- Genre toi, Teresa, tu arrêtes de boire alors que tu es celle qui bois le plus d'entre nous ? Mais bien sûr, et Thomas va me sucer ce soir tiens !

- Newt ! S'offusqua Teresa, avec un sourire surpris

Cami explosa de rire. L'audace de Newt l'étonnait vraiment, parfois.

Aujourd'hui, Cami et Teresa n'avaient pas beaucoup de travail, c'était une journée tranquille. Alors, elles avaient décidé d'aider Newt. Il travaillait seul, Zart était avec Alby, et il n'était pas au top de sa forme.

Cela faisait deux heures qu'ils travaillaient sans arrêt, et Newt dut faire une petite pause.

En se couchant dans l'herbe, le sarcleur couina de douleur.

- Ça va, Newt ? Se soucia Cami

- C'est rien, c'est ma jambe qui n'en fait qu'à sa tête. Répondit-il en s'allongeant

Le cœur de la medjack se serra. Teresa et elle se lancèrent un regard peiné.

Même si elle n'était pas encore dans le Bloc quand cela s'était produit, Cami connaissait toute l'histoire qui se cachait derrière cette jambe meurtrie.

Et cela la brisait intérieurement, de s'imaginer Newt subir une telle détresse. Lui qui était toujours si taquin et bienveillant avec les autres.

Elle aurait tant aimé être là pour l'aider. Elle en voulait aux autres blocards de n'avoir rien remarqué.

- Non mais sincèrement Teresa, pourquoi cette décision soudaine et... bizarre ? Newt revint sur le sujet précédent, afin de ne plus parler de sa jambe

Teresa se posa aux côtés de Newt en soupirant. Cami les rejoint sans plus attendre. L'herbe était fraîche, cela faisait du bien.

- Je ne bois que pour oublier la misère ici. En plus d'être déprimée, je vais empirer ma santé physique si je continue d'avaler autant d'alcool par jour.

- La misère est moins pénible avec ce soleil, non ? Sourit Newt, qui essayait d'apporter un peu de bonne humeur

- C'est toujours la même chose, on s'ennuie terriblement.

Teresa s'était levée ce matin et avait décidé qu'elle passerait sa journée à se plaindre.

- Comment ça, on s'ennuie ? T'en plantes souvent des citronniers, toi ? Ricana le sarcleur

Les deux jeunes femmes se joignirent à son rire.

En effet, la Boite leur avait envoyé des citronniers hier. Depuis ce matin, ils les plantaient sans relâche.

- Mais pourquoi des citronniers, d'ailleurs ? Gloussa Teresa, tandis qu'elle s'amusait à arracher de l'herbe

- Probablement pour donner un meilleur goût à l'alcool immonde de Gally. Suggéra Newt

Ses deux amies ricanèrent, approuvant cette réponse.

- Il est passé où cet abruti ? On ne le voit même plus. Fit remarquer Teresa

Cami ne pensait plus à lui, mais il était vrai que cela faisait environ deux semaines que Gally ne s'était pas montré.

Elle ne l'avait même pas aperçu de loin, pas une seule fois. Ce qui était assez étrange.

- Il s'acharne à finir l'agrandissement de la Ferme, c'est tout. Vous le connaissez, il veut toujours que tout soit bien fait et vite. Newt fit une moue perplexe

Le maton, avec l'accord d'Alby, avait décidé d'agrandir la Ferme pour construire plus de chambres. Notamment pour les bâtisseurs, qui avaient mal au dos à force de dormir dans les hamacs.

Cami se dit que c'était peut-être mieux ainsi. Elle espérait que les travaux allaient durer un long moment.

- Allez, on y retourne ! Si on se dépêche de les planter, on pourra demander à Frypan de nous faire de la glace au citron pour le goûter. Bonne idée avec cette chaleur, non ? S'exclama Newt en se relevant avec difficulté

- Tu es courant qu'il faut qu'ils poussent, les citrons, avant ça ? Le taquina Cami

- Ah merde.

- Pas très connaisseur pour un sarcleur. En rajouta Teresa

- Mais si, là j'ai dit n'importe quoi parce que j'ai fait une insolation je pense.

Cami traînait la patte alors qu'elle marchait vers le feu de camp. Elle était fatiguée, elle aurait préféré être au lit.

- Eh, Cami !

La medjack releva la tête vers la personne qui venait de l'appeler, et un sourire timide apparut sur son visage.

Minho.

Depuis cette scène où Gally avait explosé devant tout le monde et avait révélé qu'il n'arrivait pas à s'éloigner de Cami, Minho avait tout fait pour éviter la jeune femme. Un certain froid s'était installé entre eux, ce que Cami n'avait jamais compris.

Pourquoi les mots de Gally avaient tant touché Minho ?

Heureusement, le maton des coureurs revenait peu à peu vers la medjack. Comme si rien ne s'était passé. Il n'osait pas expliquer la raison de cette distance et Cami ne cherchait pas à savoir, elle ne voulait pas le brusquer et le perdre à nouveau.

Minho était l'un de ses meilleurs amis.

- Je suis généreux, je t'ai gardé une petite place à côté de moi. Lui sourit-il

Cami s'esclaffa en levant les yeux au ciel. Elle s'installa entre Newt et lui.

Elle déposa son assiette remplie de pommes de terre à la crème, avec un petit bout de pain à côté, sur ses genoux.

- Frypan nous rationne de plus en plus, ce salaud. Grommela Zart, assis dans l'herbe

- Les stocks se vident pas mal en ce moment, on attend les prochaines récoltes. L'informa Teresa

Les portions diminuaient, mais la qualité était toujours là. Frypan avait un don pour la cuisine, il était fait pour ce travail.

Le groupe d'amis mangeait en silence, savourant leur dîner.

Du coin de l'œil, Minho remarqua que Cami venait d'engloutir son bout de pain et semblait désespérée à l'idée de ne plus en avoir pour le reste de crème qui traînait dans l'assiette. Cela fit doucement rire le coureur.

- Tiens, prends-le.

Minho tendit son bout de pain vers Cami. Celle-ci fronça les sourcils.

- Certainement pas ! Tu as eu une journée bien plus éprouvante que la mienne, tu en as besoin.

- Cami. J'ai eu plus de pommes de terre que toi. Insista le jeune homme

Il approcha légèrement son visage de celui de Cami, comme pour l'intimider. Les joues rouges, la medjack plongea son regard dans le sien, à la fois sombre et malicieux.

Puis elle sourit et s'avoua vaincue, elle accepta le bout de pain.

Alors que les deux amis terminaient leur repas, le ton commençait à monter à côté d'eux.

Comme d'habitude, Newt et Thomas se chamaillaient. Pour un rien.

