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Octobre 1941,
Quelques jours ont passées depuis la rencontre, mais Tom Jedusor se contente seulement d'observer Sélène Munro, dans l'ombre, avec l'infime espoir d'avoir l'opportunité de se rapprocher d'elle. Il se fascine, malgré lui, pour l'érudition dont elle fait preuve et cela a pour effet de renforcer son intérêt pour Sélène. Cette aura de mystère qui l'entoure ne fait que l'intriguer davantage chaque jour. C'est lors du cours de potion avec le professeur Slughorn, qu'une simple idée germe dans son esprit alors qu'il ajoute de la poudre de pieuvre à sa préparation de Pimentine dans un chaudron en laiton. Horace Slughorn est bien connu pour collectionner les élèves talentueux et les grands sorciers à en devenir, Tom est sans l'ombre d'un doute son étudiant le plus brillant, mais aussi son favoris. Sélène ne peut que correspondre aux critères du cercle rapproché de Slughorn. Alors, à la fin du cours, Tom approche son professeur avec la même attitude confiante qu'il adopte systématiquement devant lui. Le directeur de Serpentard, au ventre extraordinairement rebondi, est confortablement installé dans un grand fauteuil rembourré, son épaisse moustache taillée avec grand soin se courbe lorsqu'il aperçoit Tom.
— Tom ! Que puis-je pour vous, mon garçon ?
— Pardonnez-moi professeur, je me demandais simplement si vous connaissiez une élève du nom de Sélène Munro ?
— Ah, Miss Munro.. Oh oui, bien sûr, je la connais. Une élève très talentueuse mon garçon, très talentueuse. Discrète, mais un esprit aiguisé. J'ai toujours trouvé dommage qu'elle décline, poliment bien évidement, mes invitations. J'ai bien essayé, vous savez. À mainte reprise. Dès son arrivée à l'école, mais..
Slughorn soupire en y repensant. Tom écoute avec attention tout en dissimulant son intérêt tout particulier derrière une façade de nonchalance.
— C'est dommage en effet. Elle ferait une excellente recrue, si j'en crois les bruits de couloir la concernant. Elle pourrait apporter une tout autre perspective au club. Peut-être que.. Peut-être que je pourrais lui parler, essayer de la convaincre en lui dévoilant les très nombreux avantages de faire partie de votre cercle.
Le professeur Slughorn ne peut réprimer un large sourire, visiblement plus que ravi de l'offre de Tom.
— Mon garçon, si quelqu'un peut la convaincre, c'est bien vous. Miss Munro a un don certain et naturel, c'est indéniable, mais avec un petit coup de pouce, elle pourrait aller loin, très loin ! Je n'ai jamais vu une élève aussi douée depuis.. Oh, depuis bien longtemps. Mais elle semble cependant très distante.. Son père, Angus, à l'époque était comme elle. Ah, je l'ai bien connu son père, un homme brillant..
Tom acquiesce lentement, mais n'écoute plus, il réfléchit déjà à la meilleure approche. Il lui suffira de rouver la bonne façon de présenter le Club de Slug. En lui montrant par exemple que le club serait utile pour explorer davantage ses intérêts intellects plutôt qu'une simple assemblée sociale. Pour Tom, il ne fait aucun doute qu'elle, comme lui, y trouvera plus valeur. Tom quitte finalement un Horace Slughorn au regard pétillant d'espoir. Convaincre Sélène ne sera pas une tâche aisée, mais c'est un excellent moyen pour lui de comprendre cette fascinante sorcière qui, bien qu'elle semble percevoir l'aura sombre qui émane de lui, n'a pas l'air de repousser sa présence. Tom est plus que déterminé à se rapprocher d'elle, à faire d'elle une potentielle alliée ou plus sobrement une complice de ses explorations de la magie et ses secrets les plus sombres.
L'occasion se présente à Tom seulement quelques jours après sa discussion avec le professeur Slughorn. C'est un samedi soir très calme à la bibliothèque où Sélène est, comme à son habitude, plongée corps et âme dans un vieux bouquin à la couverture usée, son visage angélique éclairé par la faible lueur d'une chandelle. Avec patience, Tom réfléchit à la meilleure approche pour convaincre Sélène de rejoindre le Club de Slug. Il est évident qu'elle ne se laisserait pas facilement impressionner par les flatteries ou les promesses de reconnaissance sociale. Tom s'approche alors, silencieusement et s'assied en face d'elle, sans invitation, mais avec une familiarité soigneusement dosée qui ne semble jamais déplacée.
