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C'est parti pour le chapitre 18, avec encore un petit moment explosif (THE fameuse scène du tome 5 que vous reconnaîtrez forcément... ;D), et pour finir un début de réconciliation.
Enjoy !
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Partie II
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Chapitre 18
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Sirius avait cauchemardé.
Bien sûr, depuis Azkaban les cauchemars peuplaient constamment ces nuits et ceux de la mort de James et Lily étaient les plus récurrents. Cependant, suite à sa confrontation avec Snape ils s'étaient plus vifs encore lors des courtes heures durant lesquelles il avait réussi à dormir. Il s'était réveillé en sursaut et en sueur, l'âme pleine de peur, de tristesse, et d'une colère intense menaçant de tout consumer sur son passage, tandis que les souvenirs de leur affrontement de la veille continuait à le hanter.
Snape. Ce traître de mangemort avait condamné James et Lily ; au fond, c'était comme s'il les avait tué lui-même. Comment se faisait-il qu'il soit ainsi en liberté ? Comment même osait-il être en vie après ce qu'il avait fait ? Pourquoi son crime n'avait-il pas été puni ? Qui était au courant ?
Les questionnements tournaient sans fin dans son esprit, jusqu'à ce que Sirius pense soudainement à Dumbledore. Le vieux sorcier était-il au courant de la trahison de Snape ? Le laissait-il participer à l'Ordre en toute connaissance de cause ?
N'y tenant plus, Sirius bondit de son lit jusqu'à se rendre à la petite volière du Square Grimmaurd et appela l'un des hiboux qu'utilisait l'Ordre. Fébrile, il écrivit quelques mots à destination de Dumbledore pour le sommer de venir en urgence.
Une fois l'oiseau parti, Sirius se rendit dans le salon et patienta tant bien que mal, la fureur lui brûlant les os tandis qu'il arpentait son salon de long en large. Puis, enfin, les flammes de la cheminée s'illuminèrent et Dumbledore en sortit, un air soucieux peint sur son visage.
« Que se passe-t-il Sirius ? »
Celui-ci leva la tête vers la nouveau venu, la rage déformant ses traits.
« Ce qu'il se passe ? demanda-t-il agressivement. Snape ! Voilà ce qu'il se passe ! »
Dumbledore fronça les sourcils.
« Est-ce que vous étiez au courant ? » cracha Sirius d'un ton accusateur tandis qu'il se rapprochait du vieil homme. « Est-ce que vous saviez qu'il a rapporté la prophétie à Voldemort ? Que c'est lui qui a condamné James et Lily ?! »
Les traits de Dumbledore s'éclairèrent sous le coup de la compréhension, cédant ensuite la place à la tristesse. Il fit quelques pas et s'assit dans l'un des fauteuils proche de la cheminée, avant de finalement regarder Sirius droit dans les yeux.
« Oui, j'étais courant. »
Sirius fut d'abord abasourdi par le choc, puis la colère revint de plus belle. Une part de lucidité le poussa toutefois à ne pas céder à l'envie de se jeter sur Dumbledore, et à la place il donna un violent coup de pied dans le meuble le plus proche. Il serra ses poings compulsivement.
« Pourquoi ? » gronda finalement Sirius. « Pourquoi n'avez-vous rien fait ? Pourquoi l'avez-vous laissé rejoindre l'Ordre ? Pourquoi l'avez-vous même laissé en liberté ? Pourquoi, alors que moi j'ai pourri pendant DOUZE ANS A AZKABAN ! »
Son hurlement fut ponctué d'un coup de poing dans le même meuble. Il ferma les yeux sous le coup de la douleur, essayant de canaliser sa respiration. Puis, lentement, il se passa les mains sur le visage et rouvrit péniblement les yeux pour les poser sur Dumbledore. Le vieux sorcier n'avait pas bougé, le fixant toujours de son regard perçant.
« Comment l'avez-vous appris ? » demanda-t-il avec son éternel calme olympien.
A nouveau, Sirius serra les poings tandis qu'il revoyait la scène qui s'était jouée la veille au soir.
« Il me l'a dit » cracha-t-il en sentant la rage palpiter en lui.
Dumbledore haussa d'abord un sourcil surpris, puis hocha lentement la tête.
« Je vois. »
Sirius, crispé, attendit que Dumbledore développe davantage. Lorsque celui-ci vit qu'il ne semblait plus en proie à un nouveau sursaut de violence, il lui désigna le fauteuil face à lui. A contrecœur, Sirius finit par s'y laisser tomber et fixa le vieux sorcier d'un regard toujours rageur, mais prêt à écouter. Il avait besoin de savoir, besoin d'entendre comment Dumbledore pourrait se justifier.
« J'imagine, commença Dumbledore, que la culpabilité l'a poussé- »
Sirius lui coupa la parole.
« La culpabilité ? Vous croyez sérieusement que Snape se sent coupable de la mort de James ?! »
Il ne prononça pas l'autre nom qui flottait dans son esprit. Lily. Mais bien sûr Dumbledore l'avait lui aussi à l'esprit.
« Je pense, reprit-il avec calme, que vous avez deviné quels étaient les sentiments de Severus vis-à-vis de Lily Evans ? »
Sirius ne répondit rien, se contentant de serrer sa mâchoire autant que ses poings.
