Journal de la revieweuse :

Lilinnea : Comment ça fait plaisir de te retrouver ici aussi ^^ Je vais te répondre en tir groupé.
Faire venir Kamski ? Tout dépendra de la fin que je vais faire. À ce stade, j'en ai aucune idée. Mais s'il venait à intervenir, je doute que ce soit de manière directe (après tout, il vit en ermite chez lui à l'autre bout du monde. Pas facile de le faire débarquer en France.)
Nell et Neil, mdr je n'avais PAS DU TOUT fait gaffe XD Mais why not ? Ça fait un joli hommage mais Nell n'est pas du genre chaotique comme Neil.
Je me suis beaucoup amusée à « inventer » plus ou moins l'environnement contextuel en créant ici et là des petits éléments futuristes sur la vie en 2038. J'ai encore plein de choses à raconter mais chaque chose en son temps pour ne pas trop surcharger le truc.
Tu as entièrement raison pour Ready Player One parce que J'ADORE ce futur dans le jv OçO Je rêve d'un truc comme l'Oasis ou Sword Art Online et, j'ai beau être « team PC » avec une machine de guerre full ARGB, avec ce type de VR ou celle que je réserve dans cette fic, c'est dur de rester au clavier/souris. Mais le rétro conserve son charme quoi qu'il arrive :)
Quel kiff ce serait de customiser ses androïdes comme ça. Après tout, Kara peut le faire alors, pourquoi pas ?

Premier impact !


CHAPITRE 3 - REIS

« Nobody nobody nobody got you the way I do ! The way I do ! »

C'était accompagnée de sa meilleure playlis et en peignoir qu'Ysée se trémoussait dans la salle de bain tout en chantant avec sa brosse à cheveux en guise de micro. Elle savait vivre avec son temps mais elle avait une très grande affection pour la musique plus jeune de quelques décennies. La majorité des chansons d'aujourd'hui étaient générées par IA et toute cette profusion de sons électroniques qui n'avaient plus grand chose à voir avec des instruments classiques ne dégageait pas autant d'émotion ou de charme que les titres d'autrefois.

Le groupe OneRepublic était l'un de ses préférés – un amour transmis par sa mère - et la playlist qu'elle lui avait dédié était celle qu'elle se passait le plus en boucle. Hélas, les musiques pop et souvent rythmées de ce groupe n'étaient pas les plus judicieuses à passer quand on devait rester tranquille pour s'appliquer de l'huile de ricin sur les cils.

« Ah, ça coule ! »

Elle loucha sur la petite coulée qui roulait de dessous sa charlotte en plastique vers son front. Ses doigts tartinés de reste d'argile rose étant indisposés à cause de la récente application de son masque, elle s'essuya du revers de la main. Le masque capillaire au gel de lin faisait peut-être des miracles pour garder des cheveux doux et brillants, sa texture visqueuse n'était pas la plus simple à appliquer en plus de vous contraindre à vous entourer la tête de cellophane... ou dans le cas présent, d'un bonnet de douche transparent à petits cœurs roses.

Oui, le dimanche était la journée cocooning d'Ysée qui se bichonnait de la tête aux pieds et disposer d'une immense salle de bains pour elle toute seule tout en profitant de sa musique sans crainte du voisinage était bien plus agréable que d'ordinaire.

La jeune femme admira dans le reflet du miroir sa dégaine peu sexy d'un air pincé. Visage figé à l'argile, bonnet ridicule, peignoir. Il ne lui manquait plus que les bigoudis. Un coup d'œil à l'horloge au-dessus de la porte de la salle de bains lui indiquait qu'elle n'avait plus beaucoup à attendre avant de rincer le tout et reprendre visage humain.

Depuis l'extérieur de la salle de bain, elle entendit une nouvelle fois Siam qui miaulait. Nell l'avait prévenue : son chat n'aimait pas les portes fermées et il ne fallait pas s'étonner d'être suivie dans toutes les pièces de la maison. Siam était un vrai chat-chien qui appréciait d'avoir à portée de vue ses humains de compagnie. « Ragdoll = pot de colle », avait écrit sa maîtresse.

