Et bonjour ! Tout d'abord, merci beaucoup à ceux qui ont ajouté l'histoire en favori ou qui ont laissé une review. Ça fait chaud au coeur, merci
Et ensuite... Le chapitre 4 pour vous servir !
L'action commence... :)
Bonne lecture
Athènes
Shun était devant son verre de scotch. Il n'en prenait jamais d'habitude, mais il en avait ressenti le besoin en allant dans cette toute nouvelle boîte de nuit de la capitale grecque. Pourtant, alors que le verre était à portée de main, il n'arrivait pas à le boire. Il se contentait de regarder dans le vide. Il pensait aux dernières paroles de son frère, qui revenaient sans cesse dans sa tête.
Tu me fais honte Shun.
Le souvenir de cette phrase lacéra une dernière fois son cœur déjà bien achevé. Les larmes commencèrent à naître dans ses yeux. C'était la dernière chose qu'il souhaitait au monde : que son frère ait honte de lui. Et pourtant, il était parvenu à ce résultat à cause de sa manière d'agir ces temps-ci. Ou alors, si cela se trouve, il devait lui faire déjà honte avant la guerre contre Hadès. Après tout, son frère lui avait toujours reproché de ne pas assez attaquer. Comme Shiryu d'ailleurs : lui aussi n'avait jamais admis qu'il puisse être chevalier.
Il se prit la tête dans les mains : peu importe ce qu'il faisait, peu importe ce qu'il était, il faisait honte. Il était vraiment pitoyable. Il pensa à ses amis et une vague de tristesse monta encore quand il repensa à Seiya. Un doux souvenir nostalgique pointa alors le bout de son nez dans ce marais de regrets. C'était un mois après la bataille contre le Sanctuaire, tout juste à leur sortie du coma.
- Eh Shun !
Le dénommé, âgé de 13 ans, regarda avec curiosité cette boule d'énergie foncer vers lui à toute allure.
- Salut Seiya, tu vas bien ?
- Super ? Et toi ? Je ne m'attendais pas à te voir sur la plage tiens !
- Oh… J'aime bien m'y balader…
Seiya sourit puis ils se promenèrent en silence. Shun était assez intimidé : certes ils avaient moult fois combattu mais là… Ils étaient dans une situation si banale que Shun ne savait pas quoi faire. À l'orphelinat, il était tellement accroché à son frère et victime de brimades qu'il n'osait jamais aller vers les autres. Et ça ne s'était pas arrangé avec l'île d'Andromède.
- T'aimes quoi comme film ? dit soudainement Seiya
- Euh… Je… Je ne sais pas trop. Je n'en regarde pas… répondit Shun
Il se sentait stupide.
- Moi j'aime beaucoup les films Rocky avec Sylvester Stallone, ça parle de boxe, de résilience, de confiance en soi…
Et Seiya continua ainsi de lui parler de ses films, comme si rien n'était. Shun apprécia grandement la conversation.
- Un de ces quatre, ça te dit qu'on se mate Rocky ensemble ? avait demandé Seiya
- Avec plaisir !
Films qu'ils avaient d'ailleurs vu ensemble chez le chevalier Pégase, avec du soda et du pop-corn, comme deux adolescents normaux. Il eut de nouveau un regard infiniment triste. On le lui avait reproché ces derniers temps de ne pas venir le voir dans sa chambre. La vérité est que Seiya lui manquait. Beaucoup. Mais il ne pouvait pas voir son meilleur ami dans cet état car cela lui rappelait que c'était de sa faute.
- Et bien, ça n'a pas l'air d'être la joie ici, fit une voix à ses côtés.
Shun sursauta. Il était tellement absorbé par ses pensées qu'il en avait oublié l'endroit où il était. Il tourna son regard et vit devant lui une femme… ou un homme… magnifique. Ses cheveux étaient longs et noirs. Son visage était ovale et certaines parties de sa peau luisaient à la lumière comme les écailles d'un poisson. Et ses yeux étaient semblables aux eaux turquoises des îles tropicales. Shun déglutit, tentant de garder une certaine droiture.
