Son cœur n'en finit plus de balancer, muhahahaha !
Chapitre 410 : I saw magic in his eyes...
Je retrouve les bras de Rook avec délectation.
J'aime la cabane toute simple et sommairement aménagée dans laquelle nous nous rendons et qui n'attend que nous pour chanter une ode à l'amour.
L'odeur tenace de pomme mentholée me monte à la tête telle une drogue douce. La fragrance est entêtante, subtile. Il lui arrive aussi de sentir la mousse végétale qui lui a servi de lit la veille.
Je commence toujours par la ceinture en cordeaux à pompons puis je défais la suivante ; plus large et sombre, enserrant son manteau, joliment terminée par un gros nœud décoratif sur l'arrière. Le manteau est en pure laine vierge, ce qui le rend lourd.
En dessous, il porte un haut près du corps, à col clair, que je déboutonne, m'offrant enfin l'accès à son torse si agréablement bâti, aux boutons de seins pales, pointes réactives à mes attentions.
Puis mes doigts deviennent moins sages et vont se glisser dans la ceinture du slim.
Son ventre creuse, son souffle se raccourcit. Il attrape mon visage entre ses paumes pour un baiser fervent. "Princesse... rends-moi heureux."
Mes revers remontent le long de ses flancs, lui arrachant le frisson sur un sifflement entre ses dents serrées, terminé par un sourire doux. "Ouiiii... comme ça, Princesse." sensible à mes attentions, corps commençant à s'éveiller.
"C'est un plaisir de te faire plaisir, Chasseur." mains partout sur son torse avant de plonger à nouveau dans le pantalon, ouvrant le devant, me saisissant de son érection naissante pour la mener à son apogée, bouche allant saluer chaque sein, en érigeant la pointe tandis que je le caresse des deux mains, lui faisant atteindre des sommets de sensations, appuis en vacillant presque s'ils n'étaient pas soutenus par une efficace mais discrète musculature du fait de son métier en extérieur.
Je relève le visage vers ses traits extasiés. "Embrasse-moi, Chasseur."
Ses baisers sont enivrants, sensuels, passionnés ; il en possède définitivement un art riche et raffiné.
"Encore, Chasseur..." m'en délectant.
Il se tient là, à moitié nu devant moi, m'embrassant.
Puis nous finissons sur le lit, totalement privés de nos vêtements, savourant le soyeux de nos peaux glissant l'une contre l'autre, brûlantes.
"Oooooh..." délecté. "Princesse... je t'aime tant..." me souriant avant de prendre ma bouche, plein de mille attentions.
Petite pensée fugace pour la reine à laquelle je pille son chasseur, montant les jambes pour l'insérer en moi.
Il s'avance lentement, jouissant d'une place de choix entre mes chairs gorgées, sons pour le moins rauques lui remontant de la gorge, extasié. "Prin... ooooh, Princesse..."
Le blond a toujours été extraordinairement à l'aise avec son corps et les joies du sexe.
J'aime sa force tranquille. Et évidemment j'apprécie la façon dont, pour moi, il défie les lois de son propre clan et les ordonnances strictes de sa belle reine !...
Mon corps se cambre lorsqu'il atteint le fond, se mettant à bouger, tendu sur ses bras, sourire déchiré par de très belles expressions de plaisir intense qui le traversent de part en part.
Disposer ainsi du Chasseur pour moi seule m'enfle d'un brûlant orgueil !...
Sa reine n'a jamais pu me voir ni me sentir. Et la raison de cette hostilité oscille à présent entre mes reins, sexe surtendu de délices.
Pour nous, il est prêt à endurer n'importe quelle privation ou sanction. Ah, Rook.
"L'amour paraît si simple avec toi, Rook..." en soupirant de bonheur, nez fourré dans le creux de sa gorge, sous la pomme.
"Pourquoi rendre quelque chose d'aussi agréable compliqué, Princesse ?..." embrassant mon front. "Cela doit rester léger."
J'en souris. "J'aime ta façon d'appréhender les choses. Ta philosophie de vie demeure l'une des plus positives que j'ai pu entendre... et tester." baisant le creux.
Il m'enserre d'autant plus. "La vie nous donne suffisamment de coups pour ne pas s'en rajouter."
"Je peux te poser une question ?..."
"Oui."
"Comment était l'amour avec Vil ?... J'avoue avoir du mal à me l'imaginer."
"Je l'aimais un tantinet aviné." sur un petit rire coupable. "Cela faisait disparaître les charges du devoir souverain de ses épaules et le rendait plus... gai."
"Gay ?..."
"Oui, aussi." petit rire.
"Je t'aime, Chasseur." joue regagnant son torse nu.
