Hello à tous ! Eh oui, me voici de retour :) je suis désolé pour ces mois d'absences. Je penses que vous comprendrez parfaitement que nos vies sont bien remplies et que parfois, la fanfiction passe au second plan. Toutefois, j'espère pouvoir publier plus régulièrement, maintenant que les vacances sont en passe de commencer et vous faire profiter de cette histoire.

Enjoy :)


31 Juillet 1992

- Alors qu'est-ce que tu en penses ?

Dorea et Goderic étaient installés tout deux face-à-face, une table en pvc rouge, dans un fast-food moldu. Dorea finit de mâcher son hamburger et puis avala, fermant les yeux de ravissement.

- C'est vraiment trop bon ! C'est le meilleur anniversaire de tous les temps ! s'exclama la jeune fille en saisissant une frite dans le paquetage rouge et jaune. Comment ça s'appelle déjà où on est allé voir ces images sur le grand écran ?

- Un cinéma, répondit le père.

- Trop bien ! répéta-t-elle enthousiaste en croquant de nouveau dans son BigMac.

- Tu devrais ralentir Dott'. Mrs Patmore nous a promis un festin ce soir, suggéra le Lord en contemplant sa fille prendre une bouchée de plus.

- Tu lui as dit que l'on mangeait ici, cet après-midi ?

- Certainement que non ! Je tiens un minimum à ma vie…

Dorea s'esclaffa puis attrapa un nugget dans l'assiette de son père.

- Tu sais quoi, on pourrait faire un pacte ? proposa la rousse

- Quel genre de pacte ?

- Eh bien, je suggère que l'on se retrouve ici même, le jour de mon dix-septième anniversaire. Et que l'on fasse la même sortie. Cinéma, McGo…

- McDo, corrigea Goderic.

- C'est ça !

- Je note donc, que le trente-et-juillet mille-neuf-cent quatre-vingt-dix-sept, nous serons, ici même, au McDonald's de Shaftesbury Avenue, à Londres, à – il consulta sa montre – deux heures et trente et une minute, en train de manger un Maxi BigMac, des frites et des nuggets à la sauce barbecue.

- Et n'oublie pas le cinéma !

- Et le cinéma, en effet, sourit affectueusement l'homme.

Ils s'empoignèrent la main concluant le marché qu'ils venaient de convenir puis continuèrent à manger.

0o0

Dorea s'habillait silencieusement sous l'œil contemplatif de Drago, lui-même enfilant un t-shirt.

- Tu m'as l'air pensive ? dit Drago en s'installant sur le lit, attrapant ses chaussures posées juste dessous.

- Mmmh ? fit-elle en portant son attention sur lui. Euh… peut-être, ajouta-t-elle en boutonnant sa robe-chemise.

- Et je peux savoir à quoi tu penses ?

- Rien d'important, éluda-t-elle en s'avançant vers la porte. On se rejoint dans le parc, j'ai besoin de prendre l'air.

Puis elle sortit sous le regard interloqué du blond.

Dorea descendit en direction du hall, décidée à faire l'impasse sur le petit-déjeuner. Alors qu'elle atteignait le salon du deuxième étage, elle rencontra Narcissa et Lucius Malefoy, qui cheminaient justement vers elle et en pleine discussion. Ils ne l'avaient toutefois pas encore remarqué. Discrètement, elle passa son chemin et alors qu'elle posa un pied sur la première marche des escaliers menant au hall d'entrée, la mère de Drago la héla.

- Dorea ? Que faites-vous ici ? Ne devriez-vous pas rester couchée ?

La rousse grimaça puis pivota sur ses talons pour faire face au couple. Elle nota que Lucius Malefoy avait légèrement meilleure mine. Il s'était, pour une fois, rasé et avait rassemblé ses longs cheveux blonds en catogan. Quant à son épouse, bien que toujours aussi élégante, il était évident, par les cernes masquant ses yeux de glace, qu'elle avait bien trop abusé de la potion de sommeil sans rêve. Trop utilisée, cela pouvait devenir nuisible pour la santé.

- Euh… le professeur Rogue m'a autorisé à me lever, dit-elle en entrecroisant ses mains derrière elle et remontant les deux marches qu'elle avait déjà descendu.

- Et pourquoi nous ne vous avions pas vu au petit-déjeuner ce matin ?

