Bonjour, bonsoir mes petits chats ^^ !
Bon, on va pas tourner autour du pot, ça sert à rien, on a dépassé ça, vous et moi : il y a des chapitres difficiles à écrire. Des chapitres qui se traînent et se tirent tant ils s'articulent mal, tant on a pas envie d'arriver à ce thème, à ce sujet, à ces trucs qu'on a décidé de mettre et qui peinent à trouver leur place. Ça coince, ça bloque, ça fait chier, on hésite mille ans et on finit par tout effacer.
Ba ce chapitre-là, c'est pas le cas XD !
Je l'ai écrit très vite, ravie d'aborder enfin un chapitre que j'ai en tête depuis le début – DEUX ANS, deux ans que je sais que je vais l'écrire, que j'espère pouvoir l'écrire (vous imaginez pas combien je vibrais d'impatience en tapant, mon clavier a pris feu). Deux ans c'est long, à porter tout ça avec l'espoir d'arriver à tout bien goupiller pour y arriver, et putain, quand j'y suis arrivé, j'ai kiffé ma race, si vous me permettez l'expression. L'écrire a été l'un des trucs les plus faciles de Tie the Knot (surtout que j'ai eu des supers conseils de LiliCatAll, merci ma douce, tmtc XD)
En revanche, il fait partie des chapitres qui ne sont pas faciles à poster.
J'assume pleinement mes choix et mon histoire, certes, mais c'est pas pour autant que c'est facile de le partager quand lesdits choix sont aussi tranchés. Et quand on touche à la fin, aussi (pas ce mois-ci, j'vous rassure XD). J'ai peur de décevoir tout ce que vous vous êtes imaginé, de décevoir une patience de deux ans, et si c'est le cas, j'espère tout de même que la lecture de Tie the Knot vous aura quand même assez plu pour me pardonner mes choix.
Voilà voila, je sais mettre l'ambiance n'est-ce pas XD ?
J'en profite, au passage, sans honte aucune : pour le kinktober 2024, j'ai publié un petit « truc » pour qu'on en parle et que je puisse vous annoncer ce qui va se passer, donc allez checker ma dernière publi sur mon profil ffnet ^^ !
Comme toujours, un merci INFINI de votre lecture, vous êtes les meilleurs (big up les Lectrices et Lecteurs de l'Ombre) ! J'espère pouvoir vous lire en review, mais mille mercis d'être toujours là et… ba j'espère quand même que le chapitre vous plaira, hein XD !
Trigger Warning : Blessures, sang, description extrêmement graphique de blessures ou d'intégrité physique bien amochée. Faites gaffe si vous êtes sensibles. Et à mon humble avis, lisez pas les reviews avant le chapitre pour pas vous faire spoiler XD.
Chapitre 21 : « Allez vous faire foutre. »
« Kathy Favren. »
Kacchan lui retourna un regard stupéfait, presque aussi choqué que lui alors qu'Izuku se mettait à réfléchir frénétiquement, et dans un sens, désespérément. Ça n'avait aucun putain de sens. La dame gentille, mais prudente, qui lui avait offert un café et une discussion sans se départir d'une distance raisonnable et courtoise, une louve-garou ? Et une louve-garou déterminée à les éliminer ? Il se serait volontiers mis à bégayer un flot de question pour tenter de trouver une quelconque explication rationnelle, si l'inquiétude avait cessé de pulvériser la moindre pensée cohérente pour les remplacer par la nécessité absolue de savoir comment allait Eijirô. Dont le silence radio menaçait lui faire éclater le cœur.
Tétanisé face aux possibilités de réponse, il essaya de récupérer sa voix en déglutissant le nœud dans sa gorge, sans cesser de se répéter mentalement que si Kam protégeait Eijirô, c'est que ce dernier allait « bien ». Il allait « bien » jusqu'à nouvel ordre, plus exactement. Mais ça ne faisait pas redescendre son rythme cardiaque pour deux sous.
Sans s'attarder sur son immobilité, Kacchan prit immédiatement le relais, rappuya sur son micro en crachant avec d'autant plus de difficultés que ses crocs menaçaient percer sa peau à chaque mouvement de mâchoire :
« Eij ? »
« Il est juste assommé. » répondit Kam dans un murmure à leur attention, inutile de discrétion vu l'ouïe des loups, ce qui n'empêcha pas Izuku de lâcher un son étranglé, soulagé. Assommé, juste assommé, et pour inquiétant que ça soit, de savoir l'immensité de son amoureux capable d'être plongé dans l'inconscience en quelques secondes, il était en vie, avec Kam à côté pour le protéger.
« Kathy Favren, la témoin qu'Izuku a interviewé. »
La précision de Kacchan fut réceptionnée d'un infime grognement, côté Kam, et celui-ci s'éclaircit la gorge pour hausser la voix, peu amène : « Vous êtes… »
« Oui, et pour votre sécurité, vous pouvez dire à M. Midoriya de ne pas bouger de là où il est. Lui et son petit copain. » le coupa Kathy, tout aussi glaciale.
Ledit petit copain vibrait littéralement de l'envie de se précipiter dans les escaliers, instillant une douleur sourde dans la paume d'Izuku tant la tension de ses muscles l'obligeait à resserrer sa prise. Il ne put s'empêcher de grincer des dents devant la menace très explicite de Kathy et s'obligea à expirer lentement, canalisa une partie de son anxiété dans la recherche d'une solution d'exfiltration de Kam et Eij, et en vitesse. Pour l'instant, il ne voyait rien sur les écrans de surveillance et les radios restaient silencieuses, ce qui ne voulait pas dire grand-chose : Kathy avait bien réussi à se faufiler jusqu'à la salle des serveurs sans qu'ils la voient.
« Kam, sois prudent, on sait pas ce qu'elle veut… » souffla Izuku en entendant son meilleur ami ouvrir la bouche, dans l'espoir de le dissuader de lancer une menace à son tour ou une insulte bien sentie qui aurait pu le mettre en danger. Et il ne fut absolument pas surpris d'entendre Kathy lui répondre à lui presque directement :
« Ce que je veux, je veux accéder à l'ordinateur derrière votre ami et je suis désolée de… »
« Vos excuses, je m'en cogne. » gronda Kam en ajoutant une gerbe d'étincelle audible jusque dans leur canal de communication, saturé quelque peu. « Dites-moi juste comment vous avez fait pour nous sauter dessus ou arriver ici sans vous faire prendre, et peut-être que je me pousserais. Peut-être. »
Ce qui voulait dire jamais, chez Kam, mais Kathy sembla considérer que tenter de résoudre la situation sans effusion supplémentaire était envisageable, puisqu'elle se plia à la demande avec une bonne volonté relative. Sans effusion supplémentaire ou sans bruit, se corrigea Izuku, notant la discrétion avec laquelle Kathy les avait rejoints. En cas d'altercation, le poids que Kathy mettait sur ce paramètre pouvait éventuellement les protéger eux.
« J'ai mes entrées un peu partout, il suffit d'avoir… les bons arguments. Et pour le fait que vos amis ne m'aient pas senti arriver, disons que retenir son odeur est un mécanisme naturel chez beaucoup d'espèce. Y compris les loups-garous. Maintenant, sans vouloir être grossière, s'il vous plaît, poussez-vous. »
« Grossière ? Plus qu'en attaquant sans crier gare, vous voulez dire ? »
Le sarcasme de Kam fit éclater une espèce de silence pesant, dans laquelle l'hésitation de Kathy s'entendit parfaitement et une fois de plus, Izuku faillit se pincer pour réaliser la situation. Essayer de faire coïncider les longs doigts fins enroulés autour d'une tasse, quelques bagues élégantes pour rehausser les dessins que la vie avait tracés sur la peau, avec le concept de loup-garou.
Et pourtant… C'était l'évidence même, en fait. Un loup-garou expérimenté et capable de les filer sans laisser la moindre trace ni odeur devait forcément avoir un certain âge, surtout si l'on mettait dans la balance le côté très imprévisible des loups. Quiconque arrivait à se maîtriser assez pour suivre un plan aussi calculé, sans son esprit « humain », avait indubitablement de la bouteille et il se demanda vaguement combien d'autre loup-garou s'était fait prendre au piège de la gentille dame avant eux. Et dire qu'il avait été assez con pour se jeter, littéralement, dans la gueule du loup en allant l'interroger chez elle !
