Hey hey hey !
J'espère que vous allez bien ^^ voici le chapitre 20 !
Pour l'anecdote, j'ai adoré l'écrire, surtout sa deuxième partie, même si je prends un partie vis-à-vis d'un personnage qui j'espère vous plaira.
Bonne lecture !
Cap Sounion
Aiolia et Esther venaient tout juste d'arriver au Cap Sounion. Seule la lune éclairait le bout de terre, battu par les eaux. Si le temple du dieu des mers et des océans était connu pour sa splendeur, il ne restait désormais que des ruines.
- Tu sais comment on y accède ? demanda la salamandre.
- Laisse-moi voir…
Il tenta de se souvenir de ce que racontait Kanon sur le Cap et essaya de retrouver la prison dans laquelle le Gémeau avait été enfermé. Au bout de quelques minutes, il finit par la trouver. Eureka ! Malheureusement, la marée était haute. Il regarda Esther qui le dévisagea curieusement.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle
- Il va falloir plonger.
- … Et ?
- Ça va aller pour toi ?
- Oh c'est pour ça. Oui ne t'en fais pas, je ne vais pas fondre. Saor m'a appris à nager. Et puis il y a quand même un avantage, c'est qu'on peut prendre nos vêtements : je les sécherai. Mais toi avec ton urne sur le dos ?
- Je pense que ça ira ne t'en fais pas. Je suis bon nageur.
Esther obtempéra et ils commencèrent à retirer leurs vêtements. La femme zieuta discrètement quand le Lion enleva son t-shirt et détourna rapidement les yeux pour ne pas se faire griller. Mais l'image des muscles du torse était d'ores et déjà imprimée dans son cerveau pour qu'elle se dise "C'est vrai qu'il n'est pas mal physiquement". Ce dont elle ne se doutait pas, c'est qu'Aiolia avait fait pareil : il s'étonnait de constater qu'elle avait un corps à la fois mince et musclé. Comme si elle passait son temps à faire du sport.
J'aurais pensé que les ménades étaient oisives et se laissaient plus aller sur leur corps tiens…
Il fut tiré de ses réflexions par la voix grave de la salamandre qui tenait ses vêtements comme un baluchon :
- On y va ?
- Banco !
Ils sautèrent dans l'eau salée. Aussitôt, ils furent pris d'assaut par les remous impitoyables de la marée haute qui ne voulait qu'une chose : les écraser contre les roches. Mais ils tinrent bon et nagèrent vers l'ancienne prison de Kanon. Ils plongèrent et Aiolia utilisa son cosmos pour briser les barreaux et ils s'engouffrèrent à l'intérieur. Ils trouvèrent l'entrée vers la grotte et s'y glissèrent malgré la forte pression exercée par la marée. L'oxygène manquant, ils nagèrent le plus vite possible. Par chance, ils remontèrent le long d'un chemin rocheux et se retrouvèrent dans une clairière composée de roche. Désormais à l'abri, ils s'allongèrent sur le sol pour reprendre leur respiration. Alors qu'il avait les yeux fermés, Aiolia sentit une douce chaleur à ses côtés. Il tourna la tête et vit qu'Esther irradiait de lumière, les flammes léchant délicatement sa peau. Il la trouva jolie en cet instant. Elle tenait à bout de bras les vêtements.
- On en a pour un petit moment, dit-elle, le visage concentré
- Limite, on a le temps de papoter, fit-il remarquer à Esther, ce qui ne lui fit visiblement ni chaud ni froid.
La situation était quand même drôlement intime : ils étaient dans une grotte, coupés du monde, et en sous-vêtements. Pourtant, ça n'avait pas l'air de déranger la salamandre. Aiolia l'observa du coin de l'œil. Il avait remarqué durant la journée qu'elle ne passait pas inaperçue. Une des raisons principales : sa grande taille. Elle dépassait de deux bonnes têtes au moins la plupart des femmes grecques. Et le plus intriguant était qu'elle en rajoutait une couche en portant des talons hauts. Son regard se tourna vers le tas de vêtements et il vit qu'elle avait pris son foulard à fleur.
