Résumé:«Alors, je dirais qu'il n'y a rien d'autre que je veuille faire et nulle part ailleurs où je veuille être, et vous penseriez que je suis fou.» - Severus, agenouillé devant Hermione.

Ils se sont vus plus de soixante fois durant les cinq années précédentes, chacun pensant apprécier leurs petits rendez-vous intellectuels plus que l'autre. Ce soir-là, Hermione apprend que Severus n'a jamais joué à Action ou Vérité auparavant. Et ce n'est pas la seule chose qu'elle ignorait de son ancien professeur.

Note initiale de l'autrice:D'immenses mercis à mes bêtas: TunLorin, finishthedamnstory, Zthea, and Vika. Sans vous, cela aurait été à jamais condamné à rester dans les profondeurs poussiéreuses de mon tiroir.

~Zaiza

Note traduction:Un immense merci à ZaizaVika, pour m'avoir prêté ce petit jouet et autorisé à vous le traduire. Dès la première lecture, j'ai été soufflée, et j'ai pris autant de plaisir en 10000 mots que pendant les quelques 150000 de ma fanfic HGSS favorite (Hermione Granger and the Cristal of Time, Aurette). Bravo pour cela!

Un autre immense merci à Sockscranberries pour avoir relu cette petite folie/pépite (au choix, ou les deux).

On conservera le titre «Freak» qui est parfait, parce qu'il signifie à la fois «insolite / bizarre» et «fondu / fou de qqch/qqn», bien qu'il soit traduit par «fou» dans le texte.

Enfin, j'ai depuis quelques publications un problème avec les espaces automatiques (avant/après guillemets, avant/après ponctuation...) Le Doc Manager les supprime automatiquement...

Bilko

APARECIUM ! •••--*

Chapitre 1: Elle appréciait la façon qu'il avait de prendre soin d'elle, d'accord ?

Hermione gratouilla une goutte de bave séchée du petit James qui tachait le bas de son manteau d'hiver, en attendant que Severus ouvre la porte. Le temps était conforme à celui que l'on aurait pu attendre d'un mois de janvier. Le blizzard qui faisait rage l'avait presque transformée en stalactite et elle s'emmitoufla davantage dans sa veste. Elle sourit en se remémorant à quel point elle avait été terrifiée lorsqu'elle avait frappé à sa porte pour la première fois. Exactement cinq ans auparavant, elle tremblait de peur devant la perspective de se retrouver seule avec son austère professeur de collège.

Elle n'oublierait jamais le corbeau jais qui avait tapoté à sa fenêtre le jour précédent leur première entrevue. Le petit morceau d'un élégant parchemin que l'oiseau portait dans son bec indiquait, «J'ai besoin de votre expertise concernant une expérience de métamorphose. Demain à 19h, 8 Impasse du Tisseur. Severus Snape». C'était bref mais suffisant pour repousser tout espoir de trouver le sommeil la nuit qui avait suivi.

Leur rencontre n'avait pas été aussi catastrophique qu'elle l'avait imaginée – c'était même le contraire, en fait. Severus avait besoin de son aide pour métamorphoser des composants électroniques Moldus en leur forme liquide, tout en conservant les propriétés de leur état solide. Il avait tenté plusieurs approches de son côté, et elle avait été impressionnée par sa créativité, mais une fois dans l'impasse, il avait décidé de lui demander son avis. Il avait été intrigué par les résultats qu'elle avait exposés dans son essai «Technologie Moldue et Fusion Magique» et semblait sincèrement heureux de partager ses nouvelles découvertes avec elle.

Mais ce ne fut pas tout. Severus se révéla passionné quand il s'agissait de discuter de ces sujets et également capable de produire des retours constructifs sur ses expériences. Ce qu'elle avait pensé devoir être un rendez-vous d'une demi-heure se transforma en une longue et captivante soirée agrémentée d'un délicieux dîner cuisiné par son hôte lui-même.

Depuis ce soir-là, ils avaient programmé un débat par mois afin de partager leurs découvertes dans leurs champs de recherches respectifs, alternant entre le domicile de l'un et de l'autre. Les règles de leurs rencontres étaient simples: l'hôte préparait le repas et l'invité apportait le dernier numéro du magazine des Découvertes Magiques, annoté et muni de marque-pages, pour les aider à s'échauffer avant le débat.