- Je… Oui désolé, dit-il dans un rire. J'ai… des soucis en ce moment.
- Je vois… Mais tu sais qu'ici tu es là pour les oublier ? fit son interlocuteur d'une voix mi-grave, mi-aigüe.
- Hem… Je sais oui…
- Allez, viens danser !
- Hein ? Attendez je…
Mais il eut à peine le temps de dire un mot de plus que déjà l'étrange individu le tirait par la manche pour l'emmener se déhancher sur la piste de danse au son de The Bangles. Dès qu'il mit les pieds, tous ses sens furent touchés. Il y avait une forte odeur de bière mélangée à celle de la transpiration. La chaleur se colla immédiatement à sa peau. Les lumières rouges et bleues l'aveuglaient un peu et la musique était très forte. L'individu se plaça devant lui et commença à danser en lui tenant le bras. Au moment où il se rapprochait, Shun sentit que son corps allait échapper à son contrôle. Sa gorge était sèche. Soudain, la température monta d'un cran quand l'individu se tourna et colla lascivement ses fesses contre son bassin. Shun ouvrit la bouche de stupeur. Là, il sentait que son corps ne répondait plus à rien. Ou plutôt qu'il n'obéissait qu'à une seule loi : satisfaire ses besoins primaires. Il rougit d'un coup, reprit conscience de ce qui l'entourait et murmura une série de pardon avant de s'éclipser hors de la piste, sous le regard surpris de l'individu.
- Bah alors, Saor, on se prend un vent ? dit un type avec des cheveux bruns bouclés et un sourire goguenard sur le visage, accompagné d'une jolie blonde.
- Ben visiblement oui… Dommage, il était très mignon.
Shun se retrouva à l'arrière de la boîte, près des toilettes. En temps normal, et avec un peu plus d'alcool dans le sang, il aurait été ravi de l'enchaînement des événements. Mais ce soir-là, il n'en avait pas du tout envie. Il inspira à grande goulées l'air chaud et rougit encore plus quand il vit que son jean avait du mal à contenir la manifestation de son désir.
- Et merde…
Il appuya l'arrière de sa tête contre le mur et attendit. Bon, fort heureusement, il faisait noir dans la boite de nuit. Donc s'il se débrouillait bien, il pouvait camoufler ce problème. Il respira encore un coup et décida de se promener dans cette boite. Il y avait ceux qui dansaient sur la piste et il y avait ceux sur les piédestaux. À un moment, un des piedestal fut occupé par une femme. Magnifique elle aussi. De type asiatique, ses cheveux étaient aussi noir que le jai et tombaient délicatement sur ses reins, soulignant la cambrure affolante de ses formes. Ses lèvres étaient en forme de cœur et aussi roses que les pétales d'une pivoine. Ses yeux en amande étaient joliment dessinés et son visage était fin. Elle était vêtue d'une mini robe verte style année 60. Outre sa beauté quasi irréelle, ce qui surprenait le plus Shun était qu'elle lui semblait étrangement familière. Il avait l'impression de la connaître.
Leur regard se croisèrent. Et elle s'arrêta de danser.
Ils s'étaient reconnus.
Shun ouvrit la bouche de stupeur. Il reprit pied dans la réalité quand il la vit descendre de son piédestal à toute vitesse.
- Shunrei ! cria-t-il
Et il couru dans la foule pour la rattraper. Ce qui ne fut pas chose aisée car elle se faufilait comme une liane parmi les gens.
- Shunrei ! continuait-il de crier
C'était elle. Il n'avait plus de doutes. C'était elle !
La jeune femme descendit un escalier menant à une autre salle de la boîte de nuit, Shun toujours sur les talons, puis ouvrit une porte et s'engouffra dans un couloir. Les néons dansaient devant le chevalier, martyrisant ses sens, mais il tint bon et ouvrit lui aussi la porte.
