Point de vue d'Éridanie

Je me sens bien, comme enveloppé de coton, c'est agréable et je sens quelque chose de doux frôler ma joue, une plume ? Non, une plume est plus légère, une main ? Oui c'est fort probable, mais ce serait la main de qui dans ce cas ?

J'ouvre lentement les yeux et les murs blancs de l'infirmerie me sautent aux yeux. Interloquée, je tourne la tête en direction de la caresse que je sens sur ma joue et découvre James somnolant sur une chaise inconfortable, sa main frôlant mon visage à chacune de ses respirations.

Outre la surprise de le voir ici, je me demande surtout pourquoi je suis à l'infirmerie. Auxdernières nouvelles je lisais un livre dans les gradins du terrain de Quidditch. Puis des flashs de souvenirs se jettent sur moi.

Je suis en train de lire un chapitre passionnant sur la métamorphose humaine, je me retrouve sans savoir comment au-dessus du vide sans ma baguette, mon livre tombe et il met un long moment avant d'atterrir au sol, la panique et la peur me prennent aux tripes, puis la chute violente et brutale, ma bouche qui laisse passer un cri terrifié, une grosse masse sombre à l'odeur de forêt mentholée qui se jette sur moi et enfin le trou noir.

Minute, une grosse masse sombre à l'odeur de forêt mentholé...James ! L'odeur ! C'est son parfum préféré ! Celui que je lui ai offert il y a un an quand on commençait à être ami. Alors ça veut dire que...qu'il m'a sauvé ?!

Je regarde mon ex petit-ami d'un oeil nouveau et me racle la gorge pour lui faire savoir que je suis réveillée.

Il ouvre lentement les yeux, comme s'il était exaspéré mais à la vue de mon réveil un grand sourire illumine son visage et il appelle immédiatement l'infirmière qui arrive rapidement, alertée par les cris de James.

Après un examen rapide qui ne révèle apparemment rien de nouveau, elle me tend deux fioles de potion.

– Buvez cela mademoiselle Malefoy, c'est pour soulager votre épaule luxée, le sort que je vous ai lancé ne tiendra pas éternellement et j'aimerais éviter que vous ayez mal après son arrêt.

Je ne cherche pas à discuter et avale la potion d'une traite.

– Celle-là maintenant mademoiselle. C'est pour détendre complètement vos muscles qui sont encore un peu rigides.

J'obéis et une fois la potion avalée, Mme Londubat se tourne vers James.

– Vous n'avez plus qu'une demi-heure avant que je ne vous vire de l'infirmerie M. Potter et ne croyez surtout pas que malgré ma petite taille je ne sois pas capable de vous mettre dehors.

Sous le regard perçant qui le jauge, James hoche la tête, une légère lueur de peur dans les yeux. Satisfaite, l'infirmière retourne alors dans son bureau, probablement pour faire de la paperasse.

Une soudaine lassitude s'empare de moi et je m'affale contre mon oreiller. Je remonte les couvertures sur moi tel un bouclier de tissu, parce que je suis sûre que si James reste c'est pour pouvoir me parler et même si elle est maigre, je tiens à avoir une protection contre cette discussion qui s'annonce houleuse.

– Tu m'as fait une peur bleue Éri, je ne veux plus jamais te voir frôler la mort alors fait attention à toi, je ne serais pas toujours là pour te sauver. La prochaine fois que ce genre de chose arrive, peu importe ton avis je te colle aux basques pour que tu ne sois plus jamais en danger.

La voix coléreuse de James me fait lever les yeux dans sa direction.

– Il y a erreur sur la personne. De nous deux c'est toi qui t'attires le plus d'ennuis. Dis-je en croassant.

– Sauf que moi je les cherche, pas toi. Me répond-t-il du tac au tac en me tendant le verre d'eau posé sur la table de chevet à côté de moi. Tes cris ont irrité ta gorge, ne force pas trop ta voix.

Je remercie James du regard et avale le contenu du verre. La fraîcheur de l'eau me procure beaucoup de bien et je manque de laisser échapper un soupir de plaisir. Tout à coup, un détail me revient en mémoire.

– Scorpius...

Paniquée je me tourne vers James qui voit exactement où je veux en venir.

– Oui il a assisté à ta chute mais ça à l'air d'aller. Quand il est venu ramener ta baguette tout à l'heure, il n'a pas fait de crise de panique sur le fait que tu étais toujours inconsciente, Albus a réussi à le gérer.

– Tant mieux. Dis-je en soupirant soulagée.

