Guest : C'est toujours un plaisir ! J'espère que ce chapitre te plaira ! Merci pour ta review et à bientôt ! :)

Maryssandra : Ahahaha c'est vrai que ce chapitre est assez jouissif ! ^^ J'ai adoré l'écrire et très tôt dans ma rédaction de l'histoire j'avais cette idée de chapitre intégralement composé d'engueulade. J'y tenais coûte que coûte, je sais pas pourquoi x) Merci beaucoup pour ton soutien ! J'espère que ce chapitre te plaira et que les explications de Théodore te convaincront ! A bientôt !

Ivy : Oui ^^ J'avoue que c'était THE ressort scénaristique attendu mais c'est terriblement efficace ^^ Merci beaucoup pour ta review ! J'espère que ce chapitre te plaira ! A bientôt ! :)

53 - «Et moi j'ai pris ma tête dans ma main et j'ai pleuré» («Déjeuner du matin», Prévert)

«Hermione, j'espère que...»

Non.

«Hermione, comment...»

Non plus.

«Hermione, je ne sais pas si...»

Théodore raya d'un geste rageur son énième tentative.

Désolé. Il était désolé. Il avait tout foutu en l'air. D'abord, il avait perdu l'amour d'Abigail. Ensuite, en un record d'une minute trente, il détruisait son amitié avec Hermione et celle avec Drago, à laquelle il tenait énormément... Et il allait peut-être aussi perdre celles de Blaise et Pansy qui ne supporteraient pas la trahison faite à l'un des leurs. Ce qu'il avait été con ! Écouter ses bas instincts, ça ne lui ressemblait pas. Il s'était comporté en véritable troll des montagnes.

Après qu'il n'aient été découverts et qu'Hermione ait couru après le blond, lui, avait filé en douce pour se cloîtrer dans sa chambre et se faire oublier.

Il avait entendu la discussion entre Hermione et Drago, à quelques pas de sa porte, la douleur dans leurs voix et la colère contenue du Serpentard. Il l'avait entendu la raccompagner à sa chambre et, plusieurs heures durant, elle avait pleuré à chaudes larmes. Toute la nuit, presque. Et lui, n'en avait pas dormi.

Pleurer, ça n'était pas arrivé à Théodore depuis la mort de sa mère, quand il était enfant. Ce n'était pas qu'il se retenait : c'était juste que ça ne lui venait pas. Cependant, ça ne voulait pas dire qu'il était insensible. Bien au contraire.

Cette mésaventure cependant lui avait au moins permis de faire un point sur ses sentiments. Bien-sûr qu'il ressentait quelque chose pour Hermione et la voir le quitter pour courir après son rival l'avait nécessairement touché. Cependant, il s'en était assez vite remis et désormais la douleur qu'il ressentait tenait bien plus de sa culpabilité que d'un chagrin d'amour. Et puis... perdre Hermione s'était révélé bien moins pénible que de perdre Abigail. Une légère démangeaison tout au plus, tandis qu'on lui arrachait le cœur.

Finalement, il n'y avait toujours eu qu'elle, malgré ses errances. C'était elle qui comptait pour de vrai. Son image lui avait même traversé l'esprit alors que ses lèvres jouaient avec celles de la Gryffondor. C'était simplement qu'Abigail avait toujours été inaccessible... Théodore regrettait alors que son premier amour, le seul qui lui ait vraiment importé, en soit un qui ait été parfaitement impossible. Une jolie moldue avec un fils de Mangemort ! Une sorte de Belle et la Bête mais sans fin heureuse parce que le monde magique permettait tout, sauf les contes de fées. Tout cela avait été très mal optimisé... Comme pour Drago et Hermione. L'amour, vraiment, c'était surcoté.

Et il se sentait si seul ! En sept mois avec Abigail il avait oublié comment on faisait pour composer avec la solitude. Désormais, elle lui faisait horreur. Comme pris dans une toile d'araignée, il était impossible de s'en défaire et plus il luttait, plus il sentait l'étau de l'angoisse se refermer sur lui. Lui si solitaire pourtant, que lui arrivait-il ?