— Les runes anciennes. Je vois que tu prends de l'avance pour le cours de jeudi dit Tom, sa voix douce brisant le silence feutré de la bibliothèque.
Sélène lève ses grands yeux, semblables à deux émeraudes, elle semble surprise par la présence de Tom. Elle le regarde avec un mélange d'intérêt et de méfiance, Tom est secoué d'un frisson lorsqu'elle pose son regard sur sa personne. Il a oublié à quel effet le regard de Sélène pouvait conduire.
— Perspicace Jedusor. J'imagine sans mal que tu viens pour la même chose, pas vrai ?
— À dire vrai, j'ai déjà terminé ce devoir, pas plus tard qu'hier soir.
— Là, tu m'impressionnes.. dit-elle avec un mélange d'amusement et de véritable admiration. Mais alors Tom, que me vaut le plaisir de ta présence ici ?
— Le fait que je fasse parti du cercle très rapproché du professeur Slughorn n'a pas dû t'échapper.. je te prie de me laisser terminer, Sélène.
Tom a remarqué que les yeux de Sélène commençaient à se révulser et ses lèvres s'entrouvrirent, prêtes à le renvoyer d'où il venait. Mais Sélène incline alors légèrement la tête en signe d'approbation, il continue alors, jouant sa carte avec finesse.
— Il semble assez notoire que beaucoup rejoignent le Club de Slug pour la reconnaissance, les avantages futurs, les relations. Mais ce que le professeur Slughorn ne dit pas, c'est qu'il possède une collection privée d'ouvrages, des grimoires et autres artefacts inaccessibles à la plupart des élèves. De véritables trésors que l'on trouve nulle part ailleurs, uniquement mis à disposition pour les membres de son cercle.
Sélène hausse un sourcil, son intérêt piqué malgré elle, il sourit, ses yeux sombres étincelants de malice. Il sait et continue alors.
— Des ouvrages que même la réserve de la bibliothèque n'ose pas exposer. J'ai moi-même accès à cette collection. Une collection que toi, Sélène, appréciera sans doute plus que quiconque.
Tom marque une courte pause, laissant l'idée s'imprégner dans le cerveau de la jeune fille. En plongeant son regard gris pâle dans celui de Sélène, il comprend qu'il est seulement à quelques mots de remporter cette bataille.
— Je ne t'invite pas à rejoindre une simple société d'élèves talentueux ou ambitieux. Je te propose une étapes vers des connaissances plus riche, qui pourraient bien transformer ta compréhension de la magie.
Sélène reste silencieuse un instant, pesant les mots de Tom. Il est certain qu'elle parvient à distinguer la noirceur qui entoure le garçon, peut-être même qu'elle perçoit ses intentions, mais la simple idée de pouvoir accéder à des ressources qu'elle n'a jamais pu voir est irrésistible. Tom Jedusor a su toucher un point sensible, un profond et irrésistible désir d'apprendre. Elle continue néanmoins de scruter le jeune visage de Tom, mais déjà doté d'un charme certain, à la recherche d'une faille.
— Qu'est-ce que tu y gagnes, toi ?
Elle croise ses bras maigres sur la vieille table de bois. Les lèvres fines de Tom s'étirent en un discret sourire et lui répond avec une honnêteté calculée.
— Tu es une élève brillante Sélène. Je suis convaincu que toi, comme moi, voyons bien au-delà des apparences. Tu as un esprit curieux, un esprit qui, tout comme le mien, cherche des réponses dans les recoins les plus sombres et les plus fascinants de la magie. Pour répondre à ta question, je n'y gagne rien, si ce n'est le plaisir de voir de près une personne talentueuse explorer son plein potentiel.
Sélène plisse légèrement les paupières, toujours méfiante, mais assurément intriguée.
— Bien. Peut-être que je viendrai voir de mes propres yeux ce que le club a à offrir.
Tom incline la tête, satisfait. En se retirant de la bibliothèque, Tom sait qu'il a semé la graine de l'irrépressible curiosité dans l'esprit de la Serdaigle. Il la laisse avec l'idée alléchante de découvrir des secrets qui ne demandent qu'à être déterrés.