- Tu as l'air d'être attachée à ce foulard
- Je l'ai depuis que je suis toute petite, un cadeau de mon père.
- Je vois… Il est joli.
- Merci, répondit-elle en gardant le même visage impassible
Bon dieu, quelle porte de prison… pensa Aiolia.
- Et toi ? Tu as gardé quelque chose de ton enfance ?
- Hein ? Ah… Et bien… J'ai ce collier que m'avait offert mon frère, dit Aiolia en montrant le fameux bijou qui pendait à son cou.
Il l'enleva et le tendit à Esther : c'était un pendentif en acier symbolisant une pointe de flèche. Au centre, il y avait une petite pierre verte taillée en cercle. Le tout était surmonté d'un lien en cuir noir un peu usé par le temps.
- Il me l'avait offert peu de temps avant… sa disparition, poursuivit Aiolia. Il en avait aussi un pour lui. C'était pour symboliser notre lien fraternel. Malgré ce que j'ai pu vivre durant mon enfance et la réputation que j'avais à cause de lui, je l'ai gardé malgré tout. Parce que c'était mon frère. Et ma seule famille.
Il ouvrit grand les yeux en voyant un doux sourire se dessiner sur le visage d'Esther.
- C'est beau, dit-elle en lui rendant son pendentif, toujours en souriant.
Ce n'était pas un sourire moqueur comme elle avait l'habitude de faire. Au contraire, c'était un sourire chaleureux et compatissant. Puis, elle reprit son visage de glace alors qu'elle regardait de nouveau le manoir. Aiolia eut alors le sentiment qu'il avait pu entrevoir un peu d'elle malgré son masque. Ce qui le fit rire.
- Qu'est-ce qui te fait rire ?
- Rien… Rien…
Esther haussa les épaules et se ficha de nouveau de lui. Mais au lieu d'être outré par cette attitude, Aiolia s'en amusa.
- Tu as l'habitude d'Athènes ? enchaîna-t-il
- Oui, beaucoup. Contrairement à ce qu'on pense, c'est une ville très intéressante pour la danse. Certes, cela ne vaut pas New York ou même les villes andalouses mais Athènes se défend bien. C'est de la danse folklorique oui mais elle reste intéressante. Et toi ?
- Pas trop.
- Le comble pour un grec non ?
- Je sais. Mais je reste très souvent au Sanctuaire. Et je ne vais pas plus loin que Rondario. Après, j'ai pu me rendre dans certains pays en mission comme le Japon et les États-Unis. Mine de rien ça m'a fait voyager, c'était sympa.
- Tu n'as jamais eu envie d'aller voir autre chose ?
- Je suis chevalier d'or, j'ai des responsabilités.
- À t'entendre, on a l'impression que tu croule depuis ton enfance sous les responsabilités. T'en as pas marre ?
- J'ai l'habitude.
- Et tu n'as jamais eu envie de goûter à la liberté ?
- C'est subjectif ça comme question. Pour moi, tant que mes proches sont en sécurité et que je ne vais pas à l'encontre de mes valeurs, je suis libre.
- Hm… Je vois.
- Parce que toi tu es libre ?
- Oui à 100%. Je n'ai pas d'attaches, je vis chichement, je dors à la belle étoile la plupart du temps. Et je danse en permanence.
- Ça m'a l'air un peu…
- Et je suis heureuse. Toi tu l'es ?
Cette question cloua un peu sur place le Lion. Il n'avait pas vraiment pensé à cette question d'une vie qui le rendrait heureux. Certes, il y avait des moments où il avait été heureux comme lorsqu'il avait revu son frère et qu'il avait appris que les Bronzes avaient vécu Poséidon. Mais il est vrai que ça s'arrêtait là. Esther sentit qu'elle avait fait mouche. Mais étrangement cela la toucha. Comment pouvait-on avoir un tel sens du devoir et vivre sans se soucier de son propre bonheur ? Il était plus loyal qu'elle ne l'avait pensé. Elle eut un autre sourire énigmatique et se mit plus confortablement sur la roche. Aiolia remarqua alors qu'elle avait une façon de se mouvoir plutôt féline. Il trouva cela aussi joli.
