Ça chie ! XD


Chapitre 408 : Fight

Nous sommes cruellement en manque de contacts physiques, Rollo et moi.

Mais ce court séjour en forêt demeure une très belle expérience. Amenée à se reproduire à la fermeture de la chasse.

J'aurai beaucoup aimé voir de quelle manière il se débrouille à la chasse, face à un gibier aux abois. De ce qu'en racontent ses camarades, il demeure d'une précision aussi vive que létale.


"Tu as tellement de facettes..." reposant dans ses bras après l'amour, jouant avec sa main.

Il commence réellement à se sentir très à l'aise lors de nos échanges, faisant preuve de belles initiatives et d'attentions redoublées à mon égard.

"Je me plais de noter que tu n'as pas retenu la plus... irrévérencieuse de toutes." faisant référence à son côté profondément hargneux et opiniâtre.

"Si tu avais continué sur le registre de nos débuts, jamais je ne t'aurai regardé."

"Je n'étais pas digne d'autre chose que tes insultes, ma jolie fleur."

"Je peux te poser une question ?..."

"Hmm ?"

"Qui est Moddo ?..."

Je sens son corps entier crisper à l'évocation du prénom. Il met un certain temps à répondre et le fait sur un soupir. "C'était... mon petit frère."

"Oh..." réalisant qu'il lui est arrivé malheur vu qu'il emploie l'imparfait pour en parler.

"Il lui est arrivé... quelque chose d'épouvantable. Qui a mis ma famille à genoux."

"Tu souhaites... m'en parler ?..." encourageante.

"Moddo s'est éveillé à la magie très jeune. Il a commencé à faire apparaître des étincelles magiques... elles le captivaient. Mais il en voulait davantage. Il a fini par faire naître d'immenses flammes sans pouvoir les contrôler. Elles ont eu raison de lui... et j'étais là... je ne pouvais rien faire..." trémolos commençant à affecter sa voix d'ordinaire posée.

Il a vu... son frère brûler vif ?

Je me retourne sur le ventre, le fixant.

"Quel souvenir... terrible." secouant la tête. "Dont on ne sort pas indemne."

"L'ironie est que... des années plus tard, j'ai hérité de la même magie... que j'ai pu contrôler." sur une moue écœurée. "Je me fais horreur parfois... je déteste l'utiliser. Si je pouvais la renier..."

"Hey... tu n'y es pour rien." caressant son visage crispé. "Et le gamin dans la rue l'autre jour t'a rappelé Moddo ?..."

"Oui. Il était si... insouciant... mais la magie l'avait, en un sens, déjà corrompu."

Je lui accorde un baiser aussi doux que réconfortant. "Je comprends. Et je compatis. Souvent, face à la mort, il nous semble ne pas être à la hauteur."


Je passe quasi tous les obstacles sans heurt jusqu'au dernier où un refus net manque de me faire basculer par-dessus l'encolure.

Rires à l'orée des bois. "Ton fils est décidément un petit farceur !..."

"Rook !" ravie de le revoir.

"Princesse." accompagné d'un mouvement galant de son chapeau à plume.

Séparés par la balustrade, nous tentons un baiser - Na'ir ne tient pas en place !... - qui avorte.

"Ta mission s'est bien passée ?"

"J'en suis sorti vivant." laconique, toujours très discret au sujet de ses activités pour Pomefiore.

"Tu me laisses me doucher ?..." sachant que la cabane qu'il occupe ne possède pas l'eau courante.

"Je voyage depuis ce matin, Princesse. Autant dire que je ne suis pas des plus frais non plus." me faisant sauter la case douche.


Nous cheminons jusqu'à la cabane enfoncée dans les bois, y libérant nos montures.

Nous y entrons, bras dessus bras dessous, nous souriant.

Je peux demander tous les registres à Rook : la douceur sucrée, la force de la pomme mentholée, la sauvagerie du Chasseur.

Il ne me demandera pas, si ce n'est pas plaisanterie ou par jeu, où j'en suis avec Rollo.

Il s'en contrefiche. Ce qui l'intéresse ce sont nos moments. Et lorsque nous y sommes, il ne laisse aucune pensée parasiter l'instant. Le Chasseur de Pomefiore a toujours été très clair dans sa tête et organisé dans ses pensées. Rook est solide d'épaules.

Nous prenons une petite infusion parfumée, laissant la tension monter entre nous, nous racontant nos journées.

Il ajourne ainsi de se présenter à sa reine pour rendre compte du succès de sa mission, me cédant la priorité sur ses devoirs - ce qui, évidemment, n'est pas du goût de Vil !...