« Depuis combien de temps vous nous filez ? »
« Un loup-garou qui passe aux informations nationales, ça ne passe pas inaperçu. Facile de se rendre sur le toit de l'hôpital relever son odeur. »
« Depuis le début donc ? Et pourquoi vous vous êtes pas montré à ce moment-là ? »
« J'ai d'autre projet dans ma vie que d'apprendre la vie à deux bébés loups. Maintenant, poussez-vous. »
« J'ai encore quelques questions à vous poser avant ! »
« J'ai déjà été assez généreuse en répondant aux deux premières. »
« Vous voulez jouer comme ça ? Moi, ça me va, et ça va être très simple : vous répondez à mes questions et je me pousse, ou vous vous approchez de nous sans mon autorisation, et je vous balance assez d'électricité pour vous cramer la fourrure. »
La menace de Kam passa presque inaperçue dans le flot mental d'analyse d'Izuku, concentré au point d'oublier de respirer dans sa recherche de logique. Il était allé chez Kathy tôt le matin, seul, et il en était ressorti vivant. Bien évidemment, il devait être absolument saturé de l'odeur d'Eijirô, un vrai panneau d'affichage géant et lumineux, clignotement inclus, pour dire « je vis avec un loup-garou ». Vu la réticence de Kathy à attaquer Eij et Kacchan ensembles, elle aurait pu s'abstenir au seul motif de ne pas se voir pister par les deux loups, mais même ça, ce n'était pas un motif suffisant pour le laisser repartir intact. Surtout qu'à l'époque, Kacchan venait à peine de se faire mordre, son odeur ne devait pas encore porter une quelconque marque de lycanthropie.
Autrement dit, le meilleur moment qu'avait eu Kathy pour les éliminer, ça avait été ce fameux matin où il avait pris un café sur sa minuscule table de cuisine. Elle n'aurait eu qu'à le tuer et attirer Eijirô pour compléter le tableau de chasse. Si elle était là, dans ce bâtiment public, c'est parce qu'elle avait besoin d'eux ici, et qu'elle avait subtilement manœuvré pour les conduire exactement là où elle le voulait… Mais pourquoi ?
« C'est inutile de me menacer avec autant de matériel électrique autour de nous. Vous savez bien que la moitié de votre charge sera déviée par les serveurs et les fils conducteurs, et ce qui restera sera insuffisant pour… »
« Ah, une experte en conduction électrique, maintenant ! À votre avis, combien de volt le matériel pourra-t-il encaisser à votre place, si je pose la main sur vous ? »
« Je vous sais capable de me tuer sur place si c'est là la question, mais vous me pardonnerez de devoir vous faire remarquer que si je m'approche assez pour être touchée, vous aurez les mains arrachées avant d'avoir pu les poser sur moi. »
« Je vous pardonne zéro, et je vous emmerde. »
À côté d'Izuku, incongru au possible et pourtant terriblement raccord avec le personnage, Kacchan eut un rictus ravi et il aurait presque pu l'entendre clamer, fier au possible : « Ça, c'est mon homme. ». Il fallait avouer, tout jeu de mots douteux mis à part, que Kam avait indubitablement du chien.
Assez pour qu'un soupçon de grondement se faufile dans la voix de Kathy, pourtant assez maîtresse d'elle-même pour conserver sa courtoisie quand elle ordonna doucement, comme une fatalité inéluctable :
« Poussez-vous. »
« Dans vos rêves ! »
« Jeune homme, s'il vous plaît, poussez-vous, je dois accéder à l'ordinateur derrière vous. »
« Pourquoi ? »
Izuku l'aurait giflé, de prolonger ainsi une conversation dont ils se contrefoutaient en beauté, puisque la seule chose qui importait, c'était d'assurer leur sécurité, tout en reconnaissant malgré lui que Kam n'avait pas le choix. Connaître les raisons réelles de Kathy, c'était tenter d'y déceler une marge de manœuvre et il appuya avec ferveur sur son oreillette pour capter le plus petit indice dans la voix de la femme – colère retenue, impatience, trop grand calme, tout était bon à prendre. Surtout l'infime claquement de langue agacé précédant la réponse de l'ennemie, signe d'une plus grande probabilité de sincérité.
« Parce que je dois modifier le dossier me concernant, pour supprimer la surveillance qui y est inscrite et qui a permis à votre ami de me retrouver. Un simple effacement d'une ligne et je serais libre. »
« Vous êtes sous protection de témoin, j'appelle pas ça une prison ! »
Kacchan grimaça, comme lui, face à la réaction du platine. Un peu trop de colère et d'acidité, dans la voix de Kam, imprudentes face à un être capable de le fendre en deux d'un simple coup de griffe, mais sa manœuvre de déstabilisation eut le résultat escompté. La voix de Kathy devint subitement stridente, hachée d'inspirations précipitées propres à la fébrilité la plus extrême – une combinaison dangereuse au possible.
« Ça se voit que vous n'y avait jamais eu droit. Je n'ai plus aucune liberté de mouvement ou de choix sur ma vie depuis ce maudit témoignage, le gouvernement surveille tout, jusqu'au contrôle des entreprises où je postule… Je n'ai aucun espoir d'obtenir un visa de sortie du territoire japonais, je ne peux pas prendre le train sans demander une autorisation gouvernementale, laquelle se solde neuf fois sur dix par un refus. Ne parlons même pas de déménager, qui m'est refusé depuis des années en dépit de ma santé ! J'estime avoir gagné le droit d'appeler ça une « prison », alors écartez-vous, ou je devrais vous blesser vous aussi ! »
Izuku fronça les sourcils et échangea un regard avec Kacchan, perplexe. La tension dans le discours de Kathy aurait pu être simulée, bien entendu, mais un truc dans les tremblements de sa voix le faisait plus pencher pour une explication réelle de son quotidien. Sauf qu'une telle minutie dans la surveillance était bien loin des habitudes gouvernementales. Il se mordit la lèvre en suivant un embrouillamini de questions, sans trouver le fil qui lui permettrait de trouver pourquoi une telle rigueur dans le traitement d'une civile.
Enferré dans une possible impasse administrative qui aurait pu expliquer une non-évolution du protocole de surveillance depuis l'époque – tirée par les cheveux, mais l'impossible n'était pas administratif – il allait renoncer quand il perçut un geste, sur sa gauche, pour attirer son attention. Prenant la précaution de signer en dépit de leurs micros coupés, Kacchan suggéra, avec un froncement de sourcils inquiet dans ses traits brouillés entre loup et humain, « Une surveillance de criminel potentiel ? », au moment exact où Kam reprenait d'une voix sourde :
« Ça ne ressemble pas à une simple surveillance de civil. »
« Jamais dit que ça en était une. Je suis sous surveillance pour suspicion de meurtre et possible mise en danger de la société. »
Ah.
Kacchan émit un craquement écœurant sous ses doigts, qu'il aurait tordu si Izuku n'avait pas raffermi sa prise en fronçant les sourcils. Il ajouta un hochement de tête négatif en appui de son refus, guère étonné de recevoir un éclat de crocs en retour. Mais que ce soit juste des suspicions ou la réalité, ça ne faisait que renforcer la probabilité que Kathy attaque s'ils faisaient seulement mine de bouger du poste de contrôle.
« Vous n'avez pas été attaquée, dans ce parc, vous avez tué. » déduisit Kam d'une voix sans appel que le silence rendit plus tranchante encore, alors que Kathy choisissait soigneusement ses mots pour avouer l'inavouable. Visiblement peu désireuse de s'étaler sur le sujet.
« Les débuts de la lycanthropie sont… difficiles. Si vos odeurs ne me trompent pas, votre ami blond en a fait les frais, en étant mordu à son tour. Il se trouve que j'ai été au mauvais endroit au mauvais moment, et que j'ai rapidement compris pourquoi il était préférable de mentir aux autorités. Mais ils avaient assez de… doutes pour me tenir à l'œil. »
« Grâce à la fameuse protection des suspects, qui a été mise en place peu de temps après votre témoignage. »
« Ironique, n'est-ce pas ? J'ai tenté de disparaître de l'attention gouvernementale en faisant mon meilleur numéro de pauvre victime effrayée et au final, on a utilisé mes propres mots pour me garantir un enfermement total si je me faisais attraper. Le tout sous une surveillance qui est elle-même une prison. Ce qui attendrait vos deux amis si le gouvernement ne faisait que suspecter leurs existences, d'ailleurs. »
« Une chance qu'on cherche un remède, dans ce cas. Vous savez quoi, à ce sujet ? »
Au ton de Kam, il était clair qu'il gagnait du temps en essayant par tout les moyens de faire parler Kathy, dans une attitude pressante et presque menaçante, une tactique dangereuse d'équilibre. Dans sa position, il aurait toutefois été difficile d'imaginer une stratégie autre que celle de tenir à distance l'ennemie, tout en soutirant la moindre information disponible pour y dénicher une faille.