J'attrape ma baguette sur la table de chevet et d'un mouvement de poignet remplis à nouveau le verre, que je m'empresse de terminer avant de le reposer. Je me réinstalle confortablement sur les coussins et fixe James d'un regard neutre.

Il a beau montré une façade tranquille, des petits détails me font comprendre qu'il est en réalité furieux. Son indécrottable sourire moqueur n'est pas présent, ses doigts sont serrés entre eux, son dos est raide et sa mâchoire est légèrement crispée.

Ne désirant pas m'attarder là-dessus, j'ouvre la bouche pour exprimer ma reconnaissance envers lui.

– Merci de m'avoir sauvée James.

– Je ne dirais pas que c'est avec plaisir car j'ai eu la peur de ma vie, mais de rien, je suis très content d'avoir voulu aller voler ce soir.

Un sourire en coin plus tard et son visage redevient sérieux.

– Qu'est-ce-qui s'est passé Éri ?

– Franchement, je n'en sais rien. Un moment j'étais assise sur les gradins en train de lire et l'instant d'après je me retrouve à flotter dans les airs sans ma baguette. Dis-je d'une voix basse pour ne pas forcer sur mes cordes vocales.

– A tous les coups tu étais tellement absorbée dans ta lecture que la personne qui t'a privé de ta baguette a juste eu besoin d'être silencieuse pour le faire. Tu n'es vraiment pas prudente Éri.

– Comment est-ce que j'aurais pu deviner qu'un dingue essayerait de me tuer ? La seule personne avec qui je me suis disputé ces derniers temps c'est toi James.

– C'est bien pour ça que je suis sur les nerfs. Lorsque tu es arrivée à Poudlard en première année, on ne peut pas dire qu'à part Serpentard tu as été accueillie à bras ouvert à cause de ton nom. Sauf que maintenant tout le monde dans l'école te respecte et une grande partie t'admire, alors ne va pas me dire que ça ne t'angoisse pas un peu cette histoire. Le fait de ne pas savoir qui peut te vouloir du mal n'est pas vraiment réjouissant et pour être honnête te savoir menacé me rend dingue.

Trop surprise par cette dernière déclaration, je laisse passer le fait qu'il sache que ma première année n'était pas des plus agréable alors qu'on ne se fréquentait pas et pose la première question qui me vient à l'esprit.

– Qui est ce qui parle là ? Ton instinct de futur auror ou...autre chose ? Dis-je dans un murmure

Il soupire et se gratte l'arrière de la tête.

– Les deux Éri, les deux.

Les larmes me montent aux yeux mais je réussis à les contenir en un battement de cil.

– Alors pourquoi est-ce que tu m'as trompé James ?

Un éclair de douleur passe dans ses yeux et la tristesse s'empare de son visage.

– Je ne t'ai jamais trompé Éridanie, jamais.

Je hausse un sourcil, très sceptique.

– C'est vrai que j'ai couché avec Kathy mais c'était il y a environ un an, on commençait à peine à être amis à ce moment-là.

Devant mon regard suspicieux il continu ses explications.

– Ça s'est passé en début d'année dernière, il y avait une fête pour je ne sais plus quelle raison dans notre salle commune, quelqu'un a réussi à introduire du whisky-pur-feu et j'ai voulu goûter.

Je souffle bruyamment, il ne changera définitivement jamais.

– Je t'épargne les détails mais en gros une dizaine d'entre nous s'est retrouvés bourré dont Kathy et moi.

Devant son regard profondément coupable je ressens presque un peu de pitié pour lui.

– La suite je ne m'en souviens pas vraiment, je me rappelle juste que le lendemain j'étais dans mon lit complètement nu avec Kathy à côté de moi, tout aussi habillée que je l'étais, c'est la potion anti-gueule de bois que j'ai pris ensuite qui m'a permis de rassembler quelques souvenirs et confirmer que j'avais bel et bien couché avec elle.

Si je n'étais pas aussi observatrice, j'aurais manqué la fugace grimace de dégoût qui tordit le visage de James.

– On a ensuite eu une discussion tous les deux, sur le fait qu'on était bourré que c'était une erreur et que ça ne se reproduirait plus. Ce qui s'est passé. Depuis cette fois-là je lui ai à peine parlé, je te le jure Éri, je ne t'ai jamais trompé. M'implore-t-il en me prenant la main.

Je tente de garder un visage froid et répond d'une voix neutre.

– Dans ce cas, pourquoi m'avoir dit qu'il n'y avait rien entre vous si vous avez couché ensemble ?