"Moi aussi, Princesse." égarant les doigts dans mes cheveux, me humant, tout à notre bonheur.
Il m'accompagne jusqu'à l'orée des bois, faisant faire demi-tour à sa jument, placé en face de moi pour un ultime baiser.
"A bientôt, Princesse."
"A bientôt, Rook."
"Où étais-tu ?!" regard plissé, inquisiteur.
"Cela ne te regarde pas, Rollo." rangeant la selle de Na'ir.
"Arrête ce petit jeu immédiatement !" m'attrapant violemment par le bras. "Je ne répéterai pas la question !" levant l'index devant mon nez.
"Tant mieux car je n'ai aucune intention d'y répondre !"
"Tu es... allée le rejoindre. N'est-ce pas ?"
"Tu es si futé, à toi de me le dire !..."
Crépitement qu'il réprime d'une profonde inspiration. "Je vois. Tu as décidé de jouer avec mes nerfs."
Il approche le nez de mes cheveux. "Son odeur est pour le moins... entêtante." possédant un odorat très fin.
"Assez !" le repoussant. "Tu veux savoir pourquoi je te le préfère, Rollo ?!"
Il relève le menton, reniflant, abattant sur moi un regard pour le moins explicite. "Inutile. Tu es possédée, Rachel, par le démon de la chair." sur une moue implacable.
"CHASSEUR ? SI TU ES LA, RÉPONDS !" crie Rollo, au centre des bois.
La forêt demeure le fief de Rook. Tout ce qui s'y passe ne lui échappe guère.
Rook approche par derrière, monté sur sa jolie jument baie.
"Que puis-je pour toi ?" arrivant à sa hauteur.
"Je te demanderai de ne plus la voir."
Mirage auditif ?... Ah non, il ne semble pas. Rollo a l'air très sérieux, en tout cas. Alors que Rook aurait bien envie de lui rire au nez !...
Le Chasseur se rajuste en selle sur un petit rire, se tournant vers Rollo. "Et... de quelle autorité te sens-tu investi pour imposer cet interdit, dis-moi, Flamm ?"
"Le Président du Conseil des Etu..."
Rook élude le titre d'un mouvement de la main. "Ton autorité s'exerce donc exclusivement dans l'enceinte de Noble Bell, je me trompe ?"
Grimace amère en face. Sait pertinemment qu'il est dans le tort.
"Mettons cartes sur table, veux-tu ? Je puis aisément comprendre qu'elle te plaise autant qu'à moi. Mais cela ne t'autorise en aucune manière à décider pour elle."
"J'y suis obligé. Vu que tu ne l'en restreins en aucune manière." reniflant.
"Que la magie m'en garde !..." sur une exclamation comique.
Moue de Rollo.
"Aucun homme, aucun, n'est en droit de lui imposer quoi que ce soit."
Mouchoir. Ah, tiens, on l'attendait, celui-là !
"La situation t'arrange, n'est-ce pas, Chasseur ?"
"Je ne me sens pas le moins du monde menacé, en effet."
"Présomptueux."
"Confiant serait un terme plus exact."
"Vous êtes décidément de la même chair."
"Si tu as terminé, permets que je me retire. Le gibier n'attend pas, je ne t'apprends rien, n'est-ce pas ?..." faisant faire demi tour à sa jument.
Rollo a une intention, un crépitement subi. Sa paume libre en manifeste l'incandescence.
Rook vient de faire stopper sa jument, aux aguets, sentant que quelque chose se prépare dans son dos.
Sa main vient de se saisir de l'arc.
"Si tu comptes tenter quelque chose, agis vite." déclare Rook, massé sur lui-même, tenant fermement la bride de sa monture.
Devant le courage et la ferme assurance de Rook, Rollo révise son geste, comprenant plus distinctement ce qui me plaît tant dans le Chasseur.
A l'évidence, je sais choisir mes hommes !...
J'apprécie grandement la cabane de chasse, logée en plein bois, quasi-introuvable pour un novice, sommairement meublée - poêle en son centre qui sert également de cuisinière, large lit, table taillée dans un large tronc, tabourets, pan de mur qui expose les armes de prédilection du Chasseur.
La cabane possède une odeur particulière ; d'essence de pin, principalement. La senteur en prendrait presque le pas si celle de la pomme mentholée n'était pas aussi tenace.
Mais ce qui vaque régulièrement dans cet endroit reculé de la forêt me plaît bien davantage !...
Le fait qu'il fasse un énorme bras d'honneur à celui à qui il a prêté allégeance, en notre nom à tous les deux, m'est jouissif à l'extrême.
