Chapitre 57 - Croc et venin
Après avoir récupéré Harry et le médaillon, ils se rendirent dans les toilettes de Mimi Geignarde où Harry leur rouvrit le passage vers la chambre des secrets. Hermione esquissa un sourire face à l'expression dubitative de Draco alors qu'il observait le tunnel qui descendait dans les profondeurs du château.
— Et donc... on saute là-dedans et on survit ? On survit à combien de pourcentage de certitude ?
— Même Lockhart a survécu, tu devrais t'en sortir, répondit Ron en s'y laissant glisser.
Sans doute par fierté, Draco repoussa Harry qui s'apprêtait à le suivre pour se placer devant le vide. Il reprit sa contemplation.
— Non. Finalement, saute en premier, décida-t-il.
Après que Harry eut disparu, il tendit l'oreille.
— Je ne l'entends plus. Eh, Potter ?
Seul son écho lui répondit. Pourtant Hermione était presque sûre de percevoir de très lointains bruits, comme des craquements.
— Finalement, est-ce qu'on a vraiment besoin d'être quatre pour récupérer un croc sur un serpent mort ? s'interrogea Draco avant de se tourner vers elle. Les examens sont finis, on pourrait aller se balader à Pré-au-Lard. Tu sais qu'il y a un excellent salon de thé ? On a des choses à se dire.
Hermione se mordit la lèvre.
— Il y a effectivement des choses dont j'aimerais parler avec toi, mais on fera ça plus tard. Tu peux y aller, à cent pour cent.
— Comment on remonte ?
Hermione marqua un temps d'arrêt. Quand Harry et Ron y étaient descendus en première année, Fumseck les en avait tirés.
— En balai ? proposa-t-elle.
Son Accio fit voler un balai de l'école jusqu'à eux, qu'elle récupéra par la fenêtre. Une fois le balai descendu par l'ouverture de la Chambre des Secrets, Draco accepta enfin de s'y laisser glisser. Hermione s'assit à son tour, les pieds pendant au-dessus du vide sombre. Retenant son souffle, elle s'y laissa glisser et prit de la vitesse, un peu trop même. Elle poussait un petit cri quand le toboggan décrivit soudain une courbe plus douce et l'expulsa. Droit dans les bras de Draco. Il recula de quelques pas sous le choc puis la relâcha. Quelque chose craquait sous leurs semelles.
Hermione retint un haut-le-cœur en découvrant les centaines de carcasses qui devaient appartenir à des rongeurs. Plus loin dans le souterrain, la mue en décomposition du Basilic leur donna un aperçu de sa taille monstrueuse. Cependant, son squelette qui gisait entre les statues de pierre était un autre spectacle. Les os de sa cage thoracique s'élevaient vers le plafond comme une terrifiante prison, mais ce qui la fit frissonner fut sa gueule, retournée contre le sol. Les crocs suintants de venin étaient plus longs que sa main. D'imaginer que Harry avait combattu ça seul, si jeune...
Elle en fit le tour pendant que Ron et Harry s'agenouillaient devant la mâchoire pour arracher un des crocs. Une main se glissa dans la sienne pour la retenir. Draco sortit le médaillon de Salazar Serpentard de sa poche.
— Il faut que ce soit toi qui le détruise, dit-il en le déposant dans sa main.
Il la relâcha, mais elle sentait encore sa chaleur. Il la fixa un moment et elle dériva malgré elle vers ses lèvres, avant d'être rappelée à l'ordre par Harry.
— Vous venez ? On a le crochet.
Elle sentait le regard de Draco lui brûler le dos. Quand elle déposa le médaillon sur le sol et leva le croc venimeux au-dessus, un rapide coup d'œil lui permit de confirmer ce que lui criait son instinct : Draco ne la quittait pas des yeux. Le crochet ripa contre le métal.
— Il faut l'ouvrir, dit Harry dans un souffle.