– Mais parce que c'est le cas. S'énerve James. Bordel je la connais à peine cette fille, oui on a couché ensemble mais on était tous les deux torchés. Je serais incapable de te dire quelle est sa couleur favorite ou si elle préfère la métamorphose aux potions. Tout ce que je sais d'elle c'est qu'elle a un grain de beauté sur le sein gauche et que sa première fois n'était pas avec moi.

– Alors...pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ? Dis-je d'un ton plus doux afin de calmer un peu James.

Il passe sa main dans les cheveux et souffle pour évacuer un peu son agressivité.

– Parce que je ne voulais pas te faire souffrir.

Je lui lance un regard étonné.

– Si nous n'étions pas ensemble à ce moment-là, je ne vois pas pourquoi j'aurais souffert.

– Parce que je te connais Éri, derrière ton masque de Serpentard impénétrable, tu es affectée très facilement.

Je m'apprête à répliquer quand il me coupe dans mon élan.

– N'essaye pas de me faire croire je ne sais quoi Éri, tu gardes un visage impassible quand on te fait une remarque désagréable mais tu t'effondre une fois à l'abri des regards. Tu as besoin que ton père t'envoie plusieurs lettres par semaine car tu as une peur bleue qu'il arrête de t'aimer un jour. Tu as très peu d'amis car contrairement à ce que tout le monde croit tu protèges juste ton cœur d'une éventuelle déception. Si tu travailles autant c'est pour qu'on n'oublie pas que tu existes et si je sais tout cela, malgré le fait que tu ne me l'as jamais dit c'est parce que je t'observe avec un peu plus d'attention que la moyenne. Tu es très sensible Éri et je ne voulais en aucun cas que tu doutes de l'amour que j'ai pour toi à cause d'une coucherie avec une fille qui n'a jamais eu une quelconque importance pour moi.

Les larmes coulent sur mon visage suite à la tirade de James parce qu'il a raison. Putain de bordel de merde, il a parfaitement raison mais je ne l'avouerais jamais, c'est déjà suffisamment douloureux qu'il ait remarqué que je porte un masque pratiquement en permanence. Je ne vais pas en plus avoué mes faiblesses devant lui, mon ex petit-ami bien plus perspicace que je ne le pensais.

– Mais il me semble que mon masque t'as permis d'attirer l'attention d'une jolie Serdaigle non ? Parce que si je ne me trompe pas, la fille que tu embrassais à pleine bouche ce midi, c'est la même qui écoutais ton joli petit discours d'hieraprès-midi sur ma personne avant ton entraînement de Quidditch pas vrai ? Il y en a eu combien d'autres qui se sont laissé avoir par ton numéro de pauvre garçon rejeté par sa copine trop froide pour se laisser toucher ?

La colère d'avoir été mise à nue et la honte de pleurer devant lui me rendent agressive et particulièrement mesquine. Le choc immédiat sur le visage de James, suite à mon petit discours, me pousse à chasser mes dernières larmes d'un geste rageur de la main, je distingue alors clairement son expression de profonde souffrance qui se dispute la place avec celle de la surprise.

– Comment est-ce que...

– Enzo t'a vu.

– Et il t'a montré ses souvenirs avec ta pensine ? Soupire-t-il.

Je hoche sèchement la tête, ne voulant pas lui accorder plus que ça.

– Éri tu as tout faux, Zabini est arrivé au pire moment possible, si j'ai été médisant envers toi c'est parce que je voulais détourner l'attention de ce groupe de Serdaigle.

– De quoi ?

– De toi.

Je retiens un sourire ironique. James expire bruyamment et poursuit son explication.

– Avant que Zabini n'arrive, ils étaient tous à vanter tes...attributs physiques.

Malgré mon entraînement à rester impassible en toutes circonstances, je ne peux empêcher une légère rougeur de venir orner mes joues.

– Dès que je les ai entendus, j'ai voulu leur foutre mon poing dans la gueule parce qu'on ne peut pas dire qu'ils étaient respectueux, sauf qu'un de mes amis m'a retenu, me rappelant l'avertissement de McGonagall. Un seul faux pas de travers en plus et elle convoquait mes parents, ce que je voulais à tout prix éviter.

En effet, d'après Lily et Albus, leurs parents n'ont absolument pas rigolé lorsqu'en troisième année ils ont été convoqués suite aux nombreuses infractions au règlement de James. Les cris de Ginevra Potter ont été entendu jusque dans le parc et depuis, James a toujours fait attention à ne pas dépasser la limite.