Au moment où il posait les pieds sur de la moquette orange, le sol s'affaissa. Ses mouvements lui semblèrent lourds. Tout autour de lui, les murs ondulaient tel des vagues. L'horizon du couloir se distordit et il tomba la tête la première sur le sol. Mais au lieu de rencontrer la moquette, il rencontra du vide. Il se retourna et agita les mains pour s'accrocher à quelque chose. Rien n'y fait. Il tomba lourdement sur un sol dur et se redressa péniblement. Tout était noir autour de lui.
Où était-il ?
Son cœur s'arrêta un instant quand il entendit un son guttural derrière lui. Il déglutit et vit deux yeux qui le regardaient. Des yeux verts. Le noir commença à se dissiper autour de lui et il vit la forme de cette créature. Mi-homme. Mi-loup. Beaucoup plus grand que lui. La gueule dégoulinante de salive. Shun sentit ses jambes se dérober. Son souffle était erratique.
Que viens tu faire ici chevalier ?
Cette voix… Elle n'avait rien d'humain. Shun pouvait la sentir gifler son oreille interne, mordre ses tympans et assombrir sa conscience. Il n'arrivait même plus à penser tant cette voix le paralysait.
Que viens tu faire là ? Tu n'es pas à ta place !
- Que fait Shunrei ici ? Qui êtes-vous ? Tenta Shun, en voulant imiter le courage de son frère.
Silence !
Le lycanthrope montra les crocs et se mit à aboyer. Shun se boucha les oreilles face à ces hurlements qui perçaient sa chair et pourfendaient son âme. Son cœur tambourinait dans sa poitrine alors que la bête s'approcha de lui, les narines fumantes, ses yeux verts le fixant comme un prédateur face à sa proie.
Tu as de la chance. Shunrei m'a demandé de t'épargner. Mais je sais que tu vas avertir le Sanctuaire d'Athéna.
Shun respirait difficilement.
Soit. Avertit les. Je me réjouis d'avance de connaître les raisons pour lesquelles vous viendrez m'importuner.
Et Shun sombra dans l'inconscience.
OoOo
Saori se réveilla en sursaut.
Quelque chose s'était passé.
À vue d'œil, il faisait encore nuit.
Elle sortit de son lit en trombe et, sous l'œil médusé des soldats encore en garde, alla frapper contre la porte de la chambre du Grand Pope. Ce dernier, encore ensommeillé, eut du mal à attraper sa robe de chambre.
- Déesse… Que vous arrive-t-il ?
- Shion ! Avertit les chevaliers d'or et divins ! Il est arrivé quelque chose à Shun !
Le ton paniqué de la jeune femme eut vite fait de réveiller pour de bon Shion.
- Entendu…
Et il lança un appel aux chevaliers du Sanctuaire afin qu'ils se retrouvent à l'avant du Palais.
Une heure après, Ikki revenait avec Shun inconscient dans ses bras. Lui aussi était très inquiet. Ce n'était pas un simple évanouissement dû à l'alcool ou la fatigue. Cela semblait être dû à une autre cause. Il déposa son petit frère aux pieds de leur déesse. Les chevaliers étaient en cercle autour d'eux. Certains regardaient le chevalier d'Andromède avec mépris, comme Aiolia et Camus. D'autres étaient sincèrement intrigués par ce qu'il venait de se produire, comme Shaka et Mû.
- Déesse, que lui est-il arrivé ? demanda Ikki, la voix un peu chancelante
- Je n'en sais rien Ikki. Mais… J'ai senti le cosmos de Shun être violemment attaqué…
Saori s'agenouilla près de Shun et fit briller son cosmos. Sous la douce lumière, Shun finit par ouvrir les yeux.
- Ça y est, il revient à lui, murmura Ikki.
- Shun… Est-ce que tu vas bien ? demanda Saori.
Toutes les rancœurs qu'elle avait pour lui s'étaient atténuées sous l'inquiétude.
- Ma…Mademoiselle Saori… Où suis-je ?
- Au Sanctuaire. Tout va bien.
Shun grimaça et se leva, sous l'œil attentif de son frère.
- Shun, que t'est-il arrivé ? demanda ce dernier.