Le vendredi suivant. Le bureau de Slughorn est transformé en un vaste salon élégant pour l'occasion. L'un de ces dîners pompeux emblématiques dont il avait le secret est sur le point de débuter. De nombreux chandeliers brillent d'une lumière chaude, intimiste, et les riches tentures de velours vert créent une atmosphère chaleureuse et sophistiquée, un cadre parfait pour un dîner du Club de Slug. Les membres du cercle, tous élégamment habillés prennent place autour de la grande table ronde, bavardant alors qu'Horace Slughorn les observe, un sourire étrangement triomphant sur le visage. Puis la lourde porte en bois s'ouvre lentement dans un grincement cliché. Toutes les têtes se tournent vers elle.
Sélène Munro entre alors dans la pièce, ses pas sont légers et silencieux comme une brise nocturne. La porte se referme derrière elle et tout en passant ses mains délicates sur sa robe pour en lisser le tissu, elle s'excuse d'une voix douce pour son retard, expliquant avoir perdu la notion du temps.. Mais lorsqu'elle lève les yeux, elle voit que que toutes les têtes sont tournées vers elle. Instinctivement, son regard cherche celui de Tom, comme pour se donner du courage. La petite assemblée reste un instant figée dans le temps, subjuguée par la présence mais également l'image que Sélène renvoie. Même Tom, qui ne l'avait jusqu'à présent jamais vu ainsi, peut seulement constater que la beauté tranquille de Sélène illumine la pièce. La jeune fille s'est, pour l'occasion, parée d'une longue robe d'un vert sapin, une teinte qui n'est pas sans rappeler les bois écossais de son enfance et qui met en valeur ses yeux plus scintillants encore qu'à l'habituel. La robe épouse parfaitement sa silhouette déjà bien élancée pour son jeune âge, soulignant une grâce naturelle. Autour de son cou, ce même pendentif en argent qui étincelle comme en écho à son héritage mystérieux.
— Oh, venez vous asseoir miss Munro, nous n'attendions plus que vous ! Slughorn se précipite vers elle, toujours enthousiaste. Quelle joie de vous recevoir enfin. Vous êtes ravissante ma chère, absolument ravissante ! Venez, venez !
Il la guide vers une chaise libre, juste à côté de Tom, qui avait repris de la contenance, s'écarte poliment pour lui faire de la place. Sélène s'installe sans plus de cérémonie, un large sourire sur le visage bien qu'elle semble légèrement mal à l'aise sous tant de regards. Elle remercie le professeur Slughorn pour son accueil, à demi-voix avant que ce dernier ne se frotte les mains annonçant le début du repas. Tom profite de cet instant pour se pencher sur elle et lui susurrer quelques mots à l'oreille.
— Je suis ravi que mes mots puissent avoir eu un impact sur Sélène Munro, l'éternelle solitaire.
— Tu semblais prompt de me voir à cette table. Je ne pouvais pas décevoir monsieur Tom Jedusor.
Une admiration qui peine à dissimuler dans son regard froid, Tom esquisse un sourire réel.
— Tu sais captiver l'attention de ceux qui t'entourent.
Les yeux de Sélène se lèvent alors. Ils s'ancrent un instant dans une paire d'yeux d'un bleu profond, presque hypnotique. Rabastan Lestranges, un deuxième année à Serpentard, qui se trouve être un parfait élève dans l'art des sortilèges, scrute obsessionnellement Sélène. Le regard de la sorcière balaye les autres invités. Ace Ashin, un Gryffondor en cinquième année et un don certain pour le Quidditch qui semble se transmettre de génération en génération. Il sourit à Sélène qui lui rend poliment son sourire. Alice Crickerly, une Serdaigle qui brille par son nom, la mère de cette dernière étant une célèbre Auror.
Horace Slughorn, en bon hôte, fait circuler plats et coupe de cristal. Les discussions vont bon train, Sélène, bien qu'avec une certaine retenue, y participe avec bon cœur. Ses réponses sont pertinentes et empreintes d'une sagesse rare pour son âge, elle continue de captiver ceux qui l'écoutent, y compris Tom qui ne la quitte presque pas des yeux. Il profite d'un instant où l'attention des autres invités est détournée pour savourer un moment plus privé avec elle. Tom approche son visage, à une distance suffisante pour que seule Sélène puisse l'entendre, de celui de la jeune fille.