Comme lorsqu'il avait ouvert la Chambre des Secrets, des sifflements emplirent la salle. Le couvercle du médaillon se souleva. Deux silhouettes jaillirent devant elle ; une blafarde, au visage plat fendu de deux narines et de deux pupilles écarlates. À côté d'elle se tenait une version déformée de Draco, son visage mélangé aux traits de Tom Jedusor, qui l'observait d'un air hautain, presque dégoûté. Une main blafarde se referma autour de ses épaules pour l'entrainer avec lui, avant de s'évaporer. Hermione resta cramponnée au croc planté en travers du médaillon, le souffle rapide.
C'était sa peur que le médaillon avait exposée au grand jour. Elle ramassa le bijou brisé d'une main tremblante. Draco l'observait toujours d'un air indéchiffrable.
— Kreattur, appela-t-il.
Le vieil elfe se matérialisa pour la deuxième fois de la journée. Cette fois il tenait un des nouveaux chiffons que lui avait offert Draco à Noël et une fiole de potion Nettoie-Tout magique de la Mère Grattesec. Tous deux tombèrent au sol lorsqu'il remarqua le médaillon.
— Tiens Kreattur, dit Hermione d'une voix douce, je te le rends. Je suis sûre que Regulus aurait voulu que ce soit toi qui l'aies.
Ses yeux se remplirent de larmes alors que ses mains noueuses récupéraient le médaillon avec précaution.
— Félicitations pour avoir mené à bien ta mission, dit Draco d'une voix trainante.
Les hoquets l'empêchèrent de répondre, mais pour la première fois, il s'inclina bas devant chacun d'entre eux avant de disparaître, emportant son trésor et les cadeaux de Draco avec lui.
De retour près de la mue du Basilic, Draco jeta le balai à Potter pour qu'il remonte en premier. À une main, Harry escalada les gravats qui bouchaient le passage vers le tuyau. Hermione ralentit le pas, espérant que Ron le suivrait, qu'elle pourrait rester un instant seule avec Draco. Quand Ron disparut à son tour dans le passage étroit entre les gravats, le silence changea.
— Tu as peur que je le rejoigne, dit Draco d'un ton bas.
Ce n'était pas une question. Ses yeux gris reflétaient la lumière de leurs baguettes.
— J'ai peur de beaucoup de choses et c'est vrai, plusieurs d'entre elles te concernent.
— Pourtant, nous ne sommes plus vraiment ensemble.
Elle fronça les sourcils.
— Tu penses que ça peut m'empêcher de m'inquiéter pour toi ?
— Ça devrait. C'est moi qui ai demandé qu'on se sépare.
Ce rappel lui aurait fait mal des mois plus tôt, mais c'était une idée avec laquelle elle avait eu le temps de faire la paix.
— Ça ne change pas grand-chose. Ce n'est pas comme si nous avions eu le temps de réellement créer quoi que ce soit. En tant que couple, je veux dire.
— J'ai le même regret, dit-il.
Ses mains la frôlèrent, comme pour l'enlacer, avant de se figer.
— Mais ça ne sert à rien. Je n'ai plus rien à t'offrir. Je ne pourrai même pas être simplement là. Les Serpentards sont trop dangereux pour moi, à tout instant ils peuvent me forcer à plier pour protéger ma famille.
Ses bras retombèrent. Hermione posa son index sur le dos de sa main puis entrelaça leurs doigts. Juste pour lui faire sentir qu'il n'était pas seul. Qu'elle serait là. Il s'y accrocha avec force avant de s'en servir pour les rapprocher.
Le bruit de gravats qui roulaient sous le poids de quelqu'un retentit à côté d'eux. Draco choisit de l'ignorer et son souffle croisa le sien. Partagée entre le fait que Ron ou Harry était en train de revenir et la sensation électrique qui remontait du bout de ses doigts à tout son corps, elle parvient à murmurer :
— Je crois que Ron...
— Weasley, dégage, lança Draco d'une voix forte.
Le bruit s'arrêta une demi-seconde avant de reprendre, légèrement plus rapide. Draco frôla ses lèvres, la laissant avec un goût de trop peu.