Après une minute d'attente, elle entendit la serrure cliqueter et Severus apparut dans l'entrebâillement de la porte. Elle n'avait jamais réussi à l'entendre approcher de l'autre côté du mur, bien que le parquet craquât sans merci sous ses propres pieds à chaque fois qu'elle passait le seuil de l'entrée. Mais, comme on dit – un homme peut cesser d'espionner, mais il ne cessera jamais d'être espion.

Il la balaya de haut en bas et fronça les sourcils. Oh-oh. Elle baissa à son tour les yeux sur sa tenue, songeant qu'elle n'était pas si mal et ne justifiait pas un examen si insistant: talons noirs, bas, jupe noire arrivant aux genoux et chemisier boutonné jusqu'au col, en grande partie couvert par son blouson d'hiver en cuir. Il ouvrit la porte plus amplement pour la laisser entrer et lança un sort de séchage pour l'aider à se réchauffer.

Avant qu'elle n'ait pu demander ce qui n'allait pas, il baissa les yeux, quelque peu secoué. «Je n'ai pas de nouvelle potion à vous montrer aujourd'hui,» marmonna-t-il en évitant son regard, «la préparation est sortie de stase couverte de moisissures; je dois la reprendre dès le début.»

«Ah,» soupira-t-elle, soulagée, «si vous ne voulez pas que nous nous voyions aujourd'hui, pas de problème. Je peux revenir à un autre moment.»

«Non, ce n'est pas ça,» il secoua la tête, «j'ai seulement – non, ce n'est rien. Je vous en prie, enlevez votre manteau. Il n'y a pas de moisissures sur les lasagnes, je le jure.»

«Pour être honnête, je comptais sur votre apport aujourd'hui. Je n'ai rien de nouveau non plus. Enfin, si,» dit-elle en suspendant sa veste, «une brûlure flambant-neuve héritée d'un nouveau sortilège.»

Ses yeux s'écarquillèrent, la sondant, et s'arrêtèrent au niveau de son poignet où le bandage qui recouvrait son avant-bras dépassait légèrement de sous sa manche. Elle la remonta et retira le sparadrap. «Regardez, vous voyez les petites formes d'étoiles autour? C'est comme si mon étiquette de Sang-de-Bourbe avait été surclassée. Ironique, vraiment.»

«Salazar,» siffla-t-il en l'attirant dans le couloir, au travers du salon, jusque dans son laboratoire.

«Je ne suis pas une experte en brûlures magiques,» murmura-t-elle, regardant ses longs doigts se saisir de sa main. Il lança le sortilège de refroidissement avant d'attirer par un Accio le baume apaisant, qu'il appliqua en grande quantité sur les brûlures. Elle sentit ses joues s'embraser sous le contact. Ce qu'elle venait juste de dire n'était pas exactement vrai. Elle connaissant parfaitement tous les sorts de guérison. C'était juste… qu'elle aimait la façon qu'il avait de prendre soin d'elle, d'accord? Est-ce que cela la rendait pathétique et un peu folle? Peut-être.

Elle observa ses traits inquiets alors qu'il soufflait avec douceur sur son bras. Il avait cessé d'enseigner depuis neuf ans et ces neuf années lui avaient été bénéfiques. Il avait pris un peu de poids et cela lui donnait l'air plus fort et plus jeune. Ses cheveux jais avaient gagné en volume et semblaient ainsi mieux entretenus. Il sentait si bon qu'elle devait se contenter de prendre de petites inspirations pour ne pas gémir quand ils étaient trop proches. Ouais. Elle n'était pas juste un peu folle. Elle était complètement folle, point-barre.

A son plus grand amusement, il n'avait jamais abandonné ses habits noirs caractéristiques. Parfois, elle le charriait en lui disant que les robes bouffantes qu'il portait en classe lui manquaient. Elle ne le lui aurait jamais avoué, mais elle était incapable de l'imaginer portant une autre couleur. Il était parfait tel qu'il était.

«Merci,» soupira-t-elle de soulagement quand il lui annonça qu'il en avait fini. Les étoiles avaient disparu, mais la cicatrice indiquant «Sang-de-Bourbe» restait identique. Il avait pourtant déjà essayé de l'effacer, mais Bellatrix avait utilisé un poignard empreint de Magie Noire afin de s'assurer que jamais la blessure ne pourrait être vraiment guérie. Hermione avait fini par faire la paix avec ce stigmate et considérait à présent la cicatrice davantage comme une médaille que comme une malédiction.

