Merci à la merveilleuse Sockscranberries, pour sa lecture bêta !
Merci BlacktoSnape, justeMarianne (double merci, car j'ai essayé de répondre à ta review sur Mutatis Mutandis depuis mon téléphone, et je crois que ça a été un échec) pour vos retours.
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Chapitre 5
Ils passèrent le peu qu'il restait de la soirée à se tourner autour, dans leurs petits souliers. Ils auraient tous deux voulu pouvoir s'éviter complètement, mais cela n'était pas possible. Ils devaient se prétendre amoureux.
Ce baiser avait un peu troublé Hermione. Il avait été... bon. Elle ne se souvenait même pas de la dernière fois où elle avait vécu une chose similaire. Il n'avait pas été profond, il n'avait pas été long, mais il avait été... bon. Elle avait senti une douce chaleur s'insinuer en elle et son cœur avait semblé flotter dans sa poitrine. Elle finissait vraiment par douter du fait qu'il soit puceau, ou sexuellement inexpérimenté. Si cela avait été le cas, il n'aurait pas su embrasser... comme cela.
Ils continuèrent de sourire et d'échanger avec les gens qui venaient les féliciter. Ils se tenaient côte à côte, mais ne se touchaient pas. Pas plus qu'ils ne se regardaient, d'ailleurs. Severus aurait voulu disparaître, mais il ne pouvait foutrement pas se le permettre. Il détestait devoir être sociable, il pensait l'avoir suffisamment été pour toute la journée, si ce n'était pour toute la semaine, mais il fallait continuer à supporter tout cela. Il en était capable. Il avait survécu aux réunions de Mangemorts et aux galas stupides que le Seigneur des Ténèbres jugeait bon d'organiser, juste pour fêter une victoire ou simplement le fait que lui et ses sujets étaient privilégiés puisque de Sang Pur, et pouvaient se permettre de faire des folies. Une réunion de Granger était donc bien plus aisée à supporter. Il reporta donc son attention sur son verre, qu'il sirota.
Les invités s'éclipsèrent petit à petit, en même temps que le soleil disparaissait derrière l'horizon. Severus sortit alors chercher les bagages à la voiture, maudissant l'impossibilité de pouvoir les faire léviter jusqu'à l'étage.
Jane et Judith les accompagnèrent au premier pour leur montrer leurs chambres, pendant que Charles regardait la télé au salon sans se soucier de rien, en compagnie de son père Nigel. Elles les firent entrer dans une vaste pièce où le bois était omniprésent, ses poutres apparentes lui conférant l'ambiance douillette d'un chalet. Le bâti de la cheminée était le seul endroit où la pierre était visible. Sur l'un des côtés de ladite cheminée se trouvait un canapé de cuir brun, et en face, deux fauteuils, eux aussi recouverts de cuir brun. L'espace formé entre les sièges était agrémenté d'un tapis aux allures de peau de bête surmonté d'une petite table basse. Les fenêtres étaient nombreuses et généreuses, et l'une d'elle ouvrait sur un balcon privatif. La pièce devait être lumineuse en journée, d'où les rideaux épais. Le lit était grand. Il y avait une armoire de bois sombre près de la porte et une commode rustique sur le mur opposé, près de la porte-fenêtre qui donnait sur le balcon. Il y avait également un siège sous l'une des fenêtres latérales, situé juste au départ d'une sorte de petit couloir qui menait à une porte. Les toilettes, probablement.
Malgré l'aspect chalet qui semblait être le thème récurrent de la maison, certains détails indiquaient qu'il s'agissait de la chambre attitrée d'Hermione : des photos encadrées sur la commode et les tables de nuit, des peluches sûrement laissées par ses parents dans leur maison londonienne et qu'ils avaient récupérées quand ils avaient déménagé, des CD, livres et autres jeux de société qui s'alignaient dans les étagères bordant le petit dégagement. Il aurait voulu demander où il allait dormir, mais tint sa langue.
