Pourrait peut-être se lire comme suite du chapitre 4 "Neige". Mais aussi de manière indépendante ¯\_(ツ)_/¯
Par contre, j'aimerais qu'ils gardent leurs vêtements plus longtemps, pitié xD
Bonne lecture !
C'était une très belle journée.
Allongé sur le dos, les bras croisés derrière la nuque, une cheville appuyée sur le genou de la jambe opposée, Link contemplait le ciel si beau, si bleu, mâchonnant la longue herbe qu'il avait glissé dans sa bouche.
Un petit vent s'était levé, parcourant son corps d'un souffle frais, et il ferma les paupières, un sourire aux lèvres.
Non loin de là, les chèvres paissaient tranquillement. Cette espèce était tellement robuste qu'elle n'avait aucun prédateur connu. Même les meutes de loups avaient tendance à rester en-dehors de leur chemin. Parfois, quelques jeunes tentaient leurs chances, sur un individu isolé ou un plus âgé, mais ils apprenaient vite la leçon après plusieurs coups de cornes ou de sabots, rejoignant leurs aînés, oreilles et queues basses.
Son travail constituait surtout à s'assurer qu'aucun membre du troupeau ne s'égare. Et si jamais ça arrivait, il avait juste à siffler Épona et grimper sur son dos pour le pister et le raccompagner tout en douceur auprès de ses congénères. Parfois, il fallait utiliser la force selon l'entêtement du spécimen, mais depuis le temps qu'ils se fréquentaient, Link savait se faire obéir sans les blesser.
De toute façon, Fahd ne l'aurait pas laissé faire.
Bien qu'il était incapable de se faire respecter aussi bien que son employé, il aimait profondément chacune de ses chèvres et les traitait avec affection, s'assurant de leur bonheur et leur confort.
C'était un boulot assez facile, bien qu'il fallait de la poigne et de bons réflexes. C'était aussi assez chronophage vu que c'était des êtres vivants et qu'il n'y avait bien que dans le pré clôturé de Fahd que tous les deux pouvaient baisser la garde et passer à d'autres corvées. Il arrivait à des chèvres de s'enfuir malgré tout, mais c'était surtout la vieille Betsy qui adorait les faire tourner en bourrique. Elle commençait à prendre de l'âge et ne pouvait plus autant sauter les clôtures, donc elle limitait les escapades et restait bien gentiment à brouter son herbe. Mais son envie de continuer à les tourmenter brillait dans ses yeux à la pupille rectangulaire qu'elle dardait sur le berger entre deux bouchées d'herbes vertes.
Un nuage traversa le ciel clair, une ombre glissant sur le visage de l'hylien, l'invitant à ouvrir les yeux pour vérifier que ce n'était rien. Si ç'avait été un nuage de pluie, il aurait dû se dépêcher d'aller se protéger, bien que ce n'était pas un peu d'eau qui lui ferait peur. Les tempêtes et autres orages étaient redoutées, car toutes aussi intelligentes que soient les chèvres de Toal, elles restaient gouvernées par leurs instincts et le moindre éclair éveillait la part primitive et Link était actuellement bien trop paresseux pour s'arracher de la torpeur qui lui amollissait actuellement les muscles pour passer des heures sous la pluie à faire galoper Épona sous une pluie battante pour retrouver chaque membre du troupeau pour les ramener à un même endroit, tout en s'assurant que ni sa monture ni ces foutus ruminants ne se blesse dans la foulée.
Il en avait des frissons rien qu'à l'idée.
Mais non, c'était un bête nuage tout cotonneux qui lui donnait envie de s'allonger dessus tellement il paraissait confortable.
Un soupir d'envie et de satisfaction mêlée s'échappa de ses lèvres et il s'apprêta à refermer les paupières, et peut-être même de sombrer dans cette petite sieste qui lui ouvrait les bras depuis une poignée de minutes.
— Je ne pensais pas que tu étais si loin…
La voix était hachée, le souffle court, les mots entre-coupés de respirations bruyantes.
Se redressant, Link tendit sa gourde à son nouveau voisin qui l'attrapa d'une main, tendant de l'autre d'ouvrir son col mais la fatigue rendait ses gestes trop brouillon et il manqua d'en arracher les boutons, jusqu'à ce que les mains abimées chassent les doigts tremblants d'une pichenette et s'en charge pour lui, tirant par là même le nœud qu'il s'entêtait à porter chaque jour.
Il ne remercia le berger qu'après avoir puisé de longues gorgées désaltérantes de la gourde qu'il lui rendit pratiquement vide.
— Désolé, je te vole tes réserves d'eau…
Il n'eut pas le temps de s'abîmer plus dans ses excuses que celles-ci furent chassées d'un mouvement de main.
— La première chose à s'assurer quand on mène le bétail à son pâturage, c'est la présence d'eau. Il y a une rivière en contrebas, j'irai remplir ma gourde plus tard.
— Donne, je vais m'en charger !