Le souvenir du lycanthrope arriva comme un flash et Shun se mit à trembler, les yeux exorbités par la peur.
- Shun… Dis nous, murmura Saori.
Puis, le regard de Shun se porta sur Shiryu.
- Je l'ai vu Shiryu…
- Hein ? Que racontes-tu Shun ?
- Shunrei… J'ai vu Shunrei ! Elle est vivante !
OoOo
Les chevaliers tentèrent tant bien que mal d'assembler les informations que Shun venait de leur divulguer. Shiryu quant à lui n'osait croire ce qu'on lui avait raconté.
- Non, ce n'est pas vrai… Ce n'est pas possible… répéta-t-il
- Shiryu… tenta Dohko
- Tu mens Shun, ce n'est pas possible, ça ne pouvait pas être elle !
- Je ne te mens pas Shiryu ! cria alors Shun en se précipitant vers lui, encore secoué par ce qu'il venait de vivre. Je l'ai vu ! Et elle m'a reconnu ! Tu crois vraiment que j'ai osé inventer un tel mensonge ?!
- Shun, calmes-toi ! dit Hyoga en retenant son ami qui était secoué de tremblements.
Les jambes de ce dernier flanchèrent et Hyoga dû le rattraper. Jamais, il ne l'avait vu dans un tel état.
- Mademoiselle Saori, avez-vous eu une idée de qui a pu lui arriver ? tenta Shion pour ramener un peu de raison là-dedans.
- Je…. Je ne sais pas Shion, répondit la jeune femme, complètement désarmée par ce qu'il se produisait.
Soudain, l'atmosphère changea brutalement. Elle devint lourde. Extrêmement lourde. Alertés, tous les chevaliers se mettèrent en position de combat pour protéger leur déesse.
- Vous avez ressenti ça ? dit Aldebaran.
- Oui… répondit Aphrodite. C'est comme si…
- Quelque chose de sacré arrivait, dit Mû à toute allure.
Mais alors qu'ils étaient tous abasourdis, un bruit se fit entendre depuis la salle du trône. Ils se tournèrent et ce qu'ils virent les stupéfièrent.
Devant eux, une sorte… d'arbre ? D'homme ? avançait. Leur cerveau tenta tant bien de comprendre ce qu'il se passait tant ce qu'ils voyaient dépassait l'entendement. La créature bougeait vers eux, accompagnée d'une panthère qui marchait à ses côtés, les babines entrouvertes. Ses bras et ses jambes étaient faits de racines, ponctués de quelques fleurs et de lierres. Son visage était semblable à un tronc d'arbre. La créature avait également une sorte de longue barbe faite en feuilles. Et pour ponctuer le tout, une couronne en feuilles de vignes était posée sur sa tête.
- Regardez vous… fit finalement la créature, d'une voix grave et sombre, rappelant celle d'un homme âgé mais autoritaire.
Tous les chevaliers regardèrent en sa direction et se mettèrent sur leur garde autour de leur déesse et de Shun.
- À cause d'elle, vous êtes des meurtriers. Tous des meurtriers, fit l'homme arbre en pointant du doigt Saori.
- Déesse Athéna… Avez-vous une idée de qui cela peut être ? demanda Shion, tentant tant bien que mal de contenir sa voix.
Un silence se fit tandis qu'un bruit de racines indiqua que l'homme-arbre tournait son visage vers Shiryu. Ce dernier frissonna.
- J'ai cru comprendre que c'est toi le compagnon d'enfance de Shunrei.
Rapidement, le cerveau du Dragon finit d'assembler les pièces du puzzle.
- Tu aurais quelque chose à voir avec Shunrei ?
Un autre silence.
- Est-ce que c'est toi qui l'a capturée ? tenta-t-il
- Disons que je lui ai sauvé la vie il y a cinq ans. Alors qu'elle allait quitter ce monde en se jetant dans les chutes.
L'annonce estomaqua tous les chevaliers tandis qu'elle rendait encore plus dingue Shiryu.
- Ne joue pas sur les mots ! Jamais Shunrei n'aurait osé faire cela !