Alors qu'il essayait de rédiger sa lettre d'excuse, une petite chouette brune vint frapper aux carreaux de la fenêtre de sa chambre. Il s'empressa d'ouvrir, reconnaissant immédiatement la chouette de Pansy. Il identifia aussitôt le format de l'enveloppe. Elle lui envoyait... une beuglante ?! Drago et Blaise avaient eu leur garde hier soir. Le blond avait sans doute tout raconté et le fiancé avait du à son tour tout déballer à sa promise.

Une avalanche d'idées : d'abord il eut l'instinct de déchiqueter la lettre pour éviter la déferlante de colère de la Serpentard-il se sentait déjà suffisamment honteux comme ça. Puis, il se rendit compte que la lettre lui permettrait de sonder l'état d'esprit de la sorcière. Enfin il, se réjouit de voir que les ponts n'étaient pas parfaitement coupés... pour l'instant en tous cas. Il jeta avec précipitation un assourdiato pour éviter que la voix au potentiel tout à fait criard de la brune ne résonne dans le manoir et ne réveille son père assoupi dans le salon.

Prêt à se faire engueuler.

Alors, l'enveloppe s'éleva dans les airs et prit une forme de bouche :

-Théodore ! Comment as-tu osé faire ça ?! Hurla la voix dont le cri strident ressemblait en tout point à celle de Pansy. Nous n'en revenons pas ! Blaise et moi, nous sommes outrés ! Drago est effondré -même si, bien sûr, il ne montre jamais rien. Tu savais que Granger comptait pour lui mais que ça battait de l'aile et tu en as profité ! C'est honteux ! C'est dégueulasse ! Tu as intérêt à te ramener ce soir pour le dîner pour t'expliquer ! (Évidemment, Drago ne sera pas là et ne t'avise pas d'essayer de discuter avec lui pour l'instant : il n'en ressortirait rien de bon.) Alors à ce soir et sans faute ! Si tu as déjà quelque chose de prévu, tu te débrouilles : tu annules !

PS : Ramène ton moelleux au chocolat pour le dessert. On va en avoir besoin.

Alors que l'enveloppe s'autodétruisait, Théodore ne put s'empêcher de sourire, plein d'une bouffée d'affection et de reconnaissance pour Pansy et Blaise. Il avait de la chance de les avoir, ces deux-là.

000

Il a enlevé son tee-shirt.

Il l'a plié et l'a rangé sur le couvercle de la panière à linge sale.

Il a enlevé son pantalon de pyjama.

Il l'a plié et l'a rangé sur le couvercle de la panière à linge sale.

Sur son tee-shirt.

Il a enjambé le rebord de la baignoire.

Il a posé ses mains sur les robinets d'eau chaude et froide.

Il a tourné de trois quart le robinet d'eau chaude.

Il a tourné d'un quart le robinet d'eau froide.

L'eau est tombée sur lui.

Eau froide.

Il a frissonné.

Il a croisé ses bras contre lui pour se réchauffer.

Eau tiède.

Il a décroisé ses bras pour prendre le pain de savon.

Eau chaude.

Il a frotté son corps.

Il a frotté ses cheveux.

Il a rincé son corps.

Il a fermé ses yeux.

Il a rincé ses cheveux.

Clapotis de l'eau.

Il es resté un temps sans bouger.

Chaleur sur tout son corps.

Il a ouvert les yeux.

Il a fermé les robinets.

Il a pris son peignoir.

Il l'a revêtu.

Il a pris sa serviette et l'a pressée sur son visage, un temps.

Puis, il s'est essuyé.

Avec la serviette, il a essuyé ses cheveux.

Il a enjambé le rebord de la baignoire.

Il a défait son peignoir.

Il a mis son caleçon.

Il a mis ses chaussettes.

Il a mis son pantalon.

Il a mis son maillot de corps.

Dans son pantalon, il a glissé son maillot.

Il est allé dans sa chambre.

Devant son nécessaire de rasage, il a pris sa baguette.

Il a fait apparaître de l'eau dans la cuvette.

Il a pris son rasoir.

Il l'a fait passer sur ses joues et son menton, puis son cou.

Il a nettoyé son rasoir.

Il a voulu mettre son après rasage.

Il ne l'a pas trouvé.

Il l'a cherché dans sa chambre.

