Hello à tous ! Eh oui, me voici de retour ! Vous pensiez que j'avais laissé tombé ? Je vous rassure, c'est loin d'être le cas. J'ai eu quelques changements personnels depuis et était donc très occupée autant personnellement que professionnellement. Je m'excuse vraiment pour cette attente !
Pour tout vous avouer, j'ai aussi été prise de quelques doutes concernant ma fanfiction, et me demandait si l'histoire était bien ? Si elle faisait un minimum vibrer ou bien si je ne devrais pas réfléchir à une seconde version. Puis tout compte fait, je me suis dit que je l'écrivais avant tout pour moi et que la publication n'était que du bonus. Toutefois, j'espère que cette suite, ainsi que les chapitres qui seront publiés dans les prochaines semaines, vous plairont autant qu'à moi.
Je vous laisse profiter de votre lecture et bien sûr, je rappel que les textes en caractère gras sont tirés du livre Harry Potter et les reliques de la mort de J.K.R
Enjoy :)
- Tu crois qu'elle va s'en sortir ? questionna la voix inquiète de Drago.
- Severus l'a rattrapé à temps, répondit Narcissa.
- Si je mets la main sur Rodolphus…
- Tu n'en feras rien, Drago, interrompit sèchement sa mère.
- Elle a failli mourir ! s'outra le jeune homme. Pourquoi a-t-il fait cela ?
- Il a dit au maître qu'il présumait qu'il s'agissait d'un membre de l'Ordre.
Drago étouffa un ricanement averti.
Dorea sentit les doigts du jeune homme arranger une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Le simple fait d'ouvrir les yeux était douloureux. D'ailleurs, son corps entier était courbaturé. Un vif lancinement perça alors ses côtés. Grimaçant sous le coup de l'algie, elle émit un geignement et commença à remuer.
- Ne bougez pas, ordonna Narcissa d'un ton précipité.
Tout compte fait, elle papillonna ses prunelles émeraudes, non sans difficulté, et s'aperçut qu'elle se trouvait dans son lit, dans sa chambre, au Manoir Malefoy.
À travers son regard flouté, elle aperçut la mère de Drago s'approcher d'elle et saisir doucement ses épaules pour la replacer sur les coussins.
- Ne bougez pas, répéta-t-elle. Vous avez fait une chute de cinquante mètres de hauteur et vous vous êtes fracturé plusieurs vertèbres ainsi que quelques côtes.
- Mon…mon frère… souffla-t-elle.
Narcissa lança un regard perplexe à Drago qui intervint à son tour.
- On a perdu la trace de Potter aux abords de Loxwood. Le maître n'est pas parvenu à le rattraper.
Dorea expira de soulagement et Drago évita soigneusement l'œillade suspicieuse de sa mère.
- Severus a amorti votre chute, mais tout juste, reprit la blonde. Et en vous ramenant ici, il a procédé tout de suite à plusieurs sorts pour vous guérir. Néanmoins, il est préférable que vous restiez couchée encore durant quelques jours.
La jeune femme prit conscience du jour qui émanait dans la pièce, dont un faible rayon de soleil qui s'infiltra à travers les carreaux des fenêtres.
- Je vais chercher de quoi manger. Tu veilles sur elle ? demanda la mère à l'adresse de son fils.
Ce dernier hocha la tête tandis que la femme sortit de la chambre. Dorea pivota la tête, et réalisa que Drago se trouvait tout juste à côté d'elle, installé sur une chaise, les coudes appuyés sur ses genoux et les mains entrecroisées devant sa bouche. Il avait les yeux rougis de larmes et le teint livide.
- Com… - Dorea avala sa salive avec difficulté – combien de temps je suis restée endormi ?
- Tu n'étais pas endormi, mais dans le coma. Tu es restée deux jours comme ça.
- D'accord, chuchota la rousse. Tu… tu as appelé Gabriel ?
Drago se figea, puis finalement, secoua la tête et répondit dans un murmure :
- Non. Je savais que tu allais t'en sortir.
Il lui prit alors la main et la serra contre la sienne.