Mon revers glisse le long de sa joue glabre. Il est beau. Magnifique, même. Blond comme les blés roux. Des yeux aux iris émeraudes, taillés en amandes.

Il attrape ma main pour la baiser.

"Debout, Rook." directive.

Il pousse le tabouret et se lève. Je m'invite à genoux devant lui, paumes passant à l'arrière de ses cuisses, partant des genoux, remontant jusqu'aux fesses galbées que je masse, lui offrant un tournis incomparable, menton levé, souffle lui échappant. "Princesse..."

Écartant le cordage à pompons qui orne sa large ceinture sombre, j'y frotte la joue, visage contre le pli de son manteau court, l'érigeant immanquablement, faisant pousser en lui un désir fou.

Gants retirés, il égare les doigts dans mes cheveux, s'emparant de la pince qui les retient.

"Lève-toi, Princesse. J'ai terriblement envie de t'embrasser."

Je m'exécute et le baiser qui suit tient lieu de remerciements enflammés.

Il y place une belle ferveur, langues allant se saluer après des semaines d'absence.

Nos geignements éclatent, corps pressés l'un contre l'autre avec avidité.

"Par derrière, Rook." commençant à le défaire.

"A ta guise, ma Beauté."

Il me défait de l'essentiel puis hisse une de mes jambes pliée sur le plateau de la table, m'ouvrant ainsi à lui, croupe offerte.

Il butine l'entrée du doigt, flattant toute mon anatomie, appelant la moiteur qui lui permettra de coulisser à sensations en moi.

Lové sur moi, paumes à plat sur la table, il bouge à plaisir, alternant les rythmes, faisant vaciller nos souffles et monter les sensations jusqu'à l'orgasme éblouissant, salué à voix pleines.


Au lit, nus, drap nous recouvrant jusqu'aux hanches, nous nous regardons en souriant, ma main se levant pour aller caresser sa tempe et sa joue.

"Je t'aime, Rook."

"Moi aussi, Princesse."

Rook ne boude jamais ses sourires.

"C'était une folie que de vouloir... mettre fin à notre relation." faisant référence à ma décision passée.

"Je n'ai jamais cessé de penser à toi, Princesse. En essayant de ne point t'en vouloir d'être passée à autre chose. Avec plus ou moins de succès, d'ailleurs."

Je passe sur le ventre sans rompre le contact visuel. "Tu penses que c'est aussi grisant parce que... cela va à l'encontre de ce qui est attendu de nous ?... Comme Roméo et Juliette ?..."

Il rit. "Je ne sais qu'une chose, Princesse : je demeure parfaitement incapable de te résister."

Je me rapproche, collant mon corps au sien. "Encore, Rook." lui manifestant mon appétit.

"Tout ce que tu voudras, Princesse."

Je jette le drap jusqu'aux genoux, dévoilant mon sexe, écartant les jambes.

Il me gratifie alors d'une magnifique et pour le moins triomphante cajolerie buccale, me rendant à nouveau apte à le recevoir avec les honneurs.


"Rook."

Aïe. Vu le ton glacial... ce qui suivra ne tiendra sans doute pas d'idylliques retrouvailles.

"Approche."

Une fois à portée, Vil avance la main, dans un geste vif, faisant chuter le chapeau à plume au sol, attrapant Rook par l'arrière de la tête pour l'approche et humer ses cheveux.

"Par le poison du grimoire, tu empestes la dinde à plein nez !..."

"J'allais de ce pas me doucher, ma reine, pour ne point chatouiller votre sens de l'odorat que je sais sensi..."

CLAC ! La gifle vient de tomber.

Vil soupire. Il a tout testé pour détourner son Chasseur de moi, sans succès. Oh, il pensait avoir triomphé en son temps... mais ce ne fut là qu'une brève illusion.

Son Chasseur. Le muscle de Pomefiore. Perdu. Pour une petit dinde au charme lui faisant de l'ombre !...

Vil attrape Rook par les pans de son manteau court. "Réveille-toi, Rook !" le secouant sans ménagement.

"Je l'aime, ma reine." tombe.

Vil abaisse sa main sur la bouche de son Chasseur, irrité par le blasphème qui vient de quitter ses lèvres.

"Assez."

Rook écarte la main de sa reine. "Je l'aime !" le dardant du regard.

"Rook." crispant la mâchoire, le désignant d'un index tremblant, rage montant en lui.


Je rentre tard. Il est évidemment là pour m'intercepter dans les écuries.

"Tu rentres tard. Te serais-tu perdue ? J'allais me lancer à ta recherche."

Je secoue la tête.

"As-tu soupé ?..." joignant son poing fermé dans sa main opposée - Rollo tient souvent cette position.

"Un peu plus et tu vas venir me border." rieuse - pas du tout amusée, en fait.

