Sanctuaire d'Athéna, quelques jours après le retour de Shun
Le programme de Shun depuis son retour au Sanctuaire était simple : se lever, manger, aller à la bibliothèque, faire une série d'exercices pour s'entretenir ainsi que de la course et… aller dans les bars de Rondario ou d'Athènes pour soit boire soit coucher. Dans la plupart des cas, c'était l'option numéro 2 qui fonctionnait. Parfois, ça lui arrivait de ne pas rentrer durant la journée. Et ce jour-là, quand il rentra vers 23h au Sanctuaire, cela faisait deux jours qu'il n'était pas rentré. Il ignorait encore comment son t-shirt faisait pour ne pas sentir la transpiration.
Il regarda la succession de temples et pria pour qu'on ne l'embête pas trop ou pire… que son frère soit déjà dans le temple du Bélier à l'attendre. Il inspira, camoufla au maximum son cosmos, et commença son ascension. Le passage des temples du Bélier, du Taureau et enfin des Gémeaux fut sans encombre. Il grimaça en se tenant les reins alors qu'il enjambait deux marches : son partenaire du soir n'avait pas été de main morte ! Il soupira et regarda les autres temples : plus que huit… Il passa le temple du Cancer et s'arrêta net. Deathmask venait d'ouvrir la porte de ses appartements privés et le regardait d'un air neutre. Shun déglutit en le voyant.
- Tu avais raison Aphro, c'est bien Shun.
Shun le regardait sans trop comprendre quand Deathmask lui tendit une bouteille de bière.
- Si tu n'es pas trop crevé, ça te dit une bière ?
La situation était somme toute invraisemblable et pourtant elle avait bien lieu. Shun était dans le salon de Deathmask, une bière à la main, et assis sur un pouf en cuir beige. Devant lui, Aphrodite était assis sur le même modèle, lui aussi une bière à la main. Avec son t shirt blanc et son jean délavé, Il faisait penser à une star de glam métal. Deathmask quant à lui était vêtu d'un débardeur noir et d'un pantalon rouge. Shun était assez intimidé de boire une bière avec eux.
- Merci pour l'invitation… dit-il en levant sa bière.
- Je t'en prie, répondit Deathmask. Sinon ils sont comment les bars à Athènes ?
- Heu… Ben…
- Tu peux tout nous dire hein. Avec Aphro, on est les mal aimés des chevaliers d'or donc bon. Tu nous dirais qu'une nana avec des tentacules t'aurait drague, ça nous ferait ni chaud ni froid.
Shun pouffa et plus confiant entreprit de décrire certains bars. Pour certains, Deathmask et Aphro les connaissaient. Mais pour la majorité… Non.
- J'ai une question qui va paraître un peu bête… mais pourquoi est ce que si peu de chevaliers connaissent le monde extérieur ? Demanda Shun
- Tu sais Shun, répondit Aphrodite. En tant que chevaliers d'Athéna, on a toujours été coupé du monde si on peut dire. Tout ce que faisait un humain lambda des temps modernes, on ne pouvait pas le faire. C'est pourquoi tu en as, c'est des vrais handicapés sociaux comme Mu ou Shaka. Je crois qu'ils ne savent même pas se servir d'un combiné de téléphone. Avec Deathmask… On a profité de ce statut de paria pour découvrir le monde, s'affranchir des règles strictes et rigides du Sanctuaire. Ça marchait plutôt bien. Après, il y en a eu des conséquences : par exemple, outre ce qui s'est passé sous Saga, on a la réputation d'être pas fréquentable, répondit Aphrodite.
- C'est surtout que depuis le retour de Shion, les règles se sont franchement renforcées. A part toi parce que tu as été chevalier divin, on est privé de sorties le soir. C'était déjà strict sous Saga mais là c'est c'est pire, ajouta Deathmask.
- Mais… Pourquoi ?
