Bonjour à tous ! Et voici le chapitre 19 !
J'aurai aimé le publier la semaine dernière mais j'ai changé la répartition des chapitres à la dernière minute du coup il y a eu du retard :')
Mais ! Ce chapitre contient beaucoup de rebondissements (en plus de faire 18 pages, je ne me souris pas de vous) ! Donc j'espère qu'il vous plaira
Bonne lecture !
Isa1977 : merci pour ton commentaire ! Pour Kanon, il va y avoir pas mal d'actions là-dessus et d'autres questions qui vont être soulevés donc j'espère que ça te plaira ^^
Quelques heures après être partis du sanctuaire d'Athéna, Shun et son équipe rentraient dans leur forêt. Quand ils les virent arriver, Shunrei et Eliotis furent très inquiets. Que s'était-il passé pour que Saor soit dans cet état ? Dionysos leur emboîta le pas, le visage tout aussi froncé.
- Shun… dit Shunrei en s'approchant doucement de lui.
- Dîtes-moi ce que je peux faire Dionysos ?
Le dieu toucha le front de la naïade.
- Il n'y a pas grand chose à faire malheureusement. À part le mettre dans la rivière. Retourner dans son élément est la seule chose qui puisse lui faire du bien. Enfin… Il peut y rester longtemps. Laissons-le, il a été ébranlé, nous ne pouvons lui faire subir davantage.
- Mais Artémis… tenta Shunrei
- Nous nous débrouillerons autrement, trancha finalement le chef.
Il alla dans la rivière et déposa Saor. Aussitôt, le corps de la naïade disparut et la pluie tomba sur la forêt de Dionysos.
OoOo
Shun s'avança dans le cœur de la forêt, là où les branches formaient une voûte semblable à une cathédrale. Il vit Dionysos assis en tailleur par terre sous sa forme d'homme-arbre, son cosmos doré l'entourant. Que faisait-il dans cette position ? Puis, il entendit l'écorce de son visage craquelé, signe que Dionysos allait parler :
- Shun, peux-tu me dire comment Saor s'est retrouvé dans cet état ?
- Mon frère lui a fait revivre son passé.
- Pauvre de lui. Cela a dû le détruire plus qu'autre chose.
- Oui… Je m'en veux de ce qui s'est passé, j'aurai dû être plus vigilant.
- Malheureusement, tu ne peux pas tout maîtriser pour empêcher les autres d'être blessé Shun. Je sais que tu souhaites ardemment cela et que tu fais tout pour que cela ne se produise pas mais ce n'est pas possible.
- Je… Je sais…
- Le plus important dans cette histoire est que vous ne soyez pas blessé grièvement. Saor finira par s'en remettre, je peux te l'assurer.
Shun serra le poing et fit un hochement de tête.
- Grâce à son courage et à celui de Cilia, nous savons où se trouve le Sanctuaire d'Artémis.
Le dieu se releva dans un craquement de racine et eut un sourire.
- C'est déjà une très bonne chose.
Il s'approcha du chef des ménades et toucha délicatement de ses doigts racines l'hématome situé sur la joue droite.
- Bien que nous soyons proches du but, reposez-vous les prochains jours. Vous avez perdu momentanément un de vos camarades à cause d'Athéna, nous ne pouvons pas courir le risque d'en perdre d'autres à cause d'Artémis.
Shun sentit que Dionysos voulait ajouter quelque chose et attendis patiemment :
- Je vais être absent pendant quelques jours. Nous pourrons partir pour Artémis à mon retour, je serai à vos côtés.
- Comment ça vous allez être absent ? demanda Shun, un peu perdu
- Oh, trois fois rien. Une petite bricole à régler. Ne t'en fais pas, je serai de retour très vite, répondit le dieu.
- D'accord, répondit simplement Andromède comprenant que le dieu n'irait pas plus loin dans ses explications.
Et Dionysos s'évapora dans une poussière dorée. Ce qu'il n'avait pas mentionné à Shun, c'était que la bricole en question s'appelait Athéna. Elle l'avait contacté via son cosmos pour qu'ils puissent avoir un "tête à tête". Dionysos avait souri en entendant ça. Il savait ce que ça signifiait : elle allait le provoquer dans un combat.
Et bien soit… Qu'elle le provoque, qu'ils aient ce tête à tête. Au fond de lui, il jubilait à l'idée d'avoir fait sortir sa grande sœur si sage de ses gonds.
Des siècles qu'il attendait ça. Elle allait déguster.
OoOo
24 heures après le départ de Dionysos
L'après-midi touchait à sa fin quand Esther grimpa dans un arbre avec ses cartes de tarot. Elle aimait les sortir lorsqu'elle avait des questions sur une situation actuelle. Tout comme sa grand-mère le faisait. Elle battit les cartes et en tira trois au hasard. Le résultat du tirage l'intrigua immédiatement.
La première carte était celle de la Papesse, symbolisant la sagesse et la patience. La seconde carte quant à elle symbolisait le Fou. Il ne fallut pas longtemps à Esther pour comprendre que ces deux cartes symbolisait Athéna et Dionysos. Mais ce fut surtout la troisième carte qui lui glaça le sang. C'était celle du dix d'épées, une carte qu'elle n'appréciait guère. Elle représentait un homme gisant au sol, le dos planté par une dizaine d'épées. C'était la carte de la trahison. Quelqu'un songeait à les trahir ? Elle tira une quatrième carte pour avoir une autre explication et grimaça : c'était l'arcane majeure de la Tour, symbolisée par une tour qui s'effondre à cause d'un violent éclair dévastant sa structure. Elle détestait cette arcane qui incarnait le malheur.
