Plan H

La lumière principale était tamisée, donnant aux pierres rouges qui ornaient les murs, un aspect chaleureux et calme, en totale contradiction avec le brouhaha et la musique qui résonnaient si fort dans le lieu. Dans la pièce d'à côté, des dizaines de personnes dansaient, ou plutôt bougeaient comme s'ils avaient des spasmes, dans une ambiance enfumée qui permettait aux lasers lumineux d'être visibles de tous. De ce côté en revanche, le décor se voulait plus authentique, comme les vieux établissements des années 50. Les gens se contentaient, ici, de boire et de discuter comme ils le pouvaient. Pourquoi Diantre venir dans un bar pour parler? Severus était totalement dépassé par le manque de logique des fêtards.

Lui, il était là justement pour ne pas avoir à parler. Il voulait simplement profiter de la musique, profiter de bières pressions de qualité, tout en sortant de chez lui pour oublier le stress de la semaine. Non pas que son travail était dangereux à proprement parler, quoique certains élèves représentaient un réel risque pour l'humanité une baguette en main, mais s'occuper d'adolescents était parfois fatigant. C'était donc un plaisir de pouvoir se vider l'esprit loin de Poudlard.

Et, ce n'était pas son seul plaisir. S'il était là, c'était aussi et surtout pour l'anonymat que ce lieu lui apportait. Après tout, il aurait pu rester au calme chez lui ou dans le silence de ses appartements pour décompresser, mais il sentait le besoin de sortir, tout en se sentant juste: normal.

Depuis la fin de la guerre, sa notoriété le dépassait totalement. Pire encore, entre ceux qui le détestaient pour ce qu'il avait fait et ceux qui l'admiraient pour les mêmes raisons, ses faits et gestes étaient constamment observés et jugés. En somme, il ne pouvait être lui-même que dans des lieux moldus et perdus comme celui-ci. C'était grisant de ne pas se sentir épié, d'être un type banal, peu bavard, à la limite de l'asocial, si ce n'était pas totalement acariâtre, mais dont tout le monde se fichait, hormis la barmaid qui le servait en sachant qu'elle aurait un bon pourboire à la fin de sa beuverie.

Oui, il aimait oublier qui il était pour la société sorcière, au moins l'espace d'un instant, aussi futile pouvait-il être.

Alors qu'il buvait tranquillement sa seconde bière de la soirée, tout en observant les autres personnes d'un air distrait depuis le fond de son siège, une femme entra. La première chose qu'il vit d'elle, ce fut ses talons aiguilles rouges, alors qu'elle essayait de se frayer un chemin vers le bar. Les jeunes gens présents la laissèrent finalement passer, non sans la reluquer au passage, tel un bout de viande. En même temps, il pouvait comprendre.

Toujours cachée dans la masse, il avait seulement le loisir d'observer ses jambes, aux galbes parfaitement mis en avant par ses chaussures. Elle n'avait pas mis une tenue très couvrante en cette mi-saison, car il fut facile pour Severus de voir sa peau jusqu'à mi-cuisse, avant qu'enfin ne commence la robe noire qui lui servait de vêtement. Il n'était pas expert en mode, mais il savait que c'était le genre de tenue moderne qui faisait fureur chez les femmes d'aujourd'hui. Bien qu'il ne le cautionnât pas forcément, il devait admettre que la vue ne lui déplaisait pas. Pour autant, cela ne l'aurait jamais poussé à faire comme certains primates qui, malgré les règles de bienséances, poussaient des exclamations et autres bruits tout à fait déplacés.

Il était bien content d'être un homme, surtout en ce monde si patriarcal.

Pourtant, la jeune femme ne semblait pas se formaliser de ces attentions sonores. Loin d'en être déstabilisée, elle réussit à passer, la tête haute, tout en remettant en place les malotrus avec une réplique qui amusa la barmaid et fit rougir deux de ses des assaillants. Severus aurait aimé entendre la brimade, il n'avait capté que le ton assassin, sans en comprendre le sens. Il sourit en constatant donc que certaines demoiselles ne manquaient pas de mordant, puis il eut enfin le loisir de voir le visage de cette tigresse. Ou, plutôt, de cette lionne qui ne lui était pas inconnue.

Il haussa un sourcil circonspect en reconnaissant là son ancienne élève, la plus fatigante d'entre toutes, mais aussi la plus célèbre: Hermione Granger. Que diable faisait-elle ici? Cet établissement moldu était son fief à lui, son lieu de quiétude et d'anonymat, son endroit pour prendre des bains de foule contrôlés et contrôlables! Mais le pire, ce fut quand elle tourna la tête vers lui, alors qu'elle portait son jugement silencieux sur la décoration qui l'entourait. Elle eut une tête mimétique à la sienne et détourna d'un coup le regard, comme espérant qu'il ne l'avait pas vu. Ça tombait bien, il espérait la même chose…

Il reporta son attention à son propre verre et fut soulagé de constater qu'un jeune homme vint s'asseoir prèsd'elle vers elle, attirant son attention loin de son ancien professeur. Avec un peu de chance, elle ne prendrait qu'un verre et partirait rapidement.

Pourtant non, elle en prit un second et papotait toujours avec le même type. Au moins faisait-elle véritablement comme s'il n'existait pas, le laissant tranquille dans son coin, ce qui était parfait. Severus commanda sa troisième pinte et tenta de faire comme elle et d'omettre son existence. Hélas, son regard n'avait de cesse de retourner vers elle, sans qu'il ne puisse s'en empêcher.

Il ne l'avait revue que dans les magazines people et les journaux, où elle apparaissait régulièrement en tant qu'héroïne de guerre, femme populaire et/ou membre ministériel en poupe. Elle était un modèle que nombreuses sorcières adulaient, que de nombreux sorciers adoraient et que tous voulaient avoir la chance de côtoyer. Il était donc difficile à croire qu'elle puisse être venue se perdre ici. Peut-être était-elle dans le coin pour affaires.

Severus n'était pas sans savoir que son nouveau travail la menait à voyager dans tous le pays. Du haut de ses 28 ans, Granger était déjà à la tête d'une équipe du département de la justice magique, dans une branche qui visait à faire des contrôles divers et variés dans des établissements publiques et privés. Il ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants de son rôle, il savait simplement que c'était une vraie plaie pour des tas de gens hauts placés et qui n'avaient pas l'habitude d'être jugés sur la gestion de leurs business. Son job lui allait à merveille. Déjà quand elle était élève, elle adorait se mêler des affaires des autres.