- C'est simple, quand Saga était au pouvoir, la vermine s'est ramenée au sein du Sanctuaire, surtout chez les chevaliers d'argent. Et la vermine, tu n'as pas 36 solutions pour t'en débarrasser.
- Oh je vois… murmura Shun.
- Bon après, on peut acheter de l'alcool. En quantité très limitée certes mais au moins on peut faire des apéritifs chez nous.
- Tant mieux, dit Shun dans un sourire, même s'il eut le sentiment désagréable que si on le laissait faire autant, c'était pour l'ériger en mauvais exemple.
Il décida alors de changer de sujet.
- Et en musique ? Vous écoutez quoi ?
Cette question amena immédiatement un sujet de conversation qui ravit les trois chevaliers. Comme Shun l'avait deviné, Deathmask était un grand fan de rock et de hard rock. Mais aussi, contre toute attente, des sons latinos.
- Ça fait vraiment mec superficiel, dit Aphrodite en buvant sa bière.
- D'où tu me juges dans le plus grand des calmes ?
Shun rit en les entendant se chamailler.
- Non mais attends Shun, le mec écoute des groupes de musique gothique comme Sister of Mercy ou Siouxsie and the Banshee et c'est moi qui ait des goûts musicaux de merde.
- J'ai bon goût c'est tout.
- T'écoute surtout des trucs qui planent complètement. Enfin bref, et toi Shun ?
- Et bien… J'aime beaucoup la pop et le rock en fait. J'adore Queen mais aussi Madonna et Michael Jackson.
- Au moins, tu auras toujours meilleur goût qu'Aphro.
Et Shun rit de nouveau. La soirée fut poussée ainsi jusqu'à une heure, à coup de discussions sur tous les sujets possibles du commun des mortels.
Soudain, Deathmask se leva, comme s'il était poussé par la curiosité et s'approcha de la porte d'entrée, sans l'ouvrir toutefois.
- Qu'est ce…
Mais Aphrodite se tut quand Deathmask lui fit signe de se taire. Il se passa quelques secondes puis Deathmask ouvrit la porte.
- C'est Aiolia. Il vient de quitter son temple.
- Bah ça lui arrive souvent non ? Ça lui arrive de rejoindre son frère la nuit, expliqua Aphrodite à Shun
- Ouais mais là j'ai senti son cosmos agité. Comme s'il était énervé… Bon c'est Aiolia. Depuis son retour à la vie, il pète un câble sur tout le monde.
- D'ailleurs ce… retour à la vie, ça se passe bien ?
Silence. Shun se demanda s'il n'avait pas gaffé.
- J'ai l'impression d'être dans une cocotte minute, répondit Aphrodite.
- C'est ça. On est tous à cran à cause de ce qu'il s'est passé sous Saga. Personne ne parvient à passer à autre chose. Il y a beaucoup de rancœurs.
- Oh… Et… Ça va pour vous ?
- On fait avec.
Il est vrai que jamais ni Deathmask ni Aphrodite n'avaient communiqué sur la raison pour laquelle ils avaient suivi Saga. La version officielle était qu'ils croyaient en une justice forte. Mais Shun se demanda si ce n'était pas dû à autre chose.
- Le plus étrange c'est Shura, finit par lâcher Aphrodite.
- Ah bon ?
- Déjà de base, c'était difficile de savoir ce qu'il avait en tête. Il ne vivait que pour Excalibur et la justice. Une conception d'ailleurs très étroite de la justice. Impossible de lire la moindre émotion sur son visage. Depuis son retour à la vie, on pensait qu'il allait se dérider et en fait pas du tout. Il reste toujours le même.
- En même temps, beaucoup de personnes aimeraient lui faire la peau.
- A ce point ? Demanda Shun.
- Ben il a eu pendant longtemps le statut de héros grâce au meurtre d'Aiolos. Maintenant… les masques sont tombés.
- Oh…
La discussion s'arrêta là.
- Bon… Je vais rentrer, dit finalement Shun. Il se fait tard.
