Rencontre inattendue
Buck se tenait près du camion de pompiers, son uniforme légèrement poussiéreux après une intervention.
Il avait été temporairement affecté à l'équipe B du 118, une équipe qu'il ne connaissait pas bien, mais il s'adaptait vite. La matinée avait été calme jusqu'à ce qu'un appel d'urgence les envoie sur les lieux d'un accident de voiture.
Le camion roulait en trombe, sirènes hurlantes, lorsque Buck se surprit à penser à sa propre situation. Son plan pour trouver un mari de convenance, quelqu'un qui pourrait l'aider à se protéger de ses parents avides, le hantait.
Carla n'avait pas encore trouvé la personne idéale.
Ils arrivèrent sur les lieux de l'accident. Une voiture renversée sur le côté, de la fumée s'échappant du moteur, des éclats de verre partout.
Buck se précipita avec les autres pompiers pour évaluer la situation. À l'intérieur de la voiture, un homme et un enfant étaient coincés. L'homme semblait gravement blessé, inconscient, tandis que l'enfant pleurait doucement, appelant son père.
– Papa, réveille-toi, s'il te plaît…
Le cœur de Buck se serra. Il se pencha vers l'enfant, essayant de le rassurer.
– Hey, petit, je suis Buck, je suis pompier. On va te sortir de là, toi et ton papa. Comment tu t'appelles ?
– Chris... Christopher, répondit le garçon en sanglotant.
– Très bien, Christopher. Reste calme, on est là pour vous aider, d'accord ? On va tout faire pour que toi et ton papa soyez en sécurité.
L'équipe de désincarcération commença à travailler rapidement, utilisant des outils pour couper à travers le métal tordu de la voiture. Buck restait près de Christopher, lui parlant doucement pour le distraire de la peur et de la douleur.
– Tu es très courageux, tu sais ? Tu veux bien me raconter quelque chose pour passer le temps ?
Christopher hocha la tête, les larmes coulant sur ses joues.
– Papa... il fait tout pour moi. Il était médecin dans l'armée et il a même eu une médaille.
– Un vrai superhéros alors, lui sourit-il.
– Il est plus fort que superman.
– T'as vraiment de la chance d'avoir un papa comme lui.
Christopher acquiesça puis il baissa les yeux les larmes roulant sur ses joues. Buck se tendit et attrapa sa main pour le réconforter. Il s'était à moitié glissé dans la voiture mais il n'avait aucune marge de manœuvre pour sortir Christopher.
Il regrettait un peu l'absence de Chim, il était si petit qu'il pouvait se faufiler partout, ce qui lui avait valu son surnom après un appel quelque peu embarrassant pour lui. Buck ne bougea pas malgré son envie de s'approcher encore plus de Chris, pour ne pas rester coincé lui aussi. Il retint une grimace en sentant le verre s'accrocher à sa veste.
Bobby, son capitaine sur l'équipe A, allait le tuer s'il se blessait alors qu'il avait promit qu'il n'aurait aucune égratignure sur ce quart, pour le convaincre d'accepter le transfert temporaire. Pas qu'il est besoin d'argent, même si c'était ce qu'il avait laissé entendre mais il n'avait pas envie de rester seul dans son trop grand appartement.
Christopher tenta de refouler un sanglot ce qui lui brisa le cœur en le faisant revenir brutalement à la réalité.
– Hey, Chris, est-ce que tu as mal quelque part ?
– Je ne veux pas que papa meure, comme maman, gémit-il en secouant la tête. Je ne veux pas être tout seul.
– On s'occupe de ton papa, ok ? tenta-t-il de le rassurer alors que son propre cœur était brisé pour le gamin. Je sais que ce n'est pas idéal mais dés qu'il sera dégager ou pourra t'atteindre plus facilement, poursuivit-il en gigotant pour tenter de se faufiler plus loin.
– Buckley ! le réprimanda soudain Reynolds et Buck resta à sa place se renfrognant.
– Ok mon pote, ils ne vont pas tarder à sortir ton papa et après se sera ton tour. Tu es vraiment super courageux. Toi aussi tu es un superhéros.
– Je suis une malédiction murmura-t-il. Papa m'a emmené ici pour me sauver et maintenant il va mourir, pleura-t-il de nouveau.
– Hey non, mon pote ne dit pas ça. Ton papa est un peu amoché mais il va s'en sortir ok ?
– Tu me promets ? lui demanda-t-il avec les yeux de chiots les plus efficace qu'il n'ait jamais vu auparavant.
– Buckley ! le réprimanda une fois de plus son capitaine n'ayant rien perdu de l'échange.