Il ne l'a pas trouvé.

Il l'a cherché dans la salle de bain.

Il ne l'a pas trouvé.

Mais il a trouvé son parfum à elle.

Il a tendu une main vers le flacon.

Il a arrêté son geste.

Il a refermé l'armoire de la salle de bain.

000

Une petite chouette brune frappa aux carreaux des Weasley. Personne, autour de la table du petit-déjeuner, ne reconnaissait l'oiseau alors Ginny fut désignée pour lui ouvrir et récupérer la lettre.

-C'est... une beuglante... pour toi Hermione... de Parkinson.

Et, alors que la lettre commençait à s'élever dans les airs, elle reçut de plein fouet un sort incendiaire.

-Pas besoin de ça ici, grogna Charlie pour expliquer son geste. De quoi elle se mêle ?!

Hermione avait expliqué que Drago et elle s'étaient séparés mais elle était restée muette concernant le motif, attisant la curiosité en même temps que l'aigreur de Mme Weasley, comme prévu. Les autres s'étaient contentés d'assimiler la nouvelle sans rien laisser paraître.

Les cendres de la lettre voltigeaient légèrement jusqu'à reposer sur la table de la cuisine quand soudain, des flammes vertes surgirent dans la cheminée. Alors que tous pensaient qu'il s'agissait d'Arthur et Ron qui revenaient des courses, ce fut Pansy qui parut.

D'un geste posé, elle épousseta sa robe cintrée vert bouteille puis releva la tête, un sourire de commerciale plaquée sur la figure.

-Pardonnez-moi cette intrusion. J'espère ne pas vous déranger.

Tous furent trop stupéfaits pour répondre et elle ne leur laissa de toute façon pas le temps de se ressaisir :

-Hermione ? Tu veux bien me suivre ?

Méfiante, Hermione rejoignit la sorcière dans la cheminée, malgré les protestations de quelques uns. De toute façon, elle n'avait rien à perdre. Ce n'est pas comme si parler avec la Serpentard pouvait aggraver la situation de toute façon.

La seconde d'après, elle se trouva dans un appartement flambant neuf, meublé avec goût et donnant sur une rue passante.

000

Elles se regardaient comme des chiens de faïence. Pansy essayait de combattre la colère qui bouillonnait en elle comme elle pouvait tandis qu'Hermione la dévisageait avec un air incertain, sans avoir l'intention visible de débuter la conversation. La Serpentard prit alors la parole d'une voix calme mais tremblante d'une rage maîtrisée.

-Quand je t'ai dit que lui aussi était important et qu'il fallait prendre soin de lui car il avait été trop de fois abandonné, ce n'était pas exactement ce scénario que j'avais en tête...

Cependant, Pansy n'avait pas anticipé que la réponse de son interlocutrice serait de se jeter dans ses bras en fondant en larmes et, après un temps ou elle resta interdite, la brune se mit à lui tapoter maladroitement le dos.

-Tout est de ma faute, réussit à articuler Hermione d'une voix chevrotante entre deux sanglots.

La colère de Pansy voulut qu'elle lui réponde sèchement mais elle se retint. Lorsque les pleurs s'apaisèrent, après un temps qui lui parut interminable, la Serpentard se dégagea.

-Assied-toi, je vais faire du thé.

Et elle s'éclipsa après qu'Hermione ait hoché la tête en signe d'approbation.

Il y a deux jours, Drago était venu dîner. Il lui avait paru parfaitement désœuvré et triste comme une pierre. Il faisait peine à voir. Il n'avait pas souhaité s'étendre sur la dispute qu'ils avaient eu le matin-même mais Pansy devinait qu'elle avait été d'une violence inouïe. Les deux avaient une excellente répartie et elle imaginait fort bien le règlement de compte où des piques acérés avaient du pleuvoir sans discontinuer. Le blond était dans une fureur à la hauteur de l'amour qu'il pouvait ressentir pour elle... Et seul Merlin pouvait mesurer l'ampleur avec laquelle il l'adorait. Il fallait qu'il s'apaise... Et ça allait prendre du temps. Hélas, il était sacrément rancunier. Cependant, Pansy persistait à croire que quelque chose restait possible entre les deux. Ils allaient tous les deux souffrir, errer, apprendre, puis se relever et enfin, peut-être, Pansy voulait l'espérer, pardonner. Après tout, ils avaient été si bien ensemble ! Car lorsqu'on aime quelqu'un, c'est forcément pour la vie, non ?