- Donc du coup, tu aimes la danse ? voulut tenter le Lion pour ramener un peu de conversation.
- Oui
- Tu pratiques tous les jours ?
- Oui c'est ça. Et avant de partir au combat. C'est comme un entraînement.
- Tu fais du ballet ? demanda Aiolia, qui ne connaissait que cela
- Oh non absolument pas. Je les fais toutes sauf ce type de danse. C'est interdit dans mon répertoire
- Pourquoi donc ? C'est plutôt joli un ballet, c'est gracieux, délicat…
- Et élitiste, avec une immense culture de l'entre-soi en plus d'être sacrément raciste.
- Pardon ?
Esther eut un léger rire narquois et le dévisagea de son regard d'acier
- Tu sais que je suis une gitane ?
- Vite fait oui, pourquoi ?
- J'ai toujours eu cette réputation dénigrante qui me collait à la peau. Enfant, l'on me voyait comme une enfant sale et dépravée, avec une chevelure noire impossible à dompter. Plusieurs fois j'ai tenté quand j'étais petite de regarder des spectacles de ballet et de les imiter. Mais systématiquement, on me jetait dehors en me faisant bien comprendre qu'une vermine n'avait rien à faire là. Puis au fur et à mesure que j'ai grandi, ça ne s'est pas arrêté. Pour beaucoup de personnes, je suis la gitane dangereuse, la Carmen qui corrompt les hommes par sa gestuelle, la sorcière… Alors tant pis pour le ballet, ils ne savent pas ce qu'ils ratent de toute façon.
- Les gens te dénigrent à ce point ?
- Tu penses faire exception ?
- Hein ?
- Lorsque l'on s'est combattu la première fois, tu avais ce même regard dénigrant que plusieurs personnes m'avaient adressé durant leur vie. Ne prétend pas le contraire.
Aiolia préféra ne pas répondre et la laissa se reconcentrer. Mais cela l'avait heurté d'une certaine manière : il s'était à ce point si mal comporté ?
Ben oui triple andouille… ne put-il que penser en se remémorant son combat
Il se rendit alors compte que s'il avait été dans un conte de fées classique, il aurait été le preux chevalier partant délivrer la princesse. Et Esther… l'infâme gitane et sorcière qu'on aurait brûlé sur un bûcher. En pensant à ça, il eut une pensée triste.
- C'est bon, on peut les mettre. Ça sera juste un peu humide.
Aiolia la remercia, enfila son armure et ils remontèrent le long de la grotte. Au bout d'un moment, il n'y eut plus de lumière. Esther invoqua des boules de feu volantes qui les suivirent. Aiolia regarda le prodige dans un léger sourire puis ils continuèrent de marcher. Ils finirent par déboucher dans une grande salle en marbre vétuste, dans laquelle siégeaient les sept cloths des généraux marinas. Toutes étaient présentes sans exception.
- Visiblement, on est en avance, remarqua Esther
Aiolia ne répondit pas et toucha celle du Dragon des mers.
- Donc, si on résume la situation, tu as Poséidon qui a embauché une dryade pour zombifier Kanon et enlever Seiya. Mais pourquoi irait-il faire une chose pareille ?
Esther ne répondit pas, regarda les cloths une à une et eut une idée.
- Aiolia… Et si… On voulait nous faire croire que c'était Poséidon qui avait fait le coup ?
- Hein ?
- Réfléchis. La dryade techniquement, elle a constamment agi en toute discrétion. Il n'y a que nous qui savons. Donc d'un point de vue purement extérieur, tout porte à croire que c'est Poséidon.
- Alors cela signifierait… Que finalement c'est cette dryade qui utilise le Sanctuaire de Poséidon pour arriver à ses fins ? Mais pourquoi devrait-elle enlever Seiya ?