« Severus n'a jamais voulu la mort de Lily. Quant à James... Malgré leur animosité, il n'a jamais souhaité sa mort non plus. »
Sirius eut un reniflement méprisant et se mordit la langue pour retenir une réponse acerbe. Voyant qu'il se contenait, Dumbledore poursuivit.
« Comme il vous l'a dit, Severus a effectivement entendu la prophétie et l'a rapportée à Voldemort. A l'époque il faisait partie des mangemorts – un choix qu'il avait malheureusement fait pour de mauvaises raisons. Comme tous ses fidèles, il était sous l'emprise de Voldemort et a exécuté ses ordres. Cependant il n'avait aucune idée de la manière dont celui-ci allait interpréter la prophétie. Dès qu'il a su que la vie des Potter était en danger, Severus est venu me trouver pour tout me révéler.
- Et vous l'avez accueilli à bras ouverts » cracha Sirius.
Dumbledore le regarda avec gravité.
« Non. »
Sirius releva un regard interrogateur vers lui.
« Je lui ai proposé un marché. Sa vie, contre celle de Lily et de sa famille.
- Sa vie ?
- En espionnant Voldemort pour le compte de l'Ordre. »
Sirius secoua la tête.
« Cet enfoiré d'égoïste de Snape a sûrement accepté parce qu'il devait savoir qu'il ne risquait rien...
- Vraiment ? » coupa Dumbledore.
Sirius pinça les lèvres. Bien sûr, quelque part en lui, il savait pertinemment qu'espionner Voldemort était un risque de tous les instants. Cependant, d'un autre côté, sa colère refusait de l'entendre.
« C'est parce que Severus m'a alerté que nous avons mis en œuvre tout notre possible pour protéger les Potter. »
A nouveau Sirius serra les poings. En vain. James et Lily n'avaient pas pu être protégés... Il ignora le sentiment familier de culpabilité qui lui enserra la poitrine tandis qu'il repensait à son terrible choix concernant leur gardien du secret, faisant son possible pour rester concentré sur le sujet de la discussion.
« Snape devait savoir pour Peter... poursuivit-il avec toute la haine qu'il était capable de mettre dans un simple nom.
- Malheureusement non. Lorsque, il y a deux ans, nous avons su pour Peter Pettigrew, Severus m'a confirmé qu'il ne l'avait jamais vu parmi les mangemorts. Voldemort avait dû garder secret son ultime atout, ce qui ne serait pas surprenant.
- Ou alors Snape vous a menti. »
Dumbledore garda le silence quelques instants, comme s'il soupesait ses prochains mots.
« Je ne pense pas, non.
- Et comment pouvez-vous en être sûr ? »
Une étrange lueur passa alors dans les yeux du vieux sorcier.
« J'en suis certain, car Severus vous croyait innocent, Sirius. S'il avait su que Pettigrew avait rejoint les mangemorts, il aurait immédiatement fait le lien et m'aurait donné cette information pour me convaincre qu'il avait raison. »
Sirius cligna des yeux à plusieurs reprises, ayant du mal à assimiler les derniers mots de Dumbledore.
« Il... quoi ? »
Snape... ? Snape avait cru en son innocence... ? Sirius secoua la tête refusant d'y croire.
« Ce n'est pas possible, murmura-t-il abasourdi. Vous... Vous ne l'avez pas vu, il y a un an, dans la Cabane Hurlante. Il était convaincu de ma culpabilité.
- J'imagine, répondit Dumbledore, qu'il a fini par céder à cette idée puisqu'il n'y avait aucune preuve appuyant sa première théorie. Mais, pendant longtemps, il n'en a pas démordu. »
Sirius sentit son cœur se serrer douloureusement. D'une impulsion, il se leva de son fauteuil et marcha en direction de la cheminée, appuyant son front contre la pierre froide et fermant les yeux. La douleur qu'il ressentait dans sa cage thoracique résonnait de manière contradictoire avec les sentiments tumultueux qui l'agitaient. Pourquoi Dumbledore lui disait-il cela ? Voulait-il le faire changer d'opinion concernant Snape ? Ce qu'il venait de dire... était-ce seulement vrai ?
Il prit une profonde inspiration, essayant de concentrer toutes ses forces pour laisser cette information de côté pour l'instant. Là n'était pas le sujet. Il s'agissait de James, de Lily, et de Harry, que Snape avait horriblement trahis et condamnés. Cela importait peu qu'il ait cru ou non en son innocence à lui par la suite ; rien ne pourrait jamais effacer ce qu'il avait fait.
« N'essayez pas de changer de sujet, reprit Sirius au bout d'un temps. Peu importe si Snape a cru que j'étais... » Le mot innocent refusait de sortir de sa bouche. Sirius secoua la tête et se retourna vers Dumbledore. « Peu importe s'il a retourné sa veste pour essayer de sauver Lily... » Et James, ça, ce n'était pas possible de l'ajouter : Sirius ne pouvait pas croire un instant que Snape ait voulu sauver son ancien ennemi. Il secoua la tête néanmoins. « Peu importe. Vous lui avez demandé de mettre sa vie en jeu, mais vous n'avez pas pu tenir votre promesse et sauver celle de Lily. Alors... Comment pouvez-vous être sûr que maintenant, il est toujours de notre côté ? Comment pouvez-vous être sûr qu'il ne vous tient pas rancœur et qu'il ne va pas se retourner contre nous ? »
Dumbledore passa pensivement ses doigts dans sa barbe.