« D'accord Maman, mais où Severus va-t-il dormir ? »
Il se retint de soupirer de soulagement. Le timing n'aurait pas été meilleur si la petite sorcière avait été Legilimens.
« Tu sais, ma mère tient à ce principe selon lequel, tant qu'on n'est pas marié... », lança Hermione à Severus, alors qu'il se tenait près de la porte, les bagages toujours à ses pieds, ayant tout l'air d'attendre une explication.
« Oh non, je t'en prie, Hermione », commença Jane. « Je ne suis pas si arriérée. Vous êtes fiancés. Et je ne suis pas naïve au point de croire que vous ferez lit à part en rentrant à Londres, où vous vivez tous les deux comme des adultes. Severus dormira ici, » sourit-elle.
Oh joie, pensa Severus, sardonique. Hermione se contenta d'un sourire gêné.
« Il y a des serviettes et des couvertures ici si vous en avez besoin, » ajouta Jane en montrant l'armoire, « et... eh bien, Hermione sait tout le reste, Severus, » sourit-elle. « Je vous laisse vous reposer. Bonne nuit. »
« Bonne nuit Maman, Mamie. »
« Bonne nuit, » compléta Severus.
« Hâtez un peu le projet de me faire des petits enfants, » s'exclama Judith en tirant la porte derrière elle. « Je ne rajeunis pas. »
« Mamie ! » la tança Hermione. Judith se contenta d'un sourire taquin et lança un clin d'œil à Severus avant de refermer la porte complètement.
Enfin, tout fut silencieux. Ils s'observèrent, embarrassés. « Désolée pour tout cela, » dit finalement Hermione. Severus haussa les épaules avec indifférence.
Elle fit volte-face vers le lit. Il était grand. Ils auraient pu y tenir tous les deux très confortablement. Elle songea qu'elle se sentait capable de lui faire confiance pour ne pas lui sauter dessus au milieu de la nuit. Peut-être pourraient-ils placer quelques coussins entre eux... Elle était sur le point de le lui proposer quand il lança, agacé : « J'imagine que je dormirai sur le canapé, donc », avant de s'y asseoir pour retirer ses bottes.
« D'accord. Merci. » Elle n'avait jamais été rejetée aussi sèchement. Elle n'allait rien lui proposer de plus, cela risquerait de le pousser à montrer encore davantage à quel point elle le dégoûtait. La seule pensée de dormir à ses côtés le répugnait, c'était évident. Le Snape qu'elle connaissait se serait battu pour avoir le lit, peut-être même s'y serait-il allongé ostensiblement si elle avait protesté. L'idée qu'il pouvait être galant et lui laisser le lit au détriment de son propre confort ne lui aurait jamais traversé l'esprit. Non. C'était surement un besoin impérieux de se tenir loin d'elle. Elle, la garce qui avait fichu sa vie en l'air en prenant le dessus sur lui.
« Douche ? » demanda-t-il avec un sourcil levé, montrant l'endroit vers lequel il pensait que se trouvait la salle de bain.
« Euh ? » demanda-t-elle, un peu prise de court. Il lui fallut un moment pour réaliser qu'il lui demandait si c'était bien dans cette direction que se trouvait la douche, ou s'il pouvait y aller, et pas si elle voulait se joindre à lui. « Ah oui, c'est là-bas. »
Un mouvement négligent de sa baguette, qu'il venait de sortir de sa poche, et sa valise s'ouvrit toute seule. Une serviette, un pyjama et des produits de toilette en surgirent pour le suivre jusqu'à la salle de bain. Il referma la porte derrière lui.