Après avoir rangé ses cartes, Esther replia ses genoux et posa la tête dessus. Ce tirage l'inquiétait beaucoup. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Le Sanctuaire d'Athéna prévoyait-il encore de les attaquer ? Cela l'étonnait : ils avaient l'air d'avoir compris la leçon… Elle se rappela alors de l'attitude de ce Kanon. C'était étrange à tous les points de vue oui mais de là à ce que ce type soit en fait décidé à trahir le Sanctuaire d'Athéna ? Elle savait qu'il avait fait son possible pour se racheter lors de la guerre contre Hadès… Alors comment pourrait-il encore les trahir ?
Non vraiment ça n'avait pas de sens. Et pourtant… Son instinct lui hurlait qu'il y avait quelque chose de louche avec lui, qu'un danger imminent se profilait. Aussi, ses cartes ne l'avaient jamais trompée. Elle soupira, pesa le pour et le contre puis se décida. Elle irait mener une enquête près du Sanctuaire d'Athéna. S'il n'y avait rien à signaler, alors elle rentrerait. Sinon… elle irait avertir son Sanctuaire. Elle hésita à aller prévenir Shun et le reste de l'équipe mais se ravisa : ils avaient été trop chahutés par ce qu'il s'était passé avec Saor, mieux valait leur épargner d'autres angoisses avant Artémis.
En espérant qu'il ne m'arrive rien… Bon, il faudra que je fasse attention.
En ni une, ni deux, elle descendit de l'arbre et voulut partir de la forêt. C'est à cet instant précis que son frère manifesta sa présence.
- Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda-t-il
Esther le dévisagea d'un air neutre, technique qu'elle avait élaborée depuis son plus jeune âge pour que Shura ne devine pas ses pensées.
- Prendre l'air ailleurs. J'ai envie d'aller voir la mer, mentit-elle
- Je t'accompagne ?
- Je préfère aller seule merci.
Shura laissa un silence puis mit les deux pieds dans le plat :
- Tu es froide avec moi. Pourquoi ?
Bien que ce n'était pas le bon moment pour parler de ce qu'il s'était passé entre lui et Shun il y a quelques jours, Esther décida toutefois de jouer là-dessus. Et puis… c'est vrai qu'elle lui aurait dit un moment ou un autre qu'il dépassait les bornes.
- À ton avis Shura ? Tu te comportes comme un connard avec Shun alors que c'est lui qui a le poids de toute l'équipe sur les épaules. Tu pourrais lui apporter ton soutien, notamment après ce qu'il s'est passé avec Saor et le Sanctuaire d'Athéna mais non. Tu n'es pas allé le voir à un seul moment. Alors qu'avant, tu étais limite son bras droit.
- Je ne…
- Si. Complètement. Alors maintenant, tu arrêtes de te comporter comme ça et moi je prends quelques jours de vacances avant Artémis. Et oui, loin de toi, parce que ta putain de constipation émotionnelle pour un truc qui date d'il y a maintenant des semaines, j'en peux plus.
Sur ce, elle partit dans la direction opposée quand elle entendit un soupir.
- Je me sens comme une merde.
Esther soupira de contentement : enfin son frère se rendait compte qu'il avait été trop loin dans son caractère.
- Enfin Shura, enfin ! Maintenant, va t'excuser auprès de Shun. Tchao !
OoOo
Le chef des ménades était assis contre un arbre. Il n'avait pas vu grand monde aujourd'hui. En même temps, c'était fait exprès : il n'avait pas envie de parler. Devant lui, des nymphes dansaient avec les faunes : un doux parfum de jasmin flottait dans l'air et les pas de danses étaient rythmés par le son des tambourins et des flûtes de Pan. La musique était douce et le berçait. Cela lui faisait du bien, lui qui avait si mal dormi la veille...
Toute la nuit, il avait été rongé par la culpabilité : il n'avait pas supporté voir un de ses amis être blessé de la sorte. Et il se retournait davantage dans son lit de feuilles en pensant que cela allait être pareil avec Artémis. Ce qui le blessait le plus dans cette histoire était que c'était lui qui avait donné le commandement. C'était de sa responsabilité si Saor était tombé. Il serra le poing : voilà qu'il avait de nouveau échoué pour sauver quelqu'un qui comptait pour lui. Comme pour Seiya…
Arriverait-il à le supporter face à Artémis ? Ou même… Arriverait-il à supporter… que ses amis deviennent des tueurs ?...
Est-ce que tu es prêt à devenir un tel tueur ?
Les mots d'Hermès vinrent le heurter de nouveau. Le dieu n'avait pas tort : c'était une sacré responsabilité qu'il faisait endosser à son équipe. Même pour lui, c'était aller à l'encontre de valeurs qui l'avaient accompagné à ses débuts en tant que chevalier.
Et pourtant… C'était ces mêmes valeurs qui avaient conduit à sa possession par Hadès et à ce qu'il était arrivé à Seiya. S'il n'empêchait pas Artemis de se réincarner, des millions de gens périraient. Mais… cela pourrait condamner ses amis à devenir des meurtriers. Et à courir de graves dangers. Au final, ils se retrouveraient probablement comme Seiya. Et ce serait encore de sa faute.
Alors qu'il commençait à s'endormir, bercé par la flûte, ses pensées divergèrent :
Et si… c'était seulement moi qui allait au Sanctuaire d'Artémis ? Comme ça… mes camarades ne couraient aucun danger… Personne ne serait blessé… Personne ne mourra… Par ma faute…
Il vit quelques humains se joindre aux nymphes et aux faunes. Il y avait tellement de bonheur dans leurs yeux : la joie de vivre tout simplement.
