Bonjour à tous et welcome to the chapitre 7
J'avoue, pour le moment, ce chapitre est mon chouchou. J'espère qu'il vous plaira !
Pour info, en écrivant ce chapitre, j'ai écouté "Paul's dream" issu de la bande-son du film Dune de Denis Villeneuve.
Bonne lecture à vous !
Country. sa : merci pour ta review, toujours très constructive ! :) merci aussi pour ton retour concernant la description du combat, ça ne peut que me pousser à m'améliorer. En tout cas, j'espère que ce chapitre te plaira !
Shura entendit un cri fendre l'air. Cela devait être le chevalier du Cancer. Obstiné, il continua sur sa lancée malgré la détresse de son camarade. Il lui fallait atteindre son but. Et ce dernier se prénommait Dionysos.
Au fur et à mesure qu'il avançait, la forêt devenait de plus en plus menaçante et sombre. Les arbres étaient d'une grandeur absurde et la lumière peinait à traverser leurs branches. Aucun oiseau ne chantait. Aucun insecte ne communiquait. Seul le silence régnait.
Silence dérangé par une voix d'outre-tombe :
- Ainsi donc, c'est toi qui a la volonté de me tuer ?
Shura s'arrêta. Devant lui, deux pupilles vertes, tel un animal caché dans l'ombre, le dévisageait. Il n'y avait pas de doutes : c'était bel et bien Dionysos qui lui parlait.
- Oui. C'est moi, Shura, chevalier d'or du Capricorne. Détenteur de l'épée sacrée Excalibur.
Un rire inextinguible se répercuta sur les arbres. Ce rire aurait pu glacer le sang de n'importe quel individu mais Shura tenait bon. Il gardait son masque de fer, inébranlable.
- Très bien. Viens me retrouver au cœur de la forêt si tu y comptes tant. J'ai hâte de voir ton petit bras s'agiter dans tous les sens !
Et le rire s'arrêta. Toujours imperturbable, Shura s'enfonça dans les profondeurs de la forêt. Cette dernière se faisait d'ailleurs de plus en plus noire. Pourtant, il continuait d'avancer. Toujours imperturbable. Attentif au moindre bruit.
C'est d'ailleurs un bruissement soudain de feuilles qui le fit réagir. Il actionna Excalibur et s'arrêta, les sens en alerte.
Plus aucun bruit.
Vigilant, il mima une baisse d'attention.
Aussitôt, le bruissement de feuilles recommença.
Et il lança son attaque, manquant le coup de justesse.
Une dryade !
La créature mi humaine mi arbre se jeta sur lui en hurlant. Il contrecarra l'attaque rapidement en lui balançant un coup de poing puis en lui tranchant le corps. Plusieurs autres dryades se jetèrent sur lui mais par un habile mouvement de bras, il envoya son attaque les découper. Plusieurs arbres y passèrent aussi. Il envoya une autre attaque envers d'autres dryades. Cette fois-ci, l'attaque découpa le sol et fit voler plusieurs mottes de terre en plus de leurs corps décharnés.
Les dryades n'étaient plus. Le silence se fit de nouveau. Shura se retourna et voulut continuer sur sa traversée quand un autre bruissement de feuilles se fit entendre.
Il se retourna vivement, le bras prêt à attaquer… quand il vit que c'était Aiolos. Son bras se stoppa net.
- Heureusement que tu t'es arrêté à temps !
- Que fais-tu ici chevalier du Sagittaire ?
- Nous avons combattu avec Deathmask une des ménades de Dionysos, la naïade Saor. On a gagné mais Deathmask est très affaibli. Je l'ai installé dans une grotte le temps que j'aille chercher du secours. J'ai de la chance de tomber sur toi.
Shura ne répondit pas et se contenta de se retourner pour continuer sur sa voie.
- Attends, tu ne vas pas m'aider ?
- J'ai une mission importante à remplir.
- Deathmask est mal en point. Si quelqu'un venait à l'attaquer ?
- Il peut se défendre.
- Non justement pas dans son état. Son cœur s'est arrêté juste après le combat !