Aucun des deux n'arrivait à faire le premier pas vers l'autre, aucun des deux n'osait poser des mots sur ce qu'il ressentait pour l'autre.

Et ce manque de communication créait une frustration en eux. Une frustration qui les menait constamment vers des disputes.

- Misère mais prenez-vous une chambre ! Leur lança Teresa, exaspérée, avant de partir vers la cuisine pour aider Frypan à faire la vaisselle

- Ça vous fera du bien, croyez-nous. Ajouta Minho

- Minho ! Souffla Cami, outrée, en lui donnant un coup de coude dans le bras

Minho émit un petit rire, passant sa langue contre l'intérieur de sa joue. Ses yeux transmettaient un air espiègle ce soir.

Cami passait un bon moment. Un très bon moment. Cela lui faisait bizarre, de ne plus être importunée. Que l'on ne lui arrache plus le bonheur quand il daignait enfin frapper à sa porte.

Pour une fois, elle n'avait même pas besoin d'alcool pour ne pas penser à ses tracas, puisqu'elle n'en avait plus. Elle pouvait profiter librement.

Néanmoins, il manquait une personne pour que Cami puisse vraiment qualifier cette soirée de parfaite.

- Au fait, que penses-tu de Theo ? Il assure, dans le labyrinthe ?

Minho eut un air pensif, alors qu'il regardait le feu devant lui après avoir fini son troisième verre.

- Il est vraiment très beau, avec ses yeux gris de petit charmeur là. Finit-il par répondre

Cami haussa un sourcil, avant d'éclater de rire. Le coureur eut un sourire en la voyant rire ainsi.

La jeune femme ne s'était pas attendue à cette réponse.

- Plus sérieusement, c'est un bon gars. Il a compris bien plus vite que Thomas à ses débuts, par exemple. Je pense qu'il va nous être d'une aide précieuse. Minho reprit son sérieux

- Mmh.

Cami aurait aimé entendre une réponse différente. Que Minho lui dise que Theo était mauvais, qu'il n'était pas fait pour ce métier.

Alors, il ne quitterait pas la Bloc et serait toujours auprès de la medjack. C'était tout ce qu'elle désirait.

Theo lui manquait ce soir. Elle ne l'avait pas vu de la journée, et Alby avait décidé de l'accaparer pour la soirée.

Elle espérait de tout cœur qu'il allait la rejoindre en douce, cette nuit. Qu'il allait la réveiller en plein dans son sommeil, pour se glisser sous les draps à ses côtés. Sa peau chaude contre la sienne.

Elle trépignait d'impatience.

- Cami...

Cami se réveilla en un sursaut à l'entente soudaine de cette voix, qui était pourtant très douce. Les yeux grands ouverts, elle tourna la tête sur sa droite.

Theo.

Il faisait encore nuit, la lune éclairait à peine le visage du jeune homme. Cami ne distinguait que sa mâchoire finement dessinée et sa bouche qui s'étirait en un sourire.

- Je vais devoir partir. Lui annonça-t-il en murmurant

- Déjà ?

- On ne doit pas nous voir ensemble, tu te rappelles ? Rit-il, doucement

Cami était encore à moitié endormie, elle entrevit à peine Theo se rhabiller.

Elle aimait leur relation secrète, de cette façon personne ne pouvait leur causer de problèmes. Toutefois, elle ignorait si elle allait supporter cette distance imposée entre eux encore longtemps.

- On ne se revoit pas avant ce soir, alors ? Grommela Cami, d'un ton triste

- Malheureusement.

Il semblait aussi déçu qu'elle.

- Fais attention dans le labyrinthe, je t'en prie.

Theo n'imaginait probablement pas à quel point cela rendait Cami malade de l'imaginer là-bas.

- Bien sûr. Je sais que tu m'attends dans le Bloc. Je ferai toujours en sorte de te revenir.

Cami n'aurait pas pu espérer meilleure réponse. Cela lui réchauffait le cœur quand le jeune homme lui disait de tels mots. Elle n'avait pas l'habitude.

Cami inspira une dernière fois l'odeur si particulière de Theo tandis qu'il déposait un baiser sur son front.

Puis il disparut en quelques secondes, comme s'il avait craint de ne plus réussir à partir s'il était resté une minute de plus.

Cami soupira lorsqu'elle se rendit compte que la place à côté d'elle était à nouveau vide et froide. Une sensation désagréable qu'elle devait connaître à chaque fin de nuit, à contrecœur.

- J'ai envie de me barrer d'ici.

- Bonjour à toi aussi, Newt. Se marra Cami alors qu'elle rangeait des pansements dans un tiroir

Newt venait d'entrer dans l'infirmerie et son visage exprimait une certaine lassitude.

- N'est-ce pas ce que l'on souhaite tous ? Intervint Clint, avant de se diriger vers les réserves de l'infirmerie

- Je suis épuisé et je perds espoir petit à petit. J'y croyais, il y a encore quelques semaines, mais j'ai l'impression que les recherches des coureurs ne mènent à rien.

Le sarcleur se posa sur un tabouret, soupirant longuement.

- Ne dis pas ça. Le labyrinthe ne pourra pas leur résister éternellement. Les Créateurs finiront par commettre une erreur. Cami tenta de le rassurer, même si elle-même ne paraissait pas totalement convaincue

Newt ne répondit pas, il se contenta de souffler à nouveau.

- Tu pourrais me faire une petite tisane avec vos plantes relaxantes ? Demanda-t-il

- Une tisane avec cette chaleur ?

- J'ai vraiment besoin de me détendre. Surenchérit le jeune homme, le regard désespéré

- Thomas vient de rentrer du labyrinthe non ? Tu devrais aller te détendre avec lui.

Newt fit de gros yeux à Cami, comme pour lui faire comprendre qu'il ne voulait pas que les autres medjacks entendent cela.

- Mimi, va te faire fou...

- Va-t'en d'ici Newt, tu déranges ma collègue. Lui lança Jeff

- Je ne vois pas de patients à l'horizon, que je sache. Répliqua Newt

Ce fut au tour de Cami de lui faire comprendre de se taire. Jeff n'était pas d'humeur aujourd'hui.

- Toi, tu ferais mieux de rejoindre Theo. Sourit Newt, malicieusement

Les joues de la jeune femme devinrent rouges comme une tomate. Elle détourna le regard, de peur que ses yeux n'en disent plus qu'il ne le fallait.

- Je ne suis pas avec lui.

Newt ne devait pas savoir. Pas pour l'instant, en tout cas.

- Ah oui c'est vrai, tu préfères Gally.

Cami se retourna brusquement, indignée. La bouche grande ouverte, elle ne sut quoi rétorquer.

