La journée avait commencé comme tant d'autres pour Buck et Eddie. Une matinée ensoleillée à Los Angeles, où les premiers rayons de soleil faisaient scintiller les camions de pompiers garés devant la caserne 118. Les deux hommes se préparaient pour une nouvelle journée de travail, chacun dans sa routine. Buck, toujours un peu excité à l'idée de sauter dans l'action, ajustait son casque, tandis qu'Eddie, calme et concentré, vérifiait minutieusement son équipement.
"Alors, prêt pour une autre journée ordinaire ?" demanda Buck en jetant un coup d'œil à Eddie, un sourire en coin.
Eddie leva les yeux et répondit d'un ton amusé :
"Avec toi, Buck, aucune journée n'est vraiment ordinaire."
Ils rigolèrent tous les deux. Depuis le premier jour, une complicité s'était tissée entre eux. Au début, c'était surtout dû à la camaraderie qui lie les pompiers, mais au fil du temps, leur relation avait évolué. Eddie avait trouvé en Buck un soutien, un ami loyal qui, malgré son enthousiasme parfois démesuré, possédait un cœur immense. Quant à Buck, il avait découvert en Eddie une stabilité et une force qu'il admirait.
Ce matin-là, ils avaient reçu plusieurs appels de routine : un accident de voiture sans grande gravité, un début d'incendie rapidement maîtrisé. Mais alors qu'ils finissaient de ranger leur matériel après la dernière intervention, une alerte urgente les fit bondir.
"Explosion dans un immeuble résidentiel, plusieurs victimes à l'intérieur !" annonça la radio de la caserne.
L'atmosphère changea immédiatement. Buck et Eddie, ainsi que le reste de l'équipe, se dirigèrent rapidement vers le camion, le cœur battant à l'idée de ce qu'ils allaient affronter. Une explosion signifiait souvent des scènes de chaos, de blessés graves, et une course contre la montre.
Le trajet jusqu'au site de l'explosion fut rapide, mais tendu. À mesure qu'ils se rapprochaient, le nuage de fumée noire devenait visible à des kilomètres. Les sirènes hurlaient, mais dans le camion, c'était le silence. Chacun se préparait mentalement à ce qui les attendait.
En arrivant sur place, la scène était encore plus dramatique qu'ils ne l'avaient imaginée. Une partie de l'immeuble s'était effondrée, des flammes léchaient encore les débris, et des dizaines de personnes étaient rassemblées à l'extérieur, certains blessés, d'autres en état de choc.
Buck et Eddie échangèrent un regard rapide. Ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre dans ces moments-là. Chacun savait ce qu'il devait faire.
"On entre." dit Buck, déjà en train de se diriger vers l'immeuble avec Eddie à ses côtés.
À l'intérieur, l'air était lourd de fumée, et la chaleur écrasante. Ils progressaient avec précaution à travers les décombres, écoutant les cris et les appels à l'aide. Leur priorité était de trouver les survivants et de les évacuer le plus rapidement possible.
"Par ici !" cria Eddie en apercevant un mouvement sous une poutre effondrée.
Ils s'approchèrent rapidement et découvrirent une femme coincée sous les débris, son visage couvert de poussière, mais consciente. Elle pleurait, paniquée, incapable de se dégager.
"Ça va aller, on est là." dit Buck d'une voix apaisante, alors qu'il commençait à examiner la situation.
Eddie et lui mirent tout leur poids pour soulever la poutre, utilisant des leviers improvisés. La poutre finit par céder, et ensemble, ils dégagèrent la femme.
"Merci, merci," sanglotait-elle, ses mains tremblantes accrochées à Eddie.
"Vous êtes en sécurité maintenant," lui répondit-il doucement. "On va vous sortir d'ici."
Ils la portèrent rapidement vers la sortie, où les autres équipes prenaient en charge les blessés. Mais à peine l'avaient-ils mise à l'abri qu'un cri perça l'air.
"Mon fils ! Il est encore à l'intérieur ! S'il vous plaît, sauvez-le !"
Buck et Eddie échangèrent un regard lourd de sens. Chaque seconde comptait. Sans hésiter, ils retournèrent dans l'immeuble en flammes.
Le feu s'était propagé plus rapidement que prévu. Les flammes rugissaient autour d'eux, et la chaleur devenait presque insupportable. Mais ils continuaient d'avancer, déterminés à trouver l'enfant.