- Mais tu m'as fait très peur.
Drago amena sa main vers lui et y déposa un baiser tandis que Dorea le contemplait avec tendresse.
- Qu… qu'est-ce qu'il a dit ? demanda-t-elle alors subitement.
- Il a déclaré que c'était grâce à toi que l'on a repéré le véritable Potter. Néanmoins, il est furieux de ne pas avoir pu l'attraper. Selwyn est mort, il a reçu apparemment une caravane en pleine tête. Lestrange a été torturé et Bellatrix n'a eu de cesse d'imploré la pitié de Seigneur des Ténèbres. Seul Rogue a été épargné. Il a assassiné Maugrey Fol Œil, dit-il d'une voix blanche.
Dorea ferma les yeux, retenant ses larmes. Elle serra avec force sa mâchoire ainsi que la main que lui tenait le blond.
- Il n'a pas eu le choix, ajouta Drago dans un murmure. Du moins, je le suppose.
- Il… il va me torturer également ?
- Pas que je sache. Cependant, il a passé sa colère sur Ollivander.
- C… Comment ?
- La baguette de mon père qu'il a utilisé a été détruite. Une connexion s'est établie entre Le Seigneur des Ténèbres et ton frère lorsqu'il a voulu lui lancer un sortilège de mort. C'est comme ça que Potter a pu s'échapper. À présent, il cherche une autre baguette. Une baguette beaucoup plus puissante.
Dorea écrasa presque les doigts du blond, se crispant un peu plus et mordilla sa lèvre avec une nervosité manifeste.
- Espérons que ce n'est pas ce à quoi on pense, murmura-t-elle.
- Pour le moment, ce n'est pas ce qui nous intéresse. Pour le moment, tu dois te remettre, c'est tout ce qui importe.
La jeune femme approuva d'un signe de tête et Drago se leva de sa chaise pour se pencher vers elle et poser ses lèvres sur les siennes. Un baiser plein de tendresse s'enchaîna alors, par lequel il voulait tout simplement lui signifier la peur et l'inquiétude qu'il avait éprouvé au cours des derniers jours.
0o0
Deux jours passèrent durant lesquels Dorea resta couchée, sans bouger. Narcissa lui apporta ses repas et Drago l'aida à faire sa toilette. Elle avait l'impression d'être ni plus ni moins qu'une impotente ce qu'elle avait beaucoup de mal à supporter.
Le mercredi soir, elle reçut la visite de Severus Rogue. Il prit place sur la chaise normalement utilisée à longueur de journée par le jeune Malefoy. Il l'observa fixement de ses yeux noirs, et de son expression acariâtre, un fin rictus trembla au coin de ses lèvres.
- Comment allez-vous Dorea ?
- Bien, mais je serais heureuse de pouvoir enfin me déplacer.
- Puis-je voir ?
Dorea hocha la tête puis roula sur le côté, rechignant sous la légère douleur persistante de sa colonne vertébrale. Elle perçut Rogue se lever puis retrousser quelque peu son t-shirt. Elle sentit les doigts du professeur examiner chacune de ses vertèbres le long de son dos, appuyant doucement dessus, de sa nuque à ses lombaires.
- Tout est en ordre, dit-il enfin au bout de quelques minutes de silence.
Il se réinstalla et Dorea remit son t-shirt tout en se rallongeant sur le dos.
- Dés demain, vous pourrez de nouveau vous lever.
- Et après-demain…, souffla Dorea.
- Vous serez marquée et ferez officiellement partie des Mangemorts, termina Rogue.
Dorea inspira profondément puis hocha la tête.
- Tout se déroule parfaitement jusque-là. Vous avez gagné sa confiance. Il est amplement satisfait de vous. Et il souhaite vous donner des missions de plus grande ampleur. Vous êtes libre d'aller et venir dans ce manoir dorénavant.
- Est-ce que ça fait mal ? demanda-t-elle dans un murmure à peine audible.
Rogue eut un mouvement de recul et fronça des sourcils, surprit par la question inopinée de la rousse.