– J'ai alors eu l'idée de casser un peu leurs illusions. Je me disais que si j'étouffais leurs fantasmes dans l'oeuf ils arrêteraient de...de parler de toi en ces termes.

Je remercie mentalement James pour son choix de mot.

– J'ai donc commencé ma comédie de pauvre petit garçon rejeté comme tu dis et une fille est arrivé, j'ai voulu parfaire mon jeu alors j'ai mis mon bras sur ses épaules. Au fur et à mesure de mes paroles, ils commençaient à changer d'avis et je me suis dit que c'était dans la poche, j'en ai alors remis une couche et c'est, je suppose, ce moment que Zabini a vu. Je me suis ensuite forcé à embrasser cette fille sur la joue et je suis partis à mon entraînement de Quidditch pour éviter de craquer et les frapper ou de vomir de dégoût, parce que croit le ou non mais je n'en étais pas loin.

Je reste sonnée une seconde devant son explication avant que la colère ne m'envahisse.

– Mais quel...idiot, demeuré, stupide, borné, crétin de Gryffondor tu es. Tu ne pouvais pas juste passer ton chemin ?!

– Non Éri je ne pouvais pas, parce que comme tu l'as dit je suis un crétin de Gryffondor, alors quand on insulte ma copine de cette façon, je fonce dans le tas.

Je souffle bruyamment et me réinstalle contre les oreillers, désespéré par son attitude. Quand grandira-t-il un peu ? Puis, alors que je m'apprêtais à lui faire savoir ce que je pense de son attitude puérile, une de ses phrases fait tilt.

– Corrige-moi si je me trompe, mais rien ne te forçait ce midi à embrasser cette même fille de Serdaigle et plutôt passionnément si je ne m'abuse.

Ma voix a beau être calme, le venin qu'elle déverse est bien présent, malgré cela, James soutient mon regard sans ciller.

– Ça c'est parce que tu n'étais pas à côté de moi, je n'étais pas en train de l'embrasser, j'étais en train de la mordre, volontairement.

Je hausse un sourcil, plus que septique sur cette déclaration.

– Je ne mens pas Éri, cette fille, dont je ne connais même pas le nom soit dit en passant, est venu me voir et s'est mis à raconter des conneries comme quoi tu ne me méritais pas et que tu n'étais qu'une sale Serpentard. La seule chose à laquelle je pensais à ce moment-là c'était à la faire taire.

– Et tu n'as rien trouvé de mieux que de te jeter sur elle bien sûr.

– Mais putain Éri je n'ai juste pas réfléchis, j'étais en colère, j'avais mal, je voulais la faire taire, je voulais...je voulais qu'on soit encore ensemble, je voulais me réveiller de ce cauchemar, juste me réveiller de ce cauchemar.

Une larme coule sur la joue de James et je tends la main pour l'essuyer mais m'arrête au dernier moment et la ramène sur le lit. Bien que blessé par mon attitude, il ne fait aucune remarque et me laisse le temps de digérer tout cela.

Je prends bien une quinzaine de minutes à tout assimiler, la non-trahison de James, la raison de son comportement avec ces Serdaigle, la violence qu'il a exprimé ce midi et surtout la douleur qui émane maintenant de son corps.

– Je ne veux pas rompre Éri, laisse-moi la chance de te prouver que toi et moi on peut encore être heureux ensemble.

Il ne le dit pas mais ses yeux sont si suppliants que c'est comme s'il m'implorait d'être ànouveau mon petit-ami.

Je prends une grande inspiration et ouvre la bouche.

– Merci de m'avoir sauvé, merci de m'avoir tout expliqué, mais à partir de maintenant je souhaite qu'on se comporte uniquement comme des connaissances.

Suite à ma demande, James semble sur le point d'éclater en sanglots.

– Éri...

– Je n'approuve pas ton comportement James, mais ce n'est pas pour ça que je prends cette décision. Je la prends parce que tu ne m'as pas fait confiance, tu ne m'as pas fait confiance concernant l'histoire avec Kathy, car si tu m'en avais parlé avant, j'aurais peut-être été fâchée, voir même chagrinée mais j'aurais compris. Tu ne m'as pas non plus fait confiance pour me parler de tes états d'âmes, car ne nie pas que ce que j'ai entendu de ta conversation sur le fait de rester souvent à la bibliothèque ou de préférer lire plutôt que d'aller dehors avec toi était entièrement faux James.

Il se tait, conscient que j'ai raison.