- Okay pas de soucis, je te raccompagne dit Aphrodite.
A la porte d'entrée, le Poisson en profita pour lui demander :
- Ça ne t'a pas trop fait bizarre de prendre une bière avec deux anciens ennemis et parias ?
- Honnêtement ? j'ai été très surpris et assez intimidé au début mais maintenant ça va. Même si c'est étrange de prendre un verre ça reste la vie et ses surprises.
- Tu as raison, c'est la vie.
- D'ailleurs ça fait combien de temps vous deux ?
Surpris, Aphrodite fronça les sourcils :
- Comment tu…
- Ben je vous ai observé. Vous vous taquinez, vous vous regardez… Félicitations d'ailleurs.
- Ah… Merci Shun, conclut Aphrodite dans un léger sourire.
Il ferma la porte et eut un moment de réflexion.
Il jetait des regards à Deathmask ?
Étrange…
OoOo
Shura se réveilla en sursaut dans son lit. Il dégoulinait de transpiration et son cœur battait à s'en rompre. Il manqua de faire tomber son verre d'eau alors qu'il tentait d'allumer la lampe. Le manque de lumière le fit constater que la nuit était encore bien présente.
Il se prit la tête dans les mains et gémit. Son souffle était erratique et il recommençait à transpirer. Il venait de faire un cauchemar : un souvenir d'enfance, quelque chose qu'il avait pourtant fait en sorte d'oublier, avait ressurgi. Il grimaça : dès qu'il fermait les yeux, il revoyait ce maudit incendie qui avait tout détruit. Il se dirigea vers sa salle de bain et alluma la lumière. Se cramponnant aux bords du lavabo quitte à rendre ses doigts blancs, il se regarda dans la glace. Des cernes marquaient ses yeux et son teint était livide. Il ouvrit le robinet et s'aspergea d'eau pour reprendre ses esprits. Tout à coup, son cerveau lui envoya la réminiscence d'une odeur et il se plaqua la main contre le nez par réflexe pour ne pas la respirer. Cette odeur de feu brûlé… Cette odeur qui l'avait traumatisée jadis. Elle était là ! Même éveillé il fallait qu'elle soit là. L'odeur l'étouffait presque. Sa tête commença à tourner et les mots qu'il avait toujours entendu à son égard durant son enfance refirent surface :
Voleur !
Vermine !
Brigands !
- Il faut que je sorte d'ici…
En ni une ni deux, il sortit de son temple ainsi que du Sanctuaire pour aller dans la forêt, sans savoir que quelqu'un y était déjà pour calmer lui aussi ses nerfs. Arrivé à destination, il tomba brusquement au sol. Il inhala et tenta de reprendre sa respiration. Là où il était, une rivière s'écoulait, terminant sa course dans la mer.
- T'es parti de ton temple ? fit une voix dure derrière lui.
Shura se retourna et vit Aiolia qui le surplombait. Les yeux du chevalier du Lion lançait des éclairs, foudroyant littéralement Shura. Ce dernier soupira et se releva, avec son habituel masque stoïque.
- Que cherche tu, chevalier du Lion ?
Mais il eut à peine le temps de parler qu'Aiolia lui empoigna la gorge et le plaqua violemment contre un arbre. Cela ne se voyait que trop que toute la rage et la colère qu'il avait accumulées depuis son enfance ressortait. Shura pouvait voir danser dans ses yeux le flot interminable d'insultes et de moqueries qu'il avait subi car son frère était un traître. Et tout ça à cause de Shura.
- Tu n'aurais jamais dû revenir des Enfers d'Hadès. Tu aurais dû rester là-bas.
- Je ne contrôle pas ce genre de chose.