- Tu peux t'occuper de lui.
Et il allait se retourner quand il entendit Aiolos lui répondre :
- En fait, il n'y a que toi qui compte. Toi et ta petite fierté.
- Pardon ?
- T'es là à te proclamer chevalier le plus fidèle d'Athéna mais tu t'es regardé ? Tu m'as tué sans la moindre hésitation il y a 18 ans et tu as failli tuer Athéna. Elle est belle ta fidélité.
Cette phrase fit tiquer Shura et il tenta de retenir sa colère. Aiolos continua de parler :
- À quoi ça sert que tu restes chevalier si c'est pour que tu sois aussi égoïste ? À quoi tu sers à Athéna ? Honnêtement, tu es ridicule, vraiment ridicule… dit-il en commençant à rire.
Shura se retourna alors que Aiolos se mettait à rire de plus en plus fort. Soudain, le Sagittaire rejeta la tête en arrière, la gorge déployée. Son rire se répercuta contre les arbres et allait crescendo. C'était un rire hystérique. Shura fronça les sourcils en voyant ça : ce n'était pas normal de voir Aiolos avec un rire aussi… fou ?
Ça y est, j'ai compris… pensa-t-il.
Il tendit son bras gauche, concentra son cosmos en ce point et le lança en direction du Sagittaire. L'attaque tranchante partit d'un coup et heurta de plein fouet le Sagittaire qui le dévisagea de ce même air hystérique. Shura retendit son bras et le lança contre Aiolos qui eut le crâne tranché après avoir poussé un long hurlement d'agonie.
Le Sagittaire retomba au sol, comme une vulgaire poupée de chiffon. Le Capricorne atterrit à ses côtés et se releva, avec un sourire mesquin :
- C'est tout ce que tu as en réserve Dionysos ?
Il allait partir quand il vit Deathmask surgir des buissons. Shura se stoppa net en le voyant arriver. Cela se voyait qu'il ressortait d'un lourd combat.
- Deathmask… Que…
- Shura… Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai entendu hurler.
DM baissa les yeux et les ouvrit en grand quand il vit le cadavre du Sagittaire.
- Qui l'a attaqué ?
Shura ne répondit pas et se contenta de regarder avec des yeux exorbités Deathmask.
- Attends… Je reconnais le coup d'Excalibur ! C'est toi qui a fait ça ?
- Il poussait des rires hystériques à réveiller toute la forêt… C'est une illusion de Dionysos j'en suis sûr…
- Mais sûr de quoi ? Shura… Jamais il n'a poussé le moindre rire. Je l'aurais entendu sinon.
Le coeur de Shura rata un battement.
- Shura, tu es devenu complètement fou… Pourquoi tu l'as tué ?!
- Non, non c'est faux je ne l'ai pas tué… C'était une illusion.
- Ce n'est pas une illusion Shura ! C'est bel et bien Aiolos
Shura se mit à trembler au fur et à mesure qu'il réalisait la portée de son geste. Il baissa les yeux et vit le cadavre dégoulinant d'Aiolos gisant sur le sol. Il disait que Aiolos avait été une illusion de Dionysos. Et pourtant… Son corps était bien là ! Devant ses yeux. Il n'était pas fou… Ou l'avait-il été ? Il n'était désormais plus sûr de rien… Il s'agenouilla et prit dans ses bras le corps d'Aiolos. Il retint un spasme quand il sentit le corps encore chaud, lui faisant réaliser l'horreur de la situation.
Il avait tué Aiolos. Pour de bon.
- Non… Non je…
- Shura ?
Le dénommé leva la tête et trembla de tout son corps en reconnaissant le cosmos : c'était Athéna, elle se tenait debout devant lui. La déesse vit le cadavre du Sagittaire et retint un cri d'effroi en voyant cela, les deux mains devant la bouche, les yeux exorbités par la stupeur.
- C'est toi qui l'a… Comment Shura ?...
- Déesse ! Je… C'était un accident !
- Un… Un accident ? Comment peux-tu me dire ça alors que tu es censé être mon chevalier le plus fidèle ? Comment as-tu pu ? Alors que tout ton être doit être tourné vers ta lame ? De la rendre la plus aiguisée possible.