- De… de se faire marquer ? précisa-t-elle.
Il est vrai qu'elle n'y avait jamais véritablement pensé jusque-là, mais le « jour, j » approchant, elle se questionnait sur le processus et si cela était douloureux comme on pouvait l'imaginer.
- Tout dépend de la force de vos convictions et à quel point vous voulez servir le maître. C'est en quelque sorte, un ultime test.
.
Dorea s'immobilisa et dévisagea son ancien professeur le visage blême.
- Toutefois, il est certain que vos convictions sont si fortes et que vous souhaitez ardemment réussir cette mission, qu'il n'y a aucun doute que vous passerez cette épreuve avec brio. Dumbledore avait confiance en vous et j'ai tout autant confiance en vous.
- Mais si…
- N'y pensez-pas, interrompit Rogue en levant la main. Concentrez-vous sur vos objectifs.
La jeune femme s'humidifia les lèvres soudainement asséchées tandis que Severus Rogue sortit un exemplaire de la Gazette du Sorcier de la poche de sa robe de sorcier.
- Je m'imagine que ceci peut vous intéresser, dit-il en lui tendant le journal dont elle se saisit pour le déplier. Ouvrez-le à la page dix, ajouta-t-il en se levant de la chaise. Bonne journée, Dorea.
Puis Rogue chemina vers la porte d'entrée et déserta la pièce. La jeune Artwood ouvrit la Gazette à la page indiquée par le professeur Rogue et lut le titre inscrit en gras.
« EN SOUVENIR D'ALBUS DUMBLEDORE
par Elphias Doge »
J'ai rencontré Albus Dumbledore à l'âge de onze ans, lors de notre premier jour à Poudlard. La sympathie que nous avons éprouvée l'un pour l'autre était due sans nul doute au fait que nous nous sentions tous deux des marginaux. J'avais contracté la Dragoncelle peu avant mon arrivée à l'école et bien que je ne fusse plus contagieux, mon teint verdâtre et mon visage grêlé́ n'incitaient guère à s'approcher de moi. À son arrivée à Poudlard, Albus portait pour sa part le fardeau d'une notoriété́ dont il se serait bien passé. À peine un an plus tôt, Perceval, son père, avait été condamné pour avoir attaqué́ trois jeunes Moldus d'une manière particulièrement sauvage, une affaire qui avait largement défrayé́ la chronique.
Albus n'a jamais essayé́ de nier que son père (qui devait mourir à Azkaban) avait bel et bien commis ce crime. Au contraire lorsque j'ai trouvé́ le courage de lui poser la question, il m'a assuré́ qu'il savait son père coupable. Dumbledore refusait de parler davantage de cette triste affaire bien que beaucoup aient tenté de lui en faire dire plus. En vérité́, certains auraient volontiers félicité son père d'avoir commis cette action et présumaient qu'Albus, lui aussi, haïssait les Moldus. Ils n'auraient pu commettre plus grande erreur : comme tous ceux qui ont connu Albus peuvent en témoigner, il n'a jamais manifesté la moindre tendance anti-Moldus. Mieux, son soutien sans faille aux droits des Moldus lui a valu de nombreuses inimitiés au cours des années.
En quelques mois, cependant, la propre renommée d'Albus éclipsa celle de son père. Au terme de sa première année à Poudlard, il n'était plus connu comme le fils d'un ennemi des Moldus, mais comme rien de moins – ou de plus – que le plus brillant élevé qu'on eût jamais vu dans cette école. Ceux d'entre nous qui avaient le privilège de compter parmi ses amis bénéficiaient de son exemple, sans parler de l'aide et des encouragements qu'il nous prodiguait toujours avec générosité́. Plus tard, il me confia que, dès cette époque, il avait su que son plus grand plaisir serait d'enseigner.
