La caserne était calme pour une fois. Le silence, rare et bienvenu, régnait dans les couloirs, interrompu uniquement par le cliquetis discret des tasses de café. Buck était assis à la table, une main posée sur sa tasse fumante, l'autre glissant distraitement sur la table. Ses pensées dérivaient encore vers Eddie. Depuis des mois, une tension non résolue s'était installée entre eux, palpable, bien que jamais exprimée.
Eddie entra dans la pièce, ses yeux sombres captant immédiatement ceux de Buck. Il pouvait sentir cette même tension chaque fois qu'il était proche de lui, comme une corde tendue prête à se rompre. Pourtant, ni l'un ni l'autre n'avait encore osé franchir cette ligne invisible.
« Ça va ? » demanda Eddie en se servant une tasse de café, jetant un coup d'œil en direction de Buck.
Buck hocha la tête, mais il pouvait sentir son cœur battre plus vite. Il ne savait pas comment mettre des mots sur ce qu'il ressentait. Chaque fois qu'il était près d'Eddie, son cœur s'emballait, mais les non-dits s'accumulaient, créant une distance entre eux.
« Ouais, ça va, » répondit-il, sa voix plus calme qu'il ne se sentait réellement. « Et toi ? Tu semblais... distrait aujourd'hui. »
Eddie s'installa en face de lui, ses yeux cherchant ceux de Buck avec intensité. « J'ai beaucoup de choses en tête, mais je pense que tu sais de quoi je parle. »
Les mots flottèrent entre eux, lourds de sens, mais sans explication explicite. Buck fixa un instant le visage d'Eddie, essayant de comprendre ce qu'il disait. La tension entre eux était devenue presque insupportable, et Buck savait qu'ils ne pouvaient pas continuer ainsi éternellement.
« Tu veux en parler ? » demanda Buck, sa voix légèrement rauque.
Eddie soupira et baissa les yeux vers sa tasse de café, la faisant tourner entre ses mains. « Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que... je ne peux pas continuer comme ça, Buck. Ce que je ressens... c'est compliqué. »
Buck sentit son cœur se serrer à ces mots. Il savait de quoi parlait Eddie, et pourtant il avait si peur de tout gâcher s'il osait exprimer ses propres sentiments.
Le silence entre eux était lourd, mais cette fois, Buck prit son courage à deux mains. « Eddie, je... je ressens la même chose. Ça me tue, cette distance qu'on a créée. Je pense à toi tout le temps. Et je ne sais pas comment gérer ça. »
Eddie leva les yeux, surpris par la confession directe de Buck. Ses yeux se plissèrent légèrement, comme s'il mesurait chaque mot. « Tu ressens la même chose ? Depuis combien de temps ? »
Buck hésita, mais il ne pouvait plus fuir. « Depuis plus longtemps que je ne veux l'admettre. Depuis que je t'ai rencontré, probablement. »
Les paroles flottèrent dans l'air entre eux, et l'écho de cette vérité résonna dans leurs cœurs. Eddie ferma les yeux un instant, comme s'il essayait de faire le tri dans ses propres émotions. Il se redressa, posant sa tasse de café sur la table avec un soupir.
« Tu sais que ça complique tout, n'est-ce pas ? » murmura Eddie, sa voix pleine de tension contenue.
Buck acquiesça, le regard toujours planté dans celui d'Eddie. « Je sais. Mais je suis fatigué de prétendre qu'il n'y a rien entre nous. Je ne peux plus faire semblant. »
Eddie se leva lentement, contournant la table pour se rapprocher de Buck. La tension était à son comble, et chaque pas semblait peser des tonnes. Il s'arrêta juste devant lui, assez près pour que Buck sente la chaleur de son corps.
« Ce n'est pas juste une tension pour moi, » murmura Eddie. « C'est plus que ça. »
Buck se leva à son tour, son souffle s'accélérant. « Alors, qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il, sa voix tremblante.
Eddie leva la main et la posa doucement sur la joue de Buck. Le contact, aussi léger soit-il, fit frissonner Buck. Il chercha les yeux d'Eddie, y trouvant la même émotion qui l'habitait.
« C'est toi, » dit Eddie doucement. « Tout ça, c'est toi. »
Sans plus réfléchir, Buck se pencha vers lui, ses lèvres frôlant celles d'Eddie dans un baiser doux et hésitant. La tension entre eux se transforma en quelque chose de plus tendre, de plus profond. Ce moment était celui qu'ils attendaient depuis trop longtemps.
Le baiser s'intensifia, devenant plus affirmé, plus urgent, comme s'ils libéraient enfin tout ce qu'ils avaient retenu. Le monde autour d'eux semblait disparaître, ne laissant que le battement de leurs cœurs, l'un contre l'autre.
Quand ils se séparèrent, légèrement essoufflés, ils se regardèrent, et une certitude s'installa entre eux.
« C'est peut-être compliqué, » dit Buck avec un petit sourire. « Mais ça en vaut la peine. »
Eddie hocha la tête, un sourire doux étirant ses lèvres. « Ouais, ça en vaut la peine. »