Buck grimaça intérieurement sachant très bien qu'il n'avait aucunement le droit de faire ce genre de promesse mais c'était difficile de résister à Christopher. Il jeta un œil à l'homme inconscient et catalogua rapidement ses blessures. Il ne perdait pas beaucoup de sang mais son capitaine avait raison, cela ne voulait pas dire qu'il allait s'en sortir.
Il ne voulait pas mentir au gamin.
– On fera tout pour ça, promit-il. Dis en moi plus sur toi et ton papa, poursuivit-il pour détourner l'attention de Christopher de son père pendant que l'équipe luttait pour le dégager. Où vivez-vous ?
– A El Paso mais on va vivre chez ma bis-abuela maintenant, répondit Christopher. Tu sais, depuis que maman est partie au ciel, Papa, il travaille tout le temps. Il a trois travails, tu sais ? Trois. Mais... ce n'est jamais assez. Le juge a dit qu'il devait redresser la barre sinon... sinon ils allaient me prendre. Mes abuelos… Papa ne voulait pas ça, alors on est partis...
Les paroles de Christopher résonnèrent dans l'esprit de Buck.
C'était beaucoup à traiter et il ne comprenait pas tout mais un père prêt à tout sacrifier pour protéger son fils, même à fuir pour échapper à une situation désespérée…
Buck se sentit profondément touché par cette histoire.
– Ton papa est vraiment un héros, mon pote, dit Buck doucement. Il t'aime beaucoup, ça se voit. On va s'assurer qu'il aille bien, d'accord ?
Les minutes s'écoulèrent comme des heures, mais finalement, l'équipe réussit à libérer l'homme de l'épave. Il fut rapidement transporté à l'hôpital, inconscient, mais stable.
Buck resta avec Christopher, le tenant dans ses bras dès qu'il fut sorti de la voiture à son tour alors que le garçon continuait de pleurer doucement.
À l'hôpital, après que son père ait été emmené en chirurgie, Buck resta avec Christopher dans la salle d'attente. Puis il lui fit passer tous les examens possibles pour être sûr qu'il n'avait aucune blessure cachée. Le petit garçon s'était laissé faire apparemment habituer à être manipuler par le personnel médical. Il était épuisé, mais trop inquiet pour dormir.
Buck essaya de le réconforter du mieux qu'il pouvait.
– Papa voulait juste me protéger, dit soudain Christopher entre deux sanglots. Il ne voulait pas que j'aille chez mes abuelos. Ils... ils m'infantilisent tout le temps. Je ne veux pas y aller.
Buck sentit une rage sourde monter en lui contre ces grands-parents qu'il ne connaissait même pas. Comment pouvaient-ils vouloir arracher ce garçon à un père qui faisait tout pour lui ?
– Je comprends, Christopher, murmura-t-il. Tu n'es pas seul, d'accord ? On va trouver une solution.
Buck sortit discrètement son téléphone et s'éloigna de quelques pas pour appeler Carla alors que Christopher mangeait doucement une barre de chocolat. Il attendit quelques sonneries avant qu'elle ne réponde à l'autre bout du fil.
– Oui, Buck ? Que puis-je faire pour toi ?
Buck respira profondément pour se calmer avant de commencer.
– Salut, Carla. J'ai besoin de ton aide.
– Bien sûr. Qu'est-ce qui se passe ?
– Nous avons eu un accident, commença Buck. Un père et son fils. Le père est blessé et son fils, Christopher, est avec moi à l'hôpital. Il m'a raconté qu'ils ont fui El Paso pour échapper aux grands-parents de Christopher. Ils veulent prendre la garde à son père. Je voudrais que tu fasses quelques recherches discrètes sur eux.
Il entendit Carla inspirer profondément de l'autre côté de la ligne.
– D'accord, je vais m'en occuper. Donne-moi toutes les informations que tu as sur eux.
Buck lui donna les noms et les quelques détails qu'il connaissait sur les grands-parents de Christopher. Carla prit des notes rapidement.
– Je te rappellerai dès que j'aurai trouvé quelque chose, promit-elle.
– Merci, Carla. Tu es formidable, dit Buck avec gratitude.
– Tiens-moi au courant de la situation, d'accord ?
– Bien sûr.
Buck raccrocha, sentant un poids se soulever de ses épaules. Avec Carla à bord, il était confiant qu'ils trouveraient une solution pour aider Eddie et Christopher.
Puis, Buck retourna auprès de Christopher, qui semblait un peu plus calme. Ils attendirent ensemble dans un silence ponctué de quelques mots réconfortants de Buck.