Non seulement il remporta tous les prix importants que décernait l'école mais il entretint bientôt une correspondance régulière avec les personnalités magiques les plus remarquables de son temps, notamment Nicolas Flamel, le célèbre alchimiste, Bathilda Tourdesac, l'historienne bien connue, et Adalbert Lasornette, le théoricien de la magie. Plusieurs de ses essais trouvèrent place dans des publications savantes telles que Le Mensuel de la métamorphose, Les Défis de l'enchantement, et Pratique de la potion. La future carrière de Dumbledore semblait promise à une ascension météorique et la seule question qui demeurait était de savoir à quel moment il deviendrait ministre de la Magie. Bien que, par la suite, il ait été sur le point d'accepter la fonction, il n'eut jamais d'ambitions ministérielles.
Trois ans après nos débuts à Poudlard, Abelforth, le frère d'Albus, arriva à son tour à l'école. Ils ne se ressemblaient pas. Abelforth n'était pas très attiré par les livres et il préférait régler les disputes en recourant au duel plutôt qu'à des arguments raisonnés. Il est totalement faux, cependant, de suggérer, comme certains l'ont fait, que les deux frères ne s'entendaient pas. Leurs relations étaient aussi chaleureuses que possible entre deux garçons de caractères aussi différents. Pour être juste envers Abelforth, il faut admettre que vivre dans l'ombre d'Albus n'était pas une situation confortable. Se voir sans cesse surpassé constituait un risque inévitable lorsqu'on voulait être son ami et il ne pouvait en être autrement pour un frère.
Quand Albus et moi avons quitté́ Poudlard, nous avions l'intention d'entreprendre ensemble un tour du monde, ce qui était alors traditionnel, pour rencontrer des sorciers étrangers et observer leurs pratiques, avant de suivre chacun de notre côté nos carrières respectives. Malheureusement, la tragédie s'en est mêlée. La veille même de notre voyage, Kendra, la mère de Dumbledore, mourait, laissant à son fils Albus le rôle de chef de famille, seul capable de subvenir à ses besoins. J'ai retardé mon départ afin de rendre un dernier hommage à Kendra le jour de ses funérailles puis je suis parti accomplir ce qui deviendrait désormais un voyage solitaire. Avec à sa charge un frère et une sœur plus jeune, et peu de ressources à sa disposition, il ne pouvait être question qu'Albus m'accompagne.
Ce fut la période de notre vie où nous eûmes le moins de contacts. J'écrivais à Albus en lui
racontant – avec peut-être un certain manque de sensibilité́ à son égard – les merveilles de mon voyage, depuis la Grèce, où j'avais échappé́ de peu aux Chimères, jusqu'à l'Égypte, où j'avais assisté à des expériences d'alchimie. Dans ses lettres, il me disait peu de chose de sa vie quotidienne, dont je devinais qu'elle devait être d'une banalité́ désolante pour un sorcier aussi brillant. Plongé dans mes propres aventures, j'appris avec horreur que, vers la fin de mon année de voyages, une autre tragédie avait encore frappé les Dumbledore : la mort de sa sœur Ariana.
Bien que, depuis longtemps, Ariana eût été de santé délicate, ce nouveau coup, venant sitôt après la
perte de leur mère, eut un effet profond sur les deux frères. Tous ceux qui étaient le plus proches de
lui – et je me flattais d'en faire partie – s'accordaient à penser que la mort d'Ariana et le sentiment de responsabilité personnelle qu'en éprouvait Albus (même si, bien entendu, il était exempt de toute culpabilité́) l'avaient marqué à jamais.
À mon retour, j'ai trouvé́ un jeune homme qui avait subi des souffrances que connaissent ordinairement des personnes beaucoup plus âgées. Albus était plus réservé qu'avant, beaucoup moins insouciant. Pour ajouter à son malheur, la disparition d'Ariana, loin de rapprocher Albus et Abelforth, les avait éloignés l'un de l'autre. (Cette brouille devait prendre fin avec le temps – des années plus tard, ils rétablirent des relations qui, sans être intimes, étaient sans nul doute cordiales.) À compter de cette époque, il parla rarement de ses parents ou d'Ariana et ses amis avaient appris à ne pas prononcer leurs noms devant lui.