Ou plutôt, comme Izuku le réalisa avec un instant de décalage, infime, mais glaçant, pour qu'eux, de l'autre côté des oreillettes, trouvent une faille.
« Un remède ? »
Il n'aimait pas du tout, mais alors du tout l'incrédulité dans la voix de Kathy, tellement pas qu'il grimaça et sentit Kacchan se tendre encore plus à côté, désormais presque trop loup pour réellement comprendre la situation. Mais comme il avait toujours les doigts crochetés sur son poignet, enfouis dans la fourrure blonde en train de s'imprimer sur sa peau tant il serrait, toutes ses émotions se déversaient directement sur lui. Plus que suffisant pour que Kacchan gémisse, alors qu'Izuku retenait son souffle d'angoisse face à la voix trop douce choisie par Kathy pour continuer :
« Il n'y a pas de remède. C'est… Enfin, c'est effectivement une sorte d'alter, d'une certaine manière, mais si imbriqué au niveau moléculaire que… »
« Je ne vous crois pas ! » cracha Kam, toute sa hargne bien inutile face au vacillement de Kacchan face à l'idée d'une vie coincé comme ça. Si Eijirô avait été conscient, Izuku aurait été certain qu'il aurait eu le même choc devant l'infime possibilité que Kathy disait peut-être la vérité, mais il se contenta de secouer la tête, farouche à son tour :
« Kam a raison. On ne sait rien encore. Pas de certitude. » signa-t-il en quatrième vitesse de sa main libre. « On continue. »
Il lâcha le poignet de Kacchan sans prêter attention à son ébrouement, et se précipita sur les consoles d'ordinateur. L'esprit à mille à l'heure, il sentit vaguement son meilleur ami fourrer quelque chose dans son sac à dos, en usant sans doute du semblant de conscience humaine qu'il lui restait pour dissimuler ses fringues. En d'autres circonstances, il aurait loué l'idée : là, il réfléchissait à plein régime sur la manière de rejoindre Kam et Eij au plus vite. Qu'ils ne puissent pas sortir de la pièce ne signifiait pas forcément qu'ils étaient sans marge de manœuvre et Izuku entreprit de lister mentalement leurs possibilités.
La meilleure option était de privilégier la sécurité à l'anonymat, quitte à devoir affronter après les conséquences de s'être introduits dans l'agence. Des mensonges, il en trouverait. Sur les caméras, la rue et les couloirs toujours déserts confirmaient que les équipes de sécurité étaient restées à leurs postes, sur le toit ou à l'entrée principale. Maintenant, il fallait trouver un moyen efficace de les détourner de tout ce qui risquait de se passer dans la salle des serveurs – comment on occultait l'attention de personnes payées pour garder cette dernière en alerte ?
On la redirigeait.
Kathy s'éclaircit la voix, délicatement, sans réussir à dissimuler le côté tranchant de son ton et une giclée de glace coula le long de la colonne vertébrale d'Izuku, mortelle :
« Pour le remède, je ne te répondais pas à toi, mais au reste de ta meute. Avec mes excuses. »
Il appuya si fort sur son oreillette qu'il se fit mal, au passage, la vibration de son cri faisant sursauter Kacchan :
« Attention, Kam ! »
Peine perdue, car l'effet larsen dans son oreillette raviva une migraine quasi instantanément, brouillant un instant le signal. Le son d'un pas arrêté net confirma à Izuku que la décharge tout juste balancée Kam était un énième avertissement, face à l'attitude de plus en plus menaçante de Kathy.
Snobé volontairement la présence de Kam comme elle venait de le faire, en s'adressant directement à eux qui n'étaient pas dans la salle des serveurs, c'était annoncer qu'il était déjà mort, après tout.
Sur la même longueur d'onde, Kacchan s'immobilisa in extremis, et s'il avait eu la certitude que ça n'aurait pas immédiatement sonné le départ d'une attaque foudroyante, Izuku l'aurait supplié de se mettre à courir. À la place, la mort dans l'âme, il ouvrit furieusement le logiciel de contrôle des caméras, dénicha rapidement les réglages de sécurité pour calculer la force qu'il allait devoir mettre dans son coup de poing. Avec la voix pressante de Kam dans son oreillette, gagnant seconde après seconde :
« On n'est pas une meute. »
« Bien sûr que si. Ça se sent. » rajouta Kathy, après une demie-seconde de réflexion dans laquelle Izuku décela un calcul soigneux, presque méthodique. Accompagné d'une inspiration que la finesse de l'oreillette de Sero réussissait à retransmettre, destinée à analyser exactement combien de personne composait leur meute et où ils étaient réellement. Sans doute pour vérifier au passage si elle arriverait à éliminer Eijirô et Kam avant que leur « meute » soit au complet dans la salle des serveurs.
« Ce qu'on fait et comment on s'organise ne vous regarde pas, sauf si vous souhaitez nous aider. »
« C'est plutôt vous qui allez m'aider. Je suis vraiment désolée que ça tombe sur toi et ton petit ami, mais j'ai réellement besoin d'un loup-garou pour pouvoir acheter ma liberté, enfin, d'un loup-garou mort en guise de diversion, plus exactement, et… »
« Mais vous vouliez seulement effacer votre surveillance… » répéta Kam, perdu, et le haussement d'épaule de Kathy aurait pu être perceptible, si Kacchan n'avait pas émis un grondement sourd en achevant les dernières traces d'humanité sur sa fourrure.
« Personne n'ira vérifier des dossiers informatiques de plus de vingt ans avec un corps de loup-garou tout frais sur les bras. Et pire encore si un pro-héro s'est trouvé là au mauvais endroit, au mauvais moment… Pauvre petite chose. J'espère juste que tes petits amis auront l'intelligence de se taire, ça m'embêterait de devoir finir le travail. »
« Allez vous faire foutre. » lui rétorqua Kam, hautain comme jamais.
L'aboiement de Kathy dans leur canal de transmission recouvrit à peine le voltage dont se recouvra le platine pour se protéger, avec un grognement d'effort et un vrombissement d'électricité impressionnant.
« FONCE ! » hurla Izuku, certain que Kacchan n'avait pas besoin de lire sur ses lèvres pour comprendre rien qu'aux vibrations qu'il avait crié.
La masse du loup ébranla la pièce quand il fila vers les étages, enquillant les escaliers avec une vitesse à peine croyable. Impossible que ça passe inaperçu. Izuku eut l'impression que ses doigts allaient finir par détruire les touches s'il continuait à les enfoncer aussi fort, sans s'arrêter pour autant, parce qu'il avait encore besoin d'une poignée de seconde supplémentaire où son cœur menaçait quitter sa cage thoracique pour compléter les commandes. Il laissa l'ordinateur en plan exprès, avant de bondir de l'autre côté du poste de commande. La porte par laquelle ils étaient entrés ouverte à la volée sans s'inquiéter d'être discret, il fit exploser l'une des deux caméras à l'entrée de service.
L'alarme hurla immédiatement, avec un son strident qu'il espérait assez prononcé pour handicaper Kathy et ne pas trop gêner Kacchan, dont il n'avait jamais autant apprécié la surdité. La porte refermée, il s'offrit quelques minutes supplémentaires de diversion en balançant un coup de pieds dans la poignée pour la dégonder. Izuku n'attendit même pas que la poignée arrachée touche le sol pour se précipiter vers la cage d'escalier à la suite de Kacchan et au passage, il enfonça la touche « entrée » du clavier, finalisant sa commande informatique.
« ALERTE INTRUSION – ALERTE INTRUSION – ALERTE INTRUSION – ALE… »
Dans une seconde alarme tout aussi bruyante et impressionnante, les portes de sécurité se refermèrent en recouvrant chaque entrée stratégique d'une couche de métal traité à l'anti-alter, comme dans tous les bâtiments publics. Il n'avait pas pu vérifier exactement lesquelles seraient activées, mais il pariait sur la bureaucratie pour suivre le plan classique : entrées principales, portes de sortie auxiliaire, poste de commande interne. Et il souhaitait bon courage aux gardes pour suivre leur protocole et défoncer les portes, s'introduire dans le poste de contrôle en urgence, tout ça pour constater que l'action se déroulait deux étages plus haut.