Elle défit ses bagages en attendant qu'il en sorte, mettant de côté son pyjama et sa trousse de toilette pour aller se doucher dès qu'il aurait terminé. Puis elle s'assit sur le plaid qui recouvrait l'extrémité du matelas, ses pieds nus sur le coffre qui prolongeait le lit. Comme elle patientait, les coudes appuyés sur ses genoux et le menton dans la main, elle se remémora leur baiser. Cette simple pensée suffit à éparpiller des papillons dans son ventre. Concentre-toi, Hermione. Ce n'est qu'un simple accord formel. Tu as ressenti tout cela parce que tu es seule depuis trop longtemps... Et revoir Jacques t'a secouée. Cela n'a rien à voir avec Snape. C'est impossible. Il est narquois, rancunier et irascible. Il ne sait très certainement pas s'amuser. Il est tellement asocial. Il ne serait pas romantique même si sa vie en dépendait. Et il n'est tellement pas ton genre. Vous n'iriez pas du tout ensemble, donc n'y pense même pas.
A l'exception qu'il savait faire preuve de romantisme, n'est-ce pas ? Un homme qui ne l'était pas n'aurait pas voué l'intégralité de sa vie à une femme depuis si longtemps, même si elle avait choisi quelqu'un d'autre pour mener la sienne. Il n'aurait pas protégé son enfant. Il a perdu presque toute sa vie à cela. Et cette histoire de demande en mariage... C'était tendre, et romantique. Avait-il seulement jamais pensé à demander quelqu'un en mariage ? Est-ce qu'il l'aurait fait de cette façon ? Est-ce qu'il l'aurait fait de cette façon, pour Lily, dont les lys auraient été les fleurs préférées ? Ou bien pensait-il seulement à cela parce que...
Puis, elle sentit la bague à son doigt. Elle étendit la main devant elle pour la regarder. Elle était sublime. Comme s'il l'avait vraiment achetée pour elle. Comment avait-il... L'avait-il créée comme ça pour elle, sur le coup ?
La porte de la salle de bain s'ouvrit et il en sortit, vêtu d'un tee-shirt gris foncé et d'un pantalon de survêtement noir, ses cheveux longs lâchés toujours humides. C'était la première fois qu'elle le voyait les cheveux détachés depuis qu'il avait été son professeur. Depuis qu'elle l'avait vu mourir, en fait. Elle se surprit à penser que cela lui allait bien, c'était même... sexy. Peut-être était-ce parce qu'ils étaient un peu mouillés. Sa cicatrice, qui avait été masquée par la magie tout au long de la journée, ne l'était plus. C'était aussi la première fois qu'elle la voyait. Bien que la blessure eût été guérie, tout comme sa peau, la cicatrice restait épaisse et sa surface était irrégulière. Elle le fixa un moment. Comme il avait dû en souffrir, songea-t-elle. Il surprit son regard et lança son linge sale par-dessus son épaule, couvrant sa cicatrice et plissant les yeux. Elle tourna le visage. Et puis, les odeurs d'un shampoing aux fragrances musquées et de sa peau fraîchement savonnée vinrent à ses narines alors qu'il s'approchait. Etrangement, elle sentit ses poils se dresser sur son échine.
Elle se dépêcha de quitter son perchoir sur le lit, rassembla ses affaires et entra dans la salle de bain. La vapeur, mêlée à son parfum, la firent frissonner à nouveau.
Une fois qu'elle eut fini, Hermione en sortit sur la pointe des pieds, en espérant qu'il se serait endormi. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Il avait séché ses cheveux par magie et rangé son linge sale après lui avoir jeté un sort nettoyant. Il était ensuite parti à la recherche de draps et d'un oreiller dans l'armoire qu'avait désignée Jane et s'était préparé un couchage sur le canapé. Quand elle entra dans son champ de vision, il s'y installait tant bien que mal.
Elle portait une nuisette de soie noire qui lui arrivait à mi-cuisses. Il admit honteusement pour lui-même que la vision était assez agréable. Le souvenir du baiser qu'ils avaient échangé et qu'il était parvenu à éloigner de son esprit lui revint en force. Tout semblait vouloir se mélanger en lui. Non, reprends le contrôle. Elle n'est pas attirante, elle est seulement cette Miss Je-Sais-Tout autoritaire, une petite bûcheuse de rien du tout qui n'a fait que te rendre la vie pitoyable et te donner des tâches bien en-dessous de tes capacités. Malgré cela, il passa sa langue sur ses lèvres en levant les yeux vers elle quand elle passa devant lui à toute allure pour aller se glisser sous les couvertures. Il se surprit, et grogna. Mais à quoi tu joues, Severus Snape ?