Le ton distant employé par le Capricorne eut pour effet de déclencher pour de bon la colère du Lion qui abattit son poing en plein dans la joue de Shura. Ce dernier tomba au sol et Aiolia enchaîna avec un énième coup, cette fois-ci gonflé de cosmos. Le corps de Shura brisa quelques pins avant d'atterrir violemment contre un rocher. Le souffle coupé, il retomba au sol et cracha du sang en se tenant les côtes, vibrantes de douleur. Il gémit en sentant une poigne lui relever violemment la tête et l'entraîner de nouveau au sol. Aiolia enchaîna avec un deuxième coup de poing, puis un autre… et abattit finalement le dernier au sol. De la transpiration coulait de ses tempes et il semblait épuisé sur le coup.
- Espèce de sale fils de pute… Pendant toutes ses années, j'ai cru que mon frère était un traître. Pendant toutes ces années, j'ai subi les coups, les humiliations alors que toi tu avais tous les regards d'admiration sur toi. Dont le mien ! Parce que oui je croyais dur comme fer que tu étais le chevalier le plus fidèle à Athéna. Pour au final que je découvre quoi ? Que tu es du même niveau que Saga, Aphrodite et Deathmask. Toi. Le chevalier du Capricorne. Le détenteur d'Excalibur. Le plus fidèle chevalier d'Athéna.
Il saisit Shura par la mâchoire et le força à le regarder.
- J'aurais pu te tuer. Pour être honnête, ça me démange. Mais si je le fais, je serais à ton niveau : une vraie pourriture.
Il le relâcha finalement et s'en alla.
- Tu ferais mieux de donner ta Cloth à un autre. Tu ne la mérites pas.
Shura resta un instant au sol, histoire de reprendre sa respiration ainsi qu'un semblant de dignité.
Il finit par se lever et, toujours avec ce masque stoïque, tenta de retourner au Sanctuaire.
OoOo
Finalement, Shun avait décidé de prendre l'air dans la forêt avant d'aller se coucher. Le temps était doux et les étoiles bien brillantes. C'était une nuit très agréable.
Tout à coup, alors qu'il dévalait une pente, il sentit un cosmos. Ce dernier était faible mais puissant. Shun le reconnut d'emblée : c'était celui de Shura ! Inquiet de percevoir son cosmos de cette façon, il se précipita à la source et glapit en voyant ce qu'il avait devant les yeux : Shura était allongé sur le sol, il transpirait et respirait difficilement. De surcroît, un bleu gigantesque, parcourait ses côtes, comme un trou noir.
- Oh merde… Shura… dit Shun en s'approchant.
La voix de Shura n'était qu'un filet quasi inaudible : ça se voyait trop qu'il souffrait.
- Tiens bon ! Lui souffla Shun alors qu'il le prenait sur ses épaules, même si le Capricorne était bien plus grand que lui.
- Hm…
- Tu as été attaqué, il faut prévenir le Sanctuaire !
- Non… Non…
- Comment ça non ? Mais attends tu…
- Non… C'est pas nécessaire.
- Mais tu as été attaqué !
- Ce… n'est pas un ennemi… Gnnh… c'est… rien… une broutille…
Shun le regarda, très surpris , puis comprit ce que cela signifiait.
- Tu… Tu veux dire que c'est quelqu'un du Sanctuaire qui t'as attaqué ?
Pas de réponses, Shura était désormais inconscient.
Shun se mordit les lèvres :
Oh ça ne sent pas bon… pensa t il.
Il savait que le retour à la vie avait fait voler certaines barrières et crever de nombreux abcès mais de là à ce qu'ils s'entretuent. Le poids de Shura le ramena à la réalité : là tout de suite, Shura avait besoin d'être soigné. Il enquêterait après. Pendant un moment, Shun se dit qu'il allait soigner l'hématome avec la glace de Hyoga, quitte à le réveiller en pleine nuit. Puis il se rappela de ce que lui avait dit Shura : mauvaise idée du coup. Mieux valait cacher ce qu'il s'était passé pour le moment.