- Et pourtant c'est la vérité. Mais pour quelqu'un comme toi, aussi aveugle que par le passé, cela a dû t'échapper bien entendu.
- Ferme la !
Et contrairement à son tempérament habituel, Shiryu voulut lui envoyer son poing du dragon.
- Shiryu ! hurla Dohko.
Mais aussitôt ! La terre trembla et l'attaque de Shiryu fut stoppée par une immense colonne de pierre et de terre surgissant du sol. Le Dragon chercha du regard d'où elle provenait.
Et son coeur rata un battement.
En haut d'une colonne en ruine se tenait une femme entourée d'un cosmos vert. Et cette femme… il pouvait la reconnaître entre mille.
- Sh… Shunrei ?
Elle était simplement vêtue d'une sorte de robe bustier très courte composée de feuilles de lierre. Très loin des tenues traditionnelles chinoises qu'elle portait auparavant. Sa peau était laiteuse et ses cheveux noirs étaient détachés.
- Shunrei… C'est bien toi ? dit Dohko à côté de lui, tout aussi stupéfait.
- Bonjour Vieux Maître. Bonjour Shiryu, dit Shunrei d'une voix douce.
- Que t'est-il arrivé ? demanda Shiryu, stupéfait de ce qu'elle venait de faire.
- Et bien… J'ai rejoint sa cour comme vous pouvez le voir, dit-elle en pointant du nez l'homme arbre.
- Comment ?... Non ce n'est pas possible, Shunrei, tu ne peux pas…
- Et pourtant elle le peut chevalier, déclara l'homme-arbre.
Shunrei atterrit auprès de l'homme-arbre. Puis, apparurent à côté de lui d'autres individus. Shun reconnut tout d'abord l'individu qui l'avait accosté au bar. Cette fois-ci, ses écailles se voyaient plus clairement. Apparut aussi une autre personne, tout aussi hermaphrodite, qui avait les cheveux courts bruns et des ailes de libellules dans le dos. À première vue, l'on pourrait penser à un homme au visage fin mais en observant mieux, l'on pouvait se rendre compte qu'iel avait une petite poitrine cachée par une sorte de débardeur en feuilles. La panthère, quant à elle, se métamorphosa en une créature mi-homme, mi-bouc : un faune… comme dans les récits mythologiques. Aucun des chevaliers ne voulait croire ce qu'ils voyaient.
- Je vous présente mes ménades, les nymphes et faunes qui composent ma cour. Si vous les attaquez, elles ne vous épargneront pas.
Apparue également à ses côtés une femme grande et brune. Elle avait des yeux verts sombres, des yeux de chasseurs, qui vous analysaient et vous décortiquaient. Shun eut le sentiment d'avoir déjà vu cet air de Terminator.
Terminator… Attends une minute…
Il tourna son visage vers celui de Shura et ce qu'il vit le surprit.
Shura était blême.
Son souffle était erratique et ses yeux remplis de larmes. Ses mains tremblaient. Il n'y avait pas que Shun qui était surpris de le voir dans cet état.
- Ça fait longtemps Shura, dit la femme d'une voix forte et grave.
Aucune réponse. Les mots restaient bloqués dans la gorge de Shura.
- Shura ? Tu connais cette femme ? Demanda Aiolos.
Puis, au bout d'un moment, les mots finirent par sortir. Ces mots que jamais Shura n'aurait pensé prononcer un jour. Ces mots synonymes de peur et d'espoir.
- Oui… C'est…
Et il planta son regard dans celui de la femme. Un regard si similaire au sien.
- C'est ma sœur… Ma sœur jumelle… Esther…
OoOo
Flash back, Andalousie, 1972
D'ordinaire.
Shura aimait l'odeur du feu. Celle qui se trouvait sur un tas de bois dans la forêt ou en dessous d'une casserole en fonte suspendue, dans laquelle baignait une soupe à l'odeur alléchante.