À la place, elle lui balança un rouleau de scotch qui avait été oublié sur le comptoir.

Newt évita l'attaque de peu et il leva les mains en l'air, riant à tue-tête.

Il s'apprêta à ajouter quelque chose mais une autre scène attira son attention.

- Eh ben tiens, d'ailleurs ! Regarde ça.

Le sarcleur pointa la fenêtre du doigt. Quand Cami regarda à travers celle-ci, sa gorge se noua un instant.

Theo était là, et il discutait avec Gally.

Theo était assis sur un rocher, les yeux levés vers le bâtisseur qui le surplombait. Debout, Gally avait les bras croisés sur son torse. La tête haute, comme d'habitude.

Il aimait dominer les autres, il avait toujours été ainsi.

L'espace d'une seconde, Cami crut que cette discussion allait dégénérer. La dernière interaction entre les deux blocards s'était mal passée et Cami craignait que cela ne recommence.

Peut-être Gally avait-il appris pour Theo et elle, mais comment ?

Cette peur s'évanouit aussitôt quand elle remarqua qu'un grand sourire venait d'apparaître sur le visage de Gally. Un sourire comme on en voyait peu chez lui.

Étaient-ils à nouveau meilleurs amis ? Cami espérait sincèrement que non.

C'était bizarre de les revoir comme cela, agissant de façon si amicale, mais c'était également étrange pour Cami de poser les yeux sur Gally.

Cela faisait des semaines que les blocards ne l'avaient pas vu.

Le maton des bâtisseurs était de retour. Les travaux étaient probablement terminés.

S'était-il calmé ? Ou comptait-il se remettre à semer la terreur au sein du Bloc ? Comment allait-il réagir lorsqu'il recroiserait Cami, après tout ce temps ?

Elle priait intérieurement pour ne plus se retrouver face à lui. Tout allait mieux depuis qu'il n'existait plus dans sa vie.

Soudain, Newt s'approcha au plus près de Cami.

Le regard toujours tourné vers les deux blocards qui discutaient dehors, le sarcleur lui murmura :

- Alors, lequel vas-tu choisir ?

- Bordel Newt, t'as fini avec ça ? Pesta Cami, le repoussant

Les rires du sarcleur redoublèrent. Il savait toujours comment l'embêter.

Étrangement, le lendemain, Gally et Theo ne s'adressaient déjà plus la parole.

En rentrant du labyrinthe, Theo avait tenté une approche.

Les bâtisseurs avaient officiellement terminé les travaux de la Ferme, qu'Alby avait approuvés.

Alors, Gally s'autorisait enfin quelques moments de détente en fin de journée.

De retour dans le Bloc, Theo, avec un grand sourire, s'était dirigé vers le maton qui sortait de la cuisine. Il l'avait salué, lui demandant comment il allait.

Gally ne lui avait pas répondu. Il lui avait lancé un regard plus froid que la glace, avant de tout bonnement l'ignorer. Comme il savait parfaitement le faire.

Vexé, Theo n'avait pas cherché plus loin.

Cami avait assisté à cela depuis l'infirmerie. Une scène totalement opposée à celle de la veille.

Putain de lunatique, s'était-elle dit.

Le soir, la medjack voulut demander à Theo ce qu'il se passait. Pourquoi Gally avait-il agi de cette façon ?

Cami craignait que Theo ait parlé d'elle à Gally. C'était la pire erreur à faire.

Le maton des bâtisseurs était vraiment la dernière personne à laquelle Cami souhaitait faire part de sa relation amoureuse avec Theo. Elle ne voulait pas que Gally les embête et gâche tout ce qu'ils étaient en train de construire.

Cami était heureuse, comme elle ne l'avait jamais été auparavant. Grâce à lui, Theo.

Et ce fut pour cela qu'elle décida de ne pas poser la question à son petit ami. Ils étaient actuellement au feu de camp, ils buvaient quelques verres avec leurs amis, la soirée battait son plein.

Ce n'était pas le moment d'entamer une conversation avec Gally pour sujet principal. Cela ruinerait l'ambiance.

Lorsque Cami tourna la tête vers Theo, assis à sa gauche, il était déjà en train de la regarder.

- Tu es tellement belle quand tu es perdue dans tes pensées.

Cami se mordit l'intérieur de la joue, intimidée par ces phrases que Theo lui lâchait toujours quand elle ne s'y attendait pas.

Elle n'avait nullement l'habitude de recevoir des compliments. Elle ne se souvenait même pas de la dernière fois où une personne l'avait complimentée, avant que son petit ami n'arrive dans le Bloc.

Et Theo avait constamment cette voix grave et ce ton admiratif lorsqu'il lui faisait des louanges tel un fanatique envers sa Déesse. Elle se sentait défaillir à chaque fois.

- Tu n'es pas trop fatigué ?

- Un peu, Thomas nous a bien fait courir dans le labyrinthe aujourd'hui. Et toi ?

- C'était une journée tranquille pour moi, alors ça va. Cami haussa les épaules

- Faisons la fête jusqu'au bout de la nuit, dans ce cas.

Sur ces mots, Theo se leva puis il saisit le poignet de Cami. Alors, il la tira pour la mettre debout à son tour.

- Qu'est-ce que...

La jeune femme réalisa que son copain venait de faire cela car plusieurs blocards étaient déjà en train de danser, sur l'une des chansons qu'ils pouvaient écouter grâce à une radio que les Créateurs leur avaient envoyée quelques semaines plus tôt.

- Jusqu'au bout de la nuit, j'ai dit. Répéta Theo avec un sourire malicieux

Cami roula les yeux en gloussant, mais elle ne sut résister au rythme de la musique. Son corps se mit à bouger instinctivement.

Newt et Teresa, non loin d'eux, étaient endiablés. Ils sautaient dans tous les sens, comme s'ils ne s'étaient jamais amusés dans leur vie. Ils étaient inarrêtables.

Ils furent bientôt rejoints par Chuck et Jack, qui riaient comme les enfants qu'ils étaient. Innocents.

Newt et Teresa prirent les mains de Chuck et Jack dans les leurs, et ils se mirent à tourner en rond, si vite qu'ils en tombèrent presque à plusieurs reprises.

Cami, quant à elle, avait envie de craquer.

Sa relation avec Theo était secrète, alors ils dansaient éloignés l'un de l'autre. Comme des amis.

Elle ne pouvait plus continuer ainsi. Elle avait besoin d'aller plus loin. Son intérieur le lui criait.

Elle rêvait de danser collée contre Theo. Les mains du jeune homme qui voyageraient entre ses bras et ses hanches, respectant toujours les limites.