Aussi vite qu'il le put, il traversa les temples des Poissons et du Verseau sans réveiller les propriétaires à son grand soulagement. Il entra dans les appartements privés du Capricorne et, à tatillon, trouva la chambre. Il déposa le chevalier sur son lit dans un soulagement. Il alluma la lumière et retint un frisson de peur en voyant l'hématome : pourvu que cela ne se transforme pas en hémorragie….
Il fonça dans la cuisine pour chercher de la glace et, dans un torchon, l'appliqua contre l'hématome. Il vit Shura grimacer dans son inconscience.
- Désolé… Mais ça va te faire du bien.
Il tourna son regard vers le visage tiré de Shura : tout son être luttait contre la douleur.
- Aller tiens bon… lui dit Shun pour l'encourager
Il entendit un murmure sortir de la bouche de Shura.
- Hm ? Tu veux me dire quelque chose ?
Le murmure continuait. Shun se pencha pour mieux écouter et saisit une bribe de mots :
- Esther…
Andromede fronça les sourcils.
- Esther…
- Qui c'est Shura ?
Puis il vit une larme couler sur sa joue.
- ¿ Por qué te has ido ?
Même s'il ne parlait pas l'espagnol, le ton employé lui faisait comprendre que c'était un souvenir douloureux. Le cœur de Shun se serra en voyant ça puis il en fut troublé un instant. Cela faisait la deuxième fois qu'il voyait Shura d'une autre manière. Il avait longtemps cru que c'était une sorte de Terminator sans sentiments, bien qu'il ait sauvé la vie de Shiryu et se soit sacrifié au Mur des Lamentations. Et là voilà qu'en deux fois il montrait autre chose : d'une part par son cosmos qui est l'opposé même de sa personnalité et d'autre part par cette larme. Touché, Shun saisit alors sa main droite :
- T'inquiètes. Tu n'es pas seul. On est là.
Alors qu'il lui touchait, Shun sentit le cosmos de Shura s'agiter. Comme une personne qui serait victime d'un cauchemar. Il se concentra sur le cosmos en question. Oui, c'était bien le même que la dernière fois, semblable à un feu. Un feu emprisonné sous une tonne de glace. Shun se demanda un moment alors qu'il observait les doigts de Shura qu'est ce que cela donnerait le jour où ses remparts de glace céderont. Et ce qui allait provoquer ça. Il se concentra davantage pour ressentir les émotions de ce cosmos : il y avait une telle tristesse qui en émanait. Alors, toujours en lui tenant la main (qu'il trouvait belle d'ailleurs), il entreprit de faire communiquer son cosmos pour apaiser celui de Shura.
Cela finit par porter ses fruits puisque quelques instants après, l'état de Shura s'était stabilisé et il dormait. Shun avait fait un bandage avec ce qu'il avait trouvé puis il s'était assis sur le canapé du salon pour souffler un coup. Il en profita pour regarder l'environnement dans lequel il se trouvait.
Le salon du Capricorne était plutôt sobre et les meubles bruts : une table basse en bois clair, un canapé en tissus marron, une lampe et c'est tout. En revanche, il avait une bibliothèque assez garnie. Shun voulut y jeter un coup d'œil. En somme, c'était plutôt une bibliothèque d'érudit : beaucoup de classiques de la littérature française et espagnol mais aussi anglaises, beaucoup de livres d'architecture aussi. Visiblement, cela semblait être un sujet que Shura appréciait particulièrement. Shun sourit en voyant un recueil des légendes arthuriennes. N'ayant jamais lu ces légendes, il décida de s'installer dans le fauteuil de la chambre et de le lire.
OoOo
Shura ne savait pas trop ce qu'il s'était passé après Aiolia. La seule chose qu'il savait c'est avoir ressenti un… cosmos ? Peut être… Enfin c'était quelque chose de puissant et de doux à la fois. Un cosmos assez étrange. Il papillonna des yeux et grimaça alors qu'il se redressait. Il se souvint alors de l'attaque d'Aiolia et regarda son abdomen. Il fronça les sourcils en voyant un bandage (plutôt bien fait d'ailleurs ) sur lui.