« Severus a juré qu'il protégerait le fils de Lily. »
Sirius écarquilla les yeux.
« Harry ? »
Il repensa aux fois où son filleul lui avait parlé de la façon dont Snape se comportait avec lui.
« Est-ce que vous avez déjà écouté Harry parler de la manière dont Snape le traite ? éructa-t-il. Il le déteste ! Il ne voit en lui que le fils de James...
- Peut-être qu'effectivement Severus voit James à travers Harry, répondit Dumbledore. Peut-être aussi qu'il voit Lily en lui, et le fait qu'il n'ait pas réussi à la sauver. Peut-être encore voit-il le sacrifice qu'elle a fait pour le protéger, et que lui-même défendra le dernier acte d'amour qu'a eu la femme qui a tant compté à ses yeux. »
Sirius secoua à nouveau la tête, comme si ce geste pouvait disperser toutes les pensées contradictoires qui s'emmêlaient dans son esprit.
Dumbledore se leva et, doucement, vint placer une main sur son épaule.
« Cette guerre nous a fait faire à tous de terribles erreurs. Elle a engendré d'immenses blessures, suscité nombre de rancœurs... Peut-être que rien ne pourra jamais les réparer complètement. Mais à présent il est temps d'avancer. Il le faut, si nous voulons avoir un espoir de l'emporter. »
Sirius se mura dans un silence torturé.
Il ne lâcha pas un mot lorsque Dumbledore lui annonça finalement qu'il devait retourner à Poudlard, ni ne lui accorda un regard quand le vieux sorcier disparut dans les flammes vertes de la cheminée.
Il resta longtemps prostré sur lui-même, en proie à toutes les pensées qui l'assaillaient et aux vives émotions qu'elles suscitaient. Il alternait entre haine, compréhension, déni, tristesse, rage...
Son esprit assemblait les pièces du puzzle. Peu à peu, il retraça mentalement le chemin que Snape avait parcouru : une enfance marquée par la violence domestique et la solitude, puis la rencontre de Lily qui avait dû être un phare dans sa nuit... Leur entrée à Poudlard, séparés dans deux maisons que tout opposait. Le harcèlement des Maraudeurs. Le moment où Lily lui avait repris son amitié. Les enfants de mangemorts qu'il avait côtoyé durant toute sa scolarité. La tentative de meurtre de sa mère par son moldu de père. Son choix de rejoindre Voldemort. La prophétie qu'il avait entendue, la rapportant ensuite à Voldemort. L'aide de Dumbledore qu'il était allée chercher lorsqu'il avait compris que la vie de Lily était menacée par sa faute...
En parallèle, Sirius voyait son propre chemin : la violence dans laquelle il avait lui-même grandi. L'amitié de James et des autres Maraudeurs qui l'avaient sauvé de ce tourment. Les parents de James qui avaient accepté de le recueillir pendant plusieurs années. Leur amitié indéfectible, qui l'avait poussé à suivre James dans son engagement pour l'Ordre du Phénix. Remus et Peter qui avaient suivi. La prophétie, qui avait conduit à vouloir protéger James, sa femme et son fils par un sortilège fidelitas. Puis le moment où Sirius avait proposé de changer de gardien du secret...
« Cette guerre nous a fait faire à tous de terribles erreurs. »
Snape ressentait-il la même culpabilité qui dévorait Sirius depuis de si longues années ? Se détestait-il pour ses choix tout autant que Sirius se détestait ? Snape le haïssait-il d'avoir changé de gardien du secret, autant que Sirius le haïssait pour avoir rapporté la prophétie ? Après tout, ça avait été la décision de Sirius qui avait été le dernier engrenage ayant conduit à la mort de James et Lily. Même si Snape avait rapporté la prophétie, si seulement Sirius n'avait pas proposé de changer de gardien... James et Lily seraient encore en vie.
Tout se mélangeait.
D'autres souvenirs encore venaient s'emmêler encore un peu plus au tableau. Ceux de leur septième année, où Snape et lui s'étaient intimement rapprochés... Celui du rejet de Snape alors que Sirius avait naïvement cru qu'il pourrait le sauver... Les paroles de Dumbledore lui apprenant que Snape avait néanmoins cru à son innocence...
Sirius passa les jours suivants dans un état mental chaotique. Ses cauchemars s'étaient intensifiés, et même en journée des flashs du passé continuaient à l'assaillir. Il était épuisé, à bout de nerfs. Il ne savait plus quoi penser, plus quoi ressentir, tant il était tiraillé par des forces contradictoires.
Puis il reçut une lettre de Harry.
Bien loin de ses tourments actuels, Harry lui écrivait simplement pour lui donner de ses nouvelles. Il lui parlait de Ron, de Hermione, de leurs moments à Poudlard... Des petites choses sans grande importance. Et pourtant tellement importantes.