Et Cami ne voudrait plus avoir de limites. Son dos serait plaqué contre le torse de Theo, ses fesses s'appuyant de plus en plus contre son entrejambe. Et malgré la musique, elle pourrait entendre la respiration du coureur qui devenait de plus en plus forte.

Les paupières de Cami se fermèrent un instant, s'imaginant tout ceci. Enivrée par la musique et la présence de son petit ami.

C'était si frustrant.

Bien évidemment, ce fut au moment où Cami réouvrit les yeux que Gally décida d'arriver au camp.

Le cœur de Cami tomba dans son estomac instantanément. Sans même pouvoir le contrôler, elle l'épia. Il saluait ses amis, ou plutôt collègues, en tapant son poing contre les leurs.

Puis, sans grande surprise, les yeux de Gally finirent par trouver ceux de Cami. Pour la première fois depuis de longues semaines, il la regardait à nouveau.

Le bâtisseur la scrutait alors qu'elle dansait. Pendant quelques secondes, il l'observa de haut en bas. Son visage éclairé par les flammes orangées, le regard sombre.

Avant de replonger ses yeux dans les siens.

Et ce fut de trop pour Cami. Elle lui tourna le dos et se concentra à nouveau sur Theo, retrouvant cette paix intérieure qu'il lui procurait à chaque fois.

Quand s'étaient-ils regardés dans les yeux pour la dernière fois ? La medjack ne s'en rappelait même pas. Comment avaient-ils pu vivre tous ces moments si intenses et passionnés, pour finir par ne même plus daigner se regarder ?

Cami secoua la tête, chassant ces pensées qui l'avaient effleurée, et elle s'approcha un peu de son petit ami, assez pour qu'il puisse l'entendre.

- Dans cinq minutes on y va, d'accord ? Lui lâcha-t-elle, de but en blanc, presque comme un ordre

D'abord, Theo arqua un sourcil, étonné. Mais un sourire finit vite par se dessiner sur ses lèvres.

- O... ok ! Rit-il

Cami ne pouvait plus se retenir. Elle brûlait intérieurement. Elle n'avait jamais autant désiré Theo qu'en cet instant.

Ainsi, lorsque les regards de leurs amis furent tournés, ils en profitèrent pour s'éclipser.

Sans plus attendre, Cami et Theo se retrouvèrent dans l'une des chambres fraîchement construites de la Ferme, sombre et intime. Assis côte à côte sur le piètre lit.

La lumière douce d'une lampe de chevet de fortune, faite d'une simple bougie, baignait le lit d'une lueur chaleureuse.

L'alcool leur avait donné une légèreté joyeuse, mais aussi une vulnérabilité réconfortante. Leurs regards se rencontraient avec une intensité nouvelle.

Cami ne semblait pas être la seule à ressentir cette envie insoutenable.

Theo tourna doucement le visage de la medjack vers lui, ses yeux exprimant une tendresse sincère. Il la prit par la main, la caressant doucement avec le pouce.

- Cami, je... je ne peux pas te dire à quel point je suis heureux de t'avoir à mes côtés. Murmura-t-il

Cami le regarda avec un sourire timide.

- Moi aussi, Theo. Je ne me suis jamais sentie aussi en sécurité qu'avec toi. Répondit-elle, sa voix empreinte d'une douceur émue

Qu'avait-elle fait pour mériter une personne comme lui ? Elle n'avait en sa possession aucun mot pour le décrire à sa juste valeur.

Theo la serra contre lui, ses bras entourant Cami avec une chaleur protectrice, et ils s'embrassèrent lentement, leurs lèvres se frôlant avec une délicatesse infinie.

Theo effleura doucement la peau de la jeune femme, chaque caresse se traduisant par un mélange de respect et de désir. Il n'en pouvait plus, lui aussi, elle le sentait.

Les gestes du coureur étaient lents et attentifs, chaque mouvement montrait à quel point il chérissait ce moment.

Après un dernier regard, qui exprimait presque une supplication, il se permit de saisir le t-shirt de Cami.

Alors, Theo retira les vêtements de la medjack avec une douceur presque révérencielle, ses mains parcourant sa peau avec une tendresse délicate.

Cami en eut le souffle coupé, tant elle n'avait jamais connu de telles attentions.

- Tu es magnifique, Cami. J'ai envie de te montrer combien tu comptes pour moi. Chuchota-t-il, ses lèvres effleurant son cou

Cami se laissa aller à la douceur de ses caresses, son corps réagissant aux gestes tendres du jeune homme.

Elle était complètement nue et elle ne se sentait pas gênée, bien au contraire. Theo la regardait avec une admiration si puissante, elle avait l'impression d'être une œuvre d'art.

Theo se déshabilla à son tour, dévoilant son corps finement musclé. À cette vue, Cami s'en mordit l'intérieur de la joue. Intimidée.

Theo continuait à parler doucement, ses mots remplis de promesses, cherchant à la rassurer sans cesse.

Il ignorait qu'elle avait déjà fait l'amour, que ce n'était pas sa première fois. Il agissait comme un parfait gentleman, cela faisait fondre Cami d'autant plus.

Et bientôt, ils ne résistèrent plus. La chaleur écrasante qui montait entre eux avait pris le dessus.

Arrachant un souffle de surprise à Theo, Cami se positionna à califourchon sur les cuisses du jeune homme, tandis qu'il demeurait assis.

- Purée Cami, tu...

Avec un sourire sournois, Cami posa son doigt sur les lèvres de Theo, le sommant de se taire.

Là, elle se mit à frotter son sexe déjà mouillé contre celui du coureur. Ce qui fit gémir le couple à l'unisson.

Ils n'étaient jamais allés aussi loin, et ils ne parvinrent plus à se contrôler.

Theo agrippa les hanches de Cami, les serrant légèrement, afin de la guider. Il la souleva légèrement, suffisamment pour permettre à son érection d'entrer en elle.

Enfin.

Ils poussèrent tous deux un gémissement de soulagement. Ils avaient attendu cela avec une impatience insupportable.

Cami avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle n'avait plus goûté à ce plaisir.

Doucement, la jeune femme entama des va-et-vient, de haut en bas. Au rythme des râles profonds que lâchait Theo. Des râles étouffés par leurs lèvres qui ne se quittaient plus.

Cami enfouit sa main dans les cheveux de jais du coureur. Les tirant quelques fois alors qu'il tapait en elle.

Le jeune homme mit fin à leur baiser fougueux pour pouvoir regarder Cami dans les yeux.

- Tu es... à couper le souffle. Lui susurra-t-il, alors qu'il poussait de plus en plus loin en elle

Les gémissements de la medjack redoublèrent à la suite de ces mots. Le regard gris de Theo la faisait chavirer.

- À mon tour.