Blaise et elle avaient ensuite vu Théodore, le lendemain. Il leur avait expliqué que ce baiser était arrivé sans crier gare et qu'ils avaient sans doute été autant surpris l'un que l'autre. De son côté, il se défendait en disant qu'il se sentait seul depuis la fin de sa relation avec Abigail et voir Hermione aussi attristée avait sans doute réveillé quelque instinct primaire de mâle car il avait voulu la réconforter. Bien sûr, il s'en voulait à mort.

Pansy avait bien voulu le croire de bout en bout sauf lorsqu'il leur avait dit qu'en réalité, dans sa solitude, il aurait pu embrasser n'importe qui. Elle ne le pensait pas capable de se laisser aller avec quelqu'un qu'il n'avait jamais envisagé. Elle l'imaginait en revanche fort bien avoir un penchant pour la Gryffondor et, en la voyant seule, elle aussi, et éplorée, il aurait été tout à fait capable de perdre le contrôle. Elle n'avait pas osé aborder le sujet de ses sentiments et peut-être que, pour le bien du groupe, ce sujet devait être enfoui et oublié. Après le baiser, Hermione avait couru après Drago et pleuré toute la nuit : c'était suffisamment clair pour briser net tout espoir.

Pansy revint en faisant léviter un plateau où étaient posés thé à la vanille, tasses et biscuits à la cannelle. Ça allait faire du bien. Hermione, assise sur le canapé, continuait de pleurer sans bruit. La Serpentard s'assit à ses côtés et un silence inconfortable s'installa.

-Bon... alors... commença la brune, poursuivant sa phrase au hasard des mots qui lui venaient en tête. Quelle histoire, hein ?

Hermione acquiesça, incapable de dire quoi que ce soit. Pansy reprit :

-Alors... raconte-moi.

-Tout est de ma faute... Répéta Hermione.

Et ses pleurs reprirent de plus belle. Pansy avait bien eu envie de dire «oui», mais remuer le couteau dans la plaie n'était peut-être pas la bonne solution. Elle prit alors le parti de lui demander d'une voix douce :

-C'est à dire ?

-J'ai embrassé Théodore...

-Pourquoi ?

-Je ne sais même pas pourquoi...

-Tu l'aimes ?

-Non ! C'est Drago...!

-Quoi Drago ?

-C'est Drago... Pas Théodore.

-Que tu aimes ?

La Gryffondor acquiesça d'un signe de tête. Cette histoire n'avait ni queue ni tête. Drago n'avait pas exagéré lorsqu'il leur avait raconté qu'il avait eu avec elle une discussion ubuesque... Elle était parfaitement paumée. Ajoutez à cela la colère d'un homme blessé et vous obteniez la plus formidable des disputes. On n'aurait pas pu trouver meilleur cocktail explosif... Un truc à faire saliver Georges Weasley.

-Mais alors pourquoi...

-Parce que... je dois le quitter.

-Mais pourquoi, puisque tu l'aimes !

-C'est parce que... je n'arrive pas à le rendre heureux...

Pansy sursauta : quoi ? Qu'est-ce qu'elle s'était mis dans le crâne, bon sang ?

-C'est lui qui te l'a dit ? Il avait l'air heureux pourtant.

-Non... mais je sais qu'à la longue, ça n'aurait pas pu marcher.

-Mais pourquoi ?

-Parce que... on est trop différents.

-Ce n'était pas une surprise pourtant, tu le savais déjà quand vous vous êtes mis en ensemble...

-Je ne pensais pas autant. Lui, il veut... un mariage, des enfants... Mais je serai incapable de lui donner.

-Tu ne veux pas d'enfants ? Pas de mari ?

Pansy était de plus en plus surprise : elle ne voyait pas comment une femme pouvait trouver le bonheur sans l'un ou l'autre.

-J'aurais aimé, je pense... Mais je crois que je ne suis pas faite pour ça...