- Je… je n'ai pas faim Mrs Malefoy, répondit Dorea en détournant ses prunelles pour fuir le regard scrutateur de Lucius Malefoy.

Elle entendit Narcissa inspirer puis expirer lourdement. Relevant la tête, elle la vit avancer mesurément vers elle.

- Dorea, amorça-t-elle avec une certaine fermeté, bien que je conçoive parfaitement qu'il peut être pénible de s'alimenter dans un contexte tel, il n'en demeure pas moins que votre santé physique commence à me préoccuper.

La jeune femme fronça des sourcils et entrouvrit la bouche. Ce fut cet instant que Drago choisi pour débarquer.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il en ralentissant le pas alors qu'il découvrait la scène qui se déroulait devant ses yeux.

- J'expliquais à ton amie qu'il était nécessaire qu'elle mange au moins un repas décent dans la journée, dit Narcissa à l'adresse de son fils. Ce qui apparemment, vu son état, n'est pas chose faite.

- Et je me complairais à ajouter, que cela nous plaît moyennement que vous dormiez tous les deux dans le même lit, intervint Lucius de son ton dédaigneux.

- Je signale que nous ne faisons rien de mal et combien même, nous sommes tous les deux majeurs, dorénavant, père. Donc on fait ce que l'on veut, quand nous le voulons, répondit Drago avec une certaine provocation.

Le père et le fils se dévisagèrent et une veine palpitante apparue sur la tempe de Lucius alors qu'il contractait la mâchoire sous le joug de la colère qui croissait en lui. Drago, face à lui, resta de marbre, enfonçant néanmoins ses mains dans les poches de son pantalon, signe de sa nervosité.

- Je n'approuve pas cette relation, murmura Lucius entre ses dents. Vous le savez autant l'un que l'autre. Toutefois, je peux accepter que tu te distraies pendant un temps avec une fille comme… Artwood, avant de te ranger avec une femme qui en vaut vraiment la peine. Seulement, je te rappelle, mon fils, que vous êtes encore tous deux sous mon toit. Et vous vous devez de respecter certaines règles, majeur ou non.

Drago haussa un sourcil, l'air arrogant puis s'approcha lentement de son père, la menace se reflétant à travers ses orbes grises.

- Sous votre toit ? répéta-t-il avec un bref ricanement moqueur. Mais quel toit, père ? Vous vous êtes couchés devant le maître, à peine, eut-il posé un pied ici. Donc je considère à présent que notre maison de famille n'est qu'un repère de mangemorts et d'assassin en puissance. Et tout ça, grâce à vous. J'espère que vous en êtes fier ?

- Ne me parle pas ainsi, je suis ton père, Drago, lapa Lucius.

- Drago…, intervint Dorea.

- IL N'A AUCUNE DIGNITÉ ! hurla brusquement le blond.

Dorea jeta un regard apeuré vers la porte de la salle à manger à l'autre bout du salon, mais Narcissa la rassura en lui faisant comprendre, d'un signe de tête, que le Seigneur des Ténèbres, ne s'y trouvait heureusement pas.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ?! rétorqua Lucius, véhément à son tour.

- J'ai dit que vous-n'aviez-aucune-dignité, répéta le blond en détachant chaque mot.

- Espèce de petit con arrogant. Ta mère t'a tout passé jusqu'ici, mais crois-moi, ça va changer.

- Et vous, vous n'êtes qu'un assass…

- STOP ! brama Dorea.

Tous les regards se tournèrent vers elle. Un silence de plomb tomba soudain dans les lieux, tous fixant la rousse avec une stupéfaction manifeste. Cette dernière se rendit compte que ses joues rougies devenaient humides de larmes et son bras commençait à tressauter sous le coup de l'infinie tristesse qu'elle éprouvait.

Sentant qu'elle n'allait pas tenir longtemps, elle fit soudainement volte-face et dévala les marches pour se rendre à l'extérieur et courir en direction de l'entrée. Le portail s'ouvrant à son approche, elle le franchit, alors que Drago la talonnait tout en braillant son nom derrière elle. Et avant qu'il ne la rattrape, elle transplana subitement.