Shun sourit un peu alors qu'il s'assoupissait.
OoOo
L'air iodé de la mair parfumait un ciel bleu sans aucun nuage. Au loin, Shun pouvait entendre les cris de joie d'hommes, de femmes et d'enfants. Cela provenait d'un parc d'attractions. Il s'avança du grillage et se vit avec Seiya dans un des roller coaster. Les deux amis hurlaient de peur, d'appréhension et de joie face à l'adrénaline que leur provoquait l'attraction. Après trois tours, ils sortirent épuisés mais heureux. Shun eut un léger sourire triste en les voyant tous les deux parler de tout et de rien. Il les virent aller acheter du pop corn et continuer à marcher dans les allées du parc, entourés de familles, de couples et d'amis qui partagaient la même joie.
Mais alors qu'il observait ces images si douces, il sentit la peur naître dans son estomac et remonter le long de sa colonne vertébrale comme une vague de fourmis rouges.
Quelque chose allait se passer… Un dieu allait détruire ce moment si parfait… Il le sentait dans ses tripes.
Shun s'accrocha au grillage et voulut hurler, mais rien ne sortait de sa bouche ! Il avait beau essayer, aucun son ne partait… Et cette peur qui ne faisait que grandir en lui…
Fuyez ! Fuyez tous ! Voilà ce qu'il avait envie de dire alors qu'il se voyait lui et Seiya en train de profiter innocemment du moment.
- Seiya ! voulut-il hurler alors que son regard accrochait celui de son ami.
Seiya le regarda, plantant ses yeux de braises dans les siens, puis se mit à parler, alors que le silence se faisait tout autour d'eux :
- Shun… Pourquoi tu ne m'as pas sauvé ?
Shun voulut hurler quand il vit apparaître dans le ciel une immense lumière. Il vit dans ce rayon une femme, probablement une déesse, tendre un arc et décocher une flèche. Cette dernière heurta le sol… et une gigantesque explosion retentit.
Les adultes et les enfants hurlèrent de douleur en sentant la chaleur les brûler. Les mères avaient beau protéger leur enfant, rien n'y faisait… Tout le monde brûlait dans cette explosion qui rasait les attractions… Le ciel s'embrasa et le parc ne fut plus qu'un vaste champ de ruines.
Et Shun hurla de douleur alors qu'il se sentait lui aussi brûler.
Shun s'éveilla brusquement, le souffle court et le front dégoulinant de sueur. Il était toujours dans la forêt de Dionysos, les humains dansant avec les divinités de la Nature. Rien n'avait changé.
Ce n'était qu'un rêve. Et pourtant, la guerre contre Hadès avait suffisamment rodé Shun pour qu'il se dise que ce n'était pas dû au hasard s'il faisait un tel songe. Il serra les dents à s'en faire mal : c'était un présage, il en était certain.
Artemis allait arriver.
Et il ne se laisserait pas faire… Oh que non.
OoOo
Un faune s'était mis sur le côté pour aller boire quand il sentit un cosmos particulièrement agressif. Il leva la tête, étonné, quand il vit sortir des bois et remonter la rivière un chevalier. Son armure était de couleur lila et des chaînes rouges pendaient à ses poignets. Son visage en revanche était si dur, si fermé que le faune en frémit.
Il ne savait pas où se rendait ce chevalier. Mais quelque chose lui disait qu'il allait probablement commettre quelque chose d'affreux. Un meurtre ou quelque chose comme ça.
- Il a l'air si seul… pensa le faune.
OoOo
La musique, Shura ne l'entendait pas vraiment. Il était adossé à un arbre, le regard dans le vide. Les mots de sa sœur l'avaient heurté. Oh, pas parce qu'elle était partie sans lui mais parce qu'elle avait dit la vérité en fin de compte : il avait été un vrai crétin. Maintenant qu'il avait la réalité en face, il se rendit compte à quel point son attitude avait été juste débile. Foutue fierté… Il pensait s'en être débarrassé après Athéna mais non, elle était encore et toujours là.
Et pourquoi avait il agi comme ça ? Ah oui…Juste parce que Shun était parti sans eux pour rencontrer Hermès. Il avait été si inquiet quand il avait appris ça mais aussi blessé dans son estime : que Shun n'aille pas lui demander de l'accompagner pour que Excalibur puisse être à ses côtés en cas de pépin… Et bien sûr, au lieu d'en parler, il avait boudé dans son coin comme un gosse et était devenu odieux envers Shun en plus de s'enfoncer. La bonne blague… Plus il y pensait et plus il se rendait compte qu'il y avait une autre raison à cet égarement. Il avait été blessé par l'attitude de Shun oui mais… Ce n'était pas son égo qui avait été blessé. C'était de la peur et de la tristesse : comptait-il aussi peu pour le chevalier d'Andromède pour que ce dernier le laisse s'inquiéter ? Mais pourquoi avait-il ressenti de tels sentiments ? Alors qu'il réfléchissait, il se rappela de l'incident de la piscine et la dernière digue qui entourait son cœur vola en éclat.