En dehors de ça, elle n'avait plus rien de semblable avec la gamine de l'époque. Elle était devenue plus femme. Non pas que cela fut surprenant, dix années s'étaient écoulées depuis la fin de ses études à Poudlard et onze ans depuis la dernière fois où il avait eu à la voir, juste après la guerre. Les fondateurs l'en avait préservé, il n'avait pas pu retourner enseigner lorsqu'elle était revenue terminer sa scolarité. La rééducation, après avoir frôlé la mort, avait eu cet avantage, de le maintenir loin de sa satanée manie à vouloir étaler sa science pendant ses cours.

Alors qu'il s'amusait à la rabaisser mentalement, c'était son jeu favori que de porter jugement sur ceux qui l'entouraient, il la vit farfouiller dans son sac à main pour y attraper son téléphone. Elle n'avait visiblement pas très envie de répondre, car elle secoua la tête et rangea son cellulaire.

«Non mais, je rêve!»

Severus ouvrit de grands yeux et se redressa sans tergiverser. Il s'approcha d'un pas assuré sous le regard de la barmaid et du type face à Granger, dont la tête était maintenant tournée vers lui. La femme derrière le bar lui sourit en pensant qu'il venait commander autre chose, mais il se contenta de poser sa main sur le verre de Granger avant qu'elle ne le porte à la bouche pour le finir. Elle se tourna vivement vers lui, énervée ou simplement choquée, mais se contenta de se montrer surprise, tout en lui parlant comme elle put avec le bruit ambiant:

- Mais qu'est-ce que vous faites au juste!

Sans relâcher le regard du type en face, il se contenta de siffleravec force :

- Je crois que votre bière est passée, il faudrait changer de verre.

- Pardon?

- Oula, j'avais pas vu l'heure, dit le type qui se redressa d'un coup.

Tandis que Granger ne savait plus que penser, la barmaid sut quoi faire de son côté, en toute discrétion.

Severus se contenta alors de s'asseoir à la place du fuyard qui n'allait pas pouvoir aller bien loin. Bien que toute la scène se déroula dans le calme, la jeune femme sembla comprendre enfin, à son tour, l'air dépitée tandis que la serveuse lui proposait déjà un verre viable.

- Quand je pense que je n'ai rien vu, se fustigea-t-elle.

- Ce genre d'individu sait parfaitement s'y prendre pour qu'on ne remarque pas leur tour de passe-passe, vous n'y êtes pour rien, fit-il remarquer en constatant que la situation était maintenant sous contrôle un peu plus loin.

Dans le meilleur des cas, la police moldue s'en chargerait. Dans le pire, du moins pour lui, les gorilles de l'établissement le feraient eux même. Mais, cela ne le regardait plus. Il remporta son attention sur Granger quand elle poussa un soupir exaspéré:

- Vous, vous l'avez remarqué!

- Personne ne se méfie des ombres, pourtant elles sont partout et, surtout, elles voient tout. Vous êtes bien placée pour le savoir: on ne peut rien me cacher.

- Vous n'avez pas changé alors, malgré tout ce temps.

Cela ne sonnait pas comme une insulte, il se contenta donc de souffler son amusement par le nez:

- Personne ne change jamais vraiment Granger. Sur ce, je vous laisse à votre soirée, mais méfiez vous des inconnus.

Il allait se lever mais elle posa sa main sur son bras:

- Non, attendez… restez, s'il vous plaît! J'étais à la recherche d'inconnu justement, mais j'avoue que là, tout de suite, je suis contente de voir un visage familier…

Il aurait dû refuser et simplement retourner à sa bière, au fond du bar, dans son trou discret. Pourtant, il regarda la barmaid et lui fit signe de lui servir une nouvelle pinte, d'un air las.

- Qu'est-ce que vous faites ici, si loin de Poudlard? demanda-t-elle comme elle put.

Il allait vite regretter son choix si elle s'évertuait à vouloir parler dans un tel endroit. Rongeant son frein, il répondit nonchalamment:

- Je suis à la recherche d'anonymat.

- Vous aussi, alors, vous fuyez! répondit-elle avec un sourire amusé. Je me sens moins seule, même si notre plan a échoué pour le coup.

- D'ordinaire ça fonctionne mieux, affirma-t-il.

- Vous venez souvent ici?

- Tous les vendredis soir, et parfois tout le weekend si je suis certain d'y être tranquille.

- C'est un bel endroit pour l'être, admit-elle en regardant de nouveau autour d'elle. Il y a du bruit, de la bonne musique, tellement de monde que personne ne fait attention aux autres, et surtout, tous ignorent qu'ils ont évité le pire grâce à nous.

Elle avait terminé sa tirade avec un air plus malicieux que jamais, comme si elle ajoutait silencieusement un «oui, vous aussi, vous êtes un héros qui en a marre, j'ai bien compris!». Il secoua légèrement la tête, but une gorgée et demanda:

- Et comment ça se fait que vous êtes venue vous perdre ici justement?

- J'avais un rendez-vous avec le mec super sympa que vous avez eu le déplaisir de surveiller pour moi.

- Vraiment?

- Les joies des sites de rencontres, dit-elle en riant.

- Parce que vous avez vraiment besoin de ça pour rencontrer des gens? se moqua-t-il.

- Pour trouver des gens totalement banales et qui ignorent mon existence de base, oui! Tout ce que je cherche quand je sors, c'est de pouvoir boire, danser et surtout m'amuser pleinement, sans pour autant faire la une des journaux le lendemain.

- Eh bien, comptez sur moi pour ne rien dire. Les médias me donnent de l'urticaire de toute façon.

Granger conserva son sourire malicieux et, pour une fois dans sa vie, le silence. Elle semblait avoir compris ce qu'il voulait dire par là, à savoir qu'il en attendait de même pour sa propre tranquillité d'esprit. Elle se contenta alors de boire sa nouvelle bière, sans un mot, du moins jusqu'à en commander une nouvelle:

- Une autre s'il-vous-plaît, dit-elle à la serveuse.

- Eh bien, vous avez une descente que je n'aimerais pas remonter à vélo, se moqua-t-il une fois encore.

- Vous faites du vélo vous? répondit-elle sur le même ton ironique.