0o0

La jeune femme atterrit dans une ruelle quelque peu sombre, mais dont le soleil au-dessus d'elle projetait une douce luminosité. Elle se redressa alors, pleurant réellement à présent et tenta d'essuyer ses yeux larmoyants. Mais ses épaules se secouèrent, prise d'un sanglot qu'elle ne put retenir. Elle se cala contre le mur de briques derrière elle, ferma les yeux tandis que les larmes glissaient le long de son visage.

Elle resta ainsi durant plusieurs secondes, ou même minutes, elle n'en savait rien et en outre, elle n'avait rien à faire du temps qu'elle pouvait rester dans cette ruelle. Tout ce qu'elle avait souhaité, c'était fuir ce maudit manoir et ces maudit Malefoy, Drago inclut.

Il ne se rendait même pas compte de la chance qu'il avait… deux parents aimants, en vie et relativement en bonne santé. Bien que Lucius Malefoy soit ce qu'il est, il était clair qu'il aimait son fils et sa femme plus que tout. Cela se voyait dans son regard, son attitude… Il avait l'air de regretter amèrement ses actes passés. Elle s'en était aperçue à force de le côtoyer quotidiennement. Il ne buvait pas pour oublier, mais seulement par amertume et tristesse d'avoir perdu le respect des deux seules personnes qui comptaient véritablement pour lui. Pas qu'elle avait pitié de lui, mais elle comprenait davantage la complexité des sentiments de cet homme. Et Drago lui ressemblait tellement… Il ne s'en rendait même pas compte.

Oui, elle avait éprouvé le besoin de s'éloigner d'eux. Au moins quelques heures, et de cette tension apparente qui électrifiait l'atmosphère entre le père et le fils. Elle n'avait pas besoin des remarques acerbes du père à son encontre et des insultes provocantes du fils pour cette journée particulière.

Elle rouvrit les yeux, sa poitrine, saisit par des spasmes tandis qu'elle tentait d'inspirer et d'expirer pour se calmer. Reniflant puis essuyant les dernières larmes qui s'échappaient encore, elle exhala un souffle pour se donner du courage et sortie enfin de sa cachette.

La jeune femme se retrouva alors dans une grande rue où plusieurs passants moldus déambulaient en ce matin de la fin juillet. Certains sortaient d'une épicerie, d'autre entraient dans le bureau de poste ou encore quelques-uns s'arrêtaient devant le kiosque à journaux.

Il était étrange de voir comme les habitants de Loutry-Ste-Chaspoule ne se doutaient pas qu'une guerre était en train de ravager l'autre monde. Et se retrouver parmi ces gens, tout ce qu'il y a de plus banale, menant une vie tout à fait ordinaire, lui fit du bien et l'allégea de ses soucis pendant qu'elle se dirigeait vers l'extérieur du village.

Elle longea une route terreuse aux abords d'un champ puis au bout de vingt minutes de marche, alors qu'elle tournait sur sa droite, la maison des Weasley, le Terrier, apparut derrière les hautes herbes qui surmontaient le marécage.

À l'approche du domaine, elle sentit instantanément un champ de force la ralentir. Toutefois, elle put s'avancer jusqu'au portail.

Lentement, son regard se dirigea vers la fenêtre de la cuisine où elle aperçut une table remplie de personnes, pour la plupart aux cheveux roux. Elle parvient à distinguer, Ron, puis Ginny, Bill, Fleur, les jumeaux, Arthur qui se trouvait en bout de table et lisant la Gazette avec concentration. Elle vit également Hermione, et quand elle glissa son regard sur la droite, reconnaissant aussitôt Harry, son cœur cessa de battre.

Il avait l'air en bonne forme et… heureux. Les larmes se remirent à couler sur ses joues, souhaitant ardemment les rejoindre. Elle voulait, en ce jour singulier, être à ses côtés. Être à cette table, en train de discuter de tout et de rien avec Ron et Hermione. D'être excitée à la perspective d'assister au mariage de Bill et Fleur, ou encore de déguster les délicieux plats de Molly.

Mais c'était utopique. Elle avait fait un choix. Et bien qu'elle ne le regrettât aucunement. Bien que Drago fût exceptionnel avec elle depuis son arrivée au Manoir, il ne remplaçait pas l'amour d'une famille. Chose que son frère était entouré en cette journée singulière. Et c'était tant mieux. Il le méritait tellement…

Sa vision, bien que floutée par les larmes incessantes, fut barrée par Molly qui se posta devant l'évier tout juste devant la fenêtre. C'est alors que la matriarche releva le regard et devint soudainement blême en se rendant compte de la présence de la jeune femme.