Il désirait Shun. De tout son être. Dès qu'il le voyait, il se sentait chamboulé et quand ce dernier lui accordait sa confiance, il se sentait comme le plus heureux des hommes. Ce baiser qu'ils avaient échangé… qu'est-ce qu'il se trouvait idiot ! Pourquoi avoir agi comme ça alors que l'instant était parfait ? En réalité, il avait paniqué car pour la première fois en 28 ans, à un instant T, il était lui-même. À 100%. Lui qui avait toujours rejeté cette attirance qu'il éprouvait envers les personnes du même sexe que lui. Et c'était à nouveau ce rejet de lui-même qui s'était emparé de lui alors qu'il éprouvait de l'inquiétude pour Shun partit chercher Hermès : "il ne pouvait pas voir un frère d'armes comme ça", c'était "dégoûtant" et autre excuses qu'il s'inventait tandis qu'il se drapait dans une attitude odieuse. Visiblement, bien que cela fasse deux mois qu'il eût rejoint le Sanctuaire de Dionysos, les anciennes mœurs avaient du mal à partir. Alors qu'il pouvait enfin être lui-même et s'accepter tel qu'il était.
Il soupira de nouveau. Cette fois-ci son regard était triste. Il avait tout gâché et avait blessé Shun. Voilà ce qu'il récoltait. Il entendit un bruissement de feuilles à côté de lui et tourna discrètement la tête. C'était deux hommes qui s'éclipsaient pour avoir un peu d'intimité. Shura grimaça et s'en alla pour les laisser tranquille. En chemin, il leva la tête vers le ciel : la lune était haute et les étoiles brillaient de mille feux. C'était une belle nuit d'été. Le type de nuit qu'un amoureux transi utiliserait pour déclarer sa flamme. Il eut un sourire moqueur en se dirigeant vers la forêt à la recherche de Shun : là tout de suite, c'était surtout des excuses qu'il devait.
Il s'avança dans une petite clairière où Shun dormait habituellement et constata qu'il n'y avait personne. Pas même son urne
- Shun ? Appela-t-il
Le Capricorne commença à chercher aux alentours… puis élargit son périmètre de recherche. Il était vraiment inquiet.
- Cilia ? Appela-t-il mentalement.
- Oui ? demanda la sylphe en baillant.
- Tu peux rechercher Shun ?
- Hein ? Maintenant ?...
- Oui maintenant. C'est urgent.
- Bon bon…
Au bout de quelques minutes qui parurent durer des heures, la sylphe revint à lui. Cette fois-ci, iel aussi était vraiment inquiet.
- Shura, je ne le trouve pas… Il… Il a l'air d'être parti…
OoOo
Sanctuaire d'Athéna, quelques heures plus tôt
Le départ soudain de leur déesse pour une destination inconnue avait créé plus de remue-ménage qu'autre chose. Des rumeurs circulaient, sapant le moral des troupes, ce qui causaient de grands ennuis aux ors.
- À ce stade, on va avoir une mutinerie, déclara à voix-basse Deathmask à Aiolos et Aphrodite qui approuvèrent d'un mouvement de tête.
- Heureusement, le Grand Pope et Dohko préservent encore l'ordre. Mais jusqu'à quand ? surenchérit Aphrodite.
Ils étaient tous les trois dans l'arène et rangeaient les boucliers et autres accessoires utilisés pour les entraînements. Les vestiaires étaient dans le couloir à côté et certains disciples se changeaient. Aiolos vit son frère arriver. Il venait de finir un entraînement. Il prit une serviette et s'épongea le front avant de se changer. Aiolos avait le nez plongé dans ses boucliers, quand il entendit des paroles à bas-débit en provenance des disciples. Visiblement, le fait que son frère ait empêché le seigneur Camus d'attaquer une des ménades de Dionysos n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Pouvait-on lui faire confiance ?
Le Sagittaire s'arrêta un instant : il ne supportait pas l'idée que son frère soit victime de messes-basses. Deathmask fit le lien entre son attitude et les murmures des disciples et décida de lui parler :
- Ne t'en fais pas. Ça ne va pas l'atteindre.
- Comment tu peux le savoir ?
- Il en a l'habitude…
Cette fois-ci, Aiolos sentit son coeur se serrer : voilà que même ressuscité, son frère subissait encore des rumeurs et des remarques. Il voulut attraper le regard d'Aiolia qui sortait avec son urne du vestiaire mais ce dernier avait le regard tourné vers l'horizon, comme si désormais, tout ce qu'on pouvait lui dire lui passait au-dessus de la tête. Et Aiolos se sentit vraiment mal en voyant ça.
OoOo
Aiolia avait décidé de courir avec son urne dans la forêt pour entretenir son cardio. La soirée débutait avec un magnifique coucher de soleil et Aiolia décida de se rafraîchir dans l'eau cristalline de la rivière. Assis dans l'eau, le dos appuyé contre un rocher, il apprécia les rayons de soleil qui venaient se frayer un chemin dans la forêt. Il inspira et ouvrit les yeux. Il allait un peu mieux maintenant, surtout depuis qu'il savait que Shura était bel et bien vivant. Mais il s'en voulait toujours. Et dire qu'il avait failli arracher un frère à sa sœur par pure haine… Il aurait voulu davantage s'excuser face à Esther mais les circonstances avaient fait qu'il s'était encore plus enfoncé dans le statut d'ennemi.
- Après… Elle avait l'air d'avoir compris… Mais bon.