«Par deux fois ils vous ont proposé le poste de Ministre de la Magie. Si vous acceptiez, peut-être viendriez-vous à moi avec un peu moins de brûlures et de contusions?» dit-il, la laissant passer devant lui pour quitter le labo et le précéder jusqu'à la salle à manger.

«Je n'aurais alors plus d'excuse pour que vous vous occupiez de moi si gentiment,» badina-t-elle, redescendant sa manche le long de son bras. Elle prit place à la grande table acajou et sortit de son sac de perles le magazine annoté.

Severus s'éclaircit la gorge et baissa les yeux. «Je suis sûr que je pourrais toujours être utile. Vous méritez ce poste.»

«Cela me rendrait folle. Saviez-vous que Percy Weasley était fourni avec le bureau ministériel? Il fait partie des meubles, là-bas. Que ferais-je donc de lui? Pourrais-je décemment l'abandonner dans un coin de la pièce?» gloussa-t-elle en le regardant faire volte-face vers la cuisine pour appeler d'un sort les assiettes qui atterrirent sur la table.

Il s'éclaircit à nouveau la gorge et émit un bruit étrange, entre le fredonnement de plaisir et le sanglot.

«Est-ce que vous vous sentez bien?» Hermione le regarda de plus près et quand son regard tomba à nouveau sur ses talons, elle se figea. «Oh, Severus, je suis vraiment désolée. D'habitude, je porte des chaussures plates, mais je suis venue directement depuis chez les Potter. C'était l'anniversaire de James et je n'ai pas eu le temps de me changer. Merlin, j'espère que je n'ai pas rayé votre parquet. Je les enlève de suite,» lança-t-elle d'un trait, embarrassée, en se baissant pour se saisir de la sangle de ses talons.

«Non, je vous en prie. Pas besoin de les retirer. Je ne suis pas sûr d'avoir assez bien nettoyé le sol pour y marcher pieds-nus,» se justifia-t-il rapidement, suspendant le sort de stase qui planait sur les assiettes. Une vapeur chaude aux parfums délicieux flotta jusqu'à ses narines.

«Oh, j'adore quand vous cuisinez. Cela est et sent toujours si bon,» lança Hermione. Elle ferma les yeux en goûtant la première bouchée et gémit de plaisir, recouvrant immédiatement ses lèvres de ses mains, «Mon Dieu, je suis désolée. Ginny a complètement oublié le concept d'assaisonnement depuis son accouchement. Rien là-bas n'a de goût. Ne lui dites pas que j'ai dit ça,» ajouta-t-elle l'air suspicieux.

«Je vous le promets,» gloussa-t-il, versant du vin dans leurs deux verres. «Alors, comment était cette fête? Votre ancien amant y était-il aussi?»

«Oui,» répondit-elle immédiatement, «apparemment, il est parti en vrille et a fini par également tromper Padma.»

«Je n'arrive pas à croire qu'il ait réussi à se planter avec vous deux,» dit-il en secouant la tête, «c'est une erreur de l'univers qu'un abruti pareil soit parvenu à gagner le cœur de deux magnifiques femmes et que son égo ait quand même eut besoin d'encore plus de stimulation.»

«Je n'ai pas envie de parler de Ron. Il ne vaut pas la peine qu'on s'intéresse à lui,» lança Hermione en se ressaisissant, secouant le visage comme pour s'éclaircir les idées. «Harry vous transmet ses plus sincères salutations, d'ailleurs, et vous invite à dîner demain.»

«Cela ne lui suffit-il pas que je lui rende visite chaque année le lendemain de Noël?»

«Vous y allez uniquement parce que je vous le demande avec des yeux de chien battu,» dit-elle, baissant le menton et le regardant par-dessous.

«C'est vrai, mais cette année je suis prévenu,» lança-t-il en portant ses mains devant ses yeux, «vous n'avez plus aucun pouvoir sur moi à présent, sorcière.»

Hermione éclata de rire. Severus était si drôle, parfois. Il avait toujours ses moments où il s'adressait à elle de manière brusque, ou devenait soudain grognon et silencieux, mais elle avait appris à aussi apprécier ces revirements. C'était comme si, à chaque fois qu'il lui montrait cette facette de lui-même, elle en apprenait un peu plus à son sujet.