- Croyez-le ou non, mais c'est bien plus pratique qu'on le pense pour aller acheter mes scones du matin quand je suis hors de l'école.

Elle rit en imaginant probablement la scène, ce qui le fit sourire. Lui-même avait du mal à croire qu'il venait de dire ça, quand bien même c'était la stricte vérité. Il avait clairement perdu en crédibilité en tant qu'ombre furtive.

- En fait, vous êtes un homme banal au fond, continua-t-elle de l'enfoncer avec bonhomie.

- Bah, en même temps, vous vous attendiez à quoi? demanda-t-il sans se sentir jugé pour autant. Je ne suis pas seulement un prof acariâtre. Croyez-le ou non, mais j'ai une vie et je ne fais pas seulement du vélo le weekend. Je lis des romans devant ma cheminée comme un grand-père, je vais au cinéma voir des films de sabre laser comme un geek, j'écoute de la musique trop forte comme un sourd et, le tout, en râlant sur le monde qui m'entoure.

- Oh, fit-elle en mimant le choc, mais alors mes anciens profs sont donc des êtres humains? Vous allez aux toilettes vous aussi?

Cette fois, il ne put retenir un rire fugace, qui sembla satisfaire son interlocutrice et surprendre la barmaid. Après cet interlude à la limite de la beauferie, ils profitèrent de leur boisson. Ils en avaient bien besoin alors qu'il commençait, pour sa part, à avoir mal à la gorge à force de devoir faire porter sa voix. Ce n'était pas aussi désagréable qu'il l'avait pensé, bien que sa soirée n'eût rien à voir avec ce qu'elle aurait dû être. Mais le plus surprenant arriva quand Granger termina une fois de plus son verre et se tourna vers lui, après l'avoir reposé:

- Bon, allez, venez!

- Où ça? s'étonna-t-il.

- Eh bien, danser pardi!

Il allait refuser catégoriquement, mais elle se leva, prit sa main et le tira sans ménagement. Il avait un peu trop bu, il ne savait plus combien de pintes il avait déjà terminées, mais suffisamment pour qu'il ne puisse résister. Alors qu'il essayait de marcher droit en suivant la folle qui le tractait, il siffla entre ses dents:

- Mais qui vous dit que je sais danser?

- Personne ne sait danser ici, fit-elle remarquer en riant.

Elle s'arrêta sur la piste et se tourna vers lui avant de commencer à se trémousser. Il la regarda un instant et ne pourrait expliquer pourquoi, le temps sembla s'arrêter quelques secondes. Granger riait et s'amusait simplement, oubliant ses problèmes et le négatif de son début de soirée comme si plus rien n'avait d'importance. Il en fut fasciné…

- Allez Severus, dansez bon sang! dit-elle en lui attrapant les mains une fois encore. Vous en mourez d'envie, je le sais.

- Ah bon? Vous en êtes sûre? dit-il avec sarcasme.

- Oui! Car vous ne m'avez pas parlé d' «envie de danser», mais de «savoir danser». En fait, vous vous languissez de le faire, mais vous avez juste la trouille de vous ridiculiser en frétillant sur la piste comme une poisson hors de l'eau.

Pourquoi, au lieu de simplement partir ou de l'engueuler, s'était-il contenté de lui prouver qu'il savait danser? Son amour propre aurait sûrement sa fin un jour… mais sur l'instant, il ne s'était bizarrement jamais senti aussi vivant.

Granger dansait plutôt bien, c'était une partenaire agréable sur la piste et les sons, tantôt barbares, tantôt plus conventionnels, étaient parfaits pour gambiller en rythme. Peut-être un peu trop d'ailleurs, car au bout d'un moment, sans savoir comment ils en étaient arrivés là, il se rendit compte de la proximité de leur corps. Granger était beaucoup trop proche de lui.

En fait, c'était presque comme si elle faisait en sorte de se coller à lui le plus possible! Et ce, jusqu'à ce que plus aucun doute ne fut possible, alors qu'elle passa ses bras derrière sa nuque et dansa en bougeant son bassin de façon indécente. Severus dut se faire violence pour ne pas bander… diantre… que se passait ilexactement ?

- Granger, finit-il par dire sans qu'elle ne le lâche, je crois que nous avons assez dansé et assez bu…

Mais au lieu de le lâcher, elle lui dit à l'oreille avec un ton provocateur:

- Justement, rappelez-vous, je suis venue ici pour boire, danser et surtout m'amuser… et là, j'ai en effet déjà trop bu et bien assez dansé. Pas vous?

Severus n'en revenait pas, elle était clairement en train de le chauffer. Pire encore, au lieu de s'offusquer, il se sentit affreusement excité. Était-il possible qu'elle lui eût versé quelque chose dans son verre, sans qu'il ne le remarque ?

Il ne voyait pas d'autre explication, sinon, comment aurait-il pu se retrouver pendu à ses lèvresl'instant suivant ? Il n'avait pas ressenti un tel désir depuis une éternité. En même temps, il n'avait pas serré une femme dans ses bras depuis tout autant de temps. Son corps semblait lui hurler un manque qu'il n'avait pas encore pris conscience de subir, jusqu'à cet instant.

Sans trop savoir comment il se retrouva dans cette situation, il se contenta de plaquer Granger contre la paroi des toilettes dans lesquels ils venaient de s'enfermer, le plus discrètement possible. Les gens étant majoritairement aussi éméchés qu'eux, voire plus, n'y avaient pas prêté attention. Et mieux encore, d'ici, la musique résonnait toujours suffisamment pour couvrir de potentiels bruits. C'était lunaire et exaltant en même temps, comme s'il vivait une nouvelle jeunesse.

Granger avait une fois de plus passé ses mains derrière sa nuque et l'embrassait déjà avec une envie pressante. Elle semblait avoir perdu le contrôle, et il n'en était pas loin non plus. Il réussit tout de même à bafouiller tandis qu'elle glissait ses mains contre son torse, par-dessus sa chemise:

- On ne devrait pas…

- Hum, si, grogna-t-elle en l'embrassant de nouveau. J'ai besoin qu'on me baise, là, maintenant, et vous en crevez d'envie aussi!

En disant ça, elle passa sa main directement sur son pantalon et agrippa son paquet. Severus ferma les yeux et retint un gémissement de justesse. Putain, oui, il en mourait d'envie, elle avait raison.