Quelques heures plus tard, Eddie fut ramené dans sa chambre, toujours inconscient et Buck fit venir Christopher qu'il aida à rejoindre son père. L'enfant s'endormit très vite et Buck put échanger avec Carla.
Après avoir raccroché, il sentit un mélange d'émotions tumultueuses bouillonner en lui. Les informations qu'elle lui avait fournies sur les parents riches d'Eddie et sur la situation de ce dernier le mettaient en colère.
Il ne pouvait pas croire qu'Eddie avait dû endurer tant d'épreuves.
Sa femme était morte dans un terrible accident de voiture, le laissant avec la responsabilité de leur fils, ses parents ne l'aidaient en rien, pointant du doigt son incapacité à prendre soin de leur petit fils, dans le dessein évident de mettre la main sur lui et pour couronner le tout, le juge avait posé un ultimatum sur sa tête. Buck sentait la colère monter en lui à l'idée que quelqu'un puisse menacer la stabilité d'une famille de cette manière.
Pourtant, malgré sa colère, une détermination féroce brûlait en lui.
Il avait pris sa décision. Il proposerait à Eddie un arrangement qui mettrait fin à leurs craintes d'être séparés. Ils n'auraient plus à vivre dans la peur constante que Christopher lui soit enlevé.
Buck savait que c'était la bonne chose à faire.
Il ne pouvait pas permettre à une autre famille d'être brisée à cause d'une injustice du système. Il sentit la détermination le guider vers ce qu'il savait être juste.
Il ne reculerait devant rien pour protéger Eddie et Christopher.
Quand Eddie se réveilla enfin, quelques heures plus tard, Buck se tenait à côté de son lit d'hôpital, Christopher toujours endormi contre son père. Eddie ouvrit les yeux lentement, clignant plusieurs fois, avant de se concentrer sur Buck.
– Où... où suis-je ?
– À l'hôpital, répondit Buck doucement. Vous avez eu un accident, mais vous allez bien. Votre fils est ici aussi, je me suis assuré qu'il allait bien. Il est juste fatigué.
Eddie regarda autour de lui, cherchant Christopher du regard. Quand il le sentit contre lui, une vague de soulagement traversa son visage et il resserra son étreinte sur lui.
– Merci, murmura-t-il, la voix rauque.
– Ne me remerciez pas encore, répondit Buck. On doit parler. Je sais que ce n'est pas le moment idéal, mais j'ai une proposition à vous faire et le temps presse.
Eddie fronça les sourcils, confus mais curieux.
– Une proposition ?
Buck prit une profonde inspiration, conscient que ce qu'il allait proposer changerait peut-être leur vie à tous les trois.
– Vous avez dit à votre fils que vous avez fui pour le protéger de ses grands-parents. Je pense que je peux vous aider. Vous voyez, j'ai moi aussi des parents qui essaient de me contrôler. Et j'ai besoin de quelqu'un avec qui je peux conclure un mariage de convenance, quelqu'un qui a autant besoin de cet arrangement que moi. Je pense que nous pourrions nous entraider.
Eddie le regarda, incrédule.
– Un... mariage de convenance ?
– Oui, pour que ni vos parents ni les miens ne puissent interférer dans nos vies. Vous pourriez rester avec moi, ici, à Los Angeles. Vous auriez une maison, un endroit stable pour Christopher. Et en échange, je pourrais avoir quelqu'un de confiance à mes côtés.
Le silence s'étira entre eux, Eddie réfléchissant à ce que Buck venait de proposer.
– Mes parents sont riches, ils…
– Croyez-moi, je le suis plus qu'eux, affirma-t-il.
Eddie fronça les sourcils, méfiant.
Buck le comprenait, il n'était qu'un inconnu et ce qu'il proposait était carrément fou mais c'était une solution parfaite pour les sortir de leur misère respective.
– Pourquoi feriez-vous cela pour nous ? demanda-t-il enfin.
– Parce que je sais ce que c'est de vouloir protéger ceux qu'on aime, répondit Buck avec sincérité. Et parce que je crois que nous pouvons nous aider mutuellement. Pensez-y, d'accord ? Mais ne tardez pas, j'ai payé tous vos soins en mon nom propre mais rien ne garanti que votre nom ne fuite pas jusqu'à vos parents. Je n'ai pas tous les pouvoir, même si je le voudrais.
Eddie hocha lentement la tête, encore sous le choc mais reconnaissant. Buck le vit resserrer son étreinte sur son fils.
– D'accord. Je vais y réfléchir.
Buck sourit, espérant sincèrement qu'Eddie accepterait. Peut-être que cette rencontre inattendue pourrait les sauver tous les deux.