— Tu sais, je n'ai pas menti en disant que ta place était ici. Mais je dois reconnaitre que tu es complètement différente de tous ces gens, et ça te rend.. fascinante.
Stupéfaite par la franchise de Tom, les lèvres roses de Sélène s'étirent en un large sourire énigmatique.
— Tu avais raison, la première fois à la bibliothèque. Quand tu laissais entendre que nous avions sûrement beaucoup en commun, et beaucoup à nous apporter l'un à l'autre. Tu as raison.
Silencieux, Tom est aussi pris de court par la sincérité des mots de Sélène. Sous ses traits angéliques, et son air réservé, elle semble percevoir bien plus qu'elle ne le dit. Pour la première fois, Tom est réellement intrigué, défié, et même irrépressiblement attiré par quelqu'un. Au cours du dîner, il ne peut s'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs à Sélène, chose qu'elle fait aussi, observant chacune de ses expressions. Admirant jusqu'à ses manières élégantes et gracieuses. Toutes ces manières ne laissent aucun doute sur les origines de Sélène Munro ; une fille de bonne et grande famille. Mais quelque chose le dérange dans sa contemplation : Ace Ashin assit à l'autre bout de la table fixe Sélène avec une insistance évidente. Les yeux marron du Gryffondor suivent chacun des mouvements de Sélène, et son sourire en coin laisse transparaître un intérêt non dissimulé. Le pire étant que Sélène semble lui rendre quelques sourires. Peut-être par simple politesse, mais Tom sent une pointe de contrariété monter en lui, une émotion pour le moins inattendue qu'il ne reconnaît pas immédiatement. Il n'est pas du genre à s'agacer des actions des autres, préférant les manipuler. Mais cette lueur, ce désir évident dans les yeux d'Ace, lui semble déplacé même offensant. Sans s'en rendre compte, Tom contracte la mâchoire, ses doigts pianotent sur la nappe comme pour contenir son irritation. Slughorn occupe son cercle en racontant une anecdote sur l'un de ses anciens protégés, ils ne remarquent rien de l'agitation intérieure de Tom. Mais Sélène, elle, avec sa perspicacité qui la caractérise capte quelque chose. Elle tourne brièvement la tête vers Ace, ses yeux captant le temps de quelques secondes les siens avant de se détourner finalement. Tom observe cette interaction silencieuse, et un élan de possessivité.. Une émotion qu'il ne s'autorise pourtant pas à ressentir, traverse son esprit. Il ne comprend d'ailleurs pas pourquoi cela le touche autant. Peut-être est-ce parce qu'il voit Sélène comme une énigme que lui seul commence seulement à décrypter, et l'idée même que quelqu'un puisse aussi être attiré par son mystère le déstabilise. Ou est-ce seulement qu'avec son attitude arrogante et ses intentions évidentes, Ace pense pouvoir attirer l'attention de Sélène avec facilité.
— Quelque chose t'asticote, Tom ?
La question est posée avec une innocente curiosité, mais les yeux de Sélène brillent d'une lueur malicieuse, trahissant une fois de plus qu'elle perçoit bien plus que ce qu'il voulait montrer. Cependant, en bon maître de ses émotions, Tom répond avec un faible sourire.
— Non, bien sûr que non. Je trouve que certains ne savent pas apprécier la subtilité quand ils la voient.
En disant cela, il jette un bref regard vers Ace, ce dernier détourne le regard qui détourne aussitôt son attention, pris sur le fait. Sélène émet un léger éclat de rire, sincèrement amusée par la situation, elle approche son visage de celui de Tom.
— Les regards curieux ne m'ont jamais troublée. Ceux qui se contentent de regarder sont ceux qui ne comptent pas, Tom.
Cette remarque touche quelque chose en Tom. Le mépris implicite dont elle fait preuve pour l'attention superficielle d'Ace ne lui échappe pas, et lui plait. Le reste du dîner, Tom garde une présence plus marquée auprès de Sélène, subtilement protecteur, comme pour s'assurer qu'Ace Ashin, et les autres, comprennent bien que Sélène est sous sa vigilance, quand bien même il ne l'avouerait jamais de cette manière. Ce petit élan d'agacement est une piqure de rappel ; quand bien même Tom brille d'excellence dans l'art de contrôler ses propres émotions, il peut finalement se faire surprendre par elles.
