fort pour qu'il n'y ait pas besoin de vous épier l'un l'autre et qu'un simple baisemain ne peut pas t'atteindre.

Elle ne put empêcher qu'un rictus plein de jalousie contenue ne se forme sur son visage.

-C'est ça se comporter en digne Mme Malfoy ? Être au dessus de tout ?

Il sourit :

-Tout à fait. Rajoute à cela une bonne dose de mépris pour le commun des mortels et tu seras parfaite.

Il avait raison. Ils espéraient la blesser et ils étaient trop nombreux, leurs attaques étaient trop mesquines pour qu'elle puisse user de sa répartie cinglante. Elle se rassit profondément dans son siège, de manière à ne plus voir la petite scène qui se déroulait sous ses yeux. Les mépriser. Voilà un projet qui était tout à fait dans ses cordes. Et si elle y mettait toute sa colère, tout son sentiment d'injustice, toute sa rancœur contre ce monde pétri d'intolérance et de fausseté, toute sa jalousie et son désespoir d'atteindre un jour le bonheur, elle serait redoutable.

Un silence s'installa.

-Tu n'as personne à saluer ?

-Non, Millicent est malade.

-Millicent Bullstrode ? Quoi ? Toi aussi...?

-Hélas. Heureusement, nous avons la chance d'avoir tout deux ce mariage en horreur. Alors, on alterne les excuses. La dernière fois, c'était moi, aujourd'hui, c'est elle. Ça a plutôt bien marché jusque là !

-Tu as aussi un contrat à faire annuler ?

-Oui, mais ce sera plus facile que celui de Malfoy. Les Bullstrode sont moins influents, ma dette est moins importante et puis... ils savent très bien que je n'ai pas peur de vendre le manoir au besoin.

-Tu le ferais ?

-Pourquoi pas ? Je ne compte pas avoir dix enfants ni recevoir toute une compagnie tous les quatre matin... ni même jamais. Alors que faire de tout cet espace ? Il y fait humide et c'est l'horreur à chauffer, on dépense une fortune en bois chaque hiver, compléta-t-il avec une moue boudeuse.

Hermione sourit : voici un châtelain qui faisait mentir M. Parkinson.

-C'est bien, commenta-t-elle pensivement et il sourit timidement en gardant résolument ses yeux baissés.

-Et ton père, dans tout ça ?

Il pouffa ironiquement.

-Mon père m'a suffisamment mis dans le pétrin pour que je me sente parfaitement quitte. Et puis... il va bientôt mourir.

Hermione ne put contenir un sursaut en entendant ces brusques confidences, révélées avec un faux ton détaché qu'elle avait appris à deviner.

-Il est malade ?

-Oui, ça fait longtemps qu'il l'est. Mais cette fois-ci, c'est la fin. Il ne s'est jamais remis... Tu sais...

Hermione regarda son voisin avec un air perplexe. Elle savait ? Comment pouvait-elle savoir quoi que ce soit sur son père ? Puis, comme un flash lumineux, le souvenir de la bataille du Département des mystères lui revint. Elle n'avait croisé son père qu'une seule fois, et cette fois-là, elle l'avait stupefixé. Puis, les lourdes étagères sur lesquelles étaient rangées les prophéties s'étaient écroulées sur lui, et il n'avait plus bougé. Comment avait-elle fait pour oublier ?! Non, ce n'était pas exactement qu'elle avait oublié... Ou plutôt il n'y avait qu'une chose qu'elle oubliait sans arrêt : c'est que l'homme qu'elle avait blessé ce soir-là était le père du garçon en face d'elle.

Elle ne put qu'acquiescer en silence.

-Combien de temps ?

-Quelques mois peut-être.

-Je suis désolée.

-Ne le sois pas, répliqua-t-il vivement. Il s'est mis lui-même dans cette situation. Et puis... après plusieurs années d'agonie, je pense que c'est ce qu'il souhaite aussi.

Il releva enfin les yeux pour le planter dans les siens.

-Alors, ne le sois vraiment pas.

Un silence s'installa pendant lequel Hermione détaillait chaque trait du visage du Serpentard. Un visage fermé, encore moins expressif que celui de Drago. Lui, voûté, le regard de nouveau baissé, feuilletait au hasard le programme.

-Comment va Abigail ? enchaîna Hermione, soucieuse d'alléger l'atmosphère.

-Très bien sourit-il, en osant enfin la regarder pour de bon. Elle sort avec des copines ce soir, dans une sorte d'endroit où ils mettent de la musique...

-Une boîte de nuit ? Tenta Hermione.

-Oui, c'est ça.

Hermione sourit à son tour. Elle imaginait parfaitement la jeune moldue se déchaîner sur la piste. Enfin, elle redevint sérieuse.

-Elle ne se doute toujours de rien ?

-Non... Je sais ce que tu en penses...

-Et j'en pense quoi ? poursuivit le plus doucement possible Hermione.

Il s'agissait de ne pas le brusquer.

-Tu ne trouves pas ça correct. Et tu as raison. Je suppose que cette histoire est vouée à l'échec.

-Pas forcément, essaya d'encourager Hermione. Il faudra juste un peu de courage et... beaucoup parler.

Il pouffa sans joie une nouvelle fois :

-Tu dis ça au plus Serpentard des quatre.

-Ne dis pas ça à Drago, tu le vexerait, sourit-elle, amusée.

-Il ne te l'a pas dit ?

-De quoi ?

-Que le Choipeaux avait hésité pour lui...

-C'est vrai ?!

-Entre Serpentard et Gryffondor, révéla Théodore avec un sourire en coin.

-Mais non ! rit-elle, incrédule.

-Si, je t'assure ! Pouffa-t-il, pour de vrai cette fois-ci. Mais il lui a ordonné aussitôt de le mettre à Serpentard, sans discussion possible. Pour lui, c'était la seule maison qui comptait. Son père, tu comprends...

-Et il t'a avoué ça ? demanda-t-elle sans se défaire de son sourire.

-Un soir, en septième année. On taillait allègrement les Carrow. Fratrie de tarés.

Elle acquiesça en souriant sans oser demander plus de détail. La discussion était devenue plaisante, légère, et elle ne voulait plus se plonger dans la détresse que la guerre avait pu faire naître chez eux.

-Et Blaise et Pansy ?

Il rit à son tour :

-Plus Poufsouffle qu'eux, tu meurs !

-Et pour toi, alors, il n'a pas hésité ?

-Je lui ai demandé Serdaigle, mais il n'a pas voulu. Il m'a dit qu'il avait besoin de moi à Serpentard.

-Besoin de toi ? Répéta Hermione en haussant les sourcils.

-Je ne sais pas... Peut-être fallait-il relever le niveau, plombé par l'intellect de Crabbe, Goyle et Flint réunis... Toi, il n'a pas hésité ?

-Si, avec Serdaigle. L'un comme l'autre m'allait... C'est juste que... je ne pensais pas être courageuse.

Il acquiesça en silence, un léger sourire flottant sur ses lèvres, secouant légèrement la tête de droite à gauche, comme s'il venait d'entendre quelque chose d'absurde. Elle reprit, plus sérieusement car il fallait qu'il comprenne :

-Théodore...

En entendant son prénom, il releva brusquement son visage vers elle, comme surpris.

-Ça sera dur, mais tu dois trouver un moyen de lui parler.

Il rebaissa la tête, défait.

-Je sais.

Le bruit d'une lourde porte qui se referme : Drago était de retour. Elle l'accueillit, soulagée de voir qu'il n'avait pas été retenu trop longtemps. Théodore se réinstalla dans son siège, plus droit et rigide que jamais.