Au moment où Aiolia finissait sa phrase, ils entendirent du bruit. D'un même mouvement, ils partirent immédiatement se cacher derrière un amas de roche, dissimulant leurs cosmos du mieux qu'ils le pouvaient. De leur cachette, ils virent débarquer Kanon accompagné de la dryade. Cette dernière était magnifique avec ses longs cheveux bruns et son regard vert d'eau, et avançait de manière voluptueuse.
- Finalement, cela fut simple, n'est-ce pas Dragon des mers ?
- Que faites-vous ici ?! tonna une voix forte et menaçante.
- Sorrento de la Sirène… Tu es venu plus vite que je ne l'escomptais.
- Je ne vais pas me répéter. Que faites-vous dans l'antre de mon maître ?!
Ils virent arriver un homme svelte aux cheveux couleur lila accompagné d'une femme blonde.
- Sorrento, attaquons-les tout de suite ! proposa cette dernière
- Je vous en prie ne nous fâchons pas. Vous pouvez nous rejoindre dans notre mission, je suis sûre que Poséidon serait d'accord, dit la dryade d'un ton moelleux.
Aiolia dévisagea Esther qui acquiesça : Poséidon était bien derrière cette histoire. En revanche, il semblerait que ni Sorrento, ni Thétis n'aient été au courant. Pourquoi donc ?
- Cela m'étonnerait. Jamais Poséidon n'accorde sa confiance à qui que ce soit. Surtout quand il est absent.
- Il est vrai que je profite juste de ses heures de sommeil pour m'emparer de son armée afin que ma déesse soit servie. Ainsi, elle aura plus de monde pour la défendre et accomplir son dessein. Mais… Je pense que c'est quelque chose que Poséidon pourrait concevoir malgré son orgueil démesuré.
- Qui est votre déesse ? demanda Thétis.
La dryade esquissa un sourire énigmatique :
- Artémis bien entendu. Sa réincarnation est imminente. Quoi de mieux que de lui offrir une armée supplémentaire… en plus d'un plan B au cas où sa première réincarnation ne se passe pas ? Elle n'aura pas la patience d'Hadès, je peux vous le dire !
Esther releva brusquement la tête, le visage paniqué et Aiolia devina alors quel était le but du Sanctuaire de Dionysos, ainsi des raisons pour lesquelles Seiya avait été enlevé.
- Hors de question que nous vous rejoignions, répondit alors Sorrento en se mettant en garde.
- Figurez-vous que je me suis doutée de votre résistance. Mais ne vous en faites pas, j'ai de quoi vous faire plier…
- Cela m'...
Mais Sorrento eut à peine le temps de finir que la dryade s'était rapprochée et avait déjà son visage collée au sien. À quel moment une dryade pouvait se déplacer à une telle vitesse ? Il tenta de bouger mais elle vint plaquer immédiatement sa bouche contre la sienne. Thétis vit alors le corps de Sorrento trésauter tandis qu'un réseau de racine entrait dans sa bouche, comme des champignons. Puis elle vit son regard devenir noir comme l'encre.
- Sorrento ?...
Ce dernier la regarda, prit sa flute et balança un air funèbre qui fit hurler la jeune femme alors que la dryade la contiminait elle aussi. Le son fit violemment grincer des dents les deux fugitifs. Leur cri n'échappa pas à Kanon qui explosa l'amas de terre pour les révéler.
- Voyez-vous ça… Le ressuscité écoutait aux portes ? fit la dryade
Aiolia et Esther affichèrent un air renfrogné et se mirent en position de combat. Ils se demandèrent un instant s'ils allaient remporter la moindre victoire quand ils virent les marinas possédés se revêtirent de leur Cloth.
- Oh bordel… dit Aiolia.