Mais là… Il détestait cette odeur. Elle était exécrable. La fumée agressive s'insinuait dans sa gorge, le faisant cracher ses poumons. Tout autour de lui, les flammes détruisaient les pans de bois des roulottes, les rendant invivables, elles qui pourtant avaient été leur foyer sur les routes.
Du haut de ses huit ans, il voyait l'Enfer devant ses yeux.
Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'ils vivent tout ça ? Étaient-ils vraiment comment les gens les percevaient pour en arriver à une telle situation ?
Malgré la fumée, il tenta de se lever. Il fallait qu'il trouve sa sœur. Où était-elle ?
-Esther ! hurla-t-il
Seul le crépitement des flammes et les hurlements d'autres personnes lui parvenaient aux oreilles alors qu'il avançait sur cette route de terre.
-Esther !
Il entendit remuer sous des gravats juste à côté de lui. Apeuré, il vit que c'était son père. Ce dernier avait le crâne en sang à cause du plafond en bois d'une roulotte qui lui était tombé dessus. Il lui tendit la main, cette dernière tremblait, comme si cela lui coûtait de le faire. Sa respiration était sifflante et laborieuse. Ses poumons fournissaient leurs derniers efforts.
-S…Shura…
Shura ne répondit pas, partagé entre la peur, l'incompréhension et la colère qui montait petit à petit en lui.
-Mon fils…
Alors… Shura hurla et partit en courant, s'éloignant de son père.
-Tout ça c'est de ta faute Papa !
Il avait crié cette phrase atroce d'un coup sec. Sans s'arrêter. Mû par sa colère et sa rage, il courait sur ce terrain vague dans lequel ils avaient emménagé.
-Esther ! continua-t-il de crier.
Soudain, il s'arrêta. Devant lui, ce n'était pas Esther. Mais des hommes en noir. Des représentants de l'ordre ? Un au milieu se distingua par son visage rond et gras. De sa bouche s'échappa ces mots terribles :
-Faites en sorte qu'il n'en reste pas un seul de ces satanés gitans !
Shura voulut alors hurler quand tout à coup ! Une main en métal se mit sur sa bouche, empêchant les mots de sortir. Il fut brusquement tiré en arrière et caché derrière un tas de ferraille.
-Ne dit plus un mot… Sinon ils vont te trouver, chuchota une voix derrière lui.
Shura tourna les yeux et vit un jeune garçon, probablement âgé de 14 ans. Il était de grande taille, ses cheveux bleus et ses yeux verts. Il comprit aussi que la main n'était pas en fer mais en or. Comme tout le corps de cet homme. Était-ce… comme dans les livres qu'il adorait lire… un chevalier ? Don Quichotte ?
L'individu prit Shura dans ses bras et s'enfuit vers les montagnes, à l'opposé de la forêt qui lorgnait le terrain.
-Excuse-moi… Je n'ai pas tout compris à ce qu'il se passait mais tu étais en danger de mort. Mais c'est bon tu es en sécurité maintenant. Au fait… Je m'appelle Saga. Je suis un chevalier d'Athéna, dit-il en lui tendant la main.
L'enfant le dévisagea de ses yeux perçants.
-Vous avez vu ma sœur ?
-Non… Je suis désolé… Je n'ai vu personne d'autre.
Shura sentit son cœur se serrer, les larmes montant aux yeux, il regarda l'incendie qui continuait de se propager sur le terrain vague, anéantissant le campement qu'ils avaient réalisé avec les autres membres de leur communauté.
Était-ce comme ça que s'appliquait la justice ? Aussi durement ? Aussi implacable ? Tel le fort anéantissant le faible ?
OoOo
- Shura ?! Criait une voix d'enfant dans les bois, non loin du terrain vague.
La petite fille, tout juste âgée de 8 ans, cherchait son frère. Elle ne savait plus trop pourquoi elle était dans ces bois ni comment elle y était arrivée. Tout juste, elle avait pris ses jambes à son cou quand son père lui avait hurlé de s'enfuir alors que le feu envahissait la roulotte.