- Finalement, vous auriez fini la nuit avec l'autre type s'il n'avait pas été simplement trop hâtif! fit-il remarquer avec une étrange sensation amère.

- Finalement, je crois bien que je ne suis pas perdante dans cette situation! dit-elle en malaxant la bosse grandissante dans sa main. Il parlait beaucoup trop, pour ne rien dire, et était bien moins sympathique.

- Je ne suis pas sympa, fit-il remarquer en plaquant ses mains de part et d'autre de sa tête tandis qu'il profitait de ses caresses.

Hermione eut un rictus narquois aux lèvres, tout en le regardant droit dans les yeux:

- Hum… alors prouvez-moi donc que vous êtes méchant, Severus.

C'était la seconde fois qu'elle l'appelait par son prénom, mais au vu du contexte, il n'en apprécia la prononciation que plus encore. Il s'empressa de déboutonner son pantalon et la vit retirer sa culotte sans ménagement, ce qui le fit frémir. Bordel, il allait vraiment la prendre là, comme une bête, dans des toilettes? Oui, clairement, c'était ce qu'il allait faire.

Il baissa son pantalon, son boxer et sorti sa baguette de sa manche pour les protéger, lui comme elle. Elle le tira ensuite contre elle et il n'eut qu'à remonter sa robe sur ses hanches avant de la soulever du sol pour faciliter sa mise en place. Elle était si excitée qu'il sentit sa moiteur avant même de commencer à la pénétrer. Elle était serrée, mais il n'eut aucun mal à entrer. Il en fut félicité par un soupir de bien-être et un visage détendu.

Elle voulait qu'il la baise, il désirait maintenant répondre à ses attentes, plus que tout au monde!

Il entama des allers et retours puissants, sentant son sexe buter en elle avec délectation. C'était si chaud, si doux et si étroit autour de son membre. Il avait déjà couché avec des femmes, mais il n'avait pas souvenir que ce fut aussi bon, sinon, il l'aurait fait plus souvent et n'aurait jamais attendu aussi longtemps avant de le refaire. Lui qui s'était contenté de sa main, tant de temps, quand il en ressentait le besoin, avait cette fois un plaisir immense à répondre à une simple envie.

- Granger…

Gémit-il en sentant un tiraillement dans ses bourses. Il allait jouir bientôt, mais gardait espoir qu'elle le fasse avant lui.

- Severus… oui… Severus, plus fort!

Il obéit et serra ses fesses dans ses mains, tout en la plaquant plus en arrière contre le mur.

- Granger… ah… Granger…

Elle planta d'un coup ses ongles dans sa nuque et poussa un râle dont il se souviendrait clairement toute sa vie. La tête en arrière, les yeux clos tandis que «free from desire» résonnait si fort autour d'eux… elle était si belle quand elle jouissait… il allait la suivre…

Puis Severus ouvrit les yeux.

Les toilettes du bar étaient remplacées ici par un plafond blanc qu'il connaissait parfaitement: celui de sa chambre à coucher, dans sa vieille demeure. Il referma les yeux et grimaça en sentant son érection matinale le tirailler au plus profond de son être. Ça faisait un mal de chien!

Il ne supportait plus de faire ce rêve, c'était toujours pareil! Il se réveillait avant de jouir, devait en subir la douleur et, pire encore, la moquerie… qui n'arriva pourtant pas. À la place, il sentit seulement une main se poser sur ses bourses pour les caresser doucement. Il garda les yeux fermés et profita de la sensation qui le soulageait petit à petit.

- Eh bien, tu ne cris plus?

Voilà, le sarcasme habituel était de retour.

- Ah… oui… Granger!

- Je ne gémis pas comme ça! grogna-t-il en profitant toujours des caresses.

- Oh que si, vous gémissez comme ça, monsieur Rogue.

- Ne m'appelle pas comme ça, soupira-t-il en rouvrant les yeux.

Il eut tout loisir de la voir alors, légèrement sur le côté, se soulevant la tête à l'aide de sa main libre et de son coude sur son oreiller. Elle était moins sexy que lorsqu'elle jouissait, mais qu'est-ce qu'elle était belle…

- Je t'appelle comme je veux, dit-elle en passant cette fois sa main sur sa longueur.

- Et alors, tu ne veux pas m'appeler maître plutôt? demanda-t-il avec un rictus narquois aux lèvres.

- Tu aimerais ça, hein?

Elle eut un sourire mauvais et passa délicatement la pulpe de son index sur son gland gonflé et humide. Elle s'amusait maintenant à le torturer:

- Hermione…

- Non, c'est Granger pour vous, Monsieur Rogue!

- Granger…

- Oui, dit-elle en se penchant sur lui tout en continuant de le toucher sur sa partie sensible.

- Granger, branle-moi! supplia-t-il presque.

De toute façon, elle avait déjà gagné. L'expression «prendre quelqu'un par les couilles» avait ici tout son sens. Elle pouvait faire de lui tout ce qu'elle voulait.

- Comme ça? demanda-t-elle en pinçant avec douceur son gland entre son pouce et son indexe.

Severus se tendit et poussa un râle de bien être quand elle répéta le geste, avec un rythme lascif.

- Non, je sais, dit-elle alors en enlevant sa main.

Severus allait se plaindre, mais elle passa la tête sous la couette. L'instant d'après, son sexe était dans sa bouche et il remercia le ciel de ne pas avoir de voisin trop proche. Il y avait quelque chose d'excitant à voir la couette se lever et s'abaisser, tout en sachant ce qu'il se tramait là dessous, mais Severus retira rapidement cette dernière afin de mieux voir la scène. Il adorait ça et elle le savait. Elle levait les yeux vers lui tout en l'aspirant entre ses lèvres, ce qui l'emportait toujours très vite au nirvana. C'était sa façon à elle de le soulager quand elle n'avait pas le temps de s'amuser plus longtemps.

Il savait qu'elle allait devoir partir et cette idée le refroidit légèrement. Ce n'était pas tant qu'elle parte le problème, elle ne restait jamais très longtemps, mais cette fois, la raison de son départ le perturbait… elle le sentit d'ailleurs, car son regard fut étonné en constatant qu'il ne gémissait pas comme d'habitude. Elle trouva pourtant le moyen de parvenir à ses fins en le prenant entièrement dans sa bouche, ce qui eut pour effet de le surprendre et de le détendre, suffisamment pour qu'il passe sa main dans ses cheveux, signe qu'ils avaient mis en place pour qu'elle sache quand sa délivrance arrivait.