Le menton de Shura trembla en entendant cela.
- Tu étais censé être comme El Cid et tous les autres chevaliers du Capricorne avant toi : droit, valeureux, l'âme aussi aiguisée que ton arme ! Pour protéger la paix et l'amour sur Terre. Et voilà comment tu portes ton armure ?! En étant qu'un vulgaire assassin ?!
- Déesse Athéna ! cria Shura en se précipitant ventre à terre devant sa déesse. Pardonnez-moi… Je… Je ne sais pas ce qui m'a pris.
Toute gentillesse quitta le visage de Saori. Elle eut un regard de dégoût en voyant Shura de cette façon-là.
- Oh mais je sais ce qui t'as pris. Tu as voulu faire ta propre mission de ton côté. Avec toute la fierté qui te caractérise. Et tu es tombé dans le piège de Dionysos. Sans même t'en rendre compte tant tu étais aveuglé par ton orgueil !
- Pardonnez-moi…
- À cause de toi, j'ai perdu le chevalier le plus fidèle, le plus dévoué à sa cause. Et le plus sain d'esprit aussi. Tu n'es plus digne de mon rang… Tu n'es plus digne de cette armure ! Disparaît !
Et elle fondit en larmes en se retournant. Shura sentit son coeur se serrer violemment en voyant ça.
- Déesse !
Il voulut partir à sa poursuite quand il lui sembla sentir une odeur…
Une odeur bien trop familière.
Une odeur de brûlé.
- Oh non…
Il sentit la chaleur devenir écrasante et la forêt ténébreuse laisser place à un cercle de feu qui l'entourait. Tout autour de lui, il entendait les cris d'agonies d'homme, de femmes et d'enfants brûlant dans les flammes, leurs roulottes dévorées par ces dernières. Shura trembla de tout son corps en voyant cette scène de cauchemar qu'il n'aurait jamais voulu revoir. Il voulut courir mais la fumée s'insérait dans ses poumons, l'empêchant de respirer. Il se mit à tousser violemment. Quand il releva la tête, il vit en face de lui sa sœur, à l'âge de leur séparation. Shura sentit son cœur rater un battement en la voyant. Mais ce fut pire quand il vit l'individu qui lui tenait la main.
C'était son père.
Les deux le dévisageaient avec un air de dégoût.
- Esther… Papa…
- Ah maintenant tu m'appelles Papa avec un ton affectueux ? Ce n'est pas ce que tu as fait pourtant quand tu m'as abandonné.
- Papa… Je…
- Non mais vois ça Esther. Regarde ce que ton frère est réellement. Il s'est pavané toute sa vie en brandissant son bras tel un conquérant, en croyant qu' il était juste, valeureux, honnête… loin des gitans et de leur habitude de « voleur » et de « vermine » hein ?
- On n'est pas assez bien pour toi Shura ? Tu as honte de nous ? Répliqua sa sœur
- Non… Non je n'ai pas…
- Arrête de mentir ! Tu te crois meilleur que tout le monde mais regarde toi ! Tu n'es qu'un lâche ! Un imposteur ! Un assassin ! Tu te croyais meilleur que les gitans alors qu'on vaut mieux que toi. Tu n'as jamais eu aucune valeur.
- Tu n'es qu'un meurtrier Shura… Un assassin ! Tu es une honte à toi tout seul !
- Arrêtez…
- Assassin ! Menteur ! Lâche ! Vermine ! hurlèrent en coeur son père et sa soeur.
Leurs voix allaient crescendo, bientôt elles furent semblables aux cris perçants et angoissants des banshees, ces fantômes déchirant les cieux de leurs hurlements infernaux. Soudain, une attaque de cosmos très tranchante partit en direction du père de Shura. Ce dernier écarquilla les yeux puis lentement la partie droite de son corps se détacha et dans un affreux bruit de chair et de sang s'écrasa au sol. Choqué, Shura regarda son bras. Il ne lui semblait pas avoir déclenché Excalibur…
Son bras se mit à trembler puis ses doigts se tordirent dans tous les sens, poussés par une force invisible.