Harry, le fils de James et Lily, qui était toujours en vie... Qui continuait à penser à lui... Il n'en fallut pas plus à Sirius pour sentir ses forces renaître, luttant pour sortir la tête hors de l'eau. Il devait garder le cap pour Harry.
Bien sûr, la vie au Square Grimmaurd n'en devint pas subitement plaisante pour autant. Ses cauchemars ne se tarirent pas. Néanmoins, à chaque fois que sa santé mentale vacillait, il repensait à son filleul et alors le reste devenait un peu moins insupportable. Comme un vague patronus, informe, mais qui tenait tout de même les ténèbres à distance.
Cela l'aida également à supporter les deux dernières réunions de l'Ordre lors de la fin d'année, et plus précisément d'y revoir Snape. Car évidemment, revoir l'homme le replongeait dans le passé, dans ses doutes, dans la violence de ses émotions... Mais Sirius parvint à se contenir. Lorsqu'il revit Snape pour la première fois, il sentit tous ses sentiments contradictoires bouillonner en lui. Cependant il fit le choix le plus sage, à savoir : l'ignorer totalement. Après avoir posé des yeux brûlants sur lui, il ne le regarda plus du tout pendant tout le temps de la première réunion, et ce même lorsque celui-ci prit la parole. Il en fit de même lors de la réunion suivante, bien qu'il sentait que la simple présence de Snape à quelques sièges de lui suffisait à attiser sa colère et sa profonde mélancolie.
Il verrouilla ses émotions, décidé à ce qu'elles ne refassent plus surface.
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Les vacances de Noël approchaient, et Severus n'en était nullement enchanté. Certes, les vacances lui permettraient de ne plus avoir à côtoyer ses stupides élèves pendant deux semaines, ni l'insupportable Dolores Ombrage mandatée par le ministère pour tenter de régenter Poudlard... Mais au moins, durant les périodes de cours, le Seigneur des Ténèbres ne pouvait pas exiger de Severus qu'il vienne à lui trop souvent. Les vacances, malheureusement, seraient propices à de nouvelles réunions.
De son côté, l'Ordre du Phénix ne devrait probablement pas en organiser pour sa part. Dumbledore en avait menée une deux semaines auparavant, et puisque le Seigneur des Ténèbres continuait à se faire discret pour l'heure, il était probable que le chef de l'Ordre laisse ses membres tranquilles pour l'instant.
Au moins, songea Severus, il n'aurait plus à revoir Black pendant quelques temps.
Severus avait eu du mal à comprendre ce qui l'avait poussé à lâcher à Black l'information quant à son implication pour la prophétie. Il avait fini par déduire que la douleur ravivée depuis l'incursion du Seigneur des Ténèbres dans son esprit, couplée à la présence envahissante de Black et à l'insulte qu'il avait utilisée, l'avait tout bonnement fait dégoupiller. Il avait été surpris de la confession qui avait passé ses lèvres sans qu'il n'ait aucun contrôle ; toutefois il s'y était vite résigné, tout comme il avait accepté la réaction de Black. Si celui-ci avait voulu le tuer pour sa faute, Severus ne s'y serait pas opposé. Cependant, Black avait fini par stopper ses coups. C'est avec un étrange sentiment de vide et d'irréalité que Severus était ensuite rentré chez lui, ne cherchant même pas à soigner ses contusions avant de se réveiller le lendemain.
Il n'avait pas su à quoi s'attendre de la part de Black par la suite. Voudrait-il achever ce qu'il avait commencé ? Severus devait-il plutôt s'attendre à une esclandre en pleine réunion ? Chercherait-il à interdire sa présence au Square Grimmaurd, à le bannir de l'Ordre, voire à l'envoyer à Azkaban pour son crime ? Au fond, pour Severus, peu importait. Il assumait sa faute, et accepterait ce qui en découlerait.
Alors, lorsqu'il était arrivé au Square Grimmaurd pour la réunion suivante de l'Ordre, il avait attendu la sentence. Quand il avait pénétré dans le salon, il avait senti le regard de Black posé sur lui ; mais à peine avait-il eu le temps de se retourner que celui-ci l'avait quitté des yeux et était parti s'asseoir le plus loin possible de lui. Severus était resté dans l'attente d'une tempête qui s'abattrait sur lui... Néanmoins rien n'était venu. Black l'avait totalement ignoré. Et il en avait été ainsi à la réunion d'après également.
L'attitude de Black, contrastant avec son impulsivité habituelle, était perturbante. Bien sûr Severus sentait la tension qui se dissimulait derrière cette façade d'ignorance. Et au fond de lui il était quelque peu satisfait de ne plus avoir le regard de Black constamment sur lui ni de subir ses petits guet-apens en fin de réunion. Toutefois le manque d'agressivité directe était plus que suspecte. Que pouvait-il bien se passer dans l'esprit de Black ?
L'espace d'un instant, Severus revit le moment de leur rixe où ce dernier avait stoppé ses coups : lorsqu'il avait prononcé le nom de Lily. Black savait quels étaient ses sentiments pour elle... Par conséquent, pourrait-il s'agir d'une forme de... pitié ? Severus sentit sa mâchoire se contracter, et son état de morne résignation être remplacé par la colère qui se ravivait. Il ne voulait pas de pitié, et encore moins de la part de Sirius Black.