La reine n'est rien sans son fidèle Chasseur. Et nous le savons tous les trois.
Je ne pensais d'ailleurs pas pouvoir dévoyer un homme aussi engagé que Rook. Et pourtant...
Vil lui offre trop peu pour le contenter. Et ceci joue totalement en ma faveur.
Schoenheit s'imagine que, comme reine de beauté, tout lui est dû. Pourtant, l'un de ses précieux membres vacille depuis un moment sous mon influence.
"Rook, est-ce que tu m'aimes ?..."
"Comme un fou, Princesse." me vient en sourire.
"J'ai de la chance." contre lui après l'amour, nus, jambes se caressant sous la couverture.
Il repousse lentement ma chevelure derrière mes épaules alors que je suis allongée sur le ventre, en appui sur mes coudes.
"Princesse, si tu me reproches de pas avoir eu le cran de te conquérir en Provence, moi j'aurai aimé te connaître lorsque tu as traversé le désert sur le dos de ta monture. Le Prince de Mortelune avait beau me le conter, je me navre encore aujourd'hui de n'avoir point quitté mes bois pour les sables chauds de l'Orient."
Je ris, surprise. "L'habit traditionnel de bédouin t'irait effectivement comme un gant. Et... tu m'y aurais-tu courtisée ?..."
"En douterais-tu, Princesse ?..."
"Nous aurions fait l'amour sous une tente ouverte à la tombée de la nuit."
"Tu me vends du rêve, Princesse."
L'amour au petit matin, faisant lentement monter nos corps en tension. Puis l'orgasme, éclatant.
Il souhaiterait me garder avec lui pour savourer un long moment post-love ; il l'exprime même... malheureusement, j'ai cours. Nous nous arrachons donc par la force à notre bain d'endorphines.
C'est presque la mort dans l'âme qu'il me ramène en bordure des bois, me livrant entre les mains de Rollo.
"Prends bien soin de toi, Princesse." m'embrassant avec ferveur.
La porte s'ouvre - je me la prends presque dans la face !... - sur Rollo qui invite une magnifique jeune femme à le précéder. "Par ici, je vous prie."
"Merci, Président."
Elle est... superbe ! De longs pans de cheveux sombres le long de sa poitrine, une grâce naturelle. J'en suis soufflée !...
Rollo semble lui faire la visite.
Regard méprisant à mon égard, évidemment.
Je les regarde s'éloigner, longs pans de tissu brodés d'or virevoltant dans le dos de Rollo du fait de sa tenue d'apparat.
Je serre le poing, mâchoire crispée.
"Hey !..." me salue Viane.
"Viane. Qui est-ce ?"
"Une nouvelle venue. Isabelle Gabrielli. Issue d'une très ancienne famille de la noblesse italienne. Le Président lui fait visiter notre établissement."
Rollo... tu fais peut-être bonne impression mais lorsqu'on te côtoie plus assidument, l'histoire n'est pas la même !...
Il m'échappe. Totalement, je veux dire !... Et ça me rend folle !... Alors oui, je sais ; je ne devrais guère me soucier de ce qu'il fait ni de qui il fréquente mais le voir chercher à se rapprocher de cette madone me crispe profondément et attise en moi un relent de jalousie amère.
Rollo tâche de faire le beau - cela ne lui va pas du tout. Il est mielleux, affecté d'un petit sourire qui gâche tout.
Et lorsque la proie mord à l'hameçon, il se rend inaccessible - entendez par là, terriblement affairé !...
J'entre sans frapper dans sa chambre, l'y trouvant.
"Tes manières demeurent toujours aussi remarquables." sur un soupir lourd.
"Pas avec moi, Rollo !... Elle te plaît ?!"
Il place son précieux mouchoir devant le bas de son visage, sourcil droit monté d'un cran.
"Puis-je savoir en quoi cela te concerne, à présent ? Tu as eu ta chance."
"Ne me prends pas pour une imbécile, Rollo !" lui signifiant par un mouvement de corps très clair.
"Daigne quitter ma chambre, je te prie." toujours planqué derrière son mouchoir.
"Pourquoi ? Tu y attends ta belle ?"
Il laisse planer le doute.
"Ah oui, c'est vrai. Maintenant que tu t'es enfin débarrasser de cet encombrant pucelage !"
"Tu en deviens insultante. Sors d'ici." m'indiquant la porte de sa main libre, index dressé.
"Je t'ai bien été utile, pas vrai, Rollo ?" sans obéir le moins du monde à son injonction.
"Hors de ma vue. Ne m'oblige pas à te mettre à la porte moi-même, Rachel !"
On frappe soudain. "Président ? Vous êtes là ?..."
"Une minute !..." lance Rollo.