Cami n'eut pas le temps de réagir. En quelques secondes, elle fut allongée sur le dos, le matelas frais rafraîchissant immédiatement son corps trempé.

Même s'il était à présent au-dessus de Cami, Theo n'avait pas quitté l'intérieur chaud et serré de la jeune femme. Il se délectait de chaque seconde.

Rien que de le voir fermer les yeux sous le plaisir, Cami eut envie de jouir. Cela lui avait tant manqué de voir le plaisir qu'elle pouvait procurer.

Ayant repris le pouvoir, le coureur en profita pour accélérer la cadence, de plus en plus excité par le bruit que provoquaient les claquements de ses cuisses contre celles de Cami.

Leurs lèvres, leurs jambes, leurs corps s'entremêlèrent.

Cami sentit que son petit ami ne tiendrait plus très longtemps. De ses dents, elle mordit tendrement le lobe de son oreille, un endroit sensible pour Theo. Puis elle lui demanda, entre deux va-et-vient :

- Jouis sur mon ventre, s'il te plaît.

Bien trop concentré, le jeune homme se contenta de hocher la tête.

Cami avait raison. Très vite, Theo ne réussit plus à se retenir. Dans un dernier gémissement, plus bruyant qu'il ne l'aurait voulu, il atteignit la jouissance.

Il se retira à temps, se déversant sur son ventre comme elle le lui avait demandé. Il enleva directement toutes les traces, comme honteux d'avoir fait cela.

- Ce n'est rien ne t'inquiète pas. Gloussa Cami

Ils étaient aux anges, sans voix. Savourant encore la fin de cette rencontre au septième ciel.

Pourtant, lorsque Theo se laissa tomber à côté de Cami, il poussa un soupir déçu.

- Je ne t'ai pas fait jouir, je suis désolé.

La medjack tourna la tête vers lui, avec un petit sourire.

- Tu as tout le temps de te rattraper.

- Promis. Lui assura-t-il

Elle n'en doutait pas.

Cami s'endormit rapidement, apaisée d'avoir assouvi ce désir qui l'avait rongée pendant de longs jours. Elle n'entendit même pas les mots que Theo lui souffla près de son oreille.

- Tu vas où Gally ?

Le maton des bâtisseurs toisa son collègue qui venait de s'adresser à lui. Ils se trouvaient sur le perron de la Ferme.

- À ton avis ?

Gally était mort de fatigue, à cause de sa longue journée de travail mais également parce qu'il n'arrivait pas à se remettre de la soirée deux jours plus tôt. Il avait bien trop bu.

Et surtout, il ne parvenait pas à dormir la nuit.

Dès lors qu'il fermait les yeux, il la voyait encore danser. Mouvoir son corps à quelques mètres de lui, lors de cette fameuse fête au camp.

De ce fait, il n'était pas clairement pas d'humeur à ce que l'on lui pose des questions stupides.

- Désolé, je voulais juste te parler d'un truc.

- Plus tard. Rétorqua aussitôt le maton

- C'est à propos de Cami.

Gally, qui s'apprêtait à ouvrir la porte pour se diriger vers les douches, se stoppa net.

- Pourquoi veux-tu me parler de cette fille ?

Son ami esquissa un sourire qui voulait tout dire.

- Je sais, Gally, inutile de faire semblant.

- Tu ne sais rien du tout. Assena Gally d'un ton dur

- Bref. Ils sont ensemble. Theo et elle.

Il fallut quelques secondes à Gally pour intégrer ce qu'il venait d'entendre. Il était figé, plus rien ne pouvait le faire bouger. Il regardait l'autre bâtisseur sans vraiment le voir.

Soudain, Gally émit un rire nerveux. Nerveux ou énervé, il était impossible à déchiffrer à vrai dire.

- Qu'est-ce que tu racontes comme connerie ?

- Tu as l'air d'être le seul qui l'ignore. Ce matin, ils se sont embrassés avant que Theo ne parte dans le labyrinthe.

À l'entente de ces derniers mots, le sang de Gally ne fit qu'un tour.

Plus rien n'existait autour de lui. Il n'avait plus qu'une seule chose en tête désormais.

- Gally, ne fais...

Le maton n'en avait rien à faire de ce qu'il avait à dire. Il était déjà dans les escaliers.

Arrivé à l'étage, il ouvrit chaque chambre à la volée, claquant chaque porte contre le mur.

Cami était dans l'une d'elles. Gally savait qu'elle faisait souvent des siestes après une journée de travail.

Au bout de cinq chambres, il la trouva enfin.

Lorsque Gally se dévoila dans l'encadrement de la porte, Cami sursauta.

Heureusement, elle venait de terminer sa sieste et s'était rhabillée. Elle bondit hors du lit et se mit debout, à quelques mètres du bâtisseur.

Voilà bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas retrouvés ainsi, face à face.

Cami sentit son corps entier trembler, mais elle tentait de ne rien laisser paraître. Les yeux d'habitude si bleus de Gally étaient désormais noirs de rage.

Il savait, c'était évident.

Mais que savait-il ?

Que Theo et elle s'étaient embrassés devant des blocards ce matin, ou qu'ils avaient couché ensemble pour la première fois, deux jours plus tôt ?

Il ne supporterait pas de savoir qu'elle avait couché avec Theo. Il en deviendrait fou. Cami en était persuadée.

Mais d'un autre côté, la jeune femme se souvenait également des paroles du bâtisseur. Ces propos immondes qu'il lui avait balancés il y avait un peu plus d'un mois.

Gally la détestait plus que tout, pour rien au monde il ne désirait retourner vers elle, il le lui avait dit de façon très explicite.

Ils ne se regardaient plus, s'ignoraient depuis des semaines. Il n'en avait plus rien à faire d'elle.

Alors, que voulait-il ? Pourquoi se tenait-il face à elle ?

Avec la tête haute, Gally intimidait toujours autant Cami, c'était indéniable. Elle ne se faisait jamais à sa taille. Elle avait l'impression d'être haute comme trois pommes à côté de lui.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

La jeune femme essayait de se montrer menaçante, mais elle était si surprise de voir que Gally montrait à nouveau de l'intérêt pour elle après ces semaines d'ignorance, elle ne réfléchissait plus correctement.

Elle aurait aimé que Theo vienne à sa rescousse, mais il était occupé avec Alby. Et dans tous les cas, sa présence n'aurait fait qu'envenimer les choses.

Cami était donc seule, avec Gally, dans cette pièce.

C'était étrange pour elle, elle avait un sentiment de déjà-vu enfoui en elle. C'était exactement la même scène que quand Gally était venu la retrouver dans une chambre, après que Teresa lui avait avoué que Cami avait rêvé de lui. Des mois plus tôt.

Là où tout avait commencé entre eux.