Il n'avait juste pas prévu que celle du poste de contrôle se refermerait aussi vite, et sans la rapidité que lui conférait son alter, Izuku ne serait pas réussi à passer sous le métal avant que celui-ci touche le sol. Il se plia tout de même en deux pour gagner en vitesse, franchit la porte menant à la cage d'escalier sans un regard en arrière. Les étincelles vertes de son alter zigzaguèrent sur les marches, mettant en relief les griffures que Kacchan avait laissées en grimpant à fond de train et dont il se moquait, comptant sur la précipitation des équipes de surveillance pour les dissimuler. De toute façon, à ce stade, il aurait été prêt à crier au monde entier que son fiancé et son meilleur ami étaient des loup-garous si ça lui avait offert la certitude qu'ils s'en sortent sans trop de dégâts.
Au deuxième étage, le couloir menant à la salle de contrôle était confusément long, trop pour son angoisse et l'adrénaline en train de lui ravager les nerfs. Izuku dérapa méchamment en prenant le premier tournant, se rattrapa de justesse, et les derniers mètres lui parurent d'autant plus éreintant que le bruit de combat était désormais suffocant. Pas autant que la vision qu'il entraperçut, en arrivant à pleine vitesse dans la salle des serveurs.
Il enregistra les informations le temps d'un clignement d'œil, pas plus – la taille absurde de Kathy, plus imposante qu'Eijirô encore, toute de fourrure poivre et sel avec quelques traces blafardes pour signaler d'ancienne cicatrice. Une masse qui ravalait Kacchan à un poids plume en comparaison, et la longueur des crocs qu'elle claqua à quelques centimètres du blond, écumante de bave, titanesque. Kam, stratégiquement placé devant la masse rousse d'Eijirô gisant sur le sol, nez plissé de hargne, prêt à frapper dès qu'une ouverture s'offrait à lui. Ouverture qu'Izuku pouvait peut-être lui offrir, avec une lichette de chance.
« Laisse-les ! »
Sans s'arrêter ni prendre le temps de choisir une meilleure stratégie, Izuku prit appui sur le cadrant de la porte pour sauter à la gueule de Kathy, ignorant volontairement l'immensité de sa masse, les crocs et les griffes titanesques. Celles-ci, il aurait peut-être pas dû les ignorer, parce qu'il ne vit pas arriver le coup de patte que lui administra Kathy, d'une précision redoutable vu le point d'impact pile sous l'aisselle, parfait pour lui couper la respiration. Il n'eut pas le temps de se rattraper d'un fouet ou d'une torsion qu'il s'écrasa proprement contre l'un des serveurs informatiques.
Terriblement bien ancré dans le sol, cette merde, et ni ses kilos ni la vitesse de sa chute ne réussirent à le dévisser, tout juste si la structure grinça méchamment au-dessus de lui. À genoux et souffle coupé, il cracha un borborygme en essayant de se redresser, le corps saturé de douleur et d'adrénaline alors qu'il tentait de synthétiser ce que voulait dire une telle puissance.
Eijirô et Kacchan étaient des chiots, face à ça.
La rapidité de Kathy n'avait rien à voir avec celle qu'il leur connaissait et la maîtrise qu'elle avait de son corps de loup était infiniment trop fine pour y déceler un point faible. Elle avait son plan en tête et ne s'arrêterait qu'une fois deux d'entre eux morts. Au minimum.
« Izuku ! »
Il se tourna vers Kam à l'instant où celui-ci lui lançait son oreillette dans un geste presque désespéré. Le minuscule appareil s'envola dans la pièce et il dut se relever précipitamment pour réussir à le rattraper, avec une seconde d'incompréhension, jusqu'à ce qu'il remarque le morceau de fer tortillé à la hâte autour de l'oreillette.
Conducteur, donc.
De quoi diriger une attaque pile dessus, et si Izuku arrivait à jeter ça aux pattes de Kathy avant que l'éclair ne le touche, ils pourraient plus balancer une sacrée giclée dans les crocs. Sans trop craindre que les vis métalliques des serveurs attirent la charge électrique, bien entendu. La douleur le fit hésiter un instant avant de faire un pas en arrière pour s'éloigner des combattants, histoire d'être à bonne distance. Un pas en arrière de trop.
Aussitôt, Kathy envoya bouler Kacchan pour foncer sur lui, ce qui, vu la disposition de la salle, équivalait à un simple bond un peu plus prononcé. Son instinct ou son analyse la plaçait bien trop à gauche d'Izuku, absolument pas sur la trajectoire sur laquelle Kam pouvait espérer balancer une décharge. Merde. Et tout à sa frustration mâtinée d'une furieuse réflexion sur la manière d'arranger ça, Izuku réalisa un peu trop tard qu'une tonne de muscle prête à le tuer se ruait sur lui.
Crocs enfoncés dans son dos, Kacchan tira en arrière Kathy in extremis, si in extremis qu'en tombant au sol, le museau de la louve heurta Izuku au niveau de l'épaule. Le poids était suffisamment lourd pour qu'il gémisse, et sente une de ses côtes fragilisées par son vol plané protester bruyamment, ou se rompre, il n'aurait su le dire. La louve se tortilla en tous sens pour arriver à se dégager des mâchoires de Kacchan, qu'elle égratigna de griffures et morsures sur chaque centimètre qu'elle arriva à atteindre sans le faire lâcher. Le tout dans un vacarme de grondement ahurissant.
« Pousse-toi ! » lui hurla Kam, presque trop tard en voyant le mouvement que prit le corps à corps.
Izuku échappa de peu à un écrasement dans les règles de l'art quand les deux loups heurtèrent la tour de serveur – définitivement foutue, cette fois. Il se jeta de côté en cherchant une faille dans l'affrontement pour y glisser un fouet d'alter, ne serait-ce qu'un coup, sans trouver de prise dans la fureur des combattants. Il s'apprêtait à tenter sa chance quand même, quitte à annuler au dernier moment, quand Kathy se tordit assez pour attraper une pleine bouchée d'épaule de Kacchan et l'ouvrit sauvagement, épluchant la plaie. Aucune détermination au monde n'aurait pu empêcher le blond de hurler de douleur, et de fait, lâcher sa proie. Plus expérimentée ou plus dure à la douleur, son adversaire se jeta à sa gorge sans hésitation et serra ses mâchoires à la jointure, coupant net le cri de Kacchan en un gargouillis étouffé des plus ignobles.
Par réflexe, Izuku se précipita et encercla la patte avant de Kathy qu'il se mît à tirer dans l'espoir de la déstabiliser assez pour la faire lâcher. La volée d'étincelles vertes qu'il produisit en y mettant une force colossale, ne bougea pas la louve d'un millimètre et il hurla de rage en sentant contre lui les muscles lourds se tendre, résistant à son alter.
« Désolé, ça va faire mal ! » s'excusa Kam d'un cri, et Izuku ne comprit qu'avec un temps de retard qu'il ne s'adressait pas à lui, mais à Eij.
À genoux à côté du roux, Kam posa ses mains crépitantes à plat au niveau du torse d'Eijirô et choqua. Izuku vit très clairement un éclair traverser l'immense cage thoracique de son amoureux dans une demi-seconde terrifiante, agrippé comme il l'était à la patte de Kathy, et puis Eij se redressa d'un coup, bave aux lèvres et regard fou, perdu.
« Eij ! » hurla Izuku, doigt pointé sur Kacchan à moitié étouffé par les crocs de Kathy refermés autour de son échine, gémissement de chien en prime. « Ici ! »
L'ajout d'Eijirô dans la bataille ne s'embarrassa d'aucune fioriture ou réflexion. Le roux sauta tout bonnement sur Kathy qu'il percuta suffisamment fort pour la faire lâcher, et dans la foulée, croqua un sacré morceau de queue.
Izuku roula au sol, la douleur dans ses côtes suffisante pour lui couper la respiration et le laisser cracher ses poumons, évité de peu par les pattes des loups. Sans leurs griffes, tous trois auraient sacrément glissé sur le sol détrempé d'une quantité de sang devenue presque impensable, et il était désormais difficile de les différencier par leur simple couleur de fourrure.