Je… Je ne contrôle plus Excalibur… comprit Shura
Ses veines devinrent noires tandis que son bras se tordait de plus en plus dans tous les sens. Shura tenta de le bloquer et serra les dents sous la douleur. Puis il sentit qu'il voulait se tendre. Il glapit et tenta ce qu'il pouvait pour le contrôler. Mais trop tard, son bras se tendit d'un coup, la main se dressa… et s'abattit directement en direction d'Esther dont le cou fut nettement tranché. La tête vola et alla s'écraser auprès de Shura qui poussa un cri d'effroi en voyant les yeux inertes de sa sœur, le sang coulant de son cou. Ce fut pire quand il vit ses lèvres bouger.
- Meurtrier…
Shura ressentit un tremblement et tout autour de lui, des vagues de sang digne d'un déluge d'hémoglobine vinrent s'abattre, engloutissant le corps de son père et de sa sœur. Shura vit avec effroi le corps d'Aiolos se joindre à eux. Et ils hurlaient sans cesse… Shura avait fini par s'agenouiller dans les flots de sang. Il avait beau se boucher les oreilles, il ne parvenait pas à faire taire leur cris… Il les ressentait dans sa chair, dans son âme… C'était trop…
C'était la vérité… Voilà ce qu'il était… Un meurtrier…
Une vermine…
- Alors ? Ça fait quoi de voir qui on est réellement ? Susurra une voix
Shura ouvrit les yeux se retrouva dans une forêt verdoyante, bien loin des lacs de sang. Juste en face de lui, il vit Dionysos, toujours sous une forme d'homme-arbre, assis sur un trône en bois de chêne. Il portait sur la tête sa couronne en feuilles de vignes et tenait dans sa main droite son thyrse, ce sceptre noble recouvert de vigne et surmonté d'une grenat taillée. Il dégageait énormément de prestance et de mystère.
- Tu abandonnes ? Demanda-t-il en caressant le repose bras de son trône.
Shura ne répondit pas. Le regard au sol, son esprit était embrumé. Avait-il vraiment été attaqué par des dryades ? Avait-il vraiment tué Aiolos ? Il n'en savait plus rien. Il nageait dans sa culpabilité et son désespoir. La seule chose qu'il savait c'est qu'il ne sentait plus Excalibur.
Dionysos se leva et s'approcha de lui. Shura sentit ses doigts caresser doucement sa nuque. Sous quelques éclaircis, toute la forêt retenait son souffle.
- Je pourrais aisément te trancher la tête Shura. Cela serait si facile. Et cela t'épargnerait toutes tes souffrances. Qu'en dis-tu ?
Shura ne répondit toujours pas.
- Rappelle-moi c'était quoi le but de ton existence ? Demanda Dionysos, comme pour remuer le couteau dans la plaie.
Mais Shura joua le jeu :
- Je voulais accomplir la justice divine, dépasser mon être. Excalibur représentait pour moi un modèle de pureté et un idéal que je voulais atteindre. Je voulais être comme Excalibur : droit et justicier… Noble. Mon passé, d'où je venais, je voulais les laisser mourir dans les flammes. Au final… J'ai été aveugle. Je me suis laissé emporter par ma fierté et mon orgueil. À ne vouloir plus voir qui j'étais réellement, à ne plus vouloir voir qui j'avais été, je me suis perdu dans les ténèbres.
- Et me tuer ? Qu'est-ce que cela représentait pour toi ?
- Tuer ce que j'execrais. Tuer ce que je ne voulais plus être et ne pas être. Accomplir cette justice. Mais qui je suis finalement pour prétendre accomplir ce type de tâche ? Je ne suis qu'un menteur, un lâche, un assassin.
Dionysos ne répondit pas et se contenta de tourner autour de Shura. Comme un bourreau jugeant l'arme qui serait le plus efficace pour tuer un condamné. Puis, il lâcha un soupir et s'éloigna de Shura :
- Je te conseillerais d'aller retrouver rapidement ta sœur chevalier.