« Quoi ? » demanda-t-elle d'un air furibond depuis le lit, où elle était maintenant assise, sous les couvertures.
« Quoi, quoi ? » répéta-t-il, perdu.
« Pourquoi est-ce que vous me grognez dessus ? » lança-t-elle, toujours agacée.
Ah. Ça. « Joli choix de tenue, » parvint-il à répondre, l'air morne.
« La ferme ! Je pensais que j'aurais une chambre pour moi toute seule. »
« Toute seule ? Permettez-moi d'en douter. »
Elle souffla avec colère et s'enfonça dans le lit. « Ce n'est pas un crime d'avoir envie d'être sexy même en étant seule, » marmonna-t-elle.
Il ne répondit rien. Il était un peu surpris de constater qu'elle était parfois si peu sûre d'elle. Cela ne lui ressemblait pas, cela ne collait pas avec ce qu'il voyait d'elle au quotidien. Cela dit... Si son père avait toujours été comme cela, il comprenait mieux son caractère. L'intégralité de son caractère.
Il y eut un long silence, alors qu'ils étaient tous deux étendus dans leurs lits respectifs - ou de fortune - à fixer le plafond, les mains jointes sur le ventre. Elle prit à nouveau conscience de la bague lovée à son doigt. Elle leva la main pour la regarder à la lumière tamisée de la chambre, qui n'était plus éclairée que par une ou deux lampes, en plus du feu qui crépitait dans l'âtre. Quoi que le temps ait été plutôt clément la journée, les nuits pouvaient être fraîches une fois que le soleil avait disparu. C'était une bague magnifique. Elle y passa le pouce.
« Est-ce que... est-ce que vous avez fabriqué cette bague comme ça, venue de nulle part ? »
Un grogna de nouveau. « Vous savez que ce n'est pas possible, sorcière. »
« Oui, je sais. Mais je pensais aussi qu'il était nécessaire d'avoir un balai, ou une créature magique, ou n'importe quel autre objet ensorcelé pour voler. Et vous m'avez prouvé le contraire. Et comme j'ai du mal à imaginer une autre explication, je pensais... »
« Cela s'appelle l'anticipation. Quelque chose qui a à voir avec la guerre, et que vous devriez connaître. »
« Donc, vous l'avez achetée juste pour cette occasion ? » s'inquiéta-t-elle, ignorant sa pique.
Il soupira profondément, rassemblant assez de patience pour lui répondre. « Elle a appartenu à ma mère. L'un des rares objets hérités de la famille Prince que je possède. »
« Oh. Elle est très jolie. »
« Ne. La. Perdez. Pas, » trancha-t-il.
« Je ne la perdrai pas, » répondit-elle, un peu narquoise, mais un regard toujours admiratif posé sur la bague.
Le silence s'étira avant qu'elle ne parle de nouveau. « Cette histoire de demande en mariage... C'était très bien. Vous êtes réactif. »
« A nouveau, l'anticipation. Je pensais que vous auriez été du genre à planifier finement ces choses-là. »
« Oui... mais il n'y a pas eu beaucoup de temps pour penser à cela, n'est-ce pas ? »
« Si, il en a eu assez. Si j'ai réussi à inventer quelque chose... »
En vérité, elle était du genre romantique. Et bien qu'elle ait imaginé des centaines de scénarios dans lesquels elle aurait aimé se retrouver, devoir penser à toutes ces choses pour les raconter aux gens comme si elles avaient réellement eu lieu n'était pas dans ses cordes, apparemment. Et puis, cela lui arriverait-il jamais un jour ?
« Pourquoi les lys ? »
« Ce ne sont pas vos préférées ? »
« Comment... comment le savez-vous ? » demanda-t-elle, surprise.