- Granger… argh…

Ce n'était pas le son le plus sexy qu'il pouvait produire avec sa bouche, mais c'était de loin celui qu'il préférait sortir: le doux son de sa jouissance. Depuis qu'il l'avait retrouvée dans ce bar, plus d'un an auparavant, il avait décidé de ne plus jamais autant s'abstenir face à tel plaisir. Et elle l'y aidait, vu qu'elle était devenue officiellement son plan cul attitré.

Tandis qu'elle s'essuyait le bord de la bouche, elle remonta sur lui et lui demanda avec bienveillance:

- Quelque chose ne va pas aujourd'hui, Severus?

- Tout va bien… pourquoi?

- Je ne sais pas… tu n'étais pas totalement là j'ai l'impression. J'ai fait quelque chose de mal?

- Non, absolument pas! s'exclama-t-il en se redressant sur ses coudes. Tu étais a été parfaite, comme d'habitude. Je t'assure, je vais bien. Je pense que je suis juste un peu fatigué.

Elle sourit et l'embrassa furtivement avant de se lever:

- C'est vrai que tu as eu une grosse semaine, avec les examens à préparer. Finalement, ça tombe bien que je sorte aujourd'hui, tu vas pouvoir te reposer.

- Hum…

Oui, il allait se reposer… pendant qu'elle, elle sortait avec un prétendant.

- Je prends ma douche en premier, faut que je repasse par mon bureau avant de rejoindre Viktor.

- Oui, vas-y, la douche est toute à toi…

Elle sourit, encore et toujours, et partit se laver. Elle allait se faire belle pour déjeuner avec le jeune, séduisant et riche bulgare à la con. Lui aussi, il aurait pu devenir attrapeur s'il l'avait voulu! Devenir maître en potion était bien plus compliqué… mais clairement moins rentable aussi.

Severus se pinça l'arête du nez et soupira. Il ne supportait pas cet étau qui, petit à petit, serrait son cœur. Il était jaloux et ça le rongeait de l'intérieur depuis des semaines maintenant… pourtant, il n'avait rien à redire. Il n'avait pas le droit de se plaindre, il n'était pas son conjoint.

Après avoir retrouvé Hermione lors de cette fameuse soirée, il s'était senti plus vivant que jamais. Même avant la guerre, il ne s'était pas imaginer pouvoir ressentir ça. Lui qui avait toujours été l'ombre de lui-même, le petit gamin pauvre et maltraité qui n'avait jamais su se protéger, ni contre son père à la maison, ni contre ses pairs à l'école. Lui qui avait toujours vécu dans la solitude, le nez dans les livres, les potions ou les ténèbres. Cherchant désespérément à faire parti d'un groupe quelconque pour ne plus se sentir seul au monde, et qui avait toujours échoué, pour autant, dans cette quête de famille

Cette soirée là, quelqu'un l'avait rejoint dans son monde d'ombre et il avait aimé ça. Cela avait été si agréable, qu'il en était venu à espérer qu'elle revienne, pour le retrouver lui, le lendemain, ou un autre soir… Il avait alors guetté les soirs suivants l'arrivée potentielle de la jeune femme, qui avait illuminé son être en revenant le vendredi suivant.

Ce second soir, elle avait loué une chambre d'hôtel à côté, et leur nuit avait été plus torride tandis qu'ils décidèrent d'un commun accord de devenir le fameux «plan Q» l'un de l'autre. Puis la semaine suivante, la nuit fut plus longue, et celle d'après aussi. Avec le temps, les nuits étaient devenues des weekends entiers et ils n'allaient dès lors au bar que lorsqu'ils voulaient danser et boire. Au final, la chambre d'hôtel avait même fini par devenir superflue puisqu'ils ils se retrouvaient et restaient chez lui, comme c'était le cas encore cette fois.

Mais Severus le savait, tout finit par s'essouffler un jour. Et, au bout de plus d'un an et demi, il fallait bien que ce jour arrive pour eux.

Hermione avait repris contact, depuis quelques semaines, avec un de ses ex-petit ami de l'époque, quand elle était encore élève à Poudlard. Le seul et unique bulgare qui avait participé au tournoi des trois sorciers. Il avait ouvert une société au Royaume-Uni: des camps d'entraînement pour le Quidditch, et cela faisait un carton auprès des sorciers de tout âge. Elle avait été missionnée par le Ministère pour vérifier que tout était administrativement en ordre, et depuis, elle lui avait souvent écrit. Maintenant, elle se préparait même à aller manger avec lui, avant d'aller à une exposition qui ouvrait en grande pompe au chemin de traverse.

Elle était si heureuse et surexcitée par cette sortie, si bien qu'elle lui en avait parlé en boucle, encore la veille. Il aurait dû se réjouir pour elle, mais c'était loin d'être le cas.

Cette idée le faisait affreusement souffrir. Parce qu'il le savait maintenant, Hermione n'était plus seulement son plan Q. Non, c'était tout pour lui. Elle était simplement elle-même, elle illuminait ses weekends et rendait ses semaines moins rudes. Oui, il l'aimait, au plus profond de son être…

Pourtant, ce n'était pas avec lui qu'elle prévoyait de sortir, ce n'était pas lui qui lui donnait le sourire. En même temps, qui pourrait lui en vouloir? Elle était si jeune, si belle et surtout, si intelligente et promise à un bel avenir. Elle lui avait fait une fleur en acceptant de coucher avec lui aussi souvent et aussi longtemps. Elle avait même accepté plusieurs fois de sortir avec lui dans quelques lieux moldus, comme des cinémas ou à l'opéra.

Il avait fini par compter les jours le séparant du vendredi, dès le lundi matin… aujourd'hui il comptait les jours potentiels qui lui restaient avant qu'elle ne le laisse tomber pour vivre une vie stable avec un sorcier de son âge.

- Qu'est-ce que tu en penses?

Severus rouvrit les yeux et la vit. Elle était tellement belle, dans une robe rouge qui tombaient jusqu'à mi-mollet, au-dessus de petits escarpins noirs. Elle avait attaché ses cheveux avec une pince et avait même mis une pointe de maquillage sur ses yeux, lui donnant un regard de biche.

- Tu es magnifique, comme toujours.

Elle sourit et tourna sur elle-même avec joie:

- Tu es adorable! Bon, je file, je t'envoie un message demain, je ne sais pas si j'aurai le temps de passer. Mais on se retrouve vendredi prochain au pire.