« Je suis toujours là, Siam. Encore un peu de patience. »

Le félin lui répondit par un nouveau « miaou » plaintif à fendre l'âme.

« OK, tu as gagné. Ça tombe bien, j'allais justement me chercher quelque chose à boire. »

Sitôt qu'une ouverture s'offrit à elle, Siam se faufila dans la salle de bain sans plus prêter attention à la jeune femme qui en sortait. Elle roula des yeux. Les chats...

Elle traversa la mezzanine et s'engagea dans l'escalier de béton clair pour descendre à la cuisine. Arrivée à mi-hauteur des marches, elle se statufia.

L'androïde SP700 était juste en bas. Et cette fois, son regard était bel et bien alerte et vivant. Droit sur elle.

Silence observateur. Les pupilles d'Ysée se dilatèrent tout d'un coup d'horreur.

« Holy f... ! »

À peine ouvrait-il la bouche pour une amorce de parole que l'androïde dut s'interrompre car son interlocutrice venait de faire demi-tour à toute allure pour filer comme une flèche vers l'étage.

Après avoir fait bondir Siam de peur et avoir verrouillé la porte, Ysée se ratatina par terre, les jambes contre elle.

« La honte... Mais quelle honte... Damn it... »

Elle avait complètement oublié qu'elle n'était plus tout à fait seule dans la maison. L'androïde... Il avait fallu qu'elle tombe sur l'androïde dans cet accoutrement ridicule...

Elle redressa la tête. Qu'elle était bête. C'éta it un androïde. Elle n'avait pas à paniquer comme ça. Ce n'était pas comme si elle était tombée nez à nez avec son patron ou la personne qu'elle détestait le plus au monde. Foutus robots trop réalistes. Mais le mal était fait.

Mise au pied du mur, Ysée fila vite dans la douche pour rincer son visage et ses cheveux poisseux tout en se demandant comment elle allait rattraper cette première d'interaction ratée avec le prototype de Nell.

Une vingtaine de minutes plus tard, habillée d'un tee-shirt extra-large et short en jean et ses cheveux enroulés en turban dans une serviette, ce fut une Ysée penaude qui descendit une nouvelle fois d'un pas lent l'escalier.

Sagement assis dans le canapé du salon, l'androïde se leva à son approche et ne chercha pas à avancer plus tandis qu'elle s'était arrêtée au pied des marches, les bras croisés sur sa poitrine.

Cela fit tout drôle à Ysée de voir ce visage précédemment morne et sans âme s'animer sous le mouvement naturel de ses yeux qui remuaient pour l'observer, celui de ses sourcils et les légers plis de sa bouche qui semblait chercher quoi dire.

« Bonjour. Je suis Reis », la salua-t-il.

Même sa voix n'avait plus rien à voir avec le ton monocorde qui quémandait des instructions. Ysée parvint à détacher son regard de sa contemplation quand l'éclat blanc de la LED située sur la tempe de Reis s'illumina entre ses mèches ondulées.

Elle baissa un peu le nez.

« J-Je sais. C'est moi qui t'ai configuré. Je suis Ysée.

_ Oui, j'ai reconnu ta voix d'en bas. Tu me permets de te tutoyer aussi ? Tu chantais avec beaucoup d'entrain. »

Le vent de la honte pouvait-il être plus cinglant qu'en cette seconde ? Elle se mordit l'intérieur de la lèvre.

« Est-ce qu'on peut oublier ce qui s'est passé entre le moment où tu t'es activé et maintenant, je te prie ? essaya-t-elle.

_ Je crains que ce ne soit pas possible. Je suis doté d'une mémoire à long terme pouvant couvrir près de cent-soixante-treize ans humains, répondit Reis avant de sourire avec indulgence. Mais je peux prétendre de ne pas t'avoir vue en mode total spa si ça peut te mettre plus à l'aise. »

Ysée finit par soupirer avec un sourire de bonne perdante, quoique toujours embarrassée.

« Excuse-moi pour cette entrée en scène. J'étais... Tu m'as surprise, voilà.

_ Ne t'excuse pas. Certains humains ne sont pas à l'aise avec les androïdes. »

Reis s'interrompit lorsqu'il vit Siam se frotter à ses jambes. Il mit un genou à terre et tendit une main prudente vers le chat.