Etrangement, c'est avec ces pensées que Severus occupait ses insomnies. Mais peut-être valait-il mieux penser à Black, tout aussi désagréable que cela fut, plutôt qu'aux futures réunions des mangemorts qui l'attendraient inévitablement dans les jours à venir.
Le lendemain matin, au premier jours des vacances de Noël, alors que les élèves n'avaient même pas encore pris le chemin en direction du Poudlard Express, il eut la surprise d'être convoqué par Dumbledore.
Lorsqu'il arriva dans le bureau directorial, il vit immédiatement à la mine de ce dernier qu'il s'était passé quelque chose.
« Arthur Weasley a été attaqué lors de son tour de garde au département des mystères » lui apprit Dumbledore après que Severus se soit assis.
Nagini était apparemment en cause dans cette attaque, et Severus pensa un instant que c'était un miracle qu'Arthur Weasley ait été retrouvé à temps au vu de la vitesse à laquelle le venin du serpent agissait. Cependant il n'y avait pas eu de miracle : il y avait eu Potter.
« Harry a vu l'attaque et a pu m'en informer rapidement. Nous avons pu mettre en place l'intervention des secours.
- Potter a vu l'attaque ? » demanda Severus, un sourcil levé.
Dumbledore hocha lentement la tête.
« Il semblerait que Harry ait de plus en plus de... visions. Mais pas seulement. Lorsqu'il est venu dans mon bureau et que j'ai croisé son regard, l'espace d'un instant j'y ai très nettement senti la présence de Voldemort. »
Severus frissonna au nom de son maître.
« De la magie de l'esprit ? » demanda-t-il avec une pointe d'incertitude.
Il s'agissait à n'en pas douter de magie noire, cependant il ne voyait quel pourrait être le sortilège utilisé par le Seigneur des Ténèbres pour ainsi contrôler l'esprit à distance et de manière apparemment sporadique.
Dumbledore passa une main pensive dans sa barbe.
« Il semblerait, dit-il lentement, qu'une connexion existe entre l'esprit de Harry et celui de Voldemort. »
Severus eut un nouveau frisson.
« Il va falloir que Harry apprenne l'occlumancie au plus tôt » conclut le directeur.
Severus hocha la tête.
« Quand pensez-vous commencer à lui enseigner ? »
Le silence flotta un temps, temps pendant lequel Dumbledore ancra fermement son regard dans celui de Severus. Il sut que ce qu'il allait entendre n'allait pas lui plaire.
« Il faut que ce soit vous, Severus, qui le lui enseigniez.
- Pourquoi moi ? répliqua immédiatement Severus sur la défensive.
- Parce que ma présence semble attiser la connexion avec l'esprit de Voldemort, et que je ne connais pas de meilleur occlumens que vous. »
Severus eut envie de répliquer. Lui, donnant des cours particulier d'occlumancie à Potter ? Il n'en ressortirait rien de bon. Cependant Severus savait que rien de ce qu'il dirait pourrait réussir à faire changer d'avis Dumbledore. Alors il resta silencieux, le visage fermé.
Le directeur prit note de sa capitulation.
« Bien. Je compte sur vous pour le lui annoncer avant la rentrée. »
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Dix jours plus tard, Severus était sur le pallier du Square Grimmaurd.
Il avait été contrarié d'apprendre que Potter se trouvait chez Black, et avait mis un certain avant de se résoudre à lui rendre visite pour annoncer la formidable dernière idée de Dumbledore. Il avait d'autant plus repoussé l'échéance en sachant qu'il allait inéluctablement croiser Black.
Finalement, quelques minutes plus tôt, il avait pris la résolution d'y transplaner. Se tenant droit sur le pallier, il prit une profonde inspiration et se décida à entrer après avoir toqué deux coups contre la porte. Etonnamment ce fut Molly Weasley vint l'accueillir dans le hall ; il lui énonça le but de sa visite, et celle-ci partit chercher Potter après avoir invité Severus à patienter dans la cuisine. Mais à peine eut-il fait quelques pas vers la porte de la pièce que des bruits de pas résonnèrent dans l'escalier. Il releva la tête : Black le toisait depuis le haut des marches.
« Snape ? » constata celui-ci d'un ton à la fois surpris et méfiant.
C'était la première que leurs regards se recroisaient depuis leur affrontement quelques semaines plus tôt. La tension était toujours palpable.
« Black » lâcha finalement Severus pour toute politesse.
Le silence se fit pesant, et c'est les traits tendus que Black reprit la parole.
« Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je dois voir Potter. Ordre de Dumbledore. »
Black continua à le fixer, le jaugeant du regard.
« Molly Weasley m'a dit d'attendre dans la cuisine » précisa Severus, avant de prendre la direction indiquée sans autre forme de cérémonie.
Il eut la désagréable surprise d'entendre les bruits de pas de Black derrière lui tandis qu'il pénétrait dans la cuisine.
« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda-t-il à Black tandis que celui-ci entrait à sa suite.
Il prit une chaise face à Severus.
« Je m'installe.
- Black, ta présence n'est pas nécessaire.