— Je vais l'assassiner, dit-il en se redressant vers Ron qui émergeait du passage, couvert de poussière. Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « dégage », Weasley ?
Hermione ne put s'empêcher d'espérer qu'il obéirait sans discuter.
— Vous ne reveniez pas, je m'inquiétais, se défendit-il. On ne peut pas vraiment faire demi-tour là-dessous.
— Eh bien maintenant que tu en es sorti et que tu as pu constater que tout le monde va très bien, tu vas pouvoir repartir, dit Draco d'un ton faussement aimable.
— Mais qu'est-ce que vous...
Le regard de Ron bloqua sur leurs mains entrelacées.
— Tu as vraiment besoin que je te fasse un dessin ? dit Draco.
— Hmm, non, se hâta de répondre Ron.
Même dans la semi-pénombre, son teint écarlate était impossible à rater. Il se hissa par-dessus les gravats et disparut en un instant.
— Comment tuer une ambiance, marmonna Draco. Il a fait ça toute l'après-midi, je vais le...
Hermione passa les bras autour de son cou, exactement comme quand ils avaient dansé leur slow au bal de Noël. Sauf que cette fois, Draco l'embrassa avec force et ce fut son estomac qui valsa. Ça ne dura qu'un instant avant qu'il ne rompe le baiser. Hermione sentit ses mains se refermer en poings autour de ses épaules.
— Je n'ai rien à t'offrir, répéta-t-il.
— Alors tu pourrais accepter qu'on t'aide un peu, souffla-t-elle.
Sentant que ce ne serait pas suffisant pour le convaincre, elle ajouta avec un faux soupir exaspéré :
— Ou alors je peux me contenter de profiter de ta grande beauté.
Un rire le secoua.
— Ce serait effectivement une possibilité.
Elle déposa un baiser sur ses lèvres pour sceller ce nouvel accord en riant et il y répondit avec douceur. Ses jambes un peu en coton quand ils se séparèrent, Hermione ramassa le balai qui l'attendait au pied du tuyau et décolla avec prudence vers les toilettes des filles. Elle aurait préféré ne pas trouver Harry et Ron à la sortie et visiblement, ils auraient préféré être ailleurs eux aussi.
Dans ce cas, pourquoi étaient-ils restés ?
Elle relança le balai dans le tunnel, les sourcils froncés.
— On se disait... dit Ron quand Draco émergea. La dernière fois, Malfoy, tu as dit que la stratégie du Seigneur des Ténèbres était d'opérer dans l'ombre pour que personne ne puisse répliquer quand il se montrera. Vous ne croyez pas qu'on a ce qu'il faut pour prouver qu'il est en vie ? Un Horcruxe, c'est bien une preuve non ? Même détruit, on sent la magie noire qui s'en dégage. Si on peut le prouver au ministère, ils seront obligés d'agir et ça ramènera Dumbledore ici.
— Tu es en train de suggérer... dit Draco en détachant chaque mot.
— On ne convaincra jamais le ministère de nous accorder une audience, mais on pourrait les y forcer, dit Harry. Si on débarque en pleine réunion, il y en aura bien qui nous écouteront. Ils ne peuvent pas tous être à la solde de Fudge, il y en a forcément qui croient encore en Dumbledore. On peut même faire ça sans évoquer celui que cachent les Lestrange et le récupérer plus tard de notre côté. C'est notre meilleure chance, Draco.
Draco devait le croire aussi, car il était soudain beaucoup plus pâle.
— Il va falloir se préparer, Potter. Il va falloir être irréprochable parce que nous n'aurons pas de seconde chance. Je ne sais pas combien de temps encore il compte se cacher, mais je doute que ça dure... si on doit faire ça, il faut le faire le plus vite possible.
Les deux derniers chapitres, Ron c'est vraiment la définition du meme "and your friend STEVE". Je ne sais pas si des gens auront la ref mais il me fait trop rire ce meme, surtout ceux sur Hermione et Ron et Harry.