D'autres plumes que la mienne se chargeront de relater ses triomphes ultérieurs. Les innombrables contributions de Dumbledore à la connaissance de la magie, notamment sa découverte des douze usages du sang de dragon, bénéficieront aux générations futures, tout comme la sagesse dont il sut faire preuve pendant le temps où il assuma les fonctions de président-sorcier du Magenmagot. On entend dire, aujourd'hui encore, que jamais duel de sorciers ne fut comparable à celui que se livrèrent Dumbledore et Grindelwald en 1945. Ceux qui en furent les témoins ont décrit la terreur, l'admiration mêlée d'effroi qu'ils ressentirent en voyant s'affronter ces deux mages extraordinaires. Le triomphe de Dumbledore et ses conséquences sur le monde de la sorcellerie sont généralement considérés dans l'histoire de la magie comme un tournant aussi important que l'adoption du Code international du secret magique ou la chute de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
Albus Dumbledore ne fut jamais orgueilleux ni vaniteux. Il trouvait toujours quelque chose de précieux en chacun, si insignifiant ou indigne qu'il fût, et je suis convaincu que ses deuils précoces ont développé́ en lui une très grande humanité́ et une exceptionnelle compassion. Son amitié́ me manquera plus que je ne saurais le dire, mais la perte qui est la mienne n'est rien comparée à celle que subit le monde de la magie. Parmi tous les directeurs de Poudlard, on ne peut douter qu'il a été le plus stimulant et le plus aimé. Il est mort comme il a vécu : en œuvrant pour le plus grand bien et toujours disposé, jusqu'à sa dernière heure autant que le jour où je l'ai rencontré́, à tendre la main à un petit garçon affligé de Dragoncelle.
En bas de page figurait un titre plus petit que la manchette, au-dessus d'une photo représentant Dumbledore marchant à grands pas d'un air tourmenté :
« DUMBLEDORE : ENFIN LA VÉRITÉ ? »
À ne pas manquer la semaine prochaine : l'histoire scandaleuse d'un génie imparfait que beaucoup considèrent comme le plus grand sorcier de sa génération. Brisant l'image largement répandue du vieux sage à la barbe argentée et au visage serein, Rita Skeeter révèle l'enfance perturbée, la jeunesse sans foi ni loi, les querelles sans fin et les coupables secrets que Dumbledore a emportés dans la tombe. POURQUOI l'homme à qui on prédisait un avenir de ministre s'est-il contenté de rester simple directeur d'école ? Quel était le VÉRITABLE objectif de l'organisation secrète connue sous le nom d'Ordre du Phénix ? COMMENT Dumbledore est-il vraiment mort ?
Les réponses à ces questions et à bien d'autres sont largement examinées dans une nouvelle biographie explosive : VIE ET MENSONGES D'ALBUS DUMBLEDORE, par Rita Skeeter. Lire en page 13 l'interview exclusive accordée à Betty Braithwaite.
Dorea tourna la page d'un geste brutal qu'elle faillit déchirer et trouva la page 13. Au-dessus de l'article, une photo montrait un autre visage qui lui était déjà familier : celui d'une femme aux lunettes incrustées de pierreries, avec des cheveux blonds soigneusement bouclés, les dents découvertes en un sourire
qu'elle voulait triomphant, et de longs doigts qui ondulaient vers elle. S'efforçant de son mieux de ne pas prêter attention à cette image nauséabonde, Dorea lut l'interview.
Lorsqu'on la voit, Rita Skeeter parait beaucoup plus douce et chaleureuse que ne le laisserait supposer la férocité́ de ses célèbres portraits. Après m'avoir accueillie dans le hall de sa coquette demeure, elle m'emmène droit dans la cuisine pour m'offrir une tasse de thé, une tranche de quatre- quarts et une fournée encore brûlante de ses derniers potins.
« Bien sûr, dit-elle, Dumbledore est un sujet en or pour un biographe. Une vie si longue, si bien remplie ! Je suis sûre que mon livre ne sera que le premier d'une longue, longue série. »
Sans nul doute, Skeeter n'a pas perdu de temps. Son livre de neuf cents pages a été achevé́ six semaines seulement après la mort mystérieuse de Dumbledore, au mois de juin dernier. Je lui demande comment elle a pu réaliser cet exploit avec une telle rapidité́.