- Harry est mon filleul, répondit-il sur la défensive. Et je suis chez moi, je suis encore libre d'y faire ce que je veux. »
Severus se pinça l'arête du nez. Vu le ton de Black, il n'allait pas pouvoir le déloger facilement. Tant pis, songea-t-il finalement. Severus se convainquit que cela n'avait pas grande importance : il allait simplement voir Potter, lui dire qu'il lui donnerait des cours d'occlumancie à partir de la rentrée et lui donner l'heure de son rendez-vous. Cela ne devrait pas prendre plus d'une minute, et la présence de Black n'y changerait rien...
C'est ainsi que Severus se trouva assis face à Black dans un silence de mort, tous deux regardant intentionnellement dans des directions opposées. La tension gagnait en intensité à chaque seconde qui passait, et Severus maudit Potter de ne pas se dépêcher davantage.
Finalement, des bruits pas de retentirent derrière la porte de la cuisine qui s'ouvrit quelques secondes plus tard.
« Heu... » fit Potter pour signaler son entrée.
Severus tourna son regard vers lui.
« Asseyez-vous, Potter.
- Tu sais » dit alors Black d'une voix forte tout en se balançant sur les pieds arrières de sa chaise, le visage levé vers le plafond – attitude crétine qui irrita Severus au plus haut point. « J'aimerais bien que tu évites de donner des ordres quand tu es ici. C'est ma maison, je te le rappelle. »
Severus sentit une horrible rougeur se diffuser sur son visage. Black en revenait à l'hostilité manifeste alors ? Ce n'était pas particulièrement le bon moment. Severus serra les dents, sentant sa patience s'évanouir à une vitesse alarmante.
Potter quant à lui profita du temps de latence pour s'asseoir – à côté de Black, bien sûr.
« J'étais censé vous voir seul Potter, reprit Severus. Mais Black...
- Je suis son parrain, coupa le susnommé en parlant plus fort encore.
- Je suis venu ici sur ordre de Dumbledore, continua Severus avec irritation. Mais reste donc avec nous, Black, je sais que tu aimes bien... participer. »
Ça avait été plus fort que lui. Evidemment, Black eut une réaction instantanée face à la pique qui lui était lancée ; il laissa bruyamment retomber sa chaise sur ses quatre pieds dans un élan dramatique.
« Qu'est-ce que ça veut dire ? »
Severus savait qu'il aurait dû s'arrêter là, mais les mots suivants s'étaient écoulés de sa bouche comme mus de leur propre volonté, sans que Severus n'ait le temps de chercher à les retenir.
« Tout simplement que tu dois te sentir, disons, frustré, de ne rien pouvoir faire d'utile pour l'Ordre. »
Il ne put contenir non plus le sourire mauvais qui s'afficha sur son visage en voyant le rougissement de Black après lui avoir rendu la monnaie de sa pièce. C'était tellement facile. La haine était une émotion que tous deux connaissaient si bien...
Profitant de ce silence, Severus se concentra à nouveau sur Potter et lui expliqua le but de sa venue.
« Le directeur m'a chargé de vous dire, Potter, qu'il souhaite vous voir prendre des cours d'occlumancie dès le début de ce trimestre.
- Des cours de quoi ? demanda l'adolescent, interloqué.
- D'occlumancie, Potter. La défense magique de l'esprit contre les tentatives de pénétration extérieure. Une branche obscure de la magie mais très utile. »
Le visage de Potter perdit des couleurs.
« Et pourquoi faut-il que j'étudie l'occlu...chose ? » balbutia-t-il, avant d'ensuite demander « Qui me donnera ces cours ? »
Severus haussa un sourcil. Potter n'avait-il donc pas compris ?
« Moi » répondit-il simplement.
Il eut le plaisir de voir son étudiant se décomposer un peu plus face à lui.
« Et pourquoi Dumbledore ne pourrait-il pas donner lui-même ces cours à Harry ? demanda alors Black agressivement. Pourquoi faut-il que ce soit toi ? »
Severus balaya la question d'une réplique cinglante.
Sa mission était présentement terminée maintenant que l'information avait été transmise, alors il se leva de sa chaise, ne souhaitant pas s'attarder plus que nécessaire. La présence de Black lui échauffait bien trop le système. Après avoir donné rendez-vous à Potter pour la rentrée, il tourna les talons ; cependant la voix de Black le fit s'arrêter.
« Attends un peu. »
Severus serra les poings et fit volte-face.
« Je suis pressé, Black. Contrairement à toi, je ne dispose pas de loisirs illimités.
- Dans ce cas je viendrai droit au fait » répliqua Black en se levant à son tour.
Ne sachant pas ce que Black avait en tête, et vu la tension qui grandissait entre eux, Severus eut le réflexe de glisser une main vers sa baguette au fond de sa poche.
« Si jamais, dit alors Black, j'apprends que tu te sers de ces cours d'occlumancie pour faire passer un mauvais moment à Harry, tu auras affaire à moi.
- Comme c'est touchant, ricana Severus. Mais tu as sûrement remarqué que Potter ressemble beaucoup à son père ?
- En effet, répliqua Black avec une pointe de fierté.
- Dans ce cas, tu sais déjà qu'il est si arrogant que tout critique rebondit sur lui sans l'atteindre » lâcha Severus d'une voix onctueuse.