Il hausse le sourcil. "Je... En tant que... ahem... ton fian... ton bon ami, je me suis inquiété, voilà tout." rattrapant de justesse sa bourde.

"C'est bien aimable, Rollo, mais je suis rompue." ayant du mal à conserver les yeux ouverts.

"J'aimerai beaucoup que tu me signales tes allées et venues afin que je ne me fasse point de souci."

"Très bien, je te donnerai mon emploi du temps." n'en pensant évidemment pas un mot.

"Pourquoi... es-tu si rude à mon égard ? Aurais-je dû regagner ma chambre et y travailler sans me soucier de ton sort ?"

"Non mais Rollo tu ne vas pas lancer un avis de recherche à travers toute la cité chaque fois que je quitte Noble Bell." passablement agacée.

Il renifle, blessé.

"Je suis une grande fille, tu sais."

"Je trouve cela naturel de m'inquiéter pour toi. Après tout... ne sommes-nous point en couple, à présent ?"

Je hausse les épaules. "Nous partageons une relation, certes. Mais en couple, non." ramenant la selle hors du box dont il n'hésite pas à se saisir pour me dégager de ce poids, profitant de la proximité que cela implique.

"Me fuierais-tu ?..." suspicieux.

"Je suis épuisée, Rollo. Je me suis entraînée à l'obstacle toute l'après-midi. Comme Na'ir, je rêve d'une bonne ration et d'un lit. Pas d'être sermonnée."


Il n'a pas digéré que je l'évince de cette façon la veille. Aussi, toute la journée, nous nous sommes prodigieusement évités et ignorés.

Et évidemment, le soir venu, il est parvenu à débusquer mon petit manège, me regardant quitter l'enceinte de l'établissement, grimpant habilement sur le dos de son animal pour me suivre en douce.

Pas de bol pour lui, son aura est si crépitante que je parviens à le prendre au piège au détour d'une ruelle.

"Comme au bon vieux temps, pas vrai, Rollo ?" lui faisant face avec Na'ir.

Il plisse le regard, inquisiteur. "Qui vas-tu rejoindre en cette heure fort avancée de la nuit, dis-moi ?"

"Je ne t'appartiens pas, Rollo."

"Je vois. Tu n'as jamais cessé d'être la dévergondée de tes débuts, n'est-ce pas, Rachel ?"

Je me place à sa hauteur. "Eh non, que veux-tu, mon brave Rollo."

Mouchoir. Révulsion totale. Un peu plus et son souper lui remonterait en bouche !...

"Me serais-je... trompé à ce point sur ton compte ?..." presque ébahi.

"Toi, tout ce qui t'importe, c'est emprisonner les gens et leurs émotions. Regarde ce que tu as fait des tiennes, mon pauvre Rollo..." cruelle.

Une incrédulité totale marque ses plis. "Comment... oses-tu ?... Je t'ai tout donné de moi..."

"Je pense plutôt t'avoir rendu service, Rollo." évoquant clairement son récent dépucelage.

"SORCIÈRE ! ARRIÈRE DE MOI !" faisant se cabrer Satan, profondément blessé, secoué de rage.

Le crépitement de son aura s'intensifie. S'il pouvait... se l'autoriser !...

Il récupère ma bride. "RENTRE IMMÉDIATEMENT !"

Na'ir libère la rêne d'un coup de tête qui manque de faire chuter Rollo de son animal.

"T'es vraiment un grand malade, Rollo !" filant dans la nuit.


Il regagne sa chambre, vidé. Excédé. Profondément irrité et contrarié.

Il cavale alors jusqu'aux sanitaires, soulève rapidement abattant et lunette pour se vider copieusement l'estomac ! Son repas entier y passe.

Jambes flagellantes, il regagne son lit, se tenant l'estomac qui accuse les derniers spasmes à vide.

"SOR... CIERE ! DÉMONE !" entre deux quintes, sourcils furieusement froncés, pli de bouche mauvais, décidé à m'en faire baver au maximum !... "Je vais t'envoyer au diable en usant de mes propres flammes !"

Il rumine ainsi sa vengeance durant une bonne partie de la nuit, mettant sur pieds un plan absolument machiavélique. Du reste, il n'a aucun mal à m'imaginer en train de roucouler dans les bras d'un autre homme.


La chasse est en train de très mal tourner. La bête, un puissant sanglier mâle, zigzague tant qu'il échappe aux balles. Il fonce droit sur Rollo !

Ce dernier arme mais la distance qui les sépare est si réduite qu'il ne disposera guère du temps nécessaire pour ajuster et tirer !