Les personnes qui avaient mis le feu savaient très bien que leur plan allait fonctionner. À cause du vent qui était particulièrement fort dans cette région sèche d'Espagne : une braise pouvait se transformer en incendie. Tout était parti. Réduit en poussière. Et elle, elle cherchait son frère. Elle avait l'espoir qu'il ne soit pas mort. Il ne pouvait pas la laisser seule, il lui en avait fait la promesse.
Autour d'elle le ciel était orange et rouge, l'ours de nuages noirs de fumée : un ciel d'apocalypse. Pourtant cela ne l'empêchait pas de courir dans cette forêt dense et sombre. Il fallait qu'elle trouve son frère. Seulement dans sa précipitation, elle ne vit pas la racine qui sortait du sol et de sa maladresse d'enfant , son pied se prit dedans et elle tomba la tête la première sur le chemin, les poignets recevant le choc de la chute.
Elle hurla sous la douleur alors qu'elle se recroquevillait par terre. Les larmes se mirent à couler toute seule sur ses joues d'enfants.
-Shura….
Ses pleurs continuèrent pendant un bout de temps. Puis, petit à petit, son corps se calma, à la recherche d'une meilleure manière de respirer.
-Que fais-tu ici petite fille ? Fit une voix au loin
Elle se redressa, alerte : qui avait bien pu parler ?
A ce moment précis, dans l'ombre d'un arbre, Esther vit sortir la tête de… une sorte de créature. Mais à première vue, elle avait une tête étrange : son visage semblait être celui d'un humain mais ses traits étaient semblables à ceux d'une chèvre. Et surtout, elle avait des cornes immenses semblables à celles d'un bouc. Elle s'extirpa de l'arbre et Esther bloqua son souffle en la voyant. Tout le bas de son corps était couvert de poils longs comme une fourrure. Mais le pire était ses pieds : ce n'était pas des pieds humains mais… des sabots. Comme ceux d'une chèvre.
Était-ce le Diable ? Comme dans les cartes de tarot de sa grand-mère ? La petite fille sentit son coeur tambouriner de peur dans sa poitrine.
- Tu me prends pour le Diable ? Ne t'en fais pas. Je ne suis pas Lucifer mais le dieu Pan.
Esther était incapable de parler. Tout ceci représentait une image bien trop irréelle pour son cerveau.
- Et cette peur terrible que tu ressens en me voyant, c'est normal. Je crée cette peur bien spécifique à tous les humains que je croise.
Étrangement, au fur et à mesure qu'il lui parlait, elle avait de moins en moins peur. Au contraire, elle finit par se sentir même rassurée en présence de cette étrange créature qui, par son apparence incongrue lui permettait d'oublier l'atrocité des hommes.
-Où sont tes parents ? Continua Pan
A l'évocation de ce mot, l'enfant pleura à chaudes larmes. Le dieu eut un visage peiné et s'accroupît en passant doucement la main sur les cheveux de la petite. La voix étranglée par les sanglots, la petite fille se mit à parler :
-Vous… Vous avez vu mon frère ? Shura qu'il s'appelle. On a le même âge.
-Un garçon ? Non… Je suis désolé… Je n'ai pas vu de personne de ton âge ici. Vous vous êtes perdus ?
La petite le dévisagea avec un regard si larmoyant que Pan en eut pitié. Il regarda le ciel et huma l'air calciné : un incendie se déroulait non loin de là. Soudain, il fit le rapprochement avec l'apparence charbonneuse de la petite.
-Oh…
Les pleurs redoublèrent et la petite vint instinctivement se blottir contre le dieu qui, bien que surpris, ne la repoussa pas. Au contraire, il l'entoura de ses bras, compatissant du mieux qu'il pouvait à sa peine.
-Ne t'en fais pas… Tu ne seras pas seule.
La petite ouvrit l'œil et vit l'arbre derrière lequel se tenait le faune changer de forme, comme s'il se ramollissait et prendre forme humaine, devenant une très belle femme : était ce, comme dans les mythes, une nymphe ?