Il ne réfléchit pas plus longtemps et lança un Lightning Plasma si fort que les roches cédèrent tout autour d'eux. De l'eau commença à s'insérer dans les fissures et Esther jura en se disant qu'ils allaient bientôt être engloutis si les chevaliers ne s'arrêtaient pas. Elle n'eut pas le temps de penser davantage que Thétis fondait déjà sur elle pour la plaquer violemment au sol. Elle poussa un cri strident sous la douleur lancinante
- Esther ! Cria Aiolia en se retournant
Kanon en profita pour enchaîner les coups alimentés de cosmos. Le corps d'Aiolia s'arc bouta pour contrecarrer. Il serra les dents : Kanon était un adversaire aussi puissant que Saga… Et si Aiolia n'avait jamais été en mesure de battre l'ancien Pope, alors qu'en était-il pour son jumeau ? Mais il ne pouvait se permettre d'attaquer à nouveau avec un lightning plasma : l'eau s'infiltrait réellement cette fois-ci !
Ils virent Sorrento sortir sa flûte, jouer les premières notes… Et les ondes se répercutèrent contre les parois rocheuses.
Il y eut un silence.
Et le plafond de la grotte s'effondra, l'eau noyant la salle dans ses bras salés. Esther voulut attraper Aiolia qui partait dans un tunnel mais le choc contre une paroi rocheuse fut si violent que son épaule se disloqua. Son cri de douleur se perdit en bulles dans l'eau.
Seuls les marinas s'en sortaient. La gitane tint bon, faisant son possible pour regagner la surface. Mais rien n'y fait, elle s'enfonçait dans l'eau. Elle commençait à manquer d'air quand Thétis revint à la charge. La marina ouvrit la bouche et un chant voluptueux sortit de sa gorge. Chant funeste puisque Esther vit ses membres se couvrirent un à un de corail. Elle tenta un mouvement mais rien n'y fait ! Elle ne pouvait plus bouger. Elle serra les dents quand elle sentit le corail ramper jusqu'à sa gorge pour l'étrangler, comme les mains d'un tueur. Bientôt l'air devint rare et les lèvres d'Esther virèrent au bleu.
Au loin, elle crut voir le corps d'Aiolia. Était-il seulement inconscient ?… Elle dévisagea Thétis d'un air assassin et sentit la rage monter en elle comme un volcan en éruption. Sa voix se fit entendre… et le feu jaillit tout autour d'elle. Un volcan contraignant par sa puissance l'élément de l'eau. Une tornade de flammes partit en direction de Thétis qui se prit l'attaque de plein fouet. Dans sa semi-inconscience, Aiolia vit ce feu jaillir des profondeurs et eut un sourire. La torche enflammée remonta le courant et heurta de plein fouet Sorrento qui percuta violemment une roche qui s'effondra comme toutes les autres. Mais Esther n'avait pas anticipé Kanon qui l'attrapa par les cheveux malgré les flammes et la balança contre le sable dans un fracas épouvantable. L'eau eut alors raison sur le feu et Esther redevint humaine. Mais avant que Kanon ne porte le coup de grâce en la tuant, Aiolia se précipita à toute vitesse pour sauver Esther.
Ensemble, il remontèrent le long d'un tunnel rocheux et jaillirent hors de l'eau dès qu'ils eurent contact avec de la surface dans ce qu'il restait de la salle. Cette bouffée d'air… Ils s'en souviendront toute leur vie. Sentant qu'elle manquait de s'effondrer, Aiolia plaqua le corps d'Esther un peu plus contre le sien et vint l'entourer de ses bras.
- Esther ?! Esther ?! Tu m'entends ?…
- Je… Oui mais… Kanon…
Au moment où elle disait ça, ils sentirent l'eau faire davantage de remous et la terre trembler. En dessous de leurs pieds, une lumière grossissait à vue d'œil. Aiolia se pinça les lèvres : le dragon des mers avait prévu sa plus terrible attaque.
- Je n'aime pas cette idée que l'on ne va pas s'en sortir sans avoir dit aux autres ce qu'il se tramait… dit Esther qui reprenait ses esprits et s'éloignait un peu d'Aiolia
- Je ne sais pas ce qu'il va se passer à vrai dire, répondit le chevalier. Mais dans tous les cas…
Et il lui prit la main.