La taille et la manière d'attaquer, en revanche, étaient plus qu'éloquents. Si Kathy avait pour elle son expérience et sa masse, Eijirô et Kacchan réussissaient le miracle de coordonner leurs actions, tantôt attaquant au même endroit, et la seconde d'après, des deux côtés, pour obliger la louve à perdre une énergie considérable dans des tortillements sans fin. La seule constante était la réaction viscérale qui les faisait sauter sur Kathy dès qu'elle arrivait à en attraper un, seule faille exploitable pour elle et si Izuku avait osé espérer une seconde être discrets, c'était désormais révolu. Les grondements et claquements de mâchoires à eux seuls auraient suffi à rameuter tout l'immeuble. Il priait cependant de tout son cœur que les gardes interviennent assez rapidement, avant que leurs loups à eux soient gravement blessés, au point que leurs capacités de guérison soient dépassées. Et quelque part, il regrettait avoir fermé ces foutues portes de sécurité, qui ralentissaient inévitablement l'arrivée des équipes de sécurité armées.
En attendant, ni lui ni Kam ne pouvaient intervenir. Si Kam déchargeait le moindre voltage d'électricité, il toucherait immédiatement Eijirô et Kacchan. Quant à lui, il n'avait pas assez de visibilité et de précision pour apporter son aide dans la tornade de poils et de crocs qui emplissait quasiment tout l'espace.
Et tout allait bien trop vite pour sa réactivité d'humain.
Un constant que Kam fut plus rapide à faire, et il lui hurla sans prendre le temps de se redresser, en voyant un vacillement des loups à deux doigts de déraper dans la direction d'Izuku :
« Izuku ! Fous le camp ! »
Se détournant une seconde du combat, il se précipita comme il put vers Kam, évitant de peu les mâchoires de Kacchan destinées à Kathy, manquée d'une lichette quand elle criblait de griffures la cuisse d'Eijirô. Souffle court de cette maudite côte fêlée, Izuku releva Kam en quatrième vitesse, désespéré de l'écarter de l'action assez rapidement. Et il faillit rester immobile, surpris de voir son meilleur ami se ruer sur l'ordinateur central sitôt debout, dans une tentative absurde de récupérer la clé usb. Ce pourquoi ils étaient venus, finalement, rien que ça. Il en aurait soupiré d'agacement, mais s'élança tout de même à sa suite avec une seconde de retard, même pas. Une minuscule seconde, pourtant si importante.
En bondissant d'un coup pour échapper à Kacchan, et ôter sa patte des crocs d'Eijirô, Kathy tomba presque nez à museau avec Kam élancé vers le serveur. Elle avait la gueule ouverte sur un grondement, qu'elle décida d'utiliser autrement ; avec la même rapidité foudroyante que lorsqu'elle s'était précipité sur Izuku, sa gueule faucha la jambe de Kam et le souleva dans les airs sans pitié.
Izuku entendit à peine le craquement, sec, sans appel, que le cri d'horreur dans sa gorge se bloqua net en réalisant ce qu'il voyait. Ce qu'il voyait, pendant la fraction de seconde que le temps lui laissa avant d'obscurcir sa vision de moucheture de sang, immonde de chaleur. La dose d'adrénaline qu'il se murgea aurait été suffisante pour le tuer sous le choc, n'eut été la douleur si absolue dans le hurlement de Kam quand celui-ci toucha le sol en deux temps – lui, et quelques secondes plus tard, le reste de sa jambe. De l'autre côté de la pièce.
« KAM ! »
Son cri de bête sauvage interrompit Kacchan dans son mouvement et l'inspiration que le blond prit, alors qu'Izuku se jetait au sol à côté de Kam, se satura assez de l'odeur de sang du platine pour le foutre à terre, littéralement. La masse de Kacchan dérapa sur le sol, perdue sous le choc et le flot d'émotion, une immobilité qui était une occasion rêvée pour Kathy, laquelle se lança tous crocs dehors, prête à l'égorger le blond. Et se retrouva face à un Eijirô déchaîné.
En d'autres circonstances, et s'il avait eu plus que deux secondes pour observer la scène, la fureur que son amoureux déploya aurait sans doute terrifié Izuku. La vitesse avec laquelle Eij s'interposa, refermant ses crocs sur le museau de Kathy qu'il secoua avec assez de force pour en arracher un morceau sanguinolent, et emporter un ou deux crocs avec, était un pur cauchemar. Mais un cauchemar incomparable avec celui qu'il avait sous les mains, là où la jambe gauche de Kam s'arrêtait en une bouillie d'os et de chairs broyées juste sous le genou, pissant le sang. Une quantité absurde de sang, noir à en être impensable.
« Iz-Izu… » bégaya Kam, dans un tel état de choc que son regard fou n'arrivait pas à se poser nulle part. Toute couleur était en train d'abandonner son visage, à une vitesse effarante pour quiconque connaissait les signes médicaux, qui rendirent les mains d'Izuku presque fébriles.
« Je suis là ! » chuchota-t-il, occupé à déchirer assez rapidement tout ce qui lui passait sous la main – pantalon de Kam, le sien, son t-shirt – pour obtenir assez de bandage afin de réaliser une compression efficace. Sous ses doigts, la chaleur gluante du sang lui martelait la gorge d'une envie de vomir à crever, que chaque seconde rendait plus prononcée encore au fur et à mesure que le métal du sang tapissait son odorat. Et son esprit hurlait la certitude qu'en dépit de ses efforts, de son garrot et de son point de compression, c'était pas assez pour endiguer l'hémorragie. Ça ne le serait pas.
Le sol trembla sous ses genoux à cause de la chute d'Eijirô, saisi derechef à la gorge par Kathy, manquant le faire bouger par la violence du choc, et Izuku acheva son dernier nœud d'un coup sec en ignorant le gémissement de douleur de Kam. Celui-ci n'était plus réellement conscient, s'il en croyait l'absence de réaction. Dans son dos, le grognement de colère d'Eij précéda son mouvement d'un souffle, pas plus, alors que le roux se mettait à labourer le ventre de Kathy de ses griffes et de tout son poids, dans une distraction assez longue pour que Kacchan en profite. Le blond s'abattit sur elle, et lui cisailla sévèrement nuque et épaules, la faisant lâcher Eijirô. La louve ne s'arrêta cependant pas là, utilisa son poids pour envoyer Kacchan au sol d'un coup d'épaule phénoménal.
Doigts enfoncés dans le sang, Izuku entendit tout l'air s'échapper des poumons de son meilleur ami quand il retomba sur le sol à quelques mètres de lui, à demi-assommé par la succession de choc – la jambe de Kam, le coup de Kathy.
Titubant, Kacchan eut la présence d'esprit de se diriger vers ses humains en s'écartant du combat et son mouvement, du coin de l'œil, offrit à Izuku une solution qui n'en était pas une. Il se retourna sans lâcher tout à fait son ouvrage, déterminé à couvrir le bruit ambiant :
« HUMAIN ! MAINTENANT ! » signa-t-il d'une main, l'autre toujours compressé sur la cuisse de Kam, en hurlant par-dessus le marché, prêt à tout pour faire passer l'urgence du message à Kacchan. À deux doigts de pleurer de soulagement devant le frémissement habituel sur la fourrure blonde, annonciateur du retour de son meilleur ami.
Remettant sa main sur l'artère fémorale, il appuya de presque tout son poids, se foutant complètement du risque de faire des dégâts irréparables aux nerfs et artères – l'autre option était mille fois pire. La main de Kam laissa une trace sanglante sur son bras, en tentant de le repousser dans une demie-inconscience et il appuya plus fort encore en réponse, surpris du relatif silence sur sa gauche. Silence d'arrêt de combat, vraisemblablement, et si Eij était tombé, plus rien n'empêchait Kathy de l'égorger dans la seconde.
Il osa un coup d'œil furtif vers la pièce, prêt à défendre chèrement Kam si besoin était, et se retrouva face au dos hérissé d'Eijirô planté devant eux. Et à la vision massacrée de leur ennemie devant la porte.
L'état de Kathy était épouvantable. En sang, le ventre presque éviscéré par Eijirô, avec des lambeaux de fourrure pendouillant sur des lanières de graisses et quelques filaments de muscles échappés, le museau en bouilli et la langue pendante. Le mélange de bave et grumeaux de sang dégoulinant sur le plancher depuis sa gueule était immonde, mais pas autant que la rage dans son regard quand elle évalua soigneusement leur état. Elle n'accorda qu'une demie-seconde à Kam, définitivement hors service, considéra un peu plus longuement Eijirô et Izuku, mais ses yeux s'agrandirent un instant en voyant Kacchan rapetisser à toute allure. De peur, réalisa Izuku avec effroi, de peur qu'il utilise son alter.