- Oui, j'attends ton message.

Elle s'approcha de lui, lui offrit un baiser et le regarda de plus près:

- Tu sais, je te trouve un peu pâle… tu devrais vraiment te reposer.

- Je vais rester au lit toute la journée, compte sur moi.

Il n'avait pas l'intention de faire autrement de toute façon.

- Tu as intérêt! Écris-moi si jamais ça ne va pas mieux demain, j'annulerai…

- Tu n'annuleras rien, je vais me débrouiller tout seul, ne t'en fais pas.

- Oui…

Elle posa sa main sur sa joue, puis furtivement sur son front et Severus soupira:

- Je vais bien, grogna-t-il.

- Oui, j'ai compris. Bon, allez, je file vraiment cette fois. Bisous!

Elle lui envoya un bisou avec la main et transplana.

Seul, il se rallongea et décida de suivre sa promesse à la lettre en restant couché, jusqu'à lundi s'il le fallait. Et ce fut ce qu'il fit, Hermione ayant été prise par des mondanités le lendemain, comme elle l'avait prédit. Les journaux en avaient fait leur une: «Viktor Krum et Hermione Hranger, le couple de l'année?», «Un weekend en amoureux, officiel?», «Des retrouvailles sous quels signes?», «Hermione Granger a-t-elle trouvé le bon?». Oui, peut-être bien, ils étaient plutôt beaux ensembles sur les photos.

La semaine allait être un véritable enfer pour Severus qui avait la sensation que la solitude frappait de nouveau à sa porte, attendant qu'il lui ouvre pour la laisser entrer pour de bon, avec toutes ses valises. C'était fatigant, et même effrayant. Pourtant, il avait toujours passé sa semaine à Poudlard, même ces derniers mois. Hermione était en vadrouille tous les jours, de son côté, cela ne changeait donc rien… mais le souci venait simplement du fait qu'il sentait venir la fin de leurs weekends…

La fin…

Mais après tout, est-ce qu'il fallait forcément que ce soit la fin?

Il était fou amoureux d'elle, elle s'éloignait de lui, que risquait-il à essayer de la conquérir? Qu'elle le repousse? Mais s'il restait à ne rien faire, c'était certain qu'elle le ferait de toute façon! Ce fut ainsi que, dès le mardi, il se décida: vendredi, il lui déclarerait sa flamme! Foutu pour foutu, il devait se jeter à l'eau. Quitte à retrouver son ex, la fameuse solitude, autant le faire avec panache…

Ou peut-être pas? Et s'il se trompait? Peut-être que Viktor allait finir par être un goujat et qu'elle resterait avec lui, parce qu'il demeurait sa roue de secours! C'était bien aussi, d'être une roue de secours. S'il se déclarait et qu'elle refusait, elle partirait sans chance de retour en arrière! Ce fut ainsi que, dès le mercredi, il se décida: il ne dirait rien et attendrait que les dés soient jetés. Quitte à risquer de tout perdre, autant conserver une chance, même minime, d'être le lot de consolation.

Sauf si…

«Argh, putain de bordel de merde à la con, fait chier cette putain de vie, saloperie de… de merde!»

Le vendredi soir arriva et Severus avait changé d'avis sans arrêt pendant la semaine, au point de ne toujours pas savoir quoi faire. Il était bien avancé…

Puis, Hermione arriva comme prévu et, s'inquiéta dès qu'elle le vit. À peine sortie de la cheminée, le bonjour habituel se transforma en un interrogatoire:

- Bon sang, Severus, mais qu'est-ce qui t'arrive? Tu as mangé cette semaine, ou bien les elfes étaient en grève? Tu es allé voir Pomfresh? Sapristi, je savais que j'aurais dû écrire à Minerva!

- Pourquoi tu écrirais à Minerva au juste?

- Parce qu'elle te voit tous les jours et aurait pu vérifier que tu prennes soin de toi, répliqua-t-elle comme une évidence.

- Je te l'ai déjà dit, je vais très bien! grogna-t-il.

Elle allait de nouveau le houspiller, ou pire encore, le materner. Il n'avait pas besoin de ça, il n'avait pas envie de paraître faible, surtout pas à ses yeux. Il n'était pas un vieillard sur la fin, il avait peut-être plus d'une quinzaine d'années de plus que le bulgare, il n'en était pas moins vigoureux et en pleine forme. Sa déprime n'avait rien à voir avec sa forme physique et il comptait bien le démontrer!

Severus s'approcha d'elle, lui attrapa les hanches et l'attira à lui pour l'embrasser avec une passion digne de leur première fois. Il la sentit se détendre contre lui, suffisamment rassurée par son assaut pour qu'elle baisse sa garde et cesse de s'en faire inutilement. Il ne savait toujours pas s'il devait tout lui avouer, mais il n'y avait pas que les mots pour prouver ses sentiments.

Sans un mot, il la souleva et Hermione passa machinalement ses jambes autour de lui. Elle avait retrouvé le sourire et s'amusa en le toisant de haut:

- Je t'ai manqué on dirait.

Plus qu'elle ne pourrait jamais l'imaginer, même s'il ne put trouver les termes pour le lui avouer. Il se contenta de l'embrasser encore et la mena jusqu'au canapé, où il l'allongea avant de commencer à la déshabiller. C'était beaucoup plus long à faire quand elle était encore en tenue de travail, ce qui n'était pas pour lui déplaire. C'était agréable de prendre son temps:

- Tu étais où aujourd'hui? demanda-t-il alors qu'il venait de lui retirer son blazer en tweed.

- J'étais à quelques miles de Durness, répondit-elle en se redressant juste assez pour qu'il puisse lui retirer son chemisier tel un tee-shirt. Je contrôlais une clinique sorcière qui avait fraudé sur sa dernière déclaration.

- Et tu l'as remise sur le droit chemin? demanda-t-il cette fois en lui ouvrant le pantalon assorti à son ensemble.

- Je crois que oui… oh bon sang…

Severus n'avait pas attendu de le lui enlever pour glisser sa main dedans et caresser son entre jambe par-dessus sa culotte. Hermione passa ses mains dans sa nuque et posa son front contre celui de Severus, regardant ainsi le sorcier jouer de ses doigts contre elle.