- … Merci d'avoir été à mes côtés, dit-il avec un doux sourire.
Ce sourire fut si tendre qu'Esther en perdit un instant son masque froid et distant. Elle lui lança elle aussi un regard tendre… et l'explosion retentit.
- Galaxian Explosion !
OoOo
La baie du Cap Sounion était calme, couverte de tâches roses appartenant à l'aube.
Soudain ! Surgit des eaux un homme portant une armure dorée. Il semblait avoir frôler la mort et tenait fermement dans ses bras une femme brune inconsciente.
- Tiens bon Esther… dit-il en remontant sur la terre ferme.
OoOo
Forêt Noire, Allemagne
Si une partie de la forêt la plus célèbre du pays de Goethe était connue des touristes, il restait encore beaucoup d'hectares où végétation et animaux vivaient en harmonie sans la présence humaine. Un havre de paix sauvage dont témoignait cette demeure d'architecture classique, abandonnée dans la forêt et couverte de végétation. L'être humain ne l'avait plus utilisé et laissé en proie à la Nature qui désormais occupait les lieux.
La lune était ronde et déjà haute dans le ciel quand Shun se présenta aux pieds de cet édifice, chaînes aux poignets. Aucune expression sur son visage. Lentement, attentivement, il fixa les arbres qui l'entouraient. Il était en terrain hostile, il le sentait. Il n'y avait pratiquement aucun bruit dans la forêt, si ce n'est quelques oiseaux nocturnes. Il regarda l'astre lunaire qui désormais était une menace à ses yeux : c'était imminent, il le sentait dans ses tripes. Il attendit encore quelques instants, guettant le moindre guet-apens et rentra à l'intérieur de la demeure.
S'il n'avait pas été si concentré dans sa mission, il aurait pu être ébloui par la beauté des lieux. Il avait devant un hall d'entrée gigantesque, comportant un escalier-arbre en chêne massif situé sur le mur en face de l'entrée. Des portraits de familles avaient épousé le lierre ainsi que d'autres plantes grimpantes et les murs de couleur bleu ciel étaient parsemées de papillon et de cloportes. Mais la pièce maîtresse de ce chef-d'œuvre était sans compter le plafond éventré qui créait un puits de lumière, comme si la lune bénissait ce lieu.
Shun s'avança, le visage toujours aussi fermé.
- Que viens-tu faire ici ? fit une voix d'outre-tombe.
Il s'arrêta et porta son regard vers l'escalier-arbre. Ce dernier se mit à bouger dans une série de craquement et Shun put voir un visage et un corps se dessiner dans l'écorce.
- Je répète ma question, humain : que viens-tu faire ici ?
Shun planta son regard dans celui de la dryade, tendit sa main et avant même qu'elle n'ait une réponse, la chaîne nébulaire partit à la vitesse de l'éclair pour exploser l'arbre. La dryade, bien qu'elle perdit une partie de son tronc, fut rapide et arriva à s'en sortir. Elle rugit et se jeta sur lui, des pics d'écorce sortant de son dos. Shun bondit en l'air, se retourna et enserra immédiatement la nymphe dans ses chaînes. Pris au piège, cette dernière tomba à genoux :
- Dis-moi où se trouve le futur hôte de ta déesse.
- Tu crois vraiment que je vais te le dire ?!
- Dis-le, dit Shun d'une voix dure tout en resserrant la pression de ses chaînes, au point où il put voir de la sève verte couler.
- Va crever !
La dryade lança directement en direction de Shun des spores. Ce dernier les regarda se déposer sur son corps sans que ça ne lui fasse ni chaud ni froid. La dryade fut sous le choc.
- Je suis immunisé contre tout type de poisons.
- Hein ?! Mais pourquoi ?!
- Tu demanderas à mon dieu…
Il agrippa ses chaînes et envoya brutalement la dryade contre un mur qui s'effondra. Était-elle morte sous le violent choc ou inconsciente ? Il n'en savait rien et il s'en fichait. Il fallait qu'il avance.