C'était tellement facile de faire dégoupiller Black... Celui-ci écarta brutalement sa chaise et s'avança vers lui à grands pas en sortant sa baguette. Dans un réflexe, Severus sortit la sienne également tandis que Black se précipitait vers lui.
« Sirius ! » tenta d'appeler Potter.
Mais clairement Black n'entendait plus le gamin : il n'y avait plus que la rage que Severus avait allumée qui brillait dans ses yeux.
« Je te préviens, Servilus. » Severus tiqua à l'emploi de cet ancien surnom. « Peu m'importe que Dumbledore pense que tu t'es repenti, moi, je sais très bien ce qu'il en est... »
Alors on en était bel et bien là, pensa Severus, à toucher les vieilles blessures pour le simple plaisir de se faire du mal...
« Dans ce cas, rebondit-il, pourquoi ne pas le lui dire ? A moins que tu aies peur qu'il ne prenne pas très au sérieux les conseils d'un homme qui s'est caché pendant six mois dans la maison de sa mère ? »
Quelque part, la conscience de Severus lui souffla que sa répartie était vraiment petite. Mais puisque Black semblait vouloir poursuivre l'escalade...
« Dis-moi donc, répliqua justement ce dernier en tentant une nouvelle pique. Comment va Lucius Malefoy, ces temps-ci ? Il doit être ravi que son petit caniche travaille à Poudlard, non ?
- En parlant de chien, éluda Severus avec un rictus torve, sais-tu que Lucius Malefoy t'a reconnu la dernière fois que tu as risqué une petite promenade au-dehors ? Très habile, Black, de te montrer sur un quai de gare où tu ne risquais rien... Ça t'a donné une excuse en acier trempé pour ne plus avoir à quitter ta petite cachette à l'avenir, n'est-ce pas ? »
Oui, clairement le sujet de son enfermement au Square Grimmaurd était celui qui blessait le plus Black. La preuve en fut lorsqu'à ces mots, celui-ci leva sa baguette.
« NON ! » hurla Potter, qui sauta par-dessus la table pour essayer de se placer entre eux.
Black essaya de repousser l'adolescent pour mieux s'en prendre à Severus, qui se tenait fin prêt à contre-attaquer.
Mais soudain la porte de la cuisine s'ouvrit et Arthur Weasley pénétra dans la pièce, suivi de près par toute sa famille.
« Guéri ! annonça-t-il d'une voix claironnante. Complètement guéri ! »
Tout ce petit monde resta abasourdi en découvrant la scène qui s'était comme figée face à eux. Severus et Black se tournèrent lentement vers la porte, leurs baguettes toujours pointées l'un sur l'autre, Potter immobile au milieu tendant un bras vers chacun d'eux pour les séparer.
« Par la barbe de Merlin, s'étonna Weasley père, qu'est-ce qui se passe ici ? »
Severus baissa lentement sa baguette, en même temps que Black faisait de même. L'interruption des Weasley l'avait ramené sur terre et il semblait que c'était également le cas pour Black, qui lui lança un dernier regard de mépris avant de détourner ses yeux où s'agitaient une étrange étincelle.
Severus se reprit et, sans un mot, traversa la cuisine à grandes enjambées. Arrivé devant la porte, il lança un dernier regard derrière lui.
« Lundi soir, six heures, Potter. »
Puis il partit pour de bon, traversant le hall d'un pas rapide. Il ouvrit la porte d'entrée à la volée et la referma derrière lui d'un geste brusque. Il ferma alors les yeux et pris plusieurs respirations, avant de regarder lentement autour de lui.
C'était comme s'il se réveillait. La scène qui s'était déroulée dans la cuisine défila dans son esprit et, avec une gêne certaine, il ne put que constater son absurdité. Ca avait été ridicule. Et il savait que Black l'avait constaté aussi – son regard fuyant teinté d'une étincelle de honte avant que Severus ne parte en avait été la preuve.
Si la guerre les avait laissé en vie jusqu'ici, si Black ne l'avait pas tué lors de la révélation de son implication quant à la prophétie... C'était absurde de vouloir s'étriper pour si peu. Severus se pinça l'arête du nez. Il ne savait pas ce qui lui avait pris de rentrer dans le jeu de l'escalade verbale de cette manière... C'était pourtant censé être Black le plus impulsif d'eux deux. Il secoua la tête, à la fois agacé et résigné : ils allaient devoir tenter d'apaiser les choses entre eux pour éviter de mourir bêtement à l'avenir : c'était déjà tellement risqué le reste du temps...
Car même si la guerre n'avait pas encore ouvertement éclaté, à chaque fois qu'il devait côtoyer le Seigneur des Ténèbres, Severus n'était pas certain d'en ressortir vivant.
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Quelques temps plus tard, les craintes de Severus furent renforcées.
Il était dans un sale état.
Lors de cette nouvelle réunion des mangemorts, le Seigneur des Ténèbres n'y avait pas été de main morte sur les endoloris; en outre, plus le temps passait plus le corps de Severus devenait sensible au sortilège. Cette fois, les spasmes de douleurs qui agitaient ses muscles remontaient jusqu'à sa poitrine et son cœur ratait des battements. Ce n'était pas bon.