Shura releva la tête, très surpris par la tournure des événements.
- Vous…
- Non je ne vais pas te tuer. Enfin, sauf si vraiment tu m'attaquais. Là je ferai en sorte que tu t'embroches avec Excalibur mais tu as l'air d'être moins crétin que cela.
- Mais je…
- Quoi ? Tu veux à ce point mourir ?
- Non… C'est juste que… Je ne comprends pas. J'ai osé lever la main sur un dieu, normalement je devrais être châtié.
- Effectivement, en temps normal, j'aurais continué à t'en faire voir de toutes les couleurs. Je déteste qu'on mette à mal mon autorité… Mais… Tu es le frère jumeau d'Esther. Et puis… Tu es le premier détenteur d'Excalibur depuis des siècles.
- Mais vous avez bien vu je ne mérite pas Excalibur. Elle n'est même plus là…
- Il ne t'est jamais venu à l'idée qu'Excalibur t'ai choisi ?
- Je… Je ne comprends pas….
- Shura du Capricorne. Excalibur n'est pas seulement l'épée des rois. Elle est l'épée d'Avalon, cette île divine cachée par une brune éternelle. C'est une épée née des flammes des salamandres, de l'air des sylphes et de l'eau des naïades. Même son manche est issu du chêne des dryades. Toutes ces divinités de la Nature ont participé à sa conception. Ce qui en fait une épée bien plus complexe que tu ne le penses. Par conséquent… celui qu'elle choisit comme étant digne de l'utiliser n'est pas forcément une personne d'une pureté absolue. Aucun humain n'est cela.
- Mais pourquoi choisirait-elle d'être utilisé par n'importe qui ?
- Pas par n'importe qui. Par quelqu'un qui, comme la Nature, est complexe et avec mille nuances. Quelqu'un qui est capable de surmonter les obstacles pour arriver à un équilibre, à un idéal qu'il s'est fixé sans nuire aux autres mais au contraire, pour les aider à aller vers cet idéal. Mais aussi quelqu'un capable de se connaître lui-même. Ce qui te manque actuellement.
- Oh… Je… Je n'avais pas envisagé les choses de cette façon.
- Tu sais, Excalibur est complexe mais pas idiote. Sûrement qu'elle te connais mieux que toi tu ne connais toi-même. Pour cela qu'elle est partie. Elle attend seulement que tu sois digne d'elle à nouveau.
Shura regarda Dionysos, les yeux brillants.
- Je…
- Maintenant laisse-moi te poser une question. Là maintenant, tout de suite, que cherches-tu au fond de ton cœur ? Que veux-tu réellement ?
Shura resta un instant bouche-bée, ne sachant pas quoi répondre. Il tenta de faire le vide dans son esprit et finalement, une réponse claire s'afficha :
- Ma sœur. Je veux… retrouver ma sœur.
- Et bien vas-y ?
- Mais… Mais c'est mal… Je n'agis pas pour Athéna, je…
- Oh tu sais, cette hypocrite n'a pas le monopole sur les humains. Alors, si tu veux retrouver ta sœur, je te conseillerais d'y aller en vitesse… Car elle court un grave danger à l'heure actuelle.
- Hein ? Comment ça ?
- Tu es au courant que comme toi tes camarades fréquentent actuellement la forêt ? Penses-tu que certains veulent la sauver de mon antre ?
Le sang de Shura ne fit qu'un tour : oh non… tout mais pas ça.
- Je… Je ne peux pas… Je ne peux pas la laisser combattre !
- Alors cours.
Aussitôt, les arbres et buissons s'espacèrent, laissant une voie clairement dégagée pour permettre à Shura de retrouver Esther. Il mit un pied, hésita, puis regarda son bras gauche. Il ne ressentit aucune chaleur pulser en cet endroit : Excalibur n'était plus là. Ou du moins… elle attendait. Les larmes aux yeux, il s'engagea dans la voie, non sans se dire que Dionysos était finalement plus humain que la plupart des dieux.