"Buck ! Ici !" cria Eddie en apercevant une petite forme recroquevillée dans un coin d'une pièce à moitié effondrée.
Un garçon, d'environ six ans, était accroupi sous une table, terrifié, incapable de bouger. Eddie se précipita vers lui et l'attrapa dans ses bras.
"On te sort d'ici, petit, ça va aller," lui dit-il, sa voix ferme et rassurante malgré le danger.
Mais alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, un bruit sourd se fit entendre au-dessus d'eux. Un morceau du plafond se détachait, menaçant de s'effondrer à tout moment.
"Eddie, attention !" hurla Buck en se jetant vers son ami.
Dans un geste instinctif, Buck poussa Eddie et l'enfant hors du chemin juste à temps. Le plafond s'effondra, les séparant.
"Buck !" cria Eddie, paniqué de ne plus voir Buck.
Un nuage de poussière et de débris remplissait l'air. Pendant un instant, tout ce qu'Eddie pouvait entendre était le crépitement des flammes et son propre cœur battant à tout rompre. Puis, enfin, il entendit la voix de Buck, étouffée mais vivante.
"Je vais bien ! Sortez d'ici ! Je vous rejoins dehors !"
Eddie hésita une fraction de seconde, mais il savait que Buck avait raison. Le garçon qu'il tenait dans ses bras était leur priorité. Il courut vers la sortie, le cœur lourd, priant pour que Buck trouve un moyen de s'en sortir.
À l'extérieur, les secours prirent immédiatement en charge le garçon. Eddie se retourna vers le bâtiment en flammes, les yeux fixés sur l'endroit où Buck était piégé. Chaque seconde semblait durer une éternité.
Puis, enfin, il vit une silhouette émerger des décombres. C'était Buck, le visage couvert de suie, mais vivant.
Eddie se précipita vers lui, son soulagement visible.
"T'es complètement cinglé," dit-il, à mi-chemin entre le reproche et le rire.
Buck lui lança un sourire fatigué.
"Eh, c'est toi qui m'as appris à ne jamais abandonner."
Eddie tira Buck dans une étreinte. Ils avaient frôlé la catastrophe, mais une fois de plus, ils étaient sortis indemnes, ensemble.
La nuit avait enfin enveloppé Los Angeles, offrant une brise fraîche qui contrastait avec la chaleur intense de la journée. Après l'intervention dramatique de l'explosion, la caserne 118 s'était calmée. Les membres de l'équipe, exténués mais soulagés, prenaient un moment pour décompresser. Buck et Eddie étaient assis à l'arrière de la caserne, loin des bruits, dans un silence presque apaisant.
Eddie regardait les étoiles, perdu dans ses pensées, tandis que Buck, à côté de lui, fixait ses mains, les traces de poussière et de suie encore visibles sur ses doigts. Ils venaient de passer à deux doigts de la catastrophe, mais la proximité du danger n'était plus une nouveauté pour eux. Pourtant, quelque chose, ce soir-là, semblait différent. L'urgence de ce qu'ils ressentaient avait pris une nouvelle forme.
"Je pensais que tu allais y passer là-dedans," murmura Eddie, brisant le silence, sa voix rauque encore chargée d'émotion.
Buck tourna la tête vers lui, surpris par le ton de son ami. Eddie n'était pas du genre à verbaliser ses peurs. D'habitude, il gardait ses sentiments pour lui, préférant montrer sa force dans l'action plutôt que dans les mots.
"J'y ai pensé aussi, pendant une seconde," répondit Buck doucement. "Mais tu sais... Je savais que tu serais là, à m'attendre. Ça m'a suffi."
Eddie fronça légèrement les sourcils, laissant un silence s'installer avant de répondre. Ses yeux restèrent fixés sur l'horizon, évitant ceux de Buck. Il serra les mains, comme pour contenir quelque chose de trop grand pour être dit à haute voix.
"Tu as risqué ta vie pour moi. Encore une fois."
Le ton d'Eddie n'était pas accusateur, mais il portait une gravité qu'il n'avait jamais exprimée auparavant. Buck sentit le poids de la conversation changer. C'était comme si une tension invisible, qui avait toujours existé entre eux, se resserrait maintenant.