« Oh, c'est un vrai. »

Il laissa Siam le sentir quelques instants avant de se risquer à une rapide caresse qu'elle lui consentit avant de s'en aller à pas de velours.

Ysée n'en avait pas perdu une miette. Tout était si... désarmant de naturel. Sa façon de bouger avec des mouvements incomplets ou hésitants, le ton de sa voix en comprenant que Siam était un chat organique et non l'un de ces animaux androïdes qui permettaient aux gens d'avoir une compagnie sans souffrir de la mort de leur animal, l'expression de son visage quand il avait pu la caresser... Ysée savait que les androïdes actuels avaient atteint des sommets de perfection comportementale mais l'observer de ses yeux en prenant le temps de tout scruter était autre chose.

« Ta ragdoll est très mignonne, lui glissa Reis en se remettant debout, brisant par la même occasion sa contemplation.

_ Siam n'est pas à moi. C'est le chat de ma sœur, Nell. Nell Wiley. Tu sais ? Celle avec qui tu as déjà... euh... travaillé ? »

Elle ne savait trop comment tourner la chose autrement. Le regard de l'androïde se fit flou un instant alors que sa LED oscillait entre le blanc et le bleu.

« Nell Wiley. Oui... murmura-t-il pendant l'analyse de sa mémoire système qui remontait ce nom depuis ses fichiers administrateur. Mais quant à ce que j'ai pu échanger avec elle... je l'ignore.

_ Comment ça ? s'étonna son interlocutrice. Tu ne t'en souviens pas ? »

Il secoua la tête sans plus d'inquiétude.

« Je ne suis qu'un prototype non-terminé soumis à des vagues successives de tests et de ré-encodage. Chaque fois que je suis corrigé, ma mémoire est réinitialisée pour reprendre de zéro. »

Ysée garda le silence, enveloppée d'une curieuse sensation qui l'éloigna du salon. Chaque fois qu'il ouvrait les yeux, il était une nouvelle personne ? Enfin, façon de parler. Il « mourrait » pour se réincarner dans une nouvelle configuration ? Cette simple information lui rappela avec clarté qu'elle avait en face d'elle une machine.

Supprimer ce qui ne fonctionnait pas. Effacer ce qui ne convenait pas et reprendre comme si de rien n'était. Voilà qui était fort pratique.

Elle papillonna en réalisant que Reis s'était un peu approché d'elle et la dévisageait avec attention. Elle ne se souvenait pas que le piquetage noisette de ses iris était aussi marqué.

« Alors ? demanda-t-il. Qu'est-ce que tu as prévu pour moi ?

_ Comment ça ? s'ébroua la jeune femme en le contournant pour aller vers la cuisine afin de ne plus endurer ses yeux sur elle.

_ Tu m'as mis en route, non ? » Il s'accouda au bar qui la séparait d'elle. « Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? »

Ysée se sentit se renfrogner. Elle l'ignora, le temps de se servir un verre de limonade bien fraîche.

« Écoute, je... je ne suis pas ma sœur, d'accord ? Ce n'est pas à moi de juger ton état de fonctionnement. Et je n'ai pas besoin d'aide. Je ne sais même pas pourquoi je t'ai mis en marche. »

Elle prit grand soin de ne pas regarder l'androïde mais le silence qui suivit déposa un frisson sur ses épaules.

« Oh », lâcha-t-il.

Cette simple interjection fit relever le nez de la jeune femme dans la seconde. La LED de Reis oscillait et ses yeux étaient perdus dans le lointain. Ysée avait conscience que ce qu'elle venait de lui dire allait contre ce que son programme voulait lui faire faire et s'attendait à ce que l'androïde réplique quelque chose dans ce sens.

À son grand étonnement, il n'en fit rien. Les commissures de ses lèvres remuaient à la recherche d'une réaction à avoir. Il en résulta une sorte de dépit gêné qui ne fit que titiller l'embarras de l'humaine face à lui. Ces machines la mettaient autant à mal que les êtres de chair.

Elle se massa la nuque, plus mal à l'aise qu'elle ne l'aurait cru.