La fourrure, c'est tout sauf ignifuge.
Kathy fit demi-tour aussitôt, bondissant dans le couloir avec un boitement des plus sévères, une fuite si manifestement qu'Izuku lâcha un son étranglé de rage et de désespoir. Sans cesser de faire peser son poids sur la jambe de Kam, il chercha le regard d'Eij dans l'amas de fourrure brune et sanglante lorsqu'il se tourna vers lui. Les mots qui lui remontèrent dans la gorge n'avaient rien à voir avec le soulagement de voir son homme tenir sur ses pattes, ils prenaient naissance sous ses doigts, dans la chaleur volée de Kam et dans la rage indicible qui en compressait chaque fibre d'Izuku :
« Tue-la. »
Son ordre n'était pas éteint qu'un souffle ébouriffa ses boucles quand Eijirô se précipita de toute sa puissance de loup jetée à la poursuite de leur adversaire avec l'unique but de la détruire. Le mouvement d'air sur son passage déstabilisa un instant la silhouette humaine de Kacchan quand celui-ci s'effondra tant bien que mal sur le sol en face d'Izuku, de l'autre côté de Kam. Rendu muet par l'état de ce dernier, si terrifié qu'il n'osait même pas le toucher. Ce dont Izuku avait hélas désespérément besoin :
« Il faut que tu cautérises ! »
Une seconde, Kacchan crut avoir mal lu sur ses lèvres, comme son expression floue le démontra, avant que le sang abandonne son visage.
« Non. » souffla-t-il sans son, une prière plus qu'une vraie réponse, sans qu'un seul souffle les franchisse et Izuku le vit se forcer à articuler : « Si je cautérise, on pourra jamais la lui recoudre ! »
Il se haïssait. Il se haïssait de toute son âme, à en vomir, de devoir demander à Kacchan d'être celui qui scellait définitivement le sort de la jambe de Kam, il se haïssait de devoir claquer la cruauté de la situation à la gueule de son meilleur ami – mais il était désespéré. Ils étaient désespérés, et seule la vitesse à laquelle le sang coulait sous ses doigts le retint d'utiliser son alter pour signer plus vite :
« On a rien pour arrêter l'hémorragie ! Pas à la vitesse avec laquelle il se vide de son sang ! Si tu ne cautérises pas, il va mourir dans moins de dix minutes ! »
Dix minutes, c'était excessivement généreux, vu la mare de sang en train de s'agrandir à vue d'œil, mais il comprenait. Il comprenait si bien l'hésitation de Kacchan, même face à la vérité crue devant eux, parce qu'il réfutait cette extrémité depuis l'instant où elle lui était apparue. Incapable de laisser à Kacchan une seconde de plus pour réaliser, puisqu'ils n'en possédaient aucune à gaspiller, il supplia derechef, au moment où son meilleur ami posait les mains sur les siennes pour évaluer à son tour les dégâts :
« Kacchan, par pitié ! »
L'hypersensibilité de Kacchan encaissa toutes ses émotions à travers leurs mains liées, mais plus important encore, celles de Kam, doublées d'information que seule sa peau pouvait déceler. La chaleur en train de se barrer, son cœur qui ralentissait, la fatigue courant dans ses veines jusqu'à tout envahir, et quelque chose entre toutes ces choses qu'Izuku arrivait à peine à sentir sous ses doigts décida Kacchan pour de bon. La mâchoire concassée, le blond déplaça ses mains du garrot jusqu'à la plaie, apposa ses paumes sur les lambeaux écrasés qui constituaient désormais la fin de la jambe de son amoureux et d'un coup sec, incendia leurs peaux jointes.
Le son de l'explosion ne dissimula pas le grésillement des chairs fondant les une dans les autres, avec les bulles de graisses éclatant çà et là alors que Kacchan maintenait l'effort, déplaçant lentement ses mains pour cautériser l'intégralité de la plaie. L'odeur était épouvantable. Bien plus que dans n'importe quelle mission où ils avaient dû se résoudre à cette extrémité, sur eux ou autrui, parce que la surface était plus mille fois plus importante, l'odeur de chair carbonisée plus épaisse et le hurlement de pure agonie de Kam, avant que la douleur l'assomme, la rendit proprement insupportable. Izuku aurait presque pu la sentir s'infiltrer dans ses nerfs, tâcher son être en même temps que le sang de Kam, sur ses doigts, sur sa langue, sur son âme. Dégouliner le long de ses joues, là où des larmes roulaient, alors que son organisme tentait d'encaisser le choc d'une manière ou d'une autre.
Le temps s'étira d'une manière quasi cyclique, dans une boucle affreusement brève et terriblement infinie, pendant les dix secondes, même pas, que Kacchan mit à cautériser la plaie avec toute l'expérience de ses précédentes interventions du genre. Lorsque le dernier vaisseau sanguin d'importance acheva d'être bouché par la brûlure, le blond se jeta presque en arrière, incapable de supporter un instant de plus le contact. Izuku relâcha lentement la pression pour éviter qu'un trop grand afflux de sang se fasse, gardant un œil sur la brûlure grumeleuse et décida de laisser tout de même le garrot bricolé juste au-dessous du genou. Il n'osait rien faire de plus sans la supervision d'une équipe médicale, maintenant que le sang avait cessé de foutre le camp hors de Kam par litres.
Kam était indubitablement mal au point, recouvert d'une couche de sueur et la respiration en dents de scie jusque dans son inconscience, mais son rythme cardiaque semblait relativement stable. Les avantages d'un évanouissement.
Izuku posa la main dessus pour s'en assurer, rassuré de constater que ses observations visuelles étaient correctes. Il déglutit un sanglot qu'il n'avait pas le droit de laisser échapper, pas dans cette situation, et releva le visage vers son meilleur ami, voix tremblante :
« Il va survivre jusqu'aux secours. Kacchan ? »
Aucune réponse. Rien qu'un mouvement nerveux d'une des mains du blond, frottant sur le sol comme s'il voulait se râper la paume pour oublier la sensation, oublier l'odeur et les conséquences de ce qu'il venait de faire. S'il l'avait pu, Izuku aurait donné l'univers entier pour effacer les cinq dernières minutes de son esprit, de la réalité, il aurait réécrit le temps lui-même pour épargner ça à Kam et Kacchan, mais les éclats de grondements, dans le couloir, ne lui en laissait pas le luxe. Pas plus qu'à Kacchan.
« Kacchan. » l'appela Izuku, se sachant d'une cruauté sans nom. « Kacchan ? Kacchan, s'il te plaît. »
Le regard hagard du blond croisa le sien, vide de tout sauf d'une douleur qui serait bientôt transformée en rage pure, selon son mode de fonctionnement habituelle. Une rage qu'il avait appris à canaliser, à coup d'entraînement ou autre méthode de relaxation, mais dont ils avaient cruellement besoin à l'instant et Izuku murmura, incapable de continuer à voix haute :
« Retrouve-la. Brûle-la. Il ne faut pas qu'on sache… »
Il n'eut pas le temps d'achever son explication que Kacchan se pencha avec une rapidité purement canine vers le visage de son homme, où il déposa sur sa bouche entrouverte un baiser aussi léger que désespéré. Sans un regard supplémentaire pour eux, le blond se leva aussi sec sur un geignement de douleur, parti en courant en ignorant royalement sa nudité quasi inexistante, vu la quantité de sang qui le recouvrait.