Pansy essaya de contenir son pouffement :

-Mais qui est fait pour la solitude ? Personne ! Si tu aurais aimé... Pourquoi est-ce que Drago n'aurait pas fait l'affaire ? Vous étiez bien ensemble pourtant...

-Oui, mais je ne sais pas, je n'y arrive pas...

Et une nouvelle vague de larmes surgit de ses yeux, comme des sources inépuisables.

-Comment ça, tu n'y arrives pas ?

-Je n'arrive pas à... Je ne sais même pas au juste... Je sais seulement que quand j'essaie de lui dire «je t'aime», ça ne sort pas. Ça reste coincé dans ma gorge. C'est comme si les mots avaient peur de sortir.

-Pourquoi ils auraient peur ?

-Je ne sais pas... Je crois que s'ils sortaient, je ne serais plus libre.

-Libre de quoi ? Pourquoi faire ?

-Je ne sais pas non plus... je dirais... d'être moi-même.

-Il a essayé de te changer ?

Un trait de culpabilité traversa Pansy. Après-tout, c'était elle qui lui avait dit de se comporter en Mme Malfoy. Est-ce que c'était à cause d'elle qu'ils avaient rompu ?

-Peut-être un peu... enfin... je ne sais pas bien... Je sais seulement que je ne pourrais jamais vraiment être Mme Malfoy... Son image le temps d'une soirée tout au plus... Et encore... une copie grossière qui ne trompe personne.

-Si Drago avait voulu d'une vraie Mme Malfoy, il serait déjà fiancé officiellement à Astoria Greengrass ! Essaya d'arrondir Pansy.

Hermione marqua un temps d'arrêt, comme si une révélation venait de la frapper.

-Tu as peut-être raison...

-Bien sûr que j'ai raison, sourit la sorcière.

-Mais je crois qu'il n'y a pas que ça...

-Quoi d'autre ?

-Être moi-même ce n'est pas seulement ne pas être Mme Malfoy...

-Comment ça ?

-C'est juste que... Je ne suis pas sûre d'accepter de ne plus être moi.

-Mais c'est quoi être toi ?

Pansy commençait à s'impatienter devant ces entortillages d'idées à la mord-moi le nœud : est-ce que c'étaient ces bagatelles qui avaient coûté le bonheur de Drago ?! Cependant, elle ne laissa rien paraître.

-C'est seulement que... Aujourd'hui, il n'y a plus rien que je ne sois obligée de faire. Je suis libre... Trop libre, même, et je suis incapable de comprendre ce que je veux. Pour une fois, les choix importants de ma vie ne sont pas imposés... Et je navigue à vue. Pour Drago, tout à l'air si simple, si évident ! Il sait ce qu'il veut pour lui... Pour nous ! Mais comment je suis sensée faire confiance alors que d'habitude, c'est moi qui guide ? C'est moi qui dit quoi faire parce que c'est moi, la plus intelligente. Maintenant, j'ai plus de plan et je ne suis plus la plus intelligente. Est-ce que c'est normal qu'il sache et moi pas ? Je ne peux quand-même pas le suivre aveuglément ! Et si, à force, je ne savais plus réfléchir ou vivre seule ? Et si, à force, je devenais complètement dépendante de lui ? Et si, je me ramollissait au point de ne plus savoir agir ou réfléchir par moi-même ? Il a raison Pansy... Je ne sais pas faire confiance !

Et à nouveau, une crise de larme. Elle reprit cependant, combattant ses sanglots :

-Pourtant, je regrette tellement de l'avoir abandonné ! Il me manque déjà et je ne sais pas quoi faire...

Pansy réfléchit à toute vitesse et rapidement un plan se mit en place. Elle ne put s'empêcher de soupirer devant la tâche colossale qui les attendait pour résoudre ce problème. Cependant rien d'impossible : il fallait simplement la jouer fine.

-Qu'est-ce que je peux faire ? Demanda anxieusement Hermione.

-Pour l'instant, rien. Ça ne sert à rien de lui parler : il est blessé et furieux. Ça ne ferait qu'envenimer les choses. De mon côté, je vais essayer de discuter avec lui. Mais, ça risque de prendre du temps. Je ne t'apprends rien : tu sais à quel point il peut être borné... Dans quelques mois, il sera peut-être prêt à te reparler...