Il leva la tête et crut avoir un arrêt cardiaque : qu'est ce que faisait le chevalier d'Andromède ici ?! Qui plus est en train de dormir sur le fauteuil de sa chambre avec un livre ?!
Visiblement, son exclamation eut pour effet de réveiller Andromède car ce dernier redressa la tête et ouvrit les yeux.
- Hm ?… Ah salut Shura.
- Qu'est ce que tu fais ici ?
Shun bailla puis répondit :
- Bon visiblement tu as l'air d'aller mieux. J'étais dans la forêt quand je t'ai vu au sol en train d'agoniser. Je t'ai ramené ici et je t'ai soigné. Enfin avec ce qu'il y avait . Toi ça va ? Pas trop de douleurs ?
- Non… Non ça va.
Il avait l'air gêné et semblait faire son possible pour reprendre un masque stoïque. Cela fit sourire intérieurement Shun : ainsi donc le Capricorne pouvait être intimidé. Il décida de lui tendre son débardeur.
- Tiens, rhabille toi. Je vais m'en aller de toute façon. J'étais resté juste pour voir s'il n'y avait pas de complications.
- Ce n'est pas grand chose. Tu as dû être épuisé.
- Effectivement, j'avoue que je me suis endormi je crois vers 7h. Cela faisait plus de 4 heures que ça allait mieux de ton côté. Du coup je me suis accordé du repos. C'est ça qui m'a maintenu éveillé, répondit Shun en lui montrant les légendes arthuriennes.
Il crut voir un mince sourire se dessiner sur le visage de Shura.
- Je me suis permis de fouiller dans ta bibliothèque.
- Tu as bien fait. Tu peux me l'emprunter si tu veux.
- Sérieux ? C'est vrai que je ne l'ai pas fini mais…
- Les livres sont faits pour être lus. Tant que tu ne me l'abîme pas, il n'y a aucun souci.
- Oh… Merci Shura !
- Y'a pas de quoi. Merci à toi surtout, répondit le Capricorne en se levant.
- Dis ?
- Hm ?
- Tu ne veux vraiment pas dire qui t'as tabassé ?
- Encore une fois, ce sont des broutilles. Vraiment rien d'intéressant.
Shun se pinça les lèvres : cette réponse signifiait bien que Shura ne souhaitait pas aller plus loin. Alors qu'il quittait la chambre, il tenta une dernière question :
- Dans ton sommeil, tu as parlé d'une certaine… Esther… C'est quelqu'un que tu connais ?
Bien que quasi indésible, le tressaillement de Shura n'échappa pas à la sensibilité de Shun. Pourtant, la voix grave de l'Espagnol lui répondit par la négative.
- Ce n'est personne. Bonne journée chevalier d'Andromède.
OoOo
Quand Shun émergea du temple du Capricorne, il constata qu'il était bientôt midi. Mais alors qu'il remontait vers ses appartements, déterminé à aller parler au Pope de l'attaque qu'avait subi Shura, la première chose qu'il vit sur l'esplanade menant au Palais du Pope était son frère qui le fixait d'un air mauvais.
Ça va être ma fête… pensa Shun.
Il décida toutefois de se rendre et le rejoignit. Ikki ne lui dit rien et lui intima de rentrer avec lui par un coup de tête en direction du Palais. Ce geste énerva Shun mais il ravala sa colère. Ils arrivèrent bientôt dans la salle du trône, là où les attendaient Shion, Athéna, Hyoga et Shiryu.
- Grand Pope, Mademoiselle Saori, il est revenu.
- Je te remercie Ikki, dit Saori sur un ton qui se voulait dur.
- Shun, pourrais-tu nous expliquer ton comportement ? demanda Shion
Shun ne répondit pas et baissa les yeux en se tenant le bras. Il sentait les regards désapprobateurs de son frère, Hyoga et de Monsieur Parfait et il détestait ça.