-À la cour de Dionysos, tu ne seras pas seule… répéta le dieu Pan
OoOo
Le temps semblait s'être arrêté au Sanctuaire. Tenu à un fil : celui invisible qui reliait le regard de Shura à celui d'Esther. Tous deux âgés de 27 ans. Tous deux ayant suivi un chemin bien différent.
Les voici désormais en ennemis. Et ça, ils le comprenaient.
Dionysos reprit la parole :
- Comme c'est touchant : des retrouvailles fraternelles. Dommage Esther que ton frère ait rejoint le camp de cette hypocrite.
- Comment osez vous traiter notre déesse de la sorte ?! Cria Aiolia.
- Je suis son frère. Enfant de Zeus également. Je peux largement me le permettre.
Tout à coup, il se mit à étendre les bras et une lumière dorée jaillit de derrière lui. De surcroît, émana de lui une aura particulièrement puissante, limite dévastatrice. Les chevaliers serrèrent leurs mâchoires en ressentant cela. C'était une force… comme celle de leur déesse ! La même essence divine. Même Saori en était estomaquée.
- Comment ?… murmura Shion, se demandant qui ils avaient en face d'eux.
Pour parachever les présentations, ils virent les yeux de l'homme arbre se transformer et, a l'intérieur, ils virent l'univers s'étendre sous leurs yeux. Une chute vertigineuse que seuls les dieux étaient capables de faire ressentir !
- Tu… Tu es… murmura Saori.
- Je m'appelle Dionysos, seigneur et roi de la Nature. Si je viens ici, c'est pour vous dire que je connais vos futures intentions. Je sens déjà ce qui se trame dans vos cœurs : vous n'avez qu'une envie, c'est de déclarer la guerre à mon Sanctuaire pour aller chercher ces deux personnes qui composent la cour. Soit. Faites le. Mais rien ne vous garantit que vous réussirez : ton sanctuaire, Athéna, est l'ombre de lui-même depuis un bout de temps. Je vois bien que les heures de gloires sont révolues.
La lumière devint de plus en plus éblouissante.
- Aucune de mes ménades ne vous épargnera. Pas même moi. Vous m'en voyez navré.
Il se tourna vers Shiryu et le dévisagea :
- De plus, pas sûr que Shunrei ait envie de te rejoindre de nouveau.
Et dans un éclair, ils disparurent.
- Shunrei ! Cria Shiryu
- Esther ! Hurla Shura en se précipitant à leur poursuite.
Mais rien n'y fait : ils avaient déjà disparu. Il s'effondra au sol, le regard plongé dans le vide. Personne ne l'avait vu dans cet état. Saori tenta de s'approcher de lui.
- Shura…
Aiolia tiqua en la voyant presque s'agenouiller auprès de lui, alors que ce salopard avait manqué de l'assassiner il y a 15 ans ! Mais il se retint.
- Ce n'est rien ma déesse. Nous… nous devons agir pour sauver l'amie d'enfance du chevalier du Dragon et pour vous protéger.
Il ne fit aucune mention de sa sœur. Peut-être avait-il prévu autre chose ?Il avait d'ailleurs repris son habituel masque stoïque. Pourtant, à l'intérieur, Shun le sentait bouillir.
- Il a donc Shunrei… murmura Dohko.
- Pire… Il semblerait qu'elle ait rejoint son camp, dit Aphrodite
- Arrête de dire des conneries, répondit Shiryu d'une voix dure. Jamais Shunrei ne ferait ça. Jamais ! Il… Il la retient prisonnière. Il la manipule j'en suis sûre.
Dans le remue ménage causé par le dieu, seul Shun était resté pensif. Il songeait aux paroles de Dionysos, qui résonnaient en lui :
Vous êtes tous des meurtriers à cause d'elle.
C'était la première fois qu'un dieu les désignait de la sorte. Comme s'il les défendait.
Mais pourquoi ? Pourquoi ferait il cela ?
Et bim ! Apparition pour la première fois de Dionysos et de sa cour.
Le moins que je puisse dire c'est que nos héros ne sont pas au bout de leur surprise avec eux...
Sur ce, bon week-end à vous et à très vite pour le chapitre 5 !