Je me dirige vers la porte que j'ouvre à la volée.
"Oh !..." surprise.
Et oui, ma jolie, tu ne t'attendais pas à ça !...
"Monseigneur Flamm va vous recevoir." dis-je.
"Je... peux revenir plus tard..." cherchant Rollo des yeux.
"Nous avons terminé." sèche, lui passant devant.
Elle entre, posant ses ouvrages sur le bureau. "Qui... était-ce ?..."
Rollo élude la question. "Nous avons... ahem... quelques divergences de point de vue."
"Est-ce que ça va ?... Vous me semblez pale..." sentant le malaise qui règne.
"Un peu de fatigue. Rien de grave. Bien." se séparant enfin de son mouchoir. "Nous en étions à la fin du chapitre cinq, il me semble..." ouvrant son propre manuel.
"Je le déteste, Na'ir !..." ronchonné.
Il s'en fiche éperdument, trouvant l'herbe grasse plus à son goût que mes états d'âme.
"Évidemment, toi tu t'en fiches pas mal tant que t'as quelque chose à te mettre sous la dent." caressant son joli toupet immaculé.
Bref souffle des naseaux en retour.
"Comment je peux encore aimer... un con pareil, sérieux ?... Ah, Na'ir."
"Accepteriez-vous de m'accompagner lors d'une promenade à cheval ?" questionne innocemment Rollo entre deux traductions de latin.
"Oh..." baissant les paupières. "Désolée. Je... n'approche plus les chevaux. Depuis une chute de poney, enfant."
"Oh. Désolé, je... je ne voulais pas me montrer maladroit."
"Vous ne pouviez le savoir."
Elle est très belle. Cependant Rollo n'a aucune envie de l'embrasser, ni même de la prendre dans ses bras. Il n'y en a qu'une qui le hante et l'obsède !... Et ce n'est pas cette vénitienne beauté.
Tristan conte une histoire de chasse à Rollo dont le regard demeure fixé sur moi, s'en pinçant la lèvre, élan au corps.
Tristan se retourne brièvement dans la direction du regard de Rollo, finissant par sourire, poursuivant son récit sur un ton monocorde.
Les doigts de la main gauche de Rollo triturent la large étole nouée qui lui ceint les hanches, jouant avec les pompons en extrémité.
Les autres sont occupés à jouer entre eux, magnifique bague au rubis taillé en losange lançant de chauds reflets grenats répondant à la lueur des flammes dans l'âtre.
Je discute avec Viane, stationnées devant le buffet.
"Invitez-la à danser, Président." suggère Tristan.
"Jamais de la vie." se planquant derrière son éternel mouchoir, pris en faute.
A dire vrai, il a bien autre chose en tête qu'une danse !...
D'ailleurs, si son regard pouvait me dévêtir sans pudeur, il le ferait !...
Viane a un petit rire, s'avançant jusqu'à mon oreille. "N'en montre rien mais notre Président se languit d'amour pour toi."
Je pouffe. "Tu as trop bu, Viane. Rollo ne peut ni me voir ni me sentir en ce moment. De plus, il est occupé avec sa nouvelle recrue."
"Tu fais erreur, Rachel." certaine de son fait. "Jamais il ne l'a regardée de cette manière."
J'adresse un regard discret au concerné. Vache ! Le langage corporel est... éloquent !
Je me racle la gorge, chaud commençant à me monter au corps.
"C'est toi qu'il regarde, Rachel. Et aucune autre." scande Viane.
Je viens de trouver refuge aux écuries, dans le box de Na'ir, le flattant et le caressant, lui offrant quelques friandises, lui offrant un petit brossage doux, lustrant sa jolie robe immaculée.
"Tu aurais dû voir ce qui s'est joué dans le hall de lecture, Na'ir." parlant à haute voix, amusée et terriblement flattée à la fois que Rollo ne camoufle en rien le désir que je lui inspire.
Na'ir redresse l'encolure, oreilles en alerte.
Rollo se pose, avant-bras sur le haut de la porte du box. "Je savais bien que je te trouverai ici."
Je reprends le contrôle de mes émotions. "Qu'est-ce que tu veux ?"
"Allons. N'ai-je point été suffisamment explicite durant le bal ?"
"Oh, tu veux dire me regarder comme un bout de viande ?"
Il accuse le coup. "J'ai eu envie de t'embrasser durant tout le bal."
"Fantastique." ironique, quittant le box, refermant derrière moi. "Serait-ce parce qu'elle a refusé tes avances ?"
"Qui te dit... qu'elle les a refusées ?..." par jeu.
"Mon petit doigt." circulant dans l'allée centrale, suivie de près.