Il soupira alors que le souvenir du chant vint à nouveau dans ses oreilles. Puis il se mit à penser à Marine. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus. Aiolia espérait qu'elle n'en souffrait pas trop. Ou alors peut-être qu'elle s'en fichait complètement ? Marine était si mystérieuse sur ce qu'elle voulait vraiment de lui. Certes, son statut de femme chevalier n'aidait pas mais Aiolia savait qu'il y avait autre chose. Cet autre chose qu'elle avait rapidement mentionné le jour où ils s'étaient embrassés. Cela remontait… à avant la guerre contre Hadès. Aiolia eut un sourire en se souvenant de ce jour : ils avaient passé la journée ensemble et même le début de soirée. Et alors qu'ils avaient cessé de parler, elle avait plongé son regard vide dans le sien, puis, elle avait caché ses yeux, retiré son masque et l'avait chastement embrassé avant de se dissimuler à nouveau. Aiolia, qui ressentait une attirance pour elle, avait voulu se déclarer mais elle l'avait arrêté :
- Nous ne pouvons pas… Tu connais les règles…
Aiolia se pinça les lèvres alors que la réalité le frappait. Ils ne pouvaient pas avoir ce type de relation. Ils étaient dévoués à Athéna, corps et âmes. Les hommes et les femmes ne pouvaient pas se mélanger et avoir des relations, c'était le fondement même du Sanctuaire. Et il ne pouvait pas faire en sorte que Marine abandonne son rôle de femme chevalier : elle lui avait déjà dit que tant qu'elle n'avait pas retrouvé son petit frère, elle n'abandonnerait pas son statut. Par conséquent, cela faisait désormais cinq ans qu'ils étaient au point mort. Oh il y avait toujours de la camaraderie entre eux et du respect oui mais… Rien de plus. Et cela faisait un an qu'Aiolia se demandait si cela n'avait pas déjà tué dans l'œuf leurs sentiments naissants. Il souffla bruyamment et se rinça la tête pour chasser (encore) ses pensées négatives. Il verra bien comment ça évoluera.
Mais… Il est vrai que je pense de moins en moins à elle ces temps-ci… conclut-il alors qu'il se rhabillait.
Après avoir dîner de quelques fruits, il rentra au Sanctuaire alors que la lune était déjà bien haute dans le ciel. Il soupira d'aise en arrivant au Palais du Pope. À la vérité, il adorait s'entraîner dans la forêt depuis tout petit. Loin des autres, il sentait qu'il pouvait exploiter son potentiel au maximum. Il salua les gardes qui faisaient leurs rondes quand il sentit un cosmos particulièrement hostile. Il leva la tête : la chambre de Seiya était faiblement allumée… Tiens ? Sentant une pointe d'appréhension piquer son ventre, il rentra dans le bâtiment et se dirigea vers la chambre en question. Dans le couloir, il pouvait voir un faible rayon de lumière traverser la porte entrouverte. Il entendit également un faible mouvement de vêtement.
Alerte, il ouvrit la porte et resta bouche-bée. Il vit Seiya dans les bras de Kanon, qui était devant la fenêtre.
- Kanon ? Mais… Tu fais quoi là ?
Le dénommé le dévisagea d'un air glacial et voulut sauter par la fenêtre. Mais le Lion fut plus rapide et l'agrippa par le col. Kanon partit en arrière et alla heurter le mur de la chambre dans un grand fracas. Aiolia récupéra le corps de Seiya tandis que Kanon se relevait avec un sourire narquois.
- Kanon ! As-tu perdu l'esprit ?!
Kanon ne répondit pas et envoya une attaque de cosmos en sa direction. Aiolia agrippa plus fermement Seiya et bondit hors de la chambre. Mais alors qu'il courait en direction des falaises du Sanctuaire, il entendit la voix forte de Kanon appeler les gardes :
- Alerte ! Le chevalier du Lion s'échappe avec le chevalier Pégase ! Il le capture !
Aiolia grimaça :
- Bordel mais l'histoire se répète ou quoi ? C'est bien ma veine…
Il décida de ne pas s'arrêter et courut le plus vite possible. Entre-temps, il essayait de se raisonner. Certes, en cet instant, rien ne jouait en sa faveur mais jamais on ne le prendrait pour un traître. Il lui suffisait d'appeler son frère ou le Grand Pope et comme cela, Seiya serait sauvé.
Mais alors qu'il quittait les falaises escarpées pour rejoindre le temple du Sagittaire, il vit Kanon atterrir lourdement devant lui. Aiolia frissonna en voyant son regard : il paraissait si différent, tel un étranger en face de lui.
- Kanon… Qu'est-ce qu'il te prend ?
- Arrête de poser des questions et donne moi Seiya.
- Hors de question ! Et puis quoi encore ?
- Donne moi Seiya !
- C'est…
Mais le Lion n'eut même pas le temps de finir sa phrase qu'une attaque foudroyante de cosmos vint le faire décoller de plusieurs centimètres. Malgré l'impact qui arracha les sangles de son urne, il tenta de protéger Seiya de la chute et se retrouva plus écorché qu'il ne l'aurait voulu contre les roches. Il grimaça sous la douleur et mit le corps végétatif de Seiya dans un coin.
- Je ne sais pas ce qui te prends Kanon mais ce n'est pas toi là…
- Et tu veux que ce soit qui d'autre misérable ? déclara le Gémeaux sur un ton moqueur.
- Tu ne me laisses pas le choix…
Il voulut faire appel à son armure… et s'arrêta net.
Un pic en bois venait de perforer son ventre, le sang dégoulinant sur la pointe. Le liquide rouge coula également le long de la bouche d'Aiolia. Derrière lui, la dryade qui avait lobotomisé Kanon. C'était son bras qui s'était transformé en pic. Elle eut un sourire carnassier et souleva Aiolia qui serra les dents sous la vive douleur.
- Embroché comme un porc… Le comble pour un lion…
La vue d'Aiolia se troubla mais il crut voir Kanon ramasser le corps de Seiya.
- Non… Non… tenta-t-il de dire
- Adieu chevalier !
Et la dryade le balança dans la vide. Kanon se rapprocha d'elle et s'agenouilla pour prendre Seiya. Comme un robot.