Cette dernière, prise au dépourvu, secoua vivement la tête avec une certaine panique et posa son index sur sa bouche pour lui signifier de se taire. Elle vit la mère de Ron poser une main sur sa poitrine, choquée et soudainement attristée. Dorea laissa échapper un autre sanglot, puis se retourna pour rebrousser chemin. Elle était contrainte de rentrer au Manoir à présent, elle n'était pas en mesure de s'absenter plus.

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Dorea pénétra de nouveau le Manoir, la tête plongée dans les pensées. Elle n'aperçut pas Drago en train de se précipiter vers elle, lui hurlant presque dessus pour lui demander où elle se trouvait, ni même le regard scrutateur de Narcissa Malefoy qui la suivit jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'angle des escaliers. Elle réalisa seulement qu'elle se trouvait dans sa chambre, lorsqu'elle s'enfouit sous ses draps, et d'un geste de main, ferma les volets, pleurant tout son saoul.

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Juste après le déjeuner, elle entendit la porte s'ouvrir puis se refermer doucement. Percevant le corps qui s'installait dans le lit, puis la prendre doucement dans ses bras, elle sut aussitôt qu'il s'agissait du blond.

- Tu ne vas pas bien, murmura-t-il avec un ton sans réplique.

C'était un constat, pas une question.

Dorea se tourna et enfouit son nez dans le col de la chemise du jeune homme.

- Je… je suis allé le voir ce matin, déclara alors Dorea.

Drago s'éloigna et fronça des sourcils.

- Tu as pris un risque énorme, souffla-t-il.

- Personne ne m'a vu, mentit-elle. Je désirais simplement le voir. Voir s'il allait bien, s'il était bien entouré.

- Et ça t'a fait du bien ?

Dorea fixa le jeune homme un instant, puis retenant tant bien que mal ses larmes, elle secoua le chef.

- Tu te fais du mal, dit-il en resserrant ses bras autour d'elle.

Il posa alors son menton sur le haut de son crâne tandis que la rousse sanglotait une nouvelle fois. Cela dura plusieurs minutes et il reprit la parole lorsqu'elle se calma quelque peu.

- Est-ce que tu es d'accord pour une sortie, ce soir, tous les deux ?

La jeune femme releva son regard embué et rougie vers le blond.

- Mais… - elle renifla, essuyant son nez d'un revers de bras – on… on a le droit de sortir ? Enfin je… je veux dire qu'il faut demander l'autorisation ?

- Nous avons l'autorisation de ma mère, ça suffit amplement. Nous sommes libres dorénavant, Dott'. Le maître te fait assez confiance pour que tu puisses aller et venir dans ce manoir. Tu n'es plus une prisonnière depuis un bon bout de temps.

- Mais… tu m'emmènes où ?

- Ça, c'est une surprise. Cependant, je veux que tu sois prête dans le hall à huit heures. On pourra considérer ce rencard comme notre premier rendez-vous, sourit-il.

- Ce n'est pas le premier rendez-vous que l'on a, dit Dorea en retrouvant légèrement de sa verve.

Il l'observa perplexe.

- Dans les cuisines, à Poudlard, après cet entraînement de Quidditch, il y a deux ans, précisa-t-elle.

- Parce que tu appelais ça un rendez-vous galant ? ricana Drago railleur.

- Ne te moque pas, dit Dorea en lui assenant une légère tape sur le bras.

Drago continua de rigoler puis redevint sérieux face à l'expression distraite de la jeune femme.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Demain, je serai marqué, dit-elle affligée.

- Tu n'es pas obligée, murmura le jeune homme.

- Si je le suis, rétorqua-t-elle un peu plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.

- Au moment où tu seras marquée, tu lui appartiendras totalement, insista Drago, la mine soudainement inquiète.

- Non… non, dit Dorea. Je ne lui appartiendrai jamais. Seulement, c'est le seul moyen de faire partie intégrante des mangemorts et de détruire tout ceci de l'intérieur.

- Dott'…

- Je t'en prie, ne tente pas de m'en dissuader. J'ai pris ma décision. Et je ne reviendrai pas dessus.