Il soupira. « On vous a livré des fleurs une ou deux fois au laboratoire. Et bien que faisant la moue à la lecture de la carte qui les accompagnait, vous souriez toujours en regardant les fleurs. Des lys, blancs et roses. » Severus savait aussi qu'ils avaient été envoyés par Ronald Weasley. Sans savoir ce qui l'avait amené à cette idée, Weasley avait essayé une ou deux fois de se remettre avec elle. Apparemment. Mais il n'allait pas lui avouer qu'il l'avait remarqué. Se rendre compte qu'il était à ce point observateur pouvait se révéler déstabilisant pour elle. Cela l'avait été, pour lui, honnêtement. Pourquoi l'observait-il à ce point ? C'était assez inapproprié, il n'était plus en guerre, après tout.
Ouah. Évidemment, il était très observateur. « Oh, je pensais... Que c'était à cause de quelque chose d'autre, » dit-elle calmement.
Il grogna. Il voyait où elle voulait en venir.
« Est-ce que cela a un rapport avec... Avec Lily Potter ? »
« Hermione... » prévint-il.
« Je ne veux pas avoir l'air indiscrète, mais si... si nous devons continuer, je pense qu'il faut que je sache. Il nous faut monter un plan, savoir répondre aux questions que vont nous poser les gens à ce sujet. Ils sont au courant de... cela, et aussi que vous n'avez jamais été avec personne ensuite... Pourquoi maintenant ? Pourquoi moi ? Tout cela va finir par sortir. »
Il y eut un silence.
« Cela ne marchera pas si vous ne voulez pas en parler, Severus. Vous savez tellement de choses sur moi par la force des choses, parce que vous travaillez avec moi, mais il vous faut m'en dire davantage sur vous. »
Elle s'exprima avec calme, sans se montrer exigeante. Et en plus, je ne veux pas avoir l'air de la cruche qui se met avec un homme qui ne l'aimera jamais. Bien qu'en fait, c'était exactement ce qu'elle était en train de faire.
« Vraiment, il est stupide de penser que je l'aime toujours. Ce n'était pas vraiment de l'amour, d'abord. »
« Mais vous avez dit... »
« Je sais ce que j'ai dit, » aboya-t-il. « Il était question de sens du devoir plus que toute autre chose, cela faisait des années que je n'avais pas la conscience tranquille, que je culpabilisais. Mais je suis passé à autre chose. J'ai fait ce que j'avais à faire, pour payer ma dette, j'en suis presque mort. J'ai fini par prendre conscience qu'elle n'avait même pas été une véritable amie pour moi. Je ne l'ai jamais vraiment connue, en fait. Elle était juste... Comment ai-je pu... » Il soupira, agacé. « C'était juste de l'attachement, un stupide attachement, parce qu'elle avait fait montre à mon égard d'un peu de gentillesse, qu'elle avait amené de la légèreté dans ma vie, et ce que j'avais vu comme de l'acceptation. Toutes ces choses que je n'avais jamais vécues... » Il était toujours ostensiblement contrarié. « Mais avec le recul, et après avoir frôlé la mort, je comprends à quel point j'ai été aveuglé. Il n'a jamais été question de cela, en tout cas pas après que nous soyons entrés à Poudlard. Je ne lui servais plus à rien alors, et elle n'a fait que chercher un moyen de se débarrasser de moi. » Bien sûr, parce que personne ne te supporte jamais bien longtemps, n'est-ce pas ? « Je me suis accroché à quelque chose qui avait changé, quelque chose qui n'avait même probablement jamais eu lieu. »
« Oh. D'accord. Cela... cela fait sens. » Elle ne savait pas quoi dire. Tout cela était plutôt triste. Il méritait une amitié sincère, un amour sincère, et réaliser que cela ne lui était même jamais arrivé...
À nouveau, le silence retomba. À présent, elle se sentait mal. Il venait de partager quelque chose de profond, de très personnel. Elle se devait de faire de même... Mais la situation était juste embarrassante.