"Je sais." dit Buck, la voix tremblante.
Eddie tourna enfin la tête vers lui, son regard intense plongeant dans celui de Buck. Pendant un instant, il n'y eut plus que leurs respirations dans l'air nocturne, plus aucun bruit autour, comme si le monde avait disparu et qu'il ne restait qu'eux.
"Pourquoi, Buck ?" demanda Eddie dans un murmure.
Cette question fit écho dans l'esprit de Buck. Il savait ce qu'Eddie demandait vraiment, même si les mots étaient restés en suspens. Et peut-être que lui aussi avait trop longtemps évité de se poser la question, craignant ce qu'il trouverait. Il sentit son cœur battre plus fort, une chaleur familière monter dans sa poitrine. La vérité, qu'il avait réprimée, était sur le point d'éclater.
"Parce que..." Buck prit une grande inspiration, son regard ne quittant pas celui d'Eddie. "Parce que je tiens à toi. Plus que je ne le devrais.
Les mots, enfin prononcés, semblaient libérer une tension que Buck portait depuis trop longtemps. Il attendait la réaction d'Eddie, son cœur battant à toute allure. Pendant une fraction de seconde, il craignit d'avoir dit trop, d'avoir franchi une limite invisible.
Eddie, lui, resta silencieux un instant, digérant ces mots. Puis, sans un mot, il se leva et fit quelques pas en avant. Buck sentit un frisson de panique le traverser, craignant que son aveu ait brisé quelque chose entre eux. Mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Eddie se retourna, son visage toujours sérieux, mais avec une douceur qu'il ne montrait que rarement.
"Tu n'est pas le seul à ressentir ça." dit-il d'une voix plus douce, mais remplie d'intensité.
Buck cligna des yeux, incertain de ce qu'il venait d'entendre. Il se leva lentement, se rapprochant d'Eddie, essayant de comprendre les mots qui venaient d'être prononcés.
"Eddie..."
"Buck." l'interrompit Eddie, son ton se raffermissant. "Je n'arrête pas de me demander pourquoi je m'inquiète autant pour toi. Pourquoi, à chaque intervention, à chaque instant où ta vie est en danger, je sens mon cœur se serrer comme si c'était ma propre vie qui était en jeu. Et la vérité... c'est que tu comptes plus pour moi que tout ce que je suis capable de dire."
Buck resta immobile, absorbant chaque mot, ses pensées tourbillonnant. Il n'avait jamais imaginé qu'Eddie puisse ressentir la même chose. Le silence entre eux devenait presque palpable, chargé d'émotion.
Eddie fit un pas en avant, effaçant la distance entre eux. Il posa une main sur l'épaule de Buck, un geste à la fois familier et différent cette fois-ci. Il semblait plus intime, plus significatif.
"Je ne sais pas ce que ça signifie encore, Buck. Mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas te perdre. Pas toi."
Buck sentit un poids immense se soulever de ses épaules. Sans réfléchir, il posa une main sur celle d'Eddie, l'attirant doucement dans une étreinte silencieuse. Ce contact, si simple, semblait pourtant dire plus que tous les mots qu'ils avaient échangés.
Leurs respirations se synchronisèrent, et pour la première fois, ni l'un ni l'autre ne ressentit le besoin de se cacher derrière des gestes ou des paroles hésitantes. Tout était là, entre eux, exposé sous la lueur douce des étoiles.
Eddie recula légèrement, juste assez pour plonger ses yeux dans ceux de Buck.
"Alors... qu'est-ce qu'on fait maintenant ?" demanda Eddie avec un petit sourire en coin, une lueur malicieuse dans ses yeux que Buck aimait tant.
Buck éclata de rire, un rire léger, libérateur.
"Je ne sais pas, mais je crois qu'on peut commencer par arrêter de tourner autour du pot."
Eddie hocha la tête, son sourire s'élargissant. Pour la première fois depuis longtemps, un avenir sans incertitude, sans secrets entre eux, semblait possible. Ce moment, où les mots avaient enfin été dits, marquait le début de quelque chose de nouveau, de quelque chose d'inattendu mais profondément juste.
Et tandis qu'ils étaient là, sous les étoiles, ils savaient qu'ils avaient franchi une nouvelle étape ensemble. Une étape qu'aucun d'eux n'était prêt à laisser derrière.