Il tourna dans un couloir et des centaines de dryades l'attendaient. Il avança malgré tout, éclatant leur écorce par-ci par-là. Peu importe le nombre, peu importe les obstacles, il avançait. Comme s'il avait perdu toute émotion, toute humanité. Il fixait d'un regard dur les nymphes qui se ruaient sur lui pour l'arrêter et qui étaient blessées par sa faute alors qu'il sentait au fond de lui cette petite voix qui lui hurlait de ne pas faire de mal. Avait-il vraiment enfermé son cœur pour en arriver à ce stade ?
Soudain ! Il sentit une vibration dans l'air. Elle était si brève qu'il aurait pu ne pas la sentir. Il se jeta dans le vide de justesse tandis que le sol explosait en milliers de débris. Il vit le responsable se relever et le dévisager d'un air glacial. C'était un homme qui semblait avoir son âge. Il portait un masque en argent qui cachait la moitié de son visage. Ses cheveux étaient roux et ses yeux étaient gris.
- Que vient faire un chevalier d'Athéna ici ? demanda-t-il d'une voix monotone
- Ne la mêle pas à ça, c'est de mon propre chef que je suis ici.
- Et que cherches-tu ?
- Vous empêcher de nuire aux hommes.
L'homme le dévisagea d'un air curieux et éclata de rire.
- Et à qui ai-je l'honneur ?
- Shun. Et toi ?
- Je m'appelle Tôma d'Icare. Je suis un des trois anges d'Artémis. (1)
- Voilà donc à quoi ressemble un ange ?
- Exact. Et contrairement à ce que tu pourrais croire, je ne vais pas être tendre.
- Je m'attendais à ça figure-toi, dit Shun en se mettant en position de combat.
Tôma eut un sourire narquois et attaqua le premier à la vitesse de la lumière. Shun anticipa tout juste son arrivée et parvint à se dégager et à lancer ses chaînes. Mais Tôma les évita avec aisance, sauta en l'air et retendit son pied pour atteindre le chevalier renégat. Shun sauta sur le côté et lança ses attaques :
- Nebula chain !
L'ange parvint à éviter l'attaque et déclencha une attaque de cosmos. Shun utilisa la Rolling Défense pour se défendre mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'était que le cosmos de ce dernier explose au contact du moindre objet. Et il hurla sous la douleur alors que l'explosion retentissante brisait la défense. Il tomba au sol et manqua d'être cueilli par une lance créée de toute pièce par l'énergie rose que Tôma préparait dans sa main. Il tenta de nouveau de lancer une attaque :
- Nebula Poison !
Au moment où la chaîne allait perforer la peau de Tôma, ce dernier disparut à la vitesse de la lumière. Shun écarquilla les yeux : où était-il passé ?!
- Tu n'es pas assez rapide, fit une voix derrière lui
Shun hurla quand il sentit la foudre s'abattre dans son dos. Il tomba au sol, le dos en proie à d'atroces souffrances. Et ce fut pire quand il sentit un coup de pied brutal dans les côtes qui l'envoya valser sur plusieurs mètres. Malgré le sang qui giclait de sa bouche, il se releva. Il le sentait, là, au fond de lui, cette volonté de ne pas nuire à Tôma, de le laisser en vie et de parlementer, comme il aurait voulu le faire avec les dryades. Mais il ne pouvait pas… Il ne pouvait plus écouter cette voix. S'il l'écoutait… Tout serait voué à l'échec et il perdrait. Il ne fallait plus qu'il soit comme avant et il savait quoi faire. Alors, il ferma les yeux et marmonna entre ses dents tandis qu'il augmentait la puissance de sa cosmo-énergie :
- Dionysos… Vous m'avez donné ce pouvoir en me disant de l'utiliser avec parcimonie car il pourrait me perdre à tout jamais. Pardonnez-moi… Pardonnez-moi mes amis et Shura… Mais je dois l'utiliser si je veux gagner.
Il joignit les mains et ferma les yeux, comme s'il priait :
- Donnez-moi votre force Dionysos… Donnez-moi votre folie. Que je ne sois que chaos et destruction.