OoOo
Aiolia s'était retrouvé dans une partie plus espacée et rocheuse de la forêt, comme une sorte de "mesa", ces immenses montagnes vertes en forme de table. Contrairement à ses camarades, lui avait failli chuter dans le vide et s'était rattrapé de justesse sur la paroi couleur ocre.
Il venait de se relever quand il sentit une présence. À quelques mètres de lui se tenait Esther. Elle portait un simple t-shirt noir avec une jupe longue à fleur. Pieds nus et sans armure, ses cheveux bruns flottant au vent, elle le dévisageait du même air impétueux que son frère. Malheureusement, aux yeux du Lion, elle était une ennemie : une ménade infernale et hystérique qui faisait partie d'un Sanctuaire qui entraînait les hommes dans leur plus vil instincts, telle l'amie d'enfance de Shiryu. Une ennemie à la cause d'Athéna. Une ennemie à la paix et à l'amour sur Terre. Et elle ressemblait tant à Shura.
Esther, quant à elle, se contentait de le dévisager calmement. Avec sa tignasse de cheveux châtains et sa stature, ce chevalier comme son signe astrologique : une apparence bestiale accompagnée d'un air fier et farouche, tel le roi des animaux qui défendait son territoire sans courber l'échine.
- C'est toi le frère du chevalier du Sagittaire ?
- Comment nous connais-tu ?
- J'ai tout simplement enquêté quand j'ai découvert que mon frère était toujours de ce monde.
Aiolia ne répondit rien et se contenta de garder du mieux qu'il pouvait sa colère montante.
- Notre déesse a envoyé Shura avec nous pour qu'il puisse te convaincre de quitter ce Sanctuaire.
- Malheureusement je tombe sur toi à ce que je vois.
- Effectivement. Et contrairement à ma déesse, je te considère plutôt comme une ennemie.
- Fais-le si ça te chante. Je suppose que tu dois te gonfler d'orgueil en imaginant la sœur de la personne que tu hais le plus au monde être dans cette cour de débauche ?
- Il est vrai que j'ai plus d'estime pour les femmes ayant de la vertu. Mais ça ne m'étonne pas que finalement que vous soyez frère et soeur : toi te vautrant dans les bas fond de l'humanité et lui un ignoble assassin doublé d'un piètre chevalier.
- Contrairement à ce que tu pourrais croire…
Aiolia vit des flammes apparaître au bout de ses poings. Il se mit en position de combat.
- Je n'ai jamais pensé ça de mon frère. En revanche je pense ça de toi.
- C'est ce qu'on va voir. Lighting Fang !
Aiolia frappa le sol et des milliers d'éclairs en jaillir. Le choc fut tel qu'une faille immense remonta en direction d'Esther qui s'élança dans les airs et envoya plusieurs boules de feu depuis ses mains en direction du chevalier. Le chevalier serra les dents. Il évita de justesse projectile mais se retrouva projeté contre la roche par un tunnel de flammes. Il se protégea de justesse grâce à son armure en or et réussit à s'en extirper. Il vit les poings d'Esther se gonfler de flammes et il comprit qu'il fallait l'attaquer au corps à corps.
- Lighting plasma !
Il concentra tout son cosmos et le relâcha d'un coup à une vitesse phénoménale. Les milliers de coups partirent en direction d'Esther qui malgré sa vitesse augmentée par ses flammes eut des difficultés à les éviter.
Bingo… pensa Aiolia.
Il rattrapa la distance qui les séparait et frappa sa poitrine. Esther, le souffle coupé, se courba instinctivement. La colère ne faisant que le guider, il la saisit par la gorge. Une petite voix au fond de lui avait beau crier que c'était mal ce qu'il faisait, elle n'était rien face à la satisfaction qu'il ressentait à la dominer. Il eut même un sourire mesquin :
- Les chevalières d'Athéna sont plus fortes que toi dis-moi.
Alors qu'il pensait qu'elle allait lui supplier de la délivrer, il vit Esther relever la tête et le dévisager de ses yeux vert sombre. L'impression d'être trucidé par deux lances le figea sur place. C'était un regard perçant, semblable à celui d'un fauve défendant son territoire. Un regard qui vous foudroyait sur place et vous liquéfiait.