Les conversations continuent, rythmées par le tintement des verres et les éclats de rire, mais Sélène, bien que polie et attentive, semble de plus en plus enclin au sommeil. L'immense pendule du bureau indique une heure tardive, alors Sélène se lève doucement. Elle s'excuse à voix basse auprès du professeur, ce dernier éternellement jovial ne cherche pas à la retenir, bien qu'il paraisse déçu.
— J'espère rapidement vous revoir à cette table ma chère, je pourrais vous raconter la fois où votre père a attrapé un billywig à mains nues.
Slughorn se tape le ventre, visiblement amusé rien qu'à l'évocation de ce souvenir. Civilisée, elle salue les autres membres du club, accordant une attention plus particulière à Tom. Alors que sa main se pose sur la poignée de la porte du bureau, Ace se lève bruyamment de sa chaise, comme si l'assise l'avait brûlé. Ce dernier voyant une excellente opportunité d'avoir un moment en tête-à-tête avec Sélène en la raccompagnement. Sauf qu'il est devancé. Tom, avec une rapidité presque bestiale, se lève et fond sur Sélène. Il s'arrête à sa hauteur.
— Permets-moi de te raccompagner, Sélène. C'est la moindre des choses.
Le timbre de Tom est charmeur et Ace, pris de court, reste figé un instant, ses lèvres se pinçant de frustration. Il regarde le Serpentard d'un air contrarié, mais ce dernier ne daigne même pas lui accorder un regard, trop concentré sur Sélène, qui accepte sans une once d'hésitation.
— C'est très aimable, Tom.
Sur ces mots, ils quittent ensemble le bureau de Slughorn. Les couloirs de Poudlard, faiblement éclairé par des torches vacillantes, sont déserts et paisibles à cette heure-ci, l'écho de leurs pas résonne sur les grosses pierres anciennes. Un silence confortable s'immisce entre eux avant que Tom ne décide de le briser.
— Tu as fait forte impression ce soir. Le professeur Slughorn n'a pas souvent l'occasion d'avoir quelqu'un qui préfère les livres à la compagnie de son cercle.
— Tu sais de quoi tu parles, Tom. Le professeur Slughorn te porte en grande estime, comme à peu près tout le corps enseignant. Il est très accueillant ceci-dit, mais ce n'est pas mon monde. Ma venue est surtout dû à ma curiosité maladive et.. elle tourne son regard vers Tom. Tu n'es pas innocent à ma venue, tu savais pertinemment comment me convaincre.
Le silence retombe à nouveau, et la lumière chaude des couloirs semble renforcer l'intimité de leur conversation. Ils ne tardent pas à arriver au pied de la tour Serdaigle. Ils se font face un instant. Le regard gris de Tom, plus sombre à cet éclairage, est brièvement attiré par le symbole qui scintille sur la poitrine de Sélène. Tom, pour une fois, ne sait pas exactement quoi dire. Elle a vraiment ce don de lui rappeler qu'il n'est pas le seul à voir bien au-delà des apparences, et cela le déstabilise tout autant que ça l'attire.
— Merci Tom, je dois bien reconnaître que je me suis amusée ce soir. Bonne nuit.
Elle lui adresse un sourire et se détourne. Mais alors qu'elle pose son pied sur une marche, elle se stoppe. Elle tourne la tête, ses longs cheveux noir glissant sur ses épaules comme une caresse.
— Je suis très impatiente que tu me montres la fameuse collection du professeur Slughorn. Que dirais-tu de.. disons.. demain après les cours, à la bibliothèque.
Sa voix est douce, mais assurée. Les mots de Sélène résonnent d'une lueur de défi et de malice. Son sourire est énigmatique, un mélange de curiosité et de provocation. Pris par surprise, Tom se contente de l'observer disparaître dans l'ombre de l'escalier en colimaçon le cœur battant légèrement plus fort que d'habitude. Sélène Munro n'est pas une simple spectatrice dans le théâtre de sa vie, mais une énigme qu'il brûle de comprendre, et ce, au plus vite.