« Écoutez, » commença-t-elle, doucement. S'était-il déjà endormi ? « Je suis désolée pour mon père. »
Snape grogna. « Pourquoi ? Un homme tellement charmant, » laissa-t-il échapper, ironique. Elle eut un léger rire. « Oui. Enfin... Peut-être qu'il se montrera un peu plus aimable. Ou pas. Vraiment, je ne sais pas. Donc je m'excuse par avance pour tout ce qu'il pourra faire dans les deux semaines qui viennent. »
Snape soupira.
« S'il vous plaît. Ne lui jetez pas de sort. »
Snape grogna de nouveau. « D'accord. Mais... qu'est-ce que c'est que ce comportement ? Je pensais que... » Il ne termina pas sa phrase.
« Vous pensiez que je serais une fille à papa ? » Elle eut un sourire adressé aux poutres visibles au plafond.
« Eh bien, oui. Cela me paraissait évident. »
« Non... il a toujours été... dur avec moi. Exigeant. Et maintenant, c'est de pire en pire. Il n'aime pas la magie, et il n'arrive pas à me pardonner d'avoir modifié leur mémoire pendant la guerre... »
« Vous avez fait cela ? »
« Oui. C'était la seule chose que je pouvais faire pour les protéger. Une fois que j'ai eu rétabli leurs souvenirs, il l'a appris et cela ne lui a pas plu. En plus, il ne supporte pas que je refuse de m'investir dans le domaine, ou dans une carrière Moldue, au profit de mes abracadabras merdiques, » elle leva index et majeurs au ciel comme pour former des guillemets qu'il ne vit sûrement pas.
« Comme je l'ai déjà dit, charmant. » Alors, c'était à cause de cela, cette nécessité de tout faire sans magie.
Il y eut un nouveau silence. Mais elle ressentait encore le besoin de parler. Elle s'était toujours sentie mal à l'aise après avoir évoqué des choses qui l'avaient attristée, et il lui fallait maintenant parler d'autre chose pour oublier ce qui avait été dit et que la honte s'estompe.
« Est-ce que vous avez des animaux domestiques ? » Le silence avait duré plus longtemps cette fois, et elle se prépara à ce qu'il lui hurle dessus pour qu'elle le laisse dormir.
« Non, » fut la seule chose qu'elle entendit. « Et vous ? »
« Non, plus maintenant. J'ai eu un chat, mon animal domestique quand j'étais à l'école. Pattenrond. Mais il était déjà vieux quand je l'ai adopté, donc... »
« Hmm. Bien. Cela aurait été difficile de convaincre l'agent administratif du Ministère que j'habitais chez vous si vous aviez eu un chat. »
« Vous n'aimez pas les chats ? »
« Je préfère les chiens. Et je suis allergique aux poils de chats. »
« Du coup, vous aimeriez avoir un chien ? »
« Bien sûr, peut-être. Un jour. Quand j'aurai assez de temps pour m'en occuper. » Et en plus, peut-être qu'il ne se sentirai plus jamais seul, avec un chien.
« Bien. J'aime les chiens aussi. Cela ne me dérangerait pas d'avoir un Golden Retriever. »
« Les Golden Retrievers sont de bons chiens. Ou peut-être un Husky. Juste, pas ces minuscules chiens horriblement bruyants et horripilants. » Ses sourcils se froncèrent rien qu'à cette pensée.
Hermione eut un petit rire. « Oui, c'est vrai. » Après un moment, elle poursuivit. « J'aimerais bien qu'il s'appelle Maverick. Ou Brandon. »
« Je ne suis pas allé jusqu'à penser à des noms. Peut-être Achille. Attila. Thor. Odin. »
« Je vois, » ricana-t-elle. « Quelque chose qui fasse mâle, puissant. »
A nouveau, le silence.
« Est-ce que vous avez déjà été à un concert ? » demanda-t-elle.
« Je doute que le Ministère pensera à poser cette question. » Il n'avait pas répondu brutalement, c'était plutôt une simple remarque.
« Eh bien, cela ne me fera pas de mal de savoir. Ils savent que je suis Née-Moldue, et que vous êtes Sang Mêlé. Peut-être qu'ils iront faire un tour du côté des passe-temps Moldus. Rien que par souci de minutie. »
Il soupira lourdement.