Aiolia fut troublé de voir un tel regard dans les yeux d'une femme. Esther saisit sa main droite et fit une pression. Il sentit une chaleur devenir intense et il hurla en la sentant devenir brûlure. Il eut même le sentiment que son armure se liquéfiait ! Des flammes couleur d'ambre s'échappèrent du corps d'Esther alors qu'elle ouvrait la bouche. Aussitôt, un chant puissant à la limite du guttural sortit de sa gorge compressée. Les notes allaient crescendo au fur et à mesure que les flammes envahissaient le corps d'Esther. Aiolia retira instinctivement sa main et contempla abasourdi le corps de la jeune femme se transformer en torche humaine, le chant puissant et vibrant dans l'air comme un incendie de forêt.
Il eut à peine le temps de se ressaisir qu'elle fonçait vers lui et l'envoya se faire encastrer dans la roche. Aiolia hurla sous l'impact : si on lui avait dit qu'un corps enflammé possédait une force surhumaine... Sonné, il vit arriver devant lui une vision des plus spectaculaire : Esther n'était plus qu'un corps composé de flammes orange et rouges. Elle était l'élément du feu à elle toute seule : indomptable et tout-puissant. Aiolia serra les dents en voyant cela : si un feu avoisinait les 1000 degrés, alors il ne lui restait plus que quelques degrés à atteindre avant qu'elle ne fasse fondre son armure ! Esther tendit brusquement les bras et envoya de nouveau un tunnel de flammes beaucoup plus puissant en sa direction. La chaleur était atroce. Malgré son cosmos et son armure, Aiolia hurla sous la douleur et sentit sa peau chauffer à la limite du tolérable pour cette dernière. Un peu plus et des cloques finiraient par apparaître, signifiant qu'elle avait atteint sa limite.
Il se releva pour se remettre au combat mais peine perdue… Il était encerclé par les flammes, tel un lion pris en cage. L'air était devenu irrespirable et l'odeur du feu lui prenait à la gorge. L'environnement les entourant n'existait pratiquement plus : il ne restait que la terre sableuse et cet incendie.
- Alors ? On n'ose plus se battre ? fit la voix d'Esther.
Aiolia serra les dents et pensa à son frère. Aussitôt, la colère qu'il avait ressentie plus tôt tambourina dans sa poitrine. Il la sentit croître et prospérer comme les flammes d'Esther. Il serra les poings et fit rugir son cosmos : oh que non il ne pouvait pas perdre devant elle.
- Jamais je ne perdrais devant toi !
Son cosmos se mit à resplendir et dans un rugissement presque bestial, il explosa. Le souffle de l'explosion balaya les flammes d'un coup. Interloquée, Esther ne vit pas le chevalier enragé foncer sur elle et la projeter contre la roche dans un fracas épouvantable. Bien que sonnée, la jeune femme arriva à se relever et observa avec un sourire mesquin le cosmos de cet homme grandir dans son poing droit.
L'air chargé de tension électrique, Aiolia recula son poing, le cosmos brûlant dans ce dernier et dans un cri envoya son attaque fatidique. Esther se releva, confiante dans sa capacité à pouvoir l'absorber.
- Lighting Plasma !
Le poing droit partit…
Et heurta de plein fouet le corps de Shura.
L'impact de l'attaque s'évapora dans l'air.
Le temps fut alors suspendu.
Sidéré, Aiolia regardait son poing qui avait traversé la poitrine de Shura. Esther était elle-même sous le choc.
- S-Shura…
Un crachat de sang sortit de la bouche du chevalier du Capricorne et atterrit sur le visage du Lion, trop choqué pour réagir. Il plongea ses yeux dans ceux de Shura, comme s'il essayait de comprendre ce qu'il s'était passé.
- Finalement… Tu as eu ta revanche chevalier du Lion, dit ce dernier dans un sourire triste.
Comprenant alors que Shura venait de se sacrifier pour sauver sa sœur, Aiolia retira sa main, reprenant pied dans la réalité.
Que… Qu'ai je fais ?...