- Tu l'as embrassé ?

Cami afficha un air surpris. Ce n'était pas la question qui la surprenait, mais le ton que Gally avait employé.

Il semblait confiant. Comme s'il était persuadé que Cami n'avait rien fait, qu'elle était toujours à lui.

Mais Cami n'était pas à lui, elle n'avait pas à l'être. Elle ne l'avait jamais été. Gally lui avait suffisamment répété qu'il ne voulait plus d'elle.

- Bien sûr que l'on s'est embrassés.

Gally ne réussit plus à demeurer impassible, comme il l'était toujours devant la medjack.

Cette fois, son visage se décomposa.

- Tu mens.

Cami se mit à rire, elle était estomaquée face à tant de culot.

Comment pouvait-il agir ainsi alors qu'il était celui qui l'avait sans cesse rejetée ?

Elle se remémora toutes les fois où il l'avait fait souffrir, où il l'avait rabaissée plus bas que terre, toutes ces fois où elle avait craint que sa relation avec Theo ne soit dévoilée, à cause de lui.

Par conséquent, cela ne lui donna qu'une envie. L'enfoncer au plus profond du gouffre.

- C'est horrible pour toi, n'est-ce pas ? De savoir que Theo m'a embrassée. Parce que toi, tu as toujours refusé de m'embrasser, pour je ne sais quelle raison stupide. Maintenant, un autre que toi l'a fait. Et ça te rend malade. Ça te rend malade de savoir que je ne suis plus à toi.

- Va te faire voir, la bleue.

Gally bouillonnait intérieurement, mais il n'avait pas encore atteint le point de non-retour. Cami gardait le meilleur pour la fin.

- Toi, va te faire voir. Va-t'en.

Gally ne se laissait jamais abattre bien longtemps. Ça, Cami l'avait oublié.

D'un pas certain, un air suffisant sur le visage et un petit sourire mauvais sur le bout des lèvres, le maton des bâtisseurs s'approcha de la jeune femme. Jusqu'à la forcer à relever la tête vers lui afin de maintenir son regard dans le sien.

Sans crier gare, Gally reprit le pouvoir et la déstabilisa en quelques mots :

- Je ne me fais pas de soucis, la bleue. Quand tu l'auras baisé, tu reviendras vers moi en me suppliant, car personne ne peut te baiser et te faire jouir comme je le fais. Je connais chaque centimètre de ton corps, chaque réaction que je lui provoque. Et tu le sais autant que moi.

C'était plus fort qu'elle, Cami craqua quelques secondes. Faible. La bouche entrouverte, elle en eut le souffle coupé.

Cependant, elle se reprit bien vite. Il était l'heure pour le coup de théâtre. Celui qui allait probablement tout faire basculer.

- Pourtant c'est déjà fait, Gally. Et bizarrement je ne suis pas revenue vers toi.

Boum. L'effet fut pire qu'un coup de massue.

La bouche de Gally s'était légèrement ouverte à son tour, comme s'il avait souhaité répliquer mais qu'il en était incapable, avant de se refermer.

À la place, sa mâchoire se serra et son regard s'assombrit d'autant plus. Cami ne réalisa même pas que le visage du bâtisseur s'était approché du sien.

Provoquant une lourde tension entre eux. Le silence était si vif qu'ils n'entendaient plus que la respiration de l'un et l'autre.

Cami perdit rapidement l'élan de confiance qui l'avait gagnée. Son cœur battait la chamade, empoisonné par l'adrénaline.

Gally était blessé. Probablement comme jamais on ne l'avait blessé auparavant. Il cherchait à ne pas le montrer, en gardant un infime sourire narquois sur son visage.

Mais ses yeux le trahissaient. Ils exprimaient toute la douleur d'avoir entendu ces mots tranchants.

Bien évidemment, Gally restait Gally. Il avait plus d'un tour dans sa poche. Ce n'était pas cette révélation qui allait le faire sombrer, seul du moins.

Il comptait bien faire sombrer les autres avec lui.

Gally ne daigna pas répondre à cette attaque, il décida simplement de se détourner et de quitter la chambre. Sans un seul dernier regard pour la jeune femme.

- Gally ! L'appela-t-elle, craignant le pire

Le bâtisseur s'arrêta une énième de seconde, car Cami avait prononcé son prénom, et cela le perturbait toujours autant.

Malheureusement, ce ne fut pas assez.

La folie s'était emparée de lui et Cami le comprit bien lorsqu'elle l'entendit descendre les escaliers à toute vitesse.

Non.

S'il trouvait Theo, c'était fini.

- Gally ! Cria-t-elle à nouveau, une pointe de panique dans la voix

La medjack manqua de s'étaler de tout son long dans les escaliers, ses jambes avançaient mais son esprit ne suivait pas. Elle ne ressentait plus rien, si ce n'était de la peur. Elle devait rattraper Gally à tout prix.

Pourquoi j'ai répondu ça bordel, pourquoi.

- Gally ! Hurla-t-elle une troisième fois alors qu'elle sortait de la Ferme

Même en courant elle ne parvint pas à le rattraper.

Et pour ne pas arranger les choses, Theo était en plein milieu du Bloc. Seul.

Tous les blocards allaient assister à ce massacre.

- Theo ! Viens ! Beugla Cami

Elle voyait bien que son copain ne comprenait rien à la situation. Pourquoi Gally marchait-il d'un pas déterminé vers lui ? Et pourquoi Cami courait-elle derrière lui ?

- Theo, je...

C'était trop tard, Gally avait atteint le coureur.

Étonnamment, le maton des bâtisseurs essaya de se contenir, de rester calme. Même si sa posture menaçante et dominante prouvait le contraire.

Il était à quelques centimètres de Theo, leurs fronts se touchaient presque.

- Qu'est-ce qu'il se passe, Gally ? Tenta Theo, les sourcils froncés

- Tu l'as baisée, hein ? Ouais, bien sûr que tu l'as baisée. C'était bon ? Tu as joui où ? Sur ses seins, sur son ventre ? Sur le creux de ses reins ?

Gally avait demandé cela le plus doucement possible, mais d'un ton affreusement glacial et provocateur.

- Mais Gally tu deviens...

- Allez le bleu, dis-le-moi. Insista le bâtisseur, avec un sourire qui démontrait sa folie

Theo avait l'impression d'halluciner, cela ne pouvait pas être réel.

- Disons que ça ne te regarde pas, Gally.

À ces mots, Gally s'esclaffa lourdement. Il n'y avait plus aucun bon sens en lui, il devenait de plus en plus dément à chaque seconde qui s'écoulait.