– Une relation de couple marche dans les deux sens James, à chaque fois que je voulais parler de quelque chose tu étais là, à l'écoute, mais tu ne m'as jamais rien confié ou presque et c'est ce qui me pousse à prendre cette décision, car j'ai besoin de savoir que mon petit-ami a entièrement confiance en moi et ce n'est pas ton cas.

J'ai parlé d'une voix douce mais ferme.

James semble sur le point de protester mais il croise mon regard et y lit toute ma détermination, il ravale alors ses pleurs ainsi que ses arguments et après une dernière caresse sur ma joue, quitte l'infirmerie.

Une fois que la porte a claqué je me roule en boule sur mon lit et éclate en sanglots bruyants. Je sais que c'est moi qui ai voulu qu'on rompe même après ses explications, mais... ça fait tellement mal. J'ai l'impression d'avoir à nouveau le cœur brisé.

Je continue de pleurer pendant je ne sais combien de temps et finis par m'endormir d'un sommeil agité.

Le lendemain, après un retour d'examen positif et un petit-déjeuner prit à l'infirmerie, je suis autorisée à retourner en cours, je me dépêche donc d'aller dans ma salle commune afin de récupérer mes affaires et je pars ensuite en classe de sortilège que je partage avec les Serdaigle.

Dès que j'arrive en cours, Sally me tombe aussitôt dessus et me bombarde de questions à voix basse sur ce qui m'est arrivé, déconcentrée par son vacarme, je lui promets que je lui raconterais tout à la fin du cours afin de pouvoir le suivre tranquillement.

Sixième année oblige nous pratiquons les sortilèges informulés maintenant et on a beau dire c'est peut-être pratique lors d'un duel mais l'apprentissage est laborieux, je transpire plus en cours pour lancer des informulés que lors d'une séance de sport.

Le professeur Flitwick qui nous dispense ce cours enseignait déjà à l'époque de nos parents, il se murmure dans les couloirs qu'il ne va pas tarder à prendre sa retraite mais rien n'a été confirmé, personnellement j'aime beaucoup ce professeur si singulier. Son savoir est étonnant et il a toujours le mot qui nous encourage à progresser.

Enfin la sonnerie retentie, nous libérant de cette torture mentale qui est de ne pas pouvoir parler. Je range mes affaires et sors tranquillement de la classe. J'ai à peine fait un pas à l'extérieur que mes oreilles sont agressées.

– Alors ? Alors ? Je veux tout savoir. Quelle est cette histoire de sauvetage ? Pourquoi est-ce qu'on t'a vu endormie dans les bras de James Potter ? Pourquoi est-ce que tu n'as pas dormi dans notre dortoir cette nuit ? Et pourquoi Scorpius est aussi bizarre depuis hier ?

C'est plus fort que moi, j'éclate de rire, soulageant du même coup la tension qui m'habitait depuis le début de la journée. Heureusement, Sally n'est pas du genre à se vexée et attend patiemment que mon fou rire se termine.

– Une question à la fois je te pris et je réponds sur le chemin de la serre, je ne veux pas être en retard pour le cours de botanique.

– C'est sûr, mater les fesses du professeur Londubat ne doit souffrir d'aucun retard.

– SALLY !

Elle me répond d'un sourire espiègle et commence son interrogatoire sur les événements d'hier. A la fin de mon récit, au lieu d'être en pâmoison devant le sauvetage de James, comme l'aurait été pas mal de nos camarades, elle se retient d'exploser de fureur.

– Tu veux dire qu'un dingue à tenter de te tuer et qu'en plus personne n'a la moindre idée de qui ça peut être ?

Ma meilleure amie peut sembler superficielle au premier abord mais comme moi, elle porte un masque pour faire un tri immédiat dans ses relations et ne pas perdre son temps avec ceux qui n'en valent pas la peine. Dès qu'on la connaît mieux, on se rend compte qu'elle est très intelligente, rusée, pragmatique et que si le besoin s'en fait sentir, vicieuse.

– Pris pour que la personne qui t'a fait ça ne croise jamais mon chemin parce que je lui ferais vivre un enfer.

Sa voix a beau être froide, elle me réchauffe. C'est agréable d'avoir quelqu'un à ses côtés qui nous soutient.

Arrivées devant les serres, nous rejoignons nos camarades Serpentard et Poufsouffle près des vestiaires où nous nous dépêchons d'enfiler une blouse de jardinage. Je ne peux m'empêcher de ressentir un peu d'appréhension, depuis le début de notre sixième année, le professeur Londubat nous a fait découvrir des plantes plus dangereuses les unes que les autres.