- Et après quoi ? Qu'est-ce que tu feras ? fit-il froidement.

- Drago, je n'ai pas le cœur à me disputer avec toi, soupira Dorea. Je n'en ai ni l'envie, ni la force.

La jeune femme reposa sa tête sur le torse du garçon et se cala sur la respiration pesante de ce dernier.

- Tu es prête ?

- Je crois que oui…

- Alors je te suis, je te fais confiance, ajouta-t-il d'une voix assurée.

- Je te remercie.

0o0

Dorea s'observait à travers le miroir et prit conscience de son changement physique. La robe même, alors qu'elle se devait d'épouser ses formes, lui flottait au niveau de sa poitrine, de sa taille et de ses hanches… Elle était beaucoup trop maigre. Ses joues étaient creuses, son teint de porcelaine avait viré au blafard, et ses cernes bleutés soulignant ses pommettes saillantes lui donnaient l'air d'un cadavre. Même ses cheveux roux auburn, habituellement flamboyants, étaient ternes. La dernière fois qu'elle s'était retrouvée ainsi, c'était tout juste après son coma, après la mort de son père…

Soufflant de dépit, elle se détourna de son reflet et saisit son sac cuirassé qu'elle porta en bandoulière et sortit de la chambre.

Lorsque la jeune femme descendit les escaliers de pierre, constatant qu'en ce début de soirée, le Manoir était étrangement silencieux, elle vit, alors qu'elle débouchait sur le hall d'entrée, le jeune Malefoy l'attendre au centre de la pièce.

Pour l'occasion, il avait troqué son habituel costume noir contre un tuxedo qui le rendait particulièrement attrayant. La jeune femme, se sentit soudainement mal à l'aise face au charisme naturel du jeune homme, qui lui, contrairement à elle, paraissait plus ou moins en bonne santé. Ou du moins, il donnait le change.

À son approche, il se tourna vers elle et un sourire admiratif s'étira sur ses lèvres charnues.

- Tu es très belle, Dott', complimenta-t-il en l'observant de bas en haut.

- Euh… je te remercie, mais…

Elle baissa son propre regard vers sa tenue flottante et les yeux du jeune homme s'assombrirent.

- Tu restes toujours autant désirable à mes yeux.

Dorea sourit, ses joues se teintant légèrement.

- Mais il est clair que rester ici, devient dangereux pour ta santé physique et mentale, termina-t-il d'un ton austère.

Le sourire de la jeune femme s'effaça aussitôt. Drago lui tendit la main et elle la saisit, la chaleur de la peau du jeune homme la réconfortant instantanément.

Ils sortirent du Manoir longeant l'allée, leur pas crissant sous le gravier aux abords de la pelouse où les paons majestueux déambulaient de part et d'autre.

La grille s'ouvrit à leur approche et lorsqu'ils la franchirent, Drago serra un peu plus la main de la jeune femme entre la sienne.

Ils marchèrent encore quelques mètres, sortant du champ de force qui protégeait la propriété et enfin Drago s'arrêta pour se retourner face à elle.

- Prête ?

Elle opina du chef et n'eut le temps de relever le regard vers le jeune homme que déjà elle se retrouvait dans un étau étroit qui étirait tout son corps dans l'espace environnant. Ils atterrirent et pour le première fois, Dorea ne tomba pas sur le sol, signe que Drago avait beaucoup progressait en transplanage d'escorte.

Elle réalisa ainsi qu'ils se trouvaient dans une étroite ruelle, les bruits des voitures et des klaxons résonnant, non loin de là où ils étaient.

Drago, la maintenant toujours, s'avança vers l'immense avenue qu'ils apercevant à travers l'ouverture de la rue exiguë et Dorea découvrit qu'ils avaient atterri sur Pickadilly Circus. Les lumières de la place et surtout des écrans géants, les aveuglants soudainement. Ils étaient, pour ainsi dire, entourés de moldus, pour la plupart des touristes prenant en photo le Shaftesbury Memorial Fountain. Ils passèrent devant, traversant jusqu'au prochain passage piéton.

- Où est-ce que l'on va ?

- C'est une surprise, répéta le jeune homme en se tournant vers elle, l'expression enthousiaste.

- Aller, dis-moi, soupira Dorea.

- Je t'emmène dans un excellent restaurant.