- J'ai cru qu'il allait ruiner le plan mais finalement… Cela va jouer en notre faveur dit la dryade d'une voix de velours. Tout le monde va croire que c'est lui qui aura tenté d'enlever Seiya. Et tu seras lavé de tout soupçon. Maintenant, allons récupérer ta Cloth de marina.
OoOo
Le corps d'Aiolia chutait. De temps en temps, il hurlait de douleur en sentant ses os se briser contre les roches.
Mais alors qu'il perdait connaissance, il crut voir un immense rayon de lumière venir en sa direction.
Rectification… c'était une torche humaine.
OoOo
Shion souffla un coup. Tout avait failli partir à la débandade et il avait eu toutes les difficultés du monde à maintenir la rumeur comme quoi le chevalier Aiolia aurait tenté d'enlever Seiya. Heureusement, Dohko était à ses côtés et avait agi avec brio, ne contenant la disparition des trois chevaliers qu'aux chevaliers d'or et divins. Des chevaliers d'argent, seules Marine et Shaina étaient présentes.
Pourquoi l'histoire se répète ?… se demanda-t-il, assis sur le trône.
Heureusement, les chevaliers en face de lui n'étaient pas nés de la dernière pluie. Et tous se posaient des questions :
- C'est impossible ! Jamais mon frère n'aurait pu commettre une chose pareille ! Il y a forcément une raison ! S'exclama Aiolos.
- Kanon aurait tenté d'enlever Seiya et Aiolia l'aurait empêché d'agir ? Tenta Camus
- C'est impossible aussi, mon frère a prouvé maintes fois sa fidélité à Athéna lors de la guerre contre Hadès, contra Saga
- Et il a subi Antares, renchérit Milo.
- Mais avouez quand même qu'on se trouve dans un paradoxe. Qui d'Aiolia, de Kanon ou des deux a capturé Seiya ? Tenta Mü.
- Et si oui, pourquoi ? demanda Shaka
Toute l'assemblée soupira. Saga, quant à lui, se mit à réfléchir et posa une question :
- Et si… Un des deux était manipulé ? Comme moi j'étais manipulé par le lémur il y a 18 ans ? Et qu'un des deux a tenté de sauver Seiya ? Comme Aiolos avait sauvé la déesse ?
- Qui oserait manipuler mon frère ? dit le Sagittaire en grinçant des dents.
- Pour le moment, le mieux serait d'enquêter. Vérifions les alentours à la recherche d'un indice ou de quelque chose qui pourrait nous mettre sur la voie et éviter toute décision hâtive, déclara Dohko, qui fut approuvé par Shion.
Alors que l'aube touchait à sa fin, Aiolos, accompagné de Shaka et de Mü, inspectait le flanc ouest du Sanctuaire tandis que Milo, Camus et Aldebaran s'occupaient de l'est. Au bout d'un certain temps, Mü finit par trouver quelque chose d'intéressant : à certains endroits, la roche était pulvérisée.
- Il y a eut une attaque ici, c'est sûr, dit-il
- Probablement un combat entre les deux, renchérit Shaka. Mais qui de l'un ou de l'autre l'aurait emporté ?
- Aiolos ? Tout va bien ? demanda Mü.
En effet, le Sagittaire n'avait pas dit grand-chose et se situait près du ravin, le visage sombre.
- Qu'est-ce que… Oh… rectifia le Bélier.
Une trace de sang en train d'être séchée par le soleil gisait sur l'une des pierres.
- Aiolos…
Le Sagittaire releva la tête vers le ciel, tentant de contenir ses larmes.
Aiolia… Par tous les dieux, j'espère que tu vas bien…
OoOo
Sanctuaire de Dionysos
L'heure était à la consternation du côté des Ménades. Shura était assis sur un rocher et fixait les flammes d'un air inquiet. Il n'avait en plus aucunes nouvelles de sa sœur.
- Elle va revenir, t'en fais pas, lui dit gentillement Shunrei
- C'est surtout pour Shun que je m'inquiète. Il est parti combattre Artémis, j'en suis certain ?
- Tout seul ? Mais pourquoi ? demanda Eliotis. Je pensais pourtant qu'il avait compris que ça nous plaisait pas qu'il fasse ça…
- Mais peut être que c'est probablement pour… nous éviter qu'on souffre et qu'on soit blessé ? Si vous l'aviez vu lors de l'infiltration de la bibliothèque, la tête qu'il a fait quand il a su ce qui était arrivé à Saor… tenta Cilia.
- C'est sûrement ça alors, déclara Shura.
Il se leva, l'air déterminé.
- Il faut qu'on aille le sauver. Il ne faut pas qu'il aille seul empêcher la réincarnation d'Artémis. On ne peut pas attendre le retour de Dionysos. Tant pis si on ne parvient pas à empêcher cette déesse de s'incarner sur Terre, au moins nous aurons sauvé Shun.
Ses amis acquiescèrent, conscients de ce qu'ils allaient vivre. Shura revêtit son armure et ordonna le départ en direction du Sanctuaire d'Artémis.
Esther, reviens vite…
OoOo
Aiolia hurla en se redressant subitement.
Il avait encore la sensation du pic traversant son ventre. Il toucha avec panique son corps et fut surpris de sentir un bandage. Il regarda autour de lui. Il était sur un lit de fortune, composé d'un tas de paille et d'une vieille couverture en laine d'un vert dépassé. D'ailleurs, elle sentait la chèvre. Les murs étaient composés de roche et un trou de lumière passait par l'unique espace laissé par les pierres. Il entendit un souffle brusque derrière lui et se retourna vivement : c'était une chèvre, accompagnée de ses comparses. Maintenant il comprenait d'où venait l'odeur.