« Oh, lorsqu'on a été journaliste aussi longtemps que moi, travailler dans des délais impossibles devient une seconde nature. Je savais que le monde de la sorcellerie réclamait à grands cris un récit détaillé́ de toute cette histoire et je voulais être la première à répondre à cette exigence. »
Je mentionne alors les récents commentaires, largement diffusés, d'Elphias Doge, conseiller spécial auprès du Magenmagot et ami de longue date d'Albus Dumbledore, selon lesquels « Le livre de Skeeter contient moins de faits réels qu'une carte de Chocogrenouille ».
Skeeter rejette la tête en arrière et éclate de rire.
« Ce vieux Dodgy ! Je me souviens de l'avoir interviewé il y a quelques années à propos des droits des êtres de l'eau, le cher homme. Complètement gâteux, il semblait penser que nous étions assis au fond du lac Windermere et me répétait sans cesse de faire attention aux truites. »
Pourtant, les accusations d'inexactitude lancées par Elphias Doge ont rencontré́ de nombreux échos. Skeeter pense-t-elle vraiment que six petites semaines soient suffisantes pour obtenir une vue complète d'une existence aussi longue et exceptionnelle que celle de Dumbledore ?
« Ma chère amie, répond Skeeter, rayonnante, en me tapotant affectueusement la main, vous savez aussi bien que moi combien on peut rassembler d'informations grâce à un gros sac de Gallions, un refus systématique de s'entendre dire non et une bonne Plume à Papote bien aiguisée ! D'ailleurs, les gens faisaient la queue pour traîner Dumbledore dans la boue. Vous savez, tout le monde ne le trouvait pas si merveilleux que ça – il a marché sur les pieds d'un bon nombre de gens importants. Mais ce vieux Dodgy Doge ne devrait pas monter sur ses grands hippogriffes, car j'ai eu accès à une source pour laquelle la plupart des journalistes seraient prêts à donner leur baguette, quelqu'un qui n'a jamais parlé́ publiquement jusqu'à maintenant et qui était proche de Dumbledore au cours de la période la plus agitée et la plus troublante de sa jeunesse. »
À en croire le battage suscité par la sortie prochaine de la biographie de Skeeter, ceux qui pensent que Dumbledore a mené une vie sans tache doivent s'attendre à subir un choc. Je lui demande quelles sont les plus grandes surprises qu'elle nous révèle.
« Allons, Betty, répond-elle dans un grand éclat de rire, je ne vais pas dévoiler les moments forts du livre avant même que quiconque l'ait acheté́. Mais je peux vous promettre que tous ceux qui sont encore convaincus que Dumbledore était aussi blanc que sa barbe vont connaître un réveil douloureux ! Disons simplement que quand on l'entendait tempêter contre Vous-Savez-Qui, personne n'aurait pu songer un instant qu'il a lui-même flirté avec les forces du Mal dans sa jeunesse ! Et pour un sorcier qui a passé les dernières années de sa vie à plaider en faveur de la tolérance, on ne peut pas dire qu'il ait manifesté la même largeur d'esprit lorsqu'il était plus jeune ! Oui, le passé d'Albus Dumbledore est extrêmement ténébreux, sans parler de sa famille singulièrement douteuse, qu'il s'est tant efforcé de passer sous silence. »
Je demande si Skeeter veut parler d'Abelforth, le frère de Dumbledore, dont la condamnation par le Magenmagot pour usage illicite de la magie a causé un petit scandale il y a une quinzaine d'années.