- Tu crois? Je t'ai déjà connue plus sûre de toi, plaisanta-t-il en glissant deux doigts sous le tissu pour les entrer en elle.

Elle se crispa légèrement et redressa sa tête pour l'embrasser, avant de minauder à son oreille:

- Remets-moi sur le droit chemin… j'en ai moi-même bien besoin !

Severus adorait recevoir ce genre de directives. Il se redressa, lui retira sa culotte et son pantalon pour de bon, avant d'ouvrir le sien sans le baisser. Il avait seulement besoin de place, mais ce n'était pas le moment de se précipiter. Il voulait l'aimer, pas seulement la baiser, et ça demandait un peu plus de temps. Elle le regarda, déçue de constater qu'il restait habillé, ce qui amusa néanmoins son amant.

Il se pencha, l'embrassa tout en restant au dessus d'elle, et rentra à nouveau ses doigts en elle. Il n'avait plus envie de relâcher ses lèvres et plus il l'embrassait, plus il avait envie de tout lui dire. Ce n'était cependant pas le moment, il ne pouvait pas faire ça dans cette situation, pas alors qu'elle arrivait à peine à réfléchir. Quand il sentit qu'elle était non loin du point de rupture, il se redressa juste assez pour avoir une vue imprenable sur son visage, puis il accentua ses mouvements de main. Hermione couvrait les bruits de pénétration avec ses couinements divins. Il aimait tant entendre son prénom prononcé avec autant d'envie! Quand elle perdit pied au point de ne plus pouvoir prononcer quoi que ce fut, il eût alors tout le loisir de voir la jouissance sur son visage, tout en sentant des contractions autour de ses doigts.

- Tu sais que tu es magnifique quand tu lâches prise?

- Parce que je ne le suis pas le reste du temps? bafouilla-t-elle quand elle en fut capable.

- Disons que le reste du temps, tu es tout juste superbe, sans plus.

Il sourit, fier de sa blague, tandis qu'Hermione se redressait sur le canapé. Elle l'attrapa par le col de sa chemise et le tira à elle pour l'embrasser, probablement contente. Après tout, il le pensait, même si c'était sur le ton de la plaisanterie, et elle savait normalement faire la différence entre l'ironie et la taquinerie.

Se laissant faire, elle le tira toujours par le col, cette fois pour le relever et le faire s'assoir sur le canapé. Il la regarda, droite devant lui, retirant son soutien-gorge qui ne servait plus à grand-chose vu le reste de sa tenue d'Eve. Elle était vraiment parfaite à ses yeux, de son ventre qu'elle trouvait trop gros, à ses cuisses qu'elle n'avait de cesse de rabrouer pour les entrer dans ses jeans, en passant par sa poitrine qu'elle… non, ça, elle l'aimait bien. Il sourit pour lui-même tandis qu'elle vint s'installer à califourchon sur lui:

- Je ne sais pas à quoi tu penses, mais j'avoue que j'aime beaucoup la façon que tu as de me reluquer, s'amusa-t-elle en déboutonnant la chemise de son amant.

- Les hommes ne sont pas vraiment capables de penser quand une déesse se trémousse nue devant et sur eux.

- Tant que celui que j'ai entre mes cuisses est capable de me soulager, je m'en contenterais! dit-elle d'un ton entendu en caressant son torse enfin à disposition.

- Je suis capable de bien plus que ça, il suffit de demander, proposa-t-il.

Il le pensait sincèrement, il était prêt à tout pour la garder. Elle pouvait faire de lui tout ce qu'elle voulait. Pourtant, il ne savait pas comment faire pour le lui faire comprendre réellement. Pour l'heure, elle l'embrassa de nouveau et se redressa sur ses genoux pour le dévêtir comme elle le pouvait. Elle savait y faire, car en moins de temps qu'il n'en fallait pour parler de Quidditch, elle avait libéré son membre, juste ce qu'il fallait pour l'utiliser. Il avait parfois l'impression d'être un sextoy humain, mais il n'avait pas à s'en plaindre car, s'il savait s'y prendre pour la faire jouir, elle avait l'art et la manière de lui faire voir le paradis sur terre.

Severus soupira son aise quand elle vint s'empaler sur lui, avec une lenteur toute calculée. Il ferma les yeux, posa sa tête contre le dossier du canapé et lui attrapa les hanches, profitant de chaque sensation qui l'envahissait. Il avait l'impression de la connaître par cœur, sous toutes ses coutures, et pourtant, il aimait de plus en plus chaque détail qui la composait. Sa peau douce, qu'elle aurait voulu plus bronzée, mais qu'elle s'évertuait à cacher dès qu'un rayon de soleil apparaissait, et ses grains de beauté, surtout celui actuellement sous sa main, non loin du creux de ses reins. Sans oublier bien-sûr, la chaleur de son antre, ses muscles pelviens qu'elle savait contrôler pour l'enserrer plus ou moins à certain moment, et sa maîtrise parfaite de son déhancher. Elle dansait aussi bien sur une piste que sur lui.

Ce qu'il aimait aussi, c'était la connaissance qu'elle avait de sa propre anatomie, hormis quand il s'agissait de se trouver belle. Quand il s'agissait, en revanche, de se faire du bien, elle savait ce qu'elle voulait et comment l'avoir, comme actuellement, alors qu'elle accélérait le rythme en bougeant son bassin de haut en bas, avec un petit mouvement de balancier supplémentaire. Severus rouvrit les yeux quand lui-même sentit la jouissance arriver, cherchant à savoir si elle allait l'attendre ou non. Heureusement, elle était dans le même état que lui et sa respiration haletante en était la preuve ultime. Elle était si expressive, il ne pouvait faire autrement que de l'admirer alors qu'enfin, elle se cambra et l'appela dans un râle sensationnel.

Il aimait son prénom grâce à elle. Il fallait dire qu'elle avait le don de le rendre sexy. Mais qu'est-ce qui n'était pas parfait venant d'elle? Oui, il l'adulait un peu trop, mais pouvait-il faire autrement? L'amour rendait aveugle et con.

Quand ses derniers spasmes orgasmiques cessèrent, elle l'embrassa plus tendrement et se redressa. Elle était souriante et surement joyeuse. Il arrivait à la rendre heureuse, il le savait, il pouvait faire son bonheur, il suffisait qu'elle le souhaite… il suffisait pour ça qu'il lui dise la vérité! Il se rhabilla, plus vite qu'elle, et tandis qu'elle renfilait son chemisier, s'entendit à peine prendre la parole, fatigué:

- Hermione, soupira-t-il en ne supportant plus ses réflexions incessantes. Je… j'aimerais qu'on parle!

