Chapitre 11:

Par rapport à certains enfants, j'ai eu une vie pourrie.

Je m'appelle Junior, enfin...c'est le nom qu'on me donne. Et je suis le fils de Chaos. (C'est la partie pourrie de ma vie)

A vrai dire, c'est compliqué. Comme ma sœur Gaia, il m'a créé. Mais il se comporte vraiment comme un père. Parfois trop.

Mais bon, c'est la seule figure parentale que je connais, donc je ne vais pas me plaindre (ou juste un peu).

Chaos a fait en sorte que je sois le portrait craché de Gaia, en plus petit et en plus masculin. C'est-à-dire yeux verts, cheveux bruns, la peau claire.

Avant, j'étais heureux. J'avais une sœur (un peu pénible, mais ça passe), et un père aimant (du moins, le peu qu'il puisse faire en tant que dieu du chaos). Mais depuis que Gaia est cellée dans le sommeil, mon père est devenu...plus exigeant envers moi.

Et ce matin n'a pas fait défaut...

J'étais dans ma chambre (si on peut appeler une grotte une chambre), et, comme à son habitude, il est rentré sans frapper. Il était vêtu comme à un enterrement: costume noir, la mine sombre, ses cheveux couleur encre plaqué en arrière avec du gel. Et ses yeux rouges me toisant. Il s'est avancé vers moi, m'a arraché mon livre, et m'a dit:

-Junior! T'as une mission.

Je suis resté abasourdi. Ça ne collait pas. Il disait toujours: Junior mission = désastre. Mais pas dans le bon sens. Encore hébété, je réponds:

-Quoi?!

(Pas la réponse du siècle, je sais)

Mon père grommela, et ajouta:

-T'as bien entendu. J'ai besoin d'un garnement de 12 ans, et t'es le seul que je connais.

J'y crois pas. J'avais une mission. Une vrai, pas une de ses courses comme chercher un fantôme ou une hydre.

-Tu dois te rendre à cette adresse. Au premier étage, tour nord. Tu trouveras une gamine. Sauve-la et deviens son allié. Puis, tu l'emmèneras ici. Ne me déçois pas. Et ne fait pas tout rater.

Je ne pus retorqué quoi que ce soit, car il tapa des mains et je disparus.

Rue na na ni, bâtiment trois, premier étage, tour nord. C'est bon, j'y étais. Mais il n'y avais personne.

Et c'est là que je la vis. Elle était belle. Très belle. Ses cheveux noirs volaient en tout sens, son sweat-shirt bleu était trop grand, mais elle était belle.

Sauf que quelque chose clochait. Elle était effrayée, regardant constamment derrière elle, et courrait dans ma direction.

Puis je les vis, elles. Deux femmes normales, à la différence qu'à la place de jambes se trouvait une queue de serpent. Des drakainas. Sans réfléchir, je lançais un couteau de chasse, qui se ficha dans sa cible, le monstre se désintégrant sur place. Je me suis lancé dans la bataille. Mon deuxième couteau la frappa en pleine poitrine, et comme sa partenaire, elle disparut dans une pluie de poussière.

Je cherchai la fille du regard. Cette dernière était accolée à un mur. Elle me regardait avec admiration. Ce qui me glorifie de fierté. J'avais rarement le droit d'utiliser ses couteaux, mais j'étais bon. La fille grimaça, m'attrapa la main et courut vers l'escalier. En me retournant, je vis les tas se reformaient. Mince.

Je me suis laissé entrainé par la jeune inconnue. Nous continuâmes de monter les marches, pour arriver au toit. Les drakainas nous talonnaient de près. La fille s'approcha du bord. Si on tombait, on n'y survivrait pas. Se serait du suicide.

Je me tournais vers la porte, pour voir les deux femmes arrivaient. L'une d'elle se lécha les lèvres.

-Miam! Le plat est arrivé, ma chère! dit-elle.

Elles se rapprochaient dangereusement.

En me tenant fermement la main, l'inconnue me regarda. Dans son regard, je la voyais me supplier de lui faire confiance.

Ensuite, elle s'élança dans le vide – en m'entrainant avec elle.

J'avoue, j'ai hurlé. Mais qui ne hurlerait pas quand une belle inconnue vous précipite dans le vide? S'en compter que l'immeuble mesure 70 mètres?!

A côté de moi, je la voyais tenter de se concentrer: en vain. Elle était trop effrayée. Elle serrait ma main à m'en faire craquer les jointures. Alors, j'utilisa mon pouvoir.

Mon père a fait en sorte que je sois un Empathe. Ainsi, je suis capable de ressentir les émotions des autres, et de les calmer.

Peu à peu, elle s'apaisa. Et au dernier moment, quand nous allions nous écraser, des vents nous rattrapèrent et nous déposèrent au sol. La fille était radieuse avec son sourire. Elle me lacha la main, gênée.

-Espérance. Se présenta-t-elle.

-Junior.

Espérance sourit malicieusement.

-Tiens donc, ce n'est pas un nom courant. Dit-elle

Je lui répondis, du tac-au-tac:

-Tout comme le vôtre. D'où vient-il?

Elle leva les yeux au ciel, exaspérée.

-C'est parce que je représente l'espoir d'un monde sans guerres! m'expliqua-t-elle, sarcastique.

Puis, curieuse, elle me demanda.

-Cette chaleur dans ma main, celle qui m'a permis de me calmer, c'était toi?

J'hochais la tête.

-Oui. Je suis Empathe. Ma mère est Epioné. Son nom signifie «qui apaise les douleurs».

Décidément, je n'aimais pas lui mentir.

Elle frémit.

-Mes amies! Elles ont été enlevées par Chaos!

Le voilà ton plan, papa. Utiliser un appât, pour la faire venir. Et ensuite, lui faire du mal.

Je ne te laisserais pas faire.

-Allons-y! dis-je.