Le silence suivant son départ tétanisa Izuku, littéralement, dans un sentiment d'irréalité presque mortel et un tremblement sourd lui remonta le long de la colonne vertébrale quand il chercha du regard une ligne téléphonique ou un moyen de contacter les secours. Pas un seul putain de téléphone ou d'interphone. Obligé d'admettre qu'il n'y avait rien ici, pour des raisons de sécurité sans doute, il essaya de se relever – il fallait rejoindre le poste de contrôle, plus susceptible d'avoir le nécessaire. Les doigts de Kam se serrèrent brusquement sur son poignet, le penchant si vite sur son meilleur ami qu'il eut peur de le percuter une seconde et il s'accrocha au filet de voix maigre que laissèrent échapper ses lèvres craquelées de sang :
« La… cl… clé. »
Cette putain de clé usb, il avait envie de la brûler, de la broyer, d'en faire des confettis et de chauffer ceux-ci à blanc pour les enfoncer de force dans les yeux de Kathy, mais au-delà de la rage dans sa gorge, il savait pertinemment que Kam avait raison. Comme toujours. Faire tout cela, sacrifier autant et repartir en l'oubliant « bêtement » sur l'ordi, ça aurait été un gâchis sans nom. Et ils n'auraient pas bénéficié de la protection que Sero avait glissé dans les logiciels, capable d'effacer les images enregistrées des caméras. En maudissant tout ce qu'il possédait, Izuku saisit la main de Kam enroulée autour de son poignet, embrassa ses doigts en un geste qui lui sembla si futile, si infime face à tout ce qu'ils lui devaient. Il récupéra délicatement la bague que Kam portait encore au passage, opération facilitée par la quantité de sang présente sur eux.
Avec dix tonnes de plomb nichées dans chacun de ses muscles, Izuku se releva, boitilla vers la console centrale en essayant de ne surtout pas glisser sur le sang et les bouts de chairs éclatés un peu partout. Sans une seconde d'attention pour les actions en cours ou achevées sur l'écran, il ôta la clé usb au moment où dans son dos, un bruit de cavalcade purement humaine précéda d'une seconde une des explosions les plus magistrales qu'il eut jamais entendues Kacchan balancer. Indubitablement meurtrière.
Il espéra de toute son âme que son meilleur ami avait effacé toute trace, et annihilée cette saloperie de manière définitive. Que son âme pourrisse dans tous les enfers existants sur terre et dans l'univers pour des milliards d'années à venir.
Sur le seuil de la salle des serveurs, l'équipe de sécurité chargée de la reconnaissance s'était arrêtée net, alertée bien naturellement par le bruit de l'explosion. Comme spécifié par M. Kanshi dans son exposé minutieux, une équipe se composait de six hommes et aucun de ces professionnels ne broncha d'un millimètre quand les flammes de Kacchan rajoutèrent l'alarme incendie aux deux autres toujours en cours – dont le son éclata à nouveau aux oreilles d'Izuku, comme un rappel à la réalité.
« Deux hommes avec moi pour aller voir, allez ! » ordonna le chef de l'unité, prenant immédiatement la tête du peloton chargé d'aller rejoindre Eijirô et Kacchan. La clé usb sembla lui couper la peau de remords quand Izuku la glissa dans la bague avant de tousser, rattraper un peu d'oxygène nécessaire pour la suite.
« Il est blessé ! Appelez les urgences, immédiatement ! » s'époumona-t-il en essayant de ramener à lui l'attention des hommes laissés en faction, dont l'un des adjoints lui fit la grâce de courir vers lui.
Un seul regard sur Kam confirma immédiatement ses dires, s'ils avaient eu encore des doutes vu son état physique. Avec une rapidité propre à l'expérience, l'adjoint fit amener une trousse de premier soin, accompagné d'une agente spécialisée dans ceux-ci pour qu'elle puisse commencer à poser perfusion et pansement d'urgence à Kam. L'agence nationale étant ce qu'elle était, on somma à Izuku de rester en retrait, et on l'avertit au passage qu'ils allaient devoir répondre à des questions de manière urgente, tout en mettant à la disposition du blessé tout le matériel accessible.
Les emmerdes commencèrent bien après. Une fois qu'il eut aidé, le cœur au bord des lèvres, l'équipe médicale arrivée sur place en moins de dix minutes à déposer Kam sur un brancard, et sur lequel il achevait de sécuriser son meilleur ami, quand M. Kanshi débarqua dans la pièce. Le pauvre homme avait beau être en pyjama, l'aura d'autorité émanant de sa personne ne permit pas le plus petit écart de conduite de la part de ses subalternes présents, et il se dirigea droit vers Izuku en ignorant royalement le reste de la pièce :
« Qu'est-ce que vous foutiez là ?! »
« On… On suivait le loup géant… »
« SEULS ?! »
Si M. Kanshi avait un jour eu de la patience, celle-ci avait définitivement disparu dans son réveil impromptu à trois heures du matin, suivi de la découverte d'une scène de crime particulièrement sanglante. Un truc qu'Izuku comprenait parfaitement, même s'il n'était pas capable d'encaisser en l'état la colère de son interlocuteur, saturé d'horreur comme il l'était :
« C'était juste de la filature… »
« VOUS ÊTES INCONSCIENTS ! TOUS LES QUATRE ! JE VAIS VOUS FAIRE ENFERMER COMME LES DANGERS PUBLICS QUE VOUS ÊTES ! »
« C'était juste une filature… » répéta Izuku, de toute façon trop choqué pour trouver autre chose.
C'était la première chose qui lui était passé par la tête, la seule explication qui collait avec tout, mais Kam geint, à côté et l'équipe médicale les repoussa sans ménagement pour pouvoir emmener leur blessé. Izuku les regarda franchir la porte avec la sensation irréelle de ne plus habiter son propre corps, sonné. Le sang partout sur son visage comme son corps, couplés à son expression dévastée, persuada M. Kanshi de ne pas presser davantage l'interrogation, lui aussi visiblement secoué par la vision de Kam, sans parler de l'odeur dans la pièce. Il se contenta de le soutenir d'une main, perplexe :
« Vous… Vous allez bien ? »
Le sang de Kam lui brûlait la peau si fort qu'il était convaincu qu'il aurait les contours des traces de sang tatoués au milieu de ses taches de rousseur pour l'éternité, et son corps menaçait s'effondrer sous le coup de l'émotion, mais il dodelina de la tête en guise de réponse.
« Je vous escorte jusqu'en bas, d'accord ? »
Izuku hocha un « oui », laissant M. Kanshi passer un bras autour de ses épaules pour le diriger lentement vers la sortie. Il n'avait pas la force d'étayer, ni même de soutenir les regards avides de curiosité des agents de sécurité de faction dans l'escalier, que M. Kanshi lui fit redescendre à une allure d'escargot. Il nota à peine au passage que la plaque de métal censée barrer l'entrée du poste de contrôle avait bel et bien été défoncée, comme il l'avait anticipé en les refermant et il fit attention à ne pas se prendre les pieds dans les éclats de métal éparpillés.
« On va vous conduire à l'hôpital immédiatement. »
Du moment que Kam, Eij et Kacchan y étaient, ils pouvaient l'emmener où ils voulaient, Izuku n'aurait pas protesté. Il enjamba machinalement un des câbles dans le poste de contrôle, où quelques agents stupéfaits analysaient avec perplexité les caméras, sans trouver pour l'instant le problème. Il ne doutait pas qu'une fois les premières données tombées, il finirait au poste de police ou en garde à vue, mais en attendant, il suivit péniblement le chemin dans le hall, jusqu'à émerger sur le parvis de l'agence. Presque surpris de constater qu'il faisait encore noir., pas même une esquisse d'aube.
Il avait l'impression d'avoir vieilli de quinze ans, comme c'était injuste que la nuit n'ait pas pris une ride.
L'escalier qui avait donné tant de mal à Kacchan, en raison de sa jambe, la veille, soit une éternité plus tôt, fut une épreuve qu'Izuku enquilla dents serrées. Un pas à la fois, respiration martyrisée par la douleur dans ses cotes, cherchant dans son souffle assez de force pour poser la question qui lui brûlait les lèvres :
« Est-ce… » commença-t-il, si épuisé qu'il peina à formuler sa demande, « Est-ce qu'Eijirô et Kacchan vont bien ? »
Il avait pu croiser le regard de Kacchan avant que son meilleur ami descende, à travers l'ouverture éraflée de partout de la salle des serveurs, mais ils étaient si choqués, l'un et l'autre, qu'ils n'avaient pas réussi à se communiquer quoi que ce soit. Une incongruité, dans leur relation. À moins que ça ne soit l'abondance de suie et de sang sur le blond la fautive…
Quant à Eijirô, il l'avait aperçu par cette même porte à moitié allongé sur un brancard, emmitouflé dans une couverture de survie, ce qui était normal vu les blessures qu'il avait reçues au cours du combat et qui ne se résorberait qu'au cours des 48 prochaines heures. En laissant des cicatrices plus qu'imposantes, mais c'était le cadet de leurs soucis, en l'état actuel des choses. Ce qui l'inquiétait un peu plus, c'est le silence circonspect que conserva M. Kanshi, en l'aidant pour une nouvelle marche. L'ambulance de Kacchan, tout feu allumé, illumina un instant l'expression hésitante de M. Kanshi quand il se lança enfin :
« M. Bakugô va relativement bien, si l'on met de côté ses blessures plus qu'imposantes… Pour Red Riot, en revanche… »
Assis serré dans sa couverture sur le bord de l'ambulance qui attendait de partir, Eijirô faisait presque frêle, englué de sang et de poussière, sa chevelure dégoulinante en mèches sales sur un visage qui avait désormais la couleur de ces dernières. En dépit des quelques mètres de distance qui les séparait, Izuku manqua une marche en voyant la manière dont les ambulanciers le traitaient, avec un mélange de déférence et d'empressement. Le genre d'attitude qu'il connaissait parfaitement bien et qui l'immobilisa, un tremblement dans le dos.
