Il y avait une certaine paix à vivre des années qu'on savait déjà enfuies. Un soulagement évident à voir le temps passer quand on connaissait déjà le résultat. Si ces années manquaient de surprises, elles étaient un baume sur le cœur et la conscience maltraités de Steve Rogers.
Lorsqu'il avait fini de rendre les pierres d'infinité à leur temporalité après le combat contre Thanos, il avait décidé d'être égoïste et de retourner auprès Peggy.
La convaincre qu'il était bien lui, de ne pas lui tirer dessus puis de l'écouter n'avait pas été si long. Lui raconter la vérité de ce qu'il avait vécut, sur le temps écoulé, sur la raison de son retour et la présence de lui-même toujours congelé dans le grand nord avait prit un peu plus de temps.
Elle était intelligente et pragmatique. Elle avait accepté ses explications sans grandes difficultés. Leur mariage avait été rapide et discret. Elle avait utilisé son rôle de première directrice du SHIELD nouveau-né pour lui refaire une identité complète, Steve Rogers avait disparu, remplacé par Rogers Hunt, un simple grouillot de l'armée sans importance qui s'était enterré comme Sheriff de la petite ville où ils s'étaient installés. Ils ne se voyaient pas aussi souvent que Steve l'aurait voulu bien sur. Le travail de directrice du SHIELD était ingrat et chronophage. Il le savait. Il avait vu Nick Fury s'y épuiser. Mais Steve était quand même content. Il avait sa maison de banlieue avec une barrière blanche, deux voitures mais... pas d'enfant. C'était son seul regret. Il ne voulait pas prendre le risque avec le super sérum de produire... il ne savait pas quoi en fait. Personne à aucune époque ne s'était penché sur le question. Ils n'avaient pas eut le temps.
Pendant que Peggy sauvait régulièrement le monde sans qu'il ne se permette de lui donner le moindre indice, ni l'un ni l'autre ne voulait prendre de risque de changer quoi que ce soit, Steve s'était intégré dans sa nouvelle existence sans la moindre difficulté. Entre son sourire facile, son charme naturel, son cœur gros comme ca et les patates de forain qu'il avait collé à deux trois idiots qui voulaient cambrioler la banque de la petite ville, il s'était présenté naturellement aux élections suivantes pour être Sherif. Son élection avait été sans surprise. La délinquance y était celle d'une petite ville de banlieue des années cinquante, puis soixante. Steve intervenait au lycée pour encourager les gamins à rester sur le droit chemin. Il avait tissé des liens avec le directeur de la prison la plus proche quand il leur déposait des clients. Assez pour organiser des sorties éducatives des lycéens à l'intérieur. En général, ca calmait les plus turbulents en douceur. Quand la persuasion douce ne prenait pas, Steve s'arrangeait avec le juge local pour ne pas mettre les gamins en prison. Non, il faisait pire : il en faisait ses adjoints. C'était fou comme se retrouver de l'autre coté de la barrière de la loi changeait la perspective des plus revêches. Bien sur, ce n'était qu'une méthode parmi d'autres. Faire nettoyer les graffitis par ceux qui les avait causés, puis les forcer à nettoyer encore quand d'autre salopaient une fois de plus le mur leur faisait réaliser la portée réelle de leurs actes. Les voleurs devaient travailler pour rembourser puis donner le fruit de leur travail à leur victime. Apprendre la valeur de l'argent était toujours bien.
Mais ca ne marchait qu'avec les plus jeunes. Les adultes récidivistes étaient poursuivit sans pitié et sans passion.
Les accidents de la vie traités comme tels.
Les meurtres et les "crimes passionnels" (dieu que Steve haïssait ce terme. C'était minimiser si fort la réalité des faits et comme souvent faire peser sur la victime le poids de son propre meurtre) étaient traités avec une brutalité d'Avengers.
Vraiment, Steve s'était fait sa petite place dans sa petite ville.
Il était lentement devenu l'un des édiles locaux. Même quand l'âge l'avait rattrapé et qu'il avait rendu sa place, on lui témoignait toujours le même respect. Sa simple présence suffisait souvent à régler un conflit. Il n'était pas rare, même après que Peggy soit rentrée à la maison pour de bon et qu'il n'ai pas encore du l'abandonner à sa maison de retraite, que des habitants viennent toquer chez eux a toute heure du jour et parfois la nuit pour discuter, avoir un conseil ou simplement une présence.
Steve ne comptait plus le nombre d'adolescents suicidaires qui étaient venu pleurer dans son giron après lui avoir donné l'arme, le rasoir ou la corde qu'ils avaient prévu. Il leur en était toujours infiniment reconnaissant.
La mort de Peggy avait été un choc et une souffrance mais pas une surprise. Il avait été là pour son enterrement depuis bien longtemps après tout. Ne pas pouvoir être là pour son enterrement n'avait pas été aussi douloureux qu'il l'aurait craint.
Le temps était un vieil ami qui l'avait accompagné pendant des décennies jusqu'au Blip. Cette fois encore, il n'avait pas été zappé. La chance ? Il ne savait pas s'il fallait appeler ça de la chance.
Il s'était retrouvé malgré son âge avancé bombardé maire de sa petite ville plus si petite parce que les habitants avaient besoin qu'on les protège d'eux même et de la catastrophe qui avait emporté la moitié d'entre eux. Pas une seule famille n'était indemne. Mais Steve les avait rassuré. Les Avengers leurs rendraient les membres de leur famille. Il leur fallait juste être patient.
Combien de temps ?
Quelques années. Mais ils se retrouveraient tous. Ils pouvaient lui faire confiance.
C'était cette confiance inébranlable de Rogers Hunt dans les Avengers qui avait soudé une fois plus la petite communauté et les avait protégé d'eux même.
Depuis, leurs aimés étaient revenu.
Il était retourné à sa retraite avec plaisir.
Sa balade l'avait conduit jusqu'à un banc où il avait attendu qu'on vienne le trouver. Un banc où il savait devoir s'y asseoir depuis des années.
Il avait sourit à ses amis qu'il n'avait pas vu depuis si longtemps mais qu'il avait laissé derrière lui depuis si peu pour eux.
Il était temps que le monde change. Il y avait suffisamment longtemps que Steve Rogers n'en faisait plus partie.