Elle devint d'un coup aussi pâle que lui et vint s'asseoir à côté de lui, en culotte et chemisier semi-fermé, lui attrapant les mains. Elle avait perdu son sourire et reprit son état de panique initial, lors de son arrivée, :

- Tu te sens mal de nouveau, c'est ça?

Severus secoua la tête, exaspéré, mais décida d'enfin laisser parler son instinct et son cœur plutôt que sa raison. Il l'avait fait toute sa vie jusqu'alors, et la raison n'avait jamais apporté de bénéfices à son existence, non?

- Oui, franchement tu sais quoi, oui, je suis malade!

Il continua avant qu'Hermione ne comprenne mal et parte en urgence chercher un médecin:

- Je suis fou amoureux de toi…

- Il faut appeler… Heu… attends, quoi?

- J'ai dit, je suis amoureux de toi…

Hermione garda le silence, stoïque. Il avait lancé les dés, de façon un peu précipitée, et il avait perdu…

- Je voulais juste que tu le saches, dit-il en regardant ailleurs. Je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir et que tu préfères Vikctor mais…

BIM…

Il ne l'avait pas vu venir celle-ci!

Hermione venait de lui donner une baffe derrière le crâne, et ça faisait un mal de chien. Elle avait plus de force qu'il ne le pensait.

- Mais…

- Severus Tobias Rogue, tu es vraiment un cornichon décérébré de première! J'ai cru que tu avais un truc grave. Bordel, tu m'as fait peur, imbécile!

Il lui lança un regard perdu, en même temps, il l'était totalement. Est-ce qu'elle avait au moins entendu ce qu'il avait dit?

- Mais…

- Tu oses dire que tu m'aimes comme si c'était un cancer, continua-t-elle en se levant. Parce qu'être amoureux de moi, c'est une maladie?

- Heu… non…

- Et tu oses parler de Vikctor, mais n'importe quoi! Qu'est-ce qu'il fout là-dedans lui au juste? C'est un ami, c'est quoi le rapport avec toi?

Hermione secoua la tête:

- Mais…

- Mais quoi? le coupa-t-elle encore avec mordant.

- Je voulais seulement que tu saches que je ne veux plus simplement être un plan cul du weekend. Tu es plus que ça pour moi, tu es mon… mon plan H!

Hermione se calma alors, mais soupira. Elle prit la main de Severus dans la sienne à nouveau et le fit se lever pour le prendre dans ses bras. Peut-être n'avait-il pas perdu finalement? Qu'est-ce qu'elle pouvait être lunatique quand elle s'y mettait…

- Severus, désolée, tu m'as simplement fait peur. Mais, tu es vraiment stupide…

- Tu es obligée de m'insulter sans arrêt, là, maintenant, tout de suite ?

Elle releva la tête et le regarda dans les yeux:

- Suis-moi…

Elle le tira alors à côté du canapé et lui pointa le dessus de la cheminée:

- Qu'est-ce que c'est, ça?

- Où tu veux en venir?

- C'est quoi?

- Mais tu vois bien que c'est une photo de nous deux, c'était quand on revenait de voir le Phantom de l'opéra!

Il allait continuer en décrivant la photo d'a côté, où ils étaient tous deux au cinéma en attendant un film, mais elle le tira de nouveau, cette fois en direction de l'étage, dans la chambre.

- Bien, et ça, c'est quoi?

- L'armoire…

- Et qu'est-ce qu'il y a dedans?

- Nos vêtements?

Elle le regarda dans les yeux, comme si elle avait en face d'elle un chaton perdu. Ce n'était pas très agréable, mais toujours plus que de se faire tracter jusqu'à la salle de bain:

- Bon, et ça?

- Mais, ce sont nos brosses à dents, c'est quoi le putain de rappo…

Severus ne termina pas sa phrase. C'était donc ça?

- Oh… je vois… et… depuis quand?

- Personnellement, depuis quasiment le début… quant à toi, tu m'as laissée envahir ton espace depuis des mois maintenant. Tu m'as fait de la place dans ton armoire de toi-même, tu m'as achetée une brosse à dent et tu as posé ma tête dans plusieurs cadres dans ton salon et même dans ton téléphone. Sérieusement, je vis quasiment ici depuis quoi? Plus de six mois, il me semble. Excuse-moi de te le dire encore, mais tu es un triple idiot, aveugle de surcroît.

Oui, il était très très très stupide… mais Hermione sourit malgré tout et le prit dans ses bras à nouveau. Comment avait-il pu ne pas le remarquer? Ils étaient déjà bien plus que simplement un amusement de weekend l'un pour l'autre, et depuis un moment déjà :

- Au moins, tu as fini par me le dire…

- Désolé de ne pas l'avoir fait avant, je suis un véritable cornichon, tu as raison. Comment je pourrais me faire pardonner?

Hermione le regarda dans les yeux et dit sans hésiter:

- Deviens mon plan S!

- Avec plaisir… mais n'est-ce pas déjà le cas, du coup?

- Le mieux serait que tu me demandes officiellement de venir vivre avec toi. Même la semaine… je peux transplaner ici chaque soir, c'est mieux que les hôtels… et tu n'es pas obligé de rester à Poudlard non?

- Bien sûr que je le veux. Je veux t'avoir près de moi, à jamais.

- Alors j'accepte tes excuses.

Les dés avaient parlé, et jamais aucun gain n'avait été aussi fabuleux.

Finalement, la solitude ne rentra pas ses valises à l'impasse du tisseur. Mieux encore, plus jamais Severus n'en entendit parler. Il avait une vie bien remplie à mener, bien accompagné, à deux… au minimum!

THE END

OoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoO

Merci pour votre lecture de ce petit OS, qui est là pour vous faire patienter avant la prochaine histoire.

La prochaine histoire est justement en cours de relecture et de correction, elle est donc entièrement écrite.

Si vous voulez plus d'informations, "d'actualités" sur mes histoires à venir, ou juste papoter autour de celles déjà publiées et de l'univers de Harry Potter en général, vous êtes la bienvenue sur le discord que j'ai créé pour l'occasion :

/invite/68Ve4cuE

A très vite je l'espère ^^

DGBA