Link n'eut pas le temps de refuser que déjà le contenant lui était arraché des mains et Jehd trébuchait dans la direction générale de la rivière, dessinant une large boucle pour éviter soigneusement les caprins, pourtant si paisibles.
Que voulez-vous ? Ce n'était pas en quelques mois qu'un gars des villes allait subitement se mettre à adorer la nature et ses habitants ! Et peu importe s'il passait ses nuits à monter leur berger, ça ne les rendait pas plus amicales à son égard.
Ledit berger l'observa s'éloigner en secouant la tête, un soupir attendrit le quittant malgré lui.
Jehd était quelqu'un d'adorable qui voulait toujours trop en faire, effrayé qu'on ne puisse pas l'aimer s'il ne se mettait pas en quatre pour satisfaire le moindre désir de l'autre. Si c'était plus qu'apprécié dans leur intimité – bien qu'il y mettait le holà de temps à autre – il avait fait passer le mot dans le village afin que chacun soit prévenu et établisse des limites que l'érudit ne mettait pas lui-même, au mépris de sa santé ou de son confort.
S'il ne pouvait se réfréner, alors on le fera pour lui.
L'herbe dans sa bouche fut crachée au sol pendant qu'il s'asseyait plus correctement, rajustant sa mise en tirant ou tapant selon les besoins.
Enfant, il avait tendance à revenir avec la moitié de la faune cachée jusqu'à des endroits improbables, obtenant de sa mère adoptive le surnom affectueux « ma petite botte de paille », mais aussi la stricte interdiction de rentrer habillé, le faisant se déshabiller dehors et secouer ses habits jusqu'à plus rien n'en tombe. Et si la météo avait été humide ou que ses escapades l'avaient fait vadrouiller jusqu'aux marécages, il devait en plus s'arroser de seaux d'eau tirés du puits, toujours glacial, et ce été comme hiver.
À défaut de le rendre plus précautionneux, ça lui avait permis de ne plus être frileux !
Après avoir frictionné vigoureusement ses mèches châtain, il entreprit de les peigner de ses doigts pour un résultat sans doute mitigé. Et puis, ce n'est pas comme si Jehd n'était pas familier de ses cheveux en désordre, surtout quand ils étaient dus au passage de ses doigts à lui !
Apercevant le retour de celui-ci, Link cessa tout mouvement, l'attendant patiemment et avec un sourire heureux ourlant ses lèvres. Le sourire manqua de s'accentuer quand il découvrit son compagnon trempé de la tête aux pieds, ses cheveux rabattus en arrière et sa veste sous le bras.
— … Tu veux me raconter ?
— J'ai glissé, se contenta-t-il de grogner.
Jetant sa gourde à Link qui l'attrapa sans ciller, il déplia sa veste qu'il observa d'un air critique puis qu'il essora vainement.
De son côté, le berger appuya son coude contre sa cuisse alors qu'il se penchait en avant, profitant du spectacle qui lui était offert, sa langue passant sur ses lèvres comme si elle léchait les gouttes dévalant le corps devant lui.
Impulsivement, il sauta sur ses pieds et commença à dénouer sa ceinture, rattrapant le obi et la pièce de tissu dessous, débouclant sa manche, finissant en simple tunique. Il accrocha la ceinture entre deux branches et l'indiqua à Jehd, qu'il y suspende ses affaires, puis il étala son obi sur l'herbe, lissant le moindre pli et tendit enfin le carré de tissu pour qu'il puisse s'essuyer avec.
S'étant délesté de sa veste, de son gilet et de son nœud, Jehd l'attrapa et le fixa, hésitant clairement à obéir, avant que la bise de tout à l'heure ne revienne et ne le fasse frissonner, semblant le convaincre. Il retira ses lunettes et entreprit de sécher en premier son visage.
Parfait, il ne verra rien venir…
Littéralement sur la pointe des pieds, Link se faufila dans son dos et écarta les bras, le cœur battant, attendant l'occasion propice. Il plia les genoux, ajustant ses appuis et s'apprêta à bondir quand il décida de modifier légèrement le plan et arracha pratiquement sa tunique. Il ne la balança au sol en même temps qu'il jaillissait sur le pauvre citadin de nouveau aux prises avec sa boutonnière, refermant l'étreinte de ses bras sur les siens et autour de son torse, leur différence de taille ne lui permettant que d'enfouir son visage entre ses omoplates, plaquant le tissu humide contre sa peau au mépris de s'étouffer.
Un cri de surprise partant dans les aigus attira les chèvres non loin, mais elles retournèrent rapidement à leur pâturage en comprenant qu'elles n'étaient pas concernées.
Ah, ces deux pattes…
— Link ! glapit Jehd en se tortillant pour tenter de l'apercevoir.
Mais une fois de plus, les muscles taillés par le travail agricole gagnèrent contre ceux péniblement formés par ses études. Mais à la course, il était le plus rapide ! À défaut du plus endurant…
La chaleur exsudant de la peau bronzée traversait le coton, provoquant plus de frissons de sa part, mais ce n'était rien comparé à ceux qu'il tira de lui alors que les doigts épais s'agitèrent, glissant les boutons hors des trous brodés dans un rythme lent, et que les mains larges descendaient. Et descendaient. Et descendaient.