- Répond Shun, dit alors le dénommé.
Pas de réponses. Cette fois-ci Ikki explosa :
- Non mais qu'est ce qu'il te prend ?! Tu te barre pendant 48 heures hors du Sanctuaire sans que personne ne sache où tu vas, et c'est en puant l'alcool et la clope à des kilomètres à la ronde qu'on te retrouve ?! Qu'est ce qui t'a pris à agir comme ça ?!
- J'ai rien à te dire.
- Pardon ?! Non mais t'es sérieux ?! Tu te barres sans rien dire et tu…
- T'es sacrément gonflé de me reprocher ça ! cria Shun, Hyoga tentant de s'interposer entre les deux.
- Comment ça ?
- Tu me reproches de me barrer sans prévenir mais par contre toi quand tu disparais dans le néant personne ne doit rien te dire ?! Mais va te faire foutre putain !
- Comment oses-tu me parler comme ça ?! cria aussi Ikki.
- Shun… Ikki… Calmez-vous, tenta Hyoga.
- J'oses ce que je veux d'abord, t'as rien à me dire !
- Je suis ton frère !
- Je m'en branle ! T'as compris ?!
D'un coup, ils ressentirent une force extrêmement puissante en leur fort intérieur, une force leur intimant de se calmer tout de suite. Ils reconnurent le cosmos : c'était celui d'Athéna. Cette dernière les regardait avec un visage neutre. Ils ravalèrent leurs injures et s'éloignèrent, au grand soulagement de Hyoga.
- Tu me fais honte Shun, reprit finalement Ikki.
Hyoga se plaqua la main contre le front : et voici que le Phénix rajoutait de l'huile sur le feu…
- Tu te bourres la gueule, tu fumes comme un pompier, tu te t'entraînes même plus, tu te fais battre à plat de couture par un chevalier d'or alors qu'avant t'avais largement les capacités d'en terrasser un, t'as pas utiliser tes chaînes ou ta cloth depuis la dernière guerre et…
- Et je baise comme un lapin, ajouta Shun, ce qui fit bondir Ikki.
- Shun… Pas devant la déesse, soupira Shion.
- Ne t'en fais pas Shion dit cette dernière.
- Qu'est ce que t'as dit ? demanda Ikki sur la défensive.
- Je baise. À tour de rôle. Que ce soit des femmes ou des hommes d'ailleurs. Comme ça j'enfonce un peu plus le clou, non ?
Cette annonce eut pour effet de faire le silence dans la salle : on entendait presque les mouches voler.
- Les deux ?... finit par dire Hyoga.
- Ouais les deux, lui répondit Shun. Alors ça vous choque oui, ça ajoute à mon ardoise du chevalier le plus pourri du Sanctuaire. Mais je m'en branle. Vraiment. Je m'en branle de votre avis.
- Shun ! Pas ce langage devant ta déesse ! dit Shion d'une voix dure.
- Vous n'avez qu'à donner ma cloth à un autre. Vous viendrez me chercher quand vous aurez pris une décision. Allez tchao ! dit Andromède en quittant la pièce.
- Shun ! Reviens-ici ! Tu…
- Laisse Ikki, dit finalement Shiryu. Ça ne sert à rien, il ne veut rien écouter.
- Shiryu a raison Ikki, compléta Saori. Cela ne sert à rien pour le moment.
Ikki ravala sa colère et sentit la tristesse monter en lui : Shun n'avait pas tort d'une certaine manière. Dans la salle du trône, personne ne disait mot. Il régnait un silence de mort. C'est finalement Shiryu qui le rompit.
- Ça va Hyoga ? Tu n'as rien dit ?
- …
- Hyoga ?
- Les deux ?...
Et boum ! Fin des chapitres d'exposition ! J'espère qu'ils vous auront plu :)
Sur ce, rendez-vous pour le chapitre 4 avec le début de l'action...