Shun ouvrit les yeux dans lesquels brillait un dernier éclat de lucidité et il fit rugir son cosmos.
- Dionysos Madness !
Le cosmos explosa et Tôma dut plisser les yeux. Quand il les ouvrit plus franchement, il vit Shun, debout, les bras ballants et le visage vers le sol. Il fronça les sourcils en se demandant ce qu'il s'était passé.
- C'était donc "ça" ton attaque chevalier ? tenta-t-il par provocation.
Et il eut un rire en provenance de Shun. Pratiquement indicible. Puis il fut suivi d'un autre plus fort. Et encore plus fort. Bientôt, il devint inextinguible et était particulièrement désagréable à entendre tant il suscitait le malaise voire la peur. Tôma vit avec stupeur Shun s'agripper les cheveux et relever un peu son visage : ses yeux étaient exorbités, ses dents étaient toutes sorties et son sourire était étiré jusqu'à l'extrême. Et il continuait à rire…
- Es-tu devenu fou ?
Au moment où il prononça cette vérité, Shun bondit sur lui, l'air détraqué et ses chaînes foncèrent sur l'ange.
OoOo
Une petite fille était assise sur le sol de la dernière pièce de la demeure. C'était une pièce à l'apparence toute simple mais couverte au plafond de branches de chênes. La petite fille était blonde, son visage blanc était parsemé de légères tâches de rousseur et ses yeux étaient d'un bleu cristallin semblable à l'eau pure des rivières de forêt. Elle ressemblait à un petit ange.
Elle attendait patiemment l'arrivée de celle pour qui elle avait été désignée comme hôte. C'était un honneur pour elle qui avait été orpheline de père très tôt et dont la mère avait tâché de faire en sorte qu'elle soit l'hôte parfaite pour la déesse de la chasse et de la nature sauvage.
Tout à coup, elle entendit un cri dans le silence de la nuit. Elle eut peur : on aurait dit une bête féroce. Le cri recommença et la petite fille trembla. Elle entendit des coups et des bruits de pas étouffés derrière la porte. Cela se rapprochait… Elle serra sa robe blanche immaculée entre ses doigts : que se passait-il enfin ?...
Les cris cessèrent et elle voulut se lever pour vérifier que la porte était bien fermée.
Elle avança…
Et la porte vola en éclat. Dans un cri de peur, elle alla se réfugier contre un mur alors qu'elle voyait un homme, un sourire affreux sur le visage, les yeux injectés de sang et de la salive dégoulinant à torrent de sa bouche en train d'attaquer le pauvre Tôma. Ce dernier, empêtré dans des chaînes devenues également complètement folles, voulut se dégager mais le fou au-dessus de lui eut un énième rire et l'envoya contre une fenêtre qui céda brutalement avec une partie du mur. Il disparut et la petite trembla en voyant l'homme au regard fou la regarder.
- Tu… tenta-t-il de dire d'une voix rocailleuse.
Il marcha vers elle et la petite déglutit entre deux sanglots en voyant les chaînes lourdes être traînées au sol, comme un boucher avec ses haches. Elle cria de douleur quand il lui saisit violemment la robe. Mais qui était ce fou ?! Elle cria de nouveau alors qu'il l'envoyait contre un mur.
- Paie… dit l'homme en s'approchant d'elle. Payez… Payez pour tout !
Il brandit sa chaîne dans un geste indiquant clairement qu'il allait la tuer là tout de suite.
La petite ferma les yeux pour ne pas voir la mort en face.
(1) Ceux qui ont vu le cinquième film Saint Seiya sont en sueur
Est-ce que je finis le chapitre 20 là-dessus ? Oui complètement.
Est-ce que j'assume de laisser un tel cliffhanger pendant une semaine ? Aussi oui :3
J'espère que le chapitre vous aura plu, n'hésitez pas à laisser des commentaires, et à bientôt pour le chapitre 21 (qui sonnera probablement la fin de la 2nde partie de la fanfiction).