Une flèche vient alors se ficher à l'arrière de l'animal, évitant ainsi l'armure, lui perforant les reins, le faisant hurler et s'affaisser, déviant sa course au dernier moment.

Rollo est à bout de souffle, complètement shooté à l'adrénaline, tempes frappant fort !...

Rook apparaît. "Mes hommages, Messieurs." soulevant son élégant chapeau à plume. "Je dois avouer qu'il était du genre coriace, celui-là."

Rollo fixe cet homme qu'il n'a jamais croisé avant. La course de son palpitant est telle qu'il peine à pouvoir aligner deux mots.

"Qui... êtes-vous ?..."

"Merci, pour commencer ?" se posant sur un genou pour examiner la carcasse. "Je ne saurai que trop vous conseiller de cibler les laies la fois prochaine. Le mâle de plus d'une centaine de kilos étant à réserver aux chasseurs expérimentés."

"Pour qui... me prenez-vous ?!" se sent immédiatement piqué Rollo.

"Si je n'étais pas intervenu, il vous aurait percuté de plein fouet. Dois-je vous signifier vos chances de survie face à une telle charge, Monsieur ?"

"Messire Flamm est un excellent chasseur !" s'insurge Arpajon.

Rook se redresse. "Messire Flamm, uh ? De la très prestigieuse école Noble Bell ?"

"Absolument ! Alors un autre ton, je vous prie !" s'agace le même.

Rook se plante devant Rollo. "Le distingué tyran."

Rollo hausse le sourcil. "Plaît-il ?!"

"Il n'y a pas vraiment de quoi se vanter." ricane presque Hunt.

Le voilà, ce fameux rival !... Ha ! Rook s'amuse franchement de cette rencontre pour le moins inopinée.

"Messire Flamm est..." s'avance Malaspina.

Rollo l'écarte d'un bras tendu. "Assez, Malaspina. Si Monsieur a quelque chose à dire, qu'il le fasse."

"Généralement, j'évite de croiser le chemin des brutes épaisses." ajustant son carquois.

"M'avoir sauvé la vie ne vous autorise pas à de tels excès de langage, Monsieur." grimace Rollo.

"La vérité a en effet tendance à tacher."

"Messire ! Provoquez-le en duel !" se fâche Bardi qui assiste également à la scène.

"J'accepterai des excuses, si vous me les présentez. Au nom du geste que vous venez d'accomplir en ma faveur." déclame Rollo.

Rook plisse le regard, partant dans un petit rire solitaire. "Pour me voir ramper, il faut bien davantage qu'une simple menace. Votre place se trouve dans le coton et la soie, Messire, point dans les bois."

"En voilà assez !" lui balançant son gant au visage. "J'exige réparation !"

"Et je vous l'offrirai bien volontiers. Votre lieu sera le mien. Je vous laisse même le choix des armes."

"Quel effronté !" s'insurge Malaspina. "Messire Flamm, vous allez plier ce malappris !"

Rollo est pour le moins retourné. Non qu'il craigne pour sa vie mais cette façon de provoquer vient de lui rappeler étrangement la mienne.

Son poing se serre à s'en faire blanchir les jointures.


Il entre avec fracas dans ma chambre, claquant la porte derrière lui.

Je hausse le sourcil. "Frapper est en option ?..."

Il abat ses paumes sur le plateau en bois du bureau, y faisant sauter tout le matériel qui s'y trouve. "Est-il blond ?! Porte-t-il les armoiries de Pomefiore ?!"

Je le fixe. "Qui ?"

Il saisit mon menton en tenaille, profondément excédé. "RÉPONDS !"

Je me défais de son emprise, passant derrière le dossier de ma chaise.

"Sors d'ici !" lui indiquant la porte.

"Pas avant d'avoir obtenu mes réponses." croisant les bras, index se soulevant furieusement pour frapper en rythme l'étoffe de sa manche opposée, nerveux et froncé.

"Toujours aussi intrusif, n'est-ce pas, Rollo ?!"

"C'est Messire Flamm." grimacé.

"Oh bien sûr, pardon, Messire Flamm !... Doit-on également retourner au vouvoiement ?!"

"Tu es... aussi possédée que lui." me fixant avec dédain, en oubliant son précieux mouchoir tant la rage lui ceint les reins. "RÉPONDS !" frappant à nouveau du plat des paumes sur le plateau massif du bureau. "Est-ce lui que tu rejoins toutes les nuits ?! Ah, tu t'es bien joué de moi, garce !"

Son sourire affiche quelque chose d'aussi dangereux que malsain. "Je te conseille de bien profiter de lui. Oui. Profite bien de chaque minute en sa compagnie, belle catin !" glissant les doigts le long de ma mâchoire, la sienne crispant à en faire sauter le masséter.