« Alors... Votre premier concert, si vous y avez déjà été ? »
« Led Zeppelin, Earl's Court, en 1975. »
« Vraiment ?! » elle sembla un peu surprise. « Mais est-ce que vous n'aviez pas seulement quinze ans en 1975 ? »
Il haussa les épaules. « Et ? »
« Mais... Comment est-ce que vous avez réussi à y aller, en étant mineur ? Et à Poudlard ? Et pour l'argent ? »
Il grogna. « Mademoiselle Sainte-Nitouche, toujours à respecter les règles. Quelques relations douteuses et de faux documents d'identités ouvrent de vastes possibilités. Est-ce que vous pensiez vraiment que seules les personnes qui avaient accès à la petite carte de Potter savaient comment se glisser hors du château ? » se moqua-t-il. « Et pour l'argent, j'avais économisé sur mes boulots d'été depuis mes 13 ans. »
« C'est un super premier concert. Quelle chance. »
« Vous aimez Led Zeppelin ? »
« Bien sûr. J'ai des oreilles, quand même. Et elles fonctionnent assez bien. »
« Ce n'est pas vraiment de votre génération, si ? »
« Non. Mais mes parents aiment beaucoup la musique. Ils m'en ont fait découvrir beaucoup. En plus, Led Zeppelin est plutôt intemporel. »
« Hmmm. Avez-vous déjà été à un concert ? »
« Oui. »
« N'ayez pas peur de donner des détails, » railla-t-il.
« D'accord... ne riez pas. » Cela dit, Snape était-il vraiment capable de rire ? « C'était aussi à Earl's Court, bizarrement. 1999. »
« Qui ? »
Elle s'éclaircit la gorge. « Les Spice Girls. »
Severus commença à glousser. « Oh. Supeeeer, » commenta-t-il, moqueur.
« La ferme. Ça l'était vraiment. Le fait est que j'aime bien la pop, aussi. Et c'était l'une de leurs dernières représentations. »
« Leur dernière représentation, un cadeau des cieux, » se moqua-t-il, gloussant de nouveau.
« La ferme, » gémit-elle, mais en souriant. « Bon, voilà, c'est le seul concert auquel j'ai assisté. Jusqu'à présent. Est-ce que vous en avez vu un autre ? »
« Oui. Led Zeppelin en 1979. Ensuite, la vie a pris un tournant... un peu plus compliqué. Et la musique est partie en couille, elle aussi. »
Hermione rit. « Quelle est votre chanson préférée de Led Zeppelin ? »
Il y eut un silence.
« Severus ? C'est trop personnel ? » Elle trouvait qu'ils se débrouillaient plutôt bien, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?
« Je réfléchis. C'est une question difficile. »
« Ah, » ricana-t-elle.
« Je pense que je dirais... Thank You. »
Le silence retomba. Severus pensa qu'elle s'était endormie. Lui-même commençait à plonger petit à petit dans la torpeur. La chambre était confortable et silencieuse, seul le feu crépitait. La maison était située dans un endroit calme et joli, au beau milieu de la campagne. L'endroit parfait pour dormir à poings fermés.
If the sun refused to shine
I would still be loving you
Severus l'entendit chanter doucement, surpris qu'elle connaisse les paroles, qu'elle apprécie vraiment Led Zeppelin.
When mountains crumble to the sea,
there will still be you and me
Elle chantait bien, sa voix était agréable. Il ne voulait pas tout casser avec la sienne, mais l'envie de fredonner cette chanson qu'il appréciait tant fut plus forte.
Kind woman I give you my all
Il la rejoignit, très doucement et presque timidement, et elle eut un sourire en l'accompagnant.
Kind of woman, nothing more...
Elle eut un léger rire. « Bonne nuit, Severus. »
« Bonne nuit. »
Elle frappa dans ses mains, et les lumières tamisées s'éteignirent tout à fait.