Il se leva doucement et, à tâtons, tenta de sortir de l'enclave dans laquelle il se trouvait. Il prit une direction et remonta un tunnel rocheux et humide. Était-il dans une grotte ? Cela y ressemble bien oui. Mais pourquoi était-il là ? Qui l'avait soigné ? Pourtant la créature n'y avait pas été de main morte pour tenter de le tuer…
Alors qu'il continuait de marcher, les sens aux aguets, il sursauta en entendant un bruit.
Quelqu'un approchait.
Il tourna dans un autre tunnel et vit de la lumière : la sortie ! Le bruit recommença et Aiolia se fit le plus discret possible. Il marcha rapidement, arriva au trou de lumière…
Quand surgit une créature gigantesque munie de cornes et d'un visage de chèvre.
Aiolia s'arrêta d'un coup, les yeux écarquillés.
La créature remarqua qu'il la regardait avec panique, pinça ses lèvres et leva la main droite dans un geste qui se voulait inoffensif :
- Salut !
Et Aiolia poussa le cri le plus strident qu'il ait eu à pousser de sa vie.
Il recula paniqué et captura le regard d'Esther qui était dans un coin avec du linge… Esther ?
- Pas de panique ! Dit cette dernière en levant les mains et en se mettant devant la créature. Ce n'est que le dieu Pan.
Aiolia heurta la roche et tenta de reprendre sa respiration. La vache… Qu'est ce qu'il avait eu peur…
- Tout va bien… tenta Esther, comme si elle devait gérer un chat en panique plutôt qu'un être humain.
Aiolia inspira, expira puis se mit à parler :
- Alors, j'ai beaucoup trop de questions là tout de suite donc fais moi un résumé concis s'il te plaît. Sinon mon cerveau va exploser.
- Okay… Alors… Tu as été attaqué par Kanon et cette dryade que je ne connais absolument pas. Je t'ai sauvé alors que tu tombais dans le vide. Et je t'ai ramené ici parce que je savais que Pan pouvait te sauver puisque c'est un dieu.
- Tu fréquentes les dieux comme ça toi ?
- Longue histoire mais en gros c'est lui qui m'a trouvé quand j'étais gamine et il a sauvé Shura... Bref, oui je le connais pas et j'ai toute confiance en lui. Voilà pourquoi je t'ai amené là où il séjournait pour le moment.
- Okay bon bah soit imaginons… Maintenant… Dis moi qu'est ce que tu foutais au Sanctuaire ?
- J'avais des doutes sur Kanon voilà tout. Quand on s'est rendus à la bibliothèque, j'ai observé à quel point il était étrange.
- C'est -à -dire ?
- C'est compliqué à expliquer d'un point de vue objectif mais en gros j'avais l'impression de voir une de ses fourmis dont le cerveau est contrôlé par un champignon parasite. Je sentais qu'il luttait contre quelque chose. Ça m'a perturbé et je suis revenue pour enquêter. Et mes doutes se sont confirmés quand j'ai été témoin de ton accident. C'est la dryade qui l'avait lobotomisé. Peut être à cause de ses spores, elles agissent généralement comme ça sur le psychisme.
- Si je puis faire une remarque, elle doit être sacrément puissante pour avoir des spores pareil, déclara Pan
- C'est exact. Je ne sais pas qui est cette dryade, je te le jure. Mais elle semble vouloir foutre la merde entre nos deux Sanctuaires pour accomplir je ne sais quoi.
- Okay… Okay… Mais pourquoi s'emparer de Seiya ?
- J'en sais rien. C'est le gros point noir de cette histoire.
Aiolia ne répondit pas mais accepta toutefois l'invitation de Pan de s'asseoir à l'extérieur de la grotte et de boire une tasse fumante. Aiolia retint une moue en voyant le liquide maronasse dans une tasse en terre cuite qui n'avait plus d'âge.
- Ce sont des racines que j'ai fait infuser. C'est très bon pour toi ! Déclara Pan dans un sourire que le Lion interpréta comme voulant être gentil.
- M… Merci ?
Il mit la tasse à ses lèvres et fit glisser la boisson dans sa gorge.
Putain c'est degeulasse ! Putain c'est degueulasse ! Pensa-t-il fortement en essayant de ne rien laisser transparaître. Dès que le dieu eut le dos tourné, il recracha la boisson
- Évite de recommencer. C'est quand même un dieu qui t'offre quelque chose.
- Je ne suis pas à un blasphème près personnellement en termes d'offense… Enfin… Dis moi, comme tu as pu te dire qu'il y avait quelque chose qui se tramait avec Kanon ?
- Les cartes de tarot. Ce sont elles qui m'ont alertée.
- Des cartes de tarot ?
- Oui
- Des cartes de tarot ? T'es sérieuse ?
- Complètement.
- Mais c'est illogique. Ça ne marche pas ce genre de truc.
- Alors on a des pouvoirs surhumains et on combat des dieux et autres créatures mythologiques. Et des simples cartes pour toi ce n'est pas logique ?
- Bah excuse-moi mais au moins le cosmos c'est concret. Les cartes de tarot… ben désolé je ne vois pas ce qui est concret.
Esther leva un sourcil exaspère en entendant ça et attaqua :
- C'est celui qui a crié comme une demoiselle en détresse qui va me dire que les cartes c'est un truc de bonne femme ?
Quand elle vit Aiolia lui lança un regard glacial, elle comprit avec une profonde satisfaction qu'elle avait fait mouche. Pan revint avec un tas de bois et alluma un feu. Le jour touchait à sa fin.