- Gally, va-t'en ! S'impatienta Cami, la boule au ventre

Le bâtisseur secoua la tête, montrant qu'il était encore abasourdi à la suite de la réponse de Theo.

- Quelle audace. Murmura Gally, avec un regard aussi mauvais que le diable en personne

Alors, sans laisser le temps à qui que ce soit de faire un seul mouvement de plus, Gally assena un coup-de-poing à Theo, en plein dans le nez.

Si puissant que le coureur en tombât à la renverse.

Horrifiée, Cami plaqua une main sur sa bouche, étouffant son propre cri.

Theo se releva avec peine, prêt à ne pas se laisser faire. Mais cela ne fit qu'exacerber la démence de Gally.

- Je t'avais prévenu, le bleu, je t'avais dit que si tu la touchais à nouveau, tu souhaiterais ne jamais m'avoir connu.

Cette fois, Gally avait vociféré ces paroles. Tout le Bloc l'avait entendu.

À partir de là, tout s'enchaîna.

Le maton des bâtisseurs ne réussit plus à s'arrêter. Littéralement, il fracassa le visage de Theo, multipliant les coups-de-poing. Il se défoula, déversa toute sa haine sur lui.

Sous le choc, Cami était restée immobile, paralysée par cette atrocité dont elle était témoin. Mais lorsqu'elle eut l'impression d'entendre les os de Theo se briser sous les coups de Gally, elle réagit enfin.

Elle tenta de s'interposer, se glissant entre les deux blocards afin de repousser le bâtisseur.

- Dégage Gally, pauvre...

Elle ne termina pas sa phrase. Theo, qui tentait d'esquiver les coups et de répliquer, la poussa le plus loin possible. Pour rien au monde il n'aurait voulu qu'elle se blesse dans cette bagarre. Il craignait que Gally ne la frappe elle aussi.

Gally se mit alors à ricaner.

- Crois-tu vraiment que je vais la toucher, imbécile ? Il n'y a que toi qui vas souffrir aujourd'hui. Lui rappela-t-il entre deux coups

Enfin, Theo réunit assez de force pour lui rendre la pareille.

Gally reçut deux coups au niveau de son œil droit et de sa pommette. Il gémit bruyamment sous la douleur.

La rage avait pris une telle possession de Gally que cela ne le stoppa pas.

Machinalement, il continuait de tabasser Theo. Sans jamais s'épuiser. Les phalanges de ses poings étaient rouges de sang, probablement éclatés en morceaux après les nombreux coups donnés.

Cami, enragée à son tour, essaya une dernière fois d'intervenir tout en criant à l'aide.

Après des minutes qui avaient semblé interminables, des blocards accoururent finalement vers les deux hommes qui se battaient encore.

Minho et Alby attrapèrent les bras de Gally pour le tirer en arrière, mais cela ne suffisait pas. Le bâtisseur avait développé une force surhumaine.

Thomas et Newt durent les aider. Ainsi, à quatre sur un seul homme, ils parvinrent à mettre fin à ce carnage.

Theo était conscient, mais il resta couché au sol. Il reprenait son souffle et retenait des râles de douleur en lui. Il ne voulait pas affoler Cami qui venait de se ruer vers lui.

Le voir grimacer sous la souffrance, cela accabla la jeune femme de tristesse. Elle en eut les larmes aux yeux. Lui qui était si gentil, si doux avec tout le monde, il ne méritait pas ça.

Ce n'était pas seulement de la faute de Gally, mais de celle de Cami également. Elle s'en voulait terriblement.

Délicatement, elle posa sa main sur son torse.

- Ça va aller Theo, les Créateurs vont nous envoyer de quoi te soigner ne t'en fais pas. Le réconforta-t-elle, les lèvres tremblantes

Clint, qui venait d'arriver à leurs côtés, le rassura à son tour.

- On a vu pire, mec. On va remettre ton nez en place et apaiser tout ça.

Cami se demandait comment cela pouvait être pire. Theo était défiguré. Ses deux yeux étaient gonflés, son nez ne cessait de saigner avec une plaie en plein milieu qui l'avait tordu, et ses lèvres étaient parsemées de coupures.

- Pire ? Demanda Cami, qui n'y croyait pas

- Ouais, Ben avait failli tuer Winston il y a quelques années. Il lui manque plusieurs dents aujourd'hui, et il avait failli tomber dans le coma.

- Je sais encaisser les coups, ne vous en faites pas, je pense que j'ai un passé de boxeur. Theo voulut dédramatiser la situation, plaisantant un peu

Hormis les blessures externes, le coureur avait l'air d'aller bien. C'était vrai, il pouvait encaisser.

À quelques mètres d'eux, Gally se dégagea de l'emprise des blocards d'un geste brusque.

Il recula un peu et leva les mains en l'air. Un sourire sournois s'afficha sur son visage.

- C'est bon, ne vous inquiétez pas, je ne lui ferai pas de mal.

Newt le dévisageait, incrédule.

- Tu te fous de notre gueule ?

Une foule de blocards s'était agglutinée autour de la scène. Aucun d'entre eux n'osait dire quoi que ce soit. Ils étaient tous abasourdis.

Alby avait les poings serrés. Il se torturait intérieurement pour ne pas exploser.

- Qu'est-ce qu'il t'a pris, putain de merde ? Pesta-t-il entre ses dents

- On a juste eu un petit différend. Avoua Gally, simplement

Il avait dit cela avec un sourire et un ton insolents. Tandis qu'il avait encore du sang de Theo près de sa bouche. Témoignant de ce qu'il lui avait infligé.

Un souffle s'échappa de Cami, qui exprimait son ébranlement face à cette insolence inouïe.

Le bâtisseur n'avait vraiment peur de rien. Il se pensait toujours plus puissant que tout le monde. Alby y compris.

- Tu n'es qu'un pauvre con, Gally. Cracha le chef du Bloc

Gally se contenta de fixer Alby, droit dans les yeux, silencieux. Il ne voulait pas nier cette insulte, il savait qu'il était con. Toutefois, il ne s'excuserait jamais de l'être.

- C'est pas possible Alby, tu ne peux pas laisser passer ça ! S'écria un blocard dans la foule

- C'est contraire à notre règlement ! En ajouta un autre

Le maton des bâtisseurs leva les yeux au ciel. De quoi se mêlaient-ils ? Ils n'avaient rien à voir dans cette histoire. Cela ne regardait que Theo, Cami et lui.

Ils ne pourraient jamais comprendre.

D'ailleurs, lorsque Gally finit par poser les yeux sur Cami, qui était accroupie près de Theo, toujours à le réconforter, il sortit de sa transe et repensa à tout ce qu'elle lui avait avoué dans la chambre.

Theo et Cami étaient ensemble, ils s'étaient embrassés, ils avaient couché ensemble.