« Oh, Abelforth n'est que la partie visible du tas de bouse, s'esclaffe Skeeter. Non, je parle de choses bien pires qu'un frère qui aime bien jouer avec les chèvres, pire encore qu'un père qui mutile des Moldus – de toute façon, Dumbledore ne pouvait les cacher, ils ont été poursuivis tous les deux par le Magenmagot. Non, ce sont la mère et la sœur qui m'intriguent et en creusant un peu, j'ai découvert un véritable nid de saleté́ – mais, comme je l'ai dit, vous devrez attendre d'avoir lu les chapitres neuf et douze de mon livre pour connaître tous les détails. La seule chose que je puisse affirmer pour le moment, c'est qu'on ne saurait s'étonner que Dumbledore n'ait jamais parlé de la raison pour laquelle il avait le nez cassé. »
En dehors des squelettes dans les placards de la famille, Skeeter nie-t-elle l'intelligence brillante qui a conduit Dumbledore à faire ses nombreuses découvertes dans le domaine de la magie ?
« Il était intelligent, c'est vrai, admet-elle, bien qu'aujourd'hui beaucoup se demandent si on peut lui reconnaitre l'entière paternité́ de ses réussites supposées. Comme je le révèle dans le chapitre seize, Ivor Dillonsby prétend qu'il avait déjà̀ découvert huit usages du sang de dragon lorsque Dumbledore lui a "emprunté" ses papiers. »
Je me risque cependant à faire remarquer que certains exploits accomplis par Dumbledore demeurent incontestables. Notamment, sa fameuse victoire sur Grindelwald.
« Oh, je suis contente que vous parliez de Grindelwald, répond Skeeter avec un sourire qui donne envie d'en savoir plus. J'ai bien peur que ceux dont le regard s'embue dès qu'on évoque le triomphe spectaculaire de Dumbledore doivent se préparer à une véritable bombe – et même une Bombabouse. Il s'agit d'une très, très vilaine affaire en vérité́. Tout ce que je vous dirai, c'est qu'on ne peut pas être si sûr que ce duel de légende a vraiment eu lieu. Après avoir lu mon livre, les gens seront peut-être forcés de conclure que Grindelwald a simplement fait surgir un mouchoir blanc au bout de sa baguette et s'est rendu sans résistance ! »
Skeeter refuse d'ajouter quoi que ce soit sur cette question très intrigante et nous évoquons alors une relation bien particulière qui fascinera certainement ses lecteurs plus que toute autre.
« Ah oui, répond Skeeter en hochant vivement la tête. Je consacre un chapitre entier à cette histoire entre Potter, Artwood et Dumbledore. On a dit que le lien qui s'est établi entre eux avait quelque chose de malsain, et même de sinistre. Encore une fois, vos lecteurs devront acheter mon livre pour connaître tous les détails mais il ne fait aucun doute que Dumbledore a manifesté́ depuis le début un intérêt
anormal pour les jumeaux Potter. Était-ce vraiment la meilleure manière d'aider ce garçon ? Ou encore de prendre sous son aile cette petite fille, qui ne l'oublions pas, était pourrie gâté par feu Lord Artwood. Nous verrons bien. Le fait que Potter ait eu une adolescence des plus troublées n'est évidemment pas un secret. Tout comme le fait que Lady Dorea Artwood est non moins dangereuse pour cette communauté. Il se dit même qu'elle se cacherai actuellement au Manoir Malefoy. Il est triste de voir comment elle a ensorcelé ce pauvre Drago Malefoy.»
Je demande à Rita Skeeter si elle est restée tout de même en contact avec Harry Potter dont elle a publié́ un si célèbre interview l'année dernière : un entretien capital dans lequel Potter exposait en exclusivité́ sa conviction que Vous-Savez-Qui était revenu.
« Oh, oui, nous sommes devenus très proches, répond-elle. Le malheureux Potter n'a pas beaucoup de vrais amis – et avec les rumeurs sur sa sœur… - Enfin, bref, nous nous sommes rencontrés, Potter et moi, à l'un des moments les plus déterminants de sa vie : le Tournoi des Trois Sorciers. Je suis sans doute l'une des rares personnes vivantes qui puisse affirmer que je connais le véritable Potter. »
Ce qui nous amène tout naturellement à parler des rumeurs qui circulent à propos des dernières heures de Dumbledore. Skeeter croit-elle que Potter était là lorsque Dumbledore est mort ?