- Sinon, tu as d'autres informations ? Demanda le Lion
- Quand tu es tombé, je l'ai entendu parler à Kanon. Je ne me souviens pas des mots exacts mais je crois l'avoir entendu dire qu'ils allaient récupérer sa Cloth.
- Sa Cloth ?
- Sa Cloth oui. Mais pourquoi irait-elle récupérer la Cloth des Gémeaux ? C'est normalement celle de son frère. Et elle est au sein du Sanctuaire. C'est ça qui me fait douter de ce que j'ai entendu.
Aiolia resta silencieux puis se redressa d'un coup, faisant valdinguer la tasse en terre cuite.
- Eh attention ! Je n'en ai pas des centaines ! S'exclama Pan
- La Cloth du Dragon des mers !
- Hein ?
- C'est la Cloth du dragon des mers dont elle parle !
- La… Kanon était un marina ?! S'écria Esther en se relevant
- Oui par le passé. C'est de cette Cloth dont elle parle
- La dryade serait-elle envoyée par Poséidon ? Mais pourquoi utiliserait-il une dryade ?
- J'en sais rien mais si elle parle bien de cette Cloth alors ça signifie qu'il est dans le coup… Ce qui signifie aussi qu'on a alors peut être une chance de retrouver Kanon et Seiya vu que je sais où se situe son Sanctuaire. Et surtout d'en savoir un peu plus sur ce qui se trame.
- Oh… c'est une bonne nouvelle en effet, répondit Esther en réfléchissant.
- Bon, trêve de bavardage, il faut que je retourne au Sanctuaire pour les prévenir. Mon frère doit être mort d'inquiétude aussi et…
- À ta place je n'irai pas, dit la voix profonde du dieu des pâturages.
Aiolia le dévisagea sans trop le comprendre.
- Pourquoi donc ? Cela dissipera plein de malentendus et…
- Et vous vous exposerez à l'ennemi qui changera alors de tactique et tout sera perdu. Crois moi les malentendus sont utiles dans ce genre de situation. Surtout pour agir dans l'ombre.
- Mais pourquoi agir dans l'ombre ?
- De ce que je conçois, de mon point de vue complètement extérieur à la situation, c'est que l'enlèvement du chevalier Pégase n'est pas dû au hasard. Il a été planifié depuis très longtemps. Probablement depuis la fin de la guerre contre Hadès mais ce n'est qu'une supposition pour cette partie. L'entrée en guerre de vos deux Sanctuaires ont permis aux ravisseurs d'avoir un atout en plus dans leur manche et ils en ont profité. Pour agir, il faut leur donner l'illusion qu'ils ont toutes les clés en main.
Il pointa son long index crochu en direction d'Aiolia.
- N'oublie pas qu'à leurs yeux tu es mort tué par cette dryade. Et ça ils en sont persuadés.
Aiolia comprit alors où voulait en venir Pan, et il avait raison.
- C'est vrai…
- Et puis personne ne sait pour moi que je t'ai sauvé et tout entendu, renchérit Esther
Le Lion mit les mains dans ses cheveux et inspecta du clin d'œil la salamandre qui haussa un sourcil.
- Ça te dis qu'on aille enquêter sur ce qui se trame du côté de Poséidon ?
Esther ne répondit pas tout suite, elle contempla les flammes et repensa à ses cartes. En temps normal, elle aurait refusé, compte tenu de la mission qui leur incombait à elle et ses camarades. Mais la carte du dix d'épées et celle de la Tour dansaient devant ses yeux, la narguant avec leur trahison. Si elle refusait d'accompagner Aiolia, est-ce que ses camarades en pâtiraient face à Artémis ?
- C'est entendu. Mais on a intérêt à faire vite. Nous devons empêcher un dieu de s'incarner.
- D'ailleurs c'est qui ce dieu ? Tu…
- Pas tes affaires, dit-elle en s'enfonçant dans la grotte. Bonne nuit. Si tu es en forme demain, on partira pour enquêter.
- Que… Hein ?
- Haha ça ne sert à rien de continuer à discuter, elle ne voudra pas te répondre davantage, dit Pan dans un sourire. Elle a toujours été comme ça.
Aiolia regarda en direction de la grotte puis soupira.
- C'est sûr, je ne risque pas de m'ennuyer.
- Va te reposer, la lune est haute et vous avez une longue route devant vous demain. Passe une bonne nuit.
Le Lion le remercia et alla se coucher. Pendant ce temps, Pan regardait la lune : elle était montante. Bientôt elle serait pleine, prometteuse d'une nouvelle ère… celle d'Artémis. Comme un mauvais présage, le vent souffla dans les arbres.
- Artémis arrive ma douce Séléné. Elle n'hésitera pas à décocher sa flèche pour noyer les hommes sous les ravages de la peste. Rien ne l'arrêtera.
Il serra le poing.
- Les agissements de cette dryade contre le Sanctuaire d'Athéna… Je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement entre ceci et l'arrivée imminente d'Artémis sur Terre… Qu'as-tu prévu Artémis ? Quel est ton plan ?
Il jeta un œil sur la grotte puis partit en direction de la forêt. Arrivé au bout d'une falaise, il regarda les étoiles.
- Et le pire dans cette histoire c'est que Dionysos et Athéna se cherchent querelle au lieu de faire front commun face à Artémis, laissant leurs humains seuls. Il faut que je parvienne à les raisonner. Sinon… ils s'en mordront les doigts.
Et il disparut dans une poussière dorée.
Et pif ! Fin du chapitre 19 !
J'espère qu'il vous aura plu et à bientôt pour le chapitre 20 !