-Et s'il n'acceptait jamais de me reparler ?

-Hermione, il finira forcément par te reparler. Ce sera plus fort que lui. Je le connais. Ça fait huit ans qu'il pense à toi et qu'importe ce qu'il pouvait se passer entre vous : ton poing dans sa figure, tes réparties cinglantes, ton soutien à Potter, les batailles, ton absence et même l'année dernière lorsque que tu as brutalement changé de comportement vis à vis de lui pour sortir avec Weasley... Même là, il finissait par te trouver des excuses, malgré sa colère. Ce n'était pas une simple amourette, Hermione. Il ne t'oubliera pas facilement, crois-moi ! On a tout notre temps ! Et c'est peut-être un problème... Car son vrai problème, Hermione, c'est qu'il t'aime trop.

Elle n'avait pas pu s'empêcher cette petite pique. Car si l'on devait mettre sur les plateaux d'une balance d'une part ce que ce sentiment lui avait apporté de positif et d'autre part ce que cela lui avait apporté de négatif... Elle n'était pas certaine du résultat. Pansy avait appris à apprécier Hermione... Mais si elle lui venait en aide, c'était uniquement pour lui. Car elle sentait qu'il ne serait de nouveau pleinement heureux qu'en lui pardonnant et en retrouvant les bras de la Gryffondor. C'était l'amour de sa vie.

-Je sais, avoua Hermione, abattue. Je sais bien qu'il n'avait pas besoin de ça.

-Il va falloir s'excuser.

L'héroïne de guerre, acquiesça en silence.

-Et réfléchir à ce que tu veux vraiment. Rien ne sera possible tant que tu ne seras pas capable de lui dire clairement que tu l'aimes. Et si tu ne veux pas te marier ou avoir des enfants, passe ton chemin, car lui, y tient.

Encore une fois, Hermione hocha la tête pour signifier son accord.

000

Il a posé la théière et la tasse sur la table.

Il s'est assis.

Poids sur ses genoux.

Ronronnement.

Caresse sur son torse.

Il a pris sa tasse.

Il a pris sa théière.

Il a versé le thé dans la tasse.

Dessins de fleurs sur la porcelaine.

Il a fait déborder sa tasse.

Il a reposé la théière.

Il a pris sa baguette.

Il a séché la flaque.

Il s'est penché en avant.

Il a posé ses lèvres sur le bord de la tasse remplie à ras-bord sans la bouger.

Il a aspiré un peu de thé.

Brûlure qui recouvre le palais et la langue.

Il a pris un sucre dans le sucrier.

Il a fait tremper un sucre.

Léchouilles du plumours sur la main.

Il a pris une petite cuillère.

Avec la petite cuillère, il a tourné le thé.

Il a retiré la cuillère.

Il a pris l'anse de la tasse.

Il a soulevé la tasse.

Il l'a porté à ses lèvres.

Il a soufflé sur le thé.

Vagues sur le liquide ambré.

Il a pris une gorgée de thé.

Goût amer.

Il a reposé la tasse et il a pris sa cuillère.

Il a pris le fil pendant sur le côté de la théière.

Il a élevé le sachet dans les airs.

Il a essoré le sachet entre l'étiquette en papier et sa petite cuillère.

Brûlure au doigt.

Il a posé la tasse plus loin.

Il a regardé la feuille devant lui.

Il a caressé le plumours.

Il a lu un mot, puis celui à côté, puis encore un autre.

Pas de sens.

Il a relu le mot, puis celui à côté, puis encore un autre.

Pas de sens.

Il a re-relu le mot, puis celui à côté, puis encore un autre.

Il a essayé de lire une phrase en entier.

«Virus.»

«Et.»

Tache de soleil sur le sol.

«Microbes.»

Poils oranges.

«Magiques.»

«Chapitre.»

«1.»

«La.»

Langue et palais douloureux.

«Dragoncelle.»

Pas de sens.

Voilà ! C'est tout pour cet été, dans la joie et la bonne humeur ! RDV en septembre, donc, pour la remontada de tous nos personnages ! Bel été à tous !