- Sorcier ? Je supposais que tous les restaurants sorciers étaient sur le Chemin de Traverse.

Ils traversèrent le passage piéton puis longèrent un autre croisement menant sur Pickadilly avenue.

- J'aimerais un tant soit peu d'intimité avec toi. À peine, on posera un pied dedans, que l'on serait vu comme des pestiférés avec toutes les rumeurs qui traînent sur nous. Donc, non, je ne t'emmène pas dans un restaurant sorcier.

- Tu m'emmène dans un restaurant moldu ?! s'exclama Dorea écarquillant les yeux.

Ils s'arrêtèrent enfin devant une devanture d'un restaurant italien, où le prosciutto et le grana padano étaient fièrement exposé en vitrine. Derrière, on pouvait apercevoir une salle de restaurant, tout ce qu'il y a de plus élégant. Les tables aux nappes blanches et la clientèle habillée élégamment prouvaient le grand nom de l'institut dans le monde moldu.

- Comment tu connais un restaurant, italien de surcroit, et moldu ? demanda Dorea en fronçant des sourcils

- Je te signale que j'ai tout de même quelques notions dans le monde moldu.

Dorea haussa un sourcil dubitatif et Drago relâcha les épaules.

- Si tu tiens à tout savoir, lorsque mon père était en voyage d'affaires pour des transactions, de je ne sait quel type, ma mère m'emmenait fréquemment ici, lorsque j'étais petit. C'était en quelque sorte… notre petit secret.

- Ta mère ? répéta la rousse abasourdie, n'en croyant pas ses oreilles.

- Elle n'a jamais été réfractaire à la culture moldue, elle trouve simplement qu'ils manquent de savoir vivre. Mais il serait dommage de se passer d'un aussi bon repas, parce qu'on ne peut pas se les pifer.

- Dis ça à ta tante, ou même à lui, je suis certaine que c'est eux – elle esquissa un signe de tête vers les clients dans la salle de restaurant – qui servirai de repas à Nagini.

- Bon, tu veux rentrer, oui ou non ? Je pensais que ça allait te plaire ? s'impatienta le jeune Malefoy.

- Ça me plaît Drago, c'est une très délicate attention, dit Dorea d'un ton précipité.

- Mais…

Dorea se mordilla nerveusement la lèvre et détourna son regard en direction de Shaftesbury Avenue où l'on pouvait apercevoir la devanture d'un autre type de restaurant. Elle reporta alors son attention vers le blond et tritura ses mains.

- À dire vrai, mon père et moi avions un pacte, révéla-t-elle dans un demi-murmure.

- Explique ? demanda-t-il avec une certaine curiosité.

- Eh bien, il était convenu, que le jour de mes dix-sept ans nous irions tous deux au McDonald's et au cinéma. Mais… c'est stupide, ajouta-t-elle devant la mine perplexe de son petit ami. Je n'avais que douze ans et j'ai évolué depuis.

Drago fixa la jeune femme et comprit à cet instant, que même si elle avait évolué, comme elle le disait, ce pacte, fait avec feu Lord Goderic, était plus important que tout en ce jour si particulier. Il réalisa pourquoi la jeune femme n'avait cessé de pleurer depuis le matin même.

Il soupira puis saisit de nouveau la main de la rousse et se dirigea vers l'autre côté de la place.

- Mais qu'est-ce que tu fais ?

- Nous allons respecter ce pacte, dit alors Drago. Du moins la première partie.

Dorea ne put s'empêcher de sourire et suivit le jeune homme, son humeur s'allégeant quelque peu.

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Ils s'installèrent à une table, rouge et jaune, et Dorea, quelque peu amusé, vit Drago observer les alentours, plissant le nez, légèrement réfractaire aux lieux.

- Il n'y a pas de serveur ici ? questionna-t-il en se penchant au-dessus de la table, à l'adresse de la rousse. On a même été contraint de se placer seul, tu te rends compte ?!

Dorea n'eut le temps de répondre, qu'un employé passa devant eux. Drago en profita pour le héler.

- Ah serveur, s'il vous plaît. Pouvez-vous m'emmener deux menus et la carte des vins.

L'employé, habillé d'une casquette et d'un tablier noir, sur un uniforme blanc et rouge, dévisagea le blond stupéfait, puis répondit.