Le vêtement dégoulinant caressa une dernière fois sa peau pâle, son dos et ses bras, avant d'être remplacé par le torse refroidi et les bras musclés, l'enlaçant une fois de plus. Ce n'était pas une surprise si cette fois les mains n'avaient rien de sage, et nul doute qu'en d'autres circonstances Jehd se serait volontiers abandonné à leurs administrations, mais s'il ne quittait pas rapidement la suite de ses habits mouillés, il risquerait de passer les jours suivants bien malade. Et c'était hors de question.
Il attrapa les mains baladeuses dans sa poigne la plus solide et les dirigea fermement à la boucle de sa ceinture.
Link s'était porté volontaire pour le sortir de sa tenue ? Il n'avait pas l'intention de l'en empêcher !
Contre son dos, il put sentir le mouvement de ses sourcils et de sa bouche, semblant marquer la surprise puis un sourire qu'il pensait avoir reconnu avant qu'un baiser fut appuyé contre le tranchant de son omoplate.
Ceinture et pochettes tombèrent à ses pieds, contrairement au pantalon bien décidé de rester en place, mais il en fallait plus pour faire peur au plus jeune. Des flancs découverts, il glissa ses mains dans entre le tissu collant et la peau froide, passant du pubis aux fesses, puis continuant sur sa lancée, éveillant une chair de poule différente sur son passage, alors qu'il s'agenouillait. S'accroupissant devant Jehd cette fois, il dut lutter un peu contre les lacets avant de retirer ses chaussures épaisses.
Il se redressa pour reprendre le pantalon emmêlé au niveau de ses genoux pour le retirer une bonne fois pour toute, mais ce fut quand ses doigts attrapèrent le haut des mi-bas qu'il releva enfin la tête, plongeant le bleu si particulier de ses yeux dans les siens, provoquant un nouveau frisson chez l'érudit qui plaqua ses mains contre sa bouche, les mordant légèrement, alors qu'il se découvrait incapable d'esquisser un autre geste en-dehors, ne lâchant pas le regard de Link du sien alors qu'il appuyait son index dans le creux de son genou, le lui faisant ployer et ainsi soulever le pied, arrachant la laine trempée qu'il balança par-dessus son épaule, puis réitérant son geste de l'autre côté.
Prenant appui sur ses genoux, Link se releva sans rompre leur échange oculaire et l'enlaça, reposant ses mains contre le bas de ses reins, pressant leurs corps ensemble puis leurs lèvres, fermant enfin les paupières.
Quand ils se séparèrent, Jehd leva la main à son tour et attrapa une poignée de cheveux en pagaille, tirant gentiment dessus.
— Et maintenant, que suis-je sensé faire ? souffla-t-il.
— Oh, tu avais peut-être une idée en tête ?
— Tu veux dire, en-dehors de ne pas prendre froid ?
Prenant avantage de leur différence de taille, l'érudit cassa son poignet afin de forcer son amant à lever le nez et d'ainsi laisser libre accès à la colonne de sa gorge, que lui-même adorait mordiller. Il y pressa la pointe de la langue, expérimentalement.
— Par exemple, oui.
Il n'était plus le seul à frissonner, le souffle coupé.
Link avait voulu jouer, et il n'était pas du genre à lui refuser quoi que ce soit, surtout quand il y mettait les formes, comme maintenant.
Même si les températures étaient douces pour la saison, il y avait toujours ce léger vent frais qui soufflait, ainsi que les dernières gouttes d'eau provenant de la chevelure humide, tombant irrégulièrement, provoquant frissons et chair de poule.
— On devrait peut-être… commença Link.
Il fut coupé par une morsure un peu plus franche, lui tirant un gémissement semblable à un miaulement.
— Je t'écoute, ma pierre de lune, que devrions-nous faire ?
Mais loin de l'aider, Jehd continuait de le déconcentrer, caressant la peau nue de son torse ou ses bras, s'infiltrant sous son pantalon, remontant, dessinant des formes abstraites sur un muscle…
Conscient qu'il lui serait impossible d'aligner deux idées tant que ce démon tentateur poursuivrait ses offices, Link l'attrapa par la taille avant de balayer ses longues jambes puis de s'asseoir sur son bassin, décalant ses mains sur ses épaules. Il le surplombait tout en affichant un sourire vainqueur.
— Tu veux jouer à ça ?
— Je veux toujours jouer à ça…
Il se pencha pour un baiser long, remuant les hanches pour le taquiner, profitant d'être encore à moitié vêtu.
Non loin, les chèvres continuaient de paître, peu soucieuses des activités de leur berger dans leur dos. Limite, ce serait l'occasion idéale pour aller se perdre dans la forêt, tiens…
— BETSY ! NON !
Peut-être une autre fois…
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