Gally avait envie de tout casser, encore et encore.

- Allez vous faire foutre, tous autant que vous êtes. Siffla-t-il

Sur ces derniers mots, le bâtisseur s'en alla alors qu'il frottait ses poings ensanglantés et meurtris contre son pantalon.

Sans une seule excuse, ignorant tous les regards posés sur lui. Il les haïssait tous.

- Alby bon sang, réagis ! C'était la fois de trop. Il doit être envoyé dans le labyrinthe ! S'indigna Minho, qui défia le chef en se positionnant face à lui

- Minho arrête, n'exagère pas. Intervint Newt

- Pourquoi ? Pourquoi on devrait lui faire une faveur ? Surtout lui.

Autrefois, Cami aurait réagi dans la seconde. Elle n'aurait pas supporté que l'on mentionne la possibilité de tuer Gally. De tuer qui que ce soit, d'ailleurs.

Mais là, elle n'en avait que faire. Seul Theo comptait.

- C'est hors de question, Gally ne sera pas envoyé dans le labyrinthe. Refusa Alby, qui regardait le bâtisseur s'éloigner au loin

- En quel honneur ? C'est écrit dans notre règlement. Il a déjà frappé un blocard il y a plus d'un an. Tu lui avais dit que si cela recommençait il serait foutu dans le labyrinthe ! S'énerva Minho

- Il séjournera dans le Gnouf pendant une semaine, et voilà.

Minho fit de gros yeux, désabusé face à la réaction incompréhensible d'Alby.

- Tu ne peux pas...

- La ferme, Minho !

D'instinct, Minho recula. Il venait de pousser son chef à bout.

- Je n'enverrai pas Gally droit vers la mort. Il a tout construit ici. Il a un foutu caractère de merde, je le sais. Nous le savons tous, ce n'est une surprise pour personne. Mais il s'est toujours démené pour que l'on ait un toit sur la tête, pour que notre salle des Cartes reste en bon état afin de mener nos recherches à bien. Et tout ça, il l'a fait sans rechigner. Malgré toutes ces fois où on l'a rabaissé à cause de ce dit caractère de merde, il a toujours veillé à ce que le Bloc soit le meilleur endroit pour nous. Sans rien attendre en retour. Nous ne sommes rien sans Gally. Je ne pardonnerai pas ce qu'il vient de faire à Theo, mais si je devais choisir entre un bleu et Gally, je choisirais toujours Gally. Toujours, sans hésiter. Il reste ici, et vous n'aurez rien à redire.

Alby n'attendit pas de réponse à ce qu'il venait de déclarer. Il partit rejoindre le bâtisseur, afin de l'envoyer au Gnouf. Parce qu'il ne pouvait pas rester impuni non plus.

L'entièreté du Bloc fut bouche bée. Ils ne s'étaient jamais rendu compte de l'importance qu'Alby portait envers Gally.

Et d'un côté, ils ne pouvaient pas contredire Alby. Il avait raison.

- Très utile ce règlement décidément. Je me casse, j'en ai ma claque. Marmonna Minho en grognant, désespéré

Le coureur se dirigea vers la forêt, bien décidé à rester loin de tous les blocards pendant un long moment.

- Allez Theo, on va essayer de soigner tout ça.

Clint et Jeff remirent le jeune homme sur pied. Cami déposa un baiser sur son front, faisant sourire Theo. Avant qu'il ne la quitte pour un séjour à l'infirmerie.

Rosie et Teresa, encore choquées elles aussi, prirent Cami dans leurs bras. Elles se doutaient bien que la scène remplie de violence à laquelle elle avait assistée l'avait probablement traumatisée.

- On est là, si tu as besoin de parler. Lui assura Rosie, avec un sourire compatissant

Jeff cria aux filles de s'occuper de Chuck et Jack, ce qu'elles firent aussitôt. Le petit Jack avait les joues remplies de larmes. Chuck avait l'habitude de voir les dérives et les violences dans le Bloc. Jack, quant à lui, pas encore.

Bientôt, il ne resta plus que Cami et Newt au milieu du Bloc.

La jeune femme n'arrivait même plus à bouger, son regard était perdu dans le vide. Sa tête tournait, c'était le chaos dans son cerveau.

Le sarcleur vint à ses côtés, posant une main sur son épaule.

- Ne t'en fais pas Cami, Theo est costaud, il va s'en remettre.

- Mmh.

Maintenant que tout le monde était parti, que le calme s'était lentement réinstallé, Cami se remit de ses émotions. Elle pouvait à nouveau respirer, son corps n'était plus comprimé, oppressé.

Et ainsi, la réalité la frappa de plein fouet.

- Il... il a failli le tuer. Balbutia-t-elle, les yeux brillants de douleur

- Bien sûr que non, Gally n'allait pas le tuer. Il allait le frapper jusqu'à ce qu'il perde conscience, peut-être. Mais c'est tout.

- Newt ! S'exclama Cami, scandalisée

Newt ne put s'empêcher de lâcher un petit rire, mais il redevint vite sérieux.

- Pardon, je voulais détendre l'atmosphère. Raté, visiblement. M'enfin, en tout cas, il ne l'aurait pas tué. Gally a déjà fait ça, pire même, et il a su se stopper seul.

Cami n'avait même pas envie de savoir pourquoi et à qui il avait fait pire.

- Mais tu as vu ce qu'il a fait ? Je ne l'ai pas reconnu, il n'a jamais été aussi monstrueux. Je ne comprends pas.

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?

- Gally et moi. On s'était dit que c'était fini, nous deux. Qu'il n'y aurait plus jamais rien entre nous. Il était le premier à ne plus me vouloir dans sa vie. C'était terminé pour lui. Alors pourquoi a-t-il réagi ainsi en apprenant que j'étais en couple avec Theo ?

Cami renifla et cligna des yeux, se forçant à ne pas pleurer. Cela la rendait malade de voir qu'elle détruisait autant Gally que Theo.

Newt, qui avait enroulé son bras autour des épaules de la jeune femme, lui fit un sourire peiné.

- Tu sais Cami, ce n'est pas parce qu'on a terminé un livre qu'on ne peut pas le recommencer.


Surprise surprise les copains, je suis de retour !

Alors, vous en avez pensé quoi ? Je vous l'avais dit que les prochains chapitres allaient être intenses :D

Est-ce que vous comprenez la réaction de Gally ? Et Cami/Theo, on kiffe ? Haha

Mais que va-t-il se passer ensuite ? Mystère mystère ! Les deux prochains chapitres vont encore être riches en émotions, préparez-vous !

J'attends vos meilleurs commentaires 3

Merci d'être encore là après tout ce temps ! Gros love et à très vite ! 3