« M. Midoriya… Je suis désolé… »
Comme s'il l'avait entendu, Eijirô leva les yeux vers lui et Izuku se figea, perdu face à l'inconnu de son regard. Il lui fallut une inspiration supplémentaire pour que son esprit accepte de faire la mise au point, révélant que les mèches rousses sur le côté droit de son visage étaient en réalité des plaies ouvertes, qui enfouissait un de ses yeux dans une charpie de chair ensanglantée.
C'est parti ^^ !
(MERCIII !)
Omiya : COUCOUUU ^^ ! Ha ba ça, t'as eu du flair XD ! Ouii je t'avais un peu spoilé que ça arrivait, tu remarqueras que là, j'ai rien dit XD.
Je suis bien contente si ta cicatrisation a été, tu dois en avoir fini avec le mois de gaine et j'espère que ça va te soulager ! Oui ba le taff passe après la santé, d'abord faut se remettre ^^ ! D'ailleurs tu vas être contente, j'ai tout planifié le Kinktober, tu vas avoir de la lecture XD (bon j'espère elle sera à ton goût, ce serait mieux – mais tu me diras en allant voir le menu). Nan mais la voiture… la voiture quoi XD (je suis l'incarnation de Denki dans The Manly XD)
Aaaw merci, t'es douce ^^. Bon la fin est encore pas là de suite, on a bien encore * vérifie ses notes* deux chapitres. BON, du coup, t'as eu des éléments de réponse, j'espère que ça a été la lecture de ce chapitre-ci XD.
En tout cas merci infiniment de ta review, c'est toujours un plaisir de te lire ^^ ! Merci tellement de prendre du temps pour reviewer et tout !
Boa marron : Holà ^^ ! Un plaisir de te relire ici !
J'ai A-DO-RÉ tes théories, un putain de plaisir ! Bon forcément, mon idée est moins glorieuse et dramatique, mais j'espère quand même que ça t'aura plu et pas trop déçu pour le moment XD ! Cela dit, si j'étais partie de base dans une de tes théories, on aurait eu une fic qui aurait fait le double ou le triple de ce que j'ai là XD.
En tout cas, merci de me lire et d'avoir laissé une review ^^ ! J'ai hâte de le lire à nouveau ^^ !
Milie : Coucouuu ! Héééé oui, la petite mamie toute douce dont personne se méfiait XD ! T'imagine le plaisir que j'ai eu à l'écrire, dans son chapitre, en sachant le rôle qu'elle allait avoir XD ? Tu as eu l'exact raisonnement que j'ai eu avec elle, bravo ^^ ! … J'te jure qu'en lisant ton « j'ai un peu peur, au final ils sont pas invincibles » le mois passé, j'étais là « … Je suis un monstre de sadique de leur publier la suite. » XD. J'espère quand même que ce chapitre t'aura plu et j'ai hâte d'avoir ton avis ^^ !
Merci immensément pour ta review !
Athena : Hey Hôlà ^^ ! Pas besoin de s'excuser, c'est déjà tellement gentil de laisser des reviews ! Aaaah je suis trop heureuse que tu aie apprécié ces derniers chapitres ! Héhéhé le plan à 4 si difficile à écrire, je suis contente qu'il soit bien XD ! Oh si tu savais comme ça me fait plaisir de voir que la relation Katsuki/Denki est autant apprécié, j'aime tellement les écrire que ça fait grave plais'.
Merci beaucoup pour la description de l'action, j'espère que je me serais pas trop trop foiré ici non plus ! Mercii pour la révélation, c'est cool si ça a marché xD. Alors il reste encore deux chapitres (trois MAX si je dois couper pour cause de longueur excessive).
Merci à toi de laisser des reviews, et de me lire après tout ce temps ! J'espère que ce chapitre t'aura plu, à sa manière XD ! Au plaisir de te relire ^^ !
BlueStars 14 : Coucouu ! Rhalala, kidnappée pour un repas de famille, mais que fait la police XD ? Mais t'es trop gentille, « des chefs-d'oeuvres à chaque fois » MAIS ÇA MERITE PAS TOUT ÇA ENFIN !
Alors TECHNIQUEMENT, à la suite de Tie the Knot, c'est où un très court KrBkDk (genre 5 chapitres) OU j'attaque le long omegaverse BkDk. À voir XD.
Chap 20 : C'était le fameuuux plan à 4 ! On l'aura attendu celui-ci XD ! C'est vrai que j'aurais pu glisser que les pauvres Izuku et Kam se retrouvent avec des poils plein la bouche, j'avoue XD. En plus ça aurait été hilarant ! Ouais nan mais Izuku il a un peu pris cher (mais il a apprécié, on le plaint pas, n'est-ce pas?). Ah ba depuis le temps, tu me connais, je mets de la langue des signes partout, je trouve ça vraiment sympa comme ajout.
Aaah de toute façon, ils étaient obligés d'attendre que le nœud se résorbe, donc bon, hein, fallait prendre son mal en patience XD. Eijirô mérite un 160 sur dix, MINIMUM, pour sa langue. Kam est un sadique, on le sait, ça va bien à son caractère XD.
Le « Midobro » en plein milieu de la session baise, j'avoue, j'ai ri de le mettre, c'était tellement ni-ckel XD.
Merciii, ça fait grave plaisir que tu trouves ça bien écrit (alors que j'en ai chié, vraiment, Sartre disait « L'enfer, c'est les autres » mais clairement, il avait jamais écrit un plan à 4 avec deux loup-garous !)
Aaaah le kinktober XD. Tu verras, j'ai prévu plein de truc, j'te laisse aller voir le « menu » que j'ai posté XD.
Chap 21 : On remercie tous Aïzawa senseï, n'est-ce pas ? Ah pour les renseignements, tu serais extrêmement surprise de l'incompétence PRODIGIEUSE que les administrations peuvent avoir, et en général, plus tu es « haut placé », plus on considère que y'a pas besoin de faire des enquêtes sur toi XD.
Les maîtres et leurs toutous, une grande histoire d'amour XD ! Improbable et pourtant, si logique et raccord XD. Pauvre Eiiij, avec sa coupe de cheveux en pétard, bibiche, il mérite pas ça XD. Haaa, vous ne saurez jamais à quel point mon Kam est une menace capable de conquérir le monde entier (mais il a décidé qu'il préférait manger les petits plats de son homme et faire du roller sur des bâtiments publics à la place XD). Bref, on est d'accord : Kam est un génie !
Chap 22 : Oui, un plan ne se déroule jamais sans accrocs, voila, voila… J'te jure, c'est dur d'écrire ça alors que je sais que vous n'avez pas encore lu ce chapitre-ci XD. HEY, le génie de Kam n'a pas de limite, ENFIIIN XD ! Bichette il mérite pas ça XD.
C'était un de mes énièmes clins d'œil à The Manly Bottoms, la scène de câlin dans la cuisine, j'avoue ^^. On compatit avec Kam, il voulait pas se faire récurer de la tête au pied par un Katsuki FORT agacé XD.
Alors la suite de ton commentaire, j'ai pas eu le cœur d'y répondre, j'avais trop peur que quelqu'un lise les réponses au review avant le chapitre et se fasse tout spoiler ! Mais disons que… disons que tu avais un peu raison de craindre, VOILA XD.
En tout cas, j'espère que ce nouveau chapitre t'aura plu ^^ ! Et merci infiniment d'avoir prit autant de temps pour tout reviewer et laisser des reviews pareils, c'est absolument adorable et trop gentil ! Merci beaucoup !