- Je crois que vous vous êtes trompés d'enseigne Monsieur. Et puis avez-vous vingt-et-un an pour consommer de l'alcool ?

- Bien sûr que non, j'en ai…

- Vingt-deux ! s'exclama Dorea interrompant le blond. Mais ne vous inquiétez pas, nous allons nous débrouiller.

L'employé les observa l'air suspicieux, puis finalement repartit en direction des cuisines qui se trouvaient derrière les comptoirs.

- Drago, nous sommes peut-être majeurs dans le monde sorcier et consommant de l'alcool depuis nos quatorze ans…

- Treize pour moi, rectifia le blond agacé.

- Treize, si tu veux, mais dans le monde moldu, ça ne se fait pas. Il s'avère nécessaire de montrer une carte d'identité.

- Mais tu as vu comme il m'a parlé ?! s'outra le jeune homme en pointant son pouce en direction des fourneaux derrière eux. Ça à l'air d'être un piège à touriste, partons.

Il amorça un geste pour glisser du banc et se relever, mais Dorea le coupa dans son élan.

- C'est un fast-food, expliqua-t-elle patiemment. C'est-à-dire que nous devons, d'après mes souvenirs, commander à la caisse qui se trouve juste là.

Elle indiqua, par-dessus l'épaule de Drago, des comptoirs où plusieurs employés tapaient sur des caisses enregistreuses alors que les clients donnés leur commandent.

- Attends, ne me dis pas que tu m'as fait abandonner une table dans l'un des meilleurs restaurants, si ce n'est le meilleur restaurant italien de la ville, pour commander vulgairement debout ?! s'exclama Dragp fortement, ce qui fit tourner quelques têtes vers eux.

- Contrôle-toi, je t'en prie, réprimanda Dorea entre ses dents. Bon, reste ici, je m'occupe de tout.

- Mais tu ne vas pas payer ?! protesta Drago outré. Je voulais t'inviter.

- Drago, dit Dorea en étouffant un ricanement, je préfère que tu m'invites dans un restaurant digne de ce nom, plutôt que dans une chaîne de fast-food. Sinon, tu vas amèrement le regretter et tu vas me le reprocher pendant des semaines.

- Mais tu as de l'argent moldu sur toi ?

Elle ouvrit sa sacoche et discrètement, jetant un rapide coup d'œil aux alentours, elle enfonça son bras pour trouver son portefeuille où elle sortit une carte bleue qui n'avait plus servi depuis un an déjà, lorsqu'elle était au Mexique.

- J'ai toujours de l'argent moldu sur moi, sourit-elle fièrement.

Puis elle se leva tandis que Drago s'avachit contre le dossier du banc.

0o0

Elle revint une dizaine de minutes plus tard, avec un plateau rempli de nourriture.

- Bon, j'ai pris un peu de tout : des frites, des nuggets, des hamburgers et ce que tu vois là, ça se nomme du coca.

- Le service est tout de même rapide, constata Drago en hochant la tête avec satisfaction. Par quoi je dois commencer alors ? fit-il en se frottant les mains avec enthousiasme.

Dorea s'esclaffa devant la mine enfantine du blond.

- Par ce que tu veux, répondit-elle allégrement. Tiens, tu vois – elle saisit le hamburger devant elle et croqua dedans, la sauce ketchup s'échappant et filant sur le coin de ses lèvres.

- Attend, tu en un peu là, dit Drago en montrant le propre coin de sa bouche.

Dorea, fronçant les sourcils et tenta de s'essuyer, mais du mauvais côté. Néanmoins, Drago se redressa et essuya son pouce sur le coin de sa bouche puis lécha son doigt, tout en se rasseyant. Il l'observa alors d'un tout autre regard, ce dernier s'assombrissant brusquement de désir. L'atmosphère légère qui y régnait se transforma subitement de quelque chose de chargée, voire électrique.

Dorea eut la sensation qu'une floppée de Billiwyg s'envolait dans son estomac et son bas-ventre se réveilla alors qu'elle contemplait Drago prendre son propre hamburger et croquer dedans à son tour.

Elle toussota pour se redonner une contenance puis sourit devant l'expression de plaisir du jeune homme.

- Alors ?

- Mais c'est super bon leur merde !

Dorea éclata de rire et continua à manger tout en pensant à son père qui devait certainement être ses côtés en cet instant même. Elle en était persuadée.