Il fit mentalement le tour de ses options : il devait se rendre à Poudlard, jusque dans ses appartements où le chaudron de sa potion de soin spécialement améliorée pour contrer les effets de l'endoloris devait avoir fini de maturer. Toutefois le chemin à faire à pied à partir des barrières anti-transplanage depuis l'entrée de l'école jusqu'à ses quartiers lui semblait insoutenable. Quelle autre option avait-il ? Il restait toujours le Quartier Général... Avec la poudre de cheminette, Severus pourrait passer de la cheminée du 12 square Grimmaurd à celle de ses appartements à Poudlard à laquelle elle avait été magiquement reliée.
Décidé, il rassembla ses maigres forces et transplana.
Il vacilla dangereusement lorsqu'il atterrit sur le perron et se stabilisa du mieux qu'il put à l'aide de la rambarde. Il actionna la poignée de la porte d'entrée de la maison d'une main tremblante et pénétra dans le hall. Là, il dut s'appuyer aux murs pour avancer. Chaque pas était un peu plus coûteux en énergie, et il sentait son cœur palpiter furieusement dans sa poitrine, néanmoins il gardait son objectif en vue : le salon au bout du hall, la cheminée qui le ramènerait à Poudlard...
Alors qu'il était à mi-distance, des pas retentirent dans les escaliers au-dessus de lui. Il ne fut pas surpris de voir Black apparaître.
« Snape ? »
L'animosité dans son regard laissa place à autre chose : Black fronça les sourcils en voyant que quelque chose n'allait pas.
« Cheminette... » grogna Severus pour toute réponse, préservant ses forces afin de continuer son avancée vers le salon.
Mais soudain tout fut trouble autour de lui, et il perdit connaissance.
Lorsque Severus rouvrit les yeux, il mit un temps à comprendre là où il était. Son regard se posa sur le plafond décrépi au-dessus de lui, puis sur le canapé sur lequel il était installé. A côté de lui, par terre, Black était assis en tailleur ; et sur la table basse reposaient plusieurs fioles de potions.
Black s'agita en le voyant réveillé.
« Snape ? »
Severus émit un grognement en guise réponse. Il n'était pas particulièrement fier que Black le trouve dans cet état et ne tenait pas spécialement à en parler.
Après une hésitation, bien qu'apparemment mal à l'aise avec cette situation, Black reprit néanmoins la parole.
« Je t'ai donné quelques potions pendant que tu étais évanoui. Anti-douleur, stimulant... »
Severus hocha la tête mécaniquement, sentant qu'effectivement les potions avaient dû commencer à agir.
« C'est l'endoloris ? »
Severus pinça les lèvres et resta silencieux, mais Black sembla trouver sa réponse dans son silence.
« Est-ce que... hésita-t-il. Tu as besoin d'autre chose ? »
Severus ferma les yeux. Il n'avait pas envie de demander quoi que ce soit à Black, mais il prit tout de même le temps d'évaluer mentalement s'il était réellement en état de refuser son aide. Son cœur s'était calmé, les spasmes douloureux n'étaient plus que de faibles picotements... Il devait être en capacité de retourner à Poudlard et de compléter avec son propre stock de potions.
« Ça ira » répondit-il finalement d'une voix rauque, tout en se redressant sur le canapé en position assise.
Black le regarda, les sourcils froncés, comme s'il s'attendait à ce que Severus tombe à tout moment. Toutefois Severus resta bien droit, le monde ne tangua pas autour de lui. Alors, lentement, il se mit debout et constata qu'il était suffisamment en état pour marcher un peu.
« Tu as de la poudre de cheminette ? » demanda-t-il à l'homme à côté de lui qui s'était redressé également sans le regarder directement.
Sans répondre, Black alla lui chercher le nécessaire et le lui apporta.
Severus hocha la tête et piocha une petite pincée de poudre, puis se tourna face à l'âtre de la cheminée. Alors qu'il allait y jeter la poudre de cheminette, Severus suspendit son geste un instant. Il pinça les lèvres. Puis, lentement, il se retourna vers Black.
« ...Merci » lui lâcha-t-il du bout des lèvres.
Black le considéra un instant, d'abord insondable... Puis il haussa simplement les épaules.
« C'est normal » dit-il en retour, ses yeux semblant soudainement fascinés par la contemplation du mur.
Severus resta immobile quelques instants, ne sachant comment réagir face à cet étrange moment. Puis, ne voyant pas quoi répondre, il se tourna à nouveau vers la cheminée et énonça sa destination avant de disparaître d'un pas claudiquant dans des flammes vertes.
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La tension entre Severus et Sirius commence enfin à retomber ! Malgré les querelles et les rancœurs il y a quand même certaines priorités, et le fait de ne pas perdre inutilement la vie d'un allié en fait partie...
Mais bon, la tension entre eux n'est pas encore totalement résolue, et il va bien falloir l'évacuer d'une manière ou d'une autre... ;D
Je n'ai plus de chapitres d'avance, et assez peu de temps libre pour écrire, donc je ne saurais pas vous dire quand est-ce que je pourrais poster le chapitre suivant malheureusement... Mais promis, il finira par arriver !
Je vous dis tout de même à bientôt ~