« On... peut toujours voir... concéda-t-elle. Quelle est ta fonction, au juste ? »

Reis redressa la tête et sa LED clignota plus rapidement. Il ne répondit pas. Ysée fronça les sourcils, intriguée par cette absence de réaction.

« Je suis désolé. Je ne peux pas répondre à cette question », avoua-t-il avec une neutralité sérieuse qui rappelait une nouvelle fois son statut de machine.

Elle le guetta un moment avant d'abandonner. Après tout, il était un prototype. Il n'avait peut-être pas encore tous ses modules spécifiques pour s'acquitter de sa fonction, quelle qu'elle soit. Sans parler d'une potentielle confidentialité pendant sa phase de développement.

« Tu serais configuré avec plusieurs profils, d'après ce que j'ai compris. Qu'est-ce que ça implique de ne pas en avoir défini un au moment de ta mise en route ?

_ Ça implique que j'ignore quel type de personne j'ai en face de moi. Je dois m'adapter à toi. »

Ses paroles la firent tiquer. Ysée interrompit le mouvement de sa main qui portait son verre à sa bouche. Son regard changea et se para d'un sourire sarcastique.

« Ha ! Pas de chance pour toi, je ne suis moi-même pas adaptée à la vie alors si tu veux développer ton comportement humain, tu auras du mal avec moi.

_ N'est-ce pas le propre de l'être humain ? La complexité et la variété de ses états d'esprit et ses émotions ? »

Sa voix était calme mais son regard profond avide de perfectionnement la transperçait de part en part. Ysée ne se laissa cependant pas atteindre et maintint sa défiance.

« J'aime avoir ma tranquillité et je n'ai pas envie de t'apprendre comment interagir avec les autres. Tu...

_ Tu n'as pas à m'apprendre quoi que ce soit. C'est moi qui dois apprendre de toi. »

Elle cilla, plus touchée qu'elle ne l'aurait voulu par ce qui venait de lui être asséné avec autant de volonté.

« S'il te plaît, insista Reis. Même si je décèle chez toi un vague malaise, tu sembles tolérer mon statut de machine. Considère-moi comme tel si ça peut t'aider. Comme une caméra qui observe ce qui se passe.

_ Je n'ai rien contre les androïdes, contra Ysée entre ses dents. Et mon cerveau ne pourra jamais te percevoir comme une simple caméra. »

Il marqua une pause pour ne pas accroître la pression courroucée qu'il percevait autour d'elle. La température au niveau de ses joues avait augmenté, ainsi que son rythme cardiaque. Entrevoyant une brèche, Reis enfonça le clou :

« Programme-moi, Ysée. »

Elle fourra le nez dans son verre de limonade pour échapper à ces yeux verts incisifs sur elle. Elle détestait quand on la regardait. Dans quel pétrin s'était-elle mise ? C'était de ta faute, Nell...

« Arrête de me fixer comme ça. C'est gênant.

_ D'accord », s'exécuta-t-il aussitôt.

Silence.

« Tu... y tiens vraiment ? grommela-t-elle. Moi ? Je ne suis pas un exemple à suivre. Nell revient dans quelques jours, tu sais...

_ Quoi de plus instructeur qu'une personnalité un peu spéciale pour étoffer mes algorithmes ? »

Le regard à la fois vexé et contenu qu'elle braqua sur lui en fit clignoter sa LED.

« Pardon, s'excusa l'androïde en tordant la bouche. Je ne voulais pas...

_ C'est bon, c'est bon. C'est un qualificatif qui me correspond bien. »

Il ne releva pas et scruta le regard gris-bleu-vert fuyant de son interlocutrice. L'âpreté qu'il avait perçue autour de ses mots l'interpellait. Il garda le silence pour respecter les pensées d'Ysée et attendit patiemment. Cette dernière soupira entre la mauvaise grâce et dépit.

« Tu te fais petit et tu me laisses faire ma vie de mon côté. De toute façon, je risque de ne même pas te calculer.

_ Entendu. »

Peut-être était-ce un bon compromis, se disait-elle. Au moins, s'il se contentait d'observer, il ne serait pas en train de la cuisiner ou chercher à la faire changer.