Mais le réveil fut plus brutal quand il vit Esther hurler et se précipiter vers son frère qui tombait à la renverse. Il la vit s'agenouiller au sol, le visage baigné de larmes, le regard horrifié.
- Shura !
Son frère crachait du sang. Son teint devenait livide.
- Shura… C'est moi, Esther…
La voix grave de la salamandre était entrecoupée de larmes. Aiolia fut frappé d'un violent souvenir en voyant cela : il se revit enfant, le regard épouvanté et le visage salé par les larmes incessantes à pleurer la mort de son frère. Cet enfant qui, auparavant, pardonnait facilement les égarements d'autrui, conscient que personne n'était parfait.
Qu'ai-je-fait ?... Qu'est-ce qui m'a pris ?...
- Shura ? Regarde-moi Shura ! Ne pars pas ! continuait de dire Esther, au bord de la panique.
- E… Esther ?...
Cela lui coûtait de parler.
- Tu… Tu es vivante ?... dit-il en tendant la main.
Esther s'en saisit immédiatement. Elle eut un sourire triste.
- Oui… Oui je suis vivante… Et toi aussi tu as intérêt à l'être !
- C'est… peut être… mieux comme ça…
- Arrête ! Tais-toi ! Tu vas t'en sortir ! Tout ira mieux maintenant… Je te le promets !
Voulant faire un dernier effort, Shura posa sa main sur la joue de sa sœur.
- Au moins… Je t'aurais revu une dernière fois…
Esther ferma les yeux et colla davantage cette main à sa joue…
Quand elle la sentit lâcher.
Le cœur suspendu, elle rouvrit les yeux et vit le visage inerte de son frère. Elle eut un mouvement de recul et la main s'effondra au sol.
- Non… Non… Je t'en prie… Je t'en supplie…Ne m'abandonne pas…
Et elle fondit en larmes.
Aiolia était resté figé sur place, lui aussi atteint par un chagrin incommensurable. Ironique alors que la seule chose qu'il souhaitait il y a quelques jours c'était de voir Shura mourir. Une larme d'élan chevaleresque surgit timidement dans sa poitrine et il voulut s'approcher de Shura.
- Recule.
C'était Esther. Et elle le regardait de nouveau avec ce regard d'acier. À ce moment précis, il se rendit compte à quel point il s'était trompé en la confondant avec Shura. Elle possédait son propre visage : avec ses lèvres pulpeuses, ses pommettes hautes, son visage ovale et son nez légèrement en trompette
- Tu l'as tué… Sous couvert de l'amour et de la paix sur terre, d' Athéna… Tu parles ! Ce n'est pas avec ça que tu l'as tué mais avec ta haine ! C'est ta haine qui l'a tué ! Ta haine seulement !
Les mots frappèrent Aiolia qui recula… Pour la première fois, son orgueil ainsi que sa fierté avaient disparu.
Soudain, un violent tremblement de terre se déclara suivi d'un cri monstrueux. Esther s'agenouilla auprès de son frère et se mit sur lui pour le protéger. Encore sous le choc, Aiolia ne se rendit pas compte que la falaise s'écroulait et qu'il tombait dans le vide.
- Aiolia ! hurla une voix
C'était son frère qui venait de surgir dans les airs. Il rattrapa Aiolia au vol.
- Bon sang Aiolia! Que t'est-il arrivé ?!
- Je… J'ai tué Shura.
La voix d'Aiolos resta bloquée alors que son visage horrifié se tournait vers Esther restée au sol avec Shura… mort.
- Aiolia… Comment as-tu pu ?
Fin du chapitre 7 !
Mais qui a pu donc pousser ce cri ? Pour les fans d'Aiolia, ne vous en faite pas ! Il va redevenir le superbe chevalier que l'on affectionne !
Alors j'avoue, ce chapitre est mon chouchou car j'ai glissé une allusion (un peu énorme d'ailleurs) à une légende arthurienne que j'affectionne particulièrement. L'avez-vous deviné ?
Sur ce, j'espère que le chapitre vous aura plu et à très vite pour le chapitre 8 !