« Je ne veux pas en dire trop – tout est dans le livre – mais des témoins oculaires, à l'intérieur de Poudlard, ont vu Potter, fuir le lieu du drame quelques instants après que Dumbledore fut tombé, eut sauté ou eut été poussé dans le vide. Par la suite, Potter a accusé Severus Rogue, un homme contre lequel il nourrit une rancune bien connue, ainsi que sa propre sœur, Dorea Artwood. Les choses se sont-elles passées telles qu'elles apparaissent ? Il appartient à la communauté́ des sorciers d'en décider – une fois qu'ils auront lu mon livre. »
C'est sur cette mystérieuse conclusion que je prends congé. Le livre de Rita Skeeter est destiné́ sans nul doute à devenir un bestseller immédiat. En tout cas, les légions d'admirateurs de Dumbledore ont toutes les raisons de trembler en attendant les révélations qui seront bientôt faites sur la vie de leur héros.
Dorea était rouge de colère, et froissa le papier entre ses mains puis le jeta brusquement à l'autre bout de la pièce.
- ESPÈCE DE SALOPE ! cria-t-elle rageusement.
- Je vois que tu viens de lire la Gazette, fit Drago qui venait d'entrer dans la pièce.
- Non mais tu as vu ce qu'elle raconte ? C'est tout bonnement faux !
- Seuls nous, savons la vérité Dott', soupira le blond en s'installant sur le lit à ses côtés. Et c'est déjà bien suffisant.
- Je te jure que si je lui fais face, un de ces jours, je la réduis en charpie ! siffla-t-elle entre ses dents.
- J'ai tellement envie de te baiser quand tu es en colère comme ça, chuchota Drago goguenard.
Elle donna un léger coup de poing dans les côtes en signe de protestation.
- AÏE ! s'exclama-t-il les sourcils froncés en se repliant sur le lui-même.
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Lorsque le lendemain matin, la jeune femme se réveilla, il était encore tôt et le soleil se levait à peine. La respiration profonde et pesante du blond à ses côtés lui indiqua que ce dernier dormait encore. Dorea, discrètement, se leva, non sans déformer son visage sous une grimace de douleur, et le plus discrètement possible, se dirigea vers la salle de bain.
Elle s'introduisit sous la cabine de douche et le jet d'eau chaude tomba instantanément sur elle, lui procurant des fourmillements agréables le long de ses jambes et de son dos. Soupirant d'aise, elle rabattit ses cheveux en arrière, l'image de son frère flottant dans son esprit.
Depuis son réveil, elle n'avait cessé de revivre cet instant où elle était sur le point de s'évanouir et de tomber de son balai quand Harry, l'expression épouvantée, avait hurlé un « NON » si suppliant, qu'elle aurait pu croire qu'il avait eu peur pour elle.
Était-ce le cas ? Avait-il véritablement eu peur pour sa survie ? Pourquoi ?
Elle ferma les yeux et exhala d'un souffle pesant, posant ses paumes de mains contre le carrelage. Il était inutile de fonder de faux espoirs. Harry la haïssait pour ce qu'elle avait fait. C'était aussi simple que cela.
C'est ainsi qu'elle se souvint de la date du jour, son estomac faisant un looping aussitôt : aujourd'hui était son dix-septième anniversaire. Leur dix-septième anniversaire.
Elle aurait tant souhaité qu'ils le fêtent ensemble…
Se savonnant, elle s'imagina aux côtés d'Harry, autour d'une table dans le jardin des Weasley, fêtant sa majorité auprès des personnes qui lui étaient chères. Puis elle tourna la tête vers la porte de la salle de bain qu'elle aperçut à travers les vitres de la cabine embrumée.
Du moins, elle le fêtera avec le garçon dont elle était follement amoureuse. Le simple fait d'être auprès de lui, en ce jour particulier, lui suffisait. Un rictus distrait fleuri sur ses lèvres en se remémorant cette journée sur le Chemin de Traverse, il y a seulement deux ans de cela.