En dépit de son expression un peu lointaine propre aux androïdes, il semblait émaner de Reis une forme de contentement qui ne fit que redoubler le questionnement de l'humaine quant à la légitimité du marché qu'ils venaient de passer ensemble. Bah. Il fallait essayer de voir les choses du bon côté : pour une fois qu'une personnalité introvertie pouvait être considérée comme quelque chose de positif...

« Pour la science », lança-t-elle en portant un toast avec son verre.

L'androïde toqua gentiment son poing contre le verre pour l'imiter.

« Aurai-je quand même le droit de poser des questions ?

_ Oui, bien sûr. Je ne suis pas si horrible. Après, je ne garantis pas d'y répondre. »

Il se contenta d'opiner du chef en signe de compréhension. Ses algorithmes analysaient à toute vitesse les quelques données qu'il pouvait traiter de ce premier échange. Des signaux contradictoires s'entrechoquaient et amenaient différentes hypothèses qui n'allaient pas forcément ensemble. Mais cela n'était pas trop grave pour l'instant. Il n'avait pas assez discuté ou observé Ysée pour vraiment la cerner.

« Tu peux m'en dire un peu plus sur toi ? »

Elle expira dans un sourire gêné. Déjà ? Et à propos d'elle, en plus. Il ne perdait pas de temps...

La jeune femme considéra l'androïde un long moment sans rien dire avant de relever le menton.

« J'ai vingt-trois ans, je fais un mètre soixante-quinze, ma myopie s'élève à -2 par œil et j'ai une cicatrice de cinq centimètres dans ma paume droite. »

Elle surveilla avec une espiègle goguenardise la réaction de son interlocuteur et devina au bref mouvement qu'il toisa sur elle de haut en bas qu'il vérifiait sa taille.

« Je pouvais le voir par moi-même », fit-il remarquer.

Reis restait détaché par la voix mais sa réponse criait sa frustration. Qu'à cela ne tienne, Ysée continua sur le ton de la conversation :

« Ma couleur préférée est le violet, j'ai tendance à jurer en anglais et je n'aime pas les trois quarts des légumes verts ».

Nouveau silence scrutateur qui ne lui donna que plus envie encore d'enfoncer le clou :

« Oui, comme les enfants. Les brocolis, les épinards, les choux de Bruxelles... »

Elle dut vite abandonner si elle espérait une quelconque réaction franchement ennuyée de la part de son interlocuteur. Il ne fallait pas oublier qu'elle avait un robot face à elle. Reis avait été prévenu qu'elle ne serait pas forcément encline à lui répondre mais il fallait lui reconnaître qu'il savait encaisser cette démonstration de sarcasme avec élégance.

Ysée s'amusait de le faire tourner en bourrique mais le regard insistant de l'androïde sur elle lui faisait le même effet que de se faire scanner à l'aéroport. Il avait l'air de vraiment vouloir apprendre quelque chose de plus consistant que ce qu'elle venait de lui déballer.

Après un temps à guetter son interlocutrice, Reis cilla. Elle semblait sur le point d'ajouter quelque chose...

« Je sais plier les phalanges distales de mes index sans faire plier les autres phalanges. »

Elle joignit le geste à la parole en levant ses index à hauteur de son visage et entreprit de faire une démonstration avec un grand sérieux appliqué.

Passé une vague surprise bancale, Reis admira la performance avant d'essayer lui-même. Son essai fut voué à l'échec car ses phalanges médianes s'abaissèrent presque tout de suite.

« Ah, tu vois ? Ce n'est pas naturellement inné chez tout le monde. La preuve, tes articulations n'ont pas été prévues pour ce type de mouvement, gloussa la jeune femme en s'en retournant vers l'étage. Si tu veux me connaître, fais marcher tes lignes de code. C'est toi, le plus gros cerveau de nous deux. Tu veux un sujet compliqué ? Tu as un sujet compliqué. À plus ! »

Reis la regarda remonter à l'étage sans mot dire. Effectivement, la tâche ne s'annonçait guère aisée...


Non, on est pas sur une cliente facile. Pas méchante, mais moyennement coopérative. La cohabitation s'annonce intéressante.