– Bonjour à tous jeunes gens, serre numéro quatre aujourd'hui.

J'avais raison d'appréhender, la serre numéro quatre contient les plantes les plus dangereuses que les élèves peuvent manipuler. La cinquième étant pour l'usage personnel du professeur et les trois autres pour les autres années ou si les sixième ou septième année doivent revoir les bases.

Un peu anxieuse je pénètre dans la serre et aussitôt l'odeur de terre humide et de feuille me remplit les narines, je m'en délecte quelques instants avant de m'intéresser au pot devant moi qui ne m'inspire pas confiance.

– Bien mes chers élèves, aujourd'hui nous allons nous occuper de tentacula vénéneuse.

Un frisson parcourt la classe, celles et ceux qui ont lu L'Histoire de Poudlard revisitée savent parfaitement de quoi est capable cette plante, en effet, ces actions sont très bien décrites dans le récit de la bataille de Poudlard et pour les autres, le nom est suffisamment explicite.

– Ne soyez pas effrayé, cette plante a seulement mauvaise réputation, elle est très utile je vous assure.

– C'est sûr qu'empoisonner les gens c'est très utile.

Parle plus fort idiot, toute la classe ne t'a pas entendu.

– Un problème Monsieur Foucher ?

– Non non monsieur, je me demandais juste quelles étaient ses utilités.

– Si vous m'aviez écouté au lieu de faire des remarques inappropriées vous sauriez qu'on abordera ce sujet lors du prochain cours, aujourd'hui nous ferons seulement de la pratique.

Lucas se renfrogne et je ne peux empêcher un sourire moqueur de s'emparer de mes lèvres.

– Une seule autre remarque de ce genre Monsieur Foucher et je retire quinze points à Serpentard alors faites attention.

Foucher je te promet que si tu nous fais perdre des points par égoïsme tu vas le regretter.

– Pour cette fois je vous demanderais de simplement réussir à détendre la plante afin qu'elle relâche ses graines, allez-y jeunes gens.

Peu rassurée, la classe s'approche des pots et touche un peu la plante. Sauf que ce n'est pas suffisant et au bout de la moitié du cours, la plupart des élèves en ont marre de tripoter les branches pleines d'épines de la tentacula.

Ce n'est que cinq minutes avant la fin du cours que Sally réussit à ouvrir la plante et à récolter quelques graines.

– Félicitations mademoiselle Nott, vous êtes douée.

– Merci professeur. Minaude-t-elle faussement.

– Vous pouvez maintenant aller déjeuner tout le monde, bon appétit.

Et sans que quiconque ne puisse avoir le temps de parler, le professeur quitte la serre et se dirige d'un pas rapide s'enfermer dans son bureau situé entre la quatrième et la cinquième serre.

– Il est pressé de retrouver sa petite femme pour jouer au docteur ? Lance ma meilleure amie accompagné d'un sourire espiègle.

– Peut-être, viens allons déjeuner. Dis-je en me retenant de pouffer.

J'attrape son bras et nous sortons de la serre, une fois changés et débarbouillés, nous nous dirigeons vers la grande salle.

– Au fait Éri, tu n'as pas vraiment été explicite là-dessus mais tu ne t'es pas remise avec James, n'est-ce pas ?

Je m'arrête net à ces mots et me tourne vers Sally qui aborde maintenant un petit sourire désolé.

– Non en effet.

– Et ça te convient ?

– Pour être franche avec toi, là tout de suite je n'ai qu'une envie c'est partir à sa recherche et me jeter dans ses bras pour ne plus jamais le lâcher, sauf que... quelque chose s'est brisé et que si on se remet ensemble on va juste réussir à se faire du mal alors le fait de ne plus être avec lui me convient, je vais pouvoir me concentrer sur moi et j'irais bien...un jour.

J'ai beau essayé d'être ferme, ma voix finit par flancher et tremble sur mes derniers mots.

Compatissante, Sally ne dit rien. Elle me prend dans ses bras et me caresse le dos tout en me murmurant qu'elle fera tout ce qu'elle peut pour que j'aille mieux.

Après un gros câlin et quelques pleurs de ma part, nous reprenons notre chemin en direction de la grande salle et je sèche mes larmes afin de présenter au monde, mon masque de jeune fille neutre.

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Voilà pour le chapitre 4, j'ai hâte de savoir ce que vous en pensez. Passez un bon weekend et à la semaine prochaine.