Cela leur avait pris longtemps pour en venir à ce niveau de confort mutuel. Si elle devait donner une date, cela aurait été quand elle avait attrapé la grippe trois ans auparavant, en mai 2004, et que c'était alors chez elle que devait se dérouler leur rencontre mensuelle.

Quand il avait frappé à la porte et qu'elle avait été incapable de lever le petit doigt tant elle était fiévreuse, il avait purement et simplement fait sauter le verrou de son appartement pour vérifier qu'elle allait bien. Il était resté cinq jours chez elle, dormant sur son canapé terriblement inconfortable et prenant soin d'elle. Cela n'avait fait que rendre ses sentiments envers lui encore plus confus.

«En parlant de sorcières,» commença Hermione, en espérant vraiment que son ton paraîtrait nonchalant, «est-ce que certaines des lettres de vos admiratrices ont attiré votre attention?Un rendez-vous à l'horizon?»

«Je ne les lis pas,» répondit-il en regardant le vin qu'il faisait tourner dans son verre.

«Ah.» Elle se figea, sa fourchette suspendue à mi-chemin entre son assiette et sa bouche, et se précipita bientôt pour finir son geste. Ne fourre pas ton nez partout. Change de sujet! «C'était délicieux, comme toujours, Severus. J'aimerais tellement vous avoir chaque jour dans ma cuisine pour préparer mes repas.»

Dieux tous puissants, n'avait-elle aucun filtre? Sa remarque dut le mettre mal à l'aise, car il s'étouffa presque avec son vin et il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre sa respiration. «Cuisiner pour vous est toujours un plaisir. En fait, il y a du dessert.»

Elle se demanda si cette journée pouvait être encore meilleure. «Mon préféré?»

«J'ai perdu le fil, je ne sais plus lequel est votre préféré,» dit-il en renvoyant les assiettes vides vers la cuisine et en en appelant de nouvelles, qui contenaient…

«Un moelleux au chocolat!» s'exclama Hermione, «Mon Dieu, vous savez comment me plaire.»

Ses yeux pétillèrent alors qu'il versait une nouvelle rasade de vin dans leurs verres, «Comme je l'ai dit, vous n'êtes pas difficile en termes de desserts. Vous semblez les aimer tous.»

«Je me dois de vous corriger, Severus,» dit-elle, et elle le vit se figer, sa bouteille suspendue au-dessus d'un verre, «je ne supporte absolument pas le sorbet au citron!»

«Ah bon, plus maintenant? Et quelle est la cause de cette triste évolution de vos goûts?»

«Nous avons joué à Action ou Vérité dans la salle commune des Gryffondors. Seamus m'a lancé un Action, j'ai dû en manger trois onces avec du sel,» grimaça-t-elle en plongeant sa cuillère dans son dessert, «mais, vous savez ce que c'est, à Action ou Vérité…»

«En fait, non.»

«Parfois, vous voulez juste éviter Vé… QUOI?»

Posant sa cuillère, elle lui accorda toute son attention.

«Est-ce que vous voulez vraiment dire que vous ne connaissez pas Action ou Vérité?»

«Je connais le concept,» dit-il en roulant des yeux, «juste, je… personne… Je n'ai jamais eu l'occasion d'y jouer.»

«D'accord, c'est bon,» elle enfourna une nouvelle cuillérée de moelleux dans sa bouche et se leva, renvoyant les assiettes à la cuisine, «on joue.»

«Quoi? Et le magazine?» Il jeta un regard au journal abandonné à l'autre bout de la table. «Et les articles? Je suis sûr que vous avez annoté…»

«Je peux toujours revenir la semaine prochaine pour en parler,» dit-elle d'un ton sévère, «vous vous devez de jouer à Action ou Vérité au moins une fois dans votre vie. C'est criminel de ne pas le faire.»

«Vous ne me lâcherez jamais les basques si je refuse, n'est-ce pas?»

«Non. Allez, ça va être drôle. S'il vous plaît? Pour moi?»

Elle abaissa de nouveau le menton en le regardant par-dessous, avant de se saisir de son poignet pour qu'il ne puisse cacher